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Revue de l'Orient chr etien
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REVUE
DE
UORIENT CHRÉTIEN
niItIGEE
Par R. GRAFFIN et F. NAU
D^ÎTIXIEME SERIE
Tome VI (XVI
16« volume. — l&ll
Reprinted with the permission of Révérend Père Graffin
JOHNSON REPRENT CORPORATION JOHNSON REPRINT COMPANY LIMITED
First repiinting. 1966, Johnson Reprint Corporation
AUX LECTEURS
M^ GRAFFIN ET U REVUE DE L'ORIENT CHRÉTIEN
Le sous-titre ajouté sur la couverture, d'après lequel la
Revue parait sous la direction de M^ Graffin, ne fait que
consacrer l'état de choses existant depuis 1907.
Nous avons déjà exposé comment M^' Graffin, pour tirer les
littératures chrétiennes orientales de l'oubli, a fondé \diPatrolo-
gie syriaque et a inventé, après de longs tâtonnements, l'auxi-
liaire indispensable des éditions modernes, nous voulons dire
la reproduction directe des manuscrits à l'aide d'un prisme (1).
C'est en 1897 qu'il a fondé la Patrologie orientale, à laquelle,
depuis lors, il a consacré tous ses efforts. Cette importante
publication a suscité, en France et à l'étranger, des imitateurs
(voir Revue de l'Orient chrétien, t. XII [1907], p. 113 à 118).
A ces préoccupations, il a joint celle d'équilibrer les frais
(1) Il est peut-être intéressant de noter ici que M^^' Graffin a été le premier à faire
consacrer, en 1900, le mérite de M. Branly, son collègue à l'Institut catholique
de Paris. Il y avait dix ans que M. Branly avait découvert la télégraphie sans fil
et il n'avait encore reçu aucune récompense. On ne lui pardonnait pas d'avoir
quitté l'enseignement officiel pour l'enseignement libre. C'est alors que M *•' Graf-
fin a organisé, à ses frais, l'Exposition des professeurs de l'enseignement libre,
en indiquant à chacun que le but poursuivi par lui était de faire rendre jus-
lice à M. Branly. Il a réussi, car M. Branly, à l'occasion de cette Exposition,
a obtenu un grand prix et la décoration de la Légion d'honneur, avec la men-
tion ■■ a découvert le principe de la télégraphie sans fil ». Nous croyons devoir
rappeler à nouveau aujourd'hui cette noble action de ^\^' Graffin, parce que
M. Branly vient enfin de voir consacrer son mérite — en dépit des cabales —
par sa nomination à l'Académie des sciences. Voir Revue pratique d'Apologétique,
Paris, t. XI (1911), p. 688 à 690, et Éludes, Paris, t. CXXVI (1911), p. 605-672.
IV AUX LECTEURS.
d'impression de la présente Revue, aidé seulement par le dé-
sintéressement complet de ses amis et collaborateurs. Il a
jugé que cet ensemble de courts textes, de notes, d'études, de
traductions devait remplir, à côté des Patrologies, le rôle que
remplissent les Texte iind Untersuchungen de MM. A. Harnack
et C. Schmidt, à côté de l'édition des griechisch-christlichen
Seliriftsteller de l'Académie des sciences de Berlin, toute
proportion gardée entre les publications de la plus savante des
Académies, soutenues par les ressources scientifiques et ma-
térielles d'un puissant empire, et une entreprise individuelle
n'ayant pour elle que la généreuse et intelligente initiative d'un
seul homme, sans aucun appui matériel, — au contraire, —
soutenu seulement par le zèle scientifique et l'affection d'un
groupe d'amis et d'élèves (1).
Au point où nous en sommes arrivés, après avoir surmonté
toutes les difficultés si ingrates du dessin et de la fonte des ca-
ractères, de la réunion des photographies et de la formation
des typographes, nous continuerons activement nos éditions
et nos études dans le domaine des littératures orientales.
Grâce aux savants des divers pays qui ont bien voulu nous
accorder leur confiance et leur concours, et à ceux qui viendront
encore grossir notre nombre, nous sommes assurés de pouvoir
éditer les œuvres importantes des littératures orientales, c'est-
à-dire les œuvres originales, les traductions d'ouvrages dont
le texte primitif est perdu et les traductions anciennes et
fidèles. C'est là le seul Corpus dont la réalisation soit possible
et désirable.
F. Nau.
(1) Nous sommes de ces derniers, et nous regrettons seulement que les nom-
breuses classes de mathématiques, auxquelles nous consacrons un temps assez
considérable pour nous faire pardonner celui que nous réservons à nos études
antérieures, ne nous permettent pas de mieux l'aire. Nous remercions M'-'Graffm
d'avoir bien voulu joindre notre nom au sien.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS
CONTRIBUTION A L'HISTOIRE DES ORIGINES
DES SCHISMES MONOPHYSITE ET NESTORIEN
{fin) (1)
VI. NKSTORILS D APRES SES AMIS.
On peut compter parmi les amis de Nestorius les soixante-huit
évêques qui ont demandé d'attendre l'arrivée de Jean d'An-
tioche (2) ; ils n'étaient plus que quarante-trois (.3) à la première
session du concile des Orientaux; enfin quinze seulement ont
quitté leur siège, plutôt que d'anathématiser Nestorius, à sa-
voir (4) : Alexandre de Mabboug (Hiérapolis); Abbib de Doli-
che, Dorothée de Marcianopolis, Mélèce de Mopsueste, Euthé-
rius de Tyane, etc. A ces quinze évêques on peut encore ajouter
Irénée de Tyr, Ibas d'Édesse, Théodoret de Cyr, Sophronius de
Telia etc., déposés depuis pour le même motif. Nous emprun-
terons aussi quelques témoignages aux évêques persans nesto-
riens.
I, Les Orientaux. — L'orthodoxie du plus grand nombre
(1) Voy. 1910, p. 3G5.
ci) Lupus, ch. vu, p. iC). Cette pièce est reprise et commentée par Nestorius,
HévacL. p. 162.
(3) Labbe, III, 597-C»ûO. Nestorius explique la diminution de leur nombre par
les intrigues et les flatteries du parti opposé. 11 y eut aussi des violences.
(4) Lupus, ch. cxc, n" -.^79, p. 377.
ORIENT CHRÉTIEN. 1
2 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
est certaine, puisque saint Cyrille a accepté leur profession de
foi et que le concile de Chalcédoine Ta consacrée; d'ailleurs
Nestorius, qui commente longuement la lettre de saint Cyrille
à Acace, affirme qu'il pense comme eux. Le plus ardent des amis
de Nestorius, Alexandre de Mabboug, écrit qu'il n'aura aucun
rapport avec Cyrille « s'il ne confesse pas que le Christ, depuis
le moment où l'ange l'a annoncé à la sainte Vierge, est Dieu
et homme; que le même sans aucun doute est Fils de l'homme
à cause de la nature qui est de la race d'Abraham et de David*,
et que le même sans aucun doute est le Seigneur de David à
cause de la divinité, Dieu le \'erbe ressuscitant des morts le
temple, selon la parole du Seigneur Christ; et que, dans la suite
des siècles, deux natures doivent être reconnues sans confusion
et sans division dans un seul Seigneur, Fils et Christ ». Cette
profession de foi du plus nestorien des amis de Nestorius (1)
nous dispensera d'en citer d'autres; elle semble témoigner
qu'on poursuivait uniquement chez eux le diphysisme et les
conséquences que l'on se croyait en droit de déduire du principe
des deux natures, mais les Orientaux, loin d'en déduire ces
conséquences, les anathématisaient volontiers.
Voici maintenant leurs sentiments à l'égard de Nestorius :
Il est innocent (2) ; certains l'ont déposé sans avoir fait de ju-
gement, ni d'enquête, ni de discussion, ni de colloque (3);
car ses adversaires avaient si peu confiance dans leurs théories
qu'ils fuyaient tout colloque (4); c'est que la doctrine de Nes-
torius est irréprochable : « si quelqu'un peut montrer que le très
saint évêque Nestorius a pensé ou pense des choses contraires
aux prophètes, aux apôtres et aux évangélistes, nous anathé-
matisons sa doctrine et lui-même, jusqu'à ce qu'il prêche l'or-
(1) Théodoret s'est d'ailleurs porté garant de son orthodoxie. Lupus, ch.cLxxii.
p. 348.
(2) Lettre de Jean d'Antioche, Himérius, Paul, Macaire, Apringiuset Théodo-
ret : • l'Égyptien (Cyrille) pourra aveugler tout le monde par ses présents et
retourner à son siège, tandis que l'homme innocent (Nestorius) sera renvoyé à
son monastère ». Lupus, ch. xxxi.n» 119, p. 82.
(3) Lettre de Tliéodoret. Abbib. Ilélias, Mara, David, Acilinus aux reines. Lu-
pus, ch. cxxxv, n' 223, p. 278.
(4) Voir la lettre de douze évéques orientaux à Acace de Béiée. Lupus, ch. xix.
n° 107, p. 57 : • provoqués par nous à une controverse, ils ne veulent pas répondre
à nos objections •. D'ailleurs les orientaux et Nestorius reprochent toujours à
Cyrille d'avoir hâté le concile afin de n'avoir qu'à condamner sans discuter.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. à
thodoxie que nous avons et lisons dans beaucoup de ses li-
vres (l) ». Au moment où Aristolaiis, d'après le cliché fourni
par Cyrille, demandait d'anathématiser « Nestorius et ses doc-
trines impies », Théodoret répondait : « Nous anathématisons
ceux qui disent que le Christ est un pur homme, ou qui divi-
sent notre unique Seigneur Jésus-Christ en deux Fils et ceux
qui nient sa divinité; car c'est avec pleine satisfaction que
chacun des hommes pieux anathématisera tout cela. Mais s'ils
veulent que nous anathématisions de manière indéterminée un
homme dont nous ne sommes pas faits juges, ainsi que son
dogme que nous savons être orthodoxe, nous agirions de ma-
nière impie, à mon avis, en obéissant (2). » Jean d'Antioche l'a
toujours regardé comme orthodoxe et voilà qu'il le sacrifie au
moment où près de deux cents évêques (orientaux) étaient d'ac-
cord pour condamner TÉgyptien (3) ; ce n'est pas pour mauvaise
vie qu'ils ont condamné Nestorius, mais pour foi hérétique;
celui donc qui le condamne condamne aussi sa foi : « Je suis
donc doublement scandalisé de ce que Jean trahit la foi et
condamne celui qu'il sait être orthodoxe avec sa propre foi (4) » ;
quand mêime Nestorius aurait commis les mêmes crimes que
Cyrille, il serait « injuste et évidemment impie d'accorder le
pardon à l'un et de fermer la porte de la pénitence à l'autre; il
est bien plus inique encore et bien plus impie de livrer au
(1) LeUre d'Alexandre de Mabboug à Acace de Bérée. Lupus, ch. lvu, n" 145,
p. 137; item, ch. cxxxvi, n° 224, p. 282,
(2) Lupus, ch. Lxi, H" 149, p. 144. Mêmes idées dans les deux lettres d'André
qui suivent.
(3) Lettres de Théodoret etc., adressées aux évêques de Syrie et des deux Cilicies.
Lupus, ch. cxxix, n" 217, p. 266. — ltem,Mélèce àTitus: Cyrille aété condamné
par les Orientaux comme Apollinariste, il persiste dans ses erreurs et Nestorius
• souffre tant (de maux) pour la seule piété ». Lupus, ch. clxxiv, p. 353-354.
Lire à ce sujet toutes les lettres des Orientaux reproduites chez Lupus, par exemple
Alexandre à Denys : <- Avant, pendant et après Éphèse, Jean d'Antioche savait
que l'Égyptien était hérétique, mais maintenant qu'il a reçu l'ordre par l'entre-
mise du très admirable Aristolaus, de communiquer avec Cyrille, de déposer
Nestorius f t d'anathématiser sa doctrine, bien qu'elle soit orthodoxe, il a cédé
aux menaces et a tout accordé. » Lupus, ch. clxxxh, p. 366. Ce qui était obscur
pour Alexandre est très clair pour nous qui avons la lettre d'Épiphane syncelle
de Cyrille et la liste des présents envoyés à Constantinople. Lupus, ch. ccni,
p. 417 et trad. d'Héraclide, p. 367. Tous les évêques, doués d'un peu de sens po-
litique, ont pu voir qu'ils seraient brisés s'ils ne se contentaient pas des conces-
sions faites par Cyrille.
(4) Alexandre à Théodoret. Lupus, ch. c. n" 188, p. 218.
-4 FU'.VLK DE l/ORlK.\T CHRÉTIEN.
meurtre celui qui est innocent (1) » ; Nestorius est un « martyr
du Christ (2) ».
II. Les nestoriens persans. Toutes les polémiques qui ont
eu lieu aux alentours du premier concile d'Éphèse avaient pour
base la question des deux natures. On était monophvsite plus
ou moins mitigé (diplophysite) ou diphysite, et chacun attri-
buait à son adversaire les absurdités qu'il se croyait en droit
de déduire de son principe; la question des hypostases était
secondaire et restait, comme au temps de saint Jérôme, une
affaire de définition. Il en a été de même pour plusieurs nesto-
riens persans, et leurs professions de foi ne sont pas en désac-
cord avec celle de Chalcédoine lorsqu'ils laissent les hypostases
dans l'ombre, comme Acace, en 486 (3), ou même sont confor-
mes à celle de Chalcédoine lorsqu'ils prennent hypostase au
sens de personne, comme Henana (4), Sahdona (5) et le tra-
ducteur des œuvres de Théodore de Mopsueste sinon Théodore
lui-même (6), mais tout l'effort des docteurs et des évêques
nestoriens tendit bientôt à opposer les deux hypostases de Nes-
(1) Théodoret à Himérius. Lupus, ch. lxxi, n" 159, p. lôO.
(2) Lettre de Parthénius, prêtre et archimandrite, à Alexandre. Lupus, cli. cliii,
n^' 241, p. 308.
(3) « Notre foi doit être dans la confession des deux natures de la divinité et
de l'humanité. Personne de nous ne doit oser introduire le mélange, la commixtion
ou la confusion entre les diversités de ces deux natures; mais la divinité demeu-
rant et persistant dans ses propriétés et l'iiunianité dans les siennes, nous réu-
nissons en une seule majesté et en une seule adoration les diversités des natures,
à cause de la cohésion parfaite et indissoluble de la divinité avec l'humanité. Et
si quelqu'un pense ou enseigne aux autres que la passion ou le changement est
inhérent à la divinité de Notre-Seigneur, et s'il ne conserve pas relativement à
l'unité de personne (prosùpon) de notre Sauveur, la confession d'un Dieu parfait
et d'un homme parfait, que celui-là soit anathème. ■■ Synodicon orientale, Paris,
1ÎX)2, p. 302.
(4) Henana d'Adiabène et son école (on lui attribue huit cents disciples) pro-
fessait, à la fin du vi" siècle, deux natures, une hypostase et une personne. Cf.
Patrol. or., t. VII, p. 8.
(5) Sahdona, qui fut ians doute disciple de Henana. revint franchement, au
commencement du vn« siècle, à l'orthodoxie Chalcédonienne; cf. H. Goussen,
Marlyrus-Sahdona's Leben und Werks, Leipzig, 1897, p. 18-19. Ses œuvres ont
été éditées par P. Bedjan, Paris, 1902.
(6) La version syriaque du traité de Théodore de Mopsueste sur l'Incarnation
porte toujours » une hypostase et une personne et deux natures ■•. Un auteur
nestorien du vui" siècle dit que le traducteur syrien, nommé Komai, a remplacé
« deux • hypostases par - une » dans sa traduction (cf. Rivista deyii sludi orien-
lali, Rome, 1910, p. 01-03), mais c'est peu piobable.
SALNT CYRILLE ET NESTORIUS. O
torius à l'unique hypostase de saint Cyrille et de Chalcédoine.
En somme, au temps du concile d'Éplièse, les adversaires, avec
les formules différentes, affirment vouloir dire la même chose;
peut-être aurait-il suffi de donner des définitions convention-
nelles à certains termes, au lieu de se borner à condamner un
homme, pour enrayer les schismes nestorien et monophysite.
Le schisme un? fois consommé, les différences se sont accrues
et nous avons la surprise de voir les Nestoriens, que nos auteurs
mal informés accusaient de placer deux personnes dans le
Christ, devenir monothélites (1) à la suite de Nestorius (2). Pour
montrer où a abouti la Christologie nestorienne séparée, nous
transcrivons un passage de la profession de foi à réciter par les
évêques nestoriens avant leur consécration (3).
Dans les derniers temps, pour le salut de toutes les créatures, une des
personnes de la glorieuse Trinité, le Fils de Dieu, Dieu le Verbe, descendit
par amour, sans s'éloigner de la hauteur de sa Seigneurie et prit volon-
tairement de notre race un homme parfait, auquel il s'unit indestructible-
ment et pour toujours. Il a été, il est et il sera toujours un seul Fils, un seul
Seigneur, un seul Christ, un seul Rédempteur; il a une volonté, un pouvoir
et il est confessé en deux natures, en deux hypostases, en une personne
de la filiation, selon l'instruction des saints Apôtres, selon la tradition des
Pères spirituels : Mar Diodore (4), Mar Théodore (')) et Mar Nestorius, et
selon la tradition et l'enseignement de nos Pères : Mar Ephrem (6), Mar
Narsaï (7), Mar Abraham (8), et des autres Pères orthodoxes, qui se sont
illustrés dans ce pays d'Orient, à la foi desquels j'adhère et dont je tiens
la croyance.
(1) Timothée. patriarclie nestorien (viii<^ siècle), écrit : •■ Nous ne divisons pas
le Fils de Dieu en deux volontés et deux opérations, comme le font certains
impies. •• J. Labourt. De Timotheo, Paris, 1904, p. 18.
(2) •• Dans l'union des natures c'est la même volonté et intelligence, la volonté
est celle des deux. » Livre d'HéracHde, p. ^39. Cependant M. Béthune Baker,
p. 187, ne regarde pas ce passage comme concluant. Assémani, B.O.. III, 2, p. 209,
dit que Nestorius prônait u?!fl vlrtiis, iina polenlia el était monothélite. On le voit
dans plusieurs des textes recueillis par M. Loofs. p. 219, 220, 224. D'ailleurs l'u-
nion ■< volontaire » que Nestorius opposait à l'union « en nature -, est aussi pour
lui une union •■ de volonté et d'opération ».
(3j Palrol. or., t. VII, p. 84.
(4) Évèque de Tar.se de 378 à 394.
(5) Évèque de Mopsueste, 3ït0-428.
(6) Le plus célèbre des docteurs syriens. Il mourut à Édesse en 373.
7) Un des plus célèbres des docteurs nestoriens. Il fonda la célèbre école de
Nisibe en 457 et il mourut en 502; voir Barhadbs^abba 'Arbàya, La Cause de la
Foyidaiion des Écoles, Pair. Or., t. IV, p. 383-386.
(8) l'n des directeurs de l'École de Nisibe, de oOii à 569: voir ibid., p. 387-38*J.
6 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
J'anathématise et je rejette toutes les croyances des autres religions au-
tres que celle de la religion orthodoxe que je tiens; je rejette toutes les
hérésies, qui n'adhèrent pas à la vraie croyance des Orientaux orthodoxes ;
je confesse que Notre-Seigneur Jésus-Christ viendra à la fin des temps
pour juger les morts et les vivants et récompenser chacun aelon ses
œuvres.
VII. NESTORIUS D APRÈS SES ÉCRITS.
Nestorius, même à l'Oasis, n'était pas entièrement séparé du
monde, car il avait le bonheur d'avoir quelques amis fidèles qui
le tenaient au courant des événements; tel était ce Paul, nommé
évêque d'Anlarados par Domnus d'Antioche pour le récom-
penser d'avoir été visiter Nestorius à l'Oasis, et déposé par
Dioscore pour ce même motif (1) ; tel était encore ce Léontius,
évêque d'Ascalon, qui envoya des dons et des présents à Nesto-
rius exilé (2). Nous trouvons donc dans le livre d'Héraclide la
critique des Actes du concile d'Éphèse et de tous les événe-
ments qui ont suivi. Nous allons faire voir comment Nestorius
expose ses doctrines et répond aux accusations portées contre
lui : il a été condamné à 'l'aide de citations des Pères qui lui
seraient opposées et de citations de ses ouvrages qui seraient
hérétiques, il aurait refusé à la Vierge le titre de Mère de Dieu,
il aurait partagé le Christ en deux, il en aurait fait un simple
homme, il n'aurait pas voulu dire que Dieu était âgé de deux
mois ou de trois (3).
(1) Cf. s. G. F. Perry, The second synod of Ephesus, texte, Oxford, 1875, p. 192-
193. Il semble même que Paul alla à l'Oasis avant 442, car les évêque d'Éphèse
(449) disent que Domnus a expulsé Alexandre d'Antarados pour mettre Paul à sa
place et qu'Alexandre est resté, depuis lors, sept ansà Antioche. Son e.xpuision
eut donc lieu en 442 et Paul fut nommé à sa place comme récompense de son
voyage à l'Oasis. Si ce pèlerinage était ainsi récompensé, il dut être assez fré-
quenté.
(2) Cf. Les Plérophories de Jean de Maïoiuna, ch. lh, Paris, 1899, p. 56.
(3) 11 ne faut jamais oublier que, pour Nestorius et les Orientaux, les mots
. Dieu » et - Verbe .. d'une part, et - homme .. d'autre part désignent la na-
ture et non la personne. Ils proposent donc d'employer de préférence les mots
qui désignent la personne et qui sont pour eux • Christ », - Fils ■•, « Seigneur ..
Les monophysites — de fait ou de tendance — ne pouvaient admettre cette
distinction et en déduisaient de nombreuses difficultés.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. 7
1. Textes patristiques allégués contre Nestor lus.
Cyrille a cité à Éphèse des passages de Pierre, Athanase,
Jules, Félix, Théophile, Cyprien, Ambroise, Grégoire de Na-
zianze, Basile, Grégoire de Nysse, Atticus et Amphilochius (1).
Nestorius ne relève pas les textes de Jules et de Félix ; ces deux
textes en effet (2), auxquels il convient de joindre le pseudo-
Athanase chez lequel saint Cyrille a pris sa formule définitive
€ une nature du Verbe incarnée » (3) , sont des textes apollinaristes
mis sous les noms des deux papes. Par contre, tous les autres
textes lui fournissent des passages dont il se sert constamment
pour justifier ses propres textes que le concile a cités ensuite
comme hérétiques. Il a ainsi l'avantage de combattre Cy-
rille à l'aide de ses propres armes. Il cite souvent saint Atha-
nase : « Si le Verbe était dans le corps par apparence, comme
ils le disent, celui qui est dit par apparence est une imagina-
tion ; le salut et la résurrection des hommes se trouveraient
avoir lieu en imagination, comme Ta dit l'impie Manès; mais
notre salut n'est pas une imagination ; ce n'est pas du corps
seulement, mais de tout l'homme — de l'âme et du corps — que
le salut a eu lieu en réalité. Humain donc est celui qui provient
de Marie et en vérité il était de notre Sauveur (4). » « Dieu le
Verbe en essence est de Dieu le Père... il a pris la chair de la
Vierge (5) » ; Théophile Alexandrie : « Cet ouvrier supérieur à
tout, le ^'erbe de Dieu, vivant et faisant tout, celui qui orna
tout avec convenance et ordre, ne prit pas un corps d'une subs-
tance précieuse et des (êtres) célestes (quand) il vint près de
nous, mais il montra dans la boue la grandeur de son art,
pour réformer l'homme qui avait été formé de boue (6) » ; saint
Grégoire de Nazianze : « Ce n'est pas Dieu qui commence,
progresse et se perfectionne, bien qu'il soit dit ainsi à cause'
de sa manifestation qui a eu lieu peu à peu (7) »; « Il y a deux
(1) Labbe, 111, 507-519.
(2) Cités Labbe, III, 510-511. a51 A.
(3) Cité en particulier Labbe, III, 116, 855-858.
(4) Lettre à Épictète citée à Éphèse, Labbe, III, 510 D. Legrec supporte même
la traduction : « le (corps) du Sauveur qui (provient) de Marie, était, selon les
divines Ecritures, humain par nature et vrai ». Cité par Nestorius, papes 271,
272, 274, 281, 283, etc. du livre d'Héraclide.
(5) Labbe, 111, 510 B; Héracl., 281.
(6) Labbe, 111,511 D; Héracl., 321.
(7) Labbe, III, 515 D ; Héracl., 288, 300.
fe REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
natures. Dieu et l'homme, mais les Fils ne sont pas deux : autre
et autre sont les choses dont résulte notre Sauveur, mais non
un autre et un autre, Dieu nous en garde ! mais un dans la
réunion : Dieu qui s'est fait homme et l'homme qui est devenu
Dieu (1) » ; saint Ambroise : Serveinus distinctionem divinitalis
et Garnis. Unus in ut raque loquitur Dei Filius, quia in eodem
utraque natura est. Etsi idem loquitur, non uno semper lo-
quitur modo. Intende in eo {tune gloriam Dei) nunc hominis
passiones (2); etc., etc..
2. Fragments de Nestorius lus à Éphèse.
Nestorius n'admet pas a priori l'authenticité ou du moins
l'emploi que l'on a fait de ses fragments : lorsque ses adver-
saires produisent une coupure qu'ils prétendent tirée « Du livre
de Nestorius du dix-septième cahier qui est sur la foi (3) », il
s'écrie : a Duquel de mes livres, de quel dix-septième cahier avez-
vous pris ce que vous alléguez, lorsqu'il n'y avait personne pour
vous contredire (4)? » Il semble en effet, d'après M. Loofs, que
l'un au moins de ces passages est formé de deux fragments rap-
prochés artificiellement (5) ; un autre est tout différent dans une
autre citation (6). Il semble donc que ces textes, tout en prove-
nant bien de Nestorius, ont pu être découpés, soudés, rattachés
et peut-être même parfois résumés artificiellement. Nestorius
déclare d'ailleurs qu'il ne veut pas avoir l'air de chercher chi-
cane à ce sujet, et qu'il va discuter ces textes tels qu'on les a
cités à Éphèse. Voici un spécimen de son argumentation :
(1) Labbe, III, 515 B; Héracl., 3œ.
(2) Labbe, III, 513 C; Héracl., 301. La parenthèse figure dans le syriaque, mais
elle manque dans Labbe. Voir aussi Grégoire de Xysse, Héracl., 308, un autre texte
de Grégoire de Nazianze; Héracl., 310, Ambroise dit aussi (Labbe, 513 D) : ■- La
divinité n'a pas besoin de sanctification, mais la chair. - Héracl.. 312.
(3) Labbe, III, 510 B.
(4) Héracl., 141. Il écrit encore, ibid., 3J7 : « Admettons que j'aie dit cela,
car je ne refuse pas de reprendre les paroles modifiées par vous afin qu'on ne
croie pas qu'après avoir été repris, je vous ai accusés (d'avoir faussé les textes)
pour insuffisance à répondre. ■■
(5) Cahier 15, Labbe, III, 522 E; cf. Loofs, Xestoriana, Halle, I!t05, p. 548-
.549. Nestorius l'avait aussi reconnu ; . Je passe sur ce quils ont omis, et évidem-
ment ils n'ont môme pas conservé la suite (des phrases). -Héracl., 142.
(6) Loofs, loc. cil., 289-290.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. 9
Il reproduit d'abord le texte qu'on lui attribue (l):
Semblablement, du même, du cahier vingt-quatre {Q).
... « Nous disions donc : \e crainspasde prendre Marie ta femme; car ce
qui est né en elle Vest du Saint-Esprit. Si tu dis « qui est né en elle » ou
€qui est fait en elle » cela ne nuit pas au sens. Celui donc qui est né en elle est
du Saint-Esprit; mais si nous disons que « Dieu le Verbe est né dans la
chair », c'est autre chose de dire « qu'il était avec celui qui naissait » et
autre chose de dire « qu'il naîtra ». Car celui qui est né en elle est du Saint-
Esprit; c'est-à-dire: le Saint-Esprit a créé ce qui est en elle. Les Pères
qui connaissaient les Livres divins, ont vu que si l'on rapporte « celui qui
est né » à « celui qui a pris un corps », Dieu le Verbe se trouvera le Fils
du Saint-Esprit ou aura deux pères. Si nous disons que « Dieu le \evhe
a été fait », il se trouve être une créature du Saint-Esprit. Évitant la parole
de naissance, ils ont défini « qu'il descendit pour nous autres hommes, et
pour notre salut et qu'il prit un corps ». Que signifie ce « il prit un
corps »? (sinon) qu'il ne fut pas changé de la divinité en la chair.
Ensuite il explique et montre en somme que les objections
qu'on lui adresse proviennent toujours de ce que ses adversaires
n'admettent pas deux natures et lui font donc dire de la nature
divine — ou du moins de la personne du Christ — ce qu'il disait
seulement de la nature humaine, ou prétendent qu'il refuse à
la personne du Christ ce qu'il refuse seulement à la nature du
Verbe; enfin il a recours aux témoignages des Pères qu'eux-
mêmes ont cités contre lui, et il n'a pas de peine à montrer que
sa doctrine est conforme à la leur :
Vous ne récuserez pas ces hommes (3) que vous avez allégués contre moi
pour m'accuser. Parle donc, ô Ambroise, n'abandonne pas celui qui est
opprimé. Ne sois pas dans la bouche des calomniateurs et ne condamne
pas le sang innocent avant de m'avoir entendu : Moi je dis que c'est la chair
qui est (née) de la Vierge Marie, et que ce n'est pas Dieu le Verbe; car je
confesse qu'il n'est pas fait, ni devenu, ni créé. Tous se lèvent contremoi
comme desépées, ils ne veulent même pas écouter mes paroles et c'est sur
cela qu'ils te citent comme témoin. Ce n'est pas la mort qui m'a fait peur,
moi qui ai été ainsi calomnié, mais c'estd'avoir été condamné comme impie
en ton nom. J'ai parlé d'après Ambroise et je ne renie pas ce que j'ai dit.
quand bien même ils élèveraient le glaive contre moi. J'ai dit ceci : Il voulut
ensuite être d'une femme, selon cette (parole) t il a été fait ». Tu as défini
(1) HéracL, 276-277.
(2) Texte de Nestorius cité contre lui à Éphèse. Voir ce texte dans Labbe, III,
522 A.
(3) Héracl.. 279-281.
10 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
(toi, Ambroisej que « ce n'est pas la divinité, mais le corps qui a été pris.
11 a été fait d'une femme par le corps qui a été pris (1) » à savoir celui qui
est descendu; c'est celui-là que le Père a sanctifié et a envoyé au monde.
Le Livre ne vous a-t-il pas appris que « ce n'est pas la divinité, mais la chair,
qui a besoin de sanctification (2) »? Si donc ils ont trompé quelqu'un, c'est
eux-mêmes et non moi.
Que dis-tu aussi décela, ô Grégoire le divin? Quelle pensée as-tu? Je te
le demande, non que je l'ignore, mais parce qu'ils veulent, sous ton nom,
opprimer la vérité. Sais-tu quelque chose de celui qui est du Saint-Esprit
et de la Vierge Marie, qui a commencé, a progressé, s'est perfectionné, je
ne dis pas en personne (prosôpon) mais en essence? Quoi donc? aurais-tu
donné autre chose que ce que tu as donné par écrit? (à savoir) que c'est
l'homme qui a été pris... « Ce n'est pas Dieu qui commence, grandit et se
perfectionne, bien qu'il soit dit ainsi à cause de (sa) manifestation qui eut
lieu peu àpeu(3). »Car c autre et autre étaient ceux dont était formé notre
Sauveur, ce n'est pas la même chose de l'invisible et du visible... Dieu qui
devint homme et l'homme qui devint Dieu (3) ».
Parle aussi, ô sage Athanase, car tu as subi également beaucoup de ca-
lomnies analogues de la part des ariens, pour défendre la tradition au sujet
du Fils, Dieu le Verbe. Quelle idée as-tu sur ce « qui est né du Saint-Esprit
et de la Vierge Marie » ? (Est-il né) selon la nature et non selon la personne
(prosôpon) qui résulte de l'union? Nous disons qu'il est un, le Fils qui est
né de sainte Marie, et non un autre. Mais cet un et seul qui est né Fils, Christ,
(c'est) Dieu le Verbe avec sa chair; et II a une chair avec Dieu le Verbe.
Mais * en essence Dieu le Verbe est de Dieu le Père, et la chair est celle
qu'il a prise de la Vierge (4) » pour être. Nous ne disons pas un autre et
un autre, car il n'y a qu'une personne (prosôpon) pour les deux natures.
Mais celui qui a été fait du Saint-Esprit selon la nature, quel était-il? et
quelle était sa nature? De quelle nature était la Vierge sa mère? Car c'est
là ce qu'on cherche. Ecoutez tous... J'ai dit (répond Athanase) que *. Hu-
main est celui qui (provient) de Marie, selon les Livres divins, et il était
vraiment de notre Sauveur (5) ».
Certains textes allégués contre Nestorius sont d'ailleurs assez
incolores, et il faut vraiment qu'il ait eu bien peu d'écarts de
langage dans ses nombreux discours pour qu'on n'ait pas trouvé
autre chose à lui reprocher. Voici, par exemple, la traduction
entière d'un texte allégué contre lui :
(I) Paroles de saint Ambroise : • Huncposteafactum exmuliere asseruit, ut fac-
tura non divinitati, sed assumptioni corporis adscriberetur. Factum e.x muliere
per carnis susceptionem. • Labbe, III, 513 B.
(i) Te.xte d'Ambroise cité plus haut, Labbe, III, 513 D.
(3) Textes de saint Grégoire cites plus haut, Labbe, III.5I5D.B.
(4) Cf. Athanase, Labbe, III, 510 H.
(o) Paroles d'Athanase citées plus haut, Labbe, III, 5iii D.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. 11
Semblablement, du même, du sixième cahier (1).
Examine les choses qui suivent aussitôt celles-là (2) : Pour qu'il devienne
miséricordieux et pontife fidèle dans les choses qui concernent Dieu. En ce
qu'il a souffert et a été tenté, il peut aider ceux qui sont tentés (3). Ainsi
celui qui a souffert c'est le pontife, car le temple est passible et non Dieu
impassible, qui a vivifié le temple passible.
Nestorius, on le devine, ridiculise sans aucune peine l'accu-
sation que l'on semble vouloir tirer de là et y répond facile-
ment :
Qui pourrait défendre des blasphèmes comme ceux-ci ! J'ai dit que le
temple était passible et que ce n'est pas Dieu qui vivifie ce temple qui a
souffert! C'est pour cela que vous m'avez condamné, parce que j'ai dit que
Dieu est incorruptible, immortel et vivificateur de l'univers! Serait-il au
contraire corruptible, mortel et privé de la vie? Le Livre (saint) ne vous
apprend-il pas que € la divinité n'avait pas besoin de vivification mais la
chair » ? Ambroise vous crie tout cela et vous ne l'écoutez pas, ou plutôt
vous entendez et n'entendez pas, vous voyez et vous ne voyez pas, et vous
adoptez les choses opposées. Comment donc admettez-vous cela (d'Am-
broise) et n'admettez-vous pas ce qui est de moi? Je n'ai rien dit d'étrange
et je n'ai rien écrit en somme qui soit différent de ses paroles (de Paul) :
Par ce en quoi il a souffert et a été tenté, il peut aider ceux qui sont
tentés (4).
La nature qui a souffert le crie, et vous n'aviez pas besoin de l'appren-
dre de moi ou des autres. Le Livre (saint) le crie. « Attribuez donc la
gloire à Dieu et les souffrances à l'homme » comme Ambroise vous l'a dit
à tous. Pourquoi craignez-vous d'admettre les paroles d'Ambroise? En con-
damnant mes paroles mêmes vous anathématisez aussi les siennes. Il a
dit ces choses, et c'est pour ces mêmes choses que vous m'avez condamné.
Ce n'est donc pas seulement moi (que vous condamnez), mais encore lui
avec ses paroles que vous avez citées.
Nestorius reprend ainsi l'un après l'autre tous ses textes qui
ont été cités à Éphèse contre lui ; cela entraîne bien des répé-
titions et l'on comprend que l'historien Socrate, s'il a lu une
discussion analogue, a pu être incité à appliquer à l'auteur
(1) Passage de Nestorius cité contre lui à Éphèse, Héracl., 317. Voir le texte,
Labbe, III, 523-52C.
(2) Nous ne savons pas lesquelles, car l'extrait précédent est tiré du cahier XV;
Nestorius commentait sans doute la première partie du verset 17 de Hébr., n.
(3) Hébr., ii, 17 (fin) et 18.
(4) Hébr., ii, 18.
12 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Taccusation de bavardage. Il ne faut pas oublier cependant
que ces misérables fragments ont paru suffisants à saint Cyrille
pour condamner Nestorius, en une seule séance, sans l'enten-
dre, sans que ses amis aient pu prendre sa défense, et pour
demander à l'empereur de faire brûler tous ses ouvrages et
de proscrire jusqu'à son nom; on est porté ensuite à l'indul-
gence pour la vivacité — on pourrait dire l'aigreur — et les
longueurs de la réponse. Nestorius a d'ailleurs senti ces lon-
gueurs, car il écrit : « Voulez-vous que nous étudiions encore
les autres choses qu'ils ont écrites? Ne vous impatientez pas
d'entendre les mêmes choses de nombreuses fois, mais endu-
rez malgré vous l'ennui de ce qui a été dit (1 ). »
3. Sur te titre « Mère de Dieu. »
Pour soulever les foules, saint Cyrille avait trouvé la for-
mule simpliste : u Nestorius dit que la \'ierge n'est pas Mè)e
de Dieu », formule que chacun entendait à sa manière; pour
beaucoup, elle signifiait que Nestorius faisait du Christ un sim-
ple homme. Or il est certain que Nestorius et tous les Orien-
taux, y compris Alexandre de Mabboug, n'ont jamais refusé à
la sainte Merge le titre de Mère de Dieu. Lorsque le comte
Irénée, arrivé à Constantinople trois jours après les Égyptiens,
écrit à Nestorius que leurs calomnies ont semé partout des
préventions contre lui et qu'ils ont persuadé en particulier au
très magnifique cubiculaire Scholastique qu'il ne voulait pas
entendre à Éphèse le nom de Mère de Dieu (2) , il lui écrit aussi-
tôt (3) :
Je m'étonne que ton àme qui aime Dieu, qui est ferme et qui n'est pas
ouverte aux tromperies, ait pu approuver les fables des hommes immon-
des, disant de nous que nous aurions rejeté la parole, par laquelle (la
Vierge) est nommée « Mère de Dieu », lorsque, comme tu le sais, nous l'a-
vons employée souvent.
En effet, comme pour confirmer cette parole de Nestorius,
nous avons trouvé ce titre de Mère de Dieu, donné par lui à
la Vierge dans l'une de ses trois homélies dont nous venons
(1) Héracl., p. 328.
(-2) Lupus, ch. xxi, n" 100, p. 60. Texte grec chez Labbe, III, 717.
(3) Lupus, ch. x\. p. 4o ou Loofs, p. 190.
SAINT CYRILLE ET NESTOKILS. 13
de retrouver le texte intégral. 11 explique longuement à Scho-
lastique, à Jean d'Antioche et enfin dans le Livre d'Héraclide
que certains hérétiques (monophysites) employaient le seul
mot de Mère de Dieu et entendaient par là que Notre-Seigneur
était seulement Dieu et que l'humanité était absorbée ou sup-
primée par la divinité; d'autres hérétiques ne voulaient em-
ployer que la locution Mère de Vhomme parce qu'ils ne voyaient
dans le Christ qu'un simple homme; ces deux locutions étaient
employées concurremmentàConstantinopleet leurs partisans se
traitaient mutuellement d'hérétiques, il les a donc convoqués
et s'est rendu compte que ceux qui disaient « Mère de Dieu »
n'excluaient pas « Mère de l'homme », et que ceux qui disaient
« Mère de l'homme » n'excluaient pas « Mère de Dieu »; il leur
a donc dit qu'ils étaient tous orthodoxes, mais pour éviter
tout soupçon d'hérésie, il leur a conseillé de choisir un mot
qui désigne à la fois les deux natures et de dire plutôt
« Mère du Christ ». Voici quelle est la position prise par Nesto-
rius et par les Orientaux : c'est, disent-ils, la seule crainte du
monophysisme qui leur inspire une certaine défiance à l'égard
de la formule « Mère de Dieu », — et Eutychès s'est chargé de
démontrer que cette crainte n'était pas chimérique. — Voici ce
que Nestorius écrivait cà .Tean d'Antioche (1) lorsque celui-ci
lui demandait d'admettre ce titre :
Il expose d'abord que s'il redoute le nom Mère de Dieu,
c'est uniquement parce qu'il est adopté par beaucoup d'héréti-
ques et parce qu'il craint donc que son usage inconsidéré ne
conduise aux erreurs iV Apollinaire et à''Ariiis. Il ajoute en-
suite :
Je pense que Ta Religiosité sait que, dès notre arrivée ici, nous avons
trouvé des hommes qui, à leur détriment, se séparaient de manière sédi-
tieuse de ceux qui appartiennent à l'Église : certains d'entre eux ne nom-
maient la sainte Vierge que « Mère de Dieu », et d'autres (ne la nom-
maient) que « Mère de l'homme ». De là, pour réunir avec soin les deux
partis et pour ne négliger aucune brebis qui aurait pu périr, comme nous
avons vu que le Seigneur lui-même l'a fait, nous l'avons appelée « Mère
du Christ », afin que ce mot désignât évidemment l'un et l'autre, c'est-à-
dire Dieu et l'homme, au sujet des paroles de l'Évangile. Pour ceux qui
le voulaient, je leur ai permis de nommer pieusement la Vierge t Mère de
(1) Lupus ch. m, 11° 7S, p. lu, ou Loofs. p. 183.
14 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
Dieu » ou « qui enfante Dieu », à savoir ni selon le sens d'Apollinaire ni
selon celui d'Arius, ni comme si la divinité du Fils unique avait pris com-
mencement de la sainte Vierge, mais à cause du mode de l'union qui a été
faite dés le commencement même des paroles de l'ange prononcées sur la
conception (1).
Il en avait écrit autant à saint Célestin (2).
Pour moi, au sujet de cette parole qui est « Mère de Dieu », si elle
n'est pas employée selon la folie d'Apollinaire et d'Arius pour la confu-
sion des natures, je ne m'oppose pas à ceux qui veulent la dire; je n'hésite
pas cependant à dire que cette parole » Mère de Dieu » le cède à cette au-
tre « Mère du Chrisl » qui a été employée par les anges et les évangiles.
Après le concile, il répétait encore la même chose au cubicu-
laire Scholastique (3).
Nous avons dit ainsi (Mère du Christ) de crainte que quelqu'un ne soupçon-
nât le Seigneur Jésus-Christ d'être ou un pur homme ou Dieu privé de l'hu-
manité (4). Sache cependant que nous leur avons dit très souvent — et cela
paraissait légitime et pour eux et pour nous — d'appeler la sainte Vierge
« Mère de Dieu et de l'homme » : « Mère de Dieu » non comme si Dieu le
Verbe avait pris d'elle le commencement de son existence — comment cela
aurait-il lieu, puisqu'il est lui-même le créateur de la Vierge — mais afin
qu'on n'imaginât pas que celui qui est né est un pur homme ; « Mère de
l'homme » pour que nous n'abjurions pas, avec les Manichéens, l'Incarna-
tion, nos prémices (l'incarnation en notre nature). Cyrille cependant a
évité tout à fait auparavant de parler avec nous et l'évite jusqu'ici, espé-
rant esquiverpar là la censure des chapitres qu'il a écrits, parce qu'ils se-
raient hérétiques sans conteste. Comment donc Ta Splendeur a-t-elle pu
accueillir une telle accusation contre nous, lorsqu'elle se souvient certaine-
ment que nous avons employé l'un et l'autre mot (Mère de Dieu et Mère
de l'homme) même à Constantinople, au sujet du mystère de l'incarnation
et de l'union ineffable? Ne croyez donc pas si facilement, je vous en prie,
aux accusations portées contre nous, car nous croyons que la parole par
laquelle elle est appelée < Mère de Dieu », si elle est placée avec cette parole
qui est t Mère de l'homme », a un souverain caractère de piété...
(1) Cette phrase, connue depuis longtemps, n'a pas empêché d'écrire que, pour
Nestorius, l'union du Verbe avec l'homme avait eu lieu peu à peu, après la
naissance.
(2) Loofs, p. 181.
(3) Loofs, 190.
(4) Ce sont les deux formes du monophysisme : Mère de l'homme — Mère de
la nature humaine, et Mère de Dieu =Mère de la nature divine. Voilà pourquoi,
dit Nestorius, il faut employer les deux locutions simultanément, ou adopter la
locution - Mère du Christ • qui comprend à elle seule les deux autres.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. 15
Ces explications n'ont réussi ni à arrêter les calomniateurs
ni à éclairer leurs dupes, nous ajoutons donc encore le passage
correspondant du livre d'Héraclide : Nestorius commence par
rappeler que la chair ou la nature humaine ne peut pas faire
partie de la nature ou de l'essence de Dieu le Verbe, « car il
souffrirait dans la nature elle-même les souffrances naturelles
de la nature... Par suite de l'union naturelle, il tomberait aussi
sous les souffrances,- à savoir celles de la nature dans laquelle
il est par une union naturelle. (Apollinaire) combat Paul de
Samosate et Photin en disant que le Christ est le Verbe en na-
ture et en hypostase et est éternel; mais il s'est trompé en
transportant à Dieu le Verbe dans la nature, les choses du corps
dans une union naturelle ». Nestorius fait voir ainsi que cette
question lui est bien antérieure, et qu'elle n'a même pas pris
naissance à Constantinople; il raconte ensuite comment il a
été amené à y prendre part et quelle solution il a donnée (1).
Pourquoi donc me calomnies-tu en disant : < C'est lui qui a lancé cette
question », pourquoi m'appelles -tu « inventeur de nouveautés » et « cause
de tumulte et de guerre », moi qui n'ai pas soulevé une telle question,
mais qui l'ai trouvée à Antioche? Dans cette ville-là j'ai enseigné et parlé
sur ces matières et personne ne m'a blâmé et je pensais que ce dogme
(d'Apollinaire) était déjà rejeté. A Constantinople, comme je trouvai qu'ils
cherchaient et avaient besoin d'apprendre, je me rendis à leur demande,
comme ia vérité l'exigeait. Les partis du peuple qui discutaient à ce sujet
vinrcit au palais épiscopal; ils avaient besoin de la solution de leur dis-
pute et d'arriver ^ la concorde. Ils appelaient manichéens ceux qui don-
naient le nom de Mère de Dieu à la bienheureuse Marie, et Photiniens
ceux qui l'appelaient Mère de l'homme. Lorsque je les interrogeai, les
premiers ne niaient pas l'humanité, ni les seconds la divinité ; ils confes-
saient ces deux points de la même manière, et n'étaient divisés que par
les noms. Les partisans d'Apollinaire acceptaient « Mère de Dieu », et
ceux de Photin, « Mère de l'homme » ; aussi, lorsque j'ai su qu'ils ne se
disputaient pas dans le sens des hérétiques, j'ai dit que ceux-ci n'étaient
pas hérétiques ni ceux-là non plus, parce que (les premiers) ne connais-
saient pas Apollinaire et son dogme, ni les autres le dogme de Photin ni
de Paul.. le les ai dégagés de cette controverse et de cette dispute en disant:
t Si, de manière indivisible, sans suppression ni négation de la divinité
et de l'humanité, on accepte ce qui est dit par (les deux partis), on ne
pèche pas (2) ; sinon servons-nous de ce qui est le plus sur, par exemple
(1) Héracl., p. 150-152.
(2) C'est dans ce sens que Nestorius disait : - Condamne ceux qui disent
Mère de Dieu au sens d'Apollinaire et d'Arius et je crierai ce nom avec toi;
16 REVLK DE l'orient CHRÉTIEN.
(le la parole de l'Évangile : le Christ est né 1 1;, et Livre de la génération de
Jésus-Christ (2j. Par de telles paroles, nous confessons que le Christ est
Dieu et homme ; par exemple : d'eux (des patriarches) est né, dans la chair,
te Christ qui est Dieu sur tout (3). Lorsque vous appelez (la vierge) « Mère
du Christ » dans l'union et sans diviser (4), vous désignez celui-ci et celui-
là dans la filiation. Servez-vous de ce qui n'est pas condamné par l'Evan-
gile. Résolvez cette controverse parmi vous en vous servant ae paroles qui
puissent recueillir l'unanimité. » Quand ils entendirent ces paroles ils
dirent : « Notre question a été résolue devant Dieu (5) » ; ils me quittè-
rent avec félicitations et louange (6).
Nestorius nous donne alors sa version sur la cause détermi-
nante des accusations portées contre lui : « Déjà auparavant il
avait été blessé par moi et il ne cherchait qu'un prétexte,
parce qu'il n'avait pas reçu de ce qu'on appelle eulogies (7). »
Cette phrase est à rapprocher de ce que nous disent les Orien-
taux (8) que Nestorius « s'était brouillé avec certains évêques
parce qu'il avait défendu d'accepter des dons à l'occasion du
sacerdoce » ; il est probable qu'après sa nomination à Cons-
tantinople il ne fit pas les dons de joyeux avènement d'usage.
Enfin il fut choisi pour juge des accusations portées par cer-
tains clercs d'Alexandrie contre Cyrille. Les représentants de
celui-ci montrèrent à Nestorius les dangers auxquels il s'ex-
posait en paraissant prendre parti contre Cyrille, mais il per-
sista; alors Cyrille écrivit la lettre étrange qui nous est con-
servée (9) et à laquelle Nestorius n'a pas de peine à donner
moi aussi je dis Mère^de Dieu, mais j'ajoute Mère de l'homme. •• Loofs, p. 301,
303, 309 et surtout 312. Nestorius voulait voir désigner les deux natures pour
éviter les deux erreurs monophysites qui voulaient ne voir en Notre-Seigneur les
uns que Dieu, et les autres que l'homme. Voir encore Loofs, p. 318, 319 : « la
Vierge est mère de Dieu et mère de l'homme •• ; - l'appellation Christ renferme les
deux natures • .
(1) Cf. Matth., I, 16.
(•2) Matth., I, 1.
(3) Rom., IX, 5.
(4) C'est-à-dire « après l'union des natures en une seule personne ■•.
(5) C'est-à-dire - vraiment résolue ••.
(G) En somme, en renvoyant dos à dos les adversaires qui parlaient de manière
différente, mais qui n'excluaient pas les autres manières de parler et ■• n'étaient
divisés que par les noms ••, Nestorius donnait un bel exemple qu'il aurait été
utile de pouvoir imiter plus tard.
(7) Héracl., p. 153.
(8) HéracL, introd., p. vi.
(9) Labbe, 111, 331-338.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. 17
le sens suivant : « Je vous envoie une lettre pour l'empereur
dans laquelle j'accuse Nestorius d'hérésie, mais s'il prend mon
parti, « si c'est un frère », ne remettez pas cette lettre, car il
pourrait m'en vouloir et m'accuser aussi d'hérésie; dans ce
cas, regardez donc mon accusation comme sans importance. Si
au contraire il veut porter un jugement entre moi et les clercs qui
me poursuivent, dans ce cas, remettez à l'empereur l'accusa-
tion d'hérésie que je porte contre lui, afin, si je ne puis éviter
le jugement, que je puisse du moins récuser Nestorius et éviter
d'être jugé par lui. D'ailleurs je vais vous envoyer des évêques
et des moines pour vous prêter main-forte. » Cette interpréta-
tion inédite nous fournit-elle la clé du conflit et Cyrille n'au-
rait-il porté contre Nestorius l'accusation de refuser de dire
Mère de Dieu et de faire du Christ un simple homme — accusa-
tion dont tous les documents nous montrent le peu de fon-
dement — que pour éviter de voir juger par lui les accusations
portées par certains clercs d'Alexandrie contre Cyrille, nous
dirions aujourd'hui : « pour rompre les chiens »? Voici le té-
moignage de Nestorius (1) :
Le bruit courait sur moi et se fortifia, que je n'étais pas homme à dé-
laisser celui qui était opprimé. Si ce bruit est vrai ou faux, Dieu le sait!
Cependant cette renommée poussa ceux qui accusaient (Cyrille) et les
encouragea à rapporter sur lui devant l'empereur des choses, vraies ou
fausses, et à dire et à demander que je fusse juge.
Parce qu'ils me furent envoyés et que je n'avais aucun motif de refuser,
j'envoyai chercher les clercs (de Cyrille) et je leur demandai de m'ap-
prendre quelle était cette affaire. Mais ils se fâchèrent et me dirent :
« Comment ! Tu admets de cette façon une accusation contre le patriarche
(d'Alexandrie) (2) et tu ne condamnes pas les accusateurs aussitôt sans
examen comme des calomniateurs ! Il est facile à ceux-ci d'accuser (les
clercs) d'Alexandrie! Il n'est pas possible que nous t'accordions un tel pou-
voir, car ce ne serait autre chose qu'un téméraire encouragement aux
accusations, tandis qu'il t'est avantageux de te le garder (Cyrille) comme
un bon ami,- et ne pas t'en faire un ennemi, lui qui est renommé par (sa)
grandeur et qui est parmi les grands. » Alors je leur répondis : « Je n'ai
pas besoin d'une amitié qui me rendrait coupable d'iniquité, mais seule-
ment de celle qui opère sans acception de personne les œuvres de Dieu. »
Je dis ces paroles et ils me répondirent : t Nous l'annoncerons donc au
patriarche (U). » Depuis lors il fut mon ennemi sans réconciliation, et il
était prêt à tout. Et il fit naître d'abord une cause d'inimitié, afin de pou-
(I.) Héracl., p. 153-156.
(2) Litt. : « le pape (d'Alexandrie) -.
OKIENT CHRÉTIEN. 2
18 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
voir me récuser comme un ennemi (1), et d'user de fraude, selon sa cou-
tume, contre ses accusateurs et de couvrir les accusations portées contre
lui. Voilà ce que faisait celui qui demandait que le jugement fût confié
à d'autres. Vous apprendrez que ce que je vous dis est la vérité et non
de la fantaisie, d'après la (lettre) qu'il écrivit à ses clercs, qui se mêlaient
de mes affaires, à Constantinople, comme chacun le sait.
Lettre de Cyrille à ses clercs de Constantinople (2).
€ J'ai reçu et j'ai lu la requête que vous avez envoyée, qu'il faudrait
remettre à l'empereur et que vous n'avez pas voulu (lui) remettre sans
mon consentement. Comme elle renferme beaucoup d'accusations contre
celui qui est là (Nestorius), si c'est un frère et s'il mérite que nous lui
donnions ce nom, ne la remettez pas encore, de crainte qu'il ne s'élève
contre vous et ne m'accuse comme hérétique auprès de l'empereur. S'il
en est autrement, en même temps que vous récuserez son jugement, vous
direz aussi le genre de son inimitié, et s'ils veulent absolument pousser au
jugement, vous le donnerez à d'autres autorités. »
Nestorius. Voilà pourquoi il est devenu mon ennemi. Écoutez encore le
reste de (sa) lettre, pour voir qu'il n'agissait pas pour Dieu, ni pour la re-
ligion, ni pour la foi; au contraire, alors qu"il connaissait la foi, il passait
par-dessus à cause de son inimitié contre moi. Il troublait et agitait tout,
afin que (durant ce temps) ses propres hérésies fussent perdues et dis-
persées (oubliées).
Reste de la lettre de Cyrille (3).
« Lisez donc l'écrit et (remettez-le s'il en est) besoin, et si vous voyez
qu'il continue à nous tendre des embûches, en vérité il en dresse de tout
genre contre nous, faites-les-nous connaître soigneusement alors, car je
choisirai certains évoques pieux et des moines, et je les enverrai au pre-
mier moment. Car je n'accorderai pas le sommeil à mes yeux, comme il
est écrit, ni rassoupissement à mes paupières, jii le repos à mes tempes,
avant d'avoir combattu le combat pour le salut de tous. »
Nestorius. Vous avez entendu ce qu'il a confessé clairement sans aucun
voile : Il pense que c'est lui faire tort que de faire une enquête contre lui;
si je ne lattaque pas pour lui nuire, lui non plus ne m'attaquera pas; et
il » combat le combat pour le salut de tous s ! je suis, selon lui, « ami, pieux
et pur en tout », mais si je ne détourne pas les yeux de tes torts, pour un
juste jugement, tu. t'indignes alors et tu m'appelles méchant et hérétique.
(1) Cyrille dit en effet que Nestorius ne doit pas espérer devenir son juge,
sinon il en appellerait de son jugement. Labbe, 111; 335 B.
(2) C'est la Un de la lettre. Labhe, 111, :i:!,j E.
(3) Labbe, III, 33a-33b.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. 19
Tu convoques des troupes de moines et d'évêques et tu les envoies contre
moi prés de l'empereur pour m'accuser et toi tu combais pour ton salut
et non « pour le combat de tous », mais plutôt « tu combats contre le salut
de tous ». Tu as tout troublé, confondu et égaré, et ainsi tu les as amenés
à te servir d'instruments pour le mal, afin qu'ils ne voientpas, n'entendent
pas et ne comprennent pas, quand même on (le) leur dirait des milliers
de fois, que ce n'était pas « pour le salut de tous » que tu t'appliquais à
faire cela, mais pour fuir devant tes accusateurs.
Il est intéressant d'arrêter ici la lecture de Nestorius pour
rappeler l'origine des luttes de Théophile, oncle de saint Cyrille,
contre saint Jean Chrysostome. Théophile avait poursuivi le
vieillard Isidore jusque dans le désert deScété et en avait dis-
persé les moines. Plusieurs de ceux-ci s'étaient réfugiés à Cons-
tantinople et avaient supplié Jean de leur obtenir la permis-
sion de retourner en Egypte. Jean Chrysostome fait venir les
clercs d'Alexandrie qui intriguaient à Constaniinople pour
faire nommer en Egypte des fonctionnaires favorables à
Théophile, et leur demande s'ils connaissent ces moines; les
clercs répondent : « Ils ont souffert grande violence, mais s'il
te plaît, maître, ne leur donne pas la communion spirituelle,
pour ne pas chagriner le pape (patriarche) (1). » Jean suit ce
conseil et ne leur donne pas la communion, mais il écrit à Théo-
phile : « Fais-moi la grâce, comme à ton fils et à ton frère, de
pardonner à ces hommes. » Théophile ne fit pas cette grâce
à Jean, mais envoya des hommes habiles aux combats de la pa-
role (2). Il vint lui-même plus tard avec des navires « char-
gés des plus belles choses de l'Egypte et de l'Inde « et la
lutte se termina enfin par la déposition et l'exil de Jean. Cf.
Palladii Dialogus de vita S. Joannis Chrysostomi, P. G.,
t. XLVII, p. i sqq.
4. Sur le mode de l'Incarnation. — Tous les reproches de
partager le Christ en deux et de faire du Christ un simple
homme signifient souvent que Nestorius, comme Chalcédoine,
affirme que les deux natures conservent leurs opérations propres
après leur union en une personne (3), union qui est d'ailleurs
(1) T>iç (tàv Tiv£'j().aTixTic xotvwvîaç aÙToïç \i.r\ [leTaôw;, 'îva (X-ri ).un)i'îYii; tôv iràitav.
(2) 'ATtoCTTÉXXsi Se Tiva; uepiaeaupixÉvou; el; Àoytxà; àiitAXaç.
(3) « Parce que j'ai dit que Dieu le Verbe n'est pas mort, lui qui a une nature
immortelle, mais la chair; c'est pour cela que je suis accusé. Je penèe que même
20 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
réalisée dès l'Annonciation. C'est encore à l'aide de sorites que
tantôt, en partant des deux natures, on veut luï faire dire
deux Christs, et tantôt, en partant des opérations qu'il attribue
à la nature humaine, on veut lui faire dire que le Christ n'est
qu'un homme.
C'est pour nous un continuel sujet d'étonnement de voir
saint Cyrille, dans le traité « aux très pieuses reines », par
exemple, terminer tant de paragraphes par les mots « donc le
Christ est Dieu », car ni Nestorius, ni les Orientaux n'ont
jamais songé à le contester (1).
Nestorius a cependant deux théories en propre : l'une, que
l'hypostase suit la nature et que s'il y a deux natures, il y a
aussi deux hypostases; l'autre semble être que chaque nature
agit avec la personne de l'autre nature et que c'est ce prêt, cet
échange, cette compénétration des personnes des deux natures
qui constitue la personne unique du Christ. Mais ces deux
théories étaient rarement visées ; ce qu'on attaquait chez Nesto-
rius et ce dont on déduisait les conséquences les plus noires,
c'étaient les deux natures, conservant leurs opérations propres
après leur union en une seule personne, c'est-à-dire en somme
la doctrine de Chalcédoine. Aussi Nestorius pouvait s'écrier :
Ils m'ont calomnié iniquement comme si je disais un homme simple et
comme si je le séparais en parties, à la manière des choses qui sont sépa-
rées localement l'une de l'autre (2).
Où donc ai-je dit du Christ qu'il était un simple homme, ou deux
les démons et ceux qui ont de l'inimitié contre Dieu, n'ont pas osé dire ou en-
seigner celte parole. >- Héracl., 355.
(1) Cf. Migne, P. G., t. LXXVI, col. 1201 sqq. " Donc le Christ est Dieu »,
col. 1232 G; ■■ sache que le Christ crucifié est Dieu », ibid.; •■ le Christ est donc
Dieu », 1233 B; •• comment le Christ n'est-il pas manifestement Dieu », 1233 D,
1236 A; <• comment le Christ n'est-il pas Dieu », 1236 C. Par tout ce traité,
avec le fracas d'une grande épée qui bat une eau dormante, nous retrou-
vons je même refrain : " le Christ est donc Dieu », 1285 A... 1321 C. Les <• très
pieuses reines » ont peut-être cru que la divinité du Christ était niée par Nes-
torius — n'avaient-elles pas d'autres motifs de mécontentement contre ce der-
nier! — mais les Orientaux ne s'en laissaient pas imposer par ces passits extra
viam, et portaient toute leur attention sur des phrases incidentes comme celle-
ci : El; fipa ètrci, çuaa xa; i4ÀT,6<r>c, xûpto; xai XpioTÔç xat ïîdç, <• il est donc, fai' nalvre
et en vérité, un Seigneur et Christ et Fils », ibid., coi. 1317 A. Ils voyaient dans
ce texte peu clair une tendance au monophysisme, et toute l'église monophysite
leur a donné raison, pendant que les orthodoxes palliaient ces textes et faisaient
de '■ un par nature » le synonyme de " un en vérité ».
(2) Héracl., p. 329.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. 21
Christs, et qu'il n'y avait pas un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique
de Dieu? De l'union des deux natures résulte une personne. Même à toi je
t'ai dit, comme un frère à son frère, que nous ne divisons pas l'union, ni la
personne {prosôpon) (qui résulte) de l'union (1).
On ne lui a jamais répondu et pour cause ; voici en effet sa
doctrine :
Il y a une seule personne {prosôpon) en deux natures. Lui est Dieu, Lui
est Seigneur, Lui est Christ, car il ne se sert pas d'une personne qui
admette division, mais il s'en sert comme de sa (propre) personne (2).
(Ambroise) indique encore l'union des deux natures, non que deux na-
tures soient devenues une seule nature, mais que deux natures sont unies
dans la seule personne du Fils : * la gloire de la divinité, les souffrances
de l'humanité ». 11 n'a pas appelé l'un un Fils, et Dieu le Verbe un autre
Fils, mais il indique qu'autre chose sont la personne et l'essence. Il en est
du nom de Dieu comme du nom de Fils, l'un indique les natures et l'autre
la personne du Fils. Le même est Dieu et Fils et il n'y a qu'une seule per-
sonne pour les deux natures et non une personne pour une seule essence ;
c'est pourquoi les deux natures sont un seul Fils et elles sont dans un seul
Fils. Les deux natures ne sont pas (devenues) le seul Dieu le Verbe, ni
encore la seule divinité ; car il n'y a pas eu de confusion ni de mélange,
ni de changement des essences pour aboutir à une seule nature d'essence,
ni de composition naturelle pour aboutir à une nature composée (3).
Dis (donc) encore une personne (prosôpon) en deux natures et deux
natures en une personne, comme Grégoire, comme Ambroise, comme
Athanase, cumme tous les Pères (4).
Cela ne fait pas deux Fils ou deux Christs que deux natures soient
unies en une personne (prosôpon) ; la diversité de chacune des natures
étant conservée (5).
Je vous demande et vous supplie de veiller soigneusement à ce que
(Cyrille) ne m'accuse pas de placer par parties et de diviser la divinité et
l'humanité, à la manière de ceux qui sont séparés l'un de l'autre d'éloi-
gnement local ; car comment celui qui revêt un habit en serait-il séparé,
et celui qui est caché de celui qui est visible; comme nous l'avons ajouté
dans nos paroles mêmes : « Dieu n'est pas séparé de celui qui est vu. »
Mais tu me dis que je sépare les natures. Comment donc seraient sépa-
rées les natures qui sont inséparables? C'est en paroles qu'elles sont con-
nues comme des essences sans confusion et sans mélange ; de sorte que,
dans l'union, les deux natures soient conservées dans leurs propriétés
naturelles, et naturellement dans les propriétés de l'essence; en sorte que
(l)Héracl., p. 214 ; cf. p. 69-70.
(2) Héracl., p. 288.
(3) Héracl., p. 301.
(1) Héracl., 238.
(5) Héracl., 237.
22 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN
la nature divine soit conçue dans la nature divine et que la nature
humaine soit conçue en essence dans la nature de l'humanité -(1).
Il est une personne (prosôpon) de deux natures : de la divinité et de
l'humanité, seigneur et Christ (2).
C'était là le fond du débat. (3) et le concile de Chalcédoine a
donné raison à Nestorius; mais où il prête à critique, c'est
lorsqu'il veut expliquer la formation du prosôpon d'union. Au
lieu de dire, d'après une formule de saint Cyrille, que les deux
natures s'unissent en une personne « d'une manière ineffable
et inexprimable », il donne une personne à l'humanité et une
personne à la divinité, chaque nature se servant de la personne
de l'autre.
L'union met en communies personnes [prosôpons) ei non les natures (4).
Pour nous, dans les natures, nous disons un autre et un autre, et, dans
l'union, une personne {prosôpon) pour l'usage de l'un avec l'autre : Dieu
qui est devenu homme et l'homme qui est devenu Dieu (5).
De même qu'en la Trinité une essence a trois personnes (prosôpons),
car les trois personnes sont d'une seule essence, de même ici il y a une
personne (prosôpcn) de deux essences et deux essences d'une personne.
Dans le premier cas, les personnes {prosôpons) ne sont pas sans essence et,
dans le second, l'essence n'est pas sans personne: la nature n'est pas non
plus sans personne ni la personne sans nature. Car l'autre essence se sert
de la même manière de la personne d'une essence et non d'une autre, à
cause de l'union. 11 a fait siennes toutes nos propriétés.
11 n'y a pas deux fils ni deux hommes, mais ne comprends-tu pas com-
ment les Pères confessent tine personne {prosôpon) de deux natures? ei
1) Héracl, 303-304.
(2J Héracl., p. 218.
(3) « Ce n'est pas en nature qu'avait lieu l'union de Dieu le Verbe avec l'huma-
nité, de sorte que l'intellect de l'humanité fût sans opération et qu'il pensât avec
l'intellect de Dieu le Verbe et non avec l'intellect de l'humanité; qu'il sentît
non dans l'union de l'âme vivante mais dans l'union de la divinité; qu'il vécût
et sentit non par l'opération du sens de Tàme mais par la puissance de la divi-
nité. Une telle union est passible. » Héracl., p. 2.51. ■■ Pourquoi m'accusos-tu,
moi qui dis que deux (natures) s'unissent en un fils, dans lequel j'ai voulu mon-
trer rinoonfusion des natures dans l'union, en me servant des propriétés des
natures? 'Je ne cherche pas à faire deux fils ni à dissoudre l'unité, mais j'uti-
lise jne personne (prosopun) d'union comme (formée) de deux essences, selon le
témoignage du livre divin. » Héracl., p. 224. « Car il (le corps) n'est pas adoi-é
dans sa personne, mais dans la personne qui lui est unie et qui est commune à
cause de l'union. C'est dans la personne {prosôpon) qu'a lieu l'union, de sorte
que celui-ci soit celui-là et celui-là celui-ci. ■• Héracl., p. 331.
(4) Héracl., p. 349.
(5) Héracl., p. 342.
SAINT CYRILLE ET N'ESTORIUS. 23
que les différences des natures, ou de la divinité ou de l'humanité, ne
sont pas supprimées à cause de l'union, parce qu'elles se réunissent
ensuite en une personne qui est (formée) des natures et des personnes
(prosôpoîïs) réunies. Les diversités subsistent, car il n'y a pas confusion ni
suppression, pour que tu attribues la diversité des natures, naturellement,
à une nature et à la personne unique de cette même nature, et que tu
supprimes celle qui est sans personne {prosôpon) et sans son essence,
c'est-à-dire l'humanité, et que tu ne donnes que le (seul) nom de Dieu, à
Dieu et à l'homme (1).
Nestorius admet la communication des idiomes; toutes les
propriétés du Clirist peuvent être attribuées à Dieu le Verbe,
mais pas de la même manière, car les unes lui sont attribuées
comme découlant de son essence et les autres comme résultant
de son union avec l'humanité :
Lorsque nous disons Dieu, et que nous le disons en nature, nous ne le
concevons pas sans l'homme. De même lorsque nous disons l'homme, et
que nous le disons en nature, nous ne le disons pas sans qu'il soit Dieu,
mais nous donnons à l'homme le nom de Dieu dans l'union de la divinité,
bien qu'il reste homme par nature. Inversement Dieu par nature est Dieu
le Verbe, mais nous donnons à Dieu le nom de l'homme à cause de son
union en personne avec l'humanité. Les propriétés des natures ne chan-
gent donc pas l'union ni celles de l'union (ne changent) les natures; elles
ne dépouillent pas les natures de leurs propriétés ou de ce qui a été fait
dans l'union pour l'économie à notre égard (pour l'incarnation) (2).
Par les personnes [prosôpons) de l'union, l'un est dans l'autre, et cet
« un » n'est pas conçu par diminution, ni par suppression, ni par confu-
sion, mais par l'action de recevoir et de donner, et par l'usage de l'union
de l'un avec l'autre. Les personnes reçoivent et donnent à l'un et à l'autre
mais non les essences. Nous regardons celui-là comme celui-ci et celui-ci
comme celui-là, tandis que celui-ci et celui-là demeurent. Car lorsqu'on
dit Dieu le Verbe, Dieu et homme, il n'y a pas deux personnes (prosôpons)
de Dieu le Verbe, parce que les deux ne sont pas dits en essence, mais
l'un est dit dans l'essence et l'autre dans l'union, et dans les rapports de
(1) Héracl., p. 340. Citons encore : « L'union de la divinité n'a pas eu lieu
pour compléter une essence, mais pour (compléter) la personne (prosôpon) de
l'incarnation pour nous. De même l'humanité n'est pas pour compléter la
nature de la divinité, mais elle (complète^i la personne de l'incarnation pour
nous; les personnes [prosôpons) sont supportées par les deu.x (natures), aussi
une nature se sert de la personne do l'autre nature comme si elle était sionne.
Les deux (natures) ne se servent pas en commun de l'une et de l'autn* (nature),
ni du composé pour compléter la nature, comme l'àme et le corps (se servent) de
la nature humaine, mais une nature se sert de la personne de l'autre nature
comme si elle était sienne. " Héracl., p. 414.
(2) Héracl., p. 343-341.
24 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
l'un avec l'autre qui ont lieu à l'aide des deux natures. Mais Lui est dit
dans les deux, dans celui-ci et dans celui-là : dans celui-ci par essence et
dans celui-là par Vunion. De même lorsque, à cause de l'union même,
nous donnons à l'humanité d'être dite en deux : dans l'essence et dans
l'union, nous ne faisons pas nécessairement deux (personnes) (prosôpons)
de l'union, car il n'y en a qu'une pour les deux natures : pour la divinité
et pour l'humanité, comme pour l'humanité et la divinité (1).
Il n'admet pas d'essence ou nature sans hypostase.
(Athanase) ne fit pas la nature humaine sans prosôpon et sans hypo-
stase, ni la nature divine non plus. L'incarnation (pour nous) n'a pas lieu
comme quelque chose qui n'est pas complet, au point d'attribuer les (pro-
priétés) humâmes à Dieu, comme les ariens qui disent qu'il a soufïert en
nature nos souffrances, dans sa nature et dans sa personne, la chair ne
lui servant de rien (2).
L'union des personnes (prosôpons) a lieu en une personne (prosôpon) et
non en {une)essence ni en une nature. On ne peut pas concevoir une essence
sans hypostase, comme si l'union (des essences) avait eu lieu en une
essence et qu'il n'y eût qu'une personne d'une essence. Mais les natures
subsistent dans leurs personnes (prosôpons) et dans la personne (prosô-
pon) de l'union. Quant à la personne (prosôpon) naturelle de l'une, l'autre
se sert d'elle-même dans l'union; ainsi il n'y a qu'une personne (prosôpon)
pour les deux natures. La personne d'une essence se sert de la personne
même de l'autre (3).
La personne (prosôpon) commune aux deux natures, c'est le Christ (4).
C'est de lui-même que les natures se servent comme d'une personne (prosô-
pon) dans laquelle et à l'aide de laquelle elles soient connues en essence
toutes deux, la divinité et l'humanité, sans division et dans la division.
Ce n'est pas la divinité, ni l'humanité non plus, qui forme la personne
commune, car celle-ci appartient aux deux natures, afin que les deux
natures soient connues en elle et par elle, tandis qu'il n'y a qu'une (nature)
pour l'essence. L'essence même de Thumanité se sert de la personne
(prosôpon) de l'essence de la divinité, mais non de l'essence, et l'essence
(1) Héracl., p. 348-349.
(2) Héracl., 302.
(3) Héracl., p. 305.11 écrit encore, ibid., p. 229: Il dit « union hypostatique ».
Veux-tu donc que nous regardions la personne (prosôpon) comme une hypostase,
comme nous disons une essence de la divinité et trois hypostases et, par hypo-
stases, nous entendons les personnes? Alors tu appelles hypostatique l'union
quant à la personne.. Or ce n'est pas des personnes [prosôpons) mais des natures
qu'il y a union. Car .. diverses sont les natures qui vinrent à une véritable
unité, des deux provient un Christ -. —Pour les nestoriens, la nature ne peut
exister sans l'hypostase. Cf. Jouni. aùaliqve, X série, t. X (1907), p. 173.
(4) Ainsi « Verbe », « Dieu », « homme » désignent les natures; « Christ »
désigne la personne.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. 25
de la divinité se sert de la personne {prosôpon) même de l'humanité, et
non de l'essence, comme tu l'avances (1).
En somme, par les locutions union substantielle, union
hypostatique, union naturelle, Nestorius entendait l'union en
une substance, l'union en une hypostase (c'est-à-dire, d'après
lui, en une essence), l'union en une nature. Ce mode d'union,
comme celui de l'âme et du corps, assujettit la divinité, bon gré
mal gré, aux souffrances de l'humanité, ou encore cette union
est nécessaire; voilà pourquoi il rejetait ces locutions. Pour les
remplacer, il prônait l'union des deux natures et des hypostases
en une personne (prosôpon), ou même il prônait l'union des
deux personnes (opposée à l'union des deux natures) en une
personne; cette union étant volontaire (on en a fait depuis une
union en une volonté et une opération) et non nécessaire. Les
natures aussi étaient unies, mais pour éviter l'amphibologie et
ne pas laisser croire qu'elles étaient unies en une nature (par
mélange, confusion ou dépendance), il employait les locutions :
union d'adhésion ((jjvaçetaç), d'habitation, comme dans un
temple, d'honneur, de bienveillance, de dignité, de communi-
cation de puissance. Il voulait exprimer, aussi clairement que
possible, que les deux natures restaient distinctes après l'incar-
nation, et ses adversaires ou ne voulaient pas le dire ou du
moins ne voulaient pas le dire avec clarté. Toute la discussion
portait sur cette formule : « deux natures après l'union », à
laquelle on opposait « une nature après l'union » ou « une na-
ture incarnée ». Pour les uns, Nestorius unissait trop peu
les natures ; pour d'autres, les adversaires de Nestorius les unis-
saient trop. D'ailleurs Nestorius et ses adversaires condam-
naient à l'envi toutes les conséquences absurdes qu'on se croyait
en droit de déduire de leurs principes; enfin Nestorius a adhéré
sans restriction à la formule de saint Flavien et de saint Léon,
et ses amis avec toute l'église jacobite viennent confirmer ici
son témoignage (2).
(1) Héracl., p. 439-440.
(i?) En somme les locutions de Nestorius créaient des tendances dangereuses
qu'il était légitime et même nécessaire de condamner, mais il faut noter 1° que
Nestorius les condamnait lui-même ; i° que les termes christologiques n'étaient
pas définis et n'avaient pas le même sens pour tous; 3° que les locutions de €}'-
rille créaient des tendances aussi dangereuses que celles de Nestorius puisque
le sciiismo monopinsitc affirme qu'il on procède (voir la conclusion, p. 48).
26 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
5. Sur les accusations portées par Théodote cl'Ancyre et
par Acace de Mélitène.
Nestorius rapporte ces accusations et montre comment on
aurait dû les discuter. De ce qu'on les a accueillies sans
examen, sans même savoir quelle était leur portée, il conclut
qu'on voulait, non pas éclaircir les questions pendantes, mais
seulement le condamner (1) :
Théodote le premier raconta qu'il avait parlé avec moi, et il ne lui dit
pas (à Cyrille) cette conversation, et celui-là (Cyrille) ne lui demanda
pas : « Contre quelle chose cela a-t-il été dit par lui? » afin d'apprécier
en juge les deux paroles, puis de recevoir l'un et de maudire l'autre,
comme tombé évidemment dans l'iniquité. Il lui suffisait de l'accusation :
« Théodote, évêque d'Ancyre, dit (2) : Je souffre certes pour l'ami, mais
la religion m'est plus chère que toute amitié. Il m'est donc nécessaire,
bien qu'avec une grande tristesse, de dire la vérité sur les choses dont
on m'interroge; je ne pense pas cependant que notre témoignage soit
nécessaire, puisque son sentiment s'est manifesté dans les lettres à Ta
Piété : Les choses qu'il a dites en cet endroit, ne pouvoir être attribuées à
Dieu, c'est-à-dire au Fils unique, lui refusant les choses humaines, il les
dit encore en discourant ici, (à savoir) qu'il ne convient pas de dire de
Dieu quil a sucé le lait, ni qu'il est né d'une vierge ; de même ici encore
il a dit souvent : Je ne dis pas que Dieu est âgé de deux mois ou de
trois. »
Et (Cyrille) accepta cela sans investigation, comme un juge accusateur,
sans rien lui demander, ni : « De quoi te parlait-il lorsqu'il t'a dit cela? s
ni : t Qu'as-tu répondu à ce qui te paraissait dirigé contre toi? Attends,
parle devant nous afin que nous sachions dans quel sens il a condamne
ces choses, afin que nous n'accueillions pas sans cause les accusations
contre celui qui est éloigné, et que nous ne portions pas contre lui une
sentence sans examen et sans enquête devant ceux qui ont besoin d'ap-
prendre exactement pourquoi il est condamné. Ainsi l'accusé ne pourra pas
nier et il n'aura pas motif de m'accuserde partialité. Dis donc, ô Théodote,
toi qui as parlé avec lui, si tu as bien compris sa pensée lorsque tu l'as
interrogé et qu'il t'a répondu : Je ne dis pas que Dieu est âgé de deux
mois ou de trois. Semblait-il dire que le Christ n'est pas Dieu et que c'est
lui qui est âgé de deux mois ou de trois mois, ou bien confesse-t-il que le
Christ est Dieu, et quen tant que Dieu, il n'est pas né et n'a pas été âgé
de deux mois ou de trois (3)? Professes-tu donc, toi, que Dieu (le
Verbe) est né d'une femme, et qu'il est âgé de deux mois ou de trois,
comme si son essence s'était changée en l'essence de l'homme, s'il était
(1) Hérad., 201-204.
(2) Labbe, III, 503-506.
(3) Toute la question est là en effet, mais les inonophysites ne pouvaient pas
se la poser.
SAINT CYRILLE ET NESTOHIUS. 2t
né et s'il était devenu âgé de deux mois et de trois ; ou comme s'il avait
été changé dans sa similitude et dans sa forme en la similitude et la
forme de l'homme par le moyen de l'essence, et que le Christ soit conçu
dans la seule essence de Dieu et non dans deux essences. Si c'est dans
deux, comment de la seule essence de Dieu le Verbe y en a-t-il deux? ou
(est-il) formé de deux essences séparées et non semblables et estil né
dans deux? ou bien l'une de ces essences est-elle née et a-t-elle été âgée
de deux mois et de trois, de sorte qu'avant d'être née et d'être âgée de
deux mois et de trois, elle n'était pas? ou bien était-elle éternelle et l'es-
sence n'a-t-elle pas eu de commencement pour naître et être à^ée de
deux mois ou de trois, lui (le Verbe) n'ayant pas par essence ce qu'ont par
nécessité ceux qui naissent? ou bien est-il né dans la naissance de la chair
par l'union de l'essence?
« S'il avait été interrogé ainsi, il aurait confessé nécessairement ce qu'il
disait devant les évêques orientaux, lorsqu'il fut interrogé par éfcrit, (à
savoir) que le Fils unique de Dieu crée et est créé, le même, mais pas au
même point de vue; le Fils de Dieu a souffert et n'a pas souffert, le même,
mais pas au même point de vue; une partie de ces choses se trouve dans la
nature de la divinité, et une partie dans la nature de l'humanité. 11 a subi
toutes les choses humaines dans l'humanité et toutes less choses divines
dans la divinité : naître d'une femme est une chose humaine, mais naître
du Père est sans commencement, car l'autre a un commencement, l'un est
éternel l'autre est temporel, s
Après celui-là vint Acace (1), et il leur raconta une conversation qu'il
avait eue avec moi et qui leur parut (renfermer) des choses impossibles.
Il raconta sa demande en m'accusant, non en me réprimandant, ni en
démontrant les choses sur lesquelles il s'appuyait; mais ils acceptèrent ses
questions comme des accusations. Pour que vous ne croyiez pas que j'in-
vente cela, écoutez leurs actes :
« Parole d' Acace, évêque de Mélilène (2).
« Aussitôt que j'arrivai à Éphèse, j'eus une discussion avec cet homme
dont on vient de parler; lorsque je reconnus qu'il ne pensait pas correc-
tement, je m'efforçai par tout moyen de le redresser et de l'éloigner de
ses idées; et je vis qu'il confessait. des lèvres s'être éloigné d'une telle
opinion.
« Apres avoir attendu dix ou douze jours, à l'occasion encore d'une con-
versation qui s'engagea entre nous, je commençai à lui parler en faveur de
la foi orthodoxe et je vis qu'il lui était opposé; je sentis qu'il tombait dans
deux maux (ditYérentsj : d'abord une question qui était inopportune : il impo-
sait la nécessité à ceux qui lui répondaient ou de nier absolument que la
divinité du Fils unique se fût incarnée, ou de confesser, ce qui est une im-
(1) lléracl., 205-208.
(2) Labbe, III, 506 B.
28 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
piété, que la divinité du Père et du Saint-Esprit s'incarna avec le Verbe (1). »
Nestorius. Ce sont eux qui interrogent, ce sont eux qui répondent que
ces choses sont absurdes et impies... Admettons en effet que ma question
était absurde; il te fallait ne pas l'accepter mais mettre en relief l'absur-
dité de cette question, afin qu'en rectifiant cette question, tu ne tombes
pas dans la voie de l'impiété et de l'absurdité... Admettons que tu ne sois
pas tombé dans cette absurdité, ni volontairement ni involontairement,
pourquoi ne dis-tu pas cette question absurde, pour laquelle vous voulez me
condamner; mais tu ne la dis pas et les juges ne la demandent pas. Si
elle était si absurde, comment a-t-elle été laissée sans réprimande? au
point de ne pas être réprimandée par tout votre concile. Si tous vous la
laissez sans réprimande, et s'il n'y a chez vous personne capable de la
réfuter, dites du moins cette question perverse, étudiez-la, bien que vous
ne soyez des juges que pour la forme, et écrivez cette question pour la
forme à ceux qui ont de l'intelligence, et ils (pourront) ensuite apprécier
votre jugement.
6. 5wr la forme du concile d'Éphèse.
Nestorius triomphe surtout lorsqu'il réfute deux accusations
portées contre lui : de s'être servi d'hommes armés et d'avoir
eu l'appui de Candidien et de l'empereur, et lorsqu'il montre
que le concile a été dirigé non pour discuter les formules en
présence et éclaircir la foi, mais pour permettre à Cyrille de
condamner sans discussion son adversaire, sans avoir à jus-
tifier ses propres formules.
A propos de la convocation qui lui est adressée ainsi qu'aux
évêques qui avaient demandé d'attendre Jean d'Antioche, et
lorsqu'on lui reproche d'avoir eu sa maison entourée de sol-
dats, il dit :
Nestorius (2). Vous avez vu de quelle tyrannie j'usais et à quelle accu-
sation me voilà sujet, parce que, pour sauver ma vie des conjurés qui
s'étaient levés contre moi, y'ai eu besoin d'entourer ma demeure de soldats
pour me garder, afin qu'ils ne vinssent pas sur moi avec violence et ne
me perdissent pas. Tu m'accuses de ce que des soldats entouraient ma
demeure : ce n'était pas pour vous faire quelque mal, mais pour vous
empêcher d'opérer des maux contre moi (3). De ce que vous nous repro-
(1) Il paraît s'agir d'un dilemme que Nestorius posa à Acace et auquel celui-
ci, en tant que monophysite, eut sans doute peine à répondre.
(2) Héracl., 199-200.
(3) Ces assertions sont justifiées amplement par la lettre des Orientaux à
Antiochus : « Nous avons tous les jours la mort devant les yeux, les excès de
Cyrille et de Memnon sont au-dessus de la fureur la plus barbare... On a déjà
deux fois mis des écrileaux à nos maisons, pour les marquer à ceux qui doivent
les attaquer... - Labbe, III, 709. Voir aussi les dangers courus par le comte Irénée,
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. 29
chez qu'une troupe nous entourait, il s'ensuit que si ceux-là n'avaient
pas commencé par nous entourer et nous servir de mur, je périssais du
fait des violents. Pourquoi en effet appeliez-vous ceux qui vous avaient
conjurés d'avance qu'il n'y eût pas de concile d'iniquité ? Est-ce que vous
vous êtes réunis tels que vous aviez été convoqués? Vous avez fait le con-
cile pour vous et non pour nous ; vous avez chassé ceux-là du concile, et
vous avez fait en particulier entre vous ce que vous avez voulu. Vous
n'avez pas écouté ceux qui vous criaient de ne pas faire de concile, mais
d'attendre les évèques qui avaient été appelés avec vous et qui étaient
prêts à venir. Maintenant donc, pourquoi nous avez-vous appelés après
toute cette violence (1)?
D'après ce que l'empereur fit plus tard en faveur d'Eutychès,
il n'a pas de peine à montrer non plus qu'il ne fut pour lui
qu'en apparence, mais qu'il ne lui apporta aucun secours nota-
ble (2). La mauvaise humeur de l'empereur contre Cyrille s'ex-
plique suffisamment par le mépris qu'il avait fait de ses ins-
tructions, car l'empereur avait ordonné (3) que tous les évêques
fussent réunis en concile général (4).
Lupus, ch. XXI, p. 60-62 et Labbe, III, 717; par les orientaux à Chalcédoine :
« nous sommes lapidés par des esclaves revêtus de l'habit monacal », Lupus,
ch. XXXIV, p. 69; par Jean d'Antioche : « on a machiné de me tuer en chemin
si j'ose me mettre en route », Lupus, ch. l, p. 121. C'est au nom du premier
concile d'Éphèse que les mêmes séditieux devaient plus tard tuer saint Flavien
et Protérius et chasser Juvénal de la Palestine.
(1) C'est encore le lieu de relire la procédure suivie par Théophile, l'an 401,
contre saint Jean Chrysostome : Quoique Théophile fût mandé seul, il vint
avec un grand nombre d'évêques d'Egypte et reçut d'abord les applaudissements
des mariniers égyptiens qui avaient amené du blé à Constantinople... Il travailla
jour et nuit aux moyens de chasser saint Chrysostome de son siège... Un évêque
proposa de présenter une requête à l'empereur et de faire venir Jean malgré lui
dans leur assemblée... Les évèques s'étonnaient comment Théophile, appelé
pour répondre à des accusations atroces, avait pu si tôt changer l'esprit des
puissances et attirer à son parti la plupart du clergé... Jean fut cité quatre fois.
Notre concile, disait Théophile, est plus nombreux que le vôtre, vous n'êtes que
trente-six d'une seule province et nous sommes quarante de diverses provinces
entre lesquels il y a sept métropolitains. Trois évêques de la suite de Jean
furent battus et l'un d'eux fut enchaîné, jeté dans une barque, et envoyé dans
un lieu inconnu; enfin la relation à l'empereur commençait par ces mots :
« Comme Jean accusé de quelques crimes en se sentant coupable n'a pas voulu
.^•e présenter, il a été déposé selon les lois. » Cf. Palladii Dialogus, P. G., t. XLVII,
p. 1 sqq., passim.
(2) Héraci., 515. Cf. 384-385, 391.
(3) Labbe, 111,443 C; Héraci., 165-168.
(4) Pulchérie était certainement hostile à Nestorius qui lui avait interdit le
sanctuaire et l'avait mécontentée plusieurs fois. Lf. traduction du livre d'Hér.,
p. 363-364.
11 écrit encore : « Vous aviez encore avec vous contre moi une femme belli-
30 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
« Chacun, disait-il, écoulera avec patience ce qui sera
dit, quelqu'un sera aussi prêt à répondre, ou plusieurs y répon-
dront et ainsi par demandes, par réponses et par solutions, la
question sur la vraie foi sera jugée sans contestation et, par
^in^estigation commune de Votre Sainteté, elle prendra une
heureuse fm sans querelle. » 11 n'avait donc pas imaginé un
concile général où manqueraient les évêques des patriarcats
de Rome, d'Antioclie et de Constantinople, qui serait ouvert
malgré son représentant, et nonobstant la requête de soixante-
huit évêques présents à Éphèse (1), où il suffirait d'une seule
et unique séance pour vérifier les pouvoirs, lire et comprendre
la masse de documents énumérés dans les Actes, prendre tous
la parole à plusieurs reprises, condamner Nestorius (sans dis-
cussion ni examen, sur des locutions amphibologiques non
expliquées) et contresigner les Actes. Il n'était pas besoin d'un
grand sens politique pour voir que ce coup de force et de pres-
tesse n'était pas une solution, mais le premier acte d'une tra-
gédie (2).
Ce n'est pas non plus l'amitié pour Nestorius qui poussait
Candidianus (3), il lui suffisait de voir que l'on esquivait le
queuse, une reine, jeune fille vierge, laquelle combattait contre moi parce que
je ne voulais pas accueillir sa demande de comparer à l'épouse du Christ (une
personne) corrompue par les hommes.
« Je rài fait, parce que j'avais pitié de son àme et pour ne pas faire des vic-
times de ceux qu'elle choisissait criminellement. Je ne fais qu'indiquer ceci,
car elle m'aimait, aussi je passe sous silence le reste de sa faiblesse d'esprit de
jeune fille et je le tais: c'est pour cela qu'elle a lutté contre moi. Ici elle a pré-
valu contre moi, mais non devant le tribunal du Christ, où tout paraîtra nu et
en évidence devant ses yeux, devant qui viendra notre jugement elle leur aux
jours qu'il a fixés. » Héracl., p. 148.
(1) Lupus, ch. vu, p. 26.
(2) Les Orientaux demandaient aussi que la question de foi fût tranchée par
les métropolitains, tandis que Cyrille en faisait l'objet d'une sorte de pronun-
ciamiento soumis ■■ aux très religieuses reines .- et à tous les moines. L'empereur
regretta que Cyrille eût mêlé les ruines à ces questions, et les hommes clair-
voyants pouvaient prévoir le jour très prochain où les moines, ainsi déchaînés,
se mettraient en lutte ouverte, après Chalcédoine, avec l'unanimité des évêques.
(3) Nous trouvons, on 101, un Candidianus qui était ami de saint Jean Chryso-
stome. C'était un homme important, car Jean Chrysostome l'appelle Se^noToi (aou
eau|xa(7iu)TaT£ xat {leyaXoupETtïffTaTô et loue Ja noblesse de son àme, ainsi que la
solidité et la constance de son amitié (cf. P. G., t. LI, col. 633); plus tard, en 424,
le général envoyé pour combattre l'usurpateur Jean se nommait aussi Candi-
dianus (ci. Tillemont, Hhtoire des empereurs, Paris, 173S, p. 06 et 183). Nous ne
savonâ pas si c'est le même personnage ou s'ils sont du moins de même famille.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS, 31
véritable but du concile, qui était la discussion des formules
en présence, et que l'on n'obéissait pas à l'empereur. Il ne voulait
pas lire la lettre de l'empereur qui était censée inaugurer la
session du concile parce que, disait-il, elle prescrivait que tous
les évêques fussent réunis; on lui demanda de montrer qu'elle
contenait bien cette prescription, et lorsqu'il l'eut fait — non
pour ouvrir le concile, mais au contraire pour montrer qu'il
ne fallait pas l'ouvrir, — on déclara qu'il avait ouvert le concile
et on « l'expulsa violemment » sans tenir compte de ses pro-
testations subséquentes, orales et écrites (1). On avouera qu'a-
près cela il n'était pas nécessaire qu'il fût l'ami de Nestorius
pour être mécontent de Cyrille et des siens. Au contraire, Nes-
torius lui reproche avec raison d'avoir manqué de fermeté :
Que ferai-je maintenant? Accuserai-je Candidianus de ne pas avoir
gardé les lettres impériales et d'avoir fait une telle sédition d'évêques
contre les évêques leurs collègues, et aussi contre lui qui avait ordre de
(veiller) à leur garde et à leur bon ordre? Mais il cherchait à persuader par
des paroles ceux qui n'étaient pas por4és à écouter des paroles, eux qui
avaient besoin de quelqu'un pour les conduire malgré eux, selon l'ordre de
l'empereur, qui était proclamé juste par tous (2).
A mon avis, Candidianus était effrayé par eux, il les arrêtait seulement
par des paroles et n'osait pas en arriver aux actes et contrister ceux qui
faisaient de telles choses (3).
Il met encore en relief très longuement le rôle prépondé-
rant de Cyrille :
Si (4) tous les juges avaient été réunis et que les accusateurs se fussent
tenus dans leur rôle et les accusés dans le leur, tous auraient eu la même
assurance, mais il était tout : l'accusateur, l'empereur et le juge. Il faisait
tout avec autorité (arbitraire) après avoir exclu de cette autorité celui
(Candidianus?) qui en avait été chargé par l'empereur, et s'être élevé lui-
même. Il a réuni ceux qui lui plaisaient : les éloignés et les proches, et
il s'est constitué tribunal. Je fus (ensuite) convoqué par Cyrille qui a
réuni le concile; par Cyrille qui en était le chef. Qui était Juge? Cyrille.
Quel était l'accusateur? Cyrille. Qui était évéque de Rome? Cyrille. Cyrille
était tout. Cyrille était évêque d'Alexandrie, et il tenait la place du saint
et vénérable évêque de Rome, Célestin.
(1) Cl'. Lupus, ch. K, p. 33; Héracl., p. 170-174.
(•2) Héracl., p. 169.
(3) Héracl., p. 174.
(4) HéracL, p. 195-197.
32 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Qui croirait que tout s'est passé ainsi, si Dieu ne les avait pas obligés à
le dire, à l'écrire et à l'envoyer à tout l'univers? Tous ceux de son parti
lisent ces choses et ne croient pas qu'elles aient eu lieu; ils doutent d'eux-
mêmes, car ils croiraient plutôt aux choses qui ont lieu en songe qu'à
celles-ci, si elles ont eu lieu comme elles ont eu lieu. Qu'était-il besoin
d'un concile, puisque celui-là {Cyrille) était /om/ ? Qu'il en ait été ainsi,
vous l'apprenez par ce qui eut lieu à Éphèse : car Memnon disait (1) :
« Depuis le terme fixé dans les lettres de l'empereur, pieux, aimant
le Christ, seize jours se sont écoulés. »
Et lui, comme s'il était le maître du concile, décrétait (2) :
« Cyrille, évêque d'Alexandrie, dit : Ce grand et saint concile a eu assez
de patience en attendant l'arrivée des évéques amis de Dieu dont on espé-
rait la venue. »
Nestorius. N'est-il pas évident, même pour les inintelligents, qu'il était
tout? C'est donc par lui, qui était tout, que j'ai été convoqué. Et devant
quel tribunal ? Pour quel jugement? Pour quelle question? Dis-le-moi : —
« Ce grand et saint concile a eu assez de patience en attendant seize
jours. » Tu as eu « assez de patience », dis-tu, et vous n'avez pas rougi
d'écrire cela comme une raison excellente qui vous empêchait d'attendre
les évéques éloignés qui devaient nécessairement venir, dont l'arrivée
avait été retardée par un motif raisonnable, et qui demandaient de les
attendre, eux qui étaient proches et dont l'arrivée n'était pas une affaire
de peu d'importance (3).
Pour comprendre les rancœurs de Nestorius, il faut se
rappeler qu'à cette époque c'était l'empereur qui convoquait le
concile et qui par suite en fixait la date et l'ouverture. D'ailleurs
c'est le 11 août 430 que le pape saint Célestin s'était engagé
à fond contre Nestorius après avoir lu les « extraits » des
(1) Labbe, III, 454 A.
(2) Labbe, III, 454 B.
(3) Nestorius passe de même on revue, en citant et commentant les documents,
tout ce qui a accompagné et suivi le concile; voici le commencement de raffairé
Dalmace (cf. Labbe, III, 753) d'après Héracl., 374-375 :
•• Ils préparèrent encore d'autres maux : des prêtres et des troupes de
moines se réunissaient contre moi. Ils avaient pour approbateurs et pour auxi-
liaires en ces choses, tous les eunuques de l'empereur qui scrutaient sa pensée
et donnaient confiance aux autres. Comme (l'empereur) aimait beaucoup l'habit
des moines, ils s'unirent tous dans une même volonté pour lui persuader qu'il
n'y eût pas de jugement, mais que ce qui avait été fait contre moi demeurât
sans examen. Et tous les moines s'accordaient en une même volonté contre
moi, eux qui, en tout le reste, étaient sans charité les uns pour les autres
envieux et enviés, surtout pour la gloire humaine. Ils se choisirent pour direc-
teur et pour chef, afin de frapper l'empereur d'étonnement, l'archimandrite
Dalmace, lequel depuis de longues années n'était pas sorti de son monas-
tère. »
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. 33
discours de Xestorius « traduits en latin, aussi bien qu'on avait
pu le faire à Alexandrie «, que lui portait le diacre Possidonius.
Par le même diacre Possidonius, c est-à-dire par retour du
courrier, saint Célestin écrivait à saint Cyrille : « Vous exécu-
terez ce jugement par l'autorité de notre siège, agissant à notre
place et en vertu de notre pouvoir, en sorte que si, dans l'espace
de dix jours, cà compter depuis cette admonition, il n'anathé-
matise pas en termes formels sa doctrine impie... Votre Sainteté
pourvoira aussitôt à cette église. » Le même jour, 11 août 430,
saint Célestin écrivait six autres lettres dans le même sens,
à Nestorius, au clergé de Constantinople, à Jean d'Antioche,
à Rufus de Thessalonique, à Juvénal de Jérusalem, à Flavien
de Philippes. C'est, non pas dix jours, mais dix mois plus tard,
le lundi 22 juin 431, avant Varrivée des orientaux et des
légats du pape, que Cyrille exécuta cette sentence. Enfin, le
10 juillet, les légats ratifièrent tout ce qui avait été fait le
22 juin, ce qui donne l'impression plutôt du pape rallié au
concile que du concile uni au pape, bien que le blanc-seing
donné, un an auparavant, à saint Cyrille et renouvelé depuis
vienne compliquer étrangement la question. On comprend
donc très bien et les récriminations de Nestorius et le soin que
l'on a toujours pris de ne pas remettre en cause le premier
concile d'Éplièse. Les mobiles de Juvénal, le bras droit de saint
Cyrille, n'étaient pas non plus très purs. 11 voulait non seu-
lement se soustraire à toute dépendance spirituelle vis-à-vis
de sa métropole, Césarée, mais se soumettre Antioche, premier
trône de saint Pierre. « Il se présenta (à Éphèse) avec de nom-
breux évêques de la Palestine, qui soutenaient ses prétentions
et lui faisaient une escorte d'honneur, toujours prêts à pro-
clamer la légitimité de ses actes... Juvénal ne craignit pas de
réclamer, au cours de la quatrième session, que l'évêque d'An-
tioche prêtât obéissance au trône apostolique de Jérusalem »
{Éc/ios d'Orient, t. XIll [1910], p. 332-333). Saint Cyrille se servit
de lui sans le décourager : « tout donnait à entendre que saint
Cyrille était dupe ou complice de son collègue dans l'ortho-
doxie » [ibid.). D'ailleurs, près de saint Cyrille à Éphèse, un
voyait Acace de Mélitène et Dioscure (cf. Pierre ibn Raliib,
Chronieon orientale, Usid- Cheikho, Paris, 1903, p. 121) ; parmi
ses plus fermes soutiens se trouvaient Eutychès et d'autres
ORIE>T CHRÉTIEN. ^
34 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
moines, futurs monophysites, dont les vrais sentiments devaient
sans doute percer déjà. Enfm il courait des bruits de vénalité
et d'achats des consciences : Nestorius les avait confirmés.
(Loofs, p. 299, 308) ; Acace de Bérée nommait le distributeur
Lupus, ch. xLi, p. 109-110); les orientaux devaient y insister
(Lupus, ch. xxxi, p. 82); et on a conservé une liste des présents
destinés à l'entourage de l'empereur (cf. traduction du livre
d'Héraclide, p. 367-369). D'après ces pausices défavorables,
la hâte de Cyrille pouvait sembler étrange. Deux évêques de
la suite de Jean d'Antioche venaient annoncer son arrivée
prochaine ; Jean demandait de l'attendre et aussitôt, en une
seule séance, on avait tranché la question de foi. On conçoit à
peine comment en une seule séance on a pu lire et comprendre
tant de documents. Le prétexte donné était qu'on ne pouvait
attendre le 27 juin pour ouvrir le concile, et on devait voir ces
mêmes évêques ne tenir leur seconde session que le 10 juillet,
après l'arrrivée des légats du pape.
Il ne faut pas s'étonner, d'après cela, si certains rappro-
chaient le premier concile d'Éphèse des iniquités commises
par Théophile et son neveu contre saint Jean Chrysostome :
« Ne porte pas des condamnations violentes, écrivait saint Isidore
de Péluse à saint Cyrille, mais examine les causes avec jus-
tice. Plusieurs de ceux qui sont assemblés à Éphèse t'accusent
de poursuivre tes inimitiés particulières et ta vengeance plutôt
que de chercher de manière oxthodoxe les intérêts de Jésus-
Christ. Il est, disent-ils, neveu de Théophile, il imite sa con-
duite et cherche à se faire valoir comme l'oncle, qui répandit
sa fureur contre le bienheureux Jean, quoiqu'il y ait beaucoup
de différence entre les accusés (1). » Dans d'autres lettres,
saint Isidore l'engage à reconnaître deux natures, comme l'a
fait Athanase, et à ne pas se contredire lui-même (2) : Ne pour-
suis pas, lui disait-il, la vengeance d'une injure personnelle
aux dépens de l'Église vivante, et ne lui cause pas une éter-
nelle scission, sous prétexte de piété (3).
(1) Lettre 310 du livre, I, P. G., l. LXXVllI, col. 361.
(2) Ibid., 369.
(3) Ibid., 392.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. 35
VIII. ÉVÉNEMENTS QUI ONT SUIVI LE CONCILE d'ÉPHÈSE.
1. Vers la fin de son ouvrage, Nestorius suit les événements
depuis Éphèse jusqu'au triomphe du dogme des deux natures.
Il montre d'abord comment les Orientaux, pour l'avoir con-
damné, ont été obligés ensuite de condamner des écrivains
morts dans l'orthodoxie que tous jusque-là avaient regardés
comme des Pères de l'Église :
Plus tard (1) ils s'attaquèrent à Théodore et ensuite à Diodore, puis à
chacun du reste des autres, et ils arrivaient à cette même conclusion qu'ils
étaient obligés de les chasser avec moi, parce qu'ils pensaient les mêmes
choses et non d'autres. Il leur fallait donc ou les rejeter avec moi pour
les mêmes raisons, ou me recevoir aussi en même temps qu'on recevrait
ceux-là. Mais ils n'osaient pas parler de me recevoir, parce qu'ils m'avaient
chassé une fois. Il leur fallait donc encore, bien qu'avec peine, chasser
ceux-là. Ensuite pour les mêmes motifs, ils devaient encore chasser ceux-
ci, parce que ceux-ci pensaient et enseignaient les mêmes choses, choses
qui étaient d'ailleurs vraies. De même que les prisonniers de guerre (2),
pour montrer qu'ils pensent comme ceux qui les ont pris, n'épargnent ni
les amis, ni les enfants, ni les parents, pour leur faire croire qu'ils haïs-
sent leur race: de même celui-ci fut amené à selever aussitôt contre les
Pères qui étaient morts auparavant : contre Diodore et Théodore, qui
étaient les Pères de tous, et durant leur vie et depuis leur mort: aussi
bien de lui que de nous. 11 (Cyrille) les désigna comme les ennemis de
tout homme, bien que lui-même communiquât avec eux, qu'il les tînt pour
des Pères et des orthodoxes. Lui-même conservait avec diligence leurs
travaux relatifs à la foi, et il avait commandé de les envoyer à tous. Mais
comme il voulait persuader qu'il n'était pas poussé contre moi par la haine,
il chercha à les anathématiser, lorsque personne ne se serait même arrêté
à penser qu'il oserait une telle chose contre eux. Ce qui est pire que tout,
il condamnait les écrits qui étaient faits contre Apollinaire, et il soutenait
ceux d'Apollinaire en disant ; « C'est la foi de l'Église. » De quel côté
penchera-t-on? Du côté de Diodore, qui est celui des saints Pères par
toute la terre, eux que toute la terre loue et qu'elle oppose dans un même
zèle, comme une même bouche, à Apollinaire, à Arius, à Macédonius, à
Eunomius et à toutes les héré.sies; ou du côté d'Apollinaire? Admettons
que j'aie été ton ennemi et que je n'aie pas écouté ce que tu me deman-
dais. Mais pourquoi combats-tu à cause de moi ceux qui sont morts dans
l'orthodoxie? Je dis la niême chose qu'eux (3) et c'est cela qui les convainc
(1) Héracl., p. 457-408.
(2) Héracl., p. 434-403.
(3) Héracl., p. 459.
36 REVUE DE l'orient CHRETIEN'.
d'hérésie! Ils étendaient cette absurdité inique à tout le monde, tous en
même temps. Car ce n'était pas pour montrer que j'étais hérétique qu'il
apportait les (paroles) des orthodoxes et des docteurs d'avant moi; mais au
contraire, il prenait mes paroles contre eux pour montrer qu'ils étaient hé-
rétiques, parce que ce qu'ils avaient dit ressemblait à ce que je disais.
•2. Vient ensuite la controverse entre Flavien et Eutychès.
Nestorius met celui-ci en scène et lui fait exposer son point de
vue :
Après Proclus (1), Flavien fut évêque de Constantinople, homme qui se
conduisait dans la rectitude et dans la modestie. Il n'avait pas (grande)
capacité pour parler en public et publier ses discours. Aussi celui qui ac-
cusait tous les évêques prenait de Taudace, celui qui restait seul de tous
les autres qui étaient morts, je veux dire Eutychès. Comme il n'était pas
évêque, il se donnait un autre (rôle), grâce au pouvoir impérial : celui
d'évêque des évêques. C'est lui qui dirigeait les affaires de l'Eglise, et il
se servait de Flavien comme d'un serviteur pour tous les ordres qui
étaient donnés à Constantinople, et celui-ci, à cause de sa grande liumi-
lité, ne savait pas ce qui se préparait.
(Eutychès disait) : « On s'imagine maintenant (2) que les hommes ont été
purifiés des erreurs de Nestorius tandis qu'ils les ont adoptées. On nous
regarde comme si nous avions eu une inimitié humaine (personnelle)
contre (cet) homme et non contre son impiété ; et comme si nous l'avions
condamné tout en laissant prospérer sa foi. Il nous faut au contraire reje-
ter pour toujours les choses qu'il a dites et confessées, car il n'a pas été
expulsé pour avoir confessé deux fils distincts l'un de l'autre, chacun d'eux
en particulier étant fils, mais pour avoir confessé deux natures complètes
et une seule personne (prosôpon) des deux. Ces (natures) sont nécessai-
rement dites deux fils, parce que le (nom de) fils est appliqué à chacune
des natures, un fils (pour chacune). »
(Eutychès veut gagner à sa cause Eusèbe de Dorylée.)
Celui-ci (3), ne pensant pas qu'Eutychès était excité ni qu'il était en-
flammé, mais le croyant très calme, lui dit : t Tais-toi, ne travaillons pas
en vain, parce que vous demandez des choses qui ne peuvent être ; car
tout le concile qui se tint à Éphèse et Cyrille lui-même, qui s'est rattaché
aux Orientaux, ne les ont pas condamnées. Plus tard on a fait la paix sur
ce sujet et on a laissé (subsister) ce qu'on pouvait admettre à bon droit.
Il n'est pas possible que tu enlèves à l'Église (le droit) de dire deux na-
tures dans le Christ sans confusion : (celle) de la divinité et (celle) de
l'humanité; consubstantiel de son Père dans la divinité, et notre consub-
stahtiel dans l'humanité... »
(I) Héracl., p. 439-460.
(-2) Héracl., p. 462.
(3) Héracl., p. 463-465.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. 37
Eutychès s'éleva contre lui et dit : « Que Dieu te confonde, toi (qui
prétendais) que pas même jadis Nestorius ne disait rien contre Dieu, mais
qu'il était seulement un perturbateur et un vaniteux. Comment, en effet,
celui qui dit les mêmes choses que Nestorius pourrait-il s'élever contre
Nestorius? Car ces paroles sont de celui que vous avez condamné avec
grande peine. »
Eusèbe lui dit : « Je ne sais pas ce que tu dis ; ce n'est pas parce qu'il a
dit deux natures que je l'ai combattu ou que le concile l'a blâmé ; mais
parce qu'il séparait et plaçait en diverses parties : Dieu à part et l'homme
de même à part, qui avaient rapport et étaient dits ensemble seulement
par honneur et égalité. C'est de cette manière qu'il dit deux fils, et que la
sainte Vierge n'est pas mère de Dieu, parce que Dieu avait fait sienne la
naissance de sa chair. »
Eutychès dit ; « Tu mens à son sujet; car vous pensez comme lui et
vous prétendez que ce n'est pas de lui. Car il a crié des milliers de fois :
Je ne dis pas deux fils, j'en dis un seul; je dis deux natures et non deux
fils, car le fils de Dieu est double quant aux natures; c'est pour cela
qu'elle n'a pas enfanté le Fils de Dieu : elle a enfanté l'humanité qui est
fils à cause du Fils qui lui est uni. Et encore : Puisque Dieu n'est pas sé-
paré de celui qui est vu, comment pourrais-je séparer l'honneur de celui
qui n'est pas séparé? Ce n'est donc pas parce qu'il disait simplement deux
fils, ni parce qu'il disait que les natures n'étaient pas unies, car (disait-
il) je confesse le (Fils) double, j'adore deux en un cà cause de l'union ;
mais c'est parce que, même après l'union, il disait deux natures et que le
Fils était double en natures, et que l'union avait lieu en prosôpon et non
en nature. Vous aussi, dans votre impiété, vous en dites autant, ni plus
(ni moins). Il convenait de déraciner tous les hypocrites; aussi moi, après
l'union, je ne reconnais pas d'essence étrangère en Notre-Seigneur, je ne
considère même pas que Notre-Seigneur nous est consubstantiel, lui qui
est notre Seigneur et notre Dieu, car il est consubstantiel au Père dans
la divinité. »
Eusèbe lui dit : « Que Nestorius ait parlé comme tu le dis ou autre-
ment, je ne cherche pas maintenant à le scruter, mais je dis que celui
qui parle ainsi parle correctement. Toi (par contre) je dis que tu n'as pas
la profession de foi des orthodoxes : je dis, au sujet de la chair qui nous
est consubstantielle, que tu la supprimes ou que tu la changes en la na-
ture de la divinité.
3. Nestorius raconte la condamnation d'Eutychès parce qu'il
voulait « aboutir aune nature », puis il ajoute les démarches
de l'empereur pour faire reviser cette sentence.
Cette (affaire) troublait l'empereur (1), et il cherchait à ce (qu'Eutychés)
ne fût pas déposé. Il ne fut pas écouté et prépara donc tout pour la dépo-
(1) Héracl., p. 466-467.
38 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
sition de Flavien et le rétablissement d'Eutychès. Il commença par s'atta-
cher révêque d'Alexandrie et Tévêque de Rome en leur écrivant ce qui
avait été fait contre Eutychès, Tun approuva et l'autre n'approuva pas.
Car Véveque de Rome lut ce qui avait été fait contre Eutychès et il condamna
Eutychès à cause de son impiété. Pour moi, lorsque j'eus trouvé et lu cet
écrit, je rendis grâces à Dieu de ce que l'Eglise de Home avait une confes-
sion de foi orthodoxe et irréprochable, bien qu'elle eût été disposée au-
trement à mon égard. (L'empereur) éloigna de (Flavien) le reste des évo-
ques et les fit courir à Eutychès, en insultant ceux qui étaient avec Flavien
et en ne lui témoignant aucun égard, en particulier ni devant les grands.
Ils étaient souvent accusés et on ne les écoutait aucunement au sujet des
accusations portées contre eux; mais on s'élevait contre eux avec mépris,
on les arrêtait, on les faisait souffrir. 11 éloigna aussi le clergé de lui en le
vexant et le persécutant au sujet des choses qui n'étaient pas données
pour leur nourriture. Et les choses qu'il avait ordonné de ne pas réclamer
aux Églises, lorsqu'il respectait l'Église et Dieu, il commandait dans une
fureur sauvage de les leur réclamer avec sévices sans rémission. Les éco-
nomes étaient arrêtés en public et étaient accusés devant les foules. Tout
évêque qui n'était pas du parti d'Eutychès était saisi.
4. Un peu plus loin Nestorius répète encore qu'il n'y avait
pas lieu à revision, puisque l'évêquede Rome, saint Léon, avait
jugé la cause :
Cette cause (I) avait d'ailleurs été examinée depuis longtemps et la
chose avait été jugée. Quel jugement ou quel autre examen était plus qua-
lifié que celui fait par l'évèque de Rome? Celui-ci en effet lorsqu'il eut
reçu ce qui avait été fait par les deux partis, loua l'un et condamna l'autre
par un sentiment divin, car ce n'est pas de manière inconsciente qu'il
les condamna. Parce qu'ils eurent à rougir de la part de l'évèque de
Rome, ils se tournèrent vers l'évèque d'Alexandrie, comme vers celui qui
était porté à prendre leur parti et qui était l'ennemi de l'évèque de Cons-
tantinople.
5. Nestorius examine ensuite les actes du conciliabule d'É-
phèse, il met en relief le despotisme de Dioscore :
De ce qui fut fait à Éphèse contre Flavien {2). Ils l'atteignirent encore
à Éphèse, ville qui semble désignée et fixée pour la déposition des évêques
de Constantinopie. Les évêques d'Alexandrie et d'Éphèse s'entendirent
encore et s'aidèrent mutuellement contre l'évèque de Constantinopie. On
n'y trouvait pas l'évèque de Rome, ni le siège de saint Pierre, ni l'honneur
(1) Héracl., p. -172-473.
(-2) Héracl., p. 473-474.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. 39
apostolique, ni le chef aimé des Romains; mais c'est celui d'Alexandrie
qui siégeait avec autorité et il fit aussi siéger avec lui celui d'Éphèse, et
il demandait à celui de Rome — nous voulons dire à Julien, qui repré-
sentait le saint évêque de Rome — s'il adhérait au saint concile et s'il
voulait lire dans les actes ce qui avait été fait à Constantinople.
(L'évêque d'Alexandrie) interrogeait donc comme celui qui a le pouvoir,
et il parlait comme s'il portait même des décisions contre eux. Si (les
Romains) lui donnaient l'adhésion de leur pensée, ce n'est pas pour accep-
ter ce qu'ils voulaient, ni pour leur donner la prééminence, mais c'est
qu'il recevrait l'évêque de Rome en surplus à son côté dans le cas oii il
adhérerait à lui, sinon, s'il trouvait en lui un adversaire, on le chasserait
comme s'il n'avait pouvoir en rien. H voulait apprendre à tous à ne pas
se tourner vers l'évêque de Rome, parce qu'il ne pouvait pas aider celui de
Constantinople.
Comme on l'avait déjà fait au premier concile d'Éphèse et
depuis lors, Dioscore évitait par-dessus tout de laisser mettre
en cause le fond du débat, et lui et les clameurs des Égyptiens
coupaient la parole aux accusés au moment où ils auraient
voulu justifier le concept des « deux natures après l'union ».
Flavien d'ailleurs ne se rétracta pas. Nestorius raconte sa con-
damnation et sa mort.
Dioscore, l'artisan de cette discussion (1), pour faire taire cette fouit
indisciplinée, criait sans retenue : « Taisez-vous un peu, écoutons encore
les autres blasphèmes. Pourquoi ne blâmons-nous que Nestorius? Il y a
beaucoup de Nestorius. ■<> Pas un. ne reprocha (à Flavien) d'enseigner les
mêmes choses que moi et lui-même n'accepta pas qu'on l'accusât pour
moi, mais (Dioscore) disait de lui comme de moi, et celui-ci aussi, bien
qu'il fut orthodoxe, disait cependant : « Je dis d'autres choses et lui d'au-
tres choses ^ et il niait que j'eusse dit les mêmes choses, ou par ignorance
ou par crainte. (Dioscore) ne lui laissait pas le temps de répondre, il prenait
les devants et le condamnait, de crainte que, s'il répondait, la vérité ne
fut prouvée au sujet de ce qu'on lui reprochait: (à savoir) que cela ne pro-
venait pas de Nestorius mais des Livres divins, des saints Pères qui ont
précédé les trois cent dix-huit, des trois cent dix-huit eux-mêmes et de
ceux qui les ont suivis. De toute manière, il lui était facile de montrer que
(ce qu'on lui reprochait) était la doctrine des orthodoxes.
Pour ne pas examiner ces (paroles de P'iavien), parce qu'ils ne pou-
vaient pas nier qu'elles étaient des orthodoxes, et pour ne pas être obligés,
s'ils les reconnaissaient comme des orthodoxes, d'abandonner ce qu'ils
avaient souci de faire : (à savoir) condamner Flavien et absoudre Euty-
chès, ils passèrent sur ces paroles et, après d'autres choses, ils en vinrent
a) Ilcracl., 485-487.
40 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
à l'accuser d'avoir diminué (altéré) la sentence. Ils le faisaient répondre
à ce sujet et non aux causes pour lesquelles et par lesquelles seraient
confondus Cyrille et le concile d'Éphèse. Parmi les choses qui avaient
été dites par eux, les partisans de Cyrille et d'Eutychès auraient recueilli
celles qui leur convenaient et auraient choisi celles qui leur auraient plu;
les partisans de Flavien en auraient fait autant à rencontre de ceux-ci ;
car Cyrille était le père de nombreuses hérésies, et il avait dit en même
temps et ceci et cela et d'autres cfwses. En se servant ainsi des (textes)
opposés, comment ne pas mettre en péril ce qui avait eu lieu au temps
de Cyrille et à Éphèse? De toute nécessité, ils soutiendraient mes pa-
roles pour annuler ce qui avait été fait contre moi, et il n'y aurait plus
lieu de rien faire contre Flavien au sujet de l'accusation d'Eutychès.
Flavien demandait à leur répondre (1), mais il était tellement opprimé et
violenté qu'ils ne le lui permettaient pas, mais ils le frappaient, comme le
dirent les comtes, afin qu'il ne parhàt pas jusqu'à ce qu'on eût fini designer
contre lui, que les affaires d'Eutychès fussent ainsi confirmées et que la
chose dont ils étaient préoccupés fût terminée, car dorénavant ils étaient
réunis comme (autour) d'un mort; car lorsqu'on lisait ce qui avait été fait
dans les actes contre Eutychès, et que Flavien protestait, ils répondaient :
« Celui-lci ment violemment contre notre signature », et ils le frappaient,
comme on le rapporte.
Enfin, après qu'on eut porté contre lui un jugement et une sentence à
leur guise, Dioscore lui commanda de parler et dit : c Si le pieux évéque
Flavien sait quelque chose qui puisse lui être utile, qu'il le dise par
écrit (2). » Que pouvait-il dire, lui qui voyait partout avec quelle violence
on rejetait sesjustes paroles ?C'estainsi(3)que Dioscore se jouaitd'un homme
(Flavien) qui n'avait pas d'expérience et qui ne connaissait pas la méchan-
ceté et les ruses des Égyptiens ; il croyait qu'ils étaient pieux et qu'ils
avaient souci de dire plus que la vérité pour ceux qui étaient sous le coup
d'une accusation; et lorsqu'il connut ce qu'ils faisaient et qu'il n'était pas
besoin de réponse ni d'aucune démonstration, il se tint tranquille. Il
rendit témoignage devant chacun en disant : « Par le secours de Dieu, je ne
suis touché par rien de ce que vous avez fait contre moi; je n'ai jamais
confessé ni pensé autrement en aucune manière et je ne change pas
d'avis. » Et il (Dioscore) cessait de lui répondre comme à un hérétique
manifeste. C'est pour cela qu'ils l'avaient excité à parler, et il demeura
dans cette confession. // n'eut pas les faiblesses qui ne convenaient pas et
ne ressembla pas aux évéques de ce monde, ses contemporains, qui accor-
daient tout ce qu'on leur demandait. Il ne changea même pas la forme de
sa pensée, mais persista et se livra à la souffrance. II n'eut pas l'idée et la
pensée de dire : « Je suis un homme simple, bien éloigné de ces minuties.
Jadis nous avons instruit et repris Eutychès; je l'ai condamné comme me
l'ont persuadé ses accusateurs, qui paraissaient savoir quelque chose, je
(1) Héracl., 490.
(•2) Labbe, IV, 255 A,
(3j Hér., p 49-2-495.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. 41
me suis rallié à ropinion du grand nombre et non à moi-même ; mainte-
nant s'il vous parait bon k tous et si vous jugez que les (opinions) d'Eu-
tychès sont orthodoxes, ce qui vous semble bon à tous me semble bon
aussi. Je signe avec vous pour tenir les (idées) de l'orthodoxie ; comptez-moi
aussi au nombre des évêques qui ont besoin de pardon. »
Ces seules paroles auraient mis fin à tout et même à la colère de l'em-
pereur qui soutenait l'accusation et en arrivait à la violence; c'est à cause
de cette (colère) qu'il avait réuni le concile. Mais il n'avait pas cédé, pas
même k Constantinople, lorsque tous lui conseillaient et le suppliaient de
faire cela; il ne le fit pas non plus à Éphèse où le mal était imminent,
lorsqu'il penchait vers la mort, et que chacun lui disait que c'était le seul
moyen d'éviter la mort, au moment où il voyait tous ceux-là s'enfuir de près
de lui et se joindre à Eutychès et être sauvés par là. Je lui servais d'exemple :
ce n'avait pas été assez pour moi d'être déposé de l'épiscopat de la ville,
ni du silence, pour ne pas leur donner motif de changer, mais la cause
pour laquelle je souffrais des maux, c'est qu'on disait de moi que j'étais
encore en vie. Aussi longtemps que tu vivras, attends-toi à subir la mort de
la part des méchants. Pour ne pas trahir la foi, tu auras devant les yeux
toutes ces souffrances à supporter.
Immédiatement, dès que l'on crut qu'il était déposé, il fut enlevé comme
par des loups et des lions, par ces comtes devant lesquels avait eu lieu
cette déposition : il était tiré et bousculé ; tous disaient et faisaient des
choses différentes; il était abandonné et accablé par tous, et son esprit fut
rempli d'amertume. Ils le livrèrent aux soldats et leur commandèrent de
le tirer et de le faire sortir des lieux saints; ils l'entraînèrent et ils le
mirent en prison : il ne pouvait plus respirer... Une pouvait pas supporter
les fatigues de la route. Il semblait que l'empereur ne se souciât pas de sa
vie,mais cherchât seulement à le punir et non à le tenir en vie. Ils le firent
donc descendre par force et ils le livrèrent à un homme meurtrier, comme
pour le faire périr. Ils l'envoyèrent sans miséricorde, en paroles à son pays,
mais, en réalité, à la perdition. Ainsi traîné et conduit, il ne put résister
que quatre jours, à ce qu'on dit, lorsque chaque jour son âme se détachait
de son corps, et ils regardèrent son décès comme une fête. Les maux s'ac-
cumulèrent contre tous ceux qui lui étaient attachés et qui partageaient
sa foi. J'étais des premiers dans les persécutions violentes et la fuite, dans
les exils et les ordres qui donnaient pouvoir aux leurs, en tout pays, de
faire ce qu'il leur plairait à ceux qui pensaient les mêmes choses (que Fla-
vien). Moi et Flavien nous pensions les mêmes choses.
6. Nestorius veut montrer ensuite que le conciliabule d'E-
phèse a été tenu à loccasion de ses doctrines à lui. C'est autour
d'elles qu'avaient lieu toutes les discussions. Dieu préparait
ainsi leur réhabilitation ; en particulier, il avait permis le se-
cond concile d'Éphèse pour donner une image (un peu agrandie)
du premier et montrer aux hommes que le nom d'un concile
42 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
pouvait arrêter dans la voie de la revision, comment l'innocent
peut s'y trouver condamné.
Qu'ai-je doncfait(l) parmi les choses qui ont été faites comme elles l'ont
été, que Dieu lui-même n'ait pas fait? Parce qu'ils ont trahi la tradition
des Pères et qu'ils ont fermé la bouche de ceux qui réclamaient les droits des
Pères, ils sonttombés, d'après ce qu'ils professaient, les uns dans l'arianisme,
d'autres dans le manichéisme, d'autres dans le judaïsme, d'autres dans d'au-
tres erreurs, modernes et anciennes. Dieu en suscita des leurs et parmi eux,
comme il avait établi les Juges parmi les Juifs, pour les reprendre de leur
transgression contre Dieu. Tel fut Flavien, qui tenait maplace; en cela il
fallaitqu'il fût mon ennemi comme ill'aété par ignorance oupar une autre
cause ; (tel fut encore) Eusèbe, qui combattait contre moi. Ils faisaient leur
confession en dehors de toute cause de crainte et ils combattaient ceux du
parti de Cyrille, qui blasphémaient et cherchaient à remporter. Dieu les a
conservés jusqu'à ce qu'ils aient montré de l'opposition à Cyrille. Ceux-ci
alléguaient ses paroles contre les autres et les autres, de leur côté, choi-
sissaient les passages opposés aux autres et les alléguaient contre eux.
Ils se querellaient entre eux les uns et les autres. Ceux-ci disaient qu'ils
étaient manichéens, parce qu'ils attribuaient tout à Dieu le Verbe, même
les propriétés de la chair. Ceux-là accusaient les autres d'avoir mes opi-
nions, parce que je disais la même chose; ils attribuaient les propriétés
de Dieu à la nature de la divinité, et les propriétés de l'humanité à l'hu-
manité. Ils supposaient que l'union avait eu lieu dans la personne [prosô-
pon) et non dans la nature. Il s'en fallait de peu que chaque homme ne
luttât contre son voisin en le blâmant à cause de moi, car fêtais très ca-
lomnié. Si mes paroles étaient citées avec grande exactitude, ceux-ci blâ-
maient ceux qui me faisaient dire deux Fils, ce que je n'ai jamais dit : les
autres reprochaient à ceux qui disaient une nature, de faire Dieu passible,
comme je leur avais reproché de le dire.
Qui les obligeait à dire mes (théories) lorsque — par ordre (impérial)
— il était défendu de les lire, pour combattre en détail sur leurs expres-
sions, en toute diligence? Lorsque je me taisais, quand on m'avait enlevé
la faculté de dire mes (théories) et qu'on ne me croyait pas, Dieu suscita
ceux qui étaient crus, lorsqu'ils disaient mes (théories) qui étaient (l'expres-
sion de) la vérité, sans qu'ils pussent être soupçonnés de dire cela ou par
amitié ou par amour pour moi. Dieu ne faisait pas cela pour moi, car
qu'est-ce que Nestorius? Qu'est-ce que sa vie? Qu'est-ce que sa mort dans
le monde? Mais (il l'a fait) pour la vérité qu'il a donnée au monde qui
était perdue pour des prétextes trompeurs, et il a réfuté les séducteurs.
Comme ils avaient des préjugés contre moi et qu'ils ne croyaient pas ce
que je disais, comme si je cachais la vérité et si j'en empêchais l'exacte
expression. Dieu suscita un héraut qui était pur de ce préjugé — Léon —
qui proclama la vérité sans crainte. Comme la prévention (créée par) le
(1) lier., p. 51:^-516.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. 43
{nom de concile), en imposait à beaucoup, même d la personne {prosôpon)
des Romains, et [les empêchait) de croire ce que Je disais et qui était resté
sans examen, Dieu permit que le contraire arrivât, qu'il retirât (de ce
monde) l'évêque de Rome, (Célestin), lui qui avait eu le principal rôle
contre moi au concile d'Éphèse, et qu'il fit approuver et confirmer (par
Léon) ce qui avait été dit par l'évêque de Constantinople.
Celui qui pouvait tout fut regardé comme rien; à savoir Dioscore, évêque
d'Alexandrie. Je dis qu'il fut regardé comme rien : il prit la fuite et s'oc-
cupa de ne pas être déposé ni chassé en exil.
[Tout cela arriva) afin que par leurs (propres) souffrances, ils fussent
amenés à croire ce qui avait été fait contre moi par l'Égyptien au premier
concile [d'Éphèse). A cause de la prétendue amitié qu'avaient pour moi
l'empereur et les grands de la cour, j'avais la réputation de faire la loi au
concile qui ne put pas m'amener h, m'écarter de la vérité; mais je fus
obligé d'obéir à l'empereur en ce qu'ils avaient fait contre moi; c'est parce
qu'ils n'avaient fait aucun examen au sujet de la vérité qu'ils croyaient que
j'étais un blasphémateur. Par le secours que l'empereur apporta dans l'af-
faire d'Eutychès et de Flavien, Dieu montra que l'amitié qu'il avait pour
moi était trompeuse, et qu'elle ne tendait pas à la vérité mais aux biens.
Car on vit (par expérience) qu'il ne permettait pas de se réunir ; quant à
ceux qui s'étaient réunis, on ne leur permettait de rien dire en dehors de
ce qui avait été commandé ; et ils se condamnaient eux-mêmes dans la
crainte et la honte.
Comme ils pensaient que j'avais été appelé à un examen et à un juge-
ment et que c'était une grande ineptie de ma part (de dire) qu'ils ne m'a-
vaient pas appelé pour me juger, mais pour me déposer et me tendre un
piège de perdition et de mort. Dieu, pour les convaincre qu'ils étaient des
meurtriers, permit à Flavien d'entrer au concile et d'y souffrir tout ce qu'il
y souffrit de leur part. Il est évident, en effet, que ces traitements étaient
ceux mêmes qu'ils m'avaient infligés auparavant
Comme on s'imaginait que ceux qui étaient évèques ne consentiraient
à ne rien faire en dehors du jugement qui leur paraissait bon, ni à cause
de l'amitié de l'empereur, ni par crainte, ni par violence, Dieu les montra
faisant tout le contraire et les humilia devant tous. Il n'a rien laissé sans
témoignage, mais, par tout cela, il a condamné les causes d'erreur et les
a proclamées sur les toits, de manière à ce qu'il ne reste aucune excuse à
ceux qui simulent l'ignorance.
Après avoir ainsi vu toutes ces choses faites par Dieu, comment auriez-
vous voulu que je me taise et que je cache une si grande providence de
Dieu (1)!...
(I) On lit encore, lier., p. 508 : -* D'ailleurs, ce n'est pas sans raison que j'ai
raconté ce qui concerne Flavien, mais je l'ai rapporté comme un exemple de ce
qui avait été fait contre moi avec malice et méchanceté, pour que certains ne
se laissent pas tromper par le mot de concile, mais qu'ils examinent en toute
vérité ce qui s'y est passé. "
44 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
7. Il termine par un nouvel hommage à saint Léon, et nous
dit à nouveau qu'il s'est sacrifié pour que les préjugés soulevés
contre sa personne ne pussent nuire à sa formule qu'il identifie
avec celle de saint Flavien et de saint Léon (1).
Comme beaucoup me blâmaient (2) de nombreuses fois de n'avoir pas
écrit à Léon, évêque de Rome, pour lui apprendre les choses qui avaient
été faites, telles qu'elles avaient eu lieu, et le changement de la foi, comme
à un homme dont la foi est orthodoxe, au moins lorsqu'on m'eut remis
une partie de la lettre qui contenait son jugement sur Flavien et Eutychès
et d'après laquelle ilétait évident qu'il ne craignait pas (de perdre) l'amitié
impériale; voici pourquoi je n'ai pas écrit : ce n'est pas parce que je suis
un homme orgueilleux et sans intelligence, mais c'est pour ne pas arrêter
dans sa course celui qui marchait bien, à cause du préjugé qui existait
contre ma personne (prosôpon). J'ai accepté de souffrir ce dont on m'accu-
sait, afin que les hommes pussent recevoir sans encombre l'enseignement
des Pères tandis que j'étais ainsi accusé, car je ne m'occupe pas de ce qui
a été fait contre moi. Je n'ai pas écrit non plus pour que l'on ne crût pas
que je fuyais la lutte parce que je craignais les travaux, moi qui, durant
de nombreuses années, n'ai pas eu un instant de repos ni une consolation
humaine, car voilà assez de maux qui sont venus sur le monde, et ils
peuvent mieux que moi mettre en relief devant tout le monde l'oppression
de la vraie foi.
IX. TRAITS DU CARACTERE DE NESTORIUS.
Dans le livre d'Héraclide nous trouvons trop de verbosité, ce
qui rappelle les accusations de bavardage; il ne faut pas ou-
blier cependant que l'auteur était arrivé à la fin de sa carrière
et écrivait sur des sujets qu'il méditait et ruminait depuis
vingt ans. On pourra encore mettre sur le compte d'une bile
recuite durant vingt longues années la plupart de ses trop
nombreuses vivacités contre saint Cyrille ; celui-ci l'avait d'ail-
leurs poursuivi personnellement avec un acharnement qui mé-
rite peu d'indulgence. Du moins on ne trouve pas de défail-
lance, l'auteur a toujours cette belle audace qui l'avait jeté,
durant son court épiscopat de trois ans, contre tant d'héré-
(1) Voir toute la lettre aux habitants de Constantinople, Revue Orient Chrétien,
t. XV (1910), p. 275, et traduction du Livre d'Héraclide, p. 370-377.
(•2) Hér., 518-510.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. 4o
tiques, vrais ou supposés (1), et tant d'abus. Il se rend compte
de l'impopularité de son nom et il se sacrifie pour ne pas être
un obstacle à la proclamation de la vraie foi qui, dit-il, est la
sienne.
J'avais demandé (2) plusieurs fois et j'avais réclamé de ceux qui avaient
la confiance de l'empereur et qui semblaient mes amis, la grâce d'ap-
prendre à l'empereur qu'il n'était pas question pour moi de la gloire hu-
maine de l'épiscopat, mais que je désirais ma cellule (monacale); qu'il me
fit cette faveur; mais qu'avant cela on fit. même sans 'moi, l'examen de
la foi ; afin qu'ils ne perdissent pas la foi à cause de leur passion contre
moi. Javais vu en effet les embûches et les luttes qui avaient eu lieu
d'abord contre moi : comme il n'y avait contre ma personne (prosôpon)
aucune cause pour m'accuser au point de m'exiler et de me déposer de
Constantinople, ils en étaient venus à (prétexter) la foi. A cause de leur
animosité contre moi, ils s'étaient passionnés aussi contre la foi. 11 me
sembla donc qu'il était convenable et utile de m'oublier moi-même, afin
qu'eût lieu ce dont on avait surtout besoin ; car lorsque l'inimitié est apaisée,
que de fois on revient à soi.
Ce passage est confirmé par la lettre qu'il a écrite au cham-
bellan Scholastique (3) et par celle des préfets (4). Il écrit
encore :
Je ne voulais pas non plus (5) raconter et dire ce qui me concerne ni
accuser les autres, surtout quand on parle du concile, si, à mon occasion,
la foi elle-même n'était pas viciée et calomniée.
(1) Nous avons résumé toutes ces maladresses, causes de tant de rancunes,
dans notre introduction à la traduction du Livre d'Héraclide.
(2) Iléracl., 387-388.
(3) Loofs, p. 190-1'J4 ; Lupus, ch. .w, p. 43-46. Nestorius écrit : « Si les choses
qui concernent l'orthodoxie peuvent obtenir par votre zèle l'affermissement
qu'elles méritent , l'honneur épiscopal —fen/jj-ends Dieu à témoin — sera très facile-
ment répudié par moi. Afin que tu ne t'imagines peut-être pas que c'est une
fiction, si la religion est affermie et l'orthodoxie rendue aux Églises, exige de moi
que je vous dise dès lors adieu par lettre et que je retourne courageusement à mu
première vie du monastère; car rien n'est plus divin et plus heureux pour moi
qu'un repos de ce genre. Mais je voudrais que les relations qu'ils ont envoyées
contre nous et contre les très religieux évêques orientaux viennent en discus-
sion devant le très pieux empereur qui aime le Christ, ou bien là en ma pi-é-
sence aussi, ou bien devant quelques-uns envoyés pour cela, afin qu'au moins
par eux vous soyez excités à exterminer ceux qui ont tout trotrblé par leurs
mensonges; car de tout ce qu'ils ont rapporté, il n'y a absolument rien de vrai. »
(4) Cf. Loofs. p. 195, note. Voir cette lettre chez Lupus, ch. xxiv, ir 115,
]). 67.
(5) Héracl., l'ai.
46 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN'.
Si l'on pense que je parle ainsi parce que j'ai souffert et que je n'étu-
die pas ces choses avec sincérité , que l'on ne croie pas à mes paroles. Car
je ne cherche pas à m'attirer quelque secours des hommes, voici en effet
que j'ai été immolé et que le temps approche où je vais me dissoudre et
être avec le Christ (I Tim., iv, 6; Phil., i, 23) au sujet duquel celui-là a
combattu contre moi. Si j'aj écrit, c'est pour que les hommes ne s'écar-
tent pas de la foi droite à cause du nom du « jugement du concile ».
Mais quelqu'un dira (1) : Qu'as-tu à faire avec Flavien et avec ce qui a
été fait contre lui et à son occasion? Pour toi, en effet, tout le monde t'a
anathématisé et t'a exilé; tout ce que tu ajoutes après cela tu le fais à ton
détriment; c'est pour toi une accusation et non une excuse simple et
juste.
Ce que je dis, plus haut, plus bas et toujours, c'est que je ne cherche
pas à me faire aimer par de tels hommes, mais je désire vivement
que, par mon anathème, ils soient sauvés du blasphème, et que ceux
qui seront sauvés confessent Dieu saint , puissant et immortel sans
changer la forme de Dieu qui est incorruptible contre la forme de l'homme
qui se corrompt, et sans mêler le paganisme dans le christianisme,
mais en confessant Dieu, tel que sa forme est, et en confessant l'homme
tel qu'il est dans sa forme, de manière que passible et immortel soient
confessés des formes des natures; afin que le christianisme ne confesse
pas un changement de Dieu ni un changement de l'homme, à la ma-
nière de l'impiété du paganisme. Qu'il soit donc en vérité oui oui et
non non, sauveur et sauvé, de manière à confesser que le Christ est
Dieu et homme en vérité et par nature, qu'il est par nature immortel
et impassible en tant que Dieu, et mortel et passible par nature en
tant qu'homme. // n'est pas Dieu dans les deux natures ni encore
homme dans les dexix natures. Mon but et mon souci sont que Dieu soit
béni et loué sur la terre comme dans le ciel. Que Nestorius soit donc ana-
thème, mais qu'ils disent de Dieu ce que je les prie de dire; car je suis
de ceux qui sont avec Dieu et non de ceux qui sont contre Dieu, de ceux
qui, sous prétexte de piété, outragent Dieu et font qu'il n'est plus Dieu.
Car il (Dieu) combat ceux que je combats et ceux qui combattent contre
moi combattent contre lui ; aussi je suis prêt pour lui à tout endurer et
souffrir, et plût à Dieu que, par mon anathème, tout le monde en arrivât
à se réconcilier avec Dieu, car rien ne m'est plus grand et plus cher que
cela. Je ne refuserais pas non plus de dire le contraire de ce que j'ai dit,
si je savais qii'ils veuillent dire le contraire de ce que je dis en quelque
manière que ce soit ; eux seraient de Dieu et, par ces choses, je serais
honoré près de Dieu, pour les (propriétés) de Dieu que j'ai regardé comme
Dieu et non comme homme (2)...
« Je parlerai de ce qui a été connu peu à peu de tout homme, non pour
être accueilli des hommes et pour en recevoir du secours, car je m'éloigne
de toutes les choses humaines : je suis mort au monde et je vis pour celui
(1) Héracl., 257.
{:>) Iléiacl., 507-508.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. 4?
qui m'a vivifié, mais je parlerai pour ceux qui ont été scandalisés (1). »
» Je ne me suis pas écarté de la rectitude des orthodoxes et je ne m'en
écarterai pas jusqu'à la mort. Bien que par ignorance tous luttent contre
moi, même quelques orthodoxes, et qu'ils ne veuillent pas entendre et
apprendre (quelque chose) de moi, il viendra des temps où ils apprendront
des hérétiques même, en luttant contre eux, comme ils ont lutté contre
celui qui a lutté pour eux (2). »
« Qui se défendra de pleurer en se rappelant les maux qui ont été faits
à Éphèse r Plût à Dieu que cela eût eu lieu contre moi et contre ma vie et
non pour l'iniquité ! Je n'aurais pas usé de ces paroles envers un homme
qui aurait pu me faire justice, mais seulement envers notre Sauveur Jésus-
Christ qui est le juste juge et pour qui j'ai accepté aussi de souffrir patiem-
ment pour que tout le corps du Christ ne soit pas accusé (3). »
Il est plein d'indulgence pour les orientaux qui l'ont aban-
donné lorsque Cyrille leur eut fait imposer par Aristolaiis,
comme condition de paix, d'anathématiser « Nestorius et ses
doctrines impies » :
« Mais quelqu'un s'indignera : « Pourquoi n'ont-ils pas maintenu ce
qu'ils avaient jugé une fois? « Ils se sont peu préoccupés de ce qui avait
été fait contre moi, car ils avaient à redresser et à publier la foi et à pa-
cifier les églises. De même qu'un tyran venu pour piller et qui ne peut
prendre la ville, cherche à obtenir, en témoignage de paix, la mort de
celui qui combattait pour eux contre lui; afin, s'il l'obtenait, que la ville
soit vaincue ; de la même manière, celui-là (Cyrille) demandait aussi ma
déposition qui lui fut donnée sans jugement. Mais laissons cela ; je ne me
préoccupe pas de ce qui a été fait contre moi, mais seulement de la paix
des églises. Je souffre tout pour la paix des églises. Mais tout lui était
opposé (4). »
Ils arrivèrent à cette paix et à cette unanimité, et tous pensèrent à la
fois qu'ils avaient fini de souffrir, puisqu'ils m'avaient livré à mon ennemi.
Parce qu'ils craignaient, ils disaient : » Mieux vaut qu'un homme soit op-
primé et que la foi subsiste. ^ Plût à Dieu que c'eût été wmi .'Comment celane
m'aurait-il pas plu ? Au contraire je me serais réjoui vivement de l'heu-
reuse issue de ce qui les préoccupait. Mais, au contraire, ils souffraient de
m'avoir abandonné, et de ce qu'ils laissaient dire, et aussi de ce qu'on ne
leur laissait plus dire, (à savoir) ce quej' avais dit moi-même et ce pourquoi
ils m'avaient chassé (5).
(1) Héracl., 451.
(2) Héracl., 137. Nestorius fait allusion aux attaques contre Théodore de Mop-
sueste et Flavien de Conslantinople qui ont obligé un certain nombre de ses
ennemis à revenir à son camp pourcombaltre les monophysites. Cf. supra, VIII.
(3) Héracl., 200.
(4) Héracl., 453.
(5) Héracl., p. 457,
48 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
La lettre de Théodoret au « très saint Nestorius » pour le
prier d'engager Alexandre de Mabboug à accepter la commu-
nion de Jean d'Antioche afin de détourner les calamités de
son troupeau (1), devient donc très vraisemblable : Nestorius
avait assez de détachement pour conseiller à ses amis de l'a-
bandonner en faveur de la paix de l'Église si la foi ne devait
pas en souffrir, ce qui était le cas ici au jugement de Théo-
doret. Il eut la consolation de voir, comme il le dit, « le salut
de Dieu » : Dioscore condamné, Flavien réhabilité, la doctrine
des deux natures clairement formulée par saint Léon. Aussi
concluait-il, en l'an 451 :
Pour moi, j'ai regardé les souffrances de ma vie et tout ce qui m'est
arrivé en ce monde comme une souffrance d'un jour, et je n'ai pas
changé durant toutes ces années. Voici qu'approclie pour moi maintenant
le temps de ma mort et chaque jour je prie Dieu de me délivrer, moi dont
les yeux ont vu le salut de Dieu.
Fin. Réjouis-toi en moi, désert, mon ami, mon nourricier et ma de-
meure; (et toi aussi), exil, ma mère, qui, même après ma mort, garderas
mon corps jusqu'à la résurrection par la volonté de Dieu. Amen (2).
X. CONCLUSION.
Le fond du débat : le mode d'union des natures, ne pouvait
être compris; saint Cyrille le proclamait « ineffable et incom-
préhensible »; Nestorius était un peu moins modeste, mais sa
condamnation a dû lui prouver que lui non plus n'avait pas
su trouver des paroles adéquates.
On comprend par contre très facilement les imputations
mutuelles des adversaires et leurs réponses. Ceux qui disaient
tt deux natures » étaient censés partager le Christ en deux,
faire de lui un simple homme et, par suite, faire de la Vierge
la mère d'un homme; ceux qui disaient « une nature après
l'union », ou « une nature incarnée », étaient censés mélanger
Dieu et l'homme, sacrifier la nature humaine à la nature divine
ou soumettre Dieu de toute nécessité aux souffrances, comme
fàme est soumise de toute nécessité aux souffrances du corps.
(1) Lupus, ch. CLXx, n» 258, p. 311.
(2) Héracl., p. 520-521.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS 49
Chacun condamnait d'ailleurs les corollaires que ses adver-
saires croyaient pouvoir déduire de ses principes.
Avant Éphèse aucune formule n'était irréprochable; n'é-
taient-elles pas obligées d'ailleurs de se mettre en harmonie,
en quelque point, avec l'incompréhensibilité du mystère qu'elles
avaient l'audace de vouloir définir (1); la preuve aussi qu'elles
étaient imparfaites, c'est que de la formule de Nestorius est
né le schisme nestorien, et de la formule de saint Cyrille est né
le schisme monophysite. C'est ici, au premier concile d'Éphèse,
qu'il faut chercher l'origine des deux schismes, et les troupes
monophysites, avec les textes et la formule apollinaristes du
pseudo-Jules, du pseudo-Félix et du pseudo-Athanase, ont
contribué à écraser Nestorius. Celui-ci a compris son impo-
pularité; il a vu que ses actes inconsidérés, sa présomption,
son orgueil et ses persécutions arbitraires, cimentaient la troupe
bigarrée de ses adversaires (2) ; il a donc demandé à se retirer
(1) Elles ont toutes besoin d'être interprétées avec une certaine bonne volonté.
Par exemple, d'après nos théologiens, nous reconnaissons avec Cyrille « l'u-
nion substantielle de l'humanité et de la divinité » et c'est par là que nous ré-
futons « les blasphèmes de Nestorius»; mais il faut entendre que cette union
est substantielle sans l'être, puisqu'elle n'a pas lieu en une substance, comme le
voulait Cyrille lorsqu'il la comparait à l'union de l'àme et du corps, mais en
deux substances (cf. supra, 1910, p. 369). Elle est même beaucoup moins <■ subs-
tantielle » que Nestorius ne la concevait, car — Sévère d'Achmounaïn l'a déjà
fait remarquer {supra, 1910, p. 391) — il a dit que les deux natures subsistaient
après l'union (et c'est pour cela que les monophysites l'ont condamné), mais il
n'a pas dit clairement que chaque nature conservait ses propriétés et ses opéra-
tions après l'union, au contraire il parait, au moins dans ses premiers écrits,
ne donner aux deux natures qu'une autorité, une dignité, une puissance, une
énergie, une volonté (cf. Loofs loc. cit., p. 397, col. 2); l'union telle qu'il la con-
cevait était donc plus ■• substantielle » que la nôtre, car elle unissait davantage les
substances, et il n'est pas évident que le concile de Chalcédoine « a défini
l'union substantielle contre les blasphèmes de Nestorius ». Cyrille a encore
plus besoin de bonne volonté : lorsqu'il dit <■ union naturelle », « un par nature »,
on admet que cela veut dire « union vraie » « un en vérité » ; lorsqu'il parle
« des souffrances du Verbe », « delà mort du Verbe »,on admet qu'il ne s'agit
pas de la nature, mais de la personne; lorsqu'il dit « une nature du Verbe »,on
admet que cela veut dire deux natures, grâce au mot « incarnée » qu'il ajoute.
On passe volontiers sur les irrégularités du premier concile d'Éphèse et sur
les procédés employés par Cyrille pour faire condamner ses adversaires : Nes-
torius d'abord et les Orientaux ensuite. Nous n'y contredisons pas, mais nous
espérons qu'un jour viendra où un peu de cette bonne volonté s'étendra jus-
qu'à Nestorius.
(2) Voir la traduction du Livre d'Héraclide, p. vi-vii, et 363 à 364, où l'on trouve
l'énuménition d'un certain nombre de ses « maladresses ».
OlllENT ClinÉTIEN. 4
50 REVUE DE r/ORIENT CHRÉTIEN.
dans son monastère, et il a laissé aux Orientaux le soin de
défendre leur formule commune. Grâce à son abnégation, la
paix s'est faite, à condition que les Orientaux anathémati-
seraient Nestorius et ses doctrines impies — doctrines qui
n'étaient aucunement désignées dans l'acte d'union, car il
n'aurait pas été possible d'en tomber d'accord (1) — et que
Cyrille laisserait « partager les propriétés du Christ aux deux
natures : les souffrances à la nature humaine, la gloire à la
nature divine ». C'était en somme le triomphe de la formule
de Nestorius, triomphe mitigé cependant, car Cyrille, pour ne
pas mécontenter Acace de Mélitène, semblait reprendre d'une
main ce qu'il donnait de l'autre et écrivait que ce partage
n'était qu'une question de mots.
Eutychès croyait continuer l'œuvre de saint Cyrille, à laquelle
il avait collaboré, lorsqu'il voulait imposer la locution : une
nature, la nature du Verbe (2); il fut condamné, et Dioscore,
sur le désir de l'empereur, dut le réhabiliter au second concile
d'Éphèse. On lui donna cependant ici une leçon de théologie,
dont les Jacobites (monophysites mitigés ou diplophysites)
ont fait leur profit : « Dire une nature après l'union, implique
mélange et confusion; il faut dire une nature incarnée pour
parler comme Cyrille (3). » Et le concile de s'écrier : « Dios-
core et Cyrille ont une même foi. Anathème à qui dit deux
natures. Que celui qui divise soit divisé et mis en deux. » La
formule de Nestorius et des Orientaux était à nouveau con-
damnée et remplacée par la formule de saint Cyrille entendue
dans un sens monophysite ou plutôt diplophysite : deux natures
en une seule, mais sans mélange ni confusion.
Dioscore avait en plus anathématisé saint Flavien et saint
Léon, aussi il fallut un nouveau concile pour reprendre en sous-
œuvre les questions qui s'étaient posées lors du premier con-
cile d'Éphèse, et donner une formule définitive en amalgamant
(1) Saint Cjrille a voulu les préciser (Lupus, ch. cxciv, p. 385; cxcv, p. 387),
mais sans succès, semble-t-il; en particulier les erreurs qu'il prête à Nestorius
dans sa lettre à Aristolaiis (Lupus, ch. ccix, p. 431) : de dire •< que la sainte
Vierge n'est pas Mère de Dieu » et de nommer- deux Christ-Fils •, sont dépures
amphibologies basées sur les conceptions différentes de deux natures ou d'une
nature (incarnée).
(2) Cf. supra, 1910, p. 378.
(3) Cf. supra, ibid.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. 51
celles qui étaient restées en lutte depuis lors. La locution
c Un seul Seigneur en deux natures, sans que l'union ôte la
différence des natures, en une seule personne », est celle de
Nestorius et des Orientaux, et « une seule hypostase » est la
locution de saint Cyrille. Les mots « sans confusion, sans
changement, sans division, sans séparation », évoquent toutes
les luttes christologiques précédentes : Nestorius et saint
Cyrille les admettaient, mais se reprochaient mutuellement de
ne pas les admettre. Les mots « la propriété de chaque nature
étant conservée » donnent à Nestorius et aux Orientaux plus
peut-être qu'ils n'auraient osé demander. Enfin « il n'est pas
divisé ou séparé en deux personnes » condamne le nestoria-
nisme classique, tel que les imputations de saint Cyrille l'a-
vaient constitué, mais que Nestorius et les Orientaux n'avaient
jamais professé.
Nestorius aurait certainement souscrit la formule de Chalcé-
doine. Nous en avons pour garants son témoignage dans le
Livre d'Héraclide et dans la Lettre aux habitants de Cons-
tantinople (1), ainsi que le témoignage des Orientaux, de
Théodoret et de toute l'Église jacobite. Sa doctrine était en
somme celle des Orientaux, de Flavien et de Léon, et les ten-
dances (hypostase et définition de la personne) qui le caracté-
risaient, et qui nous permettent aujourd'hui de justifier sa
condamnation à Éphèse, étaient alors au second plan. La
véritable question en effet, agitée depuis Éphèse jusqu'à Chal-
cédoine, et à côté de laquelle toutes les autres semblaient
secondaires ou sans importance, était la question des deux
natures : les adversaires, en dehors des questions personnelles,
étaient les uns diphysites, les autres monophysites stricts ou
mitigés.
La cause exacte du débat « une ou deux natures après
l'union » a échappé non seulement aux traducteurs latins
comme nous l'avons dit (2), mais à la plupart des auteurs;
elle est cependant évidente pour qui veut lire les lettres de
Cyrille et de Nestorius, les imputations mutuelles des Orientaux
et des partisans de Cyrille, la formule d'union et les commen-
taires qu'elle a suggérés, la condamnation d'Eutychès et sur-
(1) Cf. Traduction du Livre d'Héraclide, p. 370-377.
(2) Cf. supra, 1910, p. 368-369 376-377, 382.
52 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
tout les clameurs des Égyptiens au conciliabule d'Éphèse; la
question des hypostases était secondaire, car chacun la ratta-
chait à la précédente ; quant à la définition philosophique de
la personne iprosôpon), on ne s'en préoccupait pas; toute la
lutte était circonscrite entre le diphysisme et le monophysisme
plus ou moins mitigé. Il est donc certain que le concile de
Chalcédoine donnait satisfaction aux Orientaux; il aurait dû
aussi rallier tous les partisans de Cyrille, puisqu'il consacrait
sa formule de l'union hypostatique, mais les malentendus qui
n'avaient pas été dissipés au premier concile d'Éphèse avaient
jeté de profonds germes, les éléments populaires déchaînés
jadis ne voulaient plus rester dans leur rôle, et l'unanimité des
évêques ne put empêcher le schisme monophysite, beaucoup
plus dangereux que le schisme nestorien, car il a semblé, à
certaine époque, mettre le catholicisme en péril (1).
Pourquoi le premier concile d'Éphèse ne fut-il pas mis à
même de discuter et d'éclaircir les deux formules en présence,
pour prendre dans chacune d'elles ce qui représentait le mieux
la tradition apostolique et pouvait parer aux inconvénients de
l'une des deux formules prise isolément? N'était-ce pas chose
possible puisque chacun repoussait les erreurs qu'on lui prêtait
et que tous en somme voulaient, par des voies différentes, ar-
river au même but; ne pouvait-on faire ainsi l'économie de
trois conciles et de deux schismes? L'obstacle nous parait avoir
été la nature humaine, qui est faible et mauvaise et qui ne
dégage les solutions qu'à l'aide de longues approximations suc-
(1) Au commencement du vi« siècle eu effet, lorsque les monophysites zélés,
rhéteurs et hommes de loi formés aux écoles d'Alexandrie et de BejTOuth,
eurent influence sur l'empereur Anastase, les sièges patriarcaux de Constanti-
nople, de Jérusalem, d'Alexandrie et d'Antioche furent occupés simultanément
par leurs créatures. Leur but était d'abord de condamner le concile de Chalcé-
doine, c'est-à-dire un concile vraiment général, où plus de six cents évèques
s'étaient trouvés unanimes (hors Dioscore seul), et ensuite d'anathématiser la
lettre de saint Léon, c'est-à-dire un écrit dogmatique promulgué, autant que
nous pouvons le conjecturer, ex-calhedva. Car les évèques monophysites du
concile de Tyr, dirigé par Sévère d'Antioche, était en communion avec Jean
d'Alexandrie, Timothée de Constantinople et Élie de Jérusalem, aussi l'historien
monophysite conclut : •• Et ainsi, « l'exception du siège des Romains, tous les
évèques étaient à nouveau d'un accord unanime au sujet de la foi. » On devine
quel danger auraient couru les dogmes fondamentaux du catholicisme si la Pro-
vidence n'avait empêché la réunion d'un concile général, comme la coutume
était alors d'en l'éunir lorsque la chrétienté était divisée.
SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. 53
cessives. Les formules douteuses de Nestorius méritaient une
condamnation, et cette opération .stratégique, basée sur Téloi-
gnement peu justifié des Orientaux, a été menée de main de
maître. Si Nestorius avait été chargé de la direction du concile,
il n'aurait sans doute songé, lui aussi, qu'à condamner la
formule de son adversaire, sa suffisance et l'orgueil qui perce
dans ses lettres nous en assurent (1); les persécutions sans
nombre qu'il a dirigées contre de prétendus hérétiques et son
manque de pondération nous empêchent même d'attribuer à ses
plaintes l'importance qu'elles méritent peut-être; nous som-
mes tenté de dire simplement, avec l'historien Socrate, que
sur le terrain de la poursuite des hérétiques où il était cepen-
dant si expert, il a trouvé son maître à Éphèse (2). En somme,
demander à saint Cyrille de ne pas se borner à condamner
des tendances hérétiques certaines, mais d'accorder à son
« ennemi » de soumettre encore sa propre formule à l'examen,
pour arriver du premier coup à la formule définitive, est trop
demander à la nature humaine et tel qui le blâme, s'il veut se
consulter, n'aurait pas mieux agi à sa place. Il fallait encore
plusieurs tâtonnements (3). Pourquoi les habitudes prises, ainsi
que les susceptibilités et les jalousies orientales, que l'on trouve
d'ailleurs par toute l'histoire, n'ont-elles pas permis à saint
Célestin de revendiquer, pour lui ou pour ses représentants
romains, la direction du premier concile d'Éphèse!
(1) Dans le cas intermédiaire où les deux partis auraient été de force à peu
près égale, certaine lettre du comte Jean à l'empereur nous fait croire qu'il au-
rait pu y avoir des voies de fait, et que le résultat aurait été moindre : « Ne fieret
pugna; conflictus, intermiscui eis militum turbas,circa loca utrique parti contigua...
propter rabiem, qua? inter eos nescio unde provenit... dicentibus his, qui con-
venerant cum Cyrillo, se nullo modo posse vel ipsum adspectum Xestorii susti-
nere... quamvis videam execrabiles et implacabiles ad invicem Deo amicissimos
episcopos, nescio unde ad tantam usque tristitiam asperitatemque pervenerint. »
Lupus, cil. XVI, p. 47-49. Cf. Labbe, III, l'I'è.
(2) Cependant nous croyons, avec Théodorot, qu'il ne faut pas lui fermer » la
porte de la pénitence ■> (supra, p. 3j ; mais le lire avec indulgence et lui tenir
compte de son abnégation et de ses protestations dernières.
(3) Au point de vue apologétique, l'histoire de Nestorius moatre de plus en
plus l'influence dogmatique de la papauté. C'est le blanc-seing, donné par saint
Célestin à saint Cyrille, qui a fait admettre par toute la chrétienté ce que celui-
ci avait fait en l'absence de trois patriarches et de leurs représentants. Saint
Célestin d'ailleurs, s'il a peut-être été trop confiant, n'avait pas tort de croire
que les formules de Nestorius devaient être expliquées, et Nestorius ne lui adresse
aucun reproche.
54 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Les auteurs de la Perpétuité de la foi ont trouvé à cette
cote mal taillée une autre raison, d'une dureté déjà janséniste,
mais qui est du moins sans réplique : Tandis que la nature
humaine, faible, bornée et mauvaise, nous paraît être une
cause suffisante des imperfections, ils mettent en jeu la Pro-
vidence divine elle-même : selon eux, les formules de saint
Cyrille et de Nestorius étaient incomplètes, obscures, dange-
reuses pour certains, et la véritable formule n'a pas été déga-
gée dès le premier concile d'Éphèse, mais l'a été seulement
à Chalcédoine, parce que Dieu voulait permettre que son Église
fût attaquée par les hérésies des nestoriens et des monophy-
sites auxquels les paroles obscures ont servi de pierre d'achop-
pement. Si les deux adversaires avaient discuté paisiblement
à Éphèse sous la direction du pape ou des Romains, et si l'on
y était tombé d'accord d'une formule sans obscurités, il n'y
aurait pas eu d'hérésie, or il faut qu'il y en ait, selon saint
Paul : Oportet haereses esse (I).
F. Nau.
(1) I Cor., XI, 19. Cf. Perpétuité de la foi, édition Migne, Paris, 1841, t. I, col.
65. — Richard Simon indique encore, comme cause des schismes, le caractère
des Grecs de cette époque-là, qui étaient de « grands disputeurs » ; « le plus sou-
vent, dit-il, leurs disputes n'étaient que de métaphysique et de pures équivoques
d'où ils liraient ensuite des conséquences à leur manière, venant enfin aux in-
jures et parla les choses devenaient irréconciliables ». (Histoire critique des dog-
mes... des chrétiens orientaux, Trévoux, 1711, p. 95). — Voir, pour Nestorius, le
livre, déjà cité, de M. Béthune- Baker, et, contre Nestorius, l'article du R. P. Martin
Jugie, Échos d'Orient, t. XIV (1911), p. 65-75.
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utuiLnLqbi iu^hl II nnquLp utui^jtu Bl^ JifP /lu minuiu LuiubSpf II
56 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
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ùuiftjil^ult m^^^ ijj^ lî^T^t'î^uï n-l^unLi inhn : iiujJiJS uiuuin uiliopl^'L
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UriLUp. ibmni luUhnuiL. nuiinhli tp/jn </^uJ| Luiania Oi; un i^<Çi/i hSiuh
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C?L {"H"" inLiuli niuiu inuiaLniMpL âhiuaiu'L lunuiniuLliahli II
luuuiglili pi^ uij^uinu uiuonpi iniu^hL t; . ui^iu nnL inutl^Luiap niîpn.-
^r ^'"^"'^i^^ ^ iiqlt'îi II auiliinh . Il n* Liunutahlt amiulibi aÇtiunu
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uùiu pi; ^n pUl^bpgîi uiiu^lj^uiguii . ijni. /lu uibmnp iniu^LiuliuiUf np
ijblj^bqbgjigL lutLÏinLS^ lîtp : Winu/uîin uip ijn/iuiiîr L. luuiua^ bu n<
nLpuiUuiù ij^u uihîi ^tS L. n\ miuHHiuihuiâ : oi plçplinil^p ui'^âutp
t^^ti^C' '/t ^^^uvu^mi^lr u^^^iî^^^p /»"»/», uilr^îr ^^îi t"i(t '"t«î/i;-
^tp î Luwgji'îi uiut^lj^nLlgU pi;^ uil^l;p ut^t^âuig /"«/«^tp u^îi uii/itîu/iïi,
^t( "Ç" «S^Lupniîujîi o^, uujLuj t^iiumi; âuiliunLui ill;pl;iliS . h. aaS
^wpg L iJinpA lîinfc^ ^ Iriî . /l uiutîr ^^^ /jnL^ ^fcm^^n i^ P • p CÀ
^luJ^^ iuuiïji, ^^uj^^îf uiA l^ujui;g, L âuipItuiâuL utèui^blt : Il quiiu
^HLbj^ giuÇj^l funp^bguiL '^ lîtn^ ^Lpni-J. t^i^ feu ui^^ m^îr ^ui^^uiiiiuj^q
u^f^u utubS . t^u Lu ^^bw Itg muiSlj^utguip Luiubli s ti. aopnupL lui
^<^iupu âmui^bg , L uiuuig Ig pi;" u^^îr Iruiu^ u^q ^^^î» "^"^[^2^/"^»
to^/iLÎ/^t ^h^k^t tiuipuipupjipti ijj; uipmpltpuj^ l^l^^l^'Lli'blt pi;pl;p-
"tHl '' ^"'^gt^ ^^b Su,^„Llgl, pt ^^2^2 "//"ï/» /-P htî' ^2^^ «î/»
kPu^l''b . ijtft "pu'î' ^t/"f tn/iC «/t Ptptî* ^2^4 "'/'P •■ ^'- "T bqtui^^ •
u^^^lr u/iij4^ u^^p ^Lui a't'/""'/ ul;ogl;mjiS. gfiL^nLp Phl^ulu^ muimp-
^puLp^ . u^4:î, u/i^^jLJ, L/iZi^: ul;oi^^^l;2,ht^ -
huuigj,!! uiutStinLlgl pi;. LjL u,^^ u^nLlnJ! Sutluiuji . fri. uiuwq
inp bq^ui^li, Uii^m'^i u^ftp. i^jL i^^LijU7iîu^^p <Çuiij i/t /'"'"it «"//«"^
'"hf^^^hi t^Phlh fcuiijujpulfa uiUii^iS/i :
HISTOIRE Dl" PÈRE ÉLIE. 57
lumât^ qtwîruippui^iîr, îri^ 4"? • ^*>£' t(tp "//"ï "t^/» "'//^ t/^'"/'£
gltpuiin t^iUL^liiil^l; ujit^ SnLuriLpSiuli l^uii^pha^ Jj^ n/ii^uj^ii^n/iî/n/i
"tir ^it tl"^^ "'/CrCï' ^^ tni^nu/iL Ph^b? ' i"'i^*''^ aninn^ /infîuif
ùLnuip< ijuinniuuili U. io<Jîrîii^u buiuLuiultf L. pui^LipIr /l JnnnijnLnnpi
uiubhapbuu luuuianU . luhaliS PuiniuthnSamiuli fJhRhl "/"•- ^t?/*? •"/•
hrmuii uinn . çboinLnut^p lulçnuiiui^n Ul^ piumuiup luçnuiiui^n : uiiuiuu
2UinP Unnlt :
ohuini luuuia inn bn/iuiiu Wi^ uiiuon plus. ul^o^içP mul^p nn iliurjliL.'ii
qiuu niouhù ^bm ^bof apnii Ii. nh^iuiiioii : (7l uiuiuaph muiùpbpu
wç luinuju Pon ipup : Il abuiapli p^uplr u. (/nnni/ni.nn pli U_ UiunnufUiU
p nnLnJt ua utauiàhuti . ^uLni.û u. uiuJ2inou uuMuinLapu . u. iuniu—
<bnph aiua . L. luuapli . op ibpLbiu quba '/i Abn-q uMUophhtuq : [l
iu^l . . .
C/l n liufn/iLli lurLUiLOinciuIf blipu luu^uiLiuinpq <ujLnL^li/fnlr 0^'
^HLin bbçp . luùppiuipu u. nuiuiph m/iLiulr tu uipiupbiui . Ln^bi q^bq :
itunidu mp bnfiutfh inLuuiinq lun. iiua qSui^u */i luiff^îi i^uin. bi qiuiq
p uçO un . u. qpiniuL t;p n tuqqp ibqnt. . lupiuinb . Ulii.pliiuifi .
StupniJip , u. ^luinq : Ul. '/i aiut/iuîi/iiîf 'A ubpbibqli^ ^luânnLpbq
qbqbqbgjiU qup utniulrli, /i. qiuOi Jnipqiuinq . Il uiubii tuâbpii tnp pq
gbq '''W^p ' "- t'""- 7 itCf^ ' pi^ijpuimh âoilui^uji . qi^iqni.n.'b iiujl0/i .
qiuLbuiphh pup . u. quni.uiuq)u uiupqjiu unL/uiun(UDni.u : ^ C/l inpaS
quq uihuiuliU . qjt bmbu np ïruinti i^/ilr /u niuL^JiiiL luiu/iîrpîi âbhuiSbh
uiinuqqpp. qiuuipU II Joiiiiii plr . /l tuâbpuiip'bf âjii.ml^phqp'bf II
ul^j^tnlipiU U. UÊii piuqUnLp inid nup n< qni /3/»l îiq • q/» nLpuibttuîituib'lM
pi; uiiuop pÇ2n9"t»nîj tni. iniuùbq^bSp . ^ pn/iuinnîii pîi */i lîJ^O lu^/i /l
bpupi-qp biuihU , pi^ nui tuqiuinbinq bup p Abn.iuq uiiupli lulioppliuiq :
^uilfo/i quiuiLph luifLlpuliç hbuuinpp hPkn hp • ifewni ni_niiinfei
^^lULinli . n/i inid ^iiibmivitiq çn ophUiuq, L. ibm nLfiuianLDU, upqpii
U.U iniJ ^iuLn.b l/iîr^^n :
i/l buriLin inp cn/iiiiili /i Ut^^O Ln . Il btntiLp ppb. L. luuq ui^puUhp
'"(t^/'Liî 4^//" Z^rt^P' "t/"'^/" "'(t^/'Ltî t^^/» lîiup/i^tp. ui^puSh
58 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
nnLp bnnnp . nkphkP hSiuuinnL.ii nujin^^li tir . U- upi-^in^^li ah :
SuipIt^kP^ uiubil (ubi^gb i; lî^in^îr i; L t;"^k^ l^pgbiu'b'b i; : PuMpjt-
ntp uiubîli Sli&uiSbéf iîu«îiunLU^^ mbiupgi bii : ^Juiij^^tP «"ufe^I
^u/LUitnpL /l uiÂuiiii^innL/iîi t •) "•- îfg '««"^p" o^nLp ^k^P^l' "- »""
<nauiL ItumuiL i/irttinJ luîinLÎrîj lu/i put : li_ uiuuin lia puj^ç^ i|ijnLn.u
n/i nnn tL* juoubinti ^p . /l feu uiuj J <\fen uitnukihhli : Ul. u^ uiuuigph .
04^ l^l^iiil^P ijuipnLU^ iî^4t«ît»"/»ï' "'/'P» «/t ^u»/3iîiuj ijmpnLZJ^u^
in/in . p/iiî p/i iît<Ç«îtm/ilr uimïib ill;nltnul^ . ^lu^Jui^ ij«i.pni_^ lu^uip
tt^rt "'/PP • fftrt iît4«^t»"/»î' •"»"/» ^i^hiil^p ijuipni-uliiilih liLumjiîiuii;
feuioni/i ui/ii_p. ^^iS uuiiuiij^uip ^tP/'p/'P"t «"î"" ui^uifi /«^tp/" ""/PP»
(âi^^i^âi^m jtui'bnL^uinnL. ili;it;m uiuimnLinu'^ . ^uj^iJuj^ <^ujfujup
uiftn .) L. tiuuin uip fen/iuiili J9ç uirLuilra lifeuii/i feu lii <Jujmjumju, wç
^fcp uiuiîm-lrplr fe. 01^ iJfeplr . inpn'J /uoufelr Opna 1^ "•" t 2^«n"*t s
(iuufo/ilr uiuiZ^/ifepîi, pi^2b2 ^tl .ghP^^^ hïiutâ ^tf^/'p/'PP^ Cuui^
inp fen/iujiu . ûçui^p/ilr autauLun UuinnuJUiutunuinn Uui^ppuiuiuiiilp
uinn . ^JuiiuiujiJpuipp, nuiil^mçùnuinn : {^ùuinnuJ uipu.feipu ç, uuj^puJ,
uinL.SnL.ppU l; . ^^ut^ <J/ilu/iu i^ ^"^/t ^uinut^ l^ .j L. ho n^ i^ujpujqpb
uiujf Liîui uiuiuiu/uîr/i : nJujîip LnLhbahh 0^' ùl^hht^pbh auianLunhmuj
ul^^ul^uinh uiuin buianflt uinn : Ul. »jp«/ "iuq «np fcn/iuiiu wç Afiinuiu
Luiui^p iini_p , uiJJiui iiunbh , ùqihht^pph aiuanLun ht^uiçh utnn .
uiiPnLU Sh tnnn . fe/iLij/iLA Un uipp • /»"/ "p •"/'P • bujanL.p un utnn .
Ql^ul^n un uinn . uipnonùn ui/iLp . Monnuja u/i ui/iLp wiu^uiuii un wpp •
up^uii un uipp , luPçn "h ^"hp ' h"i~p "h "^hn ' t- up ni uuipiuaph uiuti
Lu uiuimujuhp : ''p^i nùuihp bLph iuin.p u. uiuuiaph ivç, uui^p^
ui^^t^uçinph uihnuhh tfpbi ifutt p upi npuihh : i*p<^l luuuta inp bnpuifh.
OÊ ùçhhçP auMpnLuphph pLuuipLliuiçpn outnp pp Juip . upLpçpl^uiup
uipp imùul^pui un uipp . feuifuipo un nipp . II. up n« Lujpuiaph uiuit
IfU ututuruhp :
Pp^f Lpuhbaph apuipuih butpnutaonph u. utuuiaph p\^ uuinia np
ui^^ul^uiph iuLulLu p iJn nnuiuu apfef tuii . u, ^utpSujh nutanLaph t^,
fitfP? "t" hp^lih phpbuip l^uiçpuph uionpuL. ut^oit^ùlçttuph : tiuuio uip
fernpuiiu luçu feuiiuju upo fe^ntj^jj, mi^mh ujuilruif, oi feiua/i/i ppif buta-
HISTOIRE DU PÈRE ÉLIE. 59
in^ . iît[«"^/»^ «y/» fciucftn^ . J4^<Çj^iîtin lî/i tiunin/i lîi fïuini_î/ inmujuhh :
P^^£ luututj mp iîf^uijîf l^f^, ^lupSuii pi^h hlk^ lî/i «n/in . nni.'Ç /i/tï*
«y/» «"/»{» • t»/"»- «^Z» "»/»p • '"/'/'/' «^Z» «"/"p» "/t £/»«^ Li^ofunhL oi biuapji,
ijl^ u^nL ilnL^innL^nLi^ "/"Z^ ^/"^ ^kPhn^^hi n phpuitumuii hop muLp .
ijt^mnLpmui^ to^, pi^iljiiupintui bop, h'bl^ltiinl^ ^*»B» n^iuiuiulih tnjiiuink
^fr"*"//! "i ^**^ • ("-"'«^"'î'/» '^/"/'r'"( ^k^k^k"^!'^ nLumuiujt uinn .)
liiu ljl;ml^i "itl^lt'^^t ^h^k^h"^!^^ mmp iiiuani^in/in inJ^nu/iiin, n^rt
7 f^tP^""i l'^^^^^hPlh^l hP^hl '• (imiltJS niunLuiaïu'b uiiuliLni.ipli
L uiuuitj^'b pi;^ jiuiu Ir^ «"/«p, »îni_uiu^ îri^ ««/'(», Itutpiu^hâ hl; m/in,
i^i^ jtLutiL^ îft in/ip, âl^^l^Sl^in Lt «n^p, u/in/iL liutuniullf phpiu-
u^^binufj, îi^àt 2^^uiinl;P^l^ l^inl^p : ( ^Tuiltlinnup linnuinp Auiiii "Pu t s
SnLuiuj^ Soi^ul;u l; : jt^puiCf^^h ^'"^p llnniu^iuSb ^ : Auifuji^i'
<Çui^uiptuj npi^^i l;, np u^ «u^îi gbqliî, j^lr : huuiLlt uui^iulAt j^ .
ifUJ^nLu^îr, j"'^"p îiiii<Juiu^inîr 4^, ^mni_<^ï», inJui^ijt nhnlialiljL j^ :)
Otu^Jâ t^opiutjiUL. uip litj^iu^ lî^ t^opnLnb L. un LnLuh'b âiunjtuiânL.
puipt/^ounLptf, (l luuuitj, jiuSiuil^i uti^iuih noiuih mnn, biunnuu huiLji
t"C^ii^L "'/'P' jit-unL^ Juppuii unLipuili mnn . i7j^ Auiui nni.<Çni-iiui^
*"/»P • ^/» i['n'^kP"^k^ k^m^ . lîj^p^tiî ll^|1g|tpul^^ ^pnmuiiîf ^^L uiiinn
**^/Z ^l*""^ ' «"orjinni_ t^nLuifil;Pml;'b . iîJL^o<î^i_p^ i^^ <Ç«ii/3^iî/i luoanLi-
ùiumli mltim ml'gl'p ^p^ ^lu^tn^ : IFnL^iuâlçm kki^hl hipbiunnânq
bog . ^ingliU ^miuS liLuml>ljl^ ijiliLHiuSuil^n hhl"^h ^"kn"h^nit ^UMU-
puiili ^LumliLhi; i^iiim^^iii^ m^p . ZÎ^i^^iî^^ i^i;pSi;^t; SnLt^utnl^nhn,
mji'Lli'bltuI:; tniujvlii oinuSnL int^lifiÊlta :
ÏTuihkpnLg^ bijjputpg /"""( n_nL<ÇnLMu<î luubih np ^ ^"'f/' Ï^C •
t[ui^i;Puil;'b k^mfi, np ^ p««î»îi uiA '^ iÎ^hlIL jL^ '^ lupijiuîifj J^nm^L,
âiupShiutjL. L ftîiiuL. Ji^o<î^i_p^ i^t ^«"/3t«^/» u^oi^nLiiîmin/i . np ^
wli^iuf^fj ^nLunL^îr, /l iu^jiÎi : lîuiu^ uip btj^iu^îi . âl;'^l;Sl;in uinLfni.pi/tA
^^, ^uuji.^ opiiîiuij fiff^hP «/t tll^P ^"^t^lll «""P^o^ ^fcop^îiZJt
klb^'^h'i' PiLpnLUi t'//»î«t ^fcoP^LpJLuïii^ ij[4^ ui^lr^Lt [tSuiljiîii^ uj^ujin
t^iî^T^u^Lp^ . ij^pui in^îi kg^h^ "'/T /"Ϋ"^ "IL tnnLp : ^^iS^^iî/i^ ^Z»
^t«/"«-n_^ t^opnL^iuL jtSuili; ^f^^^pj^u^L^^ . l^J^^nLn. i^t ^'"^/'P»
i^nL^mj Puipuîhmpp . i^i^ inl;S^f^ gji ^uiul^ ^ojni-Ii mnLp . /f^i/nLn.
60 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
ouinLti n/i !"//<>/» ui/fiJ^n iji; puiL^iîu/^ . ijl; «^min^^m<Çf; juutpuiS
uijtn . ânLUiuSimiuif ill^ lUUinLnnLpiuli ppPiuunimuii buit^uip . ^tft
l^nSt^lih huiui-h oituLi^n^ LiuLtiLn. ml^Sl^p ho^ti ijj^pSi^tj^ : i^^^ biuijtup
ait liiuC,nuinhil^n hutiuSl; Li;i^nui^, t'/t/ îruiupiuîi^ oiunL.Î# . tuLini^îr
uonniui huinl^nul:^ oiuiuthilin . boauiui Ziiuinn t"t^[»/ '"/"C ' "{t t^tf
i^niîi^îi/i huiuiS oinLnuKii p^Linfi nnuiinl;Plijl;lt, IJ ^/"-" *ï*"Pf'"t'
aoinLiu . titf» ^t^î'/'Ll niumJ^O/iii^L oinLnuuti ùiuihtj^ "^tC ' "'*1""'l
l^i^ujnhii^'bf liiu{ha uil^ihi mhn . ^i^pjiuiiniui biunuin inniAinL. : VutUnp
bnp.iunp n/i luuinL. injiu huiiuS, nn t^ lin-iuiuiu^"^^ ln;oiMu%t;pn uiniu^
/uuji/ip . nn uiiî ^/in /l ani/in uinbnann ma. niuinm ul^iut^ûgf nn ç
l^nbaiuLu U. inLu/iLL . /ilru i7i^ Z^/iLu, nnp iîL uiunnjiLp u. uihuiuniAip.
uiu^nu uiniu^nL. nihjuiijuf nn ^ ujniunon pupu lia ; liç uh'-llb TyKr
uuiniinL.p . nn ç niuu' aiuli phi np Luti p uçO iuJ2iup^pu : lii uman—
anLuiap bu . umiuuiu uiuoiipu puuiipp bu : unLuuid>pu u. utuini-nnL—
n-ut^u nnÇ auiuou juuii(tJ)çpu apppU : u. Uç^çuçm/ili 2^n^'-'^P~
lUjiJuju uiiuuyu ifP"P h V" ^uiLUiUini , M^ O^nLin Uinau nn lune
uiuiâbuilriiii, Lui iuin.0 ^uii i/ilr/i . /i. uiinui ibmni inuiûuuiuuji . u. jvç
ni, ûuii/ia <i^ : (7i. Mç 4'"(" PpR^^k P'-P Ifuiuuii-b p auiun nUbli a
op . wç nn ujuç^ ^uipauta t^ji ûuiipn <J^ . iuuium wç upuinij ni.nç, ûuiino
ç : qçn<7 utiuuiu ç (hl^PtputUf ou pppuap (OuiunfUuiuJi buinuip uini.
^tr4 = ^WP ./t Pt?>f/'P. /.r^î* •/-aPnL<;n. : (PtP/^P, np t
UH bppnpnnLb . pi^^i^p ': nn ^ lî/ini-fi : /ifUi<Çîr liuj^J^Pni., nn 1^ lî/i
(i^uiiiui^ "P t ^'"(f ""^ • 'hu^^ "P h npn/iîi Shuihh'L : Putnui^ np
PpA^ uiuuig ujp bn^utli . kib'P "^k^ks • ^//*"^ "'/t • ^/'^t uionpnL
mpLp : i£J^ u^j^ ml^ul^p uiipiruiuji u^Ap îronintui, oi îronuiuii pi^ÊUiSuinui^
tnjti-p gji ^J^o^uii^lr t^imji : pf;^ ailçSl^g iJ/^p/i^iî ui/ip p/i Auuii ^t//
oj^uini. ^uipLLmtuj : i^^ pi^îr/iL /iLuui/ii-îruil^ /ip/i Lopuii «/tup *"/>/» •
HISTOIRE DU PÈRE ÉLIE. 61
nuiui/i^uji. : i^t ^nL^ni-m ui^^îriit» "f'^^î/""^» ^"Jf»«4/»'"i ' luijo-
li/iuii : i^t Pt'-Cf^t "^tlt^^^* ^('"^tll^^t C^^^^^ piu^jiS : /i£Uit
ujni.uinLn : frp^n^ijnL^ : ''ïni. i^uiuiuj^ £m<Çt'"t'"/t^ ^tP/'f*"/'"
u/ia^ : . w/iD p/iL3)ni_n Oni-Wujnuîrn p^ . tuniu^ïi oqjni. ait o^nup : ~
*9ni. uij^m/iij/iiî pt"/"'«î/tn/'^ âiuîiiuuh uinL innLp : IPuiu^uiili in^julipiu^
p/i0uiuiîfi/iuji, i/t lîuiiîoîr nuti^iui i^^ ânL^iuâl;;m [tui^l^ 4"'^"^'^ • "f"*-
intm/ii/iiî, ^tiujiî^tp^' uj^iuquiium inui^, SjtLgt^^i^SSiçP i^pmlt^t^p :
uiujni.nnLf ui^ ^^^uiu^ïrin^ Itu^iupl^p ji^i^, 4""^ "'t'"/'[tc • "/"^ "t^
^uia ml;âi;unha : luni. ui^m/ii/iiî l^tçijiuiuil^p ^i;^ ijtuqp^/i tn^p uiu^nL-
nnunui^ phPuiiunïimiui Jb /ilrâ/i ^muiLinuii^ : l^iut^pi^pjt uj^ . i^ç
^tii J^uii . i^t ^^"^^hgl'C ' «/t i"'^t[' • «/t ouiîuiîi . i^t 4"'"'"^ • "/t
L/ii/iL uij^iî^u/iîinn : tltp u/nLunLU Uuihiuunhn uoniunuuih uinu uinLp :
IjnLn/i uliuiain^ ijiun . pt;^îjui^u^ 4r^iîi^£j uiâiu^ ^""/^Z* ^"tp» «{t ^t"Ç
pJ^îrin/ilfinJ^îr uiiniâiua : îi/iiSi^ LboLmi; pl;'Lmli in^fi, i^t y'C'^h •"t
p^înn/i tn/ip : i^min/i^ujOtp uiîftu uh^u^ui i^pâi;t^i;p, ^/"^t ^^["^tit
huiumi^ u^ni. pt^"f/»<î /^ft ^tf*"/» ^tP"^t ' I^C^ "f """ "'t^'/'i/"^ PkPltP
Jl; pi^^i^iP . J pi^ijulinli'b âiuiuiuh lunL. inriLn : bot^uiui luniu^fui lie;
lu^iuun oini-n, ïri^ omni. oinLp : t.p»"^ "^k^kfl ""J/^ •"£!/' * <>'["•-[
in/in : . fl^p^mp ui^iu^ ml^Sl^g, ijhl^P in^p : n.ni-<Ç ^i^ni.g ml^ùt^g
pl^ublt oini-n : oLni-lr /»*^/»î' '"tf/'fl fiA» "//'""/'//"' ^P n"i4"««"£» ftiu^fiu.
iS/iLp 1^1 1^3) oinLn : UJni.uni.u ûiuuuiun : tuni. innLn, /iLonL "//'C/P
ml^iî^p : SuJiH) ^ T'i/' ^ "p "^"f/* '"/'P * ^ ^"'ir ^Ut" i^ui<Çpinpu-
ui^Îj tLtn/i . nn ^ utuLlf ujd . onint. uçu/i<Ç pu tnni.n . iSçp^çiiuiçu
inonuini. ; iJt n.ni. <J/i iinufth «n/ip p^, Irui^p^ kjibpl; çuinp ^tpptP
62 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
unuinL abin nn/iuilriuîri^, /l luniuLltiuLb^m ^nt^jih ^^tuj^ ^ i^^ ip :
2iiuuoG3hi utuiU^mU ^/iiui^iît tuJ^Çnmiïi^ uit^Sini^ ^uiiniuf^ ^ujlLlii^i
'^i;uihui tiit««/» "/t^""- uiun-iupP : i^t ^to^'ntî' "t" k^l"^t ^"il^
iuni.inLnSiuihjl^ p/i : tui io«Çujîiîii^ ljiu^liiu{^, uj^nLUinL^ u^l^liliù ut^ij-
i/iLi/i oninLiî p/i pJ^îiin/iLui^ unnhâ2£3 . ijl; ^l;îiui^uil^ mui'biui^ .
UnLniuphj lukthnuii phpiuuih'Lini^ huiuiup u^nL ^^lUiiJ^ . i^i^ qiu^iu(^
tiL^uiliiui, nui liu^h '/i ibnl/Llia nn luui^ fciu ni£<JuiLltÇ, ûLpuibiUf nui
l; npnh /iiî uAiitifi : (/ii/iiufi uin^unL. unpPni. : ) nn ^ luucri ùLpuibm : ^
'•/ni- 2^"J^^"^kPlb^h lo'Çiuîiïii^u l^ml^p hlil^bjuil:; pji, ^J^ij^^^û^L J^utu^
i^Lin/i /j/^o/jin^îr ul^mui Ll^iâl^iliii^'L p/i niui ^ "/"ïf /'" "PP^lb P'î
nn ^Juiûoniui . p/i -^t^uipiupu atupuippuii bbopinp uç nnLiiu/Wiiç
/in/ii9»n/i p/i îrnLii l^umb aoumni. puuiuh uiui2uiui . liç ui/inin/in/ilrinçli
uiippiSiua puipjçp . np ujuç 4"'(/' P (P" U- au p ^mip . cuiu/i uiJ~u
ufiouiiiinuii, liç uiPiuu uil^uuiç . uiul pt^iuiup piuiunLuuiuii buiauipf
n. pUiïpimq buiauip lo^uihlit; pniu luuiuiuiit; . ppp npnpu ubabpbun
pi^iupPçi uu!^*^ : pt^iUpP luubiu ui2uibbpin uiubi ç . uut^^ uiut^iu lu
puif ^ : liç puiui puitpmuiç ajni_ini_nnLn : [niAibi ppiup i/iii PP/-
upuilitç , ilpialiuiuMi puirbp uiliinp biu^uç :j nn ^ uiubi p ubupuiulit;
i^p puihh b- lîuiî/u çn tun. uia . p/i ù/n.Ui£^u/i upLunLpuuih liç l^pUuiU
liç uuiin/i, (uni-unL onnLnii^n . t^iiupuii puiuuii . pututui uiçuçp, uçli
anminç/ffinç puipu . oi nnLinnçWuiçu , at^uipuiipi unLouinLinLlu
bl^Pppuip uçppuiul^, oj anLuipc^p, oi uuj^uj/d *îÇ// oiui/i . i/ç oi
iXn<^l^p pi^iuiu oimb, âi^pbiuâml^ <Ji^ii oiin/i, lii^ lîj^n/ii^iîin^lr 0^^
Uiiui/i, in ni mnLubiuip bt^nmp ul^bbtu'^pUp Piuûtuu t^uipui, pçlimp
pujmt^P bit; ir t f/"*»(t >£/""/ • 4^h"^hph lunui'^ uuin Piup<bliuii
opnLpmb : i^i^ ^/'"t ^t/t^t^"'/'P "/ "'niPmînu/3 A/t • tnbi-Uili nnt.-
n.nmi in/imiliïi/i u/iLn^ûi^L i/j^ \ t ^hllhPp^ ^^'tP^h ^^la l;uil;^i;b .
t^tf "'f/"î» t^tp Sbip^np Stf^t^ ^tî""/» ""ît//»î't ^to^t. tp^
tp^lfùi^ pt^ijj^lt^ oiuihuic^ uipp, îr^ûi^ p/i h'bàbi ^'"^Çiutn^Pi/iij i;uii^p .
t^tf kff^k^l^ ' k^kp buirpii.u^^ l^i^bp n_ni_»î t^t^i ^n_j^îi/j, tctp «î"*<^»«n..
i^^i^|i ûoul^o^ t^tp lî^LunL^iîuiîi : <Jiuii ninn bli^biuil^pb : i*p^l
kcht ""'-"'/ uipuipji'b ^uiLuiuii^ Ij^nnSuiiia, ujuniu'Çmiîni., /l buui-
^uilj^ui{^f b.' i^u lîoijfu^u^ /i. n% Ij^uipuigbh luinObi : . . BuirbJS aopuiauiL.
HISTOIRE DU PÈRE ÉLIE. 63
mn tn/iUifL, LuihahbniUL '/i ijn ninnah II. luuiua Un . uçiÇ "//'[' ""•-•"/
/^mj^u/iîi/in lui^ïi u/"ît "vA/' unLiui l^ml^liS : iÎuu7uj<^uj(| «u^^m^ U^
m/in , «7^ uii/i J^ ^tiuniu^hâ . ijj; kiiui^i. t^ ^uiij|u, u^nLÎi^Ujp uijjiu^
lî/i m/ii_n, /l lii Luiniuahlii uiiui Ltî luuiu/uïi/i : UnLjiU uiuutg putui
n_ni.<JnLiiuj<J "'PP lil^oLml^'b tliui/i, 1^/7 ât^pjil^Sinl^h tnoijmni., t^^
<J(ii/3tiî ujoanLiiîtiJi/j/i : Lni.p f/t/i"/» î'OLp ^^^«1^1, j^i^^ft^ "/t t'^"//'-
uiil^n, «7/; ûi;^jî/i p/i/Juituii^p ^tu^u'U'tp t^^tf "f"»- uit"'/'^/"^ uj^o^-
i^ni^ : u/iu/ilr ^uj<Jmini^/i^/iL/iu <Çiuîi/i : » ULuiUL. '/i lutniuùun UnliilL
'/i 7*u . /i put ^h'ii^l'- auiunaliu injulinuili uiinujuha lia, uianabnuiu uinuin
oLu : . /l n i LiuniuapU uiiui hu uiinukilin : hiunAnLanu abLknhanpJt
^uiina ^ji luiaau jiLnbiuïia, II. Liuiaïui pui^iuuiuipu luauiinbanu : (/l
Ofi tn/iuiîf lunLbuii 11 ptu^Luii pu nLniujunLji u. tulinnLa. . u. iniuniuL.
'/i lî^P annnijnnliu : ^ l'uiin m ui (^ /jn lu plr uiuofanfU inia [unn ninn-
'^baïuïi iujnujpuinni_p lîoiiluinu, II. iuuc;nU Wç nui nnuiuûn Qutin hPk'J'l
nn /iLH htoupU iiun-Oiuania u. /ilh uiaah uuianiunnin, u. auba luuoP
uinuip : /j_ uup iipnu u. iiuiunLO ahui n< Liuniuquin iiunUbi ; ^
C7l itui lUiLULn upni annnubauiu uçiuitipu u, Liunnuiaonph u.
ji ^utn jvnn^riLnnu lupuinbU 'h ùç'i> liLnbiuUa . u. LnLhU Ln^banu mn
bqliiui puj<ÇuiLwilr '/i J^^ ULfituiun, u_ luuuianu Uù Wç, nnnJ^bmu^
piu^iuuuiiph L. abbbnbanpu luaiuuibabn, uai luiunuil; £un ubap
UMUiuipL lulibu . np <jtm puq '^luouipup . u. liiu luuiua miuu 2Pl"'^P uu
uiupapup ujiuuli t ""'lui Ru uMùblibtHiu luujubup . piuliap uiiuupa
biuiubup utiu^ pLumpuç luuuia otsbnAi h upi aipinLU nubinu . Oiunjau
KUipuiuppin u_ buiuiuinbi intuikLnLupu luuiuapu A/ç pç'j/i^ uujiuiLUiW
Ll^Pppmp . II. huLnnt lun-bi iniupiuli lun. nuMini-pU U. p nhiuiu pLp-
butha, qiunin Linnp un uiuuiuU'i ijppb h Jpi aipinut : £i_ pqu uului
ilbuiiu uiuqnLqpu Ktç, um tx/rn-nU ijbpiutiniq u. uiuiiuLuiP utniuL, u.
uiuiua pi^ unL. uiuiûuujuuju . u. uçiinp uni. mupu . uiiupup^ t^uppf
u. pau uni-Ui uuuiinL.pu lupiuppu :
Uiumau tuuppujL niumujLnpu upapi lupiuL : u. up pui^uiu luuiuq,
puiL //>a/> K/t "" '?/'" H^PHr^ (" 7^" nLptuhtuu : puiuo/i luuimpuiuui hu
p ûbn^uihbi du uiunLuihu pup : lutmdu puipltuMOUtL. nuiuiuiLnph, u.
iîui atuifti aliui ULc/a/iU . u. utpbpli quuj p piuhn : /l PnnpU quut
64 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
nLui '/i nuiLui^î' ^ inuifiiulr utn.iu^[t niuini-ftiiïi : [l <Ç"^p3"*"t/'"» ^
aui/iL oLm <ÇujuuiujinnLL '/i ^uiLUiUiu pu£i : U- ijminuiLnpli p^iJ
uiuinaL-U L- iîté^ni_/iu, Zi. iiuili<^u tuniniuaauiL uii, U- liui n^ çuin.
aujli^li : l/i. âiilf/inuiL 5"i/» nuiuiiuLnnli . ^lup^uifinuiq . L. hin jt Abn.u
uiShniuilih : /l luiî/inujiî/ nnnpuiî/on L. nuuiiunJiiuibop p^u u^iupt^L.u
junuuiiuaL : 0^ litupriuiaon tu, piïD iÎ/il^ui^ l^iuïibâ ^lî ij^uiui^, rjujp^^p
'/i lonl;:!^ Shn : fei. uiui^ tnn fc'ï/'jî' ^t"»- //ifl/'» ^" ^" uiolf ^lî n^ nLpui-
Luii? : /l pn juouuiiuaiucf uiiunnlLiuan n\ ^lULiuunûf nn h iliunpL.u n
^ni-nîf lu^ini^O L. '/» nénkiu oLiuina ^Îj ni-îionpîj : (?i- pui^^mafei luûji-
nuii . /l LnLjii <ujn<nba abnjiu uiLnLfiu, /l çuinL h nutlin : /j_ ifeui
itn/ia uiLnL.nn ^luibi '/i aujîiintî/, /l ^tpfei iun.iupp ^i.|i . a. '|[['^['"
numfiiui^n pi;^ niupAJin 'ji ^lULuiinu uan : u. Ifuj ^luUuintXuiL km
uimufvltfif pi^ ru nLnuiuiuu apu iniu <|uji.ui(nu, dl niunAttuu aniuiLiup
^uiumu Abn : C7l aiupLiuatuL. uuiuinnL^ uiJ/inujIf, Il ^niuùuiiba nui^-
ùmOf uinLnli aliui n onLu un funn ufcd o<!knLui it. autuLut^nm Pht--
uiui.nn unnUnau . u. uiun PanfiU niuunLnu n : Il itui bnhn lULnLna .
^uirûbab'b ^b abnuiuni 4Pniu . wi^ iniuùuiuabn nn <^iuhbup tipbil h
nanin, u. Auiiuçn un II uiul^n, ni ^tULtuhbû juoubn Abnna, luiunup
âbni aLti au, Il lUJLnLn u/»ni abn-iulibinn bu : piuliap iiul. ç nl/A n
UçO apniu ubn^iuhpi, puiu wi^ buulibi ui2lviup^q; u, Il unpuinuh ùbn.ui—
uni : PpAi n uiunfiL. UMunp ^uilibanU n aonili II Mqu nuLp L lupatuP
jiinuiniuautu uu II luuiuaph M^ niupApp h ^lULUiinu ubp : (tl Lui
UJUÇn nubpli II Uinduiwli, n« iniuhn npu h lutppiuinLnU L»i, luii
iniuhp p ^JnLfilf luupppiuubip : ^
OiuiuaU tpiuiin abpph LnLinbanli uin. n luipbi, Il itîuini uiii nlni
^liuippLO Uiuûbaïuh npuiuif nLnuipbbanu n iniuZtup bpu bUnOu bpba-
bblibi, n/i bppbabu biuinbuabu qt/iu luubinil pi;^ pbq nubb b. aaS
lupamP tnLUlujup, nnL auuii uiuç pn pppanni np nLpiuuuii b. {[ibb
ùbaiuLnp nuimp . Il nnL ipubabu ubauiLnpp bhU : Il W^ n<, bni.
iu(nbSp Dçnj^Dlj pn, Il nnL /uluMulI/ Apt" CTUin.iui JjnL i/iLAu, /l tnL
nbuiu nnu II uiipb , Il uiuuia putpb u/iuu, 0^ iniupl^p q/iu lun.
çriçau nu nn tupuiuibu omui. Il m-piubjuiauth uiiuabnuipli, b. iun.bi
HISTOIRE DU i'î:re élie. G5
lîfcO /uîiÂnpn^L Junp<înL^#j tp tijfcui^ : /i. ^^""3^^ tctdkt^^ tiînLUi '/i
puiLuiîf, /l tmtu fcptgî» «î/" £l/"'"'"i/"^^ liiuuihiui^, L ^giui. ujipm Ift
niun.lnLp^ . L 4'"^^/'^' £ ^fcfitu" Sjiâljiulg uifiinuiunLun^g «"^o^* ^ "f
u^ujuipujum ti5 "i^ch» ^uij^g bftljl^â tj^ p^uiiiuin-limliog Pi^tjttumhuglil
o^JmLUiinïi /ii5 : ^ Uui^ ^/'ï'î' 3^C^3^ f^^l 1^1*"* t 4""^ uiîrunmjijnLtij
fjmîiijuiijtj tu . tpt 1"*- fî""" '/» ^/^^"^^g ^p^iljc'bf ui^i^ ^^g ij^'^t
^îi^g/iiîp . ui^ij lît* uJiîoP k ^fcij /l lîtij lîfc îiuj^uiin/iîip t î 1"^ p
uiî/ni? pu^ up ijtpt^iîujîiîi ijLui^fep feu <Çuji5pnLpfep tu, /l '/i «î/i^oi
lbnLfi[tu ujLnmjL^ lîmpfj tu . t. ^i^ ^t^ uijptli ^uji5 ^ujp^nÀtîi, lui
luiO-O tu ui^p^iî L ^uipl^nÀ/iiî . ni/ uip ^lî lî/i tp/^L^p . tft ^Juiiîptptu
âiunmjiftnu ^ïi/iu . t. t/S^ ««^uiui^u ujjïr ^t^ lîtÀ i^uin.^ t ^ Oui^lJâ
uiSpiuguiL u^pm top tf^ui^ ^ui<;îf^/iî/, L luuuig np ^ni-p^î* ^ui^/'î',
ptpt^ i^ui^ui /iiî "^i^n^î* np ui^p^iî '/i i/iujn_u ui^ : fri. ijLuig ^/lîiîi
niunlhif ifiiut^uil '/i i»"i'jniî^ ^ P^r^f ^nLuitg '/i ^luuituiïrïr . t. uiuui^
la pi^ l^n-9 ^" k^iCt^' •""f" P^ ^iC^ H ^"'4"'î""i^ • ^ut^éS upni[
<Çmpt^ hphgkt^^ ^ gzht^ t •""^^^ /"^f ♦ ^^'- "*"/"" p"CF"ê^9t^
n^nunl, L uiujpuiîr ^tptgî* i^uiU^uiLo^ uin. *^ i*"ipt[' ^ "»" |uïiijni.p
t. nupiukinLo. tp^uj^p : ^ Wuiijfiînu uiut^ni/ nu^ ^t '/» ^uiftuuilifju, L
muinuil */i lîtp^ ^C"i^ • ^ ui^uignugui'Lb^nil^ ^uiftgji'L ^i; l^ni. uiuiù-
Liubuiu pt "iiptiîg ^^^> ^ "i ^«^ u^uiu/uL^, ^ uiLijuiijmp uiuqSnul;^
L op<;îitp ^uj : t. puip^ujgt^ uiÀf^tg^îi ^^ni-^uj^îf. t. ^ujLujÎi^
tuiujtn/iîi ijijini-|uî/, t. Ui^uiiîui^ P^u^uiuit^ l^utSbgutl . L tp^^Lij
muitnil luul^bïi Bi; qopni| ijuip^Ltiî^ ^t^ '^ <îuji.uiU7U lîtp : C/l Uuuj^
uip bn^iuiïi, tpt tllinL^u ^iumuiLl;g . bu tj^â ^uiLuimu n^ nLpuiîruiiî,
L juuiiuiL'Upbi abnbuu ^Lp t. uvu^ . ^uiLUJUiuiJ ^up tjtppnpijni-^lj
^op /i- npijn^, t. ^niji-n^îj up^ . l^blt^uilfi l; uift L wlâut^^ ^nj^u t • "^
Luinbâ uiîiquJLnp i^tujLu ui^u i^n^uip^t^ '^ ^uiltuiîrg l^bliuigl . t.
ORIENT CHRÉTIEN. ■^
66 REVUE DE l'orient chrétiex.
i/i/ïu/ilr nn ni Liunuiahlt nuinlnuauiiilii 'A '^lULiumu jjLpbujlstj : ^ui^dû
ibotiL Ln ûn/upfco^îi . L n^ jjuiniuti. [^mphgjilj . ^3^ i^»iiij/it-î« Sbtj^ "^^//""i
i/iLtinn ^. L npAi lbn.uia loiju Sium'L l^ijjugligliif ^i; ij^uitj^iii lîfc^
n/in a/ife/nq t • ^^ uiM p^J i^^inu L îrt/jnL^u ^uiunLgjiîi nfi n^
Luiniuaiup âhnuinSlinOl^ ^hp utpLiu'hiii : l7i- ^"pJS uifeu^îr m^^tui^ij^^lf
nn oJiu^L '/i itiiîj^lf t""^) ^ uiUUiD^îr ^i^ ^uii. t "f 7» «/fi "f uipfctuli
n/iL Lmnliâp, piuii 13^ uuiuiîiuiîitiîg : . dui^^Jâ j^n^t^^îr 4*"^"^ Jnq^n-
ilm-nnû L. ailiunnuimi li. apiuiiiuiu, L. uiuiugjtU ^t^ "fft^ ^3^^ ^""i"
l;ni;a^ nn ^uuituiiuliiiSp : L. tjuiiu lufcn^L gpjiumUbtui^gU ^n^rf
nLnuijuiuaw'L . L. Jnnntjbuii tj^'Liuqli'b lun. ujiî^piuL . /l l^inpb^jiU
uinbiult q/iL un. V'* nn.^ : /l ^lup^ uii^L ^^ ui^uop ptpt^n^ i^^ . /l
Pf;^ Jtun/iLÎi Shuiuni; LnL uiiu^Liuqlhâg . /i. «jp^^f inuuutju tup^L ^»"^n^
pi^, inp tn/niii/iîf . Jiupij i^n/u i^p^ ^"""i • ^ w^""»- '^^^pj^'-g lim^kl'"
iiunObj : itinni âbnuihi Jiupijujîi, /l uiM nLp^£ Uuipi^^/^^ pinp<ÇnLpij
inpuip/iL abiuahi hiu^nuL n^^nil umL t^uiuih i«n_^lf . /l p"P"f tu7nLÎj
niuptuiL n/ilrîr lhn.iuSa hph'j^h'^h^f "f ij^inui^^îr ^i^ ^^LL inni-L^^li
ûuiptp ptpfep t s "p ^"'("fl "iq^/'î' ^uiu ^ «Çuiuni-^ujîifcîf . /l lui^uinuli
<ÇL»up/iLp tunuiuifcn/ilf . Op C7»i/miL : ^ ^np uip inA i^^C^ lu^uu^up
ShiuunLn L. lutâ liinp^ni.^ i^pLfci lut^uimbugl^ : t»uçu : . ^ ^ ~
Î/L itinni huijvliiua o/i nnp /iî/< ni-lr^p nu^/i tupdai^ /l luLop . L.
niuiî luuiniu'Lu . bmnLn /iLp ujplïujli o/iulr . i7ulr (/lipniU "Pup : u. t^bl^b-
nbabuïi . L. npiu^uM'Liuiu , luauitnbiua L. i^bli luUnLiuh^ ^lu^ufjt^
luiunubb : uip uiu^^iub U. tnn nnubuiu : pw'^q ui^uiuioijlf »ud Çp .
jutpbii hipi abml^n ij uj^^^ ifc^ni. /l ^^p, ^ i^/jui^ni.p fp"^ j^uiqpbg
Lo : [/L itmni luiu uip tn/ituL q^uio '/i SuiimP^ujf^. b. tuLij uin-boij^
nibl^Piliui . b- lulttnb n^a '/i lîtpm/iL iniu^biuq Sbhb'L, nLn.ni.ùbui^
nl^hh'i' • ^ uiïiuib b-u lun^bi ^i^Oiltui : [l ixjIiui^ 1 d L ^'""['P
ibiunutibïi b. uiîr/i "h^hl lunuiL, b. uiUmb i^utn. ipiu^uiiçu V"/* T^f"
Juilr/i . /l uiltinb bibi qliiua '/i Jfeclr ujoi/iu /j. lun-tupp utn.bi ^ni.-
ù^J9pu fl"*-q mubi Lnp/iu ùpLànt-UJonb «nçpuiuu iun.bi n Abn.nh
bunnLS . nn bnb. b ^ujin h"hn txbnLpu . Bç luiunL^bmb. lunutnau ^bin
pnbumn'bl^bn bwu bbbnbatuia uiiuLiui. biuu ^uiLiumni bnnuiuhç
HISTOIRE DU FÈRE ÉLIE. 67
^i^nâuilili . uiiJtnL^liuilL i/qminfenujL . L. ^luUaumuiaiuU . lUÊphli lam
luainhinrb 'h nuil«uii^li . fi uiunu ^nLuiunnLn Lnbiua luiu uin knpiuu ,
L. UMn-nnOliiniJi (^'""i 1"3 "- "*// * ' *
Un L. jultrif^up aiuphniunl^U lui^ n/i aAaa aiuukhhuhiuuun t
lUi'ujj/iu/i JinnAnLi^ . U. lun luù luiuiniu^iunuia bnu.am II
uihhniLn(B \iunbuiqhf uiauitn luiu^huat^ . u. icrtn
uiumn Lbhiuau tïiuiUtfini . nt-n ibnbuna
lutppuiinLnu luuinau-buat^ . u. /ilh
on^ubi mbuniJi lunduihpu
uiniuuaç Lluçu : ^
^luina : n.uua : inLiun : l '^
rnboL. luiu mbinpu utuiinuriLb uip bnliUMÊp JibrLiuua . luuhap
uiut(hLbujih lo^uMubuth uput:;ou iiuabniuip . pihnpbu
pumbpaonn unppU . un ^ujip ubppL. ip2buppp
uin-iupp txiuuui^ npnnrb lui .
nShl : . (1)
(1) Nous apprenons que l'histoire de ce même P. Élie a été publiée récemment
d'après d'autres sources dans la revue d'Etchmiadzin : Ararat.
K. J. B.
NOTICES
DES MANUSCRITS ARABES CHRÉTIENS
ENTRÉS A LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
DEPUIS LA PUBLICATION DU CATALOGUE (1).
TABLE DES AUTEURS ET DES OUVRAGES ANONYMES
Abd il-Masih, ControTerse avec Abd-
Allah ibn Ismaïl al-Hàchimi, 5141.
Aboulhasan Al-Ah\vàzi, 4811.
Abraham , patriarche d'Alexandrie ,
Transport du mont Moqattam, 4777.
Cf. Bévue de l'Orient Chrétien, t. XIV
(1909), p. 380 sqq.
AJcakios, évèque de Cappadoce, Homé-
lie sur Mercurius, 4782.
Anastase (Athanase), Homélie en pré-
sence de saint Antoine, 4898.
Antoine (S.), Vie, 4781, 4782.
— Ses lettres, 4784.
Antonios, patriarche d'Alexandrie,
Homélie, 4871.
Apocryphes, Actes des apôtres, 4770,
477 L
— Miracles de la Vierge, 4771, 4778,
4872, 4887, 5078, 6164, 6256.
— Panégyrique de saint Joseph, 4775.
— Jean Baptiste. Vie et prière, 4778.
— Abraham, Isaac, Jacob, 4785.
— Voir Athanase.
— Apocalypse de saint Paul, 4874, 4875.
— Jliracle du prophète Daniel, 4878.
Lettre de Pilate à Tibère, 4896.
Apocryphes (suite). Apocalypse de saint
Pierre, 5015, 5072.
— Entretien de Moïse avec Dieu, 5072.
— Recommandations de Jésus-Christ à
ses disciples, 6147.
— Miracles de saint Jean, 6166.
Archelidus, Homélie sur Mercurius,
4776, 4790, 4880.
Ascétisme, 4703, 4734, 4774, 4789, 4796,
4811, 4873, 4880, 4881, 4887, 6256,
6269, 6272, 6278.
Athanase, Vie de saint Antoine, 4782.
— Lettre sur le Dimanche, 4781, 4788.
— Homélie sur saint Michel, 4871.
— Traité contre le siècle, 6165.
Baladinanos, évèque d'Afsis, Homélie
sur saint Michel, 4871.
Barlaam et Josaphat, 4792, 4891.
Basile de Césarée, Sur la Pureté per
pétuelle de Marie, 4794.
Bestiaire et lapidaire symboliques, 6276.
Bible.
Ancien Testament, 4759, 4762, 6267.
Nouveau Testament, 4900, 6280.
(I) Voy. ROC. t. XIX (1009), (). 174, 276,337.
NOTICES DES MANUSCRITS ARABES CHRETIENS.
69
Lectionnaire, 475o, 52ô3.
Commentaire de saint Jean Chrysos-
tome rjr saint Matthieu, 6250, et
sur If Genèse, 6251.
Al-Bokhàri (Aboul-Ma'ali), (abrégé dans
Abbadie 224), voir après le numéro
6125.
Calixte, pape. Homélie sur saint Victor,
4782.
Canons, 4728, 4786, 4898.
— Histoire des Conciles, 4705.
— Règle des moines basiliens, 5076.
Chenoudi, Extrait d'un sermon, 6147.
Constantin, évêque de Siout, Homélie
sur Claude, 4776, 4793.
— Sur Jean, 4893, 4895.
Cyrille, patriarche d'Alexandrie. Sur
les 24 prêtres de Jérusalem, 4784.
— Sur la Circoncision, 4794.
Cyrille de Jérusalem, Sur l'invention
de la Croix, 4794.
Cyrille Laklak, Extrait des canons, 4898.
Démétrius, patriarche d'Antioche, Ho-
mélie sur Victor, 4782, 4877, 4887.
Denys l'Aréopagite, lettre à Timothée,
4771, 4870.
Dioscore, son histoire, 4777, 4786.
E
Élie de Nisibe, extrait, 4898.
— Controverse, 5141.
Éphrem, Homélie pour le 4' vendredi
de Carême, 4895.
— Trois homélies, 4896.
Épiphane, Hexaméron, 4894.
Etienne, Sermon sur la tenue à l'église
et sur Daniel et Moïse, 4805.
Farhat (Gabriel), Le jardin des moines,
470-J.
— Divan, 5079, 5085, 6273.
Farhat (Germanos), Abrégé de la per-
fection chrétienne, 6269.
— Méditations, 6270.
— Grammaire, 6271.
Georges, Correspondance avec Marcos
Mochreqi, 4786.
Grégoire le Théologien, 4881, 5072.
H
Hermès Trismégiste, 4811.
Histoires.
Aba Hour, Abou Qourra, 4771 .
— Théodoia, Marcos, llaria, Justus,
Euphrosyne, 4774.
— Basilide, Aboli, Cyriaque, Behnam,
Ischyrion, Abafis, 4775.
— Jacques, Cosme et Damien, Claude,
Théodore, 4776.
— Abirouh, Atoum, Jean et Simon,
Bebnudus. Ishac, Agatho, Dioscore,
4777.
— Discussion de saint Paul avec Satan,
4778, 479(J, 4890.
— Mercure, 4781.
— Antoine, 4781, 4782, 4788, 4791, 4883,
4884.
— Paceme, 4783, 4784, 4886.
— Pisonti, évêque de Qift, 4785, 4794,
4878.
— Chenoudi, Harmina, Hour, Boula,
Macaire, Maxime et Domèce, 4787.
— Antoine, Paul, Barbe, Jacques, Isaï,
Placide, Apollon, Jules, 4788.
— Mina, Paul, 4790.
— Dorothée, Aristarque, Arminius,
Théodore, Jean, Georges, 4791.
— André, Mercure, Maxime et Domèce,
Victor, 4793.
— Hélène, 4794.
— Bisoès, 4796.
— Abàla et Abib, 4787, 4888.
— Behnam et Sara, Abakouh, Hélène,
4878.
— Gabriel, Arcadius et Honorius, Cos-
me et Damien, 4879.
— Mazdàri, llaria, Basile, Isaac d'Esne,
sainte Bartànoubà, 4881.
— Nadràs, 4882.
— Macaire, Maxime et Domèce, Bar-
soma le Nu, 4885.
— Mazdàri, Apollon, Nabdounà, Ya-
coub, 1887.
70
REVUE DE L ORIENT CHRETIEN,
Aba Hour, Paul premier ermite, 4890.
— Taivla Haimanôt, 1790, 1892.
— Mina, Cyrille, Noub, 4893.
— Ibn - Ouqianos { Euphemianos ;
Alexis?), Zousima, Marine, Ishaq,
Finhas, Péthion, 5072.
— Euphrasie, 5078.
— Gerasime, Anne, Sept Dormants,
Arsène, Antoine etc., 6256.
— Marguerite Marie Alacoque, 6277.
— Anecdotes sur les saints, 6279.
Homélies, V. lousab, Jacques de Saroug,
Jean, Cyrille, Basile, Constantin,
Théophile, Théodore, Hour, Ephrem.
— Pour les dimanches de Carême, 4761.
— Pour les dimanches d'Amchir, 17%.
— Sur Claude, 4776.
— Sur Isa et Thécla, 4777.
Hour, évèque de Fayyoum, Homélie
sur Gabriel, 4796.
lanoudo. Panégyrique d'Onuphre, 4787.
lousab, évêque de Derrega et Ikhmim,
Recueil de 27 homélies. 4711.
— Exposé dogmatique, oraison funè-
bre de Jean 107'' patriarche et d'Ibra-
him al-Jauhari, 4790.
Isa, Lettre, 6255.
Ishaq (Mar), Sentences, 4811.
Jacques de Saroug, Trente homélies.
4760, 4794, 4795.
— Sur le bon larron, 4896.
— Neuf homélies, 4897.
Jean, évèque de Burlos, Panégyrique
de sainte Damiane, 4778, 4872.
Jean, patriarche de Constantinople
(Chrysostome), Sur les quatre ani-
maux (de l'Apocalypse), 4781.
— Sur l'invention de la Croix, 4794.
— Sur les rois mages, 4881.
— Pour le 4' dimanche de Carême, 4895.
— Huit homélies, 4896.
— Commentaire sur saint Matthieu,
6250.
— Sur la Genèse, 6251.
Jean, moine du monastère de Moïse,
Barlaam et Josaphat, 4792, 4891.
Josèphe ibn Gorioun, 5255.
Justus (Léonce?), évêque de Chypre,
Viesde Jean elde Siniéon Salus, 1895.
Lerinus (cardinal), 5082.
M
Macaire, Lettres aux moines, 4887.
Maxime, patriarche, Sur le schisme de
Photius, 4707.
Maximes des sages, 4811, 4898.
— De saint Jean Chrysostome, 6147.
Mazhloum (Maxime;, Réfutation, 4705,
5247.
Michel, Quatorze homélies ou récits
sur saint Michel, 4871.
Mikhaïl, évèque de Damiette, Recueil
de canons, 4728. Ce recueil est ana-
lysé par W. Riedel, Die Kirchenrechts-
quellen des Palriarchals Alexandrien,
Leipzig, 1900, p. 89-115.
N
Nirenberg, ouvrage de spiritualité tra-
duit en arabe, 6278.
Offices, 4756.
— Eucologe, 5077, 6272.
— Ordo et calendrier, 5081.
— Offices et rituel, 5096, 5248.
— Paracléticon, 5249.
— Chemin de croix, 6125.
— Offices de P<àques à la Pentecôte,
6167.
— Prières et cantiques, 6173.
— Rituel melkite, 6268.
Paul Bouchi, Homélie sur la résurrec-
tion et sur l'ascension, 4785.
Paul, évêque de Siout, Panégyrique
des martyrs d'Esna, 4887.
Philosophie, Logique, 5131, 6271.
Pierre, Traité des dogmes chrétiens,
4786.
Pisonti, évêque de Qift, Vie, 4785, 4794,
4878.
— Lettre sur la foi orthodoxe, 4794,
4878, 6147.
NOTICES DES MANUSCRITS ARABES CHRETIENS.
71
Poésie, Divan de Gabriel Farhat, 5079.
5085, 6-273.
— Divan de Nicolas Saïg, 5089, 0-2-29,
6-276.
Saïg (Nicolas), Divan, 5089, 6-229, 6276.
Samuel de Qalmoun, Exhortations aux
moines, 4785. 6147.
Sévère d'Antioche, Homélie sur Festus,
4871.
— Sur le bon larron, 4896.
Sévère ibn al-Moqaffa', Histoire des
patriarches, 4772, 4773.
— Réponse à des questions, 62.57.
Siméon ai-Habib, Extrait, 4898.
Siméon Salus. Vie, 4895.
— Miracles, 4899.
Siméon de Taibouteh, 4811.
Siméon, évèque du Tour Abdin, Con-
troverse en présence d'.Ar-Rachid,
5141.
Svnaxaire, 4779, 4780, 4869, 4870.
Talismans et prières, 4902.
Théodore, évèque de .Jérusalem, Homé-
lie sur saint Georges, 4791.
Théodore, patriarche melkite (d'An-
tioche}, Homi'lie sur Théodore l'Orien
tal, 4776, 4879.
Théodose, Homélie sur saint Michel,
4871, cf. 4791.
Théodose, évèque de Gangres, Sur
saint Georges, 4876.
Théologie, 4704, 4706, 4707, 4895, .5082,
6147.
— Professions de foi, 4786.
— Tradui'tion d'un ouvrage français,
5080.
— Controverses, 5140, 5141.
— Encyclopédie, 6172.
Théophile, Homélie sur Pierre et Paul,
4771.
— Homélie sur Michel, Denys et Théo-
dose, 4889.
Théopiste, Histoire de Dioscoi'e, 4777.
l'imothée. Homélie sur la fête de saint
Michel, 4871.
Timothée, Controverse avec Al-Mahdi,
5140.
Visa, Panégyrique de Chenoudi, 4787,
4888.
Zacharie, évèque de Sakha, Histoire
des moines Abraham et Georges, 4888.
Zakhir (Abd-AUah), 4704.
R. Griveau,
Archiviste paléographe.
LITTÉRATURE ÉTHIOPIENNE
PSEUDO-CLÉMENTINE
III. — TRADUCTION DU QALÉMENTOS.
INTRODUCTION
Le Qalémentos (Clément) éthiopien a été caractérisé^ par
M. Nau dans le Dictionnaire de Théologie catholique Vacant-
Mangenot, article Clémentins (apocryphes) d'après l'analyse
d'un ms. de Tubingue, donnée par Dillmann, cf. Bericht
ilber das .-Ethiopische Buch Clementinischer Schriften, dans
Nachrichten von der Georg. Aug. Univ. und der Kônigl.
Gesell. der Wiss. zu Gottingen, 1858, p. 185-226 (I).
(Le Qalémentos)^ qui comprend sept livres, se divise en deux parties
Dans la T^ (1. I, II), Pierre raconte à Clément la création et la naissance
de la sainte Vierge avec l'histoire du monde jusqu'à Joram, ce que le
Christ lui a appris sur les secrets du ciel et l'avenir, sur la création du
ciel et de la terre, la Trinité, les ordres des anges, la Jérusalem céleste,
le paradis, la création des anges, leur aspect, la chute de Satan, l'avenir
du christianisme sur la terre; il remet à plus tard de raconter ce qui
arrivera à la résurrection ; il énumère 70 hérésies de Simon le Magicien
à Apollinaire Dans la II« partie qui traite des lois et de l'ordre de
l'Église chrétienne, saint Pierre donne à saint Clément les ordonnances
qu'il doit transmettre anx métropolitains, aux évêques, etc., lui trace les
devoirs des prélats et des clercs et lui dicte une foule de règles parti-
culières et de canons pénitentiels {op. cit., Fasc. XVIII, col. 217).
(1) Nous renvoyons le lecteur à l'article de M. Nau sur l'ensemble de la litté-
rature pseudo-clémentine [op. cit., Fasc. XVIII, col. 201). Cet article contient une
étude documentée et précise sur « I. Les Homélies clémentines, les Récognitions
et les abrégés grecs, syriaque et arabes des Homélies ou des Récognitions.
II. L'ouvrage conservé en arabe et en éthiopien, intitulé parfois • l'Apocalypse
de Pierre » et le plus souvent « Clément ». III. Les lettres aux vierges, les
lettres décrétales et les deux apocryphes éthiopiens.... >• ; nous avons édité et
traduit ces deux derniers dans ROC.
LITTÉRATURE ÉTHIOPIENNE PSEUDO-CLÉMENTINE. 73
Le Qalêmentos apparaît comme une compilation de docu-
ments anciens, tels que les Récognitions, la Caverne des
Trésors, le Testament d'Adam et peut-être V Apocalypse de
Pierre, qui auraient été fondus ensemble par un rédacteur
anonyme. D'après Dillmann, l'original arabe serait l'œuvre
d'un chrétien, habitant l'Egypte et écrivant de 750 à 760. La
version éthiopienne aurait été faite plus tard directement sur
cet original.
En sus du ms. de Tubingue ci-dessus mentionné, nous
connaissons quatre mss. de cet ouvrage, à savoir : trois au
British Muséum, Or. n°* 751, 752, 753, et un à Paris, d'Ab-
badie n° 78. C'est ce dernier ms. que nous traduisons (1).
Dans les titres suivants, que nous donnons aux sept livres
du Qalêmentos, nous avons simplement résumé les divers
incipit.
LIVRE PREMIER.
V Ancien Testament depuis la Création jusquà josaphat
(fol. 1 r" a à fol. 42 r° a).
Incipit : (F. 1 r° a) Ç\tïoo s hH '• aitO^f!: : atao'id.li s ^fi.
ohn-t- f n^at-c^ :•: afïtrii • >/*'^:t • n.-t • (f. i r° b) ^r
.... Pour la traduction, cf. iîifra, pp. 78-79.
Desinit : (F. 42 r° a) (D\\^ s aot^dli : ao'i'n/^'p : a}h9°.^"h
(1) Ms. de 209 feuillets, dont trois blancs. Cf. A. d'Abbadie, Catalof/ue rai-
wnné de manuscrits éthiopiens, Paris. 1850, p. 01,
74 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
ÎT*^ :•;: Les jours du règne (de Josaphat) furent (bons). Après
lui, régna son fils Joram ('lyorâm), alors quil était âgé de
32 ans.
LIVRE SECOND.
Première révélation de Pierre à Clément (fol. 42 r" a à
fol. 68 V b).
Incipit : (F. 42 r" a) (\tlim : h'Ù ■ (D(D^^ '. (Dao'^dJï - 4»
A ' iié,^h' •• ^iif9"'i(f^tl ':' --^if nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit, un seul Dieu. Premier des niTjslères que
Saint Pierre révéla à son disciple Clément.
Desinit : (F. 68 r b) (Dh9"f^^^lh ' ff.'i'n^ ' -flîirt. • CK
ït^ili- ••:•' Ensuite régna un prince, appelé Ma (1), qui mois-
sonnait ce quil n avait pas semé, et récoltait ce qui n était
pas à lui.
LIVRE TROISIÈME.
Prodiges montrés à Pierre par le Seigneur (fol. 68 v" b à
fol. 121 r° a).
Incipit : (F. 68 v° b) nA<w> i ^-fl : a)(Dfi\.^ : (Dao'^é.ll '-
^TCTA •• ChA '• fhVCy^' ••:• -4w nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit, un seul Dieu. Xous commençons, avec Vaide
du Seigneur, à écrire les vertus et les prodiges que le
Seigneur et fait voir au bienheureux Pierre, prince des
Apôtres.
Desinit F. 121 i°a) HA"-!: : A-flrh^ • ffl^h-t^ • ©h-fl
C : ©yiV^A-^ :•: M^tn» .• «JA^ ■ h'%'i '<• h"!.! 1 (Dh'%1 '•'
h\\^'b^ •■ Ah'in.K'flrh.C '<• (Jésus-Christ), à qui la gloire,
l'action de grâces, r honneur et la puissance pour les siècles
(1) an Ma est la syllabe initiak' du nom du roi eu question.
LITTÉRATURE ÉTHrOPIEN.N'E PSEUDO-CLÉMENTINE. 75
des siècles. Amen. Amen. Amen. Action de grâces au
Seigneur.
LIVRE QUATRIÈME.
Seconde révélation de Pierre à Clément (fol. 121 r° a à fol.
160 r° a).
Incipit : (F. 121 r° a) Ç\l\aD -. y^^ -. (DOiAj^ î (Dtm'i^fi i
*^ft • bhrf^Tn :•: i-ïc : n^ic • K'vciï ■ cïxfi ' ih'Pcy^ •■
'^ ! ?"/ifi^:i'i' •• fl>-/V*A •• rt-llî» ::= Iw 7iom du Père, du Fils
et du Saint-Esprit, un seul Dieu. Exposé que fit Pierre,
prince des- Apôtres, à Clément., son talmid, c'est-à-dire litté-
ralement {son) disciple. Il lui enseigna tout ce qui aurait
lieu au ciel et sur la terre aussi, concernant la miséricorde
{pour) les fils de V homme.
Desinit : (F. 160 r° a) HA"* •■ lï'iifh^ ' (Baots\\^ : ©h^
C ï (Ddn/2. ! IDlV^A ! (D^?:fï^ :•: AK-fl : flXDAJÇ- : OJ/wi^^C
A : ^^A ' bhr^^ :•: f^WUX • (On^éLl ' flïA^A'W» : «JA (F.
160 r b) jP» :•:: h'^'i '<• h'^'i 'l- (Dh'^'i :•: AJ&ÏT-^ :•: AjE-ïh
"} :•!: hh»-!:^ ! AMH.K'flrh.C :•!: {Jésus-Clirist), à qui {con-
viennent) la gloire, la divinité, rhonneur, la majesté, la
puissance et la sainteté, ainsi qu'au Père, au Fils et au
Saint-Esprit, un seul Dieu, maintenant, à jamais et pour
les siècles des siècles. Amen. Amen. Amen. Ainsi soit-il.
Ainsi soit-il. Action de grâces au Seigneur.
LIVRE CINQUIÈME.
Règlement de VÉglise (fol. 160 r'^ b à fol. 167 v° a).
Incipit : (F. 160 r° b) ({t\aé s ^-fl : (D(Di,\ff: : fDim'y^d s 4»
^A î bhrfùi :•: /^CW : H^'^A^ • (Ui- ' hCA*^^ • H>T
C » MH^ÏiV • Oiao^'^x^ .. ^,f A-A : hCA-f^A • AA.T(^A • </»
|*'^;^ ' An.+ » ïicti-kn • fl^-n^ -. hje.^ j ît^aa : h^'^u- i-
atOhlii: s 'lie î A+A.?"'>fnA •• ^JÇ-h. :•:: ^w nom r/;/ Père,
76 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
du Fils et du Saint-Esprit, un seul Dieu. Règlement de la
Sainte Église, que Notre-Seigneur et Notre-Sauveur Jésus-
Christ exposa à Pierre, fondement de rÉglise, sur la mon-
tagne des Oliviers, ainsi qu'à ses frères. {Pierre) exposa {ce
règlement) à Clément, son disciple.
Desinit . (F. 167 v° a) A^A<w> .- ^A?" '<' h'^t ':• (Dti*^
t ':' AJ&V^7 *•:• ii^\i''i ''.'• Pour les siècles des siècles. Amen.
Amen. Amen. Ainsi soit-il. Ainsi soit-il.
LIVRE SIXIÈME.
Le bâton de Moïse (fol. 167 v" b à fol. 186 r" a).
Incipit : (F. 167 v° b) fl^C ■ HHflrn : Art^^^ - \lC{ï-f-tl •■
auro-iYi^ : n^A • hmUh'diiuC '- n+^'TL •• A*l •:= Le bâton
avec lequel le Christ a frappé Satan, c'est bien le bâton de
Moïse, qui a opéré des prodiges et des miracles sur la parole
du Seigneur dans la Première Loi.
Desinit (F. 186 r° a) W^o-fc^ : Aλ*7H,K'flrh.C :•: M^ao ,
^A?" •:= Y\'%'i ''\' Action de grâces au Seigneur pour les
siècles des siècles. Amen.
LIVRE SEPTIÈME.
Troisième vision de Pierre (fol. 186 r° a à fol. 206 r° b).
Incipit : (F. 186 r° a) «^AA ■ >7C ■ (D^MH •• ndïi'ii'
tlï^ •' AhA '■ l-flh» : <hh^ • /^h^ • **l^t\ ' 'lie • HCÎif
^Tcf A • flïA^ ' f-ç • nr*{ifi : 9,p '• n^.^K^ •■ n-tohva
A^T'fl.'h •• 0**^^^,^ ''.' Troisième exposé et ordonnance au
sujet de la pénitence pour ceux qui sont retombés il). Ex-
plication {et) exposé de la troisième vision du mystère, que
vit Pierre, fils de Yonâ, gratifié de la grâce auxiliatrice,
qui {lui) fut donnée pour la prophétie du salut.
Desinit (F. 206 r" b) h'^^aD : ^AîT» :•: h'^'i :•: hl/i '<'
(Dh'^'i 'l' A/ith'} •.•: A^ïh*} :!: Pour les siècles des siècles.
Amen. Amen. Amen. Ainsi soit-il. Ainsi soit-il.
(1) Les lapsi.
I
LITTERATURE ETHIOPIENNE PSEUDO-CLEMENTINt. //
Voici le colophon ; (F. 206 r" b) œ-téJktn» s lUft: : <w»X'rh
^ft : ^'h/*' : (DM •' S^tlih^ ' ^Aft :•:
(Dh-Çiâx^ '- A (F. 206 r a) MH.h'flrh.c: •:: A^A<n> : «JA
jT» :•:: h^l ''\- (Dh'^Tr ::• = :•:
... (1) aorvc ' ^àh : Tncii-f-h ' 'vn-^ -- f^rdiCoo- -. ?»-»
-na-d :!: A^A<w» : «JAî^ :•: h^Ti I flïh'^'} :•: = :•: ai<CJt4.ft
rt • A^p-c^ft î HK<w»ai ! n-nH-'î » ^pd •<' je-x-rhç • A*r» -
YicMii ' A.4» • -irn • «jrA î flïc* ' n+A<w> : flic4» :•: nrti
A : ;\/^^^ : -t^'J •-: >i<w> : /Î,V*7/*' ï flA-n^l • «"P-^ • O^l}
1 :•: aJîP»ftA ï A** s W-A-tf*»- • 'în-^ ? JK.îP'r/iC?<n>- : MH^^-fl
rh.C •':• nXA-i- ! J<Dë*tl^^ •■ (F- 206 v° b) atdf.^-f"^ • A
ïflïër/i<PC^^ ï nî\A-;^ •• AMTfîi^V • *^C^în» : aiA-^+ • li
îP"Ah :•: ©Ahoç^vL • i*"?^^ ! 'Vn-^ .• f^^rAiCo^ • Mtu^-n
(F. 206 r° b) Le livre de Clément a été terminé l'an 64. de
la miséricorde dans les jours du roi Josias ('lyosyàs) et
de A bba Isaac, patriarche.
Gloire au (F. 206 v° a) Seigneur pour les siècles des siècles.
Amen. Amen.
Moi, David, pécheur et ciHmiîiel, j'ai écrit ce que m'a fait
écrire Abba Wagris, gardieîi de la maison des trésors de
Saint Qirqos.
... le docteur Takâ-Krestos, que le Seigneur, ait pitié d'eux
tous (2) dans le royaume des deux par la prière du bien-
heureux Clément pour les siècles des siècles! Amen. Amen.
(1) Une ligne a été biffée. Seul le mot 'h'>M tandis que subsiste au milieu de
celte ligne.
(2) Cf. note 1. Il y avait sur la ligne biffée la mention d'un ou de deux person-
nages. — 'Vn**! conjointement a été traduit ici et plus bas par tous.
78 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Surtout Georges (Giyorgis), qui a peiné dans de nombt^euses
veilles, que le Christ Maître inscrive son nom à la colonne
d'or avec un qalam d'or! {Georges), qui fut avec les bons
justes, lorsqu'il régna sur le sanctuaire {\) de Dabra-Tsyon,
lui ainsi que tous ses enfants, que le Seigneur ait pitié d'eux
tous par la prière des quinze prophètes, (F. 206 v° h) par la
prière des douze apôtres, par la prière de Notice-Dame
Marie, génératrice de Dieu! Les bons prêtres aussi, que le
Seigneur ait pitié d'eux tous pour les siècles des siècles!
Amen. Amen. Amen. Ainsi soit-il. Ainsi soit-il.
Noire traduction est littérale. Le texte éthiopien des passages
obscurs, incomplets ou fautifs, ainsi que la forme de tous les
noms propres sont donnés dans les notes.
TRADUCTION
LIVRE PREMIER
l'ancien TESTAMENT DEPUIS LA CREATION JUSQu'a JOSAPHAT
(fol. 1 r° a à fol. 42 r° a).
CHAPITRE PREMIER (2)
Origine et circonstances des révélations de saint Pierre
à, saint Clémen'
Les Apôtres s'adjoignent des disciples. — 2. Les Juifs persécutent les Apô-
tres et les fidèles. — 3. Saint Clément demande à saint Pierre de l'instruire.
— 4. Saint Pierre accède à cette demande.
(F. 1 r« a) Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, un seul Dieu.
A dit Saint Clément (3).
1. Les Apôtres s'adjoignent des disciples. — Après la montée au
(1) «DtiTr signifie souvent sanctuaire (tôtioi;).
(2) Pour faciliter la lecture du Qalêmentos, nous avons divisé le texte [scriptio
continua dans le ms.) en chapitres et en paragraphes, et nous avons ajouté des
sous-titres.
(3) 4»^n I +A,^Trrnft Saint Qalêmentos.
LITTÉRATURE ÉTHIOIMENNE l'SEL D(i-CLÉ.MEXTINK. 79
ciel de Notre-Seigîieui' et Xotre-Sauvenr Jésus-Christ, les disciples se sont
séparés, (allant) jusqu'aux extrémités du monde, afin de prêcher la nou-
velle de l'Évangile Saint, de convertir les peuples à la foi et à la connais-
sance (de Jésus-Chnst), et de les baptiser du saint baptême de la nais-
sance nouvelle. C'est pourquoi les Apôtres ont voulu chercher pour eux
des disciples, qui allassent avec eux dans les pays. Alors (F. 1 r° b)
Simon Pierre me prit et me fit son propre disciple. En effet, j'avais cru
en lui et en Celui qui l'avait envoyé, et j'avais reconnu qu'il était le chef
des Apôtres, à cause de la parole qu'a dite Notre-Seigneur et Noire-Sau-
veur Jésus-Christ dans l'Évangile : Tu es pierre, et sur cette pierre je
bâtirai mon Église, et les portes du Schéol ne prévaudront point contre elle.
Je te donnerai les clefs du royaume des deux (l). Après de longs jours, il
prit deux frères et les fit ses propres disciples. Puis, lorsque j'eus
demeuré avec lui vingt ans, il me prit, me conduisit vers mon père et
(vers) ma mère, appelée (F. 1 v» a) Metroryà (2), et me révéla les mys-
tères que Notre-Seigneur Jésus-Christ lui avait appris sur la montagne
des Oliviers.
2. Les Juifs persécutent les Apôtres et les fidèles. — A cette
époque-là, les Apôtres et tous les fidèles subissaient une grande persécu-
tion de la part des Juifs infidèles. En effet, les Juifs continuaient à tuer
tous les fidèles qu'ils rencontraient. Alors, le bon Pierre partit et entra
dans une ville. Moi aussi, (je partis) avec lui. Là nous trouvâmes une
grande persécution, (causée) par les querelles (venant) des Juifs infidèles,
et par leurs questions sur la généalogie de Sainte Marie, car ils disaient
d'elle (F. 1 v" b) qu'elle n'était pas de la souche de Juda, pour ruiner
la venue de Notre-Seigneur et Notre-Sauveur Jésus-Christ dans le monde.
En effet, eux-mêmes continuaient à donner beaucoup d'argent de sou-
doiement aux Grecs et aux Romains, afin qu'ils les aidassent pour l'ex-
termination des fidèles. Ils empêchaient les Apôtres de lire la Loi, afin
qu'on ne connût pas la création primitive du monde (3).
3. Salnt Clément demande a saint Pierre de l'instruire. — Lorsque
j'eus vu toute cette persécution, qui venait sur moi de la part des Juifs
infidèles, je m'enquis auprès de mon Maître Simon-Pierre, et je lui
demandai de me faire comprendre et de m'exposer comment (F. 2 r*» a)
avait eu lieu la création primitive du monde. En effet, lui-même connais-
sait tous les mystères de la part de Jésus-Christ Notre-Seigneur. Quant
à moi, je connaissais la langue des Grecs, leurs livres, tous leurs mys-
tères et leur philosophie.
Je racontai à mon Maitre toute la haine et (toute) la jalousie, qui étaient
venues contre moi. (Je lui racontai) ce pourquoi les Juifs m'avaient
outragé et querellé au sujet de Sainte Marie, (en disant) que je n'avais
pas la science de la Loi et des prophètes, et (lui dis) qu'ils m'avaient
questionné beaucoup sur la création de notre père Adam, qu'ils avaient
(1) Matth., XVI, 19.
(2) r'Tecf.
(3) ♦Jî'^ I çT^t « 'hf\r'.
80 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
blasphémé énormément contre Notre-Dame Sainte Marie, et que (F. 2 r^b)
je n'avais pa? trouvé d'argument, par lequel confondre leur malice et
leurs paroles impures.
4. Saint Pierre accède a cette demande. — Lorsque j'eus raconté
tout cela à mon Maître, il fut triste énormément. Le zèle entra en lui et
il me dit : Moi-même, je te révélerai, ô mon Fils, tout ce que tu m'as
demandé ; je te ferai comprendre la création primitive du monde, et je te
démontrerai au sujet de Sainte Marie, mère de la Lumière, qu'elle est
évidemment, sans confusion (possible), de la souche de Juda, fils de
Jacob. En outre, je te raconterai comment Satan est tombé du ciel.
CHAPITRE II
La Création.
1. Majesté de Dieu. — 2. Création des anges. — 3. Les sept jours de la création.
1. Majesté de Dieu. — Comprends donc, ô mon fils Clément, que le Sei-
gneur existait à l'origine et avant l'origine, (F. 2 v° a) lui qui n'a pas de
commencement, ni de fin. Il est élevé bien au-dessus des (êtres) élevés,
lui qui n'est pas connu par l'intelligence, ni par l'entendement, lui qui
n'a pas de partie inférieure, ni de partie intérieure, ni de partie exté-
rieure. II est le principe des jours et des époques antiques (1). 11 est
inconcevable et inexprimable. Il est au-dessus de tout. Il existe dans la
beauté de sa divinité au-dessus de ses créatures. Avec les créatures et
sous les créatures (il a encore) la beauté. Il crée une lumière brillante,
une lumière dont n'approchent pas les ténèbres, lui qui va dans les lu-
mières, lui que les yeux n'aperçoivent pas. Il existait (F. 2 v» b) avant les
créatures. 11 est l'auteur de tout et le créateur de tout, lui dont la gloire
vient de lui-même. Il est le créateur de tout, que l'on glorifie, afin que
la grandeur de sa majesté et la force de sa puissance soient manifes-
tées. II est l'auteur des cieux et de la terre.
2. Création des anges. — Voici : je t'exposerai, ô mon fils Clément, que
le Très-Haut (a créé) avant toute (autre) créature ses anges, (divisés) en
neuf familles, et qu'il les a établis, pour qu'ils le glorifiassent avec des
chants, des rythmes et des mélodies suaves, chacun selon son degré.
La plus grande (famille) d'entre eux approche le trône du Seigneur. C'est
la famille de Sâtnâ'êl (2). C'est la première de toutes (les familles) des
(1) Texte : nianXl: i <|»^«»l • ilAff « ooVùA « tonaff^ i Jl est le principe de
l'Ancien des jours et des époques. Cf. Daniel, vu, 13. — Nous avons lu •flA'j& • <"»
TÔA (au lieu de «flA-f i «""PdA), qui nous paraissait offrir un sens meilleur.
A la rigueur, ce sens pourrait être obtenu, même en laissant subsister Vétat
construit («flA-f), puisque, çà et là, les adjectifs qualificatifs sont unis aux noms
par le moyen de l'état construit. Cf. Dillmann, Grammatik der aeth. Sprache
(édition C. Bezold), p. 409.
(2) tifVKii.
LITTÉRATURE ÉTHIOPIENNE PSEUDO-CLÉMENTINE. 81
anges. (Les anges de cette famille) font monter (F. 3 r» a) leur glorifica-
tion vers le Seigneur, sans se taire.
3. Les sept jours de la création. — Le premier jour saint, c'est-à-
dire le commencement des jours, le premier-né des jours, le Seigneur
créa le ciel supérieur et la terre ; la famille des Anges supérieurs, c'est-
à-dire la famille de Sâtnâ'êl, les Anges, les Archanges, les Vertus, les
Puissances, les Trônes, les Principautés, les Ministres (1) : les Séraphins e'
les Chérubins ; la clarté et la lumière ; le jour et la nuit; les vents, l'eau et
le feu. Il accomplit tout cela le premier jour saint par sa première parole.
Le jour où (F. 3 r° b) le Seigneur créa tout cela, l" Esprit-Saint fit de Vom-
bre sur les eaux (2). Les eaux furent bénies et sanctifiées, et en elles se
multiplièrent, par la procréation, tous (les êtres) ayant une âme vivante.
Le second jour, le Seigneur créa l'eau inférieure, que les yeux de
l'homme voient clairement. Le firmament fut séparé des cieux supérieurs.
En effet, au-dessus du ciel, appelé Fàlêk (3), il y a un autre ciel; au-
dessus de ce ciel il y a un autre ciel, appelé Dortiqon (4); au-dessus de
ce (dernier) il y a la flamme du feu ; au-dessus du feu il y a un autre
ciel. Tous les cieux sont remplis d'une clarté et (F. 3 v° a) d'une lumière,
que les yeux de l'homme ne peuvent pas voir. En ce second jour, le
Seigneur créa (une séparation) entre l'eau (5) qui est au-dessus du ciel, et
l'eau qui est sur la terre. La montée de l'eau eut lieu ce jour-là en forme
de nuages denses. Quant aux eaux qui sont restées, elles demeureront
dans les airs à jamais et seront ballottées çà et là.
Le troisième jour, le Seigneur ordonna aux eaux qui se trouvaient
sous le ciel, appelé Fâlèk, de se réunir dans un endroit, afin que le sec
apparût. Il en fut ainsi. Alors (le sec) apparut, en étant de la boue,
(F. 3 vo b) de la terre et de l'eau mélangées. L'eau exista sur (terre) et
sous (terre). Les vents, eux, montèrent du sein de la terre et soufflèrent
avec mesure. C'est par eux que vit toute créature du type de l'éponge,
qui demeure sur l'eau. En ce jour, le Seigneur ordonna (à la terre) de
produire des herbes vertes, des arbres, des semences, des plantes médi-
cinales et autres (végétaux).
Le quatrième jour, le Seigneur créa le soleil, la lune et les étoiles,
afin qu'ils remplissent un rôle (utile) pour la terre (6). Le soleil (eut pour
rôle de sécher) la boue et d'endurcir la terre.
(1) fl»A>»ïi'V ï A'^^A I (D1i.<.n>A :•: Les Séraphins et les Chérubins sont con-
sidérés par l'auteur comme ayant pour mission d'exécuter les volontés divines,
puisqu'il les appelle A>i>iTr ministres, serviteurs.
(2) Gen., i, 2.
(3) 4.A.V1.
(4) ^C-t^-V.
(5) Texte : rt'^ja le ciel. Cette leçon du ms. est évidemment une faute de
copiste. Le sens exige qu'on lise «^j& l'eau.
(6) Texte : ïi<n> i ;£n"V i Tr^f i ^n i 9*Ji:C • Mot à mot : afin qu'ils fussent
lies instruments sur terre.
ORIENT ClllitTIEN. g
82 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Le cinquième jour, le Seigneur ordonna aux eaux de produire (F. 4
r° a) la famille des poissons aux diverses espèces (1). De plus, il créa (les
oiseaux) qui volent au-dessus de l'eau, et ceux qui volent dans les airs,
ainsi que les grands monstres marins, dont l'aspect est étonnant (2).
Le sixième jour, le Seigneur créa de terre tous les animaux, les bêtes
et les vers. De plus, il créa notre père Adam de terre, et il créa notre
mère Eve d'une côte (diAdam).
Le septième jour, comme il avait fini, il se reposa de toute son œuvre,
et il appela (ce jour) le sabbat.
CHAPITRE III
Création d'Adam et d'Eve.
1. Création d'Adam. — i. Gloire et majesté d'Adam. — 3. Souveraineté
d'Adam. — 4. Machination de Satan contre Adam. — h. Entrée d'Adam au
paradis. — 6 Création d'Eve. — 7. Description du paradis.
1. Création d'Adam. — Le Seigneur créa notre père Adam à trois
heures, le vendredi, le sixième jour. Or, à cette même heure, (F. 4 r° b)
la jalousie pt l'orgueil entrèrent dans Satan. Le Seigneur le fît descendre
du ciel sur la terre. Avant que (le Seigneur) créât notre père Adam, le
silence se fit sur toutes les puissances des cieux. Le Seigneur Père dit à
son Fils et à l'Esprit-Saint : Venez : faisons rhomm.e à notre image et a
notre ressemblance (3). Lorsque les anges eurent entendu cette parole de
la part du Seigneur Très-Haut, il vint sur eux une grande frayeur et
(une grande) épouvante. Ils conversèrent entre eux, en disant : Quelle
est cette grande merveille, que nous apprenons? Comment se peut-il que
(F. 4 v° a) l'image et la ressemblance de notre Dieu et de notre Créateur
apparaissent?
Alors, les anges virent la (main) droite du Seigneur, (qui) était étendue
sur toute la terre. Le monde entier était dans sa main. Voici qu'il prit
de toute la terre un peu de poussière, de toutes les eaux une goutte
d'eau, de l'air un peu (d'air), du feu ardent (4) un peu (de feu). Tous (ces
éléments) étaient dans sa main. Le Seigneur créa notre père Adam de
ces quatre (éléments) faibles (et) sans force, afin que toutes les créatures
obéissent (à Adam. Il le créa de) terre, afin que (F. 4 \° b) toute créature
(qui existe sur terre) lui obéît; (d'eau, afin que toute créature) engen-
drée dans l'eau (lui obéit); d'air, afin qu'il put sentir par lodorat ce
qu'il respirerait; de feu, afin que son corps devînt fort par la chaleur et
(1) Texte : HHHLJiW*"»* ' 'ï'flC*<»'>* :•: Mot à mot : aux diverses couleurs. Çà et
là, «ï-flC, qui signifie forme, aspect, d'où espèce.
(2) Texte : ôO-H, qui signifie dur, difficile, mais aussi quelquefois étonnant.
(3) Gen., i, 26.
(4) Mot à mot : de Vardeur du feu.
LITTÉRATURE ÉTHIOPIENNE PSEUDO-CLÉMENTINE. 83
qu'il trouvât (en elle) une force adjuvante. C'est ainsi (1) que le Seigneur
créa notre père Adam à sa propre image et à sa ressemblance, de ses
mains saintes. (11 le créa) à sa propre ressemblance, afin qu'il reçût la
sagesse, le langage, la faculté de sentir (2) et toute science.
2. Gloire et majesté d'Adam. — Lorsque les anges eurent vu la majesté,
l'honneur et la gloire qui étaient sur Adam, ils eurent peur et ils trem-
blèrent à cause de la grandeur de sa majesté. (Le Seigneur) l'avait cou-
ronné. Sur son visage brillait la lumière de la divinité, qui (F. 5 r° a) était
plus brillante et plus intense que la lumière du soleil. Son corps brillait
comme l'étoile du matin. I^orsque (le Seigneur) eut fini de cvéev Adam,
(Adam) se tint à la face de (3) toute la terre, dressa ses pieds sur le Gol-
gotha (4), et étendit sa main droite et sa main gauche à l'endroit où l'on
planta l'arbre de la croix de Notre-Seigneur. Ensuite, le Seigneur revêtit
notre père Adam d'un vêtement royal, lui mit sur la tête une couronne
de gloire, et (l'éleva) à une grande majesté. Il lui mit sur la tête une cou-
ronne de gloire, et l'institua, par là, prêtre, prophète et roi.
3. Souveraineté d'Adam. — Le Seigneur le fit siéger sur un trône de
gloire. (F. 5 r° b) Tous les animaux, les bêtes, les oiseaux, tous (les êtres
animés), que le Seigneur avait créés, se rassemblèrent auprès {à'Adam)
et se tinrent devant lui. Ils inclinèrent la tête et se prosternèrent devant
Adam. Il les appela tous, chacun par leur nom. Ils obéirent à Adam et
observèrent ses paroles. Alors, les anges entendirent laparole du Seigneur
Très-Haut, qui disait : 0 Adam, voici que je t'ai établi roi, prêtre, pro-
phète, prince et maître de toutes les créatures. Qu'elles obéissent à ta
parole et qu'elles soient sous la main de toi seul ! Je te donne la puissance
et je te permets de faire ce que tu voudras à l'égard de toutes (F. 5 v° a)
les créatures. Lorsque les anges eurent entendu cette parole de la part du
Seigneur Très-Haut, la majesté à' Adam fut énormément grande devant
eux.
4. Machination de Satan contre Adam. — Lorsque Satan eut vu la
grandeur et la gloire qui étaient données à Adam par le Seigneur, il le
jalousa à partir de cette heure-là, et se mit à songer à son sujet, afin de
trouver contre lui l'occasion de le séduire et de se faire obéir de lui (5).
Alors, Satan devint rebelle à la grâce du Seigneur, qui demeurait en lui.
A ce moment-là, le Seigneur (lui) ôta le vêtement de gloire et de grande
majesté qui était sur lui, et il l'appela du nom de Satan (6). (F. 5 v» b)
En effet, il était devenu arrogant envers le Seigneur, n'était pas allé dans
ses voies, et avait désiré la gloire pour lui-même.
(1) Texte : mfi'h'ytli c'est pourquoi.
(2) L'infmitif 111, 1 -p-^ahii doit être considéré ici comme l'équivaleni de
'l'Pfl, qui signifie sens et faculté de sentir.
(3) Texte : ahfif- dans, sur.
(4) ?-A');^ Gualgotâ.
(5) Texte : atfi^hnH s A"* :•: afin qu'(.4dam) lui obéit.
(6) ùfitn'Tt. Auparavant Satan s'appelait iJTT/bA SûtniVél. Cf. supra.
84 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
5. Entrée d'Adam au paradis. — Pendant qu'Adam s'était tenu sur le
Golgolha, voici que toutes les créatures s'étaient rassemblées vers lui,
afin d'entendre la parole du Seigneur, par laquelle il avait été fait (1).
Alors, vint une nuée de lumière. Elle porta Adam et le conduisit dans le
paradis. Toutes les armées des anges allèrent avec Adam, en exécu-
tant (2) des hymnes, des chants et des mélodies suaves. Les Chéru-
bins (3) bénissaient; les Séraphins (4) chantaient : Saint, Saint, Saint (5),
devant lui. (Les anges) l'amenèrent au paradis. Adam entra au paradis à
trois heures, (F. 6 r" a) le vendredi. Le Seigneur lui signifia tous les com-
mandements et lui ordonna expressément de. ne pas manger (du fruit) de
l'arbre qui était dans le paradis.
6. Création d'Eve. — Ensuite, le Seigneur Très-Haut fit venir le som-
meil sur Adam, (qui) dormit dans le paradis d'un sommeil délicieux. Le
Seigneur prit une de ses côtes gauches (6), et en créa Eve. Lorsque Adam
fut réveillé de son sommeil, il vit Eve, se réjouit et l'aima énormément.
Pendant qu'ils demeurèrent dans YÉden (7), le paradis du bonheur, le
Seigneur les revêtit de la gloire et de la majesté, et se réjouit (F. 6 r° b)
énormément de la grandeur de la gloire qui était sur eux. Le Seigneur
les couronna pour (leur) mariage, e* se réjouit à leur sujet, (lui) ainsi que
tous les anges. Il y eut par conséquent une grande joie, telle qu'il n'y en
avait pas eu depuis (l'origine du) monde, et telle qu'il n'y en aura pas,
jusqu'à ce que soit entendue la parole de la joie de la part de ceux qui
seront à droite (8). Adam et Eve habitèrent dans le paradis à trois heures.
7. Description du paradis. — Le paradis était élevé dans les airs; la
terre (du paradis) aussi était céleste et s'élevait de quinze coudées au-
dessus des hautes montagnes et collines. (L'arbre du fruit défendu) était
le symbole de l'arbre de la croix, (F. 6 v» a; sur lequel (Jésus-Christ)
étendit ses mains, de l'arbre de la vie et du salut, (de l'arbre) de la croix
sainte, qui fut plantée en terre.
(.4 suivre.)
Bézaacourt par Gournay-en-Bray, le 12 janvier 1911.
Sylvain Grébaut.
(1) Texte : ,*A : hlH.h'ttth.C •■ Hja^7nc « ^fl/WU* :•:
(2) Texte : yflA avec.
(3) n<.n.A
(4) ft-/{.iCA.
^ô) Texte : atH-à'é^A : jB«fejÇrt- •• ^jçr'^lh. Or, le sens de +jçrt est ici chanter
le trisagion.
(6) Mot à mot : un os de son côté gauche.
(~) h,^T* 'Édom.
(8) L'auteur fait allusion ici à la parole de l'Évangile, relative au jugement
dernier. Cf. Matth., xxv, 33.
CATALOGUE SOMMAIRE
DES 31ANUSCRITS COPTES
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
(Suite) (I)
III. LITURGIE
63
Liturgies de saint Basile, de saint Grégoire et de saint
Cyrille {bohaïrique), avec traduction arabe.
A. Fragment latin (Actes) sur parchemin. I r. Prières pré-
paratoires. 52 r. — 89 V. Anapliore de saint Basile. 90 r. —
101 V. Prières préparatoires. 101 v. — 166 r. Anaphore de
saint Grégoire. 166 v. — 177 r. Prières préparatoires. 177 r.
— 258 V. Anaphore de saint Cyrille. 259-260. Fragment ar-
ménien sur parchemin (écriture erkathagir).
Dans la liturgie de saint Basile, ce manuscrit mentionne,
à r« Absolution du Fils », les Apôtres, Marc, Sévère, Cyrille,
Basile, les conciles de Nicée, Constantinople et Éphèse, enfin
le patriarche. Au « Mémento des saints » sont nommés Sévère,
Dioscore, Cyrille, Basile, Grégoire, Antoine, Paul, les trois
Macaire, Jean, Pischoï (niiya)i), « nos pères de Rome », les
49 martyrs de Scété et Moyse. Parmi les prières précédant le
Pater, il n'y a pas celles qui commencent par (l)f nip6c|uici •••
et eAKf iiAii iinieuov ... Cette liturgie se termine par la
(1) Voir HOC. 1910, p. 85, 133 et 39-2.
86 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
« prière de la bénédiction » : haoc mot ... (81 r.) dans la-
quelle sont mentionnés les saints Etienne, Georges, Théodore,
Mercure, Menas, Antoine, les trois Macaire, Jean, Pischoï,
« nos pères de Rome », les 49 martyrs et Moïse. Vient ensuite
(88 r.) « la bénédiction des pains d'eulogie » (|)iihb rioc ...
Ms. de 264 feuillets; 16,5 x 13. Sans date.
Ce manuscrit comprend une partie plus ancienne, cotée en
lettres coptes au verso; au recto tous les feuillets sont cotés en
chiffres. La numération moderne commence par A, B et s'étend
ensuite de 1 à 260 avec 76^' et 76^ Division en cahiers de dix
feuillets, avec ornement à la première et à la dernière page.
Il faut intervertir les derniers feuillets dans l'ordre suivant :
240, 247 à 251, 254 à 258, 241 à 243, 252, 253, 244 à 246, 259
et 260.
Chaque liturgie est précédée d'un ornement. Les titres sont
écrits en lettres rouges. Majuscules noires, rehaussées de rouge.
A ne s'élève pas au-dessus des autres lettres, mais s'abaisse
au-dessous de la ligne. La base de b est rectilinéaire et beau-
coup plus large que la lettre. <\) porte un point rouge dans la
boucle, à gauche de la tige; l^ est aussi accompagné d'un point
rouge.
Acquis à Nikiou, en 1671, par Vansleb dont le cachet sur
cire est empreint aux feuillets 1 et 260. — Regius(?).
Invent. : Copte 28.
64
Liturgies de saint Basile, de saint Grégoire et de saint
Cyrille {bohairique), avec traduction arabe.
1 r. — 33 r. Prières préparatoires. 33 r. — 58 r. Anaphore
de saint Basile. 58 r. — 64 v. Quatre prières. 65 r. — 73 v.
(sauf 67 et 69). Prières préparatoires. 76 r. — 89 v. Partie de
l'Anaphore de saint Basile. 74 r. — 75 v., 69, 67 et 90 r. —
108 r. Anaphore de saint Grégoire. 108 v. — 114 v. Prières
préparatoires. 114 v. — 161 r. Anaphore de saint Cyrille.
Dans la liturgie de saint Basile, ce manuscrit mentionne, à
l'cr Absolution du Fils », les Apôtres, Marc, Sévère, Cyrille,
Basile, Grégoire, les conciles de Nicée, Constantinople et Éphèse,
MANUSCRITS COPTES. 87
le patriarche et Tévêque. Au « Mémento des saints » sont nom-
més Sévère, Cyrille, Basile, Grégoire, Antoine, les trois Macaire,
Jean, Pischoï, « nos pères de Rome », les 49 martyrs de Scété
et Moyse. Cette liturgie se termine comme dans le codex 63,
par la prière haoc iiiof ... : on y trouve les mêmes noms de
saints, sauf que les 49 martyrs et Moyse sont remplacés par
Schenouti. Viennent ensuite la « bénédiction des pains d'eulo-
gie » et deux oraisons qui se récitent « après le repas »
[ueiieucA niov(oip] et pour bénir l'eau [exeii otuujov].
— Dans la liturgie de saint Grégoire, au « Mémento des saints »
sont mentionnés Sévère, Cyrille, Basile, Grégoire, Antoine et
les trois Macaire.
Ms. de 161 feuillets; 26 x 12. Sans date.
Ce manuscrit est coté de t. [7, feuillet 4] à poï. [177, feuillet
160]; six feuillets ont une double cote, au recto et au verso :
37, 58, 127, 137, 147 et 157; les nombres e et pKe ont été
omis; les feuillets A-fe', k-kb, ab-at, oa-ofe, ne-pK^ pou
du manuscrit primitif ont été remplacés par les feuillets 1-3,
16-17, 27, 65-67, 90-108, et 161. Les feuillets 69 et 65 devraient
se trouver placés entre 75 et 90; 76 à 89 viennent d'un autre
codex. Cahiers de dix feuillets, cotés par première et dernière
page avec ornements en couleurs.
Les prières commencent parfois par une ligne de majuscules ;
rinitiale est à l'encre noire, rehaussée de rouge : si c'est (\> ou
t, la tige est très longue. Id porte un point rouge dans la bou-
cle; (J) en a deux.
Les feuillets 76 à 89, paginés gr à o^, mesurent 18 x 11.
Ils contiennent une partie de l'Anaphore de saint Basile,
depuis Aqxcju ab iiaii ehpHi jusqu'au début du « Mémento
des saints ». Division en cahiers : le feuillet o est le dernier
du 8" et le feuillet oa le premier du 9' cahier. La cote est en
chiffres coptes, en chiffres et en lettres an début et à la fin de
chaque cahier. Grandes majuscules, parfois peintes, ornées
d'une tête d'animal. La barre transversale de t couvre les
lettres voisines et la tige se termine en anneau ; (|) et b ont un
point rouge dans la boucle.
Acquis à Nikiou, en juin 1671, par Vansleb, dont le cachet
88 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
sur cire est empreint sur le premier et le dernier feuillet.
Regius, 348.
Invent. : Copte 24.
65
Liturgies de saint Basile, de saint Grégoire et de saint
Cyrille {bohaïrique), avec traduction arabe.
2 r. — 46 V. Prières préparatoires. 47 r. — 93 v. Anaphore
de saint Basile. 94 r. — 103 r. Prières préparatoires. 103 v.
— 146 V. Anaphore de saint Grégoire. 147 r. — 154. Prières
préparatoires. 154 v. — 198 v. Anaphore de saint Cyrille.
198r. — •229v. Service de la messe. 230 r. — 23 Ir. Pièce
arabe.
Pour la liturgie de saint Basile, ce manuscrit comprend dans
r« Oraison des Pères » entre riAMii on ... api (|)uevi
mieqxmoajov ••• et rtoiiK nxooic une intercalation com-
mençant par les mots f ueT^yeu^e lAtoAoïi--- (39 r.) et,
après les deux « Oraisons du baiser de paix », une troisième
attribuée à l'apôtre saint Jacques : (\>f ovoe <1)iihb (46 r.).
Dansr« Absolution du Fils » sont mentionnés les apôtres, les
saints Sévère, Dioscore, Chrysostome, Cyrille, Basile, Grégoire,
les conciles de Nicée, Constantinople et Éphèse, ainsi que le
patriarche et l'évêque. Le <> Mémento des saints » porte, après
Marc l'évangéliste, les noms de Sévère, Dioscore son disciple,
Chrysostome, Athanase, Cyrille, Basile, Grégoire, Antoine,
Paul, les trois Macaire, Jean Thigoumène, Pischoï, Maxime et
Domitius de Rome, les 49 martyrs. Moïse, Isidore, Arsène,
Jean le noir, Daniel Thigoumène, Pidjimi, Éphrem, Pachôme
(naiioju) et son disciple Théodore, Schenouti et son disciple
Visa (baica), Benofer (abba ûovqep), Siméon Stylite, Samuel
le confesseur et ses disciples Juste et Apollon, Barsoma
(iiApccouA) le sage, Benipi (b6iiiiii) et son disciple Jean,
Barsoma le nu, Tedji (Texi). Dans Toraison de r« Absolution
du Père », est intercalé un morceau (82 r. — 84 v.) Api (i)uevi ...
Il peu 26 qui n'existe pas dans les autres codices de la Biblio-
thèque. La « Prière de la bénédiction » noc iioeeu une-
MANUSCRITS COPTES. 89
KAAoc ... (90 r.) ne se trouve que dans les manuscrits 65
et 72. Elle est suivie d'un Mémento pour le patriarche défunt
Api c|)ueTi noc wf'hrxH ...
Ms. de 234 feuillets; 21 x 13. Sans date : au verso du feuil-
let 234, une note arabe donne deux dates postérieures à l'an
1000 de l'ère des martyrs.
Ce manuscrit est coté en lettres (jusqu'à pue) et en chiffres
coptes; les deux premiers feuillets sont plus modernes, le
troisième porte le chiffre 6[= 5]; le scribe a omis qe et pu
mais a redoublé pqn et pqo.
Il est divisé en cahiers de dix feuillets, cotés par première et
dernière page avec ornement en couleurs.
Un ornement en couleurs précède chaque liturgie et chaque
anaphore. Les majuscules sont rouges, ornées de vert; le texte
commence souvent par une ligne de majuscules parfois suivie
d'une ligne de texte à l'encre bleue. Les lettres cj), z et j) por-
tent un point rouge; les abréviations sont surmontées d'un
trait noir qui coupe un gros point rouge. Dans la reliure sont
deux feuillets d'un manuscrit syriaque contenant des tables de
leçons du Nouveau Testament. Une feuille collée sur la dernière
page contient une note descriptive, par Joseph Ascari, datée
de 1736.
Claude Hardy (dont le nom est écrit en latin, en syriaque et
en copte sur la couverture). — Colbert, 4901. — Regius, 302.
Invent. : Copte 20.
Bibl. — E. Renaudot, Liturgiarum Orientalium Collectio,
t. 1, 1725, p. 1-52 (traduction latine des trois liturgies).
66
Liturgies de saint Basile, de saint Grégoire et de saint
Cyrille [bohaïrique).
Ir. — 36v. Prières préparatoires. 38r. — 74v. Anaphore
de saint Basile. 74v. — 77 v. Prières préparatoires. 78 r. —
110 V. Anaphore de saint Grégoire. 111 r. — 118r. Prières
préparatoires. 118v. — 177 v. Anaphore de saint Cyrille. 178.
Feuillet coté tob : recto, fragment d'hymne; verso, arabe.
90 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
2iOr. — 211 V. Texte biblique, en arabe. 212 r. — 217 v.
Mémento des saints.
Entre les feuillets 8 et 9, lacune comprenant la fm de r« In-
troduction à Toblation » et le début de !'« Absolution du Fils » ;
dans cette dernière oraison sont mentionnés les Apôtres, Marc,
Sévère, Cyrille, Basile, Grégoire, 'es conciles de Nicée, Cons-
tantinople et Éphèse, ainsi que le patriarche. Après r« Oraison
du baiser de paix » co-oci can^aji, une troisième oraison
attribuée au patriarche Sévère (35 r.) (\)f niAïuiovproc...
Dans le « Mémento des Saints » sont mentionnés la Vierge,
Jean-Baptiste, Marc, Sévère, Cyrille, Basile, Grégoire, Antoine,
les trois Macaire, Jean, Pischoï, les 49 martyrs et Moyse. L'o-
raison 6AKf iiAii... n'est pas dans ce manuscrit. Dans la
« Prière de la bénédiction », qui est iiaoc iiituf..., sont
mentionnas la Vierge, les trois anges peqoTeptoim, les quatre
animaux incorporels, les vingt-quatre vieillards, Jean-Baptiste,
les cent quarante-quatre [p ee u lia (sic)] Innocents, les
Apôtres, les trois jeunes gens, Etienne, Georges, Théodore, Mer-
cure, Menas, tous les martyrs, Macaire, Antoine, Paul, Macaire,
Macaire, Jean, Pischoï, « nos pères de Rome » , Moyse, Isidore, les
49 martyrs, Schenouti, Pacôme et tous les Staurophores. —
Les prières préparatoires à l'anaphore de saint Grégoire se
réduisent dans ce manuscrits à l'oraison du baiser de paix
(t)H eT^on... — Dans la liturgie de saint Cyrille, <\)f iitk
farAnH... est placé avant nApxuroc... et attribué à Jean de
Bostra. A la fm de l'office, au lieu de l'oraison A^y iicuor...
trois prières de Jean de Bostra : eTaiicri cBoxeeii fAct)eApoiA
...(164v.); iieoK ne eTAiJ\co... (166 r. ),(})+ (J)H eTorcuov
...(167 ). Suivent diverses oraisons, quelques-unes attribuées
à des Pères. — Le « Mémento des saints », écrit d'une autre
main aux feuillets 212-217, donne après Marc les noms de
Sévère, Dioscore, Athanase, Jean-Chrysostome, Cyrille, Basile,
Grégoire, Antoine, Paul, les trois Macaire, Jean, Pischoï, Paul,
Maxime et Domitius de Rome, les 49 martyrs de Scété, Moyse,
Jean le noir, Daniel, Pacôme et Théodore, Schenouti et Visa,
Benofer, Samuel, Juste et Apollon, Epip, Pidjimi, Apahor
[enA2op], Apaphis, Épiphane, Ammonius, Archellitès,
MANUSCRITS COPTES. 91
Arsène, Cyr [nepocj, Psate et Callinice, Pisinthée, A'mmo-
nius, Hermine [eepuiue], Jean l'anachorète, Aukin [atkim]
et son fils, Siméon, Abraham et Georges, Benipi et Jean, Bar-
soma, Ephrem, Marc, le patriarche Matthieu, Abraham, Marc,
Tedji et Barsoma le nu.
Ms. de 217 feuillets; 16x 12. Sans date.
Ce manuscrit n'a pas tous les feuillets cotés en copte. Divi-
sion en cahiers. Le feuillet 156 devrait être avant 155.
Les titres, en lettres rouges, sont traduits en arabe. Les
majuscules, noires, sont rehaussées de rouge. Les lettres c|), ,b
et z portent un point rouge.
Acquise Nikiou, enjuin 1671, par Vansleb (note, 217 v.)dont
le cachet sur cire rouge est empreint aux pages 1 r. et 217 v. —
Regius 344.
Invent. : Copte 31.
67
Liturgie de saint Basile, de saint Grégoire et de saint
Cyrille [bo/iaïrique), avec traduction arabe.
3 — 7v., 121 r. — 122, 8 r. — 23 v. Prières préparatoires.
23 V. —40 v. Anaphore de saint Basile. 51 r. — 56 r. Prières
préparatoires. 56 r. — 82 r. Anaphore de saint Grégoire.
83 r. — 87 V. Prières préparatoires. 87 v. — 120 v., 123 — 124.
Anaphore de saint Cyrille. 125 — 126. Feuillets fragmentaires.
Dans r« Absolution du Fils » sont mentionnés Sévère,
Cyrille, Basile, Grégoire, les conciles de Xicée, Constantinople
et Éphèse, et enfin le patriarche. Il y a deux « Prières de
fencens » : la première est incomplète, car il manque le feuillet
iH entre 9 et 10; la seconde commence par les mots iixc
neiiiiovf nim^^'f exoi iieof... (10 r. — 10 v.). De même
deux « Prières de l'évangile » ; la seconde (H r.) commence par
(|)iiHB HOC iHC n'.xc ne'riiovf <\)H eTAqovtopn-.- Dans le
« Mémento des saints » sont nommés Sévère, Cyrille, Basile,
Grégoire, Macaire, Antoine, Macaire, Macaire, Jean, Pischoï,
« nos pères de Home », les quarante-neuf martyrs et Moïse.
Dans la « Prière de la bénédiction » (45 v.) sont mentionnés les
trois peqepoTOiiiii Michel, Gabriel et Raphaël, les quatre
92 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
animaux incorporels, les vingt-quatre vieillards, Jean-Baptiste,
les cent quarante-quatre Innocents, les apôtres, les trois jeunes
gens, les saints Etienne, Georges, Théodore, Mercure, Menas,
tous les martyrs, Antoine, les trois Macaire, Jean, Pischoï,
Schenouti et tous les Staurophores. — Dans la liturgie de
saint Grégoire, au « Mémento des saints » sont mentionnés
Sévère, Cyrille, Grégoire, Basile, Macaire, Antoine, Macaire,
Macaire, Jean, Pischoï et « nos pères de Rome ». Une seconde
« oraison de la fraction », avant le Pater (75 v.), commence par
les mots ijTOK ne niAoroc.. — Dans la liturgie de saint
Cyrille, les « Oraisons de la paix » nap^Hroc... et (i)f uxe
farAnH... sont interverties. Au « Mémento des saints » sont
mentionnés Cyrille, Basile, Grégoire, Sévère, Antoine, et les
trois Macaire. Ce manuscrit ne contient pas la prière iiaeuen
eBOA2A nineT2UJov, avant le Pater. Il manque la « Prière de
l'action de grâces ».
Ms. de 126 feuillets; 18 x 10. Écrit en 1023 E. M. [1307 ap.
J.-C] par Joussouf fils de Batros (note arabe, 2 r.).
Ce manuscrit est coté en chiffres coptes rouges et en lettres
noires, d'une manière très irrégulière. Division en cahiers
de dix feuillets, cotés par première et dernière page.
Les prières préparatoires et les anaphores sont précédées
d'un ornement en couleurs; au verso du feuillet précédent,
croix ou ornements. Les principales prières commencent par
une majuscule ornée, accompagnée d'arabesques et d'animaux;
la première ligne est en majuscules, cj) et f majuscules ont
une très longue tige. (J) et 13 portent un point rouge dans la
boucle. Les paroles prononcées par le diacre sont en petites
lettres noires; les répons du peuple, en rouge.
A appartenu à Peiresc, dont le cachet est imprimé sur la
couverture et au bas de quelques feuillets, puis à Saumaise.
Une note manuscrite constate qu'il fut acquis en 1752 pour la
Bibliothèque du roi, par l'abbé Sallier, conservateur des Im-
primés, mais il n'est parvenu au Département des Manuscrits
que pendant la Révolution.
Invent. : Copte 82.
MANUSCRITS COPTES. 93
68
Liturgie de saint Basile, de saint Grégoire et de saint
Cyrille (bohaïrique), avec traduction arabe.
1 r. _ 4 r. Prières préparatoires. 4 v. — 50 r. x\naphore
de saint Basile. 51 r. — 59 r. Prières préparatoires. .59 v.
— 102 r. Anaphore de saint Grégoire. 103 r. — 109 r. Priè-
res préparatoires. 109 v. — 163 v. Anaphore de saint Cyrille.
1(34 r. _ 203 v. Prières diverses.
Le manuscrit est acéphale et au premier feuillet (ua), on
trouve r« Oraison de l'assistance » riAMii oii... Aucune « Orai-
son du baiser de paix ». Au « Mémento des saints » sont men-
tionnés la Vierge, Jean-Baptiste, Etienne, Marc, Sévère, Dios-
core, Cyrille, Basile, Grégoire, Antoine, Paul, les trois Macaire,
Jean, Pischoï, « nos pères de Rome, Maxime et Domitius »,
les 49 martyrs, Moyse, Daniel, Pacôme et son disciple Théo-
dore, Schenouti et son disciple Visa (bica), Benofer, Samuel
le confesseur. Juste et Apollon ses disciples, Barsoma le nu.
Entre les oraisons Api (i)ueri... uuHTHpor eTATeiiKOT...
et iiH U61J nôô eAKcri... est ajoutée la « Prière de la béné-
diction » iiAoc mot GTOO^ iiTA ueTpeqepiJOBi • • • (23v.).
Il manque les prières (\)f nipequici... et 6AKf ijaij... Dans
la dernière « Prière de la bénédiction » iiaoc iiiof... sont
nommés la Vierge, les anges Michel, Gabriel, Raphaël et Sou-
riel, les quatre animaux incorporels, les vingt-quatre vieil-
lards, Jean-Baptiste, les cent quarante-quatre Innocents, les
Apôtres, les trois jeunes gens, les saints Etienne, Marc, Geor-
ges, Théodore le Stratélate, Théodore l'Oriental, Mercure,
Menas, Victor, Claude, Schêron (cxHpou), Isaac, tous les
martyrs, Antoine, Paul, les trois Macaire, Jean, Pischoï, « nos
pères de Rome, Maxime et Domitius » , les quarante-neuf martyrs,
Moyse, Pacôme, Schenouti, Benofer (Beiiovqep), Samuel, Bar-
soma le nu. — Dans le « Mémento des saints » de l' Anaphore de
saint Grégoire sont mentionnés la Vierge, Jean-Baptiste, Marc,
Sévère, Dioscore, Cyrille, Basile, Georges, Antoine, Paul, les
trois Macaire, Jean, Pischoï, « nos pères de Rome, Maxime et
Domitius », les quarante-neuf martyrs, Chori (xujpi), Moïse,
94
REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
Daniel, Pacôme, Sclienouti (ceiioreiov), Benofer, Samuel,
Barsoma le nu. Ce manuscrit n'a pas l'oraison <|)f iito f a-
rAiiM qui précède l'anaphore de saint C3'rille. Dans la prière
iieiiiof lieu iiGiiciiMov eTAveiiKOT sont mentionnés la
Vierge, Jean-Baptiste, Etienne, Marc, Sévère, Dioscore, Atha-
nase, Jean-Clirysostume, Pierre martyr, Philothée (c|)VAooeoc),
Ignace, le grand archiprêtre Démétrius, Timothée, Théophile,
Théodose, le patriarche Matthieu, Cyrille, Basile, Grégoire, les
conciles de Nicée, Constantinople et Éphèse, les saints Antoine,
Paul, et les trois Macaire. Ce manuscrit n'a ni la prière
iiA^Lieii eiiOA ni celle qui commence par A>y ikjuov...
Ms. de 219 feuillets; '21 x 14. Sans date (voir la note arabe,
203 V.).
Ce manuscrit est coté, au verso, de lia à ôiT avec omission
de qA. Division en cahiers de dix feuillets.
Les liturgies sont précédées d'un ornement en ors et en
couleurs; sur le verso du feuillet précédent, ornement. Rubri-
ques en arabe. Les principales prières commencent par une
lettre ornée, en couleurs, une ligne de majuscules et une ou
plusieurs lignes en rouge, j), e et cj) portent un point rouge.
Manuscrit du comte Delaporte, entré à la Bibliothèque natio-
nale pendant la première République.
Invent. : Copte 84.
69
Liturgies de saint Basile, de saint GréCxOire et de saint
Cyr^e {bohaïriquè), avec traduction arabe.
piiB r. — cA r. Anaphore de saint Basile. cT, r. — (^ v.
Prières préparatoires^ ^ v. — ^v^ r. Anaphore de saint
Grégoire, tu r. — tob r. Prières préparatoires. -roB r. —
())i Y. Anaphore de saint Cyrille. ^ v. — cKTh v. Prières
diverses.
Le manuscrit est acéphale, il manque 75 feuillets. Le texte
commence dans la « Prière de la fraction »; <j^ nipequici...
est placé après eAKf haii... Les ( Prières de l'action de
grâces » sont suivies d'une autre oraison mmok im urAiiYto
MANUSCRITS COPTES. 95
uneiJtoMb... (9 v.). Dans la prière de la bénédiction iiaoo
iiiof... il est fait mention des quatre saints poqepoTooiiu
Michel, Gabriel, Raphaël et Souriel, des quatre animaux incor-
porels, des vingt-quatre vieillards, « des cent saints, des
quatre (sic) Innocents (1)», des apôtres, des trois jeunes gens,
des saints Etienne, Georges, Théodore, Mercure, Menas, tous
les martyrs, Macaire, Antoine, Jean, Pischoï, « nos pères de
Rome », abba Moyse, les quarante-neuf martyrs (il manque
peut-être ici un feuillet coté cii), tous les Staurophores. —
Dans lanaphore de saint Grégoire, au « Mémento des saints »
sont mentionnés (74 r.) Cyrille, Grégoire, Basile, Sévère, Dios-
core, Macaire et Antoine. — L'anaphore de saint Cyrille porte
dans la prière iioinof iieu iieiiciiHov 6tavii6iikot.
(1 18 r.) les noms de la Vierge, Jean-Baptiste, Etienne, Marc,
Cyrille, Basile, Grégoire, Macaire, Antoine, Macaire, Macaire,
Jean, Pischoï, « nos pères de Rome » et Moyse. Le texte se
termine avant la prière A^y iicuor...
Ms. de 195 feuillets; 21 x 14. Daté (ca = 18 r.) de l'an
1318 E. M. [1602ap. J.-C.|.
Ce manuscrit, incomplet au début et à la fin, est coté au
verso en lettres coptes, de piiB à(|)UH (chiffres pairs seule-
ment), avec omission de toa. Il manque les 75 premiers
feuillets, ceux qui étaient cotés <\)u et c|)ub, enfin ceux qui
suivaient ^ujih . Il faut lire le texte dans l'ordre suivant : 44 à
52, 1 à 42, 60, 43, 53 à 59, 61 à 92, 115 à 183, 188 à 195, 184 à
187, 93 à 114. Division en cahiers.
Les offices sont précédés d'un ornement en ors et couleurs.
Les titres sont en lettres rouges ; les principales prières com-
mencent par plusieurs lignes de majuscules de couleurs variées
(34 r., 80 r., etc.); b porte un point rouge dans la boucle; <\) en
a deux ; ces lettres ont en outre la boucle rehaussée de rouge.
Notes arabes aux feuillets ca, tug et tu h.
Invent. : Copte 83.
70
Fragments liturgiques (boha'irique), avec traduction arabe.
(l) Lire : des cent quarante-quatre Innocents; cf. n° HG.
9G REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Feuillets pq, pqa (commencement de la liturgie de saint
Cyrille), cb, pka, cki-, cgr., r.e, ciu., cgn, ouh, ce, ciiï.,
pKu (?) (oraison n\c neiiiiorf , liturgie de saint Grégoire),
cKe (?) (oraison après le Pater, liturgie de saint Basile), cm,
<^(?).
Ms. de 19 feuillets; 15 x 12. Sans date.
Les feuillets sont cotés, au verso, en lettres coptes disposées
entre deux traits rouges. 14 ou 15 lignes à la page. Les diverses
prières sont précédées des mots : prêtre, diacre ou peuple, en
copte et en arabe, écrits en lettres rouges. Très grandes
majuscules, noires, ornées de rouge, cb porte un point rouge
dans chaque boucle; j) en a un seul. Les abréviations sont
surmontées de deux traits, l'un rouge et l'autre noir. Au verso
du feuillet pq et au recto de pqa , ornement en couleurs. Les
feuillets 16 et 19, non cotés, sont plus modernes que les
autres. — Même manuscrit que le suivant.
Acquis en 1882.
In vent. : Copte 109.
71
Fragments liturgiques [bohairique) , avec traduction arabe.
Feuillets cub, cii, ckh, poB, cua, c^a, cie, pqc, ciia,
cï.e, CIA, CIIA, pri, pue, cir, priA et (?).
Ms. de 17 feuillets; 15 x 12. Sans date.
Même manuscrit que le précédent.
Acquis en 1882.
hïvent. : Copte 108.
72
Liturgies de saint Basile et de saint Grégoire {bohairique),
avec traduction arabe.
2 r. — 49 V. Prières préparatoires. 50 r. — 98 v. Anaphore de
saint Basile. 100 r. — 118 v. Mémento de la liturgie de
saint Cyrille. 120 r. — 125 v. Prières préparatoires. 125v. —
164 r. Anaphore de saint Grégoire. 161 v. — lG5r. Note en
copte et en arabe.
MANUSCRITS CÙPTKS. 97
Dans la liturgie de saint Basile, la « Prière de l'action de grâ-
ces » ne comporte pas la seconde partie (|)i m b HOC..- (J)ia)T...
L'« Absolution du Fils » comporte les mentions des mêmes
personnages que dans le manuscrit 64. Dans le « iMemento des
saints » sont nommés la Vierge, Jean-Baptiste, Etienne, Marc,
Sévère, Dioscore, Jean Chrysostome, Cyrille, Basile, Grégoire,
Antoine, Paul, les trois Macaire, Jean, Pischoï, Maxime et
Domilius, les quarante-neuf martyrs, et Moyse. 11 n'y a pas les
oraisons (|>f mpoquici... et tiAnf iiaii... L'office se termine
par la « Prière de la bénédiction » iioc iioet-u... — Le « Mé-
mento » de la liturgie de saint Cyrille mentionne la Vierge et
les saints Jean-Baptiste, Etienne, Marc, Sévère, Dioscore, Jean-
Clirysostome, Cyrille, Basile, Grégoire, Antoine, l'aul, les trois
Macaire, Jean, Pischoï et « nos pères de Rome ». — Dans la
liturgie de saint Grégoire, il n'y a pas la prière ct>H tiT,"Joii...
Le texte finit pari'» Oraison d'action de grâces » TeuyjHii^-
LIOT..-
Ms. de 166 feuillets; 20 x 15. Daté (165 r.) de l'an 1355 E. M.
[1639 ap. J.-C.].
Ce manuscrit est coté au verso en lettres coptes, au recto en
chiffres arabes, de 1 à 165 avec un feuillet 75 bis. Division en
cahiers de 10 feuillets cotés par première et dernière page, avec
ornement noir et rouge.
Au verso du premier feuillet, croix en couleurs. Les trois
parties principales sont précédées chacune d'un ornement en
couleurs. Titres en rouge. La première ligne de chaque oraison
est écrite en majuscules et suivie d'une ou plusieurs lignes en
rouge; la première lettre, très grande et de plusieurs couleurs.
Chaque alinéa commence par une lettre rehaussée de rouge.
t|), j) et ^ portent un point rouge dans la boucle. Le a ne dépasse
les autres lettres qu'au-dessous de la ligne; la barre du t
forme un crochet à gauche et est trois fois plus longue de ce
côté-là ; la boucle du <]> forme un losange.
A appartenu à Gaulmin. — Regius, 235.
Invetii. : Copte -29.
OKIENT CHKETIEN.
98 REVUE DE l'orient CIIRÉTIExN.
73
Liturgies de saint Basile et de saint Grégoire {bohaïrique),
avec traduction arabe.
2 r. Mois grecs et mois coptes. 3 v. Croix en couleurs. 4r.
— 59 V. Prières préparatoires. 59 v. — 148 r. Anaphore de
saint Basile. 149v. — 150r. Pièce copte. 151 r. — 163 v.
Prières préparatoires. 164 r. — 181 v. Anaphore de saint
Grégoire.
Dans r« Absolution du Fils » sont nommés les Apôtres,
Marc, Sévère, Dioscore, Cyrille, Grégoire, Basile, les conciles
de Nicée, Constantinople et Éplièse, enfin le patriarche. Avant
le Credo, il n'y a pas l'oraison tujiik nA-ooic. Dans le a Mé-
mento des saints » sont nommés la Vierge, Jean-Baptiste,
Etienne, Marc, Sévère, Dioscore, Cyrille, Basile, Grégoire,
Macaire (uApi), Antoine, Paul, Macaire, Jean, Pischoï, « nos
pères de Rome », les quarante-neuf martyrs, Moïse, Daniel,
enfin Schenouti. 11 n'y a pas l'oraison eAKf iiaij... Après la
« Prière de l'action de grâces » ueKCBiAïK... une autre oraison
HBOK ne iieTAiixa)... suivie de l'oraison maoc iiiof...
dans laquelle sont mentionnés la Vierge, les trois peqe-
povu)im Michel, Gabriel et Raphaël, les quatre animaux in-
corporels, les vingt-quatre vieillards, Jean-Baptiste, les
cent quarante-quatre Innocents, les Apôtres, les trois jeunes
gens, les saints Etienne, Georges, Théodore, Mercure,
Menas, tous les martyrs, Antoine, Paul, les trois Macaire,'
Jean, Pischoï, tous les Staurophores. — Dans la liturgie de
saint Grégoire, la piière n\c rioiniovf... est placée avant
l'oraison <\>\\ eT^jon... Au « Mémento des saints » sont men-
tionnés la Vierge, Jean - Baptiste, Etienne, Marc, Cyrille,
Basile, Grégoii-e, Antoine et les trois Macaire. Le manuscrit
est incomplet : le texte se termine par l'oraison entre le Pater
et la Communion; le dernier feuillet est plus moderne que les
autres.
Ms. de 181 feuillets; 10x8,5. Sans date.
Ce manuscrit est coté en copte au verso des feuillets, très
irrégulièrement; il faut prendre le texte dans l'ordre suivant •
1 à 99, 130 à 139, 149 à 169, lOOà 129, 1 10, 170à 181. Division
MANUSCRITS COPTES. 90
en cahiers de dix feuillets, cotés par première et dernière page,
avec ornement en couleurs.
Au verso du feuillet 3, croix. La liturgie de saint Basile est
précédée d'un ornement eu couleurs; titre en arabe, première
ligne en majuscules jaunes suivie de deux lignes en lettres
rouges. La liturgie de saint Grégoire commence au feuillet I.jI
par une ligne de mauscules dorées suivie de deux lignes en
lettres vertes; elle est précédée d'un ornement et, au verso du
feuillet 150, il y a une rosace. Les titres sont en rouge. 4) et j)
portent un point rouge dans la boucle.
Au recto du feuillet 3, sceau sur cire portant une croix à deux
croisillons inégaux et les initiales F. D.
A appartenu à Gaulmin. — Regius, 354.
Invenf. : Copte 39.
{A suivre.)
L. Delaporte.
BIBLIOGRAPHIE
Nestûrius, Le livre d'IJéraclide de Damas traauii en français par
F. Nau, professeur à l'Institut catholique de Paris, avec le concours du
R. P. Bedjan et de M. Brière, suivi du texte (jrec de trois homélies de
Nestorius sur les tentations de Notre-Seiyneiir et de trois appendices :
Lettre à Cosme, présents envoyés d'Alexandrie, lettre de Nestorius aux
habitants de Constantinople. Paris, Lêtouzey et Ané, 1910, xxviii et
404 pp. — 10 francs.
Lorsque M. Bethune-Baker fit paraître en 1908 son Nestorius and his tea-
ching (1), plusieurs s'émurent de l'entendre déclarer que le célèbre pa-
triarche de Constantinople condamné au concile d'Éphèse comme héré-
siarque n'avait pas été véritablement hérétique. D'aucuns auraient été
heureux de répondre au savant historien anglais qui n'étaient pas en état
de le faire, car la nouvelle thèse était basée sur un document nouveau, et
celui-ci, pour avoir été largement utilisé et partiellement traduit, n'en
restait pas moins inédit. Aussi fut-on heureux d'apprendre que le Livre
d'Héraclide allait bientôt tomber dans le domaine public (texte syriaque
édité par le P. Bedjan, traduction française par M. Nau).
Après que Nestorius eut définitivement succombé aux attaques de saint
Cyrille d'Alexandrie, l'empereur ne tarda guère à compléter par une sen-
tence d'exil les condamnations de l'autorité ecclésiastique. Relégué à Pétra,
puis dans la grande Oasis, l'ex-patriarche consacra les loisirs de sa retraite
à composer une apologie de son enseignement; c'est la dernière protesta-
tion d'un vaincu qui, se croyant fort de son droit, en appelle déjuges par-
tiaux et insuffisamment informés, selon lui, au tribunal de la voix publique.
Pour ne pas exposer ce dernier ouvrage à la proscription qui frappait tous
ses écrits, l'auteur l'avait intitulé Traité d'Héraclide de Damas, vraisembla-
blement TlpaytiaTefa 'HpaxXsfSou AafjLaaxrjvou (2). Le pseudonymat qui le sau-
vait du feu nuisit peut-être à la diffusion du livre. Parmi les auteurs de
langue grecque, on ne connaît qu'Évagre d'Antioche qui l'ait eu entre
les mains ; il en a donné dans son Histoire Ecclésiastique une brève ana-
lyse, où n'est même pas noté le titre exact. Pourtant ce témoin important
(1) Cf. iROC, 1909, p. 330-332.
(2) Cf. ROC, 1909, p. 208-209
BIBLIOGRAPHIE. 101
des dernières pensées de Nestorius n'était pas destiné à disparaître : aux
environs de l'année 530, le patriarche des Nestoriens de Mésopotimie et
de Pers , Mar Aba, avait rapporté de Constantinople la liturgie et tous les
écrits ce Nestorius. Quelques années plus tard, en 539 ou 540, le Livre
d'Héraclide fut traduit en syriaque, à la grande édification du moine Bar-
'Edtaqui, nous dit son biographe, l'avait étudié plusieurs années et avait
fini par le savoir par cœur. Le beau zèle des cénobites syriens ne fut pas
de longue durée, de Bar-'Edtaau manuscrit de Kotchanès, c'est-à-dire
jusqu'au xr ou xiF siècle, nous n'avons aucun témoin. Peu après, Ebed-
jésu mentionne le Livre d'Héraclide dans son catalogue des auteurs ecclé-
siastiques, et ce n'est pas à dire qu'il ait eu le volume entre les mains ;
puis, on en perd toute trace jusqu'à l'exhumation en 1889 par un prêtre
syrien du manuscrit de Kotchanès.
Voilà l'histoire, et combien misérable ! du testament dogmatique d'un
homme qui a été l'occasion sinon la cause d'un des plus grands schismes
qu'ait vus l'Éelise chrétienne. L'oubli dans lequel cette composition est
tombée n'en diminue aucunement la valeur documentaire ; historiens et
théologiens friands d'histoire accueilleront avec une vive reconnaissance la
publication de M. Nau; les uns y trouveront une chronique du concile
d'Éphèse assez différente de la version des Cyrilliens; les autres y pren-
dront connaissance de l'argumentation subtile et ardente d'un des meil-
leurs orateurs de l'époque.
Encore que la plupart des lecteurs de la Revue de l'Orient Chrétien
soient disposés à lire l'ouvrage entier, il ne sera peut-être pas inopportun
d'en esquisser le plan. Dans une introduction philosophico-théologique,
Nestorius examine en 93 questions les divers points sur lesquels avaient
porté ou portaient encore au début du v« siècle les discussions christo-
logiques, puis il décrit les principales hérésies dont la dernière est, selon
lui, la doctrine cyrillienne, celle-là qui aurait dû être condamnée par
le concile d'Éphèse, à son jugement. Après une lacune, le texte reprend
sur une violente invective au patriarche d'Alexandrie : * Tu as réuni une
troupe de moines et de ceux qui étaient appelés évêques pour le malheur
et le trouble de l'Église (1) ». Suivent le récit et le commentaire des Actes
du concile. La description des collaborateurs de Cyrille n'est pas flatteuse
et les procédés prêtés à l'orthodoxie ne sont pas des plus avouables : le
patriarche d'Alexandrie a circonvenu l'empereur et, fort de l'appui sécu-
lier, il a mis la main sur l'église de Constantinople où il était étranger.
Dans un appendice au traité de Nestorius, M. Nau a reproduit deux
textes qui sont un véritable commentaire des accusations de Nestorius. La
lettre écrite de Constantinople à Cosme d'Jntioche expose au point de vue
nestorien les raisons de la défaveur où était tombé l'intraitable patriarche.
Voici ce qui avait mis Cyrille en mouvement, on verra de quel côté fut
la première intrusion dans les affaires d'autrui : i Des clercs d'Alexandrie
vinrent près de l'empereur et se plaignirent d'avoir été censurés illégale-
ment par leur évéque ; Nestorius les aida dans le jugement devant l'em-
[\) Nau, Le Livre d'Héraclide, p. 89.
102
REVUE DE L ORIENT CHRÉTIEN.
pereur, et cela l'avait mis en grand péril d) ». A la cour, Cyrille avait
un auxiliaire de choix en la personne de l'impératrice blessée par la ri-
gueur du patriarche de la ville impériale: « Pulchérie et ses moniales dî-
naient le dimanche au palais épiscopal, après avoir reçu la communion;
Nestorius ne l'admit pas, et il en résulta un grand bruit contre lui de la
part des clercs et de toute la cour (2) ■». D'ailleurs le pire ennemi de \es-
torius était lui-même, ses amis ne font aucune difficulté d'avouer qu'il
« n'avait pas l'expérience des affaires du monde et manquait de ce qu'on
appelle amabilité (3) ». Une tactique savante avait ménagé au patriarche
d'Alexandrie des appuis qui n'étaient pas tous désintéressés; qu'on lise
seulement la liste des présents expédiés d'Egypte pour être habilement
distribués parmi les personnages influents de la cour : Marcellae cubicnla-
riae dirertum est ei, ut Augustam rogando persuadent^ auri libras quin-
quaginta (4). Et ce n'est pas un document nestorien qui nous a conservé
ce détail, c'est une lettre d'Épiphane, archidiacre et syncelle de S. Cyrille.
Après avoir décrit les préliminaires du concile et dépeint le caractère
néfaste de ses adversaires, Nestorius en vient à la controverse ; plus de
200 pages du volume assez dense de M. Nau sont occupées par les explica-
tions de l'ex-patriarche destinées à le justifier : commentaire du .symbole,
examen des doctrines de Cyrille, défense des extraits de ses propres
écrits lus et discutés au concile, voilà les principales subdivisions de cette
partie. Enfin, à ceux que la discussion technique n'aurait pas convertis à
ses idées, l'auteur expose pourfinir les malheurs dont Dieu a frappé l'em-
pire à la suite de sa déposition, en première ligne la déviation de la foi
sous l'influence néfaste d'Eutychés, les épreuves de Flavien, les violences
de Dioscore au conciliabule d'Éphése, puis, les troubles de la nature, les
invasions des Barbares : « ils endurèrent les contagions, les famines, la
privation de la pluie, la grêle, la chaleur, les tremblements de terre éton-
nants, la captivité, la crainte, la fuite, et tous les maux, et ils n'arrivèrent
pas à se rendre compte de la cause de tels maux (5)... ». Enfin, après toute
l'ardeur de la discussion, Nestorius termine par des paroles de résigna-
tion, où il y a peut-être mieux qu'un stoïcisme boudeur : « Réjouis-toi en
moi, désert, mon ami, mon nourricier et ma demeure, (et toi aussi) exil,
ma mère, qui même après ma mort, garderas mon corps jusqu'à la résur-
rection par la volonté de Dieu. Amen (6) ».
Le nom du traducteur, la collaboration du P. Bedjan sont les meilleures
garanties qu'on puisse désirer pour l'exactitude du sens; le français est
limpide et se lit volontiers, même dans les passages théologiques l'es plus
ardus.
Le volume contient encore un texte très précieux : M. Nau a découvert
dans un ms. de Paris l'original grec de trois homélies de Nestorius sur
(1) Op. cit., p. 363.
(2) Ibid.
(3) Op. cit., p. 367.
(4) Op. cit., p. 368.
(5) Op. cil., p. 317.
(6) Op. cit., p. 331.
BIBLIOGRAPHIE.
103
les tentations du Seigneur dont Marins Mercator avait conservé une partie
en traduction latine. Ainsi, il n"y a presque rien que de l'inédit en ce
gros volume, le troisième appendice est lui aussi un document nouveau :
c'est la lettre de Xeslorius aux habitants <fe Constantinople. reconstituée
d'après les citations de Philoxùne de Mabboug etunms. syria(iue du British
Muséum. Une table analytique facilite l'usage de cette publication; grâce à
M. Nau, le Livre d'Héraclide sera entre les mains de tous les théologiens
une des sources les plus importantes pour l'étude des controverses chris-
tologiques dans la première moitié du cinquième siècle.
Rome.
Eug. TlSSERANT.
J. ViTEAU, docteur es lettres, Les Psaumes de Salomon, introduction, texte
grec et traduction, avec les principales variantes de la version syriaque,
par François Martin, S", 428 pages. Paris, Letouzey, 1911. — 6 fr. 75.
Cinq manuscrits grecs renferment, à la suite de livres de Salomon, un
livre apocryphe formé de dix-huit psaumes attribués à ce roi. Les psaumes
de Salomon ont sans doute été chantés comme les psaumes de David, car
certains titres et parfois rindication de la pause semblent le montrer. Leur
contenu est analogue à celui des psaumes canoniques : louanges du Sei-
gneur et des justes, éloge de la prière, blâme des pécheurs, du juge
hypocrite, de la médisance, allusions aux événements contemporains de
l'auteur, annonces messianiques. Leur langue originale est sans doute
l'hébreu, il reste une version grecque représentée par cinq manuscrits et
une version syriaque (faite sur le grec) représentée par un seul manus-
crit. Leur forme est analogue à celle des psaumes canoniques ; cependant
le parallélisme est souvent difficile à établir, soit que l'auteur ait négligé
cet élément essentiel de la poésie hébraïque, soit que le traducteur grec
ne l'ait pas respecté. L'éditeur nous avertit que la fin du psaume xv a été
bouleversée, p. 333, n. 15; qu'une ligne de xvui, 2 a été transposée. Ces
imperfections se retrouvent sans doute encore ailleurs. Voici par exemple
le commencement du psaume xvi.
1. Comme mon âme sommeillait loin du Seigneur,
j'ai presque glissé dans la profondeur du sommeil.
2. Pour être lom de Dieu, mon àaie était
presque répandue dans la mort,
tout près des portes de l'Hadès, en compagnie du pécheur,
3. pendant <4ue mon âme était emportée
loin du Seigneur Dieu d'Israël,
si le Seigneur ne m'avait secouru
par sa miséricoi-de pour toujours.
4. Il m'a piqué, comme l'aiguillon du cheval,
pour m'éveiller pour lui;
mon sauveur et secoureur m'a sauvé en toute occasion.
Le premier verset est excellent et met d'autant mieux en relief la fai-
104 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
hlesse des trois autres, qui le suivent, pour ainsi dire, clopin-clopant sur
trois et quatre pieds. Il suffit de rétablir les mots sous-entendus par le
poète, d'intervertir deux lignes qui se suivent et de coupe»* autrement les
phrases pour trouver :
I. Lorsque mon àiiie sommeillait loin (lu Seigneur,
j aurais presque j;Iissé dans la profondeur du sommeil;
:J. Lorsquel mon âme était loin de Dieu,
elle se serait presque répandue dans la mort;
3. Lorsque mon âme était emportée loin du Seigneur Dieu d'Israël,
[elle serait arrivée] tout près des portes de l'enfer avec le pécheur ;
4. Si le Seipneur ne m'avait pas sauvé,
si, dans sa miséricorde, il ne m'avait stimulé toujours :
5. Comme l'aiguillon qui réveille le cheval.
Ainsi mon sauveur et mon défenseur m'a sauvé toujours.
Il est certain que trop d'ingéniosité peut nuire, et qu'il peut sembler
plus sûr de s'attacher au mot à mot du grec. Cependant cette langue a
toujours mal rendu la poésie hébraïque, et c'est pour avoir traduit de son
mieux la version grecque que l'ancien traducteur latin des psaumes cano-
niques a accumulé tant de non-sens. Il ne faut donc pas craindre de s'en
écarter quelquefois, lorsque le parallélisme le demande, pour retrouver
la pensée de l'atiteur.
Le recueil ne renferme ni date ni nom propre , mais présente du moins
des allusions nombreuses à des faits politiques et religieux. Ces allusions
s'expliquent toutes à l'époque de la rivalité de Hyrcan et d'AristobuIe et de
la prise du temple par Pompée. Les parti.sans"^ d'AristobuIe, les saddu-
céens, sont les pécheurs; les partisans d'Hyrcan, les pharisiens, sont les
i listes. L'auteur, bien entendu, est de ces derniers. La prise de Jérusalem
par Pompée et la mort de celui-ci, plus tard, en Egypte, sont indiquées
avec assez de clarté. Les événements se déroulent de Tan 69 à l'an 47
avant notre ère. On a par là même la date de composition des divers
psaumes, si l'on admet qu'ils ont été composés individuellement et qu'ils
sont contemporains des faits auxquels ils font allusion. Ils auraient été
réunis plus tard en un recueil sans tenir compte de l'ordre chronologique
et auraient été traduits avant l'an 70 de notre ère.
M. V. traite toutes ces questions dans une introduction très documentée
qui comprend l'histoire de la Palestine à l'époque de la composition des
])saumes et la destinée de ce recueil dans les littératures juive et chré-
tienne ; l'analyse du livre et des doctrines qu'il renferme, avec des
études sur la date, l'auteur, le lieu de composition ; le texte original et les
versions. La bibliographie est réunie, p. 240-251, par ordre chronologique,
et une table alphabétique très détaillée, p. :n7-397, facilite les recherches!
M. l'abbé F. Martin a ajouté la traduction des variantes de la version
syriaque qui représente en somme un ancien manuscrit grec.
Cette édition, avec son introduction si documentée et ses nombreuses
notes, est une véritable mine de renseignements pour l'historien et l'exé-
gète;on reconnaît encore l'helléniste éprouvé qu'est M. Viteau aux nom-
BIBLIOGRAPHIE. 105
breiises ];a,ges(p. 105-148) qu'il consacre à l'étude minutieuse de la version
grecque.
M. E. W. Brooks nous signale une citation des versets 1 à G du Ps. m,
insérée par Jacques d'Édesse en l'an 675, dans sa revision des hymnes de
Sévère d'Antioche {P. 0., Vil, 726). Cette version syriaque est ?innoncée
comme « De la Sagesse (de Salomon) » ; elle est différente de celle que
M. Rendel Harris a éditée, mais elle en confirme plusieurs fois les lectures.
La découverte de cette ancienne citation est d'importance capitale, car on
n'en possède aucune autre, puisque les écrivains grecs et latins, comme
l'écrit M. Viteau, p. 184-185, « gardent le silence le plus profond sur les
Psaumes de Salomon ».
F. Nau.
Le P. Cyrille Charon (Cyrille Karalevsky, de l'éparchie de Lvov), Histoire
des Patriarcats Melkites, tome II, fasc. l. Rome, 1910 (Paris, Geuthner
ou Picard).
Dans l'avant-propos de ce deuxième volume (1), qui comprendra l'histoire
moderne de l'Église melkite, l'auteur explique de quelles ressources il
dispose pour reproduire la physionomie et l'activité des trois patriarches
de cette époque Maxime Mazjoum, Grégoire Youssef et Pierre Géraïgiry.
Le présent fascicule est tout entier consacré au premier de ces trois per-
sonnages, grâce à qui fut réalisée, dans la première moitié du dix-neuvième
siècle, l'émancipation civile des melkites catholiques.
Mazloum, baptisé sous le nom de Michel, était né en 1779. Instruit dans
les sciences ecclésiastiques par deux prêtres d'Alep, sa ville natale, il re-
çut le sacerdoce en 1806 des mains du métropolite d'alors, le célèbre Ger-
manos Adam. L'année même de son ordination, après avoir été secrétaire
du concile de Qarqafé, Michel Mazloum prenait part à la longue discus-
sion qui divisa les catholiques Alépins sur la question de l'épiclèse. Le mé-
tropolite Adam avait formulé sur ce grave sujet des propositions manifes-
ement conformes à la doctrine des orthodoxes ; les laïques s'en émurent
et portèrent le débat au tribunal du patriarche Agapios III Matar; Michel
Mazloum et quelques prêtres qui avaient soutenu dès le début les opinions
de leur métropolite s'y obstinèrent, bien que celui-ci fût mort en commu-
nion avec l'Église catholique, et présentèrent au patriarche une apologie
de leur conduite. Les troubles provoqués par cette discussion étaient loin
d'être terminés lorsque le P Mazloum fut consacré métropolite d'Alep sous
le nom de Maxime par Agapios qui s'était retourné du côté des Adamites.
Cette cérémonie eut lieu le 6 août 1810, après une élection aussi peu cano-
nique que possible.
Ces débuts dans la vie ecclésiastique de celui qui devait donner à TE-
glise melkite catholique une bonne partie de sa constitution' témoignent
H) Cf. la recension du tome III, fasc. 1. ROC 1009, XVI. 4»3 sq.
106 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
assez do son caractère; Maxime s'est montré dès lors d'une ambition très
énergique, secondée par une grande habileté et une déconcertante mobilité
d'opinions. D'ailleurs les temps furent rarement plus agités : en moins de
trois ans, trois patriarches se succédèrent sur le siège d'Antioche, et de
1810 à 1815, la S. Congrégation de la Propagande, désorganisée comme toute
la cour romaine, fut incapable de donner une solution à l'affaire d'Alep
dont elle avait été saisie. Après bien des péripéties, Mazloum, venu à
Rome, renonça à son siège et fut promu à Tarchevèché titulaire de Myre
après s'être solennellement engagé à finir ses jours en Occident, où il
pourrait s'occuper des affaires de son patriarche.
Maxi'me ne resta pas inoccupé : profitant avec beaucoup d'à-propos d'une
occasion qui lui était offerte de parler, à Trieste, avec l'empereur d'Autri-
che François I, il sollicita de celui-ci la protection officielle de l'Autriche
pour ses coreligionnaires. Il commençait par cet acte l'œuvre capitale de sa
vie, l'émancipation civile des melkites catholiques, — émancipation bien né-
cessaire, car malgré leur renonciation au schisme, les catholiques de rite
byzantin étaient restés jusqu'alors soumis dans toutes les affaires tempo-
relles à la juridiction des patriarches orthodoxes, et en raison de cette situa-
tion bien étrange, conflits et abus de toute sorte ne manquaient pas. Après
un voyage à Vienne pour continuer l'œuvre commencée à Trieste, Maxime
se rendit à Marseille pour y organiser la vie religieuse d'une communauté
melkite déjà forte de 500 âmes; en 1823, il rentrait à Rome d'où il s'était
absenté six ans. Las de son séjour en Occide'ht, Maxime se vit enfin accor-
der en 1831 l'autorisation de retourner dans son pays; deux ans après, il
était élu patriarche, le 6 avril 1833, enfin confirmé par le papeGrégoire XVI
au consistoire du l*^"" février 1836.
Après un chapitre très documenté sur l'histoire politique de la Syrie, suit
un exposé très complet de l'œuvre accomplie par l'infatigable patriarche ;
nous regretterions de déflorer en la résumant cette intéressante narration,
on la lira dans le livre du P. Charon. Notons seulement quelques épisodes ;
un ah après son élection, Maxime III entre solennellement a Damas, où
aucun patriarche catholique n'avait pénétré depuis cent dix ans, tant était
grandie fanatisme des orthodoxes ; il y consacre une nouvelle église après
un audacieux discours sur la liberté religieuse. L'année suivante, 1835, il
fait ouvrir une chapelle à Homs,jusque-làfermée aux catholiques ; e^n même
temps, il s'impose un fatigant et périlleux voyage dans la triste région du
Hauran, abandonnée par ses prédécesseurs depuis cent cinquante ans, et
il y ressuscite le catholicisme qui n'a pas cessé depuis d'y faire des pro-
grès. En 1836, Mazloum est au Caire, payant de sa personne, préchant,
bâtissant, organisant dans tous ses détails la communauté dont il était le
chef. En même temps qu'il veillait à l'administration intérieure de son
Eglise, le patriarche engageait avec l'autorité civile une lutte dont il devait
sortir vainqueur : il s'agissait d'obtenir pour ses ouailles l'émancipation civile
du joug orthodoxe, et ce ne fut pas trop de son habileté et de son courage
pour assurer le triomphe d'une juste cause où l'appui de la diplomatie
française ne lui fit pas défaut. Mazloum n'hésita pas à entreprendre le
voyage de France et à séjourner plusieurs années à Constantinople ; il ne
BIBLIOGRAPHIE. 107
rentra en Syrie que quand il eut obtenu gain de cause, après une absence
de douze ans, le 23 mars 1848; son arrivée à Beyrouth fut un triomphe.
Nous avons omis dans ce bref exposé ce qui concerne les conciles de
'Ain Tràz (1835) et de Jérusalem (1849) ; et nous n'avons fait aucune allu-
sion aux documents pour la plupart inédits que l'auteur a insérés dans son
récit, ils intéressent quiconque s'occupe de l'histoire des églises orientales.
Les dernières années de l'altier patriarche furent troublées par plusieurs
affaires etnotammentpar ses démêlés avec le digne métropolite de Beyrouth
Agapios Riàchi. Agé de .soixante-quinze ans, mais actif comme dans sa jeu-
nesse, Maxime s'embarque pour l'Egypte à la fin de 1854; il voulait construire
dans Alexandrie une cathédrale grecque catholique, comme il l'avait fait
quelques années plus tôt à Jérusalem ; il y tomba malade et resta plus d'un
mois dans un état très grave au début de 1855 ; pourtant le jeudi saint il
était guéri, et ne cessa pas de faire les démarches nécessaires à la cons-
truction de l'église jusqu'à ce qu'il fut terrassé par un mal incurable. Le
11 août (31 juillet) 1855, Maxime mourait après d'atroces souffrances sainte-
ment supportées, laissant l'Église catholique melkite libre et passablement
organisée. Nous espérons que l'auteur ne tardera pas à publier l'histoire
des deux successeurs de Mazloum; là encore il y aura bien des détails cu-
rieux à glaner, et le fait que le P. Charron a été témoin oculaire de cer-
tains événements ne contribuera pas peu à augmenter l'intérêt et la valeur
de son livre.
Rome.
Eug. TiSSERANT.
P. Bedjan, Homiliœ selectee Mar Jacobi Sarugensis, t. V. 8°, x\-
908 pages. Leipzig, Harrassowitz, 1910.
Ce nouveau volume, édité par le vénérable septuagénaire si actif, si
zélé — nous serions tenté de dire : si jeune — qu'est le R. P. Bedjan,
comprend quarante-neuf homélies. Elles sont numérotées de 147 à 195 (1) à
la suite des homélies choisies contenues dans les quatre précédents
volumes. Quarante-huit sont éditées pour la première fois, d'après des
manuscrits de Londres, de Mardin, de Mossoul, d'Oxford, de Paris et de
Rome. C'est miracle de voir l'auteur, soutenu par son amour de l'Église
qu'il veut orner de nouvelles couronnes, réunir les documents, les trans-
crire, les interpréter par une vocalisation toute personnelle, et corriger
(I) Sur Gain et Abel (liT-liiO); sur Sodome (lSl-154); sur Melchisédek (JSb); sur Job
130-157), sur Moïse, sur la ûlle de Jephlc, sur Samson; sur la chute des élus; sur David
et Urie ; sur Ozias et Isaïe ; sur le torrent que vit Ezéchiel; sur la présentation de N. S. ;
sur Luc, II, 34; sur Cana, sur le trésor enfoui; sur Luc, xiii, H ; sur la femme hémor-
roisse ; sur Luc, xiv , 16; sur Luc, xx, 29; sur la parabole des talents; sur le lundi des
Rameaux; sur la Pàque légale au jeudi saint; sur la mort et le démon; sur le chérubin
et le bon larron; sur Jean, xxi, 14; sur le paralytique'gueri par S. Pierre et S.Jean ; sur
Édesse et Jérusalem ; sur S. Georges ; sur l'admonition, sur les défunts (sept homélies) ;
sur la mort; sur le décès d'une religieuse (litt. : sur une fille de l'alliance pure, vierge
qui quitte ce monde); sur la fin du monde et le dernier jugement (quatre homélies).
108 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
avec tant de soins de multiples épreuves. En récompense de tant de
peine, il confirme les dogmes catholiques dont Jacques de Saroug, au
v« siècle, est si souvent un témoin autorisé et il fournit aux prêtres et aux
fidèles chaldéens, si déshérités jusqu'à lui du pain intellectuel, des lec-
tures édifiantes, intéressantes et instructives.
L'historien peut glaner aussi des témoignages en faveur des anciennes
traditions. Jacques vient ajouter son témoignage à celui d'Eusèbe lorsqu'il
expose celle qui faisait l'orgueil d'Édesse. Pour lui aussi Abgar le Noir a
écrit au Christ de venir habiter près de lui à Édesse : « Ma ville est petite,
mais belle et elle suffit pour nous deux », lui fait dire Eusèbe.
Jacques oppose Édesse l'araméenne, la fille des Parthes, à Jérusalem
la juive qui voit les prodiges et n'en est pas touchée.
Par l'entremise de son roi juste (et) plein de foi,
Édesse fit prier le Fils de Dieu de venir chez elle.
Le roi Abgar, qui était aussi appelé « le Noir »,
père de la fiancée, priait l'époux de venir près d'elle,
La nuit, pour ainsi dire, envoyait (chercher) le jour,
car il portait le nom de « Noir » (qui est) la couleur de la nuit...
A la figure lumineuse qui parcourait le pays de Juda
(Édesse) fit dire de venir éclairer son obscurité...
« Viens près de moi, Fils de Dieu qui es venu sur terre,
Éclaire nos places publiques et dissipe nos vaines idoles »...
Édesse la première et sans apôtres (pour le prêcher) a aimé le Fils ;
elle n'a pas eu besoin de prédicateurs de la foi...
Le roi crut en Notre-Seigneur : qu'il était le Fils de Dieu,
et qu'il était descendu du ciel pour marcher dans le pays de Juda.
Le poète se tourne ensuite vers ses contemporains et les exhorte, en
termes pathétiques, à se montrer dignes de leurs devanciers; il constate
enfin que l'Évangile a été prêché par tout le monde et termine par :
Le Fils de Dieu a répandu (sa) lumière sur la terre ténébreuse;
Béni celui qui est venu et qui a chassé l'obscurité de (nos) pays.
L'homélie suivante est un nouveau témoignage de l'ancienneté de la
légende qui raconte le martyre de saint Georges, sous le roi Dadianos, et
ses multiples souffrances. En somme, ces éditions, données avec tant de
peines et de soins par le R. P. Bedjan, seront utiles à l'historien et au phi-
lologue, mais contribueront surtout à instruire et à édifier ses compatriotes,
les prêtres chaldéens, auxquels il a dévoué sa vie.
F. N.\u.
Fr. I. c. c.\RD. Vives o. m. cap.. De ine/fabili bonitate Sacratissimi Cordis
/esw (contemplationes et orationes quotidiaucc in menses duodecim
distributae, adiectis orationibus marianis). Rome, 1911, librairie Fr.
Pustet. In-Ro broché, vi-4«U pages. — 3 L.
Ce remarquable ouvrage ascétique est avant tout complet, concis et
BIBLIOGRAPHIE. 109
solide. Dire de lui qu'il est une véritable Somme de théologie affective sur
le Sacré-Cœur, c'est le caractériser assez justement.
L'auteur a réuni avec discernement — pour les distribuer un à un aux
divers jours de l'année — les meilleurs fragments sur le Sacré-Cœur,
épars dans les œuvres des auteurs les plus compétents. Sententiœ B. Mar-
garitœ Marias Alacoque ex gallico sermone translata; ponuntur. Ea quse
ex libris S. Alphonsi Mariae de Ligorio, S. Leonardi a Portu Mauritio,
Beati Pompilii M. Pirrotti, et devoti Thomae Bergomensis leguntiir, ex
italicis eorum opusculis excerpta sunt. Quœ vero ex variis Carthusianis
scriptoribus habentur, ex gallicis prœcipue editionibus veniunt ; exceptis
scriplis B. Dionysii Carthusiani et Lanspergii, quœ latine ab ipsis édita
fuerunt (p. m). Chaque méditation quotidienne est suivie d'une oraison à la
Sainte Vierge, que l'on pourrait dire appellative, car elle commence tou-
jours par un prédicat, attribué à Marie par un Père, un Saint, ou un dévot
personnage [Emandatrix mnndi : S. Jean Damascène; Exemplar spon-
tanese paupertatis : S. Éloi, etc.), que l'auteur énonce sous la forme sui-
vante : 0 Maria Jmmaculata, quse a S. Damasceno rite dicta es : Emun-
datrix mundi..., et dont il fait le corps de son oraison.
Les méditations sont écrites dans une langue sobre, claire, nerveuse
même. L'exposition théologique est à la fois profonde et précise. Point de
sentimentalisme, mais partout richesse de doctrine, solidité des argu-
ments et élévation des pensées. La distribution des sujets est faite de
manière à écarter toute monotonie. Tantôt, les fondements de la dévotion
au Sacré-Cœur sont établis avec netteté, v. g. : 55. Cor lesu non separatim
a sacratissima Persona Christi colitur (p. 16); 55. Cor lesu nobis aman-
dumest, quia est Cor Creatoris atque ludicis nostri, Cor Patris, Pastoris,
Cor Régis, Cor Nautx nostri (p. 87) ; tantôt, un bref commentaire de
l'Ecriture est donné : Devotio Divini Cordis in sacris Sc7'ipturis insinuata
(p. 228j ; 5. Paulus Apostolus et 55. Cor lesu (p. 247) ; Circa verba : Vulne-
rasti Cor meumsoror mea aponsa... (p. 248) ; ici, se trouve une série d'élé-
vations, tirées des grands dévots au Sacré-Cœur : Contemplatio devoti
lacobi Alvarez de XII Cordis lesu munditiis (pp. 23-36) ; 55. Cor lesu...
umatornostri (Innoc. Carth.) (pp. 363-391); Cor lesu solamen in Iribulatio-
nibus; Cor lesu immensi amoris centrum, etc. (B. Pompilius Maria Pir-
rotti) (pp. 394-436) ; là, ce sont des élans du cœur, pix aspirationes
(pp. 220-238) ; plus loin, les faits historiques occupent une place importante :
ils consistent en un résumé succinct de tout ce qui a contribué à promou-
voir et à répandre le culte du Sacré-Cœur, comme les nombreux synodes
provinciaux, les règles des familles religieuses, les actes et décrets des
Papes.
Une neuvaine {supplicatio novendialis) en l'honneur du Sacré-Cœur,
ainsi que des oraisons variées pour Pâques, l'Ascension, la Pentecôte, là
Fête-Dieu et la Fête du Sacré-Cœur sont ajoutées en supplément. Il eût
été utile que la table des matières, simplement énumérative, fût accom-
pagnée d'un répertoire alphabétique.
L'heureuse alliance de la variété à l'unité rend la lecture du livre
très attrayante. Mais le principal mérite de l'ouvrage est d'éclairer Tin-
110 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
telligence, de fortifier la volonté, d'échauffer le cœur, en un mot de
donner à l'àme une nourriture substantielle.
Sylvain Gréuaut.
Le P. Paul Abboud, maronite, vicaire épiscopal à Jaffa, Les relations
des Maronites avec le Saint-Siège au XVII I^ siècle (en arabe), 3 vol.
Beyrouth, Imprimerie Attawfick, N. Sabra, 1909. — 15 francs.
Le R. P. Abboud vient de publier en trois volumes l'histoire des événe-
ments qui se sont déroulés au Liban dans la seconde moitié du xvin' siècle,
surtout sous le patriarcat de Joseph Stefan, 17G6-1793.
L'auteur laisse la parole aux faits, en donnant les documents quil a pu
trouver aux Archives de la Propagande, du Patriarcat maronite ou dans les
collections particulières. La plupart de ces documents, qui étaient jus-
qu'ici inédits, se composent de lettres adressées par les Souverains Pon-
tifes et les Préfets de la Propagande aux Patriarches ou au peuple
maronites, de quelques écrits et lettres du Patriarche Joseph Stefan, de
.synodes nationaux et de relations officielles de cette époque. Le P. Abboud
en donne le texte original latin ou italien accompagné d'une traduction
arabe.
A la lecture de ces documents, on est frappé du profond attachement et
de la soumission filiale que les maronites se glorifient d'avoir toujours
témoignés à l'Eglise romaine, mère de toutes les Églises. Le P. Abboud a
très bien mis ce fait en relief. Mais ce qu'il a surtout visé, c'est de réta-
blir la vérité historique sur la fameuse religieuse Hendié, fondatrice de
la congrégation du S. -Cœur au Liban (1720-1798). 11 retrace à l'aide de
ces documents le portrait de cette religieuse et le rôle qu'elle a joué au
Liban pendant une quarantaine d'années.
Le R. P. Abboud, qui a dépensé beaucoup de temps et de patience pour
mettre ces documents à la portée du public, témoigne aussi d'un sens
critique judicieux et pénétrant et d'une impartialité remarquable. Les
historiens trouveront dans son ouvrage la contribution la plus conscien-
cieuse et la plus informée qui soit sur Ihistoire de l'Église maronite au
xviii^ siècle.
Pierre Dib.
Livres nouveaux.
René Basset, La Banal So'âd, poème de Ka'b ben Zohaïr, publiée avec
une biographie du poète, une traduction, deux commentaires inédits et
des notes: 8-^, 180 pages. Alger, Jourdan, 1910.
Ka'b ben Zohaïr est un poète arabe antéislamique. Il reste de lui quel-
ques pièces de vers relatives aux principaux événements de sa vie; la
principale, récitée au moment où il se convertissait à l'islamisme — entre
les mains de Mahomet lui-même -— pour éviter la mort, commençait par
BIBLIOGRAPHIE. 111
les deux mots BAnat So'ad « So ad a disparu » qui ont servi depuis à la
désigner.
Cette pièce plut au Prophète au point qu'il jeta son manteau sur les
épaules de Ka'b. Le calife Mo 'awiah racheta ce manteau au fils de Ka'b et
le mit dans le trésor des califes qui le revêtaient à certaines fêtes. M. René
Basset traduit cette pièce célèbre, p. 45 50, au milieu d'un grand nombre
d'autres relatives à la vie de Ka'b et fait suivre cette étude du texte arabe
de la Bânat So'âd et des commentaires d'Ibn Yalalbakht et de Tha'lab,
accompagnés de nombreux passages parallèles d'autres poètes arabes.
Miguel Asin Palacios, La polemica anticrUliana de Mohamed el Caïsi, 8",
28 pages, 1909, Extrait de la Revue Hispanique, t. XXI.
L'auteur, de la tribu de Caïs, vivait sans doute à Tunis vers la fin du
XM" siècle et avait été prisonnier à Lérida. En quelques pages intitulées
« question », il attaque la Trinité et l'Incarnation. Pour lui, comme pour
tous les Musulmans, le Christ n'est qu'un prophète gratifié de la grâce
divine.
Rappelons que Francisco Codera, le maître de M. Asin, a été reçu mem-
bre de l'Académie royale espagnole le 15 mai 1910. M. Codera, après avoir
été professeur de grec, a consacré sa vie à l'étude comparée de l'arabe
et de l'espagnol pour rechercher ce que ces deux langues, parlées simulta-
nément durant plusieurs siècles dans presque toute la péninsule ibérique,
se sont emprunté l'une à l'autre. Cette étude comparée porte sur la
grammaire, le vocabulaire, la prononciation, les littératures, les relations
politiques, la philosophie; ses nombreux élèves, Ribera, Meneu, Pons,
Asin, etc., le secondent dans ces» multiples recherches. Cf. Discursos leidos
ante la real Academia espagnola, en la réception publica delexcmo. sr. D.
Francisco Codera, 8°. 84 pages, Madrid, imprenta iberica, 1910,
Malachia Ormanian. ci-devant patriarche arménien de Constantinople,
L'Eglise arménienne, son histoire, sa doctrine, son régime, sa discipline,
m liturgie, sa littérature, son présent, 8" x-192 pages. Paris, 1010.
Ce court résumé, clair et concis, sans notes ni références, de l'histoire
et des institutions de l'église arménienne, se lit avec intérêt. Il a le tort de
paraître en même temps que l'ouvrage si complet et si documenté du
Père Tournebize, annoncé plus haut, HOC, 1910, p. 334. Il a le tort,
plus grand encore, de faire à la polémique une place qui ne lui attirera
guère de partisans et qui pourra lui aliéner bien des lecteurs : que penser
des nombreux couplets sur la perfection relative de l'église arménienne
démontrée par le fait qu'elle a jugé le premier concile d'Éphèse plus im-
partial, plus général, nous dirions plus catholique, que celui de Chalcé-
doine ? Pourquoi veut-il arrêter la liste des conciles généraux au concile
d'Ephèse et empêcher l'Église de continuer à fixer les points en litige,
112 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
c'est-à-dire de vivre? Quel service peuvent rendre à l'histoire d'Armé-
nie des phrases comme celle-ci : « on peut dire que la dernière encyclique
de Rome a prononcé définitivement le divorce entre son église et la
science » (p. 82)? Elles nous obligent uniquement à nous rappeler que la
nation, représentée par l'auteur de cette phrase, ne savait encore ni lire
ni écrire au commencement du v^ siècle (cf. p. 18), et qu'elle a plus brillé
par ses traducteurs que par ses auteurs originaux ; elle est donc mal venue
à se poser en champion de la science en face de TÉglise romaine. Une
préface étrange, que Ms'' Ormanian a laissé mettre entête de son ouvrage
(on y loue l'église arménienne de ce que le clergé est à la discrétion des
fidèles, p. 11 ; de ce qu'elle fait bon marché de la doctrine, p. 111 ; de ce
qu'elle accepte la suppression des privilèges des communautés religieuses,
p. IX), nous autorise à penser qu'il n'est peut-être pas responsable de tous
les passages polémiques, d'ailleurs très contestables, qui déparent son
œuvre.
Patrologia Orientams, gr. in-S*^, format de Migne, Paris, Firmin-Didot,
t. VI, 710 pages, prix 42 francs. — t. VII, 804 pages prix, net 47 fr. 85.
Ces deux volumes ont coûté 26 fr 55 et 30 fr. 15 (port en sus) aux sous-
cripteurs. Voir ci-après, sur la couverture, le contenu de ces deux volu-
mes. Quelques-uns des fascicules seront l'objet de comptes rendus. Signa-
lons seulement que la souscription sera close le l^"" juillet 1911. Le prix
de souscription (0 fr. 60 la feuille) a été consenti jusqu'ici pour favoriser
les savants, et tous ceux qui ont fait les frais de quelques publications
orientales savent qu'il est vraiment un prix de faveur. A partir du
l*"" juillet 1911 le prix unique sera de 0 fr. 95 la feuille (port en sus) pour
ies acheteurs qui n'auront pas souscrit avant cette époque.
La rédaction de la Theologische Literaturzeilung, fondée par E. Schùrer
en 1876, nous prie d'annoncer qu'elle élargit son programme et l'étend
aux questions historico-philologiques, à Thistoirede l'Église et aux littéra-
tures étrangères. Elle se limitait plutôt auparavant aux diverses manifes-
tations de la théologie protestante en Allemagne. Chaque numéro com-
prendra deux feuilles. Les vingt-six numéros de l'année coûtent 18 marks;
Éditeur : J. C. Hinrich. Leipzig; Directeur : A. Titius, Gottingue.
Le Directeur gérant
F. Charmetant.
Tjj/op-aphie Finnin-Diilot et C
HISTOIRE DU COUVENT
DE RABBAN HORMIZD
DE 18U8 A 1832
{S m te) (1)
Année 1822.
Quand le nombre des frères eut augmenté et qu'ils eurent appris à lire
la langue chaldeenne et la langue arabe, notre père Gabriel et le conseil
de la communauté choisirent alors huit frères pour l'ordre du sacerdoce
et un pour le diaconat de l'Evangile. Ce furent Joseph Audô d'Alqôs, Man-
?our Asmar de Tclkepc, Thomas Kabàrà de Tesqôpà, Augustin de Tëlkêpê
Raphaël de Te kep. Antoine de Telkep., Laurent d'Alqôs et Jean dé
Telkepe (2) Aotre père Gabriel les conduisit à Amid auprès d'Augustin
Hendi et ce digne personnage les consacra prêtres et Jean diacre de l'Évan-
gile : ceci eut lieu en l'année 1822, le 25 adar. Notre père Gabriel demanda
a Mar Augustin d en élever deux parmi les prêtres à la dignité de métro-
politain et celui-ci refusa en ces termes : . Je ne peux consacrer des mé-
tropolitains sans e conseil de la Sacrée Congrégation. . C'est pourquoi
notre père Gabriel laissa deux prêtres à Amid auprès de (Mâr Augustin)
jusqua ce fut arrivée la réponse de la Sacrée Congrégation; les prêtres
qu 11 y laissa étaient ,1e prêtre Mansour et le prêtre Thomas. Il prit lui-
même les autres prêtres et ils revinrent au couvent. Cette année-là entrè-
ent Zacliarie de Telkêpe, Anselme de Têsqôpâ, Athanase de Têlseqipâ
oachim de Telkepe Yàunan de Telkêpê, le diacre Joseph d'Amid,'£
de Mossoul, Martin d'Alqôs Cyriaque d'Alqôs, Éphrem d'Alqôs, Philippe
de Telkepe, Lewis (^.«.] de Telkëpe, Jérôme de Tëlkepe, Gfrânîmôs de
Année 1823.
Notre père Gabriel alla une autre fois à Amid. Cette année-là encore il
(1) Voy. llJlo, p. iio.
{■il II manque un nom propi-e.
OniE.NT CIlIîtTirN.
111 REVUE DE l'ORTENT CHRÉTIEN.
emmena avec lui quatre autres frères; il fit prêtres trois d'entre eux et
diacre de l'Évangile le dernier; c'étaient le prêtre Jean, le prêtre Etienne,
le prêtre André et le diacre Martin. 11 demanda encore à Mâr Augustin de
consacrer métropolitains les deux premiers prêtres qui viennent d'être
nommés et celui-ci n'y consentit pas. Notre père Gabriel envoya ensuite
au couvent le prêtre Jean, le prêtre André et le diacre Martin; il prit avec
lui le prêtre Etienne et partit pour Béroe qui est Alep, où ils écrivirent
et envoyèrent des lettres à la Sacrée Congrégation. Quand il était dans
cette ville, la Sacrée Congrégation répondit à Mâr Augustin de choisir
quelques moines du couvent de Mâr Hormîzd pour les créer métropolitains
et pour occuper les sièges vacants de la nation chaldéenne. Mar Augustin
envoya une lettre à notre père Gabriel et, après son retour à Amid, il
consacra deux métropolitains, le prêtre Mansour qu'il appela Basile pour
la région de 'Amâdya et le prêtre Thomas qu'il appela Laurent pour
Babylone. Avant le retour d'Amid de notre père Gabriel entrèrent cette
année-là le frère Aklîmandous de Têlkêpê, Rokos de Manguêsë, Samuel
d'Are {^m), Élie de Ma'altâyè, le prêtre Isaac de Guessa, Benoît de
Tëlseqïpa, Romain d'Alqôs, Vincent (^ci..^ïix*ax.o) d'Alqôs, Damien d'Alqôs,
Elisée de Deh(:»k et Cléophas de Têlkëpë.
Année 1824.
Après que les deux métropolitains eurent reçu la consécration, notre
père Gabriel les laissa à Amid et ne les emmena pas par crainte du mé-
tropolitain Jean, et lui il revint au couvent. Cette année-là il vint à Ba-
bylone le métropolitain latin Pierre Coupperie (^vâ<i=). Dès son arrivée,
Mar Jean alla le trouver et l'importuna afin qu'il fit quelque chose pour
lui auprès de la Sacrée Congrégation. Coupperie était encore étranger et
ne connaissait pas ses affaires, (aussi) il lui dit : « Moi je t'apporterai la fin
de ta peine de la part de la Sacrée Congrégation. » Quand le prêtre
Georges, administrateur du siège de Babylone, apprit cela, il alla le trou-
ver à Mossoul avec notre père Gabriel et ils lui racontèrent toutes ses
affaires. Alors Coupperie le laissa et l'abandonna et il resta avec le prêtre
en question.
Année 1825.
Avant qu'il se fût écoulé beaucoup de temps, le cœur du métropolitain
Coupperie s'éloigna de Mâr Augustin. Le prêtre Jean de Têsqôpa se dé-
tourna aussi du couvent et du père Georges en question et il suivit Mâr
Jean. Le prêtre Jean écrivit des lettres au nom des notabilités et des prêtres
de la localité de Mossoul au métropolitain Pierre Coupperie afin qu'il
apportât de la Sacrée Congrégation pour Mâr Jean Hôrmizd la fin de sa
peine, et le métropolitain Coupperie écrivit et envoya une lettre à la
Sacrée Congrégation, pour qu'elle prononçât en faveur de Mâr Jean la
fin de sa peine. Cette année-là entrèrent au couvent Sîpâ d'Alqôs, Léon
de Têlkëpë et André de Tèlkêpê. Quand fut arrivé au couvent le diacre
HISTOIRE DM COUVENT DE RABB\N HORMIZD. 115
Joseph d'Amid qui savait un peu parler la langue chaldéenne, il com-
mença à apprendre aux frères à parler (le chaldéen) et les frères apprirent
à parler la langue chaldéenne et la langue arabe. Lorsque le nombre des
prêtres, des diacres et des lecteurs eut augmenté, notre père Gabriel les
envoya deux par deux dans les campagnes et les villes pour prêcher, en-
seigner et instruire les enfants : à Alqôs deux prêtres et deux diacres, à
Pios un prêtre et un diacre, à Nesëryâ un prêtre et un diacre, à Tësqôpâ
deux diacres, à Têtnayâ un prêtre et un diacre, à Mossoul un prêtre
et un diacre, à Babylone un prêtre et un diacre, à Bôsra deux prêtres,
à Ma^eltayè un prêtre et un diacre, à Etouk un prêtre et un diacre, à
Esrm Birta un prêtre et un diacre, à Rezë un prêtre et un diacre, à Tela un
prêtre et un diacre.
Cette année-là il y eut une persécution dirigée contre nous par Mâr
Jean. Lorsque Merâd pacha, gouverneur de 'Amâdya, fut descendu dans
la région et qu'il fut venu à Alqôs, notre père Gabriel s'enfuit parce qu'il
craignait d'avoir à faire sa soumission au gouverneur en question; nous
cachâmes les autres prêtres dans une caverne de la montagne et nous les
envoyâmes de nuit à Tesqôpâ auprès de notre père Gabriel; ceux qui se
trouvaient dans les campagnes de 'Amâdya s'enfuirent pendant la nuit
dans la région de Mossoul et il ne resta au couvent qu'un vieillard, le
prêtre Hôrmîzd. Le fils du gouverneur monta au couvent avec des hommes
de Mar Jean ; ils cherchèrent dans le couvent ceux qu'ils désiraient sans
les trouver et finalement ils redescendirent tous le même jour.
Quand le gouverneur en question fut sorti d'Alqôs, le frère du gouver-
neur de Mossoul monta à Alqôs : Mâr Jean avait accusé auprès de lui le
prêtre Georges et ce frère du gouverneur nommé Sa'lr bàg était monté
afin de nuire au prêtre en question. Beaucoup de gens conseillèrent au
vieillard de s'enfuir et lui ne s'enfuit pas. Mais quand il se trouva en face
de Sa'îr bàg, Dieu changea le cœur de ce tyran. Ce dernier dit aux no-
tabilités d'Alqôs qui se trouvaient là : « C'est le prêtre Georges que Mar
Jean a accusé? . — « Oui, . répondit celui-ci. Là-dessus (Sa'îr bàg) ajouta :
« Ne crains rien, on ne te fera absolument aucun mal. » Après avoir
trouvé grâce devant lui, (le prêtre Georges) lui expliqua le comment de
l'affaire de Mâr Jean et la cause de la haine qu'il lui portait. (Sa'lr bâg) à
partir de cette époque devint l'ami du prêtre Georges et celui-ci lui de-
manda de créer un métropolitain pour la région de Mossoul et de faire
venir les deux métropolitains que nous avons nommés plus haut et qui
étaient à Amid. Sa'îr bâg lui accorda alors cette faveur et le prêtre Geor-
ges et Jérémie Daqdo la demandèrent au gouverneur de Mossoul Hâhâ
pacha que cette démarche apaisa. Là-dessus le père Georges, notre père
Gabriel et Monsieur (k^aa) Jérémie envoyèrent le prêtre et moine Joseph
Audo auprès de Mâr Joseph Hêndî pour que celui-ci le consacrât métropo-
litain de Mossoul et pour qu'il l'envoyât avec les deux autres métropolitains
qui étaient (à Amid); ceci eut lieu en l'année 1825 dans le mois d'adar.
116 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Année 1826.
Après la consécration de Joseph Audô, Mâr Joseph Hendî les envoya
tous les trois et ils vinrent à Mossoul. Alors le prêtre Georges et le raïs
d'Alqôs allèrent trouver le gouverneur et lui donnèrent cinquante sacs de
piastres {^o-^) (1), afin qu'il leur accordât la faveur et le sultan la leur
octroya ensuite en leur donnant un écrit. Ils sortirent et vinrent dans la
région, et ce fut une allégresse et une joie telle qu'il n'y en eut jamais
(le semblable dans toute la contrée. Ils montèrent à Alqôs et allèrent
trouver Mâr Jean, mais ils ne s'entendirent pas. Après être monté au
couvent et en être descendu le même jour, Mâr Joseph resta à Alqôs et
débuta par une ordination, tandis que Mâr Laurent à Tesqôpâ et Mâr Basile
à Têlkëpe faisaient une ordination chacun en son lieu. Cette année-là
(entrèrent au couvent) Paul de Têlkëpe, Thomas de Têlnâyâ, Mathieu de
Tetnâyâ, Laurent de Tëtnâyâ, Sëm'an de Séert.
Année 1827.
Mâr Laurent descendit à Babylone. Quant à Mâr Basile, il fut chassé de
la région de Mossoul par le gouverneur et il alla trouver Mâr Joseph Hêndï
à Amid, parce que l'une des notabilités de Tëlkëpë avait porté des accusa-
tions contre lui. Cette année-là entrèrent au couvent Michel de Mardin, le
diacre David de Manguësë, le diacre Péthion d'Amid, Jean de 'Amêdâ,
Mansour d'Alqôs et le diacre Antoine de Guezïd.
Cette année-là le métropolitain latin Pierre Coupperie monta et vint à
Mossoul et il apporta à Mâr Jean Hôrmizd la fin de sa peine de la part de
la Sacrée Congrégation et. après l'arrivée de celui-ci à Mossoul, il fit cesser
son interdit. Mâr Joseph, le prêtre Georges et notre père Gabriel descen-
dirent trouver (le métropolitain Pierre) et eurent avec lui un entretien
pour que la région de 'Amcâdya appartint à Mâr Joseph. Pierre Coupperie
accepta, mais Mâr Jean refusa ; le métropolitain Pierre se fâcha contre lui
et Mâr Jean s'en alla auprès d'Asqeph Besârâ. Après des pourparlers, ces
derniers mandèrent là le métropolitain Pierre, le firent revenir de son
idée pour suivre leur conseil et ils ne donnèrent pas le diocèse de 'Amâ-
dya à Mâr Joseph. Le métropolitain Pierre sortit ensuite pour visiter le
diocèse de Mossoul et pour confirmer Mâr Jean; il monta au couvent et en
descendit le même jour. Après cela il se rendit dans le diocèse de 'Amàdya
qu'il parcourut en entier et il alla faire visite au gouverneur de 'Amàdya.
puis il descendit à Mossoul. Après qu'il fut descendu à Mossoul, un prêtre
du couvent nommé le prêtre Joseph d'Amid eut une tentation. Il s'in-
surgea contre notre père Gabriel, il avait également d'autres compagnons
parmi les prêtres et les frères, lesquels l'approuvaient secrètement;
c'étaient ceux qui demandaient le changement de la nourriture sous pré-
texte qu'elle était vile et qui voulaient que l'on fit encore d'autres modi-
fications selon leur bon plaisir. A partir de ce moment Satan sema la zi-
(Ij Le te.Kte ajoute -^^Z».
HISTOIRE DU COUVENT DE RABBAN HORMIZD. 117
zanie parmi les frères du couvent; jusqu'alors en effet ils n'avaient eu
tous qu'un seul esprit et qu'une seule intention et ils obéissaient à leur
supérieur tous dans une même volonté. Ce prêtre Joseph d'Amid, du jour
oîi il était entré au couvent, avait appris et enseigné la lecture jusqu'à ce
qu'il fut ordonné prêtre et devenu administrateur du couvent. Comme il
n'était pas établi dans la crainte de Dieu, dans la sainte humilité et dans
la vie parfaite, il ne put pas se maintenir dans les degrés élevés et il
tomba. Une première fois il descendit du couvent et on le fit rentrer. Les
frères et les prêtres qui l'avaient suivi, quand ils virent qu'il était descendu
du couvent, se séparèrent de lui et le laissèrent seul. Peu de jours après,
comme il ne pouvait encore supporter de demeurer dans le couvent, il
descendit une seconde fois et il alla trouver le métropolitain Pierre à Mos-
soul. 11 exposa ses plaintes contre notre père Gabriel, en présence même
de notre père Gabriel, et ils discutèrent la question devant lui. Le prêtre
susnommé dit au métropolitain Pierre : « Je ne suis pas seul, mais j'ai
d'autres compagnons au couvent. » Alors le métropolitain Pierre écrivit
une lettre au frère administrateur de notre père Gabriel et lui ordonna
d'en donner connaissance dans le couvent à tous les frères réunis :
« Chaque frère demeurera en silence dans sa cellule tout seul pendant
huit jours; tous seront constamment appliqués aux prières et aux ré-
flexions spirituelles; au bout de huit jours ceux qui voudront rester au
couvent en feront le vœu publiquement et solennellement; toi, consacre
les moines ; et ceux qui ne voudront pas faire ce vœu sortiront du cou-
vent. » Il envoya la lettre, lui et notre père Gabriel; l'administrateur
suivit les prescriptions et au bout de huit jours nuus fîmes tous les pro-
messes, les serments et les vœux; il ne sortit qu'un seul frère séculier
qui n'était pas lecteur, nommé Michel Doudà. Le prêtre Joseph sortit éga-
lement du couvent et alla à Amid auprès de Mâr Joseph Hêndi. Cette
année-là le métropolitain Pierre envoya du couvent deux prêtres dans
la ville de Bosra.
Année 1828 (1).
Le métropolitain Pierre descendit à Babylone. Après un mois entier
notre père Gabriel se disposa également à partir : il prit avec lui deux
prêtres, Paul Gêndi Gâmâlâ de Tolkepê et Philippe de Telkepe, et il des-
cendit à Babylone trouver le métropolitain Pierre. De là il fît route vers
la grande Rome après avoir établi à sa place comme administrateur le
vénérable père Jean : il faisait lui-même ce voyage afin d'apporter l'ap-
probation pour le couvent de la part de la Sacrée Congrégation. Quand il
fut arrivé à la mer, il laissa le prêtre Philippe dans la montagne du Liban
à cause de l'exiguïté de ses ressources; il emmena avec lui le prêtre Paul
Gâmâlâ et il se rendit en bonne santé dans la grande ville de Rome.
Cette année-là il y eut une grande famine dans notre région. Les Ismaé-
lites venaient nous demander avec violence des vivres parce qu'ils étaient
(1) Dans le ms., il y a : /6'27.
118 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
affamés. Aussi nous ne pûmes leur résister et nous descendîmes dans un
village nommé Bozâye situé près du couvent et nous y demeurâmes depuis
le commencement du grand jeûne jusqu'au jour du jeudi de Pâques. Puis
le fils de Younës âghâ ainsi que tous (âAio) ses conseillers vinrent nous
faire monter au couvent et nous y montâmes le jour du jeudi de Pâques.
Quand nous fûmes montés, le père Jean, administrateur du couvent, et
le père David allèrent dire à Mar Jean que nous étions montés au couvent.
A cette nouvelle que nous étions montés, celui-ci entra en colère parce
que telle n'était pas sa volonté. Mais, quand ils lui dirent : « Le fils de
Younës agha est venu et nous a fait monter », il se tut alors et ne parla
plus parce qu'il le craignait.
Cette année- là la famine fut grande, très grande. Beaucoup d'hommes
mangeaient de la paille et beaucoup moururent de faim; on mangeait
encore de la viande de cheval, de chien, de renard et d'animaux sembla-
bles; beaucoup d'hommes riches devinrent pauvres et allaient à la recher-
che de vivres; beaucoup se dispersèrent dans des pays lointains. La
famine fut telle que beaucoup d'hornmes vendirent leurs fils et leurs
filles seulement pour la nourriture. Le cœur de l'homme brûlait en voyant
ses semblables dans une pareille nécessité. Nous toutefois nous ne fûmes
pas dans un aussi grand besoin, car nous avions beaucoup de haricots et
c'était là notre repas de chaque jour, à savoir de la farine et des haricots
et cela à cause de la grande famine. Le père Jean envoya dix frères
auprès de Mar Michel au couvent de Mar Jacques; celui-ci ne subvint pas
à leur nourriture, mais il choisit parmi eux ceux qui lui étaient utiles et
il renvoya (1) les autres qui revinrent au couvent.
Il y eut de nouveau inimitié entre le gouverneur de Mossoul et le gou-
verneur de 'Amâdya, parce que le gouverneur de 'Amàdya avait pris
Alqôs au gouverneur de Mossoul. Au bout de plusieurs jours les troupes
du gouverneur de Mossoul vinrent et reprirent Alqôs; elles tuèrent les
serviteurs du gouverneur de 'Amâdya, quelques-uns se sauvèrent et
s'enfuirent. C'est pourquoi Mâr Jean ne put pas rester à Alqôs ni autre
part, de crainte que l'un des deux gouverneurs ne se détournât de lui;
car s'il demeurait à Alqôs, il ne pouvait plus monter à 'Amâdya, et s'il
demeurait dans une des campagnes de 'Amâdya, il ne pouvait plus
descendre à Mossoul; aussi choisit-il de monter au couvent. Il monta chez
nous, et demeura dans le temple inférieur du vestibule de l'église ; nous
lui apportâmes sa nourriture du couvent et nous lui donnâmes un frère
pour son service personnel.
Il nous arriva cependant une injure de sa part; souvent en effet il
parlait en cachette avec des frères qu'il connaissait sur des sujets qui
non seulement n'avaient aucune utilité, mais encore qui détruisaient et
contredisaient la charité, et il cherchait continuellement à amener à son
sentiment plusieurs frères et prêtres, sans y réussir toutefois; c'est ainsi
entre autres choses qu'il fit venir une fois le père Jean administrateur et
le prêtre David et leur dit : « Abandonnez le père Gabriel et venez me
(1) Le texte porte le pluriel.
HISTOIRE DU COUVENT DE RABBAN HORMIZD. 119
suivre et je vous ferai tout ce que vous voudrez. — Nous n'abandonne-
rons pas le père Gabriel, lui répondirent-ils, nous ne te demandons rien
si ce n'est que tu marches selon les exigences des canons de la sainte
Église et (alors) nous serons tous tes serviteurs. »
Il arriva dans l'un de ces jours où Mâr Jean était chez nous, que le raïs
du village de Telkës qui adore Satan vint pour recevoir la bénédiction du
couvent et il donna (1) au couvent environ douze kourasà (^xûioaa) de blé
et cette année-là le koumsâ de blé était de dix roubabâ (piooj). Mâr Jean
resta chez nous environ quarante jours ; et ensuite il ne put ni demeurer
auprès de nous parce que Younes, l'àghà des Mouzrenaye, s'était fâché
contre lui, ni faire sortir sa maison et ses hommes d'Alqôs sans passer
pour appartenir au parti du gouverneur de Mossoul. Après bien des
angoisses, il monta à 'Amàdya sans l'avis de Younes âghâ. Younès âgha,
ayant appris qu'il était monté, écrivit une lettre au gouverneur de 'Amàdya
avant l'arrivée de Mâr Jean et il l'accusa d'appartenir au parti du gouver-
neur de Mossoul. Quand Mâr Jean fut arrivé à Amàdya, (le gouverneur de
cette ville) l'enferma en prison avant qu'il eût pu voir le gouverneur
et (Mâr Jean) resta en prison environ trois mois.
Pendant deux ans il y eut la famine et les sauterelles. Nous descen-
dîmes encore une fois à Alqôs et nous demeurâmes dans l'église supé-
rieure de Mâr Mîkâ par crainte des Ismaélites; car Younes âghâ s'était
fâché contre nous et nous avait abandonnés parce que les hommes de Mâr
Jean nous avaient accusés auprès de lui d'avoir exhorté les habitants
d'Alqôs à être vigilants quand (Younes âghâ) marcherait contre eux. Une
fois en efTet celui-ci réunit une nombreuse armée, afin que, quand sorti-
raient les troupeaux de moutons, les taureaux et les laboureurs, il se pré-
cipitât sur eux, les prit et en tuât quelques-uns. Mais nous eûmes con-
naissance de cette ruse et nous avertîmes les habitants d'Alqôs. Le
lendemain personne ne sortit d'Alqôs, sauf les bœufs des hommes de Mâr
Jean; quand les brigands se répandirent autour d'Alqôs ils ne virent que
les bœufs dont nous avons parlé, ils les prirent et les emmenèrent. Les
hommes de Mâr Jean étant ensuite allés prendre leurs taureaux, trouvè-
rent une raison et une occasion de nous accuser(auprès de Younes âghâ)
et lui dirent : c Les moines sont venus et ont donné des renseignements
aux habitants d'Alqôs, personne ne s'est rendu au travail, personne n'est
sorti parmi eux. » Celui-ci fut affermi dans ses dispositions et ajouta foi à
leurs paroles ; à cause de cela il se détourna de nous et nous abandonna.
Aussi, pressés par la nécessité, nous descendîmes à Alqôs et nous demeu-
râmes dans l'église de Mâr Mîkâ depuis le canon I" jusqu'au jour de la
fête de Mâr Hôrmizd qui tombe quinze jours après la Résurrection. (Car)
Younes âghâ se réconcilia de nouveau avec nous : « Montez au couvent-
dit-il, et je serai avec vous comme précédemment. » Et nous montâmes.
Le méchant Satan jeta encore la division parmi les frères; quelques
frères en effet tinrent conseil entre eux en cachette afin de déposer de la
charge d'administrateur le père Jean que notre père Gabriel avait institué,
(1) Le te.xte porte le pluriel.
120 REVUE DE LORIENT CHRETIEN.
et afin de faire venir pour le créer administrateur le prêtre Joseph dont
nous avons parlé, celui qui était descendu du couvent et était allé à
Amid; ils lui écrivirent des lettres en cachette pour qu'il vint au couvent.
Ils écrivirent également à Babylone au métropolitain Coupperie afin qu'i'
leur vint en aide et qu'il envoyât chercher ce prêtre, et ils accusèrent
auprès de lui le père Jean sur beaucoup de points, à savoir qu'il n'admi-
nistrait pas bien le couvent et sur d'autres sujets analogues. Us envoyè-
rent ces lettres en cachette par le prêtre Pierre neveu de Mâr Jean. Cette
année-là qui est l'année 1828, lorsque les frères dont nous avons parlé
eurent écrit et envoyé ces lettres, ils se mirent alors à solliciter d'autres
frères pour les amener à leur obéir et à embrasser leur parti.
Peu de jours après, leur affaire fut découverte par des pères qui avaient
eu une conversation avec eux. Alors le père Jean réunit les pères qui
étaient dans le couvent et leur posa cette question : « Avez-vous des rela-
tions avec ces frères? » Ils lui répondirent : « Nous ignorons totalement
tout ce qu'ont fait ces frères. » Ces jours-là survint la peste appelée
^^ai.;jt et elle devenait chaque jour plus forte. C'est également dans ces
jours que Mâr Joseph Audô s'enfuit devant ia peste et monta au couvent.
Le père Jean et Mar Joseph firent venir les frères, eurent une conversa-
tion avec eux et leur dirent : « Pourquoi vous êtes-vous ainsi conduits et
avez-vous en cachette écrit des lettres au métropolitain Coupperie? » Ils
commencèrent d'abord par nier en disant : « Nous n'avons pas écrit. »
Mais quand (le père Jean et Mâr Joseph) leur eurent prouvé qu'ils avaient
écrit et envoyé des lettres, ils avouèrent alors et dirent : « Nous avons
écrit et aussi envoyé des lettres. » Alors Mâr Joseph et le père Jean
prêchèrent à ces frères de se repentir de cette action insensée et de reve-
nir de leur idée mauvaise, et ils leur dirent : « Quand sera arrivée la
réponse à vos lettres, apportez-nous-la cachetée. » — Ils répondirent :
« Oui. » Mais ce n'était que pour ce moment-là seulement, car telle n'était
pas la disposition de leur cœur, au contraire ils prirent l'engagement et
firent la promesse de mettre de toute manière leur projet à exécution.
L'affaire fut ensuite connue de toute la communauté et (les frères) furent
divisés entre eux : les uns se mirent du côté du père Jean, et les autres
du côté des frères révoltés. Ces derniers déclarèrent publiquement leur
intention de vouloir se donner un autre administrateur et de ne pas con-
sentir à avoir le père Jean pour administrateur. Il se produisit une grande
agitation parmi les frères, à tel point qu'ils se battaient entre eux dans
une colère violente. Malheur à la grande dureté de cœur! Autant la peste
était dure et forte, autant et plus encore était dure la méchanceté de leurs
cœurs. (Les frères révoltés) s'adressèrent à Mâr Jean et lui demandèrent
conseil, et il leur répondit : « Attendez-moi jusqu'à la fin de la peste. »
Quand Mar Joseph et les prêtres leur prêchèrent pour les faire revenir de
leur idée, ils entraient davantage en discussion avec le père qui les
combattait, jusqu'à ce que tous les partis se fussent entendus de déposer
le père Jean et d'instituer le prêtre Raphaël et ils l'instituèrent trois '^"
quatre jours.
Ils suscitèrent encore une autre agitation. Quand les prêtres et les frères
HISTOIRE DU COUVENT DE RABBAX HORMIZD. 121
virent que le parti du père Jean allait contre leur dessein, ils demandèrent
en effet de faire prêtre un frère (I) et d'ordonner d'autres frères séculiers
qui n'étaient parfaits ni dans la science ni dans la crainte de Dieu. Or ce
frère n'était pas digne de devenir prêtre à cause d'une faute grave qu'il
avait faite et commise; c'est pourquoi ses compagnons ne l'avaient pas
fait prêtre et c'est à cause de ce frère qu'ils avaient fait prêtre notre père
Gabriel tandis que lui-même avait été éloigné; pour cette raison il poussait
les frères qui étaient de son parti à le faire prêtre. Lui et un autre frère
nomme Sa'yâ étaient les chefs des frères qui se révoltèrent contre le
supérieur du couvent, et cet autre frère dont il vient d'être question ne
savait pas lire ; quand notre père Gabriel vit qu'ils étaient médiocres au
point de vue de la science et qu'ils ne pouvaient pas apprendre à lire, il
leur supprima la lecture et celui-ci, c'est-à-dire le frère Isaac, se fâcha.
Ces deux frères cherchaient continuellement à mettre leur dessein à
exécution et ils ne pouvaient pas y arriver. Quand d'autres prêtres se
furent joints à eux, ils leur montrèrent alors leur intention. Mais les pères
et les frères du couvent s'élevèrent contre eux et n'acceptèrent pas que le
prêtre Raphaël fût l'administrateur du couvent: mais ils dirent : « Pour
nous, notre administrateur est le père Jean que noire père Gabriel a établi. »
Les autres frères qui ne Tagréaient pas, persévérèrent dans leur révolte et
ne se repentirent pas.
La peste prit de l'extension ; les frères du couvent furent également
atteints et il mourut au couvent environ douze frères ; à la fin de la peste
quelques-uns des frères (révoltés) revinrent à résipiscence, quelques-uns
moururent et il n'en resta plus que huit.
Alors le père Jean et les prêtres du couvent ainsi que Mâr Joseph eurent
une conversation avec ces frères qui étaient restés et ils les admonestèrent
en ces termes : « Si vous n'obéissez pas et si vous ne changez pas vos
dispositions, nous vous ferons sortir et nous vous chasserons du couvent. »
Ces frères se réconcilièrent par .suite de la crainte et ils acceptèrent que
le père Jean fut administrateur. Tous se levèrent, firent l'entente entre
eux et s'embrassèrent, et lorsque la cloche sonna pour le silence, ils se
rendirent chacun à sa cellule. Tandis que tous les moines dormaient, ces
frères se levèrent, se réveillèrent les uns les autres après minuit et chacun
prenant avec soi ce qu'il pouvait porter, ils descendirent à Alqôs et allèrent
trouver Mâr Jean. Après qu'ils furent descendus, les frères s'aperçurent de
leur départ et restèrent tous dans l'étonnemcnt, (en se demandant) com-
ment ils avaient fait cette grande fourberie. Comme les frères étaient
réunis dans la cour v»-^? et qu'ils parlaient de cette affaire, ils virent se
diriger vers une cellule de novices deux des fugitifs qui étaient revenus
prendre autre chose: les frères les poursuivirent, mais ceux-ci sautèrent
par-dessus le mur et s'enfuirent. Dès le matin cette affaire fut connue de
tout le village. Le père Jean et Mar Joseph descendirent à Alqôs ; ils
reprirent le bien du couvent qui était à Alqô.s entre les mains de chaque
fugitif et le mirent dans un autre endroit: ils emportèrent également deur
(1) Ce frère s'appelle Isaac.
122 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
paquets cachés le long de la route. Le père (Jean) alla trouver Mâr Jean,
alors que celui-ci n'était pas encore rétabli des atteintes de la peste et ils
dirent à Mar Jean : « Ne viens pas en aide aux frères qui sont descendus
chez toi. » — « Comhient abandonnerai-je, dit-il, ceux qui se sont réfugiés
dans ma maison? Si des païens venaient en effet se réfugier chez moi, je
ne les ferais pas sortir et je ne les chasserais pas; à combien plus forte
raison n'abandonnerai-je pas ceux-ci, qui sont des moines! » Ils restèrent
chez lui environ sept jours et ils demeurèrent ensuite dans l'église mfé-
rieure de Mar Georges.
Après qu'il fut rétabli de sa maladie, Mar Jean en consacra sept diacres
de l'Évangile et ces derniers en choisirent trois parmi eux pour les faire
prêtres. A cette nouvelle, le père Jean alla trouver Mar Jean, encore une
fois, et eut une longue conversation avec lui pour qu'il ne les consacrât
pas prêtres. Celui-ci répondit : « Je l'ai fait, et je le fais jusqu'à ce jour, et
maintenant qu'ils sont restés dix jours auprès de moi, je ne le ferais pas ! >
Quand le père Jean vit qu'il n'arrivait à rien, il se leva et monta au
couvent. Le lendemain Mâr Jean les consacra prêtres dans l'église de
Mâr Georges, après avoir revêtu tous les habits pontificaux ; mais quand il
les avait consacrés diacres, il les avait consacrés dans sa chambre, revêtu
simplement des habits sacerdotaux. Ceux qui devinrent prêtres sont le
prêtre Isaac Moga, le prêtre Arsène et le prêtre Élie, le premier d'Alqôs,
le second de Manguêée et le troisième de Mossoul. Mar Jean les consacra
(prêtres) le dix-neuf heziran de l'année 1828 du Christ.
A cette occasion les habitants d'Alqôs se divisèrent encore et formèrent
deux partis : les uns allèrent après Mâr Jean et après les frères qui étaient
descendus auprès de lui, et les autres vinrent après Mâr Joseph, après le
prêtre Georges et après le couvent. Même les églises se séparèrent :
Mar Joseph, le prêtre Georges et le prêtre Yaunan ainsi que ceux qui les
suivaient priaient et offraient le saint sacrifice dans l'église supérieure de
Mâr Mikà, tandis que Mâr Jean et les frères qui s'étaient attachés à lui
ainsi que sa propre suite priaient dans l'église inférieure de Mâr Georges.
Les frères qui étaient descendus du couvent écrivirent des lettres et
firent connaître leur action au métropolitain Pierre Coupperie et portèrent
contre le couvent des accusations sur de nombreux points peu convenables.
Le père Jean écrivit aussi à Mâr Coupperie et lui fit connaître tout ce qui
avait eu lieu. Celui-ci fit réponse aux deux partis. 11 répondit au père Jean
en ces termes : « Ces personnages qui sont devenus prêtres n'étaient nul-
lement dignes d'être élevés à l'ordre du sacerdoce. » Et il répondit aux
frères en leur disant : « Vous n'avez pas bien agi assurément en descen-
dant du couvent; vous ne pouvez pas amener la chute du père Jean
administrateur du couvent parce qu'il a été institué par le père Gabriel et
approuvé par nous ; vous ne pouvez pas non plus fonder u^ autre couvent
parce qu'il est impossible qu'il s'élève un couvent contre un couvent. Du
reste nous-méme nous ne pouvons pas juger votre cause de loin, mais je
pense que Mar Jean a maintenant jugé votre cause parce qu'il connaît bien
votre affaire. En tout cas il est absolument nécessaire que vous écoutiez son
autorité, que vous soyez soumis à sa voix pour lui obéir et que, en quelque
HISTOIRE DU COUVENT DE RABBAN HORMIZD. 123
endroit qu'il vous envoie, vous y alliez pour prêcher et instruire : proposez-
vous surtout d'éteindre le feu de la calomnie qui se trouve au milieu de
vous, à savoir entre moi d'une part et vous et le couvent d'Alqôs d'autre
part. » Quand les frères eurent lu cette lettre, elle ne leur plut pas; pour-
tant ils ne se repentirent pas de leur méchanceté et ils persévérèrent dans
l'obéissance à Mar Jean, avec la pensée que, quand il le pourrait, il
chasserait les frères qui étaient dans le couvent et qu'il les installerait à
leur place dans le couvent. Cependant l'idée de celui-ci était bien différente
de leur idée; il leur vint en aide en effet et il les laissa auprès de lui afin
de dévaster le couvent en leur nom, car depuis longtemps il avait cela en
vue et il ne pouvait pas y arriver.
Au bout de peu de jours un autre frère se détourna du père Jean et vola
au couvent environ cent piastres d'argent ; il descendit lui aussi vers ceux
qui étaient descendus; ceux-ci le reçurent avec honneur et le consacrèrent
également diacre de lÉvangile auprès de Mar Jean. Quand le prêtre Isaac
et Isaïe voulurent le faire prêtre ainsi qu'un autre nommé Aklimandous,
les autres s'élevèrent contre eux et ne leur permirent pas de les faire
prêtres, et lorsque ce frère vit qu'ils ne le consacraient pas encore prêtre,
il les quitta et monta au couvent.
Deux autres frères qui se trouvaient avec les prêtres dans les campagnes,
vinrent aussi se joindre à eux et ils furent également consacrés diacres dé
l'Evangile. L'un d'eux retourna au village afin de prendre ses affaires ; un
prêtre du couvent son camarade se leva contre lui ainsi que les habitants
du village, ils s'entretinrent avec lui et le firent revenir de son idée.
Quant à l'autre, il arriva que les habitants du village de Bêrscbe deman-
dèrent un prêtre à Mar Jean et celui-ci leur envoya l'un de ces trois
prêtres, nommé le prêtre Arsène, qui emmena avec lui cet autre frère. Ils
s'en allèrent tous deux ensemble, et tandis qu'ils se rendaient au village,
bien loin de leur faire des honneurs, on les tournait au contraire en déri-
sion, on les méprisait et on les regardait comme des impurs, et cela
jusqu'à ce qu'ils fussent parvenus au village où ils allaient. Quand les
habitants de ce village surent qu'ils étaient sortis du couvent, ils les
méprisèrent également et ne les reçurent point. Aussi revinrent-ils' trouver
leurs compagnons à Alqôs. Le diacre cependant, une fois arrivé à Alqôs,
monta aussitôt au couvent et n'alla point trouver ses compagnons; il leur
parla en ces termes : « Si nous sommes un objet de mépris et de moquerie
aux yeux des hommes parce que nous sommes descendus du couvent, à
combien plus forte raison resterons-nous méprisables et impurs auprès de
Dieu! »
Dans l'un de ces jours, le père Jean et quelques frères tinrent conseil,
afin de faire venir les frères qui étaient descendus auprès du métropolitain
Jean, de peur qu'ils ne devinssent une cause de mal pour le couvent. Le
père Jean alla les trouver, s'entretint avec eux et leur dit : « Venez, prenez
(pour vous) le couvent et faites tout ce que vous voulez. . Ils répondirent :
« Le prêtre Isaac sera l'administrateur du couvent, Aklimandous l'écrivain
des mystères (|,ï/? k-oi^) et Damien le coadjuteur du prêtre Isaac. . Le père
Jean approuva 'eurs paroles. Ils ajoutèrent ensuite : « Nous irons o-
124 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
mander conseil à Mâr Jean et nous verrons ce qu'il dira. . Ils allèrent le
trouver et lui dirent : « Le père Jean est venu vers nous afin de nous faire
monter au couvent, nous lui avons tenu ce langage et il a approuvé ce que
nous lui avons dit; toi, que dis-tu? . 11 répondit au prêtre Isaac : « Montez
à cette condition que tu seras le supérieur du couvent. Mais niscris sur
deux feuilles tous les biens et toutes les possessions du couvent; gardes-en
une chez toi et envoie-moi l'autre ; et tout ce qui entrera dorénavant,
inscris-le sur ton exemplaire. » Ils vinrent dire au père Jean : « Ainsi a
parlé Mâr Jean. » Le père Jean leur répondit : « Nous l'approuvons égale-
ment. » Ils ajoutèrent : « Va annoncer cela à tous les frères; si tous y
consentent, viens nous trouver demain et nous monterons tous ensemble. .
Lorsque 'le père Jean monta au couvent, les frères avaient déjà appris
qu'il était parti pour cette affaire; ils se réunirent tous et s'élevèrent
contre lui, en disant : « Jusqu'à la mort nous n'acceptons pas cette affaire ;
comment accepterions-nous que le prêtre Isaac soit l'administrateur du
couvent, lui qui a été cause de cette grande agitation dans le couvent? Il
est descendu du couvent et il s'en est allé se faire prêtre de sa propre
volonté; et maintenant en vertu de quelle loi deviendrait-il le supérieur
du couvent? Nous ne le recevons pas en effet dans le sacerdoce, comment
le recevrons-nous dans la charge de supérieur? Et si vous le faites néces-
sairement monter au couvent, nous ne resterons pas dans un couvent
où il y aura le prêtre Isaac et ses compagnons. » Alors, quand le père Jean
vit que toute la communauté n'approuvait pas et n'acceptait pas cette
combinaison, il resta et n'alla pas les trouver.
Les frères de leur côté, le prêtre Isaac et ses compagnons restèrent à
leur place et ils écrivirent des lettres d'accusations au métropolitain Pierre
et à la Sacrée Congrégation. Dans l'un de ces jours qui était la fête du
passage de la Vierge Marie, le prêtre Isaac et Aklimandous se levèrent
pour descendre à Mossoul porter leurs accusations contre le couvent,
contre Mâr Joseph et contre le prêtre Georges. Un personnage de nationa-
lité syrienne avait formé en effet le projet de descendre à Babylone et de
monter de là dans la montagne pour se faire ordonner évêque. Comme il
était l'ami de Mar Jean, il lui avait fait dire : « Voici que je descends à
Babylone; si tu as une affaire ou des lettres, je les emporterai. » Mâr Jean
fit alors venir le prêtre Isaac et lui dit : « Va, descendez à Mossoul, traitez
tout cela avec cet homme et écrivez aussi des lettres, parce qu'il va à
Babylone et qu'il dira tout au métropolitain Pierre. »
Le prêtre Isaac se leva et prit avec lui le diacre Aklimandous, et ils
descendirent à Mossoul. Après qu'ils furent arrivés dans la région de
Tesqopâ, le diacre Aklimandous tomba par terre et il resta comme mort
jusqu'à ce que les habitants de Ti'sqopâ eurent appris qu'un moine était
tombé de soif sur la route. Des hommes sortirent en toute hâte et leur
portèrent de l'eau ; quand ils virent que c'était l'un de ceux qui étaient
descendus du couvent, ils se mirent à faire de ces voyageurs l'objet de leur
dérision et de leur moquerie et à lancer contre eux beaucoup de paroles ;
ils chargèrent le diacre sur un âne et le déposèrent devant l'église de
Mar Georges. Il souffrit beaucoup jusqu'au soir et il mourut. Le prêtre
HISTOIRE DU COUVENT DE RABBAN IIORMIZD. 12r>
Isaac chargea alors son corps sur un àne pendant la nuit et il l'emmena à
Alqôs à cause de la honte qu'il éprouvait et on l'enterra dans le temple
supérieur de Mâr Georges devant le baptistère. Il ne continua (1) pas à
descendre à Mossoul et pourtant il ne se repentit pas à cause de ce coup,
mais il avait éprouvé beaucoup de honte.
Mâr Jean accusa une autre fois encore trois prêtres du couvent qui
étaient dans son diocèse et le gouverneur de Mossoul les enferma, mais
les chefs des campagnes allèrent et les firent sortir de prison. Au commen-
cement du canon I", le gouverneur de 'Amâdya nommé Mousâ pacha vint
à Alqôs, afin d'aller cerner cette région et prendre 'Amâdya aux liommes
de Mërâd pacha lequel se trouvait dans 'Amàdya. Le gouverneur dont il
vient d'être question, Mousâ pacha, demeura dans la maison de Mâr Jean.
Alors Mâr Jean dit au gouverneur : « Il y a un couvent situé tout près
d'AIqôs et il s'y trouve des moines qui se sont révoltés contre moi et qui
ne m'obéissent pas. Je te demande de les faire sortir du couvent. » Et il
fit don au gouverneur de dix sacs d'argent, de sacs ^.ov^^» et de tout ce
que le sultan réclamait. Le gouverneur fit alors venir un de ses officiers
nommé Sahîn âgha et il lui dit : « Monte au couvent, fais-en sortir les
moines et chasse-les et prends-moi le supérieur du couvent. » Là-dessus
Sahîn âgha prit des soldats avec lui et monta au couvent avec les hommes
de Mâr Jean. Comme il arrivait au couvent, le père Jean descendit à sa
rencontre ainsi que toute la communauté. Alors les gens de Mâr Jean
dirent à Sahîn âgha en lui montrant le père Jean : « C'est le supérieur du
couvent. » Il alla et visita toute l'église en compagnie du père Jean et des
frères. Lorsqu'ils furent entrés pour visiter l'église, un des hommes de
Mâr Jean se tint devant la porte du temple et garda la porte pour empê-
cher le père Jean de s'enfuir. Quand (Sahin âgha) eut fini de visiter l'église
et qu'il sortit dans la cour de l'église, il frappa le père Jean avec un bâton
qu'il avait à la main et il lui dit : « C'est l'ordre du gouverneur. » Le père
Jean répondit en disant : « Je le prends pour moi. » Il dit à ses serviteurs :
« Saisissez-le. » Les serviteurs s'avancèrent, saisirent le père Jean et lui
lièrent les mains avec une corde. Puis les serviteurs se dispersèrent et se
mirent à saisir les frères, à les amener auprès du père Jean et à les atta-
cher avec une corde. Les serviteurs et les hommes de Mâr Jean se disper-
sèrent dans les cellules et prirent les objets qu'ils voulurent, tout en
frappant les frères. Enfin ils réunirent tous les frères et parmi ceux qu'ils
avaient pris ils rendirent la liberté à ceux que leur indiquaient les hommes
de Mâr Jean. Ils ne laissèrent que le père Jean et le frère Joachim liés
avec des cordes et ils firent sortir et chassèrent du couvent tous les autres
frères au milieu des coups, de l'ignominie, de la moquerie, de l'injure et
de grandes afflictions. Sahîn âgha descendit avec ses soldats; ils firent
descendre les frères devant eux en les frappant et en les insultant jusqu'à
ce qu'ils fussent parvenus à Alqôs et ils les laissèrent. Les frères allèrent
demeurer dans l'église de Mâr Mîkâ auprès de Mar Joseph. Le père Jean
et le frère Joachim restèrent en arrière et deux serviteurs les attendirent.
(I) Le texte porte le i)luriel.
126 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Après le départ de Sahin aghâ et de ses soldats, ces deux serviteurs firent
sortir le père Jean et le frère Joachim ; alors qu'ils n'étaient pas très
éloignés du couvent, ces deux serviteurs déshabillèrent le père Jean et le
frère Joachim et ils prirent leurs habits. Comme ils s'attardaient un peu
en chemin, un serviteur monté sur un cheval vint les trouver; il les plaça
devant la poitrine du cheval et il se mit à les frapper et à les injurier. Au
milieu de nombreux mauvais traitements ils les conduisirent à Alqôs et
les enfermèrent en prison, après leur avoir mis des chaînes au cou. Ce
fut une grande douleur et une grande tristesse parmi les chrétiens, parce
que le couvent était dévasté et que le père Jean était prisonnier ; Mâr
Jean et son parti au contraire étaient triomphants. Le gouverneur resta
trois jours dans le village ; le troisième jour il partit d'Alqôs et il alla dans
un village nommé Dehok en emmenant avec lui à pied le père Jean et le
frère Joachim chargés de chaînes.
Le jour même où le gouverneur partit d'Alqôs, les habitants d'Alqôs se
battirent entre eux, le parti des moines et le parti de Mâr Jean. Le combat
fut très violent; le parti des moines vainquit le parti de Mâr Jean, ils les
poursuivirent jusqu'à ce qu'ils les eussent fait entrer dans les maisons et
ils blessèrent un homme d'entre eux. Mâr Jean craignit beaucoup ce
jour-là qu'ils ne vinssent contre lui et qu'ils ne lui tissent du mal : aus.si
il se leva pendant la nuit, partit et descendit à Mossoul, afin de les accuser
auprès du gouverneur de Mossoul. De leur côté le parti des moines avec
Mâr Joseph et le prêtre Georges Yohanâ eurent peur, s'enfuirent du village,
se rendirent au village de Bôzâye et se réfugièrent auprès de l'âghâ des
Mouzrenâye.
Lorsque Mâr Jean fut allé à Mossoul afin d'accuser Mâr Joseph et le
prêtre Georges, le raïs Thomas du village de Tésqopà envoya trouver
Mâr Joseph et lui dit : <i Donnons seulement quelque chose au gouverneur
et moi je ferai tourner la condamnation sur Mâr Jean. » Mâr Joseph ne
voulut pas et n'accepta pas. Mâr Jean alla trouver le gouverneur et il
énonça ses accusations auprès de lui, en disant : « Le prêtre Georges et
le métropolitain Joseph, eux et leur parti, se sont élevés contre moi, ils
ont blessé un homme de mon parti ; après avoir dévasté le village, ils sont
partis et se sont enfuis loin de moi, et ils sont ailés dans la région de
'Amâdya. » Et il lui fit également des dons importants.
Le gouverneur de Mossoul alors envoya son armée. Les soldats vinrent
pendant la nuit, entourèrent le village où se trouvaient Mâr Joseph, le
prêtre Georges, les habitants d'Alqôs et les moines et ils poussèrent les
habitants du village à ne pas les aider, mais à les livrer dans leurs mains.
Alors les habitants du village dirent aux moines : « Levez-vous et fuyez
parce que des soldats sont venus contre vous et nous ne pouvons pas leur
résister. » Cest nar ruse que les habitants du village tinrent ce langage,
afin que les moines sortissent du village et que l'armée qui entourait le
village les rencontrât. En effet, quand Mâr Josepii et les moines furent
sortis du village pour s'enfuir sur 1« montagne, les soldats se levèrent
alors contre eux et les poursuivirent. Les frères, Mâr Joseph et les habi-
tants d'Alqôs se dispersèrent dans la montagne et dans la plaine et chacun
HISTOIRE DU COUVENT DE RABBAN HORMIZD. 127
d'eux prit la fuite pour se sauver. Qui pourrait dire en effet la crainte, la
terreur, la peine et les angoisses qu'ils éprouvèrent dans cette nuit, alors
qu'ils s'enfuyaient et se dispersaient chacun dans un endroit différent;
les uns se cachèrent dans des cavernes, les autres périrent la nuit dans la
montagne; ceux-ci allèrent cette nuit même à Alqôs, ceux-là errèrent çà
et là pendant toute la nuit. Finalement les troupes rencontrèrent Mar
Joseph, le reconnurent, le saisirent, le déshabillèrent et le lièrent lui et
son frère Isaac ; ils saisirent quatre et cinq frères et deux ou trois habi-
tants d'Alqôs, ils les déshabillèrent cette nuit même et ils les emmenèrent
à pied et nus au village de Bibânoû et les livrèrent au serviteur du gou-
verneur qui se trouvait dans ce village. Les autres frères se dispersèrent
tous chacun dans un endroit différent, les uns à Alqôs, les autres dans
diverses campagnes, et des novices récemment arrivés retournèrent cha-
cun dans la maison de son père. Le serviteur du gouverneur les conduisit
à Mossoul et les amena devant le gouverneur. Celui-ci les regarda avec
un air furieux parce qu'il était en colère et dit : « Allez, enfermez-les
dans la prison et demain je les précipiterai dans le fleuve. » lis les firent
descendre de devant lui et les enfermèrent dans la prison, après leur avoir
mis des liens et des chaînes. Plusieurs jours après ils firent sortir les
frères de prison grâce à l'intervention de quelques habitants de Mossoul
qui donnèrent un peu d'argent au gouverneur ; ils relâchèrent également
les habitants d'Alqôs parce qu'ils donnèrent de l'argent au gouverneur.
Mâr Joseph resta seul parce que Mar Jean l'accusa auprès du gouverneur
et dit : « 11 y a chez lui une châsse d'argent du couvent. » Quand le gou-
verneur lui demanda : « Y a-t-il chez toi ce qu'a dit Mâr Jean? » Mâr
Joseph répondit au gouverneur : « 11 n'y a chez moi rien qui appartienne
au couvent. » Le gouverneur se mit en colère contre lui et dit au chef de
la prison : « Torture-le tous les jours. »
Note deVauteur. — 11 y avait chez Mâr Joseph une châsse d'argent du cou-
vent; elle était parvenue au couvent pendant la peste et elle était cachée
dans sa maison. Mar Joseph envoya un homme auprès de son frère et
il lui dit : « Va et dis à mon frère de faire sortir la châsse du couvent
et de la cacher autre part, parce qu'ils m'infligent chaque jour de mauvais
traitements à cause d'elle. Envoie-moi aussi un peu d'argent que je don-
nerai au chef de la prison pour qu'il ne me torture pas tous les jours. »
En vérité ils lui infligèrent beaucoup de mauvais traitements à cause de
cette châsse; mais il n'en dit rien, n'en parla pas et ne la fît pas connaître.
Mâr Jean sortit de Mossoul et monta à Alqôs ; il écrivit au gouverneur
de 'Amâdya et lui dit : « Frappe trois fois par jour le prêtre Jean et son
compagnon, parce qu'ils ne m'ont rien révélé de ce qui appartient au cou-
vent. » Le gouverneur donna ordre de frapper le père Jean le lendemain.
\,di nuit même le père Jean envoya un homme à Alqôs ; celui-ci alla et
revint la même nuit et apporta du vin. Le père Jean le donna à tous les
officiers du gouverneur et ils ne le frappèrent pas.
{A suivre.)
Maurice Brière.
UN APOCRYPHE CARCHOUNI
SUR LA CAPTIVITÉ DE BaBïLONE
{Suite) (1)
■dLwÔjC jAl^ L« ill >Uls ^J\ JCS> ^ Ij^ Ol jl<9
t^'^ (J*" ^1 ^_^lill J'-^y^\ v^^lj _^1 ^Vl 5JÂA J dilijp
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Jalj IjAS ^JJ^Jy^ J ^y-*^J ^1^^ d-V^ Ai- -û-iUl 4^LJ1 iÂAj
<*^yA j ^jjy^ ^1^1 ^^- lij^ (2) ^5^^ y^ipoj ^j^iy,
l^y^■J c^r-'^ J -*^1 ^-^. 0^ ^^j jy!l ^U "dU ^jji
(1) Voy. 1910, p. 255, 398. - (2) M. ^a^, = 3.i^\,
UN APOCRYPHE CARCHOUXI SUR LA CAPTIVITÉ DE BABYLONE. 129
\X-^\j >Uj ^i J\ ^ Jlii jl^l ^^l ^ UU L,jl
L_,j1 lL^\ (fol. 240, a) (1) jjj^l aJ l^lli j^I ^ 1^ aJ
Ia^Ij M^j ^1 j\ ^ JU» jl^l ^1^1 ^^ UU Ujl
^1^1 d)jj 4JJI J^ ^_^i ilf^ U-U *L5C l5Ci !j^I j^ Jj
ij>^\ ^jse-tf» (jy A«^J "C^iOl ^\j bj ^^^Ij (j-->iJi ^U jj3s>'
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(1) On lit en marge : ^--srr*^! ^js-* L^JjcJ y :S tj,a Uj'^ cela
fut écrit pour nous servir d'instruction, à nous chrétiens. — (2) Ms.
ORIENT CHRÉTIEN. 9
130 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
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UN APOCRYPHE CARCHOUNI SUR LA CAPTIVITÉ DE BABYLONE. 131
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132 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
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LN APOCRYPHE CARCHOUNI SUR LA CAPTIVITÉ DE BABYLONE. 133
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134 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
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UN APOCRYPHE CARCHOUNI SUR LA CAPTIVITÉ DE BABYLONE. 135
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136 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
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UN APOCRYPHE CARCHOUNI SUR LA CAPTIVITÉ DE BABYLONE. 137
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(1) Le ms. ajoute ici ^ ^ ^j^.
138 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
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(1) MS. -\t^cu.o = JUo>.j.
UN APOCRYPHE CARCHOUNI SUR LA CAPTIVITÉ DE RABVLONE. 139
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140 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
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UN APOCRYPHE CARCHOUM SUR LA CAPTIVITÉ DE BABYLONE. 111
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0^ f^„ jj^r^J ^L.^ ^j pyO ,.,^1 IjA^j bJc.**a]l k1Jo\j UJl
(1) Ms. ow-i^L = i-J^. — (2) Ms. M^foNi. = U^p_^J. — (3) Ms. i.^jo
^ IJa^j. — (4) Ms. ow^xs := i^J.J. (5) Ms.'0|l;..mao = ^ y.-^ .
142 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
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(2) «^1 ^J\ ^\ _^A d);L« J^__l9 «U-wl l_^-»i3 \j^ \J^ 4)1
jvj^Ulj ^1-4^1 ^ ^ (^^J '^ c>*^-? Afl-lil j^iJl Jî.[^^
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(1) MS. ais,,^' =J*^>Î- — (2) Ms. oii^ =^ ôJj\.
(3) Le ms. ajoute ici le mot w^ = ^'.
UN APOCRYPHE CARCHOUNI SUR LA CAPTIVITÉ DE BABYLONE. 143
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TRADUCTION
La voix du Seigneur se fit entendre à Jérémie : « Jérémie. mon élu, di-
sait-elle, n'élève plus de supplication en faveur de cette méchante nation
et de ce peuple cruel et sans pitié (1). Ne sais-tu pas que je suis un Dieu
bon et miséricordieux? Ce peuple est au nombre de plus de 800 millions.
Et nous voici à la sixième heure. Prends une lampe dans ta main, par-
cours Jérusalem tout entière, regarde et cherche si tu y trouves un seul
homme qui pratique la justice, ou possède la vie; si tu le trouves, je re-
tirerai ce peuple de la captivité (2) et ne le laisserai point partir avec Na-
buchodonosor (Bokht-Nassar). S'il en est un seul dont la bouche reste en-
core pure des sacrifices des idoles, je délivrerai le peuple de la servitude
et il ne partira pas en captivité. S'il en est un qui aime son frère ou son
compagnon, je leur ferai grâce à tous. Mais s'il n'en est aucun, tu entreras
dans le temple et tu poseras la lampe allumée sur le chandelier. Elle res-
tera allumée pendant soixante-dix ans jusqu'à ce que le peuple revienne
de l'exil, qu'il suive mes voies et mes lois et qu'il observe mes droits. Et
une fois que tu auras posé la lampe allumée à sa place, tu quitteras ton
vêtement de lumière et tu demeureras parmi le peuple, durant les
soixante-dix ans de captivité qu'il aura à subir sous la puissance de Na-
buchodonosor (Bokht-Xassar). »
Quand le prophète Jérémie eut entendu ces paroles du Seigneur, il sor-
tit, la lampe allumée à la main. On lui disait : « Pourquoi, ô Jérémie,
notre père, marches-tu ainsi, tenant la lampe pendant le jour? » Et lui
de répondre ; « Je cherche un homme qui pratique la justice, et je ne le
trouve pas. » D'autres lui demandaient également : (f. 240, a) t 0 Jérémie,
notre père, pourquoi marches-tu, la lampe à la main, pendant qu'il est
jour? » Jérémie leur répondit : « Je cherche quelqu'un dont la bouche soit
pure des sacrifices idolâtriques, mais je n'en trouve pas. » D'autres lui
adressaient à leur tour la même question : « 0 Jérémie, notre père, il fait
jour; pourquoi te sers-tu de la lampe? » 11 répondait : « Je recherche un
homme qui aime son compagnon ou son prochain; mais inutile! »
(1) Jérémie, vu, 16.
("2) Jérémie, v, 1.
144 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
Frustré dans son attente après tant de recherches, Jérémie pleura
amèrement, revint au. temple de Dieu et déposa la lampe allumée sur le
chandelier. Puis il entra dans la maison de Dieu, où se trouvaient les vête-
ments du sanctuaire. 11 en tira le manteau du grand-prêtre, et, montant sur
la terrasse du temple, il dit à la pierre qui formait le sommet de l'angle (1) :
« Je te le dis : Tu as procuré une grande noblesse et le salut à ceux qui
ont péché contre toi; tu es l'image du Fils de Dieu éternel, qui viendra
dans le monde, le roi fidèle, le Seigneur de l'ancienne et de la nouvelle
alliance. Aussi je te dis que tu seras renversée et détachée de ce temple
pour être posée au rang de la pierre angulaire. C'est à cause de cela que
tu as été l'objet de cet honneur. Et maintenant ouvre ta bouche, reçois le
manteau du grand-prêtre et conserve-le jusqu'au jour où Dieu ramènera
son peuple de la captivité. » Aussitôt la pierre ouvrit la bouche et reçut de
la main du prophète Jérémie le manteau du sacerdoce. 11 prit ensuite la
mitre sur laquelle était écrit le nom du Seigneur des armées tout-puissant
et que portaient sur la tête Aaron et ses fils quand ils faisaient le service
dans le sanctuaire; il l'éleva vers le ciel et parla au soleil en ces termes :
€ 0 toi, la source de la grande lumière et le chef caché, je te dis que,
parmi toutes les créatures de Dieu, je ne vois rien qui te ressemble : Tu
conserveras cette mitre (2) dont les bords portent gravé le nom de Dieu
tout-puissant; tu la conserveras jusqu'à ce que Dieu ramène dans ce lieu
les captifs Israélites. » Et il lança la mitre (2) vers le soleil qui l'attira à
lui-même par ses rayons. Quant au reste des ustensiles de la maison du
Seigneur, ils furent cachés par le prophète.
Après quoi, Jérémie se dépouilla de ses vêtements de lumière au milieu
du temple et ayant revêtu le cilice et passé un voile de lin autour des
reins, il adora le Seigneur, (f. 240, b) la tête inclinée devant l'autel. 11 prit
ensuite les clefs du temple pour les déposer sur le linteau de la porte :
e 0 linteau du temple du Seigneur, dit-il, reçois ces clefs et garde-les jus-
qu'au retour du peuple de la captivité ». Et le linteau de la porte les reçut
aussitôt de la main du prophète Jérémie. Celui-ci se présenta ensuite devant
le monarque chaldéen.
Dès que le peuple vit Jérémie revêtu du cilice et la tête couverte de
poussière, il comprit que Dieu ne lui avait pas pardonné ; il gémit, pleura
et se couvrit la tête de poussière. C'est qu'en effet Jérémie sortait du
temple revêtu d'une robe blanche, la tête, la barbe et le manteau parfumés,
lorsque sa prière pour le peuple était exaucée et faisait descendre sur ce
dernier la miséricorde du Seigneur.
Quand Jérémie eut accompli toutes ces choses, il dit à Nabuchodonosor
(Bokht-Nassar) : « Monte sur ton char, dirige-toi vers Babylone (Babel) et ne
crains rien, car le Seigneur t'a livré le peuple afin de le punir. Nabucho-
donosor (Bokht-Nassar) se leva sur-le-champ comme un lion et se mit en
marche pour Babylone (Babel), son pays, avec les généraux, les soldats et
le reste de son empire, auxquels il ordonna de rassembler tous les Juifs
(1) Math., XXI, 4-2.
(2) Litt. : . voile ..
UN APOCRYPHE CARCHOUNI SUR LA CAPTIVITÉ DE BABYLONE. 145
pour les déporter. Quant au prophète Jérémie, il les précédait, la tête et les
pieds nus. Le roi l'aperçut et lui dit : . Quel péché as-tu donc commis
ô prophète de Dieu? Monte sur mon char; mais il estmesséant d'y monter
avec un cilice. . Et le prophète Jérémie de lui répondre : « J'ai péché devant
le Seigneur plus que tout le peuple. Le nom du Seigneur, mon Dieu, est
vivant! Je n'y monterai jamais, ni ne quitterai ce vêtement jusqu'à ce que
le Seigneur détourne sa colère et ramène son peuple de l'exil. »
Le roi Nabuchodonosor (Bokht-Nassar) enjoignit à ses généraux de
porter, malgré lui, le prophète Jérémie. Quant aux Hébreux, ils marchaient
vers Babylone (Babel), en proie à une misère terrible et à des maux
multiples. Un mois ne s'était pas encore écoulé, que leurs vêtements
étaient souillés et usés comme de vieilles loques, leurs chaussures dé-
chirées et leurs cheveux (f. 241, a) pendant sur leurs épaules comme des
cheveux de femmes. Le soleil les brûla d'une chaleur mortelle, la boue
les couvrit et les ordures s'attachèrent à leurs corps. Couverts de blessures
d'ulcères et de plaies, ils étaient exposés au froid de la lune et des étoiles
de la nuit; ils tombaient, la face contre terre, et ils étaient entourés de
ténèbres si épaisses qu'ils ne pouvaient plus retrouver leur chemin. Ils
pleuraient, tombaient les uns sur les autres, souffraient de la faim et de
la soif et, les yeux levés au ciel, ils disaient en gémissant ; . Oh' que
nous sommes loin des cailles et de la manne que le Seigneur envoyait à
Moïse, et de l'eau qui jaillissait du rocher dans le désert. . Du haut du ciel
le Seigneur fit pleuvoir sur eux de la poussière, et, au lieu d'eau douce
une eau salée et amère, au point qu'ils furent frappés d'une gale incurable'
Les femmes enceintes avortèrent par suite des fatigues de la route et les
nourrices jetèrent leurs enfants, parce que la faim et la soif avaient
desséché et tari leurs mamelles. Ils versaient des torrents de larmes
éclataient en sanglots et disaient : » Seigneur, tes jugements sont équi-
tables, et tu as fait toutes choses avec sagesse; tu nous as rétribués selon
nos péchés, car nous avions immolé nos enfants aux idoles: tu nous as
traites selon nos œuvres, car nous nous étions révoltés contre toi et nous
avions commis l'iniquité en ta présence. Voilà pourquoi tout ceci nous
arrive. »
Le roi Nabuchodonosor (Bocht Nassar) les conduisit jusqu'à Babylone
(Babel). Il entra dans son palais et embrassa ses enfants. Après les avoir
salues, il leur raconta tout ce qui lui était arrivé depuis son départ de la
Chaldee jusqu'à son retour au milieu d'eux. Sans prendre aucun repos il
se mit aussitôt à juger les Hébreux qu'il fit taillables et corvéables à merci
11 les dénombra ensuite et trouva qu'ils étaient diminués, sans compter les
enfants morts entre les bras de leurs mères, de 220.050 personnes qui
avaient péri en route de fatigue, de faim et de soif. Puis il ordonna d'em-
ployer les jeunes gens à travailler l'argile et la brique, les vieillards à
couper du bois et à porter de l'eau et les femmes à filer et à tisser la
laine. Ils devaient chaque jour apporter, comme des esclaves, le produit
de leur travail et ne recevaient qu'un peu de pain et d'eau pour toute
nourriture.
Les Hébreux servirent donc ^ï. 241, b) à Babylone sous le joug de rcscia-
ORIENT CHRÉTIEN. ^^^
146 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
vage. Le roi Nabuchodonosor (Boclit-Nassar) fît bâtir de nombreux villages,
hôtelleries, greniers publics ainsi que des tours auprès du fleuve qui
entourait Babylone. La foule des Chaldéens sortait chaque jour vers le
fleuve avec tambourins et cithares, faisait travailler les Hébreux et leur
demandait : « Montrez-nous comment vous chantez les louanges de votre
Seigneur et de votre Dieu. » Mais les Hébreux répondaient avec des pleurs
et des gémissements : « Comment clianterions-nous les louanges du Sei-
gneur sur une terre étrangère? » Et l'on accablait d'humiliations le
peuple du Seigneur. Les Hébreux poussèrent des cris de lamentations et
pleurèrent en disant : « Le Seigneur nous donne justement, par ces
malheurs qui ont fondu sur nous, la récompense de nos œuvres. Et main-
tenant, Seigneur, jette un regard sur nous, car la confusion couvre nos
visages. 0 toi, Notre-Seigneur et notre Dieu, ne nous châtie pas à cause de
nos iniquités; car nous t'avons irrité, en n'écoutant pas tes prophètes qui
étaient à Jérusalem. »
Les Hébreux travaillaient pour le roi à Babylone et ils enduraient de la
part des Chaldéens des supplices terribles. Or le prophète Jérémie était à
Babylone et élevait à Dieu, jour et nuit, des prières et des supplications en
faveur du peuple dont il voyait la souffrance et la misère. Cependant le
roi Sédécias avait été attaché au char de Nabuchodonosor (Bocht-Nas.sar)
et traîné derrière lui jusqu'à Babylone (Babel). Après avoir subi de durs
traitements, il fut employé, durant une captivité de 40 ans, à faire
marcher le cheval qui tournait un moulin, et mourut ensuite de souffrances
et de peines telles que personne n'en avait enduré jusque-là.
Nabuchodonosor (Bocht-Nassar) eut durant toute sa vie quelque compas-
sion pour les Hébreux ; il mourut. A sa mort, Cyrus (Khourisch) le Persan
lui succéda sur le trône. 11 fit cruellement souffrir les Hébreux de la faim
et de la soif; il réduisit la ration qui leur était servie sous xNabuchodonosor
(Bocht-Nassar) et ne donna à chacun qu'un pain tous les deux jours et leur
mesura parcimonieusement l'eau qu'ils buvaient. 11 augmenta leur travail
et les opprima de toutes manières. Beaucoup en moururent, et de
180 millions qu'ils étaient leur nombre tomba à 80 millions.
Des enfants hébreux, au nombre de 70, étudiaient chez des maîtres
chaldéens. Parmi eux se trouvait un garçon appelé Esdras (Azra) que sa
mère avait porté à l'école quand il était encore tout jeune et ne distinguait
pas le bien du mal. Mais l'esprit de Dieu était en lui. Les enfants (f. 242, a)
des Hébreux allaient chaque jour au fleuve avec les enfants chaldéens
pour y puiser de l'eau qu'ils rapportaient sur leurs épaules. Un jour qu'ils
étaient sortis pour aller chercher l'eau, Esdras (Azra) lais.sa tomber sa
jarre qui se brisa. Les enfants des Chaldéens se tournèrent vers les Hé-
breux et leur dirent : «Malheur à vous, Hébreux désespérés, paresseux
et méprisables. » Ils donnaient ensuite des soufflets à Esdras en disant :
« Hébreux, vous êtes des gens mous et sans force. » Et ils se moquaient
d'Esdras (Azra). Mais celui-ci, dans sa tristesse, éleva les yeux au ciel,
soupira et pleura. « 0 mon Seigneur et mon Dieu tcut-puissant, dit-il.
jette un regard sur nous et aie pitié de nous à cause d'Abraliam, ton ami,
d'Isaac, ton serviteur, et d'Israël, ton saint. N'oublie pas l'alliance que tu as
U\ APOCRYPHE CARCHOUNI SUR LA CAPTIVITÉ DE BABYLONE. 147
conclue avec nos pères, tes serviteurs, et n'éloigne pas de nous ta face et
ta miséricorde; car nous sommes détestés de tous les peuples, humiliés et
opprimés devant ta créature et au milieu de cette nation. Et maintenant,
Seigneur, regarde et fais descendre sur nous ta miséricorde. Nous avons
péché devant toi ; mais tu es clément et miséricordieux, tu pardonnes les
fautes et tu ne veux point la mort des pécheurs. «>
Quand Esdras (Azra) eut achevé sa prière, il quitta son vêtement,
descendit dans le fleuve et le remplit d'eau comme on remplit une jarre.
Il le chargea sur ses épaules et revint avec les enfants de l'école ; le vête-
ment ne perdit pas une goutte. De retour à l'école, il. se mit à arroser le
sol avec l'eau de son vêtement, et, quand il eut fini, il revêtit son habit qui
fut à l'instant aussi sec qu'auparavant. Le maître d'école, voyant cela, se
leva et se prosterna devant lui, en disant : « En vérité je te le dis, ô mon
fils Esdras (Azra), c'est toi qui délivreras ton peuple de l'exil. »
Esdras (Azra) et les enfants hébreux croissaient chaque jour dans la
grâce de Dieu. Quelques jours après, ils voulaient aller puiser de l'eau
comme d'habitude. Les enfants chaldéens sortirent et se dirent les uns
aux autres : « Laissez ces Hébreux: ne les fréquentez pas; ne prenez pas
vos repas avec eux ; car ils n'adorent pas nos dieux, k Aussitôt ils s'en
séparèrent et les battirent. Dans cette affliction, Esdras (Azra) frappa un
rocher de ses pieds, et il en jaillit une eau abondante comme un fleuve,
qui se répandit et atteignit les pieds des Chaldéens. (f. 242, b) L'eau sortait
toujours du rocher ; l'on eût dit un déluge. Le maître se leva aussitôt, se
prosterna devant Esdras (Azra), lui baisa les mains et les pieds et lui dit :
« Pourquoi s'occuper de ces chiens? Voudrais-tu pour eux faire périr toute
la ville? » Esdras (Azra) eut pitié de son maître, lorsqu'il le vit pleurer; il
alla donc à l'endroit où était le rocher. « 0 terre, dit-il, ouvre ta bouche et
engloutis ces eaux ; car le Seigneur a dit qu'il n'y aurait pas un second
déluge sur la terre (1), mais qu'un feu viendrait, qui la brillerait jusqu'à
ses fondements et la dissoudrait au dernier jour. » Alors la terre ouvrit sa
bouche et engloutit les eaux. Esdras (Azra) se leva ensuite, prit tous les
enfants hébreux et quitta avec eux l'école des Chaldéens.
Après ces événements, le roi Cyrus (Khourisch) ordonna aux Hébreux de
comparaître et leur dit : « Apportez vos cithares dont vous vous servez
pour louer votre Dieu, et jouez-en devant moi. » Ils répondirent au roi
Cyrus (Khourisch; : « Nous craignons de jouer de nos instruments sur une
terre étrangère, car notre Dieu nous le défend. » Cyrus (Khourisch) leur
dit : « Comme vous célébriez votre Dieu à Jérusalem, célébrez-le ici. »
Les Hébreux lui répondirent : « Ce sont les lévites, nos chefs, que Dieu a
choisis pour jouer de la cithare. » Cyrus (Khourisch) ordonna à la tribu de
Lévi de marcher devant les Hébreux et de pincer de la cithare. C'est ce
qu'ils firent. Les autres Hébreux chantaient en même temps avec un
ensemble pariait, battaient des mains et frappaient la terre en cadence.
Soudain le sol sur lequel ils étaient s'éleva comme s'il voulait déposer les
Israélites dans leur pays. Leurs voix furent entendues à Jérusalem, et les
(1) Gen., IX, 11.
14S REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Chaldéens éprouvèrent une frayeur indicible. Le Seigneur envoya ensuite
une nuée du ciel, qui voila entièrement le temple. Alors tous ceux qui
étaient à Jérusalem comprirent que le Seigneur avait fait miséricorde à
son peuple et qu'il allait le retirer de la captivité.
Cyrus (Khourisch) fut épouvanté de l'effet des cithares : il dit donc aux
Hébreux : « Gardez-vous bien de toucher encore à vos instruments tant
que vous n'aurez pas quitté ce pays et ne serez de retour dans le vôtre : à
Jérusalem vous louerez votre Dieu selon vos habitudes. »
Ainsi se terminèrent les 70 ans de captivité.
Il y avait à Babylone trois enfants auxquels' le Seigneur adressait sa
parole et qui prophétisaient. C'étaient Esdras (Azra), tils de Nariah, Daniel,
tils de Batariah et Ézéchiel, fils de Bardi. Ils se dirent les uns aux autres :
t Allons prendre un bélier; nous le mènerons au désert et l'offrirons en
sacrifice au Dieu d'Israël. Ainsi faisaient nos pères qui sacrifiaient en
expiation de leurs fautes : un ange, tenant une baguette de feu, descendait
alors du ciel et recevait le sacrifice qui était offert. Peut-être que la misé-
ricorde divine est proche de nous et que le Seigneur enverra son ange
pour recevoir notre offrande. » C'est ce qu'ils firent. Esdras (Azra) pris trois
espèces de bois : du nard (atpacpa^t;), du styrax (diupaÇ) et de Tébéne; et
l'on plaça dessus le bélier. Puis Esdras tourna sa face vers l'Orient, regarda
vers Jérusalem et adressa une prière au Dieu d'Israël. « Seigneur, dit-il,
Dieu de nos pères justes et pieux, Dieu unique et éternel, tu as prêté
l'oreille à Abel, le premier des martyrs, tu l'as vengé de son frère Caïn:
tu as créé Seth à ta ressemblance et éloigné de lui les puissances des ténè-
bres: tu as récompensé la pureté d'Enoch en l'élevant dans son corps au
ciel dont tu lui as manifesté les mystères et tu lui as appris les secrets de
l'autre vie: tu as sauvé Noé pour sa justice et lui as donné le pouvoir que
possédait Adam avant sa chute et tu l'as établi maître de tout ce qui est
îous le ciel; je te prie et te conjure. Seigneur, Dieu tout-puissant, d'exau-
cer ma prière, de regarder nos larmes et de te souvenir de l'alliance que
tu as faite avec notre père Abraham à qui tu as dit : < Si tes enfants obser-
« vent mon alliance, je ferai périr leurs ennemis. » Et maintenant,
Seigneur, cherche et visite tes serviteurs. Nous sommes asservis jusqu'à
la mort à cause de ton saint nom. Exauce-nous du haut de ton ciel,
reçois notre offrande, agrées-en l'odeur, fais miséricorde à ton peuple et
accorde-lui le pardon. »
Lorsque Esdras et ses frères eurent fini de prier, leur supplication s'éleva
jusqu'au trône du Seigneur et leur parole retentit à Foreille du Dieu des
armées. II envoya son ange sous une forme humaine, (f. 243, b) pour rece-
voir leur offrande. L'archange Michel descendit donc du ciel, se tint prés
de l'autel et brûla le bois et le bélier avec la baguette de feu qu'il avait à
la main; le feu consuma tout. L'archange en remontant au ciel, s'arrêta
en l'air, se montra aux trois jeunes gens, et leur donna la bénédiction
céleste; le ciel s'ouvrit ensuite pour le recevoir.
Le prophète Jérémie, revêtu de cilice, alla trouver le roi Cyrus (Khou-
risch). Il avait ainsi prié auparavant le Seigneur pour le peuple : « Sei-
gneur, Seigneur, Dieu de mon âme et de mon corps, écoute la prière de
UN APOCRYPHE CARCIIOUM SUR LA UAPTFVITP^ DE hîABYLOXE. 149
ton serviteur pour ce peuple malheureux; les jours de ton indignation
contre lui sont achevés, et Theure que tu as fixée pour son salut a sonné, d
Pendant qu'il priait ainsi devant lui, le Seigneur avait donné cet ordre à
lange Michel : « Va tout de suite au pays des Chaldéens pour sauver le
peuple et le tirer de sa captivité. Si les Babyloniens le retiennent, je cou-
vrirai la terre de nuages et ferai éclater sur eux ma colère jusqu'à ce
qu'ils le mettent en liberté. Va annoncer à Jérémie, mon élu, cette bonne
nouvelle et amène-le au roi de Babylone et délivre le peuple de la main
de ce dernier. Si le monarque des Chaldéens s'y oppose, je les ferai périr,
comme jadis j'ai fait périr Pharaon et ses chars avec les Égyptiens qui
l'accompagnaient. »
Jérémie était au temple (vaoç), lorsque l'ange Michel se présenta à lui,
en disant : « Salut, homme de Dieu. » Cette salutation fortifia le courage
du prophète Jérémie ; il regarda Michel, l'ange du Seigneur, et lui dit:
« Me voici, Seigneur. J'ai reconnu ta salutation; tes paroles ont donné de
la force à mes os et retrempé ma vigueur. Si tu étais là. Seigneur, pour-
quoi donc ne m'as-tu apparu qu'aujourd'hui, quand nous sommes, le
peuple et moi, dans cette détresse? Je suis pour ce peuple comme un père
pour ses enfants. »
L'ange lui répondit : « Je suis venu à, toi en ce jour pour sauver ton
peuple; Dieu m'envoie (f. 244, a) pour accomplir cette œuvre, et voici ce
que dit le Seigneur que je sers : i J'ai pitié de ce peuple, je veux le rame-
« ner dans son pays afin qu'il m'y serve. Si les Chaldéens refusent de le
« laisser partir, je m'irriterai contre eux, je ravagerai leur pays jusqu';V ce
« qu'ils le renvoient et je ferai avec eux comme avec Pharaon, roi d'Egypte. »
L'ange Michel dit encore à Jérémie, le prophète : « Reste ici pendant que
je vais rassembler tout le peuple. » L'ange Michel prit la figure d'un Hébreu
et alla réunir tous les Israélites, comme un seul homme, dans un même
endroit. Il se dirigea d'abord vers ceux qui travaillaient la brique et leur
dit : « Vous avez assez travaillé. Allez trouver votre père Jérémie, car le
Seigneur vous affranchit de cette corvée. •» Il se rendit ensuite auprès de
ceux qui coupaient du bois et arrosaient et leur tint le même langage. Puis
il entra dans la ville où les femmes tissaient la laine. « Vous avez assez
travaillé et peiné, leur dit-il; le Seigneur vous délivre et vous sauve;
venez chez votre père Jérémie. »
Ainsi tous se rassemblèrent de toutes parts.
Le prophète Jérémie les réunit et se présenta avec eux devant le roi
Cyrus (Khourisch) et le général en chef des Chaldéens. Jérémie parla à
Cyrus (Khourisch) et au général Amsis en ces termes : « Écoutez la parole
du Seigneur, le Dieu d'Israël » ; et il rapporta toutes les paroles que l'ange
Michel lui avait dites. Cyrus et Amsis répondirent : « Qui est donc le Dieu
d'Israël? Retourne?, Hébreux, à vos travaux et ne prêtez point l'oreille à
de telles paroles. » Et le roi donna l'ordre de flageller le prophète Jérémie
devant tous les Hébreux, et il sortit sur-le-champ du palais en compagnie
d'Amsis. Ils donnèrent l'ordre à ceux qui surveillaient les travaux de
battre les Hébreux et de leur infliger des tortures pour les contraindre de
se rcmertre à l'ouvrage. Ils montèrent ensuite à cheval et sortirent et se
lôO RF.VUE DE l'orient CHRÉTIEN.
rendirent eux-mêmes sur les lieux pour faire châtier les Israélites. Mais
alors un nuage apparut, le tonnerre éclata, la terre fut violemment
scouée, le vent se déchaîna, le soleil s'obscurcit en plein midi, toute la
terre fut plongée dans les ténèbres. Le ciel et la terre éprouvèrent ainsi
une égale confusion. Les chevaux que montaient (le roi et le général)
enfoncèrent leurs pattes en terre comme on enfonce des pieux. Les Chal-
déens crièrent (f. 244, b) à Cyrus et à Amsis : « Voulez-vous par votre
impiété que le Seigneur vous fasse comme aux Amorrhéens ? »
Le roi Cyrus (Khourisch) tomba de son cheval et se brisa l'épine dorsale.
Le général Amsis tomba également et se cassa tout le bras droit jusqu'au
coude. Toute la foule s'écria alors : « Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu
d'Israël, Dieu des Hébreux, aie pitié de nous, car nous avons péché contre
toi pour avoir empêché ton peuple de sortir de notre pays. Pitié! Sei-
gneur, nous t'en prions. Ne nous punis pas à cause de nos péchés; mais
de grâce ! guéris-nous, et nous le laisserons retourner dans son pays en
joie et sécurité. »
Le prophète Jérémie, entendant ces paroles et ces gémissements, eut
pitié d'eux. Il s'approcha de Cyrus, le releva et lui guérit la fracture de
l'épine dorsale. Abraham remit également le bras du général chaldéen.
Dieu vit que leurs cœurs étaient changés, et alors la terre cessa de trem-
bler, l'univers reprit son calme et le soleil répandit de nouveau sa lumière
sur la face du globe.
Le roi Cyrus (Khourisch) et Amsis firent venir les Hébreux, comptèrent
les jours de leur service, acquittèrent le salaire du travail qu'ils avaient
fourni de leur temps et leur donnèrent beaucoup d'or et d'argent. Le roi
fit monter Jérémie sur son cheval, le revêtit du vêtement rcy^l. lui mit
son diadème sur la tête, et lui donna beaucoup de chevaux, de bêtes de
somme et de chameaux chargés de provisions pour la route. Il fit en outre
publier dans tout le pays des Chaldéens que ses sujets devaient aller à la
rencontre du prophète Jérémie et de son peuple, les recevoir avec joie
et allégresse, les bien traiter et les servir tant qu'ils seraient dans leur
royaume. Le roi offrit encore au prophète Jérémie douze serviteurs.
Jérémie quitta donc avec le peuple hébreu les villes de Chaldée. Le
total des Hébreux qui partirent de Babylone était de 80 millions : cette
longue captivité les avait diminués de 100 millions.
A la sortie de Babylone, ils commencèrent la prière, (f. 245, a) en
disant : « Lève-toi, Jérusalem, réjouis-toi et mets ta couronne au milieu
de la joie et de l'allégresse. Tes enfants t'avaient quittée, humiliés, les
larmes aux yeux et en proie à la crainte et à la tristesse, et maintenant ils
reviennent avec la sécurité, la joie et les chants. »
Le retour de Jérémie dans sa patrie fut un triomphe. Toutes les villes
chaldéennes lui faisaient bon accueil. Des cavaliers marchèrent devant lui
jusqu'à Jérusalem pour faire honneur à la ville, et la présenter comme
une épouse à ce peuple. Tel fut ce retour à Jérusalem.
Sur ces entrefaites le serviteur Abdémélech (Aftimalek) se réveilla et
sortit de l'endroit oîi il dormait, sous le rocher. 11 vit de la poussière sur le
panier qui contenait les raisins, les figues et d'autres fruits; les feuilles
U\ APOCRYPHE CARCIIOUNI SUR LA f'APTIVITÉ DE BABVLONE. 151
vertes qui le couvraient s'étaient allongées et étendues. Il se dit à lui-même :
t Je ne suis pas en retard pour m'ètre endormi; j'avais la tête lourde
et j'ai voulu me reposer. Je vais me lever maintenant et aller à la ville
trouver Jérémie. Il est temps de porter à manger au prophète Jérémie,
mon père béni, qui est en prison. »
Or Abdémélech ne s'était réveillé qu'à la fin des soixante-dix ans [de la
captivité]. II porta le panier de raisins et de fruits qui étaient aussi frais
que si on venait de les cueillir et parvint à Jérusalem. Là il se trouva en
présence de murailles en ruines ; mais les raisins et les figuiers montraient
leurs fruits, le palmier et le sycomore leurs feuilles (?). Il en fut surpris et
tout interdit. Il entra alors dans la ville dont il ne reconnaissait plus les
rues parce qu'elles avaient été détruites et bâties de nouveau sous une forme
différente. Il vit que les lieux dévastés étaient reconstruits; mais il n'y vit
personne de ses connaissances. Il resta frappé de stupéfaction; puis il s'ar-
rêta et dit : « Mon Seigneur et mon Dieu, de quelle inadvertance suis-je
pris? » Mais il aperçut un vieillard qui ramassait du bois; il avança vers
lui. Et le vieillard de lui dire : « Eh bien ! mon enfant. » Abdémélech lui
adressa ces paroles : « Saurais-tu ce qu'a fait aujourd'hui Sédécias de mon
père, le prophète Jérémie? L'a-t-il fait sortir de prison? » — « Quoi! répon-
dit le vieillard, qu'est-ce que tu dis là, mon enfant? Quel est ce Sédécias?
Quel est Jérémie? II y a aujourd'hui soixante-dix ans que Nabuchodonosor
(Bocht-Nassar) a détruit Jérusalem et a emmené le peuple avec le prophète
Jérémie en captivité à Babylone dans la Clialdée. »
Abdémélech fAftimalek) lui dit : « Si tu n'étais un vieillard, je dirais que
tu es fou. Je suis allé au jardin de mon maître Aramis pour lui apporter des
fruits. Comme j'avais les yeux appesantis (f. 245, b) par le sommeil, j'ai fait
un petit somme. Le peuple a-t-il été exilé? Est-ce que des ténèbres seraient
tombées sur lui et l'auraient enveloppé, ou bien aurait-il été englouti par
l'abime? Nepourrai-je pas rencontrer au moins une personne de ce peuple? »
Le vieillard lui répliqua : « Tu es vraiment un homme de Dieu, un homme
juste. Dieu n'a pas voulu te laisser voir la ruine de Jérusalem, ni éprou-
ver les misères pénibles que le peuple a endurées pendant la captivité, ni
tomber sous la férule [de Nabuchodonosor] : mais il a fait descendre un
sommeil sur toi, afin que tu ne voies Jécusalem que florissante comme elle
l'était au temps de sa gloire. Veux-tu reconnaître — toi qui es vraiment le
juste du Seigneur qui t'a fait miséricorde et t'a laissé en repos soixante-
dix ans jusqu'au retour du peuple. — Veux-tu reconnaître, mon enfant, si
le prophète Jérémie est arrivé aujourd'hui, accompagné du peuple, voici
ces figues et ces raisins que tu portes. Ils sont hors de saison. Regarde,
mon enfant, — tu es un homme qui crains Dieu — rega^-de les arbres,
comme ils sont à cette époque. Ce n'est pas la saison du raisin ni des
fruits; c'est bien le mois de Barmoudah. Le prophète Jérémie est arrivé,
en ce jour, à .Jérusalem, après avoir passé soixante-dix ans en exil. Les
paroles que tu prononces se confirment les unes les autres. Et ce peuple,
le voilà de retour avec les branches de palmier, de myrte et d'olivier. »
Puis Abdémélech (Aftimalek) vit le prophète Jérémie : il montait le che-
val du roi et brillait comme le soleil. Abdémélech accourut à lui et se
152 REVUE DE l'orient CHRÉTIEX.
prosterna. Dès qu'il le vit, Jérémie descendit de son cheval et l'embrassa.
« Sois le bienvenu, lui dit-il, Abdémélech (Aftimalek), mou am'i, considère
l'honneur que Dieu t'a fait. C'est ainsi qu'il agit avec celui qui se montre
bienfaisant et miséricordieux envers sa créature. Et parce que tu as eu
pitié de moi au jour de ma détresse, le Seigneur a posé sur toi sa main
sainte et t'a procuré un sommeil de repos jusqu'à ce que tu aies vu Jérusa-
lem rebâtie et glorifiée à nouveau. Tu n'as pas eu à goûter la saveur de la
mort et des amertumes, ni à subir comme nous, durant les soixante-dix
années d'exil et de persécution, le joug du roi Nabuchodonosor (Bocht-
Nassar). Mais Dieu t'a préservé de cette peine terrible. Aussi bien, qui-
conque entendra parler de toi, sera bienfaisant et miséricordieux envers
tout le monde; (f. 246, a) et sa peine ne sera point perdue devant Dieu. »
Lorsque Jérémie eut achevé de parler, tous rentrèrent dans la ville. Et
toute sa vie durant, le prophète Jérémie révérait Abdémélech (Aftimalek).
Étant entré dans la ville, le prophète Jérémie célébra Dieu par ce can-
tique : « Exulte, Jérusalem, lève-toi et mets ta couronne. Tes enfants
étaient sortis de toi au milieu des larmes et des tristesses ; ils te revien-
nent maintenant avec la joie et l'allégresse. Le ciel exulte et la terre se
réjouit pour les enfants d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, car ils sont de
retour dans leur pays. Que nos pères Abraham, Isaac et Jacob avancent,
les cithares à la main, pour chanter les louanges du Seigneur. Leurs
enfants avaient été exilés et dissipés; mais Dieu les a réhabilités. Qu'ils
l'exaltent et qu'ils chantent avec nous pour les enfants d'Abraham. Les
Chérubins et les Séraphins s'ouvrent à la joie pour les Israélites qui rega-
gnent leur pays et rentrent dans leur patrie. »
Jérémie se dirigea ensuite vers la porte du temple et adressa la parole
au linteau : « 0 linteau de la maison du Seigneur, je te dis de rendre les
clefs que je t'ai confiées. » A l'instant même, le linteau exhiba les clefs et
les remit au prophète Jérémie. Ce dernier ouvrit la porte du temple et y
entra avec tout le peuple. Ils se prosternèrent devant le Seigneur. Puis
Jérémie entra au sanctuaire où il trouva la lampe encore allumée comme
il l'avait laissée : elle ne s'éteignit point, ni sa lumière ne s'affaiblit. Il
s'agit de la lampe avec laquelle Jérémie avait parcouru Jérusalem et
cherché en vain un homme de miséricorde.
Tous adorèrent Dieu en disant : « Saint, Saint, Saint. Seigneur, tu es
équitable dans tes œuvres ; tu fais toutes choses avec sagesse : Tu nous as
infligé cette peine pour nous châtier selon nos péchés, tu nous as rétribués
selon nos fautes. »
Le prophète Jérémie appela les fils d'Aron et leur dit : « Levez-vous
maintenant et, purs suivant l'ordre de votre sacerdoce, sacrifiez au Sei-
gneur. » Il monta ensuite sur la terrasse de la maison du Seigneur et se
tint sur la pierre qui en formait l'angle : « Pierre, dit-il, ouvre ta bouche
et rends ce que je t'avais confié, je veux dire le manteau du grand prêtre.
Nous en avons besoin, car le Seigneur nous a exaucés et a agréé nos
offrandes. » Aussitôt la pierre ouvrit sa bouche, sortit le manteau (litt. voile)
et le remit au grand prêtre.
Après quoi, le prophète alla au-devant du soleil et lui dit : « 0 soleil,
UN APOCRYPHE CARCHOUNI SUR LA CAPTIVITÉ DE BABYLONE. 153
grand luminaire du ciel, je te dis de rendre la mitre (litt. manteau) qui
porte gravé sur elle le nom du Seigneur très saint, et dont je t'ai confié la
garde, (f. 246, b) Le Seigneur a eu pitié de son peuple et nous en avons
besoin à l'autel. » Alors le prophète Jérémie étendit la main vers le rayon
du soleil, reçut la mitre (litt. manteau) et la présenta au grand prêtre avec
le reste des ustensiles de la maison du Seigneur qu'il avait emportés.
Le grand prêtre, qui revenait de l'exil avec eux, se vêtit de la robe
sacerdotale et du voile et porta la mitre (litt. manteau) sur laquelle était
le nom du Seigneur.
Le prophète Jérémie reprit ses vêtements prophétiques dont il s'était
dépouillé sur l'ordre de Dieu, au moment de son départ avec les exilés,
pour les laisser au temple jusqu'au retour de la captivité de Babylone.
Il alla ensuite devant le temple du Seigneur. Mais la gloire du Seigneur
remplit le temple, l'enveloppa et couvrit toute la maison et le peuple, et
sa splendeur éclata magnifiquement au sein des Israélites, tandis que sa
joie y débordait. Et le Dieu d'Israël habita au milieu d'eux avec les Chéru-
bins et les Séraphins.
Quant aux fils d'Aaron, ils reprirent le service, chacun selon son rang
et ses fonctions; ils sonnèrent du cor, jouèrent de la cithare et portèrent
les offrandes. Lct gloire du Seigneur se manifesta et remplit toute la mai-
son, et un feu descendit du ciel et consuma l'holocauste.
Le peuple entier fêta le 25 de Barmoudah et, au comble de la joie, il
célébra les louanges du Seigneur, devant qui le prophète Jérémie se pros-
terna et dit : « Béni soit le Seigneur, Dieu d'Israël, béni soit son nom à
jamais ! Il se rappela son alliance sainte et le serment sincère fait par lui
à notre père Abraham, que la postérité de ce dernier existera pour tou-
jours. Du liaut du ciel il a jeté un regard sur son peuple et ses héritiers,
il a vu leur tristesse et [entendu] les gémissements de leurs cœurs. Il les a
sauvés par son bras puissant et sa main suprême et les a déliés de la ser-
vitude des Chaldéens et des amertumes de l'exil et ramenés à son temple
sacré. A lui la gloire, l'honneur, la grandeur et la puissance. Il est le Dieu
d'Israël, qui a exterminé ses ennemis qui se détournèrent de son obéis-
sance pour sacrifier à l'idole de Baal, l'adorer et offrir de l'encens à des
dieux fabriqués par les mains; qui versèrent le sang des enfants en l'hon-
neur des étoiles du ciel et des démons (f. 247, a) et s'écartèrent de la voie
de Dieu, leur Seigneur. C'est pourquoi il les a livrés à leurs ennemis pour
les châtier, les faire disparaître jusqu'au dernier de la surface de notre
globe et extirper leur postérité d'entre les enfants de son peuple, Israël. »
Puis le prophète Jérémie se leva et, s'étant tourné vers le peuple, le
félicita d'être en possession de la paix et du salut. Il le bénit et lui fit pro-
mettre de ne plus s'éloigner du culte de Dieu, son Seigneur, de ne plus
adorer l'idole de Baal.
Ils offrirent, ce jour-là, beaucoup de sacrifices et d'holocaustes parfaits :
ils débordaient de joie dans la maison du Seigneur, remerciant Dieu de
tout le cœur et sanctifiant son nom : « Béni soit, disaient-ils, le nom du
Seigneur, Dieu d'Israël, qui a visité, sauvé et délivré son peuple de l'op-
pression des Chaldéens; qui l'a ramené de Babylone à son pays, à la terre
154 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
et à l'héritage qu'il lui avait donnés; qui lui a rendu le pouvoir, la pro-
phétie et le sacerdoce et qui, loin de perpétuer sa colère, a été touché de
pitié et l'a sauvé. »
Du vivant du prophète Jérémie, le peuple ne cessa de rendre à Dieu un
culte parfait par des offrandes et par des sacrifices.
Gloire, louanges au Père, au Fils et au Saint-Esprit maintenant et dans
les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
A été terminé, avec l'aide de la sainte Trinité, ce grand récit de la capti-
vité des Israélites à Babylone. -
Souviens-toi, Seigneur, de ton serviteur coupable, qui est indigne, pour
s€s nombreux péchés, d'être appelé homme, Cyriacus (Qouriaqous) qui a
transcrit ce [livre] sur une mauvaise copie. Quiconque y trouvera une
faute et la corrigera, obtiendra de Dieu le pardon de ses péchés, car le
scribe est faible, imparfait et chétif parmi les hommes.
Pierre Dib.
CATALO&UE SOMMAIRE
DES MANUSCRITS COPTES
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
(Sinie) (1)
74
Liturgies de saint Basile et de saint Grégoire (boha'in'que),
avec traduction arabe.
I r. — 19 r. Prières préparatoires. 19 v. — 99 v. Anaphore
de saint Basile. 100 r. — 110 v. Prières préparatoires.
111 r. — 161 V. Anaphore de saint Grégoire. 161 v. — 163 v.
Notes en arabe.
L'« Absolution du Fils » porte les mêmes noms que dans le
manuscrit 64. Une troisième « Oraison de la paix », attribuée
à Jean de Bostra (16 v.), commence par les mots (\^f irrc?
+Ar\vMii... Elle est suivie de l'oraison (|)f ovoe (|)imi>-..
que le manuscrit 65 attribue à l'apôtre saint Jacques. Dans le
« Mémento des saints ^) sont nommés la Vierge, Jean-Baptiste,
Etienne, Marc, Sévère, Dioscore (ajouté sur un texte effacé),
Cyrille, Basile, Grégoire, Macaire fiiApi, écrit de la même
main que Dioscore), Jean-Chrysostoine, Athanase, Antoine,
Paul, Macaire, Jean, Pischoï, Maxime et Domitius, les 49
martyrs, Moyse, Daniel (ajouté), Jean le Noir, Pachôme et
Théodore, Schenouti e( Visa, Benolér, Cyr (Kvpoc), Paphnuce,
Samuel, Juste et Apollon, Pidjimi (niniii), Apollon (aiioaao),
Épip, Aukin (a'/kiii), Épiphane, Apahor, Archellitès, Bar-
soma, Éphrem le syrien, Abraham et Georges, Benipi et son
disciple Jean, le patriarche Matthieu, l'higoumène Abraham,
(1) Voy. ROC, iniO, p. 85, 133, 302; Util, p. H\.
156 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Marc rAiitonin, Barsoma le nu, et enfin Tedji. La Prière de la
bénédiction, ^f ecie^yen^HT ..., mentionne la Vierge, les
quatre peqeportumi Michel, Gabriel, Raphaël, Souriel, les
quatre animaux incorporels, les vingt- quatre vieillards,...
Jean-Baptiste, les cent quarante-quatre Innocents, les Apôtres,
les trois jeunes gens, Etienne, Georges, les deux Théodore,
Mercure, Menas, Victor, Apaici (aiiahci) et sa fille Thècle,
Macaire (uApi) et sa fille Sara, Antoine, Paul, les trois Macaire.
Ms. de 165 feuillets; 21 x 14. Daté (note finale) du 3 Pa-
chons de l'an 1241 E. M. [1528 ap. J.-G.] et écrit au monastère
de Saint-Antoine, à El-Afqasieh, en Chypre.
Ce manuscrit est coté en lettres coptes au verso, de a [4, feuil-
let 1] à pgA [164, feuillet 161]. Le premier feuillet est numé-
roté A; les suivants, de 1 à 164; le dernier n'appartient pas
au manuscrit primitif.
Au verso du feuillet A, croix en couleurs. Les deux liturgies
sont précédées d'un ornement; le titre est en rouge dans les
deux langues; le texte copte commence par une ligne de majus-
cules coloriées. Titres et grandes majuscules en rouge; petites
majuscules rouges, rehaussées de noir. ([>, ij et z portent un
point rouge dans la boucle, t, q, f ont la tige terminée à la
partie inférieure par une boucle; a descend au-dessous de la
ligne. Notes marginales.
Légué par Renaudot à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés,
en 1720. — Saint-Germain, n" 34.
Invent. : Copte 73.
75
Liturgie de saint Basile (bohaïrique), avec traduction arabe.
Ce manuscrit ne contient ni la seconde « Oraison du baiser
de paix » ctroci can^ymi ... ni, dans la « Prière de la
fraction », (|)f nipKquici ... et eanf iiaii iinieuoT ...
Il est incomplet et finit au début de \\< Oraison d'action de
grâces » ueneBiAiK ... Il a été composé au temps d'un patriar-
che du nom de Jean, qui est mentionné deux fois : dans
l'« Oraison des Pères » (42 r.) et dans le « Mémento des vivants »
(63 r.).
MANUSCRITS COPTES. 157
Le « Mémento des saints » porte, après Marc Tévangéliste, les
noms de Sévère, Dioscore son disciple. Athanase l'apostolique,
Jean-Chrysostome, Pierre martyr, Cyrille, Basile, Grégoire, le
grand Antoine, Paul [hataoc], les trois Macaire, Jean Thi-
goumène, Pischoï, Paul [navaii], Maxime et Domitius de
Rome, les quarante-neuf martyrs de Scété, Moïse, Jean le Noir,
Daniel Thigoumène, Isidore, Pacôme et Théodore son disciple,
Schenouti et Visa [btca] son disciple, Benofer [BeMorqep]
l'anachorète, Samuel le confesseur, Juste [iujctoc] et Apollon
lanoAAo], Apollon [arieA], Epip [enin], Pidjimi [iiixiui],
Apahor [AnA2op], Apaphis [anAcbic], Épiphane, Ammonius
[euuoiiioc], Archellitès [ap^ewiTHc], Arsène, Sarapamon,
Psate [-hATG] et Callinice [i-aammikoc], Pisinthée [riicm-
oeoc] le pneumatophore, Abraham et Georges, Benipi et Jean
son disciple, Barsoma [nApctoucv], Ephrem le syrien, Siméon
et Luc [aokac] le stylite, Marc, patriarche Matthieu, Abraham
l'higoumène et, enfin, Tedji [Texi]-
Dans r« Absolution du Fils » sont mentionnés les Apôtres,
Marc, Sévère, Dioscore, Cyrille, Basile, et Grégoire, les conci-
les de Nicée, Constantinople et Éphèse, ainsi que le patriarche.
Nulle part on ne commémore l'évêque ou quelque autre supé-
rieur ecclésiastique. Entre ;'<> Absolution du Fils » et la « Prière
de l'encens », ce manuscrit contient (18 v. — 22 r.) une pièce
qui n'existe pas dans les autres codices de la Bibliothèque
nationale.
Ms. de 89 feuillets; 17 x 12. Sans date. _
38 feuillets seulement sont cotés en copte, de ir [13, feuillet
12] à H [50, feuillet 49J; les 11 premiers sont d'une écriture
plus moderne.
Les titres, en arabe, sont écrits à l'encre rouge; les rubri-
ques : prêtre, diacre, peuple, sont en rouge; les paroles pro-
noncées par le diacre sont en lettres plus petites que les paroles
du prêtre. Les majuscules sont en noir rehaussé de rouge; la
tige de «t) et de f occupe parfois toute la hauteur de la page ;
(J), ? et q sont ornés d'un point rouge; la barre transversale
du T couvre les lettres voisines et sa tigne forme un crochet
à gauche.
Acquis au Caire, pour une piastre (couverture, note auto-
158 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
graphe), par Vansleb dont le cachet est imprimé avec celui de
la Bibliothèque du roi aux pages 1 r. et 89 v. — Regius, 350.
Invent. : Copte 25.
76
Liturgie de saint Basile [bohairique), avec traduction arabe.
2 r. — 57 V. Prières préparatoires. 58 v. — 110 v. Ana-
phore. 112 r. — 152 r. Prières et bénédictions.
Dans « l'Absolution du Fils » sont mentionnés les Apôtres,
Marc, Sévère, Cyrille, Basile, Grégoire, les conciles de Nicée,
Constantinople et Éphèse, enfin le patriarche. Ce manuscrit ne
contient pas la seconde « Oraison du baiser de paix » ctrocii
cAii^yan... Au « Mémento des saints » sont nommés la Vierge,
Jean-Baptiste, Etienne, Marc, Sévère, Dioscore, Cyrille, Basile,
Grégoire, Antoine, Paul, les trois Macaire, Jean, Pischoï,
Maxime et Domitius, les quarante-neuf martyrs, Daniel, Pa-
côme, et Théodore, Schenouti et Visa, Benofer, Samuel et
Juste, enfin Barsoma. Avant « le Pater » il n'y a pas les orai-
sons (J)f nipequici... et eAKf iicvii... La « Prière de la béné-
diction » commence par les mots v\xg neiniovf novpo...
Ms. de 153 feuillets; 21 x 14. Daté du 20 Thoth 1358 E. M.
[17 septembre 1642 ap. J.-C] (fol. 152 v.).
Ce manuscrit est coté, au verso, en lettres coptes, de a
feuillet 2) à puA (feuillet 152). Division en cahiers cotés et
paraphés par première et dernière page.
Au verso du premier feuillet, ornement en ors et couleurs;
au recto du deuxième feuillet, un ornement précède le titre
arabe, en lettres rouges. Les oraisons commencent par une
grande majuscule ornée en diverses couleurs et parfois accom-
pagnée d'un animal peint dans la marge; la première ligne
du texte, en lettres majuscules, est souvent suivie d'une ou
plusieurs lignes en lettres rouges.
.Acquis par Vansleb, au Caire, en 1G71. — Regius, 349.
Invent. : Copte 30.
MANUSCRITS COPTES. 159
77
LiTURCfiE DR SAINT GRÉGOIRE {bohairiqiw), avec traduction
arabe.
1 r. — 1 1 V. Prières préparatoires. 1 1 v. — 70 r. Anaphore.
70 V. — 103 V. Diverses prières.
Au « Mémento des saints » sont nommés la Vierge, Jean-
Baptiste, Etienne, Marc, Sévère, Cyrille, Basile, Grégoire,
Antoine et les trois Macaire.
Parmi les pièces qui suivent la liturgie, l'une contient des
passages de l'Apocalypse; une autre raconte le sacrifice
d^Abraham.
Ms. de 105 feuillets; 9x5. Daté de 1216 E. M. [1200 ap.
J.-C] d'après une note arabe (99 v.). La partie primitive est
un peu plus ancienne.
Ce manuscrit n'est pas coté en copte; il est toutefois divisé
en cahiers de dix feuillets. La numérotation moderne commence
au deuxième feuillet et comprend un chiffre 5"'^
Au verso du, premier feuillet, croix rouge et noire. Le titre,
en rouge, est précédé d'un ornement rouge et noir. Les majus-
cules sont en rouge ou en noir rehaussé de rouge, et) et b
portent un point dans la boucle; les abréviations sont marquées
par un trait noir et un gros point rouge. L'écriture est irré-
gulière; les feuillets 1, 2, 6 à 9, 48, 57, 76 à 103 sont moins
anciens que les autres.
A appartenu à Gaulmin. — Regius, 355.
Invent. : Copte 40.
78
Liturgie de saint Cyrille (bohaïrique), avec traduction
arabe.
Le texte finit par la prière a^ iicuot...
Ms. de 122 feuillets; 8,5 x 5. Sans date.
Ce manuscrit est coté, au verso, en lettres coptes disposées
entre deux traits noirs qui traversent chacun un gros point
rouge. Division en cahiers de dix feuillets, cotés par première
et dernière page, avec ornement. Les feuillets 1, 7, 8, 121 et
122 sont moins anciens que les autres.
160 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
Titres en rouge. Majuscules en couleurs ou en noir rehaussé
de rouge. La lettre t a le double de la hauteur des autres
lettres; sa barre couvre les deux lettres voisines. c|) et jj por-
tent un point rouge dans la boucle.
Sur une feuille de garde, sceau sur cire portant une croix à
deux croisillons et les initiales F. D.
A appartenu à Gaulmin. — Regius, 356.
Invent. : Copte 41.
79
Liturgie de saint Cyrille {bohairique), avec traduction
arabe.
Ce manuscrit est acéphale, cependant il ne manque au début
de la première prière que mpeqeAuio iif . Entre les pages
3 r. et 3 V. , une lacune de texte comprend la fin de la prière
nipeqeAuio... et le début de l'c Oraison de la paix » napxH-
roc... Une autre lacune, entre les pages 7 r. et 7 v., commence
un peu avant r« Oraison pour la paix » c|)f iire f ArAiiH...
et se termine dans la Préface; le feuillet G7 qui donne le début
de la Préface comble une partie de cette lacune. La liturgie
se termine avant la prière a^ ncuov... Au feuillet 75, une
oraison pour un patriarche défunt, du nom de Jean.
Ms. de 75 feuillets; 16 x 10. Copie du xvii" siècle, d'après
une note latine inscrite sur la couverture : « Liturgia Sancti
Basilii ad usum Nationis Cophtarum linguà Cophtiticà Et Ara-
bica. Exscripta anno Domini 1G33 ex exemplari carie pêne
absumpto Et collata cum exemplari quod est pênes D. Dau-
uergnes anno Domini 1640. »
Colbert. 6477. — Regius, 3523.
Invent. : Copte 27.
{A suivre.)
L. Delaporte.
LA DIDASCALIE ETHIOPIENNE
Traduite en Français par J. Francox.
AVERTISSEMENT
La Didascalie des douze apôtres, écrite en grec vers le
III'' siècle, était traduite (I) bientôt après en latin, puis en
syriaque. Ces deux versions, qui sont indépendantes l'une de
l'autre, se contrôlent mutuellement et permettent de rétablir
la Didascalie primitive aujourd'hui perdue.
Le texte grec de la Didascalie primitive a été remanié —
nous pourrions dire a été mis à jour — du iv" au v siècle;
de ce remaniement proviennent d'une part les six premiers
livres des Constitutions apostoliques (-2) et, d'autre part, une
version syriaque {'A) traduite plus tard en arabe (aussi bien que
tout l'octateuque de Clément). Cette version arabe, que nous
appellerons Didascalie d'Abou Maqàrah, au nom du com-
pilateur qui l'a insérée, au commencement du xiv* siècle,
dans sa collection, ne correspond encore qu'aux six premiers
livres des Constitutions apostoliques, c'est-à-dire s'arrête en
somme au même endroit que la Didascalie primitive. Mais il
(1) Les fragments latins ont éti' édités par Hauler. La version syriaqiio t'ditéf»
par Paul cU' Lagardc a été traduite en français par nous (Paris, 1902), éditée
à nouveau (d'après un nianusci'it qui présente des additions et omissions) et
traduite en anglais par M'"" Gibson (Londres, 1903), traduite en allemand par
Fleniming- (Leipzig, 1904) et en latin par Funk (Paderborn, 1905). Une réédition
de notre traduction française est sous presse à la librairie Lethielieux.
Cl) Voir Cotelier, Paires apuslolid; aligne, /■*. IL, t. I et Funk (Paderborn
1905).
(3) Version hypothétique pour expliquer l'arabe qui suit. Cependant le prolo-
gue de l'édition Gibson appartient à cette version syriaque Cf. Journal Asia-
tique, mars-avril 1911, p. 319-323.
ORnCNT CHRÉTIKf*. 11
162 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
y a de nombreuses additions (en particulier un prologue) et
beaucoup d'interversions (1). Le style de la Didascalie d'Abou
Maqàrah est très mauvais, offre beaucoup de négligences et
de passages incompréliensibles ; cette version ne mérite donc
guère d'être éditée et traduite. C'est l'avis de M^'^ Chébli,
archevêque maronite de Beyrouth, qui avait commencé d'en
préparer l'édition.
Il y a encore une autre version arabe de la Didascalie que
nous appellerons Didascalie Borgia parce qu'elle est contenue
dans le manuscrit unique Borgiano siro 60, signalé d'abord
par M^"" Rahmani, puis analysé par M. A. Baumstark (2). Cette
version arabe, comme la version éthiopienne (3), ne présente
pas d'interversions et comprend le VIP livre des Constitutions
apostoliques presque tout entier. Ces deux versions (la Didas-
calie Borgia et l'éthiopienne) comprennent donc les livres I-VII
des Constitutions apostoliques sous le nom de Didascalie des
apôtres.
La Didascalie Borgia a été traduite sur le copte par Abou
Ishâq ben Fadl Allah, l'an 1011 des martyrs (1291), et n'est pas
le prototype de la Didascalie éthiopienne, car toutes deux ont
leurs additions, leurs omissions et leurs fautes propres.
Voici le mot à mot du cliapitre xxii de la Didascalie Borgia,
qui nous a été dicté par M. l'abbé Dib. Si on le compare au
chapitre xxiii ci-dessous de la Didascalie éthiopienne ou à
l'édition de M. Platt, p. 130-131, on peut voir qu'il n'y a pas
rapport de filiation.
XXII. — Qu'il faut que les serviteurs servent leurs maîtres de la même
manière (à^. J-^j); qu'il {sic) soit fidèle ou non.
Des serviteurs que dirons-nous de plus, sinon que le serviteur doit bien
servir le maître, volontiers, avec la crainte de Dieu. S'il est infidèle, il
(1) C'est la Didascalie d'Abou Maqàrah qui a été utilisée par Ibn el-Assal dans
son Nomocanon. La traduction éthiopienne de ce Nomocanon a été éditée et
traduite en italien par M. I. Guidi, sous le titre de Felha-Nagasi ou la législa-
tion des rois.
Ci) Testamenium D. N. J.-C, Mayence. 1899, p. xiv et Oriens chrislianus,
Rome, t. III, 1903, p. 201.
(3) M. Thomas Pell Platt a édité et traduit en anglais le commencement de la
Didascalie jusque dans le cours du chap. xxii (ou 23 d'après la numération de
M. Françon) d'après un manuscrit incomplet. The Ethiopie Diaascalia, Londres,
1834. La suite n'a été ni éditée ni traduite.
LA DIDASCALIK ÉTHIOPIENNE. 163
parlera à son maître; s'il est mauvais, il doit se soumettre à lui selon sa
servitude. De la même manière que le maître aime son serviteur. Et s'il
est étranger à sa race et à sa manière d'être (^i^^L), qu'il lui garde son
âme parce qu'il est homme et qu'il lui est semblable. Celui qui a main-
tenant un maître fidèle, qu'il l'aime en tant que maître et en tant que
fidèle et qu'il lui présente le travail dû à sa qualité de maître; qu'il le
considère comme un père. Que (le maître) ne le traite pas comme servi-
teur à la manière des hommes, mais plutôt à la manière des bons maîtres,
parce qu'il sait que Dieu lui donnera sa récompense dans le siècle à
venir pour les services qu'il aura rendus. De même le maître qui a un
serviteur croyant et qui lui est fidèle dans ses épreuves, qu'il l'aime
comme un fils, et aussi à cause de la communauté de la foi.
La didascalie éthiopienne, ne provenant d'aucun des deux
textes arabes connus, a donc chance — sauf découverte nouvelle
— de provenir du grec ou du copte. Nous opinons pour le
copie à cause du mot ni-philoponos qui a été simplement
iranso^it dans l'éthiopien parJri^A^flTft (Nipilôbànôs), cf. Platt,
p. 1, dern. ligne et p. 132 et Journal Asiatique, mars-avril
1911, p. 319-323 (note sur le prologue de la Didascalie arabe).
M. l'abbé J. Françon, qui est licencié es lettres (série langues
vivantes) et qui a obtenu le diplôme de langues sémitiques à
l'Institut catholique de Paris, est l'un des plus distingués
élèves de W Graffm et de M. Martin. Il s'est proposé, pour son
premier travail, de compléter la traduction de M. Platt, en tra-
duisant en français la fin de la Didascalie éthiopienne (ch. xxir
à XLiii) qui n'est encore ni éditée ni traduite. La traduction
est faite sur le manuscrit de Londres or. 799 qui sera désigné
par la lettre A : on renverra quelquefois aussi aux mss. or.
793 (B) et d'Abbadie, 79 (C). M. Françon ajoutera à la fin une
étude sur les manuscrits et la version.
F. Nau.
ICI REVUE DE l'orient CHRETIEN.
TRADUCTION FRANÇAISE
CuAPiTRE 23 (1) (Const. Ap. = K., iv, 12).
Qu'il faut que les serviteurs soient soumis à leurs maîtres en toute pureté,
que {ceux-ci) soient infidèles ou croyants (2).
Que dites-vous donc au sujet des serviteurs?
Qu'ils soient (3) donc intelligents et qu'ils servent leurs maîtres dans la
crainte du Seigneur. Et si c'est un serviteur chrétien, et si son maître est
païen, il faut qu'il le serve en toute chose; seulement il ne s'associera
pas avec lui dans la foi. Et de même, que les maîtres aiment aussi leurs
serviteurs (4). Et si son maître est croyant, qu'il le serve et qu'il le
craigne comme le Seigneur, et qu'il l'aime comme un père et comme
un bon maître et pour cette cause il recevra une bonne récompense en
retour de ce qu'il a servi son maître. Et s'il y a un maître qui a un servi-
teur croyant et qui fait sa volonté, qu'il l'aime comme son fils et qu'il le
traite comme son frère pour l'amour de la foi (5).
(K., IV, 13). — Soumettez-vous aussi et obéissez aux rois et aux (6) pré-
posés craignant le Seigneur, car ils sont les serviteurs du Seigneur. Crai-
gnez donc les chefs comme il convient, et offrez-leur de ce qu'il y a chez
vous en honneur et obéissance comme l'a ordonné le Seigneur. Ne faites
pas pour vous de faux prétextes (7), mais aimez- vous mutuellement entre
vous, comme l'a ordonné le Père par son Fils Notre-Seigneur Jésus-Christ.
CiiAi'iTRE 24 ;'K., IV, 14)..
Quil ne faut pas que les Vierges se vouent elles-mêmes sans s'éprouver
elles-mêmes.
Il ne faut pas qu'elles entrent dans cet état (8) sans être éprouvées, et
sans s'être gardées elles-mêmes dans la pureté. Ainsi nous leur ordon-
nons qu'elles n'entrent pas vite avant qu'elles n'acquièrent leurs mé-
rites (9). Comme dit Salomon : // vaut mieux qu'elle ne soit pas vouée,
que si elle était vouée et qu'elle revienne (10). Que la Vierge soit donc pure
en son âme et en son corps, af n qu'elle soit donc la maison du Seigneur
(1) C'est le chapitre 16 de la Didascalie arabe Maqâiah et le chapitre 'i2 de
la Didascalie arabe Borgia et du manuscrit éthiopien de ]\I. Plaît.
(2) C : •• Dans la pureté, s'ils sont fidèles ".
(3) " Des serviteurs que dirons-nous de plus, sinon qu'ils soient » K.
(4) K ajoute une phrase.
(5) « A cause de la communauté de (leur) foi » K.
(G) Ici s'arrôte rédition et la traduction de M. Th. P. Platt.
(7) « Ne devez rien à personne » K.
(8) Litt. : " dans cette affaire ».
(9) <• Au sujet de la virginité, nous n'avons pas reçu de coinn audenient,
mais nous laissons cela à la volonté de ceu.\ qui le désirent, en leur ronseillanl
seulement de ne rien promettre avec hâte » K. Passage obscur dans rélhiopien.
(10) Ecole., V, 4.
LA niDASCALlK ÉTHIOPIEWE. 165
et la demeure du Christ et le lieu de repos du Saint-Esprit. Qu'elle
marche dans la voie de la prédication de l'Évangile et dans l'obéissance
qui plaît au Seigneur (1). Que sa conduite (2) ne soit pas selon la cou-
tume de ce monde : qu'elle n'aille pas dans la ville, qu'elle ne marche
pas dans la voie des mauvaises (femmes) et qu'elle ne soit pas double de
cœur; mais qu'elle soit (la vierg>) sage et pure qui n'a pas dd tache, et
qu'elle ne désire pas être louée, mais qu'elle soit extrêmement avare (3)
de paroles.
Chapitre 25 (K., v, 1).
Au sujet des morlyrs qu'on conduit au trib'inal et qu'on tourmente d'un
grand supplice. Sur les f'des et la Pâque (4).
S'il y a des chrétiens qu'on conduit au tribunal des païens, soit pour
(les) tuer, ou pour être exilés, soit pour é're mis en prison ou (pour)
les (5) donner aux bêtes à cause du nom de Notre-Seigneur Jésus Christ,
et de la vraie foi et de l'amour du Seigneur, ne détournez pas votre face
d'eux, mais seulement, de vos biens et de la sueur de votre face, envoyez-
leur de la nourriture. Et donnez encore leur nourriture aux licteurs sol-
dats qui les gardent, afin qu'ils n'aggravent pas sur eux la douleur du
supplice. Et n'abandonnez pas le chrétien votre frère, qu'on a traîné
dans l'enceinte du tribunal, à cause du nom du Seigneur notre Dieu.
C'est, en effet, un saint martyr, le frère de Notre-Seigneur, le fils du Très-
Haut et la demeure du Saint-Esprit. C'est le fidèle qui a gardé l'ordre de
l'évangile, a hérité la couronne de vie, a été martyr, à cause de la Pas-
sion de Notre-Seigneur Jésus-Christ et cher à son sang glorieux. C'est
pourquoi, ô fidèles, par votre labeur et par vos biens servez les saints.
Ceux qui n'ont pas de biens, qu'ils jeûnent (6) pour eux ; et ceux qui
en ont, qu'ils donnent une partie de leurs biens aux saints. S'il y a quel-
qu'un qui donne tout en' rançon pour eux, afin de les sauver, celui-là
certes est bienheureux et l'ami du Christ. Et s'il y a quelqu'un qui donne
ses biens aux pauvres, il sera élu et pur; à plus forte raison donc, celui
qui donne ses biens pour le martyr, celui-là a-t-il accompli le bon plaisir
du Seigneur, et est-il devenu semblable aux saints martyrs, qui ont con-
fessé Notre-Seigneur devant les peuples, et les rois, et le peuple d'Israël.
Car il dit : Celui qui m'aura confessé en face des hommes Je le confesserai,
moi aussi, en face de mon père qui est dans les deux (7). Quant à ceux
qui feront ainsi, le Christ sera leur témoin auprès du Père. Quant à vous,
il n'est pas bien d'être languissants et de rougir d'aller dans la prison et
(1) La phrase précédente diffère dans K.
{2) Litt. : « son œuvre ■■.
(3) Litt. : « et extrêmement donc cessant la parole ».
(4) C : ■' Au sujet des fêles de Pâques ».
(5) Les mss. donnent le singulier jusqu'ici, et le pluriel pour le reste de la
phrase.
(6) « Qu'ils jeûnent ■• K.
(7) Matth., X, 32.
166 REVLE DE l'orient CHRÉTIEN.
de visiter les prisonniers vos frères. Au contraire, aidez-les et consolez-
les, et si vous avez fait cela, vous serez comptés avec les martyrs, car,
quant à eux, leurs noms et leur martyre ont été écrits, parce qu'ils ont
souffert et qu'ils ont été persécutés. Et vous aussi, vous serez comptés
avec eux, parce que vous les avez servis de bon cœur et d'un bon minis-
tère, sans nonchalance (1). pjt au sujet de ceux-là, Notre-Seigneur dit :
Vene:., les bénis de mon Père: héritez le royaume qui vous est préparé dès
avant le monde, car f ai en faim et vous m'avez rassasié ; j'ai eu soif et vous
m'avez donné à boire; fai été étranger et vous {ni']avez reçu, fai été nu et
vous m'avez vêtu; fai été malade et votis m'avez visité; fai été prisonnier et
vous m'avez parlé. Et alors les saints répondront et diront : O Seigneur,
quand t'avons-nous vu affamé et Cavons-nons rassasié, altéré et Vavons-
nous donné à boire? Quand Cavons-nous vu étranger et t'avons-nous donné
r hospitalité, nu et t'avons-nous vêtu, malade et t'avons-nous visité, prison-
nier et t'avons-nous parlé ? Et le roi répondra et leur dira : En vérité, je
vous le dis, tout ce que vous avez fait à l'un de ces petits (2), c'est à moi que
vous l'avez fait. Et après cela, il dira à ceux {qui seront) à sa gauche :
Allez, inaudits, dans le feu qui est éternel, qui est préparé à Satan et à ses
anges, car fai eu faim et vous ne m'avez pas rassasié; fai eu soif et
vous ne^ m'avez pas donné à boire; fai été étranger et vous ne m'avez pas
donné l'hospitalité, fai été nu et vous ne m'avez pas vêtu ; fai été malade et
vous ne m'avez pas visité; j'ai été prisonnier et vous ne m'avez pas parlé.
A lors ceux {qui seront) à sa gauche, répondront en disant : 0 Seigneur, quand
t'avons-nous vu affamé (3), altéré, étranger, nu, malade? {Quand) as-tu été
prisonnier et ne t'avons-nous pas servi? Et après cela, le roi leur répondra
en disant : En vérité, je vous le dis, ce que vous n'avez pas fait à un de
ces petits (4), c'est à moi que vous ne l'avez pas fait. Et ceux-là iront vers
le supplice qui est éternel; }>iais les fis/es vers la vie qui est éternelle (5).
{A suivre.)
J. Francon.
(1) .. En faisant cela, le martyre vous sera compté; pour eux, le martyre leur
est échu en vérité, et, pour vous, la bonne volonté, parce que vous avez pris
pai't a leur lutte » K. '
(2) Caj. : .. qui ont ci'u en moi ...
(3) Caj. : « et ne t'avons-nous pas donné à manger ...
(4)Litt : .. H ces uns petits ...C : .. à un de ceux-ci, un de ces petits ...
(o) Matth., XXV, 31 sqq.
LITTÉRA.TURE ÉTHIOPIENNE
PSEUDO-CLÉMENTINE
,,!_ — TRADUCTION UU (iALÈMliNTOS.
(Suite)
CHAPITRE IV
Tentation et chute d'Adam et d'Eve.
l. Con.mciit et pourquoi Satan se cache dans le serpent. -/^^ ^^^^^ ^^^^^
i:ve. _ 3. Conséquences de la désobéissance d Adam. - 4. Dieu pi omet a
Adam le Rédempteur.
1 Comment et pourquoi S.vtan se cache dans le serpent. - (F. 6 v» a
,uite) Satan continua, selon sa malice, à 'i^^^^^'^' ^^^'l^'^'J''^^^^^
de toute la grâce qui leur avait été donnée par le Seigneur Puis i
saisUroccasron d'eitrer dans le serpent (I), dont 1;^ J--/; ^f
étaient plus beaux que (ceux de) tous les animaux et betes En effet la
premier' créature, (dans laquelle il était entré) ressemblai au p du
chameau (2). Alors, Satan transporta le serpent, le fit monter (3) dans les
airs, et l'amena au paradis.
,La raison) pour laquelle Satan se cacl.a (F. 6 V b) dans e serpen
dont la forme et l'aspect étaient beaux (4), lut que, lorsque le Seigneur
e" été de Satan la grandeur de sa gloire, son aspect «-' f--"> "'-;
meraent liideux. Aucune de toutes les créatures ne pouvait le regarder
TTac". Si /;> l'avait v„, sans qu'il se fut caché dans le -^P^n • --
tainement elle ne lui aurait pas parlé (5), et elle se serait enfuie (loin) de
(2) Texte*: ^iiao : +^^ , «PT^I: '■ nhi^^A : >,^A • 7«n»A car sa première
créature était à l'image du petit du chameau.
(3) Texte : h-flîV^ le fit parvenir.
(4) Texte : Hu.Tj6 = 'W? '• ^7.P dont la forme de l'aspect était belle.
f5^ La négation n'existe pas dans le texte.
168 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
lui. Mais il saisit l'occasion de se cacher dans le serpent. Ce fut en s'y
prenant comme celui qui enseigne à un oiseau la langue des hom-
mes. Il prend donc un miroir clair, et (le) place entre l'oiseau et lui
11 cause à son gré et enseigne (F. 7 r° a) l'oiseau. L'oiseau, voyant dans
le miroir sa propre image, dont il ne méprise pas l'aspect, croit que son
image, qui est dans le miroir, c'est bien elle qui lui cause. Il vient vers
elle, et rapidement il apprend la langue (des hommes) {D. C'est ainsi
que fit Satan, lorsqu'il entra dans le serpent.
2. Satan séduit Eve. - Il alla vers Eve, alors qu'elle était seule (2)
dans le paradis, et l'appela par son nom. Elle se retourna vers lui et vit
son image. Clle causa avec lui; il la séduisit par sa parole. En effet la
créature de la femme est faible et croit tout propos qu'elle entend
(K7rob) Pour lui, avec sa grande malice, il lui causa de l'arbre qui
était dans le paradis, et lui exposa combien délicieux était son fruit 11
lui dit : bi tu en manges, tu deviendras Dieu (3). Quant à elle elle désira
manger du fruit de l'arbre, dont il lui vantait la suavité En effet
naguère elle n'avait pas entendu le commandement que le Sei-neur
Très-Haut avait prescrit à Adam au sujet de l'arbre. Au moment même
elle se leva vivement, alla vers l'arbre et prit du fruit (4), qu'elle désirait'
Hus elle appela Adam, (qui) vint vers elle rapidement. Elle lui donna
du fruit de 1 arbre, et lui dit : Si tu en manges, (F. 7 vo a) tu deviendras
Dieu. Quant a lui il écouta la parole (d^Ève), et désira devenir Dieu
comme elle (le) lui disait. '
3. Conséquences de la désobéissance d'Adam. - Lorsqu'ils en eurent
mange, ils devmrent dépouillés (5) de la grâce qui était sur eux et la
lumière, dont Us étaient revêtus, s'éloigna d'eux. Lorsqu'ils se 'virent
eux-mêmes dépouillés de la grâce qui était sur eux, voici que leur
pudenda,6)se découvrirent. A ce moment, ils se firent des caLons de
feuilles de figuier, dont ils ceignirent et couvrirent leurs pudenda 11
ntré da^? T 'T'- '''""^"' ' ''''' ^^"^^^ ^'^ effet, '^.«. et
demeures (F 7Tb h' 'T ''''''' '' ^^"'^^^'- ^^'' ^' ^"^) ^^^-^
aemeures F. 7 v° b) dans la grâce spirituelle et la royauté que leur
avait données le Seigneur, à trois heures. Le Seigneur fit'le'irprocés 7)
a trois heures. A neuf heures, eut lieu leur sortie du paradis contre
Apres quils .se furent revêtus de feuilles de figuier, le Seigneur les
(1) Texte : >7C- sa lanjue. Or, plus haut il est question de la langue des
hommes ■ >7<: : n-n>, (fol. 6 v- b;.
(•2) Texte : î,T,t . (\!ht^ qui était seule.
(3) Gen., m, 5.
(-1) Mot à mot : de son ftncit.
(5) Texte : »•>. , ô^^^j, ,7, devinrent nus.
(6) :i'ï:4-Foo-.
(7) •^'P4•^oIVi.
LITTÉRATURE ÉTHIOPIENNE PSEUDO-CLÉMENTINE. 169
revêtit d'une robe de peau (1), c'est-à-dire de la peau qui est sur notre
chair, vêtement de souffrance et d'affliction.
4. Dieu promet a Adam le Rédempteur. — Lorsque Adam et Eve furent
sortis du paradis, ils sommeillèrent et dormirent à l'orient du paradis.
Quand (Adam) fut réveillé de tson) sommeil, le Seigneur parla à Adam
et lui dit : Ne (F. 8 r" a) t'afflige pas, Adam, voici que je te ferai retourner
dans ton premier état, duquel je fai fait sortir parce que tu as trans-
gressé mon commandement. Pour l'instant, comprends donc que c'est à
cause de ton amour (des clioses terrestres) que j'ai maudit la terre (2).
Je ne Tai pas épargnée cà cause de ta faute et de ton péché. De plus,
j'ai maudit le serpent, qui a séduit Eve. J'ai mis ses mains et ses pieds
dans son ventre, et je lui ai fixé pour nourriture la poussière. Mais toi,
je ne t'ai pas maudit. J'ai condamné Eve à être sous tes pieds (3).
Comprends donc que, lorsque tu auras achevé ta destinée, (qui est)
(F. 8 r° b) de demeurer sur la terre maudite, voici que j'enverrai mon
Fils bien-aimé. 11 descendra du ciel sur la terre, et se revêtira de la
chair de la Vierge, appelée Marie. Je la choisirai de ta souche ; je la
purifierai; je la sanctifierai (4) dans les séries (5) de générations, qui
suivront les générations, et de peuples, qui suivront les peuples, jusqu'à
l'époque de la descente du Fils, (venant) du ciel. A cette époque- là, aura
lieu ton premier salut, et tu retourneras dans ton héritage.
CHAPITRE V
La Caverne des Trésors.
1. Ordre de Dieu au sujet de la sépulture d'Adam. — 2. Les trois trésors :
l'or, l'encens et la myrrhe.
1. Ordrr de Dieu au sujet ue la sépulture d'Adam. — Voici : ordonne
à tes fils de garder ton corps, lorsque tu seras mort, (de l'embaumer) avec
de l'aloès et de la myrrhe, et de le déposer dans la Caverne (F. 8 v» a)
des Trésors, jusqu'à ce que tes fils partent de la montagne sainte (et)
des lieux voisins du paradis du bonheur, et retournent dans la terre
maudite. Ordonne à ceux de tes fils qui existeront alors (6), d'emporter
ton corps avec eux et de l'amener dans le lieu que je leur indiquerai
moi-même. En effet, à l'endroit où ils déposeront ton corps, c'est là
qu'aura lieu ton salut ainsi que le salut de tous tes enfants.
(1) M^ •' 'nbtï.
(2) Texte : n>,T:1' : ^¥ù > H.>,lf1 » ar"ï\V » hr'KC à cause de ton amour
fai maudit la ferre.
(3) Texte : 'hlàV' ses pieds.
(4) Texte : MK'h je la purifierai.
(5) nilf-tlfa»-.
(6) Texte : hTIHo»»- = Afl>-A-,Ç:YJ '■ HjBïA- i h'^Y i 'hr'a>'ti-f!.o^ ordonne à les
lih, {et à) ceux de leurs fils gui existeront alors.
170 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
2. Les trois trésors : l'or, l'encens et la myrrhe. — Le Seigneur
révéla à Adam toute l'affliction, le tourment et la souffrance qui vien-
draient sur lui, et (lui) ordonna de (les) supporter patiemment (F. 8 v" b)
partout. Lorsque Adam et Eve furent sortis du paradis, le Seigneur y
mit un ange de feu, dans la main duquel était un glaive de feu. Adam
et Eve habitèrent sur la montagne sainte, appelée Matârtjon (1). C'est
au haut de (cette montagne) qu'était l'emplacement du paradis du
bonheur (2). Ils demeurèrent là, dans une caverne, sur le sommet de la
montagne, en étant des vierges purs. Puis, lorsque Adam voulut coucher
avec Eve, il prit au haut de la montagne sainte, sous le paradis, de l'or
— environ cent didrachmes, — de la myrrhe et de l'encens. (F. 9 r" a) Il
les sanctifia et les bénit dans la caverne, car il en avait fait une maison
de prière.
Il donna à Eve l'or, la myrrhe et l'encens, et lui dit : Prends ta dot, et
conserve-la soigneusement, jusqu'à ce qu'on offre tous ces présents au
Fils du Seigneur, à l'époque de sa venue dans le monde. L'or, c'est le
signe de sa royauté. L'encens, (c'est le signe de) la nature de sa divinité.
La myrrhe, (c'est le signe) qui sera donné pour sa mort et pour l'ense-
velissement du corps (3) qu'il prendra de nous. Que ceci serve de témoi-
gnage entre toi et moi pour notre Sauveur, lorsqu'il viendra (F. 9 r» b)
dans le monde ! Adam appela cette caverne la Caverne des Trésors.
CHAPITRE VI
Les enfants d'Adam et d'Eve.
1. Les quatre premiers enfants d'Adam. — 2. Leur mariage. — 3. Offrande de
Caïn et d'AbcI. — 1. Le Seigneur agrée le sacrifice d'Abel, mais répudie
celui de Caïn. — 5. Caïn tue Abel. — 6. Setli.
1. Les quatre premiers enfants d'Adam. — Après leur sortie du pa-
radis, Adam et Eve demeurèrent cent ans dans une grande affliction,
(dans) les pleurs et les lamentations. Puis, ils descendirent de la mon-
tagne sainte, au bas de laquelle ils demeurèrent. Là Adam connut Eve;
elle conçut; l'époque de sa parturition arriva; elle enfanta Caïn (4) et
sa sœur, Loud (5), jumeaux. De nouveau, elle conçut; l'époque de sa
parturition arriva: elle enfanta .46e/ (6) et sa sœur, 'Aqlàmyâ (7), jumeaux.
2. Leur marlvge. — Les fils et les filles grandirent et arrivèrent à la
nubilité. Adam dit à (F. 9 V a) Eve : Voici que le Seigneur a fait grandir
ces enfants. Il est donc juste que Caïn épouse 'Aqldmyâ, sœur d'Abel, et
qn Abel épouse Lotcd, sœur de Caïn. Ils résolurent ainsi. Mais Caïn 'dit
(1) ««rtlCf-Tr.
(2) Texte : aowi^-t^ , rt7>t « ^Ç/^A^ les fondements du paradis du
bonheur.
(3) Mot à mot : de son corps.
(4) ^?A. — (5) A-jÇ-. — (6) htt.A. — (7) h^'ir'f.
LITTÉRATLRE F:THI0PIENNE PSEUDO-CLÉjMExN'FIXE. 171
à Eve : 0 ma mère, il faut que tu me donnes ma sœur, qui est née avec
moi. pour qu'elle devienne ma femme, et que tu donnes à Abel celle
qui est née avec lui, pour qu'elle devienne sa femme. En effet, la forme
et l'aspect de Loud (1) étaient plus beaux que (ceux) de 'Aqlàmyà; (Loud)
ressemblait à sa mère, Eve. Lorsque Adam eut entendu cette parole, il
fut extrêmement triste et cliafi;rin. 11 dit (F. 9 v" b) à Caïn : 0 mon fils,
ce que tu désires est contraire à la loi. En effet, il ne faut pas que tu
épouses ta sœur, qui est née avec toi. A ce moment-là, la jalousie entra
en {Caïn), et il résolut de tuer son frère.
3. Offrande de Caïn et d'Auel. — Ensuite, Adam dit à Caïn et à Abel :
Choisissez le plus pur, que vous trouverez, des fruits de la terre, et (le
plus pur) agneau des petits de brebis ; apportez-les (2) au haut de la
montagne sainte; entrez dans la Caverne des Trésors; priez là devant le
Seigneur, et présentez (au Seigneur), comme offrande, ce que vous appor-
terez en fait de fruits et d'agneaux de brebis. (F. 10 r" a) Lorsque vous
ferez une telle (offrande), vous prendrez chacun votre femme. Pour eux,
ils firent comme (le) leur avait ordonné leur père, Adam.
4. Le Seigneur agrée le sacrifice d'Abei., mais répudie celui de C.\ïn.
— Pendant qu'ils montaient à la montagne, Satan entra dans Caïn, qui
résolut sciemment de tuer Abel (3). Puis ils firent (4) leur offrande
devant le Seigneur. Le Seigneur accepta le sacrifice A' Abel, mais répudia
le sacrifice de Caïn. En effet, le Seigneur Très-Haut connaissait la pensée
de Caïn, (et savait) qu'il voulait tuer son frère. Lorsque Caïn eut vu que
le Seigneur avait agréé (F. 10 r° b) le sacrifice à.' Abel, mais avait répudié
son sacrifice, la jalousie, l'indignation et la colère augmentèrent en lui.
5. Caïn tue Abel. — Pendant qu'ils descendaient de la montagne,
Caïn s'emporta contre Abel, prit une pierre, le frappa sur le sommet de
la tête, et le tua. Le Seigneur maudit Caïn et fit sur lui un signe. Caïn
devint agité et angoissé, tous les jours de sa vie. Le Seigneur le fit
descendre de la montagne sainte avec sa femme, et le chassa dans la
terre maudite die'Aksàryà. (5), où il demeura.
6. Setii. — Adam et Eve éprouvèrent au sujet é:Abel une grande
affliction, pendant cent ans. Ensuite, Adam connut (F. 10 v^ a) Eve. Elle
conçut et enfanta Seth (6), (qui devint) un homme beau (7), fort, puissant
et parfait. Par son aspect il ressemblait à .son père, Adam. Le Seigneur
l'aima et le choisit (8), pour qu'il devint le père de tous les forts de la
(1) Texte : '\;hf '• <J->ijP la forme de l'aspect (de Loua).
(2) Texte : hùCh faites-les monter ou bien offrez-les.
(3) Texte : <C«f»^ s Vthli, •• Yl«n» : jB^^A- (Caïn) voulut songer à tuer (Abel).
(4) Mot à mot : offrirent.
(5) hYl'iC^.
(6) ikh-.
(7) Texte : Hu'S'jB : ^î»R dont l'aspect était beau.
(8) Texte : ^Af- l'établit.
172 REVUE DE L'ORrENT CHRETIEN.
terre. Il épousa Loud. En premier lieu, Seth engendra Hênos (1). Hênoa
(engendra) Qnynân (2). Qâynân engendra MalâVêl (3j. En effet, ces
pères sont nés dans les jours de la vie (VAdam. (Adam) vécut 950 ans.
CHAPITRE VII
Instructions d'Adam à Seth avant sa mort.
1. Dernières recommandations d'Adam à Seth au sujet de sa sépulture. —
2. L'emploi des 12 heures du jour. — :>. L'emploi des 12 heures de la nuit. —
4. L'Incarnation du Verbe annoncée.
1. Dernières recommandations d'Adam a Seth au sujet de sa sépulture.
— Lorsque fut arrivée l'époque de sa mort, Adam appela Seth, Hênos,
Qâynàn et MalâCêl. Il pria (F. 10 v» b) sur eux et les bénit. Il prescrivit
à son fils Seth le commandement (suivant), et lui dit : Écoute, 6 mon
fils, ce que je te commanderai, et mets-le dans ton cœur. Lorsque sera
arrivée l'époque de ton départ de ce monde, ordonne à ton fils Hênos —
ensuite, que Hênos (ordonne) à Qâynân; puis, que Qâynân (ordonne) à
MalâVêl — que (ses fils) accomplissent ce commandement, (puis) leurs
enfants, après eux les générations, après les générations les peuples, et
après les peuples (la postérité). Jadis, (voici) ce que je t'ai ordonné :
Lorsque je serai mort, garde mon corps dans de l'aloès et de la myrrhe,
et dépose-le dans la Caverne des Trésors, (F. II r'^ a) au haut de la
montagne sainte, jusqu'à ce que tes enfants partent de la montagne
sainte et des lieux voisins du paradis du bonheur. (Ordonne-leur) d'em-
porter mon corps avec eux, et de le déposer dans le centre de la terre (4),
car c'est dans cet endroit qu'aura lieu mon salut ainsi que le salut de
tous mes enfants. Sois le chef (5), ô mon fils, après moi, et gouverne ton
peuple avec droiture et équité, et dans la crainte du Seigneur. Éclaire
ton âme et celle de tes enfants, (les éloignant) des enfants de Caïn,
l'homicide.
2. L'emploi des 12 heures du jour (6). — De plus, comprends les heures
du jour et de la nuit, (et sache) comment il faut que tu intercèdes (F. 11
r'^ b) auprès du Seigneur, et que tu pries à chaque temps (déterminé).
En effet, mon Créateur m'a enseigné tout cela. Il m'a dit les noms de
toutes les bêtes, animaux et oiseaux du ciel. Ensuite, le Seigneur m'a
fait comprendre le nombre des heures du jour et de la nuit. II m'a
exposé comment les anges glorifient le Seigneur.
Comprends donc, 6 mon fils, qu'à la première heure du jour la prière
de mes enfants monte vers le Seigneur. Comprends aussi qu'à la se-
(1) ÏVn. — {-) .^jBTTr. — (3) 0DtA?i>A.
(4) fl»-nt ! 1^w^ : T'KC. — (5) -fMr*.
i^"*) M. C. Bezold a édité les te.xtes arabe et éthiopien qui correspondent aux
paragrapiies 2 et 3. Voir le texte grec original dans la Pati^ologia Syriaca,
t. II, Paris, l'.JOr, p. 1376-1381, et la version syriaque, ibid., col. 1319-1338.
LITTÉRATURE ÉTHIOPIENNE PSEUDO-CLÉMENTINE. 173
conde (1) heure ont lieu la prière et la demande des anges. A la troi-
sième heure, les oiseaux du ciel glorifient (le Seigneur). A la quatrième
(F. 11 v° a) heure, les spirituels (2) l'adorent (3). A la cinquième heure,
tous les animaux et bêtes le glorifient. A la sixième heure, a lieu la
demande des Chérubins. A la septième heure, les anges entrent auprès
du Seigneur; ils partent (ensuite) d'auprès de lui, car, à cette même
heure, la prière de tous les vivants monte vers le Seigneur. A la huitième
heure, les êtres célestes (et) lumineux le glorifient. A la neuvième heure,
le servent les anges du Seigneur, qui se tiennent devant le trône du
Très-Haut. A la dixième heure, l 'Esprit-Saint fait de l'ombre sur les eaux.
(Alors) les démons s'enfuient (F. 11 v° b) et s'éloignent des eaux, tout
le jour. (Autrement) personne ne pourrait boire de l'eau, car elle corrom-
prait le corps à cause des démons mauvais. Si le prêtre prend de l'eau
à cette heure, y mélange l'huile sainte, en oint les malades et ceux qui
ont des esprits impurs, ils seront guéris de leurs maladies. A la onzième
heure, a lieu la joie des justes. A la douzième heure, le Seigneur Très-
Haut reçoit la prière et la demande des enfants des hommes.
3. L'emploi des 12 heures de la nuit. — A la première heure de la
nuit, les démons rendent grâces au Seigneur Très- Haut; ils n'ont point
de méchanceté contre personne, jusqu'à ce (F. 12 r" a) qu'ils aient
achevé leur service. A la deuxième heure, le glorifient les poissons,
toutes les bêtes et les monstres marins (4), qui se trouvent dans l'eau.
A la troisième heure, le glorifie le feu jusqu'aux infimes profondeurs. A
cette même heure, personne ne peut s'entretenir avec (le Seigneur). A la
quatrième heure, les Séraphins lui disent : Saint, Saint, Saint (5). a la
cinquième heure, le glorifient les eaux qui sont au-dessus des cieux.
Autrefois, je restais à écouter comment criaient les anges à cette rnème
heure, (en faisant un bruit) semblable au bruit (produit par) de grandes
roues. De plus, les flots crient vers le Seigneur avec des paroles de
glorification. A la sixième (F. 12 r° b) heure, les nuées glorifient le Sei-
gneur, dans la crainte et dans la terreur. A la septième heure, toute la
terre se tait ainsi que tout ce qui est sur elle : les eaux dorment. A cette
heure, si le prêtre prend de l'eau, y mélange l'huile sainte, et en oint
les malades et ceux qui ne dorment pas par suite d'une grande souf-
france, (les malades) seront guéris de leur maladie, et ceux qui sont
éveillés dormiront. A la huitième heure, la terre fait sortir l'herbe et 'es
plantes, et fait pousser les arbres. A la neuvième heure, les anges
servent (le Seigneur), et la prière des enfants des hommes entre devant
le Seigneur (F. 12 v^ a) Très-Haut. A la dixième heure, les portes du ciel
s'ouvrent; la prière de mes enfants fidèles est entendue^ et les demandes
(1) Toxti' : A+'S'T.'V " ^" preniitu-e (heure). C'est une faute évidente de copiste.
{2) ao'^i.i\ah^-^. — (3) ^«wAYU»».
(4) Texte : Wi9°C^t- tigres. C'est encore une faute de copiste. Il faut lire
hÇ'flC^ monstres marins.
(b) Texte : fifèRtlf '"* chantent le trisagion.
174 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
qu'ils font sont exaucées par le Seigneur. Au bruit des ailes des Séra-
phins, à ce même moment, les coqs chantent et glorifient le Seigneur.
A la onzième heure, ont lieu la joie et l'allégresse sur la terre. En effet,
le soleil entre dans le paradis, et sa lumière se lève sur toutes les extré-
mités du monde, et éclaire toutes les créatures. A la douzième heure, il
faut que mes enfants se tiennent devant le Seigneur (F. 12 v» b) et le
servent, car, à cette même heure, il y a un petit silence chez tous les
êtres célestes.
4. L'Incarnation du Vekbe annoncée. — Sache donc ceci, écoute mon
exposé, et comprends la parole du Seigneur Très-Haut. (Le Verbe) des-
cendra sur terre (1), comme me l'a exposé (le Seigneur), lorsqu'il m'a
fait sortir du paradis. Lui-même m'a dit que, dans les jours ultérieurs,
son Verbe s'incarnerait de la Vierge (2), appelée Marie; se cacherait en
elle; se revêtirait de notre chair; naîtrait à l'image d'un homme, par sa
grande Puissance et par l'opération de sa Sagesse, que personne ne
connaît, sauf lui-même et aussi celui à qui il les a révélées ; marcherait
avec mes enfants sur la terre; (F. 13 r» a) croîtrait en jours et en années;
ferait des miracles et des prodiges publiquement; irait (sur les eaux
comme) sur le sec ; réprimanderait la mer et les vents ouvertement, et
se ferait obéir d'eux (3} ; appellerait les flots de la mer, et les ferait venir
vivement; ferait voir les aveugles; purifierait les lépreux; ferait en-
tendre les sourds, parler les muets, se lever les paralytiques et courir
les boiteux; les rendrait (tous en bonne santé); convertirait beaucoup
(d'hommes) de l'erreur à la connaissance du Seigneur; chasserait les
démons des hommes.
De plus, (F. 13 r« b) le Seigneur ma parlé et m'a dit : Ne t'afflige pas,
ô Adam, d'avoir voulu devenir Dieu et d'avoir transgressé mon com-
mandement, car voici que je te ferai sortir (de ta déchéance), non pas
maintenant, mais dans peu de jours. C'est moi, le Seigneur, qui t'ai fait
sortir du paradis du bonheur, (pour te chasser) dans la terre qui fait
croître les épines et les ronces. Tu y habiteras. Je courberai ton dos, et
je ferai trembler tes genoux dans (ta) vieillesse ; je ferai de ta chair la
nourriture des vers. Dans cinq jours et demi (4), je me montrerai clément
envers toi et j'aurai pitié de toi, dans la grandeur de ma clémence et de
ma miséricorde. Je descendrai dans ta maison, et j'habiterai (F. 13 v» a)
dans ta chair. A cause de toi, ô Adam, je naîtrai comme un enfant. A
cause de toi, ô Adam, je descendrai sur la place publique. A cause de
toi, ô Adam, je jeûnerai quarante jours et quarante nuits. A cause de
toi, ô Adam, je recevrai le baptême (5). A cause de toi, ô Adam, je
recevrai la souffrance. A cause de toi je serai crucifié sur le bois de la
(1) Texte : ah-tl'l' « 7>^ dans le paradis.
(2) Texte : ^T'ath^- de la fille.
(3) Mot à mot : ils lui obéiraient.
(4) ïi^jÇl*: I /how-n « ow'PÔA i fl»<n»Tr«{.4' i <n»«^A^.
(5) Mot à mot : ton baptême.
LITTÉRATURE ÉTHIOPIENNE PSEUDO-CLÉMENTINE. 175
croix '^Je subirai) tout ceci à cause de toi, ô Adam, moi, à qui (appar-
tiennent) la gloire, la domination, la majesté, l'honneur, l'adoration, la
louange avec mon Père (1) et l'Esprit-Saint, (depuis l'origine), depuis
maintenant et jusqu'aux siècles des siècles. Amen.
En outre, sache (ceci), ù mon fils Seth. (F. 13 v" b) Voici que le déluge
viendra et lavera toute la terre à cause des enfants de Caïn, qui a tué
son frère par jalousie au sujet de sa sœur, Loud. Après le déluge, dans
de nombreuses semaines, surviendra (le feu dévorant), dans les derniers
jours. Tout sera consommé. L'époque arrivera où le feu dévorera tout ce
qu'il rencontrera devant le Seigneur. La terre sera sanctifiée, et le
Seigneur des Seigneurs ira sur elle.
Selh écrivit ce commandement, et le scella de son sceau, du sceau de
son père, Adam, que (ce dernier) avait emporté avec lui du paradis, et du
sceau d'Eve, sa mère.
{A suivre.)
Sylvain Grébaut.
Bézancourt, par Gournay-eu-Bray, le "20 avril 19il.
(1) Mot à mot : non Père.
TRADUCTION
DES LETTRES DE NESTORIUS A SAINT CYRILLE ET
A SAINT CÉLESTIN ET DES DOUZE ANATIIÉMATISMES DE CYRILLE.
Utraque nalura per conjunclionem summam et
inconfusam in una persona Unigenili ado-
ratur. (Cf. p. 189.)
Nestorius.
Pour nous préparer à traduire la version syriaque du Livre
cCHéraclide (cf. supra, p. 100), nous avons traduit en français
beaucoup de documents grecs, latins et syriaques relatifs à Nes-
torius. Nous en avons déjà employé un bon nombre, publiés
dans la Revue de FOrient chrétien, utilisés dans l'introduction
et les appendices de notre traduction du Livre d'Héraclide, ou
découpés et classés dans le travail qui précède (1). Il nous reste
encore, intactes, les lettres à saint Cyrille, les deux premières
lettres à saint Célestin et la version des aiiathématismes. Nous
croyons utile de publier ici notre traduction, car les textes
originaux paraissent être assez peu lus; pour notre part, nous
avons pu consacrer trois ans aux études théologiques sans les
rencontrer. Nous trouverons, dans ces textes, les motifs dont
s'inspiraient les adversaires pour s'attribuer mutuellement ce
qu'ils' affirmaient tous avec raison n'avoir jamais voulu ensei-
gner. Les annotations que nous ajoutons préciseront peut-être
les locutions, causes de tant de litiges.
Nous n'entendons pas, dans nos annotations, apprécier et
blâmer les locutions de saint Cyrille, mais montrer comment
ses adversaires, la plupart de ses amis, certains de ses suc-
cesseurs et toute l'église monophysite les ont entendues (2).
F. Nau.
(1) Cf. ROC, 1910, p. 365 et 1911, p. 1.
(2) En somme, les gens simples disaient • un » de toute manière, et, parmi les
gens instruits, ceux qui disaient « deux • affirmaient vouloir dire « un » et ceux
qui disaient « un » affirmaient vouloir dire « deux .. Leurs intentions sem-
blaient excellentes, mais leur prétention d'expliquer un sujet, qu'ils ne compre-
naient pas et qu'ils ne pouvaient pas comprendre, les exposait à des critiques
fort justifiées.
THADUCTIOX DES LETTRES DE NESTORIUS A SAINT CYRILLE. 177
I. — LETTRE DE SAINT CYRILLE.
Dans cette première lettre, saint Cyrille écrit à Nestoriusque
« certains ne reconnaissaient plus le Christ pour Dieu, mais pour
l'organe et l'instrument de la divinité, ou pour un homme qui
porte Dieu ». Il lui demande si les écrits qui portent ces erreurs
et qui circulent sous son nom sont de lui; il le prie de ne pas
refuser à la sainte Vierge le titre de Mère de Dieu, et enfin de
ne pas l'attaquer comme il le fait à l'occasion de sa lettre aux
moines (1).
Nestorius qui était intervenu en faveur des Pélagiens con-
damnés par saint Célestin, et qui avait insisté plusieurs fois
{saepe scripsi) pour obtenir une réponse, ne semble pas ad-
mettre qu'on puisse de même lui demander une explication, car
il commence par ne pas répondre, puis, lorsque le^rèiTQ Lampon
lui arrache une réponse, au lieu de protester que ses écrits
n'avaient pas été compris et de condamner lui aussi les erreurs
dénoncées par Cyrille, voici tout ce qu'il trouve à dire :
II. — LETTRE DE NESTORIUS A CYRILLE D'ALEXANDRIE, (PORTÉE)
PAR Lampon, prêtre et moine (2).
Rien n'est plus fort que la condescendance (3) chrétienne; c'est elle qui
nous a contraint maintenant à (envoyer) la présente lettre par le très re-
ligieux prêtre Lampon : car il nous a beaucoup parlé de ta Piété — il a
aussi beaucoup écouté, — enfin il ne nous a pas laissé avant d'avoir obtenu
de nous la présente lettre, et nous avons été vaincu par la ténacité de cet
homme. Car j'avoue avoir le plus grand respect pour toute condescen-
dance chrétienne de tout homme, comme si Dieu y était engagé. Chez
nous il n'y a que patience et charité dans (nos) lettres, bien que beaucoup
de choses n'aient pas été faites par ta Piété — pour user d'euphémisme
— selon la charité fraternelle. L'expérience nous apprendra quel sera le
fruit de la violence que nous a faite le très pieux prêtre Lampon. Moi et
tous ceux qui sont avec moi nous saluons tous les frères qui sont avec toi.
III. — Cette réponse n'en était pas une, et jusqu'ici on a été très
excusable d'avoir cru, à Rome et à Alexandrie, que si Nesto-
rius se refusait à toute explication — lui qui avait coutume d'en
exiger des autres — c'est parce qu'il professait les erreurs
(1) Labbe, Conciles, t. III, 31 1-315.
(2) Labbe, lac. cit., III, 3IG.
(3) Le latin porte probitas ou modeslia.
ORIENT CHRÉTIEN. 12
J78 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
dénoncées par saint Cyrille. Celui-ci devait d'ailleurs revenir
bientôt à la charge :
II était accusé en effet d'avoir condamné à tort des cleiTS
d'Alexandrie réfugiés à Constantinople, et Nestorius avait été
choisi pour instruire cette cause {supra, p. 16). On l'accusait
encore d'être monophysite, et, par suite, de dire que la nature
du Verbe s'était changée en la chair, ou, au contraire, de rap-
porter à la nature du Verbe toutes les propriétés de la nature
humaine, cest-à-dire d'attribuer à la nature divine la naissance,
les souffrances et la mort, et de n'entendre la locution « Mère de
Dieu » qu'au sens de « Mère de la nature divine ». Sur ces
divers sujets, saint Cyrille a écrit à Nestorius une seconde lettre
dont voici les principaux passages :
IV. — DEUXIÈME LETTRE DE SAINT CYRILLE A NESTORIUS.
Certains, comme jel'apprends,menoircissentauprèsdetaPiété... hommes
auxquels onn'a fait torten rien, mais qui ont été repris, etcela avecraison,
car l'un causait du préjudice aux aveugles et aux pauvres, un autre avait
levé le glaive contre sa mère, un autre avait fait enlever l'argent d'autrui
par une servante (1). Le saint concile dit que celui même qui est de Dieu
le Père selon la nature... est descendu, s'est fait homme, a souffert (2)... Que
signifie ceci que le Verbe de Dieu s'est incarné et s'est fait homme? Nous
ne disons pas que la nature du Verbe s'étant transformée est devenue chair,
ni qu'elle s'est changée en tout l'homme formé d'âme et de corps; mais
plutôt ceci : que le Verbe s'unissant selon l'hypostase (3) une chair animée
d'une âme intellectuelle (4) est devenu homme d'une manière inexpri-
mable et incompréhensible (5), et il fut révélé comme fils de l'homme non
d'après la seule volonté et le bon plaisir, ni encore par l'adjonction de la
personne [prosôpon] seule (6). Les natures qui se réunissent en une unité
véritable sont à la vérité différentes, mais des deux (résulte) un Christ et
Fils, non que la différence des natures soit enlevée à cause de l'union (7),
(1) Ce sont là les clercs qui avaient confié leur cause à Nestorius et c'est pour
ne pas avoir à lui fournir des explications et pour pouvoir le récuser comme
juge que Cyrille l'avait accusé d'hérésie Cf. supra, p. 16-19.
(2) Cette phrase sera commentée par Nestorius.
(3) Pour les uns, cette locution signifiait « en une substance ou en une na-
ture • ; pour d'autres elle signifiait « selon la personne ».
(4) Cyrille n'emploie pas les mots « nature humaine >■. Nestorius aurait dit
« la nature divine s'adjoignant, selon la personne (proso;5on), la nature humaine ».
(5) Exact.
(6) Locutions nestoriennes opposées à l'union naturelle (en une nature) et né-
cessaire (comme l'union de l'âme et du corps).
(7) Nestoriuslouera souvent cette phrase.
TRADUCTION DES LETTRES DE NESTORIUS A SAINT CYRILLE. 179
mais plutôt que la divinité et l'humanité nous complètent un seul Seigneur
Jésus-Christ et Fils (1), par un concours ineffable et inexprimable (2) vers
l'unité. Ainsi, bien qu'il existe avant les siècles et qu'il soit né du Père,
il est dit aussi être né, selon la chair, d'une femme; non que sa divine
nature (3) ait pris le commencement de son existence dans la sainte Vierge
ou qu'il ait eu besoin nécessairement d'une autre naissance provenant
d'elle après colle qui provenait du Père, car il est insensé, et en même
temps inepte, de dire que celui qui existe avant tous les siècles et qui est
coéternel au Père a besoin, pour être, d'un second commencement (4), mais
parce que pour nous et pour notre salut, s'étant uni l'humanité selon
l'hypostase (5), il est sorti d'une femme, c'est par elle qu'il (6) est dit être
né dans la chair. Ce n'est pas un homme vulgaire né d'abord de la sainte
Vierge, sur lequel le Verbe est ensuite descendu (7), mais, uni dès le
sein (8), il est dit endurer la naissance charnelle, en tant qu'il s'approprie
la naissance (9) de sa propre chair. C'est de la même manière que nous
disons qu'il a souffert et qu'il est ressuscité, non que Dieu le Verbe ait
souffert dans sa propre nature les coups ou les blessures des clous ou encore
les autres blessures, car la divinité est impassible, parce qu'elle n'a pas de
corps (10), mais parce que le corps qui était devenu son propre corps (11)
a souffert tout cela, il est dit aussi les souffrir lui-même à cause de nous;
car l'impassible était dans un corps passible (12); c'est de cette même ma-
nière que nous comprenons qu'il est mort, car le Verbe de Dieu est im-
mortel par nature et incorruptible, il est la vie et l'auteur de la vie;
(1) Nestorius entendra cette phrase de deux substances incomplètes qui
s'unissent en une seule substance et nature (comme l'àme et le corps).
(2) Exact.
(3) On cherche vainement les mots corrélatifs : •< nature humaine».
(4) Cyrille, comme Nestorius, rejette les corollaires que l'on veut tirer de' ses
principes.
(5) L'ambiguïté subsiste toujours. Cyrille rejette: « selon la personne [pro-
sôpon) >'. Pour beaucoup « selon l'hypostase » signifie « selon la nature • ou " selon
la substance ».
(6) « Il » désigne toujours le Verbe ou •■ la nature divine ». Nestorius, k la
rigueur, en dirait autant d'ailleurs, mais ajouterait que « naître » est, pour la
nature divine, une propritHé qui lui provient de l'union et non de son essence.
(7) Nestorius ne l'a jamais dit.
(8) C'est l'avis de Nestorius.
(9) L'ambiguïté subsiste. Cette naissance est-elle rapportée à sa nature ou à
sa personne? Cyrille tend à dire «la nature divine s'approprie la naissance ., car
« il », pour lui, est toujours le Verbe. De là provient l'accusation d'apoUina-
lisme, portée si souvent contre saint Cyrille.
(10) Cyrille rejette encore ici ce qu'on lui attribue.
(U) Est-ce le corps de la nature divine, ou le corps du Dieu-homme compre-
nant deux natures?
(12) Pour Nestorius, la nature du Verbe est restée impassible, bien qu'elle soit
dans un corps passible. Saint Cyrille est moins clair et prête à accusation,
d'autant que, dans d'autres écrits, il compare l'union des deux natures à celle
de l'àme et du corps, or l'àme, impassible par elle-même, souffre de toute né-
cessité à l'occasion du corps.
18Q REVUE DE l'ORIENT CHRÉTIEN.
mais ensuite lorsque son propre corps (1), par la grâce de Dieu, a goûté la
mort pour tout (homme) (2), selon la parole de Paul, il est dit- souffrir la
mort pour nous; non qu'il ait jamais été exposé à endurer la mort dans
sa propre nature, car c'est une folie de le dire ou de le pen.^r, mais c est
que comme je le disais tout à l'heure, sa chair (3) a enduré la mort. De
la même manière, lorsque sa chair a ressuscité, la résurrection lui est
attribuée, non qu'il ait été corrompu - à Dieu ne plaise ! - mais parce
que son corps (4) a été animé de nouveau.
De même, nous confessons un Christ et Seigneur, non pas que nous
adorions l'horame . avec . le Verbe (5), de crainte que ce mot . avec .
n'introduise une idée de division, mais nous l'adorons comme un et le
même (6), car ce n'est pas chose étrangère au Verbe que son corps avec
lequel il siège près du Père, non encore comme si deux Fils siégeaient (7),
mais d'après l'union (8) avec sa propre chair.
Si nous repoussons l'union selon l'hypostase ou comme incompréhensi-
ble ou comme peu convenable, nous en arrivons à dire deux Fils, car il
faut alors partager et dire que l'un tout particulièrement homme est honoré
du nom de Fils, tandis que le Verbe de Dieu a encore particulièrement,
d'après sa nature, le nom et la réalité de la filiation. On ne peut donc pas
diviser en deux Fils le seul Seigneur Jésus-Christ (9).
V. — Nestorius, obligé enfin de répondre, adresse à saint Cy-
rille un petit chef-d'œuvre de persiflage, sur le ton d'un maître
qui tance un mauvais écolier. Ce n'était pas pour améliorer
leurs rapports. Tandis que saint Cyrille taxe de folies les erreurs
(î) Pour Cyrille, c'est • le corps du Verbe immortel » ou « de la nature di-
vine • .
(2) Hébr., iv, 9,
(3) A noter toujours qu'après • sa propre nature - — relie du Verbe — nous
ne trouvons que <• sa chair ».
(4) C'estencore " le corps du Verbe . ou - le corps de la nature divine ..Poui'
Cyrille, le terme de l'Incarnation c'est la nature du Verbe. Nestorius aurait dit
«le corps du Christ -, car le corps (nature humaine) concourt au même litre que
le Verbe à constituer le Christ (la personne).
(5) Locution de Nestorius qui la justifie d'ailleurs, car pour lui elle n'imphque
pas division, mais seulement existence simultanée.
(6) Ambiguïté. Cette phrase et la suivante, prises isolées, conduisent facilement
à l'eutychianisme.
(7) Nestorius a dit deux natures, mais a toujoui-.s nié dire deux Fils.
(8) Ambiguïté. Toute la difficulté portait sur le mode d'union. Cyrille rapporte
la chair à la nature divine et emploie le mot evuxriç, union « en un » ; il a fait
croire que la chair, après Vincamalion, ne « faisait qu'un » avec la nature divine.
(9) Nestorius examine très longuement cette phrase dans le livre d'Héraclide
(trad., p. 136-149). 11 nie diviser en deux Fils; car cette accusation est basée uni-
quement sur ce qu'il « associe » les deux natures pour les « unir en une per-
sonne » au lieu de les « unir en une nature »,la nature du Verbe. Pour Nesto-
rius, hypostase est, en somme, synonyme de nature.
TRADUCTION DES LETTRES DE NESTORIUS A SAINT CYRILLE. 181
qu'on lui reproche, tout en maintenant les locutions qui ont
produit le malentendu, ce qui permettra de continuer à dire
qu'il n'est pas conséquent avec lui-même, Nestorius esquisse
plutôt une apologie de la doctrine des deux natures unies en
une personne, qui ne devait triompher qu'à Chalcédoine. II ne
mentionne même pas l'hypostase (1); aussi le concile d'Éphèse
qui l'a condamné surtout d'après cette pièce, sera censé, chez
les jacobites, Tavoir condamné pour sa doctrine des deux na-
tures unies en une personne (prosôpon) opposée à la doctrine
des deux natures unies en une nature, qu'on appelle « la na-
ture du Verbe incarnée », ou en une hypostase.
VI. — COPIE DE LA LETTRE DE NESTORIUS AU PAPE CYRILLE QUI DÉPLUT A
TOUS AU SAINT CONCILE d'ÉPHÈSE (2).
Au très pieux et très aimé de Dieu, (à notre) collègue Cyrille, Nestorius,
salut dans le Seigneur.
1. Je passe sur les injures de tes admirables lettres à notre égard, car
elles méritent (seulement) le remède d'une longue patience et la réponse
que les événements eux-mêmes leur donneront à l'occasion; quant à ce
qui ne supporte pas le silence, parce qu'il entraînerait un grand danger
si on le taisait, je m'efforcerai, autant qu'il se peut, d'en donner un exposé
sommaire, sans tomber dans la prolixité, et en évitant les nausées d'un
bavardage obscur et indigeste (3).
2. Je commence par les paroles si sages de ta Charité que je citerai lit-
téralement. Quelles sont donc les paroles de la didascalie admirable (ren-
fermée dans) tes écrits? (D'après toi) le grand et saint Concile (de Nicée)
a dit que « le même fils unique né de Dieu le Père selon la nature, vrai
Dieu de vrai Dieu, Lumière de Lumière, par qui le Père a tout fait, (le
même) est descendu, s'est incarné, s'est fait homme, a souffert, est res-
suscité »(4). Voilà les paroles de ta Piété et tu reconnais certainement les
tiennes. Ecoute donc aussi les nôtres : (à savoir) la fraternelle exhortation
sur la piété, celle que Paul le Grand adressait à son cher Timothée : Ap-
plique-toi à la lecture, à l'invocation et à la doctrine. Ce faisant tu te sau-
veras aussi bien que tes auditeurs (5). Que signifie ce applique-toi, sinon
qu'une lecture superficielle de la tradition de ces saints t'a causé une
ignorance bien pardonnable, (puisque) tu as cru qu'ils disaient que le Fils
(1) Cette divergence, nous l'avons dit, n'aurait i»as empêche Nestorius de sous-
crire au concile de Chalcédoine, car elle n'était qu'une affaire de définition.
(2) Labbe, III, 322; Loofs, p. 173.
(3) Chacun d'eux accusait l'autre de bavardage.
(4) Cette plirase (Igure on effet dans la lettre de Cyrille. Nestorius la comprend
dans le sens ■■ la nature divine wo du Père, cette même nature a souffert ».
(5) 1 Tim., IV, IC.
182 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
coéternel au Père était passible, étudie plus attentivement leurs paroles et
tu trouveras que ce chœur divin des Pères ne dit pas que la divinité con-
substantielle est passible, ni qu'un nouveau-né est coéternel au Père, ni
que (la Divinité) qui relevait le temple détruit a ressuscité. Si tu prêtes at-
tention à mon traitement fraternel, je t'apporterai les paroles des saints
Pères et, à leur aide, à l'aide aussi des divines Écritures, je te débarrasserai
du scandale.
3. Nous croyons donc en Notre-Seigneur Jésus-Christ son fils unique. Re-
marque comment, lorsqu'ils placent d'abord les mots Seigneur, Jésus,
Christ, unique, Fils, (ils énoncent) les noms communs à la divinité et à l'hu-
manité comme des fondements pour y construire la tradition de l'incar-
nation, de la souffrance et de la résurrection, afin qu'en écrivant d'abord
les noms qui désignent les propriétés communes des deux natures, les
choses de la filiation ne soient pas séparées de celles de la domination et
que les propriétés des natures ne risquent pas de disparaître par un mé-
lange (1) à cause de la singularité de la filiation. Paul lui-même nous
en instruit lorsque, faisant mémoire de la divine incarnation et devant y
ajouter ce qui concerne la souffrance, il place d'abord le Christ, nom com-
mun des deux natures (2) comme je l'ai dit un peu plus haut, et il continue
ensuite son discours comme il convient aux deux natures. Que dit-il en
effet : Ayez en vous le sentiment qui était dans le Christ Jésus lequel, se trou-
vant dans la forme de Dieu, n'usa pas indiscrètement de ce qu'il était à l'ins-
tar de Dieu, mais — pour ne pas tout citer — devint obéissant jusqu'à la.
mort, {et) la mort sur la croix (3). Comme il devait faire mention de la mort,
— pour éviter que quelqu'un ne s'imaginât par là que Dieu le Verbe (4)
était passible, — il écrivit ce (nom) : le Christ, qui est la désignation propre
de l'essence impassible et passible dans une unique personne (prosôpon) (5),
afin que le Christ, sans inconvénient, pût être appelé (à la fois) impassi-
ble et passible : impassible d'une part par la divinité et passible par la
nature du corps (6) .
4. Je pourrais en dire long à ce sujet, et d'abord que ces saints Pères,
au sujet de l'économie (divine), mentionnent non la naissance ma.[s l'incar-
nation (7), mais je sens que la promesse de brièveté, faite au commence-
(1) Voici le nœud de la controverse : Deu\ natures, ot leurs propriétés ne se
mélangeant pas.
(2) Par suite, ne jamais oublier que, pour Nestorius, le mot « Chznst >• désigne
les deux natures, et on comprendra son ypio-rotôxo;.
(3) Phil., I, 5.
(4) Dieu le Verbe désigne la nature divine.
(5) « Christ » désigne les deux natures en une pei-sonne.
(6) Voici la cause du concile d'Éphèse et des schismes : Nestorius et ses amis
écrivent « passible par la nature du corps » tandis que Cyrille et les monophy-
sites écrivent « passible dans le corps » ou plus souvent ■■ passible dans la chair >•.
Les traducteurs latins, nous l'avons dit, n'ont pas saisi la cause du litige et ont
canonisé les locutions nestoriennes sous le nom de saint Cyrille (cf. supra, 1910,
p. 376, 377, 382).
(7) La nature divine n'est pas née, mais s'est incarnée.
TRADUCTION DES LETTRES DE NESTORIUS A S4INT CYRILLE. 183
ment enchaîne mon discours et m'amèjie au second chapitre de ta Charité.
5. J'y loue la distinction des natures en celle de la divinité et celle de
l'humanité ainsi que l'union des deux en une personne (prosôpon) et de
n'avoir pas dit que Dieu le Verbe a besoin de naître une seconde fois
d'une femme et de confesser que la divinité ne comporte pas la souffrance,
car tout cela est en vérité orthodoxe et opposé aux fausses opinions de
toutes les hérésies au sujet des natures du Maître (1). Quant au reste, il
appartient à ta Minutie de savoir s'il peut enfoncer quelque sagesse ca-
chée, incompréhensible, dans les oreilles des lecteurs; car pour moi, il
me paraît détruire ce qui précède. Celui en effet que tu avais d'abord dé-
claré impassible et incapable d'une seconde naissance, tu l'introduis de
nouveau, je nesais comment, comme passibleet nouvellement produit (2),
comme si les (propriétés) qui appartiennent par nature à Dieu le Verbe
étaient détruites par l'union du temple (corporel), ou'comme si cela avait
peu d'importance pour les hommes que ce temple impeccable (du corps),
inséparable de la nature divine, avait été (seul) soumis càlanaissance et à la
mort pour les pécheurs, ou enfin comme s'il fallait regarder comme im-
propre la parole du Seigneur adressée aux Juifs : Détruisez ce temple et en
trois joursje le rétablirai {3}. 11 ne dit pas: Détruisez ma divinitéet entrais
jours elle sera rétablie. Je m'arrête, me rappelant ce que j'ai promis. Je
parlerai donc sans me départir de la brièveté.
6. Partout où la divine Écriture fait mention de l'économie du Seigneur,
la naissance comme la souffrance nous est présentée, non comme (l'at-
tribut) de la divinité, mais de l'humanité du Christ (4) ; de sorte que la
sainte Vierge, d'après l'appellation la plus exacte, sera appelée « mère du
Christ » (5) et non « mère de Dieu ». Écoute les Évangiles qui crient cela :
Livre de la génération de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham (6);
or il est évident que Dieu le Verbe n était pas fils de David. Accepte en-
core, s'il te plaît, un autre témoignage : Tacob engendra Joseph, époux de
Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ (7). Écoute encore
cette autre parole nous témoignant : Or la naissance de Jésus-Christ était
ainsi : Lorsque Marie sa mère était fiancée à Joseph, elle se trouva en-
ceinte du Saint-Esprit (8) ; qui pourrait croire que la divinité du Fils
unique est une création de l'Esprit? Que dire encore de : La mère de Jésus
(1) Nestorius fait remarquer souvent que Cyrille, par endroits, parle comme
lui et permet de défendre toutes les thèses; les Jacobites en ont dit autant. Cf.
supra, 1910, p. 377, note 5.
(2) Nous avons vu en effet que, pour Cyrille, le sujet est toujours « le Verbe -,
c'est-à-dire « la nature divine ».
(3) Jean, n, 19.
(4) Voilà les deux natures.
(5) Cette locution pour Nestorius a donc pour but uniquement de mettre en
relief que la Vierge n'est pas la mère de la nature divine, c'est ce qu'il écrit
partout.
(6) Matth., I, 1.
(7) Matth., I, 16.
(8) Ibid., 18.
184 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
était là (]); et aussi de : avec Marie mère de Jésus (2); et : Ce qui est né
en elle est du Saint-Esprit (3) ; et : Prends l'enfant et sa mère et fuis en
Egypte (4); et : Au sujet de son Fils, de celui qui est issu, selon la chair,
de la postérité de David (5) ; et encore au sujet de sa passion : Dieu en-
voyant son propre Fils dans une chair semblable à la chair de péché, au
sujet du péché a condamné le péché dans la chair (6) ; et encore : Le Christ
est mort pour nos péchés (7); et : \Le Christ ayant souffert dans la chair {8);
et : Ceci est — non pas ma divinité, mais — mon corps qui a été brisé pour
vous (9) ; et dix mille autres paroles montrant au genre humain à ne pas
croire que la divinité du Fils est récente ou sujette à la souffrance corpo-
relle (10), mais bien la chair unie (11) à la nature de la divinité; aussi
le Christ se nomme lui-même et le Seigneur et le Fils de David : Que pen-
sez-vous du Christ, dit-il, de qui est-il fils ? Ils lui dirent : De David. Jésus
leur répondit et leur dit : Comment donc David, animé de l'Esprit, Vap-
pelle-t-il « Seigneur » quand il dit : Le Seigneur a dit à mon Seigneur :
Assieds-toi à ma droite (12); comme étant certes fils de David selon la
chair, mais (son) seigneur selon la divinité. 11 est donc juste et conforme
aux traditions évangéliques de confesser que le corps est le temple (13)
de la divinité du Fils, un temple uni d'une adhésion extrême et divine (14),
(1) Jean, ii, 1.
(2) Actes, I, 14.
(3) Matth., I, -20.
(4) Matth., II, 13.
(5) Rom., r, 3.
(6) Rom., VIII, o.
(7) I Cor., XV, 3.
(8) I Pierre, iv, 1.
(9) I Cor., IX, 24. Le texte édité chez Labbe porte en plu.s • pour la rémis-
sion des péchés ».
(10) Nous avons vu que pour Cyrille le sujet est toujours •< le Verbe » ou ■■ la
nature divine ». Pour lui, la nature divine e.st dite naître, souffrir et mourir.
Pour Nestorius, le Christ (la personne Dieu et homme) naît, souffre et meurt,
parce que les propriétés de la nature humaine lui sont rapportées au même titre
que les propriétés de la nature divine. Nestorius admet d'ailleurs la communica-
tion des idiomes; il demande seulement de distinguer les propriétés qui résul-
tent de l'essence (de la nature), de celles qui résultent de l'union ou de l'appro-
priation.
(11) Nestorius, comme Cyrille, prône donc .. l'union » des natures, mais les
mots employés ne sont pas indifférents : Nestorius emploie auvotiiiévri .. jointe
avec », ce qui laisse bien entendre que les deux natures continuent a subsister;
Cyrille préférerait i^tùMaa. « faite une », ce qui a permis de lui attribuer l'union
des deux natures en ■< une nature » ; l'église jacobite a ajouté •• sans mélange ni
confusion », ce qui est évidemment aussi mvstérieux que l'Incarnation.
^12) Matth., XXII, 42-44.
(13) Cette locution reprochée souvent à Nestorius est tirée de l'Évangile. De
plus, elle a l'avantage de montrer la coexistence des deux natures.
(14) Nestorius emploie le mot adhésion («ruvaçeîa) pour montrer la coexistence
des deux natures. Cyrille préfère evwaiç, ce qui permet encore de lui reprocher
d'unir les natures en une.
TRADUCTION' DES LETTRES DE NESTORIUS A SAINT CYRILLE. 185
au point que la nature de la divinité s'approprie les propriétés du corps (1).
Mais lui attribuer, sous prétexte d'appropriation, jusqu'aux particularités
de la chair qui lui est jointe (2), je veux dire la naissance, la souffrance et
la mort (3), ceci provient en vérité, ô frère, d'un esprit ou complice des er-
reurs des païens (4), ou malade de l'hérésie extravagante d'Apollinaire,
d'Arius et des autres, ou de quelque chose plus grave encore que cela.
Il est nécessaire que ceux qui sont ainsi attirés par le nom d'appropria-
tion (5), fassent participer Dieu le Verbe, à cause de l'appropriation, à
l'allaitement et à la croissance par degré et à la nécessité du secours an-
gélique à cause de (sa) crainte au moment de la souffrance; j'omets la
circoncision, le sacrifice, les sueurs et la soif qui étaient attachés à la chair,
comme s'ils lui arrivaient à cause de nous ; mais c'est à tort qu'on les at-
tribuerait à la divinité et ils nous causeraient (dans ce cas) une juste con-
damnation comme à des calomniateurs. Voilà les traditions des saints
Pères, voilà les préceptes des divines Écritures. C'est ainsi que l'on rai-
sonnera sur les propriétés de la philanthropie divine (6) et sur celles de la
majesté (7). Médite ces choses, insiste sur elles, afin que ton progrès soit
visible à tous (8); Paul le recommande à tous.
7. Tu fais bien certes en t'occupant avec zèle des scandalisés et j'en
rends grâce à ton âme qui médite les choses divines et qui s'occupa de
nos affaires (9). Sache cependant que tu as peut-être été trompé par les
clercs de ta Charité, par ceux d'ici qui ont été anathématisés par le saint
concile, comme fauteurs des opinions manichéennes (10). Car les affaires
de l'Eglise progressent de jour en jour de même que celles des peuples,
par la grâce de Dieu, avec un tel surcroît, que tous ceux qui voient leur
multitude s'écrient avec le prophète : La terre sera remplie de la connais-
sance du Seigneur, de même que la grande quantité d'eau couvre les mers (11).
Les affaires des empereurs sont aussi dans une prospérité débordante pen-
dant que le dogme resplendit (12). Enfin, pour le dire en terminant, chacun
(I) C'est 1?, communication des idiomiis.
f2) i;uvï)[ji[j.£VT)ç. Cyrille écrirait évwÔEtdï);.
(3) C'est-à-dire : •. il faut cependant éviter d'écrire — sous prétexte de commu-
nication des idiomes— que la nature divine est née, a souffert et est morte ••.
(4) Car les païens racontent la naissance et les souffrances de leurs dieux.
(5) C'est-à-dire ceux qui rapportent tout à la nature divine comme sujet.
(6) Propriétés « prjses pour nous ■• ou de la nature humaine.
(7) Propriétés de la nature divine.
(8) I Tim., IV, 15.
(9) Dans la letti-e à Célestin (lettre IX), Cyrille dit qu'il a écrit sa lettre aux
monastères pour que la contagion de la maladie (des enseignements de Ncsto-
rius) n'envahît pas les âmes des simples. Il ajoute que des exemplaires de sa
lettre ont été portés à Constantinopie et lui ont valu beaucoup de remerciements.
(10) Une ancienne version latine porte : •■ Sache que tu as été trompé par ceux
qui ont été déposés ici par le saint concile, comme fauteurs des opinions mani-
cliéennes, ou peut-être par les clercs qui sont de ta Charité. ..
(ll)Is., xi,9.
(12) Nestorius attribuait la prospérité de l'empire à la pureté du dogme. Dès
son ordination, il disait que l'empereur vaincrait les Perses s'il combattait les
186 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
trouvera que la parole (du prophète) s'accomplit tous les jours chez nous,
au sujet de toutes les hérésies ennemies de Dieu et de l'orthodoxie de
l'Église : La maison de Saiil allait en .^'affaiblissant et celle de David pro-
gressait et se fortifiait (1).
8. Voilà nos conseils comme de frères à des frères, mais si quelqu'un se
plaît à contester, Paul crie à celui-là par notre bouche : telle n'est pas
notre habitude ni celle des Églises de Dieu (2). Moi et toux ceux qui sont
avec moi nous saluons beaucoup les frères qui sont avec toi. Porte-toi
bien et prie toujours pour nous, ô très cher et très pieux.
VII. — LETTRES A SAINT CELESTIN.
Ces lettres ne sont conservées que dans une ancienne ver-
sion latine. Des Pélagiens, condamnés déjà par le pape Zo-
sime, en 418, intriguaient à Constantinople (3) ; Nestorius qui
n'admettait pas, comme nous l'avons vu, qu'on lui demandât
des explications sur ses paroles et ses actes, imagina d'en
demander au pape Célestin. Il aurait dû lui suffire de savoir
qu'ils avaient été condamnés à Rome sans paraître vouloir
évoquer la cause à son tribunal ; le reste de la lettre respire
aussi la suffisance et le contentement de soi-même.
Cette lettre et la suivante n'ont pas grande importance dog-
matique, mais elles nous expliquent le mécontentement de la
cour de Rome contre Nestorius et nous font comprendre com-
ment Possidonius, venant accuser Nestorius d'hérésie, put
remporter aussitôt sa condamnation et le mandat, pour saint
Cyrille, de la faire exécuter. Après que les légats du pape
eurent ratifié ce qu'avait fait saint Cyrille contre Nestorius,
le concile d'Éphèse condamna nommément les évêques d'Italie
en faveur desquels Nestorius avait semblé intervenir (4).
hérétiques (Socrate, VII, 29). A la fin de sa vie, il attribuait tous les maux causés
par les barbares à l'appui que l'empereur avait donné aux monophysites (Héva-
clide, p. 497-520).
(1) II Rois, m, I.
(2) I Cor., XI, 16.
(3) Saint Célestin les avait aussi condamnés, car ses légats lui écrivent d'E-
phèse : « Nous avons ordonné que le jugement porté contre eux par Votre Sain-
teté demeurerait ferme. » Labbe, Conciles, t. III, col. 665.
(4) Une phrase des légats du pape, qui rendent compte de ce résultat, est assez
suggestive. Labbe, Conciles, t. III, col. 665 C : « Si nous souffrons que tous ceux
qui le voudront puissent insulter aux plus grands sièges et à ceux sur lesquels
ils n'ont aucun pouvoir, les aff"aires de l'Église tombent dans la dernière con-
TRADUCTION DES LETTRES DE NESTORIUS A SAINT CYRILLE. 187
VIII. — L.\ LETTRE DE NESTORIUS V CÉLESTIN, PAPE DE ROME (1).
Nous devons avoir des relations fraternelles, afin d'arriver ensemble au
bon accord pour combattre (ensemble^ le démon ennemi de la paix. Où
tend ce préambule? Julianus, Florus, Orontius et Fabius, disant qu'ils
.sont évéques dans les pays occidentaux, allèrent souvent trouver le très
pieux et très illustre empereur et déplorèrent leur sort, comme s'ils
avaient été persécutés bien qu'orthodoxes et en des temps orthodoxes ; ils
nous ont souvent adressé les mêmes lamentations et, souvent repousses,
ils n'ont cessé de revenir à la charge, et ils remplissent toutes les oreilles
de leurs voix larmoyantes. Nous leur avons dit ce qui convenait, puisque
nous ignorions le crédit que mérite leur affaire ; mais nous avons besoin
d'une connaissance plus claire de leur cause, afin que notre empereur
très pieux et très chrétien ne soit plus souvent ennuyé par eux et que
nous-même, ignorant leur cause, nous ne soyons pas dans le doute pour la
solution de cette affaire. Daigne donc nous la faire connaître de crainte
que quelques-uns, ignorant la justice de la vérité, ne soient troublés par
une importune compassion, ou n'estiment que l'indignation canonique de
Ta Béatitude, qui est sans doute justifiée à leur égard pour cause de secte
religieuse, est autre chose que cela; car la nouveauté des sectes mérite
grande défense de la part des vrais pasteurs.
Nous aussi, ayant trouvé ici chez quelques-uns une corruption non mo-
dique de l'orthodoxie, nous usons tous les jours envers les malades de
colère et de douceur, car c'est une maladie non petite, mais apparentée à
la pourriture &' Apollinaire et à'Arius. Ils brouillent au hasard l'union du
Seigneur avec l'homme jusqu'à la confusion d'un certain mélange, au
point que certains clercs chez nous — les uns par maladresse, les autres
par une perfidie hérétique cachée en eux jusque-là (ce qui arriva .souvent,
même au temps des apôtres) — sont malades d'hérésie, et blasphèment
ouvertement Dieu le Verbe consubstantiel à son Père (2), comme s'il
avait pris le commencement de son origine de la Vierge mère du Christ,
s'il avait été bâti avec son temple et enseveli avec la chair; ils disent
encore que la chair n'est pas demeurée chair après la résurrection, (pour
le dire en abrégé), ils rapportent la divinité du Fils unique au moment où
il s'est uni la chair (3) et ils la mortifient avec la chair, mais ils blasphè-
ment en disant que la chair jointe à la divinité est passée à la divinité,
par le mot même de déification, ce qui n'est autre que corrompre l'une et
l'autre.
fu.sion. » Cette phrase rapprochée de celle de Cyrille à ses clercs {supra, p. 78)
donne à entendre que Nestorius avait eu grand tort de s'occuper des évoques
romains et des clercs d'Alexandrie.
(1) Loofs, Nesforiana, p. IG5.
(2) C'est-à-dire la nature divine.
(3) C'est-à-dire : ils font naître la nature divine avec la chair.
188 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Ils ont encore osé traiter la Vierge, mère du Christ, de divine (d'une
certaine manière) avec Dieu; ils ne craignent pas en effet de l'appeler
« Mère de Dieu » (1), lorsque ces Pères saints et supérieurs à toute
louange (2), n'ont rien dit de plus par (le symbole de) Nicée, sinon que
Notre-Seigneur Jésus-Christ s'est incarné du Saint-Esprit et de la Vierge
Marie. Je passe sous silence les Écritures qui partout, par les anges et par
les Apôtres, ont prêché la Vierge (comme) mère « du Christ » et non c de
Dieu le Verbe » ; quels grands combats nous avons soutenus pour cela,
j'espère que la renommée précédente l'aura appris à Ta Béatitude, laquelle
voudra bien remarquer aussi que nous n'avons pas combattu en vain, car
beaucoup de ceux qui s'étaient écartés de nous dans leur perversité ont
été corrigés par la grâce du Seigneur. Car ce qui naît et qui est gratifié de
la vie est (à) proprement (parler) consubstantiel à celle qui l'a enfanté ; cette
apparition dans l'homme est la créature de l'humanité du Seigneur jointe
à Dieu, de la Vierge par l'Esprit (3). Si quelqu'un propose ce nom de Mère
de Dieu à cause de la naissance de Thumanité jointe à Dieu le Verbe —
non à cause de la mère, car nous disons que ce mot ne convient pas en
celle qui a enfanté, parce qu'il faut que celle qui a enfanté soit de la même
essence que celui qui est né d'elle — on peut cependant supporter ce
vocable (4; en considérant qu'il est attribué à la Vierge seulement à cause
du temple inséparable de Dieu le Verbe qui provient d'elle, et non parce
qu'elle est la mère de Dieu le Verbe ; car personne n'enfante celui qui est
plus ancien que soi (5). Voilà ce qu'exprimait, à mon avis, le bruit précé-
dent.
Nous exposons nous aussi ce qui est arrivé, pour montrer par des faits
que ce n'est pas par un désir de curiosité importune, mais avec un esprit
fraternel (6) que nous avons désiré connaître l'affaire de ceux dont nous
avons parlé; puisque nous racontons aussi nos affaires comme des frères
aux frères, nous faisant connaître mutuellement la vérité des sectes, pour
en revenir au commencement très véritable de ma lettre, car j'ai dit en
commençant cette lettre, que nous devons avoir des relations fraternelles.
Moi et ceux qui sont avec moi nous saluons toute 1' (assemblée) fraternelle
qui est avec toi.
IX. — Le pape ne répondit pas et Nestorius, au lieu de com-
prendre ce silence éloquent, eut la maladresse d'insister plu-
sieurs fois pour obtenir une réponse.
(1) Cette locution signifie, pour Nestorius : •■ Jlère de la nature divine ». i
(2) Les évèques de Nicée.
(3) Nestorius veut dire, ici comme partout, que ce n'est pas la nature divine \
qui naît. La négative est claire; mais l'afllrmative l'est beaucoup moins et à bon i
droit puisqu'il s'agit d'un mjstère. !
(4) Ici, comme toujours, Nestorius admet (et emploie) la locution • mère de
Dieu » pourvu qu'on n'exclue pas « mère de l'homme ».
(5) C'es^à-dire la nature divine.
(C) Ici Nestorius n'a pas été cm.
TRADUCTION' DES LETTRES DE NESTORIUS A SAINT CYRILLE. 189
.\. — SECONDK LKTTRE DE NESTORIUS A CÉLESTIN (1).
J'ai souvent écrit à Ta Béatitude au sujet de Julien, d'Orontius et des
autres qui s'attribuent la dignité épiscopale, font de très fréciuentes visites
chez le très pieux et très illustre empereur et nous assaillent de fré-
quentes lamentations comme s'ils avaient été chassés d'Occident durant
des temps orthodoxes: mais jusqu'ici nous n'avons pas reru d'écrits de Ta
Vénération à leur sujet. Si j'en avais reçu, je pourrais leur répondre, et je
donnerais \me réponse détaillée à leurs doléances. Maintenant en effet,
d'après leurs paroles incertaines, personne ne sait où se tourner : les uns
les font passer pour hérétiques et disent qu'ils ont été chassés d'Occident
à cause de cela; mais eux-mêmes jurent qu'ils ont été calomniés et que
c'est par fraude qu'ils ont été exposés au péril pour la foi orthodoxe. 11
nous est pénible d'ignorer ce qu'il en est exactement, car compatir, s'ils sont
vraiment hérétiques, est un crime, et ne pas compatir, s'ils endurent la
calomnie, est dur et impie. Que ton âme qui aime beaucoup Dieu daigne
donc nous instruire, nous qui ne savons jusqu'ici où pencher : vers l'aver-
sion ou vers la pitié. Nous voulons savoir ce que nous devons penser
d'eux...
Nous avons ici beaucoup de travail, tant que nous travaillons à extirper
de l'Église de Dieu la très sordide impiété de la très mauvaise opinion
d'Apollinaire et d'Arius, car je ne sais comment certains ecclésiastiques,
admettant une certaine forme de mélange de la divinité et de l'humanité
du Fils unique (2), sont malades de la maladie des hérétiques ci-dessus,
lorsqu'ils osent transporter les souffrances du corps à la divinité du Fils
unique, qu'ils imaginent que l'immutabilité de la divinité a passé à la
nature du corps, et qu'ils confondent, dans la modification du mélange,
l'une et l'autre nature qui sont adorées, par une conjonction souveraine et
sans confusion, dans la seule personne du Fils unique (3)...
XI. — Une troisième lettre à saint Célestin est toute dog-
matique. Nous en avons cité plus haut (page 14) le principal
passage.
XII. — LES ANATHEMATISMES DE SAINT CYRILLE D ALEXANDRIE.
II y a avantage à mettre les écrits de saint Cyrille en paral-
lèle avec les écrits de Nestorius, car ils se complètent et, par
(1) Loofs, p. 170-17-2.
(~) C'est-à-dire un mélange des deux natures.
(3) Utramque naturam, quae per conjunctionem summam el inconfusam, in una
liersona Unifjeniti adoratur. Cette formule de Nestorius devait être consacrée,
vinjjrt ans plus tard, à Chalccdoiuc, en lui ajoutant " une hypostase ».
190 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
suite, s'éclairent mutuellement. Nous terminerons donc par la
traduction des anathématismes ou « chapitres » de saint Cyrille.
Voici à quelle occasion ils ont été écrits : Cyrille, nous l'avons
dit, avait envoyé à saint Célestin des coupures des écrits de
Nestorius, il avait poussé l'attention jusqu'à les faire traduire
en latin aussi bien qu'on avait pu le faire à Alexandrie et il
avait reçu, par le retour de son courrier, un blanc-seing pour
déposer Nestorius s'il ne rétractait ses erreurs (erreurs que le
pape ne désignait pas clairement) dans les dix jours. C'est en
vertu de ce blanc-seing que Cyrille fit porter à Constantinopie,
vers le début de décembre 430, une lettre contenant la profession
de foi que Nestorius devait accepter et les anathématismes qu'il
devait souscrire. Nous ne savons pas si saint Célestin en a eu
connaissance, mais Denys le Petit, au vi' siècle, dit qu'il est le
premier à les traduire en latin (1). C'est cependant à l'occasion
de ce petit écrit que Nestorius devait être condamné à Éphèse
et que les Orientaux devaient prolonger leur résistance jusqu'au
jour où Cyrille et son archidiacre Épiphane le sacrifieraient en
somme, en écrivant qu'il ne fallait pas l'apprécier en lui-même,
mais en tant qu'il était dirigé contre Nestorius. On aurait pu, en
somme, en dire autant des écrits de Nestorius, car il est bien
certain qu'ils étaient écrits uniquement contre les écrits de
Cyrille et qu'il faut les apprécier moins en eux-mêmes qu'en
tant qu'ils sont opposés aux tendances monophysites. C'est pour
faciliter cette étude comparée que nous allons traduire et com-
menter ces textes de saint Cyrille.
Ici, pour la première fois, nous avons disposé d'une traduc-
tion française, celle de M. Joseph Mahé; cf. Les anathéma-
lis/nes de saint Cyrille cV Alexandrie et les évêques orientaux
du patriarcat dAntioche, dans la Revue d'histoire ecclésias-
tique^ t. VII (1906), Louvain, p. 505-542. Nous y renverrons
par la lettre J. Nous avons utihsé aussi les traductions latines
de J. Aubert, Œuvres de saint Cyrille, Paris, 1638, t. V, pars 2,
epistola3, p. 76-77 (= A) ; et celles qui ont été éditées par Lupus,
loc. cit., p. 9-1 1 (=z L), et par H. Denzinger, Enchiridion
symbolorum, Fribourg-en-Brisgau, I90S, p. 52-55 (==M), avec
celle de Denys le Petit, d'après Denzinger (== D); enfin nous
(1) Il y a cependant une version de Marins Mercator qui est antérieure.
TRADUCTION DES LETTRES DE NESTORIUS A SAINT CYRILLE. 191
renverrons à la version syriaque, éditée par le R. P. Bedjan,
Le livre d'Héraclide, texte syriaque, Paris, 1910, p. 526 sqq.
(= S). La lettre G désigne le texte grec de Denzinger (ou
d'Aubert).
TRADUCTION ET COMMENTAIRE
1. Si quelqu'un ne confesse pas que l'Emmanuel est Dieu selon
la vérité (1), et qu'à cause de cela, la sainte Vierge est Mère de
Dieu, car elle a enfanté charnellement (2) le Verbe de Dieu (3)
devenu chair (4), qu'il soitanathème.
Commentaire. — L'Emmanuel est Dieu. Nous ne comprenons pas pour-
quoi saint Cyrille emploie ici le mot E)7imanuel qui n'est pas usité dans les
Évangiles (car Matth., i, 23, ne fait que cite?- Is., vu, 14). S'il avait écrit
« le Christ est Dieu », on aurait vu aussitôt que personne ne le niait; les
« très pieuses reines » seules avaient peut-être été dupes de cette accusa-
tion {cf. supra, p. 20). — La sainte Vierge est Mère de Dieu; personne à
cette époque ne l'a jamais nié. Il n'y avait difficulté que lorsqu'on voulait
expliquer la locution. — Elle a enfanté charnellement (aapxtxw?), locution
impropre, presque répugnante ; saint Cyrille l'a remplacée depuis lors par
xarà aipxa, selon la chair ; il emploie ces deux locutions pour éviter de dire
ï selon la nature humaine », d'où ses adversaires lui reprochent de sup-
primer ou du moins de sacrifier cette nature. Pour lui, lorsque ses adver-
saires disent : « elle a enfanté selon la nature humaine », il leur reproche
de diviser, de faire deux Christs, de dire que la Vierge n'a enfanté qu'un
homme, de faire du Christ un simple homme, toutes choses que ses adver-
saires nient, car Nestorius unit les deux natures en une personne et dit que
la Vierge a enfanté la personne, /)«>« etVhomme. — Elle a enfanté le Verbe
de Dieu. Voilà très clairement, disent les adversaires, la tendance de
Cyrille à tout rapporter au Verbe, à « la nature divine ». Pour voiler un peu
.son erreur et créer une amphibologie, il ajoute : devenu chair, mais la
preuve qu'il ne veut pas dire « elle a enfanté la personne, Verbe et chair »,
c'est qu'il condamne Nestorius, lequel n'a dit rien autre.
2. Si quelqu'un ne confesse pas que le Verbe de Dieu le Père
est uni à la chair selon l'hypostase (5), et est un seul Christ
(1) Sic GL. ■- Véritablement >- M. « Vrai Dieu » A. « En toute vérité >■ .J. « Dieu
au commencement » S (faute de scribe).
(2) Sic GLS. « Selon la chair » AJM.
(3) Sic GALMS. « De Dieu le Père » .1 (texte et traduction).
(4) Sic GLMS. <. Incarné >• AJ.
(5) Sic GAJ. « Selon la subsistance » ML, « selon la substance - D. S emploie
le mot Qnoumà qui signifie aussi substance.
192 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
avec sa propre chair (1), le même à savoir (étant) Dieu à la fois
et (aussi) homme (2), qu'il soit anathème.
Commentaire. — Ici, comme d'autres fois, J présente le même sens sous
une forme plus heureuse, mais nous croyons qu'il ne faut pas éclaircir
un texte aussi important, émané d'un concile d'Alexandrie et destiné à
justifier la déposition du patriarche de Constantinople. Ses lourdeurs,
ses obscurités ne doivent être ni allégées ni éclaircies, car elles ont toute
chance d'avoir été voulues.
, La principale amphibologie ici est la locution selon l'hypostase. Si Cyrille
avait dit selon la personne, il était d'accord avec Nestorius ; s'il avait dit
selon la nature — comme Nestorius et les monophysites ont prétendu
qu'il voulait le dire — il leur donnait clairement raison. 11 a donc pris le
vieux mot hypostase, déjà tiré en deux sens depuis plusieurs siècles, et ce
qu'il attendait s'est produit. Les uns, comme Denys le Petit, les Syriens et
Nestorius ont traduit hypostase par substance (ou nature) et les autres
l'ont traduit par subsistance (ou pcisonne). Chalcédoine a consacré la der-
nière interprétation. — Mais, dira-t-on, cette locution devait du moins être
claire pour Cyrille? — Nous ne le croyons pas; car il va rapprocher
hypostase de personne, mais ailleurs il le rapproche de nature, cf. J, lac. cit.,
p. 510, et il dit encore « uni selon la nature », P. G., t, LXX'VII, 112 B;
« union selon la nature », P. G., t. LXXVI, 65 A, 1220 B, cité par J, ibid. —
Et est un seul Christ avec sa propre chair. Si Cyrille avait dit que le Christ
est un avec sa cl.air (du Christ), — il suffisait pour cela d'ajouter t6v devant
Xpiaxbv, — il aurait parlé comme Nestorius et tous les orthodoxes. Sans
cet article au contraire, on doit lire que le Verbe avec la chair du Verbe,
c'est-à-dire avec la chair de la nature divine, est un Christ. Comprenne
qui pourra. — Le même à savoir étant Dieu à la fois et (aussi) homme. Sil
s'agit du Christ ou de la personne, tout le monde est d'accord, mais en
privant ainsi XpioTov de son article, Cyrille a évité d'en faire un sujet, et
« le même » peut toujours être rapporté au Verbe, comme les monophy-
sites n'ont pas manqué de le faire : c'est la nature divine, disent-ils , qui
est « Dieu à la fois et (aussi) homme >.
3. Si quelqu'un, dans le Christ un, divise les hypostases (3)
après l'union, les associant par la seule adhésion qui est selon
la dignité, c'est-à-dire (4) l'autorité ou la puissance, et non
plutôt par un concours qui est selon l'union naturelle (5), qu'il
soit anathème.
(1) Sic GM. « Avec sa chair « ALS.
(2) .Sic GALM. S omet « à l;i fois ». «< Le même, homme et Dieu tout en-
semble • J.
(3) Sic GAJ. « Les subsistances >• L. « Les substances » MD. « Qnoumà •• S.
(4) Toutes les versions, avec d'autres petites différences, traduisent ici ^^ù-j\.
comme rj, par « ou •■.
(5) Sic GLA. « Et non plutôt par un concours qui est fait par unité naturelle ».
TRADUCTION DES LETTRES DE NESTORIUS A SAINT CYRILLE. 193
Commentaire. — Dans le Christ un. Nous venons de voir que le Christ
a été assez mal introduit plus haut. Nestorius a toujours dit que le Christ
était un (une personne en deux natures) et il accusait Cyrille de dire une
seule nature [du Verbe) après l'union, tandis que Cyrille l'accusait de dire
deux Christs parce qxCil disait deux natures. — Divise les hijpostases après
Vunion, même amphibologie que plus haut. — Et non plutôt par un con-
cours qui est selon Vunion naturelle. Cette phrase, un peu vague à dessein,
a paru opposer l'union en une nature (naturelle) à l'union en une personne
(personnelle). En effet Cyrille aimait comparer l'union du Verbe et de la
chair à celle de l'âme et du corps qui est naturelle (en une seule na-
ture) et nécessaire (où l'âme souffre nécessairement et non volontairement
à l'occasion du corps). Et pour qu'on ne dise pas qu'il s'agit d'une simple
comparaison, ajoutons que tous les monophysites ont entendu Cyrille
dans ce sens (union en une nature) et que Cyrille écrivait, dix ans avant
la controverse nestorienne : « Reconnaissant celui qui s'est fait homme
pour ¥'ûs,unet unique selon la nature ». P. G., t. LXXVII, 568 C, cité par J,
loc. cit., p. 510. Plus tard, après la condamnation de Nestorius, Cyrille
écrivait que, pour lui, union naturelle voulait dire seulement union véri-
table, ibid., p. 511-512. S'il l'avait dit plus tôt, tout le monde l'aurait répété
après lui, mais que penser d« ce théologien qui méconnaît à ce point l'é-
tymologie des termes qu'il emploie?
1. Si quelqu'un divise entre deux personnes, c'est-à-dire (1)
hypostases, les paroles qui sont dans les écrits évangéliques et
apostoliques, ou celles qui sont appliquées au Christ par les
saints, ou (celles) qu'il (dit) de lui-même (2); et attribue les
unes, comme (humbles), à l'homme (seul) (3) considéré à part
du Verbe de Dieu (4), et les autres comme dignes de Dieu (5),
au seul Verbe de Dieu le Père, qu'il soit anathème.
Commentaire. — Cyrille pouvait écrire avec clarté TtpoawTjoi? ouaiv, louTscjTt
ujio-JTdoeai Suafv * à deux personnes : c'est-à-dire à deux hypostases » ou
bien : ï] upoawzoïç ôualv, ri oua\v u;;oataa£ai « ow à deux personnes, ou à deux
hi/postases » ; dans le premier cas il aurait identifié hypostase et personne
comme on le fait depuis Chalcédoine, et, dans le second, il aurait montré
qu'il visait deux locutions fautives différentes. Il a choisi l'amphibologique,
ïiYouv, et l'on peut traduire â volonté « deux personnes, c'est-à-dire hypo-
M. " Et non plutôt par un concours d'unité naturelle >- S. « Au lieu d'admettre
entre elles une union physique >> J.
(1) YÎYouv G. Toutes les versions traduisent ce mot par « ou ».
(2) Sic GALMS. « Les expressions employées au sujet du Clirist dans les écrits
évangéliques et apostoliques par les saints et par le Christ lui-même » J
(3) « Los unes certes comme à l'homme » GLMS. ■< Les unes à l'homme ■• AJ.
(4) Sic GALMS. " De Dieu le Père » J (texte et traduction).
(5) J omet dans sa seule traduction les mots « comme dignes de Dieu ».
ORIENT CHRÉTIEN. 13
194 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
stases », ou « deux personnes et liypostases ». C'est que jamais Nestorius et
les Orientaux n'ont partagé les propriétés du Christ à deux personnes,
mais seulement à deux natures ; ils n'employaient même pas la locution
iiypostase; les locutions claires n'auraient donc visé personne; tandis
qu'avec une locution un peu obscure, sans préciser la place de l'hypostase
entre la personne et la nature, on amène le lecteur bénévole, par une sorte
de sorite inconscient, à croire que Nestorius dit« deuxpersonnes »et« deux
Christs ». En effet, Nestorius et les Orientaux partagent les propriétés aitar
deux natures, et uniquement aux deux natures; c'est parce qu'ils rappro-
chent nature d'hypostase et parce que Cyrille, au présent endroit, rap-
proche hypostase de personne, qu'on leur fait dire, bien malgré eux,
deux personnes. Telle est la genèse du « dualisme nestorien ». i,loc. cit.,
p, 513. — £;t attribue les unes, comme (humble), à V homme (seul). Le parallé-
lisme n'est qu'amorcé dans le texte de Cyrille : « 1° Les unes comme à
l'homme; 2° les autres, comme dif/nes de Dieu, au Verbe. » Nous le com-
plétons à l'aide de l'accord avec les Orientaux qui porte : « Quant aux
paroles évangéliques et apostoliques au sujet du Seigneur, nous connaissons
des hommes théologiens qui font les unes communes, comme (attribuées)
à une personne, et qui partagent les autres comme sur deux natures,
rapportant celles qtii sont dignes de Dieu à la divinité du Christ et les hum-
bles à son humanité. » Lettres de Jean d'Antioche à Cyrille d'Alexandrie,
P. G., t. LXXVII, col. 169. Tels sont les termes exacts dont se servaient
Nestorius et les Orientaux; ils nous permettent de rectifier le texte am-
phibologique de Cyrille qui est d'ailleurs — comme bien d'autres — à côté
de la question.
5. Si quelqu'un ose dire que le Christ est un homme qui
porte Dieu (1); et qu'il n'est pas plutôt Dieu selon la vérité,
et Fils un, même par nature (2), en tant que le Verbe s'est
fait chair (3) et qu'il a participé (4), de manière semblable à
nous (5), au sang et à la chair, qu'il soit anathème.
Commentaire. — Si quelquîm dit que le Christ est un homme qui porte
Dieu... qu'il soit anatltème. 11 se trouve que ce terme ne figure ni dans
les fragments de Nestorius condamnés à Éphèse, ni même dans ce que
nous connaissons de lui; par contre il a été utilisé par saint Basile; P. G.,
t. XXIX, 468 A; t. XXXII. 969 C (cité par J, p. 514); il est difficile de
croire que Cyrille visait saint Basile; il convient cependant de rappeler
(1) Sic GAJLM. " Un homme en qui Dieu demeure >- S.
(2) Sic GS. « Comme fils par nature » M. « Qu'il est fils un et par nature »
i. « Utpote ununi naturalemque filium » A. « Ut filium unum et naturam » L.
(3) Sic GLMS. « Môme en tant que Verbe fait chair » J. « Quatenus nimirum
Verbum caro factum >■ A.
(4) Sic GLMS. « Et participant » J. .. (en tant que le Verbe fait chair) a parti-
cipé » A.
(5) ^fcGALMS. « Comme nous • J.
TRADUCTION DES LETTRES DE NESTORIUS A SAINT CYRILLE. 195
qu'il lui est arrivé « non pas d'utiliser les passages des Pères pour montrer
que Nestorius était hérétique, mais au contraire d'utiliser des passages de
Nestorius pour montrer que les Pères jusque-là considérés comme ortho-
doxes étaient hérétiques », supra, p. 3G. — Et Fils un, même parnature .
Cette phrase est opposée à Nestorius qui prône avec raison le Fils « un en
personne » et « deux en nature ». Cette phrase monophysite a gêné quel-
que peu les traducteurs orthodoxes, comme on le voit aux variantes; le
syriaque seul porte clairement y^^^^^s ^i j- y^s, ;-./ « comme fils un, même
par nature ». — En tant que le Verbe s'est fait chair et qu'il a participé, de
manière semblable à nous, au sang et à la chair. Cette phrase montre que le
Christ est un par nature (et non un en personne), car tout est rapporté au
Verbe, c'est-à-dire à la nature divine ; c'est la nature divine, dit Cyrille, qui
a pris la chair et qui a participé au sang, le résultat est donc une nature
(incarnée).
G. Si quelqu'un dit que le Verbe de Dieu le Père est le Dieu
ou le Seigneur (1) du Christ, et ne confesse pas plutôt que le
même est Dieu en même temps et aussi homm.e (2), le Verbe
s'étantfait chair selon les Écritures (3), qu'il soit anathème.
Commentaire. — Si quelqu'un dit que le Verbe de Dieu le Père est le Dieu
ou le Seigneur du Christ. Ce sont des locutions employées par l'Ecriture et
les Pères pour marquer la subordination de la nature humaine du Christ
à la nature divine, qui est commune au Père et au Verbe; les seuls mono-
physites peuvent s'en choquer. — Le même est Dieu en même temps et aussi
homme. S'il s'agit du Christ, comme M. J. Mahé a voulu le faire dire à
Cyrille, c'est là une des formules chères à Nestorius. La suite nous montre
qu'il s'agit, non du Christ, mais, comme toujours, du Verbe, car pour
Cyrille, c'est le Verbe, c'est la nature divine, qui est Dieu, en même temps et
aussi homme, mais il proteste, comme les monophysites mitigés ou diplo-
physites, qu'il ne veut ni mélange ni confusion. Comprenne qui pourra.
7. Si quelqu'un dit que Jésus est mû, comme homme, par
Dieu le Verbe (4), et que la gloire du Fils unique lui a été pro-
(1) 5ic GALMS. « Et le Seigneur » .J.
(i) Sic GLMS. ■< Au lieu de reconnaître que le Christ lui-même est Dieu et
homme tout ensemble » J.
(3) A mélange les deux uerniéres phrases : « neque post Yerbum secundum
scripturas incarnatum; unum eumdemque Deum simul et hominem esse con-
fessas fuerit ».
(4) « Si quelqu'un affirme que Jésus-Christ est mù comme un lionimc (distinct)
par le Dieu Logos >- J. « Si quelqu'un dit que Jésus-Christ est seulement un
homme mù par la force du Verbe divin » A. -< Si quelqu'un dit que Jésus comme
homme a été fait par le Verbe de Dien » I-. « Si quelqu'un dit (que) Jésus,
19G REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
curée comme à un autre qui est distinct de lui (1), qu'il soit
anathème.
Commentaire. — Les traducteurs se sont ingéniés à trouver ici un sens lié-
rétique: du moins N'estorius n'a jamais dit « Que Jésus-Christ es« seule-
ment un homme mû par le Verbe ». Pour Nestorius, Jésus est Dieu et
homme à la fois, et au même titre; mais, comme homme, ou en tout
qu'homme, il est mù et glorifié par le Verbe (ou par la nature divine); il
semble bien prôner une énergie et une volonté pour les deux natures ; loin
de les séparer trop, il ne les sépare donc pas assez, mais Cyrille, comme
monophysite, ne peut admettre aucune séparation (distinction), et souvent
encore il attribue à « deux personnes » ce que Nestorius disait de « deux
natures ».
8. Si quelqu'un ose dire que l'homme qui a été pris doit être
coadoré et co/rglorifié et co?inommé Dieu avec Dieu le Verbe,
comme un autre avec un autre — car le co (avec) qui est tou-
jours ajouté oblige à penser cela (2) — et n'honore pas plutôt
l'Emmanuel d'une seule adoration et (ne) lui accorde (pas) une
seule glorification, en tant que le Verbe s'est fait chair (3), qu'il
soit anathème.
Commentaire. — Les locutions condamnées ici ne sont qu'une expression
de la communication des idiomes : la nature humaine est adorée et est appelée
Dieu à cause de son union avec la nature divine ; si « Emmanuel » est, pour
Cyrille, synonyme de « Christ », il est certain que Nestorius l'honore d'une
seule adoration, car ce mot « Christ » désigne chez lui la personne qui
est une. — La fin : en tant que le Verbe s'est fait chair, indique encore que
Cyrille veut placer l'unité dans la nature divine; l'amphibologie tant de
fois signalée dure toujours.
9. Si quelqu'un dit que l'unique Seigneur Jésus-Christ est
glorifié par l'Esprit comme s'il se servait d'une puissance étran-
gère qui (lui vient) par lui (4), et s'il recevait de lui de pouvoir
coiinne homme, (est) aidé par l'opération du Verbe de Dieu >■ M. « Si quelqu'un
dit que Dieu le Verbe agit dans Jésus comme dans un homme ■• S.
(1) C'est-à-dire « distinct du Fils unique >■, comme le porte J, ou « distinct du
Verbe >■, comme le porte A.
(L') • La particule co suggère en effet cette idée de dualité - J.
(3) • En tant que I.ogos fait chair » J.
(4) Sic L. « Comme s'il était loué par la pui.ssance étrangère de l'Esprit » S.
• Glorifié par l'Esprit-Saint comme par une veitu différente de lui » A. •< Qu'en
se servant de la puissance du Saint-Esprit, il se sert d'une puissance étran-
gère ^ J. • Tanquam qui aliéna virtute per eum us fuerit >• M.
TRADUCTION DES LETTRES DE NESTORIUS A SAINT CYRILLE. 197
agir sur les esprits impurs et d'opérer des prodiges divins (1)
en faveur des hommes, et s'il ne dit pas plutôt que l'Esprit par
lequel il a opéré même les prodiges divins (2) est son propre
(esprit), qu'il suit anathème.
Commentaire. — M. Mahé estime que Théodoret et André de Samosate
n'ont pas compris ce paragraphe, car lorsqu'ils exposent leur doctrine
qu'ils croient opposée à celle de Cyrille, ils parlent comme Cyrille, loc. cit.,
p. 519. Pourquoi Cyrille n'a-t-il pas parlé plus clairement? — L'amphibo-
logie est toujours la même : Jèsus-Christ désigne, pour Nestorius et les
siens, la personne Dieu et homme, tandis que son propre Esprit désigne
l'Esprit du Verbe ou de la nature àxNine. Si l'on a en vue la nature divine
(fin du texte), l'Esprit saint est « son propre Esprit», mais si l'on a en vue
la personne (chargée de la nature humaine), « son propre Esprit » com-
porte une distinction. Nous croyons que V unique Seigneur veut encore dire le
Seigneur ewune «a^^^re (incarnée) afin d'exclure dès le commencement la
distinction si simple de Nestorius et des orthodoxes que nous venons d'in-
diquer.
10. La sainte Écriture dit que le Christ est devenu le pontife
et l'apôtre de notre confession (3), et qu'il s'est offert pour nous
en odeur de suavité à Dieu le Père (4). Si donc quelqu'un dit
que notre pontife et notre apôtre n'est pas le Verbe de Dieu (5)
lui-même, lorsqu'il s'est fait chair et homme comme nous (6),
mais en tant qu'un autre à part distinct de lui (7) : homme
(né) de la femme ; ou bien si quelqu'un dit qu'il offre (8) le
sacrifice pour lui-même et non pas plutôt pour nous seuls, —
car il n'a pas besoin de sacrifice celui qui n'a pas connu le
péché, — qu'il soit anathème.
Commentaire. — L'Écriture a dit que notre Pontife et notre Apôtre est le
Christ, et Nestorius le répétait avec l'Écriture. Cyrille le trouve mauvais,
car, pour lui, tout doit être rapporté au Verbe ou à la nature divine. Nous
trouvons que son « donc » est très mal placé. Puisque l'Écriture dit Christ,
(1) Sic GMS. « Miracles » AJ.
(2) Sic GAMS. « Jliracles •■ J.
(3) Hébr., m, 1.
(4) Eph., v, 2.
(5) J ajoute « le Père » dans le te.xte grec et pas dans la traduction.
(6) Sic JS. " Secundum nos •• L. « Semblable à nous ■• A. <■ juxta nos » M.
(7) « Mais un autre distinct de lui •• J. ■< Mais comme un autre homme (né)
d'une femme à part en dehors de lui ■■ S.
(8) « Qu'il a ofTert » LMS.
198 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
il faut dire Clirist, c'est-à-dire désigner la personne et non la nature di-
vine, n'en déplaise aux monophysites. II est vrai que, suivant la tactique
signalée partout, Cyrille ajoute : lorsque la nature divine « s'est faite chair
et homme comme nous ». Mais si la nature divine faite chair n'est autre
que la personne formée de deux natures, c'est-à-dire le Christ, pourquoi
ne pas conserver le mot Christ et laisser croire aux monophysites que la
chair n'est que « la chair de la nature divine » et n'est pas elle-même une
nature après l'union? — Mais en tant qu'un autre à part, distinct de lui :
homme ne de la femme. Phrase embarrassée à dessein pour suggérer que
l'on condamne ceux qui font de notre Pontife un simple homme ou du
Christ un homme. Cyrille ne pouvait le dire clairement, car, depuis sa
lettre « aux très pieuses reines », on avait dû lui apprendre que personne
ne faisait du Christ un simple homme. En somme, voici la locution con-
damnée par lui : « Notre pontife et notre apôtre est le Christ {= la per-
sonne Dieu et homme) non pas en tant que Verbe (nature divine), mais
en tant qu'homme (nature humaine). » Ce sont les trois mots « en tant
qu"homme » que Cyrille veut condamner par cette phrase tortueuse :
« mais en tant qu'un autre à part, distinct de lui : homme né de la femme ».
11. Si quelqu'un refuse de confesser que la chair du Sei-
gneur est vivifiante et propre au Verbe de Dieu le Père (1),
mais (prétend) qu'elle (est) d'un certain autre distinct de lui,
uni à la vérité à lui selon la dignité, c'est-à-dire comme possé-
dant la seule habitation divine (2), et non plutôt (qu'elle est) vi-
vifiante, comme nous l'avons dit, parce qu'elle est devenue
propre au Verbe qui peut vivifier toutes choses, qu'il soit
anathème.
Commentaire. — Mêmes tendances que plus haut : la chair est « propre au
Verbe», elle est « propre à la nature divine ». Eutychèsen conclura qu'elle
ne nous est pas consubstantielle, et tous les monophysites comprendront
qu'elle ne forme pas une nature, car elle est subordonnée au Verbe au
point de lui être sacrifiée. Les locutions selon la dignité, selon l'habitation
employées par Nestorius pour donner quelque idée d'un fait « inexprimable
et incompréhensible » ont certainement leurs dangers, mais il suffisait
que Nestorius voulût bien condamner toutes les interprétations mauvaises
de ses formules. Il l'a toujours fait. — Ajoutons que les formules de saint
Cyrille étaient aussi dangereuses que celles de Nestorius puisqu'elles ont
également engendré un schisme.
12. Si quelqu'un ne confesse pas que le Verbe de Dieu a
(1) " Et est la propre chair du Logos de Dieu le Père •• J.
(2) ■< Et uni seulement à lui par la dignité, la chair de quelqu'un en qui ha-
biterait simplement la Divinité » J.
TRADUCTION DES LETTRES DE NESTORIUS A SAINT CYRILLK. 199
souffert dans la chair, a été crucifié dans la chair, a goûté la
mort dans la chair (1), et est devenu le premier-né d'entre les
morts (2), lui qui, comme Dieu, est vie et vivifiant, qu'il soit
anathème.
Commentaire. — Même amphiboloiiie que plus haut. Les monophysites
lisaient « le Verbe a souffert » et les hérétiques, partisans de Cyrille, — le
jour où Nestorius fut condamné, —criaient : t Dieu est mort * [supra, 1910.
p. 375). Les orthodoxes portent leur attention sur le mot chair et retrouvent
dans Cyrille le langage de Théodoret, d'André de Samosate et de Nestorius.
Nestorius aurait dit : « Le Christ (= homme-Dieu ou la personne) a souf-
fert dans la chair (= nature humaine), le Verbe (= nature divine) restant
impassible. » M. Mahé s'exclame : 't Non, quand saint Cyrille écrit que le
Logos a soufîert dans sa chair, il ne veut pas dire que la divinité elle-
même ait souffert avec sa chair en même temps que sa chair. Il songe uni-
quement à résumer en une formule brève et expressive l'enseignement
traditionnel : Le Logos, impassible dans sa nature divine, a fait siennes
les souffrances de sa propre chair. » Nous ne savons pas où M. Mahé a
puisé cette belle assurance, car saint Cyrille compare souvent l'union du
Verbe et de la chair à celle de l'âme et du corps, or quand on dit que Vâme
a souffert avec son corps, il faut certes entendre qu'elle a souffert — bien
que cène soit pas en tant qu'âme — avec son corps ei en même temps que son
corps. Pour en arriver à prêter à saint Cyrille l'enseignement traditionnel
— but fort louable — M. Mahé est obligé de donner ici au même mot Logos
(Verbe) un double sens : tantôt celui de nature et tantôt celui de personne.
Il écrit encore : « (Cyrille) peut répéter avec la Tradition que pour être le
Sauveur de tous, le Logos a souffert dans sa chair, en faisant siennes les
douleurs qu'elle endurait. » Ces deux locutions ne sont pas identiques :
« le Verbe (nature divine) a souffert dans la chair ■> conduit au mono-
physisme; « le Verbe (nature divine) a fait siennes les douleurs de la
chair », sera signé par les nestoriens. D'ailleurs Nestorius nous a dit plu-
sieurs fois qu'on trouve le pour et le contre dans les écrits de Cyrille et
qu'il peut fournir les armes à de nombreuses hérésies (supra, p. 40) (3); il
est possible qu'il en soit de même ici.
F. Nau.
(1) J éci'it partout - sa chair » au lieu de < la chaii- -.
(2) Col., I, 18.
(3) Timothée le prêtre énumère douze sectes de monophysites, qui étaienttous
Cyrilliens, P. G., t. LXXXVI a, col. 52. — Nous rappelons encore que notre but,
dans ce commentaire, est moins de blâmer les expressions de saint Cyrille —
car on peut leur donner un sens orth' oxe — que de monti-er les principes
tPoù monophysites et nestoriens ont tiré de pernicieuses dtkluctions.
MÉLANGES
I
UN MANUSCRIT DE M^^ GRAFFIN :
L'ANCIEN MANUSCRIT DU KALILA ET DIMNA
SYRIAQUE
Les contes sanscrits, rédigés en pehlvi au v^ siècle de notre ère
d'après le Pantscliatantra, ont été traduits en syriaque au
vi" siècle et en arabe au viii'", puis ont passé de là dans toutes
les littératures. L'attention vient d'être attirée à nouveau sur
l'ancienne version syriaque par l'édition de M. Fr. Schulthess,
Kalila und Dimna syrisch und deutsch, Berlin, 1911, 2 vol.
8°, XVI-I98 et xxviii-246 pages, éditée avec le concours de
l'Académie des sciences de Berlin. L'ancienne version syria-
que est conservée dans un seul ancien manuscrit (du
XVI' siècle) que M. Schulthess appelle « manuscrit de
Mardin » et qu'il déclare « inaccessible ». Il avait espéré trou-
ver un second manuscrit à Édesse où l'on conservait un
certain « Livre des renards », il s'en est procuré une copie et a
constaté qu'il n'avait rien de commun avec Kalila; il lui a
donc fallu donner son édition d'après quatre copies du seul
manuscrit « inacessible » de Mardin; l'une de ces copies avait
déjà été éditée par Bickell, tandis que les trois autres, exécu-
tées pour le compte de M. Sachau, de 1881 à 1882, sont main-
tenant conservées à Berlin. Les copies présentent de nom-
breuses différences parce que chaque copiste interprétait à
sa manière le manuscrit primitif qui est mauvais. Certaines
pages ont jusqu'à huit lignes de variantes causées presque
toujours par les bévues ou par les modifications plus ou moins
justifiées des copistes. Il aurait été facile de donner une
édition définitive d'après le manuscrit de Mardin, base des
MÉLANGES. 201
quatre copies, si M. Schulthess avait remarqué, dans les tables
décennales du Journal asiatique, que W^ Graffin possédait,
dès 1895, la photographie.de ce manuscrit (cf. Journal Asia-
tique, ix" série, t. V, p. 340 et t. XX, p. 455). Il a acquis depuis
le manuscrit lui-même et nous allons le décrire brièvement :
C'est un manuscrit sur papier de 22 x 15 cm., qui était
relié, à la mode éthiopienne, entre deux planches : la planche
de droite, épaisse de huit à neuf millimètres, est encore en
place; celle de gauche a disparu avec la fin du manuscrit. Le
manuscrit compte encore 134 feuillets (le feuillet 1 a disparu
à Paris, mais M" Graffin en possède la photographie). Kalila et
Dimna occupe les folios 1 à 116 et l'Apocalypse de Paul (très
mutilée) les folios 117 à 132.
Le manuscrit est divisé en cahiers de dix feuillets et nous
pouvons voir ainsi le nombre des feuillets qui manquent.
Nous trouvons o au fol. 8; u au fol. 18; 9 au fol. 28; 01 au
fol. 38; o au fol. 48; ; au fol. 58; w au fol. 08. Ce cahier
V-- se termine au fol. 77, le feuillet suivant qui evrait porter
v^ manque; ^ au fol. 87; [^ au fol. 97; ol- au fol. 107; ce
cahier o-. se termine à 116; le feuillet suivant qui devrait
porter v^ manque, avec deux autres, car on trouve ^ au fol.
123.
Il manque donc deux feuillets au commencement, un feuil-
let après 77 (1) et la fin de Kalil'a et Dimna après le fol. 116.
Cette fin n'occupait d'ailleurs qu'une ou deux pages (2).
Le manuscrit est écrit d'une cursive nestorienne irrégu-
lière; les noms des interlocuteurs sont à l'encre rouge; le
scribe, surtout au commencement, ne tient aucun compte des
(1) Ce feuillet existait encore dans le manuscrit lorsqu'on a pris la copie
éditée par M. Bickell en 1876. Il avait disparu lorsque M. Sacliau a fait exécuter
ses trois copies de 1881 à 1883.
(2) Car la lacune est de trois feuillets, ou de six pages, mais lo commence-
ment de l'Apocalypse de Paul qui se trouvait dans cette lacune, et dont nous
pouvons évaluer la longueur d'après la traduction éditée Journal of the Amer,
or. .soc t. VIII, 18G4, occupait de quatre à cinq pages. Il ne reste donc qu'une
ou deux pages pour la lacune finale de Kalila. II ne manque en somme que
deux feuillets du premier cahier (sans doute le premier et le dernier, car on ne
trouve pas leur signature), et, au plus, un feuillet à la fin
202 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
intervalles des lignes que Ton voit cependant encore tracées
par endroits, et ne suit pas toujours la ligne droite, cf. 2, 5, 6,
7, etc. Vers la fin l'écriture est meilleure, plus ferme, plus
fine et plus régulière; le nombre des lignes par page est très
variable, on trouve tous les nombres de 17 à 21. Le scribe s'est
très souvent corrigé lui-même : lorsqu'il s'est aperçu d'une
faute dans l'écriture d'un mot, ou d'une omission, il barre ce
qu'il a commencé à écrire et il rétablit ensuite le mot ou le
passage omis (1). Quelquefois il rétablit les ommissions en
marge. On devine que plus souvent encore il ne les aura pas
vues.
L'aspect de l'écriture fait songer à un écolier que Ton
exerce en lui faisant transcrire les fables de Kalila et
Dimna. La reliure solide, formée de fortes ficelles et de deux
planches, tend à faire croire aussi que le manuscrit était des-
tiné à des lecteurs turbulents et que les fables de Kalila et
Dimna, comme nos fables de La Fontaine, faisaient surtout
les délices des débutants. On trouve encore sur les marges
quelques exercices enfantins; par exemple, au fol. 18, on a écrit
vingt-huit s£d et, au folio 22, )Kj oj!^ )ioi ^ » ^ o^»^ jio ^ » ^
oi oi owSi^ comme si l'on s'exerçait à écrire certaines lettres.
Plus tard on a ajouté en marge quelques pensées pieuses;
par exemple, fol. 62 :
\*,,^A o^oSl^. J '^^^; |,./vv> jjoiâ^ vooi^ 9Q.M « Consi-
dère les prêtres rebelles, qui ont causé satisfaction à Satan » ;
et, fol. 5, en dessous du passage où il est dit que les hommes
s'écartent des affaires dans lesquelles ils voient du danger, un
scribe a écrit : ^^ )i/» s^oo^^m^p ^^^ '^^^^oo/o V-io/ )iv>
<V^^.aDo o \v>t JJo ^^îjao^ K.iwâ9 ^^Ol^ U^lI; .^^JsX
« Que dirai-je et raconterai-je au sujet du Christ, qui est venu
d'en haut pour convertir tout Israël, et ils ne l'ont pas entendu
et ils ont adoré Bel. »
(1) Pour remplir la ligne, il commence un mot qu'il termine à la ligne sui-
vante, mais le plus souvent il barre le mot commencé et il le récrit en entier à
la ligne suivante. Il y a aussi beaucoup de dittographies.
MELANGES.
203
Le manuscrit n'a certainement pas été à Zafaran, siège ùu
patriarche jacobite, comme récrit M. Rubens Duval, La litt.
syriaque, 3" éd., p. 322, n. 1, car il porte en marge, fol. 101,
une note en l'honneur de Nestorius que les Jacobites n'au-
raient pas laissé subsister : ^^ a-./ .)liQ-io;I ^-a^ ^^ o(
« 0 toi le thaumaturge; ô toi qui opères des prodiges; que ta
prière soit, pour les églises, un rempart à toutes les heures.
11 nous faut raconter un peu le prodige que fit Théodore l'in-
terprète, le maître du juste Nestorius. »
Il y a d'ailleurs ici plusieurs fautes : )^-ai. (sans point au ;)
Au fol. 112^ est une invocation au martyr Péthion.
C'est en somme un manuscrit nestorien, qui est resté chez
les Nestoriens convertis ou Chaldéens dans leur bibliothèque
de Mardin, où la copie éditée par Bickell a été faite. Il a été
porté à Mossoul au patriarcat chaldéen, où il a été copié deux
fois par le diacre Jérémias Samir (1881 et 1882), au temps du
patriarche Elle (voir mss. syr. de Berlin, n°' 104 et 105). Il a
été porté à Telképé (Telkef) où il a été copié au 1883, dans
l'église de Mar Cyriacus (voir ms. syr. de Berlin, n° 106).
Enfin Sa Béatitude Aboul Yonan, patriarche des Chaldéens,
l'a apporté à Paris, et Bickell, chez M^-- Graffin, l'a reconnu
pour le manuscrit original dont il n'avait eu qu'une transcrip-
tion. Sur le désir de M. Bickell, avec la permission de Sa Béa-
titude le patriarche, ilF"" Graffin a fait exécuter d'abord une
photographie, qu'il a présentée à la Société asiatique en 1895,
et enfin il a obtenu le manuscrit lui-même dont nous venons
de donner la description.
D'ailleurs ce serait mal connaître le caractère généreux de
M^' Graffin que de croire qu'il a jamais songé à « accaparer
pour lui » ce manuscrit. De même qu'il a déjà donné des
myriades de pages, en copies ou en photographies, à de très
nombreux savants, il nous autorise à écrire que le manuscrit
204 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
de Rallia et Diinna, et la Patrologie orientale, sont à la dis-
position de M. Schulthess, s'il veut en donner enfin une édition
définitive.
II
LE DEUXIEME CENTENAIRE
DE LA FONDATION DU MONASTÈRE
DES RELIGIEUX BASILIENS DE SAINT-SAUVEUR
Les religieux Basiiiens Salvatoriens ont célébré, le 1" jan-
vier dernier, l'ouverture des fêtes jubilaires du deuxième cen-
tenaire de la fondation de leur premier monastère. Ces fêtes
servent à ranimer chez les membres de cette congrégation,
qui a fait et qui ne cesse de faire beaucoup de bien en Orient,
l'esprit apostolique de ceux de leurs premiers pères qui ont tra-
vaillé de toutes leurs forces à conserver la foi catholique dans
ce pays dominé par l'islamisme et plongé dans les ténèbres de
l'hérésie et du schisme.
Le projet de ces fêtes qui se succéderont jusqu'au 6 août,
fête patronale de l'église du monastère, a été approuvé par l'au-
torité ecclésiastique : Son Éminence le Cardinal Gotti, Préfet
delà Sacrée Congrégation de la Propagande, a envoyé une lettre
d'approbation et de félicitation au supérieur général de cette
congrégation, le Révérendissiine Père Archimandrite Gabriel
Nabaa; Sa Sainteté le Pape Pie X a honoré aussi cette congré-
gation par une lettre de félicitation accompagnée de sa béné-
diction apostolique. Lorsque ce projet a été proposé, lors du
concile national, à Sa Béatitude, M^' le Patriarche Cyrille VIII,
et à Nos SS. les Évêques, il a été approuvé à l'unanimité
des voix. Le jour même de la fête, tous les évêques melchites
ainsi que le supérieur de Grotta Ferrata, le primat des Béné-
dictins et toutes les communautés religieuses en Orient, ont
envoyé au supérieur général leurs mots de félicitation.
La fête de l'ouverture a été célébrée le P"" janvier avec une
MÉLAXGES. 205
grande solennité. Grand aussi fut le concours des peuples ;
on comptait au couvent de Saint-Sauveur, le jour même de la
fête, plus de trois mille personnes qui étaient venues unir leurs
prières à celles des religieux pour remercier Dieu de toutes les
grâces qu'il a accordées à cette congrégation durant ces deux
siècles.
Les cérémonies ont été présidées par Sa Grandeur, M-' Ba-
sile Hajjar, évèque de Sidon, qui y assistait comme délégué de
Sa Béatitude j\P' le Patriarche et en sa qualité de successeur de
l'illustre fondateur de cette congrégation, M*^' Euthyme Saïfy.
A l'occasion de ces fêtes, je voudrais présenter aux lecteurs de
cette Revue un petit aperçu historique sur l'origine, les épreuves
et le progrès de cette Congrégation, à qui la communauté des
Grecs unis en Syrie et en Egypte doit la conservation de la foi
catholique.
ORKilNE
Le fondateur de la congrégation basilienne de Saint-Sauveur
est W Euthyme Saïfy, archevêque de Tyr et de Sidon.
11 est né à Damas en 1643 environ, d'une famille distinguée,
et fut élevé dès sa plus tendre enfance selon les principes de la
foi catholique. A Tàge de onze ans, il entra au collège des Pèi'es
Jésuites, à Damas. D'après le témoignage d'un de ses contem-
porains, « tout le morde admirait déjà sa vive intelligence, son
exquise bonté et sa solide piété » ; c'est pourquoi le patriarche
Macaire d'Alep le confia à son vicaire à Damas, IVF Néophytes
de Chio, qui aclieva son éducation cléricale et l'ordonna diacre
en 1666.
Devenu prêtre, Euthyme continua encore ses études théolo-
giques avec un diacre nommé Constantin, petit-fils de Macaire.
Ce dernier avait été marié et, après la mort de sa femme, il fut
sacré évêque d'Alep, puis, en 1647, il fut élu patriarche d'An-
tioche. Sonpetit-fils, Constantin, devint à son tour patriarche en
1672 sous le nom de Cyrille. Ce dernier connaissait bien Eutliyme
et l'estimait beaucoup à cause de son éminente piété et sa vive
intelligence; c'est pourquoi il le sacra, en 1683, archevêque de
Tyr et de Sidon, car ces deux villes ne formaient qu'un seul
diocèse.
206 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
L'année même de son élévation sur ce siège archiépiscopal,
pour témoigner son grand attachement au Saint-Siège, Euthyme
signa une seconde fois la Confession de foi qu'Urbain VIII
avait faite pour les Orientaux, et qu'Euthyme avait déjà signée
la première fois étant prêtre, et avait envoyée au Saint-Siège.
Il ne se contenta pas de cela, il se mit lui-même à propager
dans son diocèse la foi catholique avec un zèle infatigable. Pour
élargir le cercle de son apostolat, il réunit autour de lui quel-
ques jeunes gens pieux et intelligents, et il se mit lui-même à les
exercer à la vie religieuse par ses paroles et ses exemples,
gravant dans leurs cœurs Tardent amour du salut des âmes ;
puis il les ordonnait et les envoyait prêcher la foi catholique
dans son diocèse et ailleurs, avec l'autorisation du Saint-Siège,
en sa qualité de vicaire apostolique pour les Grecs catholiques,
dans le but d'en former une congrégation de missionnaires à
l'imitation des congrégations religieuses des missionnaires
latins.
Lorsque ses disciples devinrent nombreux, il résolut de leur
bâtir un couvent qui leur servirait de résidence, et duquel ils
pourraient rayonner partout pour accomplir leur noble mission
d'évangélisation. Mais ce projet était très difficile à réaliser à
cause des troubles qui désolaient à cette époque toute la Syrie,
et particulièrement le mont Liban.
Cependant Dieu, qui, comme le dit Bossuet, « rapporte tous
ses conseils à la conservation de la Sainte Église et qui, fécond
en moyens, emploie toutes choses pour ses fins cachées » ; Dieu,
dis-je, aplanit devant lui toutes les difficultés ; et même il se
servit d'un fait miraculeux pour lui marquer l'endroit où il de-
vait bâtir son nouveau monastère, et il lui facilita l'acquisi-
tion du terrain et la construction du couvent.
Un jour qu'il faisait sa tournée pastorale accompagné de
quelques-uns de ses disciples, M°' Euthyme arriva à Djoun
(Liban), village situé au nord-est de Sidon. Plusieurs
paysans des environs vinrent le saluer ; ils avaient naturelle-
ment avec eux leurs armes, car la sécurité laissait à désirer en
ces temps de troubles. Un diacre de la suite de Monseigneur,
nommé Athanase, curieux de voir les armes, prit un fusil d'un
nouveau système introduit depuis peu en Orient; et, pendant
qu'il le tournait et le retournait, le coup partit et atteignit à la
MÉLANGES. 207
poitrine un de ses confrères nommé Ibrahim Toutou. Ce
dernier tomba aussitôt à la renverse. Monseigneur s'élança vers
lui en s'écriant : 0 Sauvciu- du monde. A peine avait-il achevé
cette invocation que le prêtre se dressa et dit : « Ne crains rien,
mon maître, je suis sain et sauf. » Et réellement il n'avait eu au-
cun mal. On lui délia la ceinture et, chose étonnante, on trouva
les grains de petits plombs rassemblés sur la poitrine sans le
blesser ni lui laisser même de trace. A la suite de ce fait mer-
veilleux, l'évêque prit la résolution de bâtir son monastère
sous le vocable du Sauveur, en mémoire de ce miracle.
Aussitôt il demanda aux habitants de Djoun de lui indiquer
un endroit convenable à raccomplisseraent de son projet. Ces
derniers lui montrèrent près de leur village une colline sur la-
quelle s'élevaient les ruines d'une ferme appelée Machmouché.
Cette colline fut alors achetée au prix modique de 30 piastres,
soit 6 francs environ; mais en réalité cette terre n'était qu'un
don fait à Monseigneur par son ami El-Cheikh Kabalan Cadi,
chef des Druses dans le district d'Eschouf au mont Liban.
Alors les religieux se mirent à bâtir eux-mêmes leur cou-
vent sous la surveillance de quelques maîtres maçons; et
M^ Euthyme eut la consolation de voir le monastère achevé en
1711. Par conséquent il a, en 1911, deux cents ans d existence.
Deux ans après, Monseigneur posa les fondements de la grande
église actuelle du monastère, et, en 1720, il eut la consolation
de la voir terminée. Il l'a consacrée de sa propre main, la dé-
diant à la Transfiguration du Sauveur. Cette église était à cette
époque une des plus grandes de TOrient, qui n'en a jamais vu
de semblable depuis les Croisés jusqu'à l'époque de la réforme
turque du sultan Mahmoud. Elle resta toujours considérée
comme marque évidente de la divine providence pour cette
congrégation, et le couvent fut regardé comme une forteresse
de la foi pour les Grecs catholiques.
PERSECUTION
Si vous étiez du monde, dit Notre-Seigneur à ses disciples,
le monde aimerait ce qui lui appartient; mais parce que vous
n'êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du
208 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
monde, à cause de cela le monde vous hait. Cette parole du
Divin Maître devait s'accomplir non seulement pour l'Église en
général, mais aussi pour toute œuvre sainte qui a le même
but que l'Église, c'est-à-dire d'étendre sur la terre le règne de
Jésus-Christ; c'est pourquoi il n'est pas étonnant de voir cette
congrégation dès son berceau en butte à toute sorte de persé-
cutions. En effet il est difficile de décrire ce que les Religieux
de Saint-Sauveur ont enduré pendant les persécutions dirigées
successivement par les Grecs schismatiques contre les catho-
liques et par les Druses contre les chrétiens.
En voyant les nouveaux religieux contribuer pour beaucoup
par leur vie édifiante et surtout par leur zèle à ramener dans
le giron de l'Église catholique bon nombre d'hérétiques et de
schismatiques, les orthodoxes dirigèrent contre eux tous les
traits de leur haine. Voici ce qu'écrivait en 1746 à ce propos
M. Delane, consul français à Saïda :
Nous, François Delane,
Conseiller du Roi et devenant Consul à Seyde et actuellement à A!ep et
dépendances, certifions et attestons que le monastère des religieux grecs
de Saint-Sauveur, situé à trois heures de Seyde, a éprouvé en dernier lieu
les effets de la haine des schismatiques, qui voyaient depuis longtemps
avec peine que ce couvent servait de retraite et d'asile aux catholiques
persécutés et que la vie édifiante qu'on y menait et les bons sujets qu'il
donnait à l'Église dans la Syrie, contribuait pour beaucoup à ramener les
hérétiques à la vraie foi. Les avanies qu'on a suscitées à cette. occasion à
ces religieux et les sommes considérables qu'ils ont employées pour sou-
tenir leur patriarche dont on a voulu envahir le siège, les mettent aujour-
d'hui dans la nécessité d'abandonner leur monastère, si la charité des
fidèles ne subvient à leurs besoins, c'est là leur unique ressource dans la
triste situation où ils se voyent réduits, en foi de quoi nous avons signé
les présentes de notre main, fait contre-signer par le Sieur Chancelier, en
icelles apposer le sceau Royal accoutumé de ce consulat, à Alep, le 18 mars
1746. Uelane.
M. Delane fait remarquer que les religieux ont dépensé « des
sommes considérables pour soutenir leur patriarche dont on a
voulu envahir le siège ». En effet Cyrille Thanas, neveu de
M^' Euthyme, religieux Salvatorien et élève de la Propagande,
a été élu patriarche d'Antioche le 20 septembre 1724 par les
catholiques; en même temps le patriarche du Fanar imposait
un autre schismatique nommé Sylvestre. Ce dernier, avec le
MÉLANGES. 209
concours du Patriarche de Constantinople, qui était reconnu
seul chef des chrétiens auprès de la Sublime-Porte, obtint du
sultan un firman par lequel il était reconnu patriarche officiel
d'Antioche. Cyrille, ne pouvant pas rester sur son siège à Damas
devant un tel compétiteur, fut obligé de chercher asile au cou-
vent de Saint-Sauveur. Ses confrères en religion le soutin-
rent de leur mieux en dépensant des sommes considérables
et, avec le secours du Saint-Siège, ils lui obtinrent un firman
impérial d'investiture contre celui qui avait été accordé à Syl-
vestre. Mais ce dernier ne tarda pas d'obtenir un autre firman
contraire. Alors, fort de l'appui du gouvernement turc, il se
mit à se venger de tous les religieux Salvatoriens qui se trou-
vaient à Damas et à Sidon.
Cette persécution, plus ou moins vive, dura longtemps, jus-
qu'à 1831, lorsque les Grecs catholiques furent reconnus 'indé-
pendants des Grecs orthodoxes par le sultan Mahmoud ; elle
rappelait celles des premiers temps de l'Église, car plusieurs
avaient été emprisonnés ou exilés, et quelques-uns même
avaient trouvé la mort au milieu de leurs souffrances. Aucun
prêtre ne pouvait exercer publiquement son saint ministère
sans s'exposer à toutes sortes de danger.
« Il y a à Damas 10.000 Grecs unis sans église! écrivait en-
core en 1816 M. Pillavoine, consul de France à Saint-Jean
d'Acre. Quatorze prêtres arabes vont journellement dire la
messe chez les principaux qui, les dimanches et fêtes, vont à
l'office divin à l'église de Terre-Sainte ou à celle des Pères Ca-
pucins. A Damas et au Caire, où résidaient les patriarches non
unis, les Melchites catholiques ne pouvaient garder leur cos-
tume; c'est à cause de cela que bien souvent, dans ces temps
de persécution, les prêtres Grecs catholiques entraient dans la
ville déguisés en paysans portant des herbages sur leur dos
comme s'ils allaient les vendre au marché; et ce n'est qu'à la
faveur de ce déguisement qu'ils pouvaient pénétrer dans les
maisons de leurs coreligionnaires et leur administrer les sa-
crements (1). »
En citant ce dernier texte, il faut remarquer que ces « prêtres
arabes » étaient pour la plupart des religieux Salvatoriens.
(1) Mémoire sur l'étal actuel de l'église grecque catholique dans le Levant Mar-
seille, 1841.
ORIENT CIIIIÉTIEN.
H
210 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Celui qui connaît l'état du pays et surtout du clergé à cette
époque ne le niera pas : en effet pour les prêtres séculiers de ce
temps, sauf quelques rares exceptions, les persécutions es
oblia-eaient à abandonner les villes où ils étaient continue le-
ment exposés au danger ; et pour eux s'exposer au danger c était
V exposer aussi leur famille et leurs biens ou leur foi, avec leurs
paroissiens catholiques. C'est pourquoi les évoques avaient cesse
en ces temps d'ordonner des prêtres séculiers et, a partir de
cette époque, les religieux commencèrent à desservir les pa-
roisses surtout dans les villes; car, comme ils s étaient donnes
à Dieu corps et âme, ils ne craignaient ni les persécutions, m
les prisons, ni même la mort; d'ailleurs, s'il se trouvait parmi
eux quelque lâche qui ne se sentait pas le courage de supporter
la persécution, ou qui, par prudence, ne voulait pas se laisser
surprendre, il n'avait qu'à se réfugier dans son monastère.
C'est pourquoi nous devons rappeler à qui l'ignore, que si
l'Église grecque catholique existe encore en Orient, c'est aux
Religieux qu'elle doit son existence.
Si telles étaient les persécutions endurées par les religieux
de la part de leurs frères séparés, de ceux qui, comme eux,
croient au Christ et à ses divins enseignements, que dire main-
tenant des dommages et des pertes immenses qu'ils ont subies
durant les persécutions dirigées par les infidèles contre les
chrétiens, persécutions qui ne se sont terminées que par les
massacres de 1860, où plusieurs de ces religieux ont ete vie-
limes de cette boucherie humaine. Plus de 40 religieux ont été
marqués au registre de la congrégation, massacrés par les
infidèles pour la foi chrétienne.
C'est durant ces persécutions qu'ils ont vu leur couvent
saccagé et brûlé, leur bibliothèque vendue, eux-mêmes disper-
sés partout. Voici ce qu'écrivait en 1778 le consul général de
France à Saïda, M. Ynozan, dans un certificat donné aux Pères
Aghapios Matar et Basilios Atallah , religieux prêtres Melchites
Grecs catholiques de la Congrégation de Saint-Sauveur en
Syrie, qui allaient demander aux chrétiens d'Europe, et surtout
de la France, un secours pour la restauration de leur monas-
tère. Ce certificat a été signé aussi par les missionnaires et
négociants français résidant alors à Saïda. Voici ce qui y est
dit :
MÉLANGES. 211
« Nous soussignés certifions que vers la fin de l'année 1777, le Pacha
des Turcs, résidant à Sidon, transporté de fureur contre la nation des
Druses, qui habitent le Liban, a fait une irruption subite et inopinée sur
leurs possessions les plus voisines de Sidon; qu'il les a dévastées, réduites
en solitudes, et quïl a massacré ou vendu comme esclaves, en place pu-
blique, tous les chrétiens qu'il y a surpris. Nous attestons de plus que
dans cette même dévastation, il a ruiné, ravagé, et totalement dépouillé
trois couvents, bâtis dans ces possessions des Druses : ils étaient compo-
sés de plus de trois cents religieux Grecs-Melchites-Romains, qui vivent
sous la règle de Saint Basile le Grand, et qui professent la Religion Catho-
lique. Le témoignage que nous en rendons est d'autant plus certain, que
nous avons vu de nos propres yeux tous les ustensiles de ces religieux, les
ornements de leurs églises, et beaucoup d'autres effets k leur usage, expo-
sés en vente sur les places de Sidon, abandonnés au plus offrant; les
livres de leur bibliothèque sont dispersés dans toute la ville, et nous ne
savons s'il y a dans cette ville une seule maison où on ne puisse trouver
quelque chose qui appartienne à ces religieux , qui ont toujours été dans
la louable pratique de donner l'hospitalité, avec l'humanité la plus compa-
tissante et la libéralité la plus généreuse, à tous les étrangers de quelque
pays, de quelque nation, de quelque religion qu'ils fussent, et il est inouï
qu'aucun indigent , sollicitant leur charité, n'en ait reçu les secours qu'il
demandait; l'année même où ils ont été si impitoyablement saccagés, se
proposant de continuer leurs charités, ils avaient amassé à grands frais,
pour l'hiver, quantité de provisions de bouche qui ont beaucoup servi aux
malheureux Sidoniens, pressés par la disette. Donné à Sidon, le 7 mars
1778. »
Arrivés à Versailles, les deux Pères ont obtenu du roi un
brevet grâce auquel ils ont pu quêter en France. A son retour
d'Europe, le Père Aghapios Matar, ayant été élu patriarche, se
servit de l'argent recueilli pour relever le patriarcat d'Antio-
che, fonder le séminaire de Aïn-Trase et pour réunir le synode
célèbre de Carcafé et imprimer ses actes.
PROGRES
Mais le « sanguis martyrum semen christianorum » de Ter-
tuUien trouve ici son application. En effet, malgré toutes ces
persécutions, le nombre des religieux Salvatoriens, loin de
diminuer, alla s'augmentant de jour en jour. Le nombre des
nouveaux venus s'était tellement accru qu'on se vit obligé
d'élargir les bâtiments, et ainsi le couvent de Saint-Sauveur
212 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
devint l'un des plus grands monastères du Liban. Dans le but
d'étendre le cercle de leur zèle, les religieux se mirent à fonder
de nouveaux monastères, qui sont actuellement au nombre
de huit; et la plupart de ces trois cents religieux Basiliens
Salvatoriens sont des prêtres répandus dans les différentes
éparchies melchites, dans la Syrie, la Palestine et l'Egypte.
D'ailleurs l'ancienne maison, qui était l'habitation des pa-
triarches et des évêques réfugiés à Saint-Sauveur, est devenue
en 1833 le scolasticat de la Congrégation. Il a été restauré
et agrandi successivement en 1885 et en 1901. 11 renferme
actuellement soixante étudiants qui s'y préparent, par une
formation sérieuse, à l'exercice du saint ministère; outre
l'arabe, la langue du pays, ils étudient le français, le grec et le
latin.
Au commencement , les avis et les exemples du fondateur
tenaient lieu de règles pour ses disciples ; mais il ne tarda
pas à les doter de règles écrites qu'il composa lui-même, avec
émancipation de la juridiction des archevêques de Tyr et Saïda,
pour leur donner plus de liberté dans leur mission et pour ne
laisser aucun prétexte à ses successeurs, surtout aux schisma-
tiques, de s'opposer à leur apostolat proprement catholique.
Dès le principe, il a eu soin de cultiver leur vie intellectuelle
et il a pu envoyer à Rome trois de ses disciples pour faire leurs
études au collège de la Propagande. C'est pourquoi il a jugé
bon de les dispenser de quelques obligations de la vie céno-
bitique ancienne, fort sévère, pour s'adonner plus librement
aux études et à la mission.
Un an après la mort de M^ Euthyme, qui a eu lieu en 1723, les
religieux de Saint-Sauveur , dans leur chapitre , ont décidé
d'adopter les règles de Saint Basile le Grand, approuvées par
le Saint-Siège pour les Basiliens de Grottaferrata ; le docteur
Joseph Babila, élève de la Propagande, a été chargé de les
traduire en arabe et de les modifier, avec M^"" Basile Finan,
évêque de Panéas, protecteur de la congrégation et ancien reli-
gieux de Saint-Sauveur. Ces règles ont été suivies longtemps
par les Basiliens de Saint-Sauveur, jusqu'à ce que les règles de
Saint Basile proprement dites leur aient été traduites du grec
et imprimées par ordre de Benoit XIV, en 1745.
Un an après la mort du fondateur, les religieux de Saint-
MÉLANGES. 213
Sauveur virent un de leurs frères monter sur le siège patriar-
cal d'Antioche sous le nom de Cyrille Thanas, avec quatre
autres sur les sièges de Saïda, de Panéas, de Forzol et de
Damas. C'est donc par la vertu féconde de l'épiscopat et par le
zèle de ses religieux que cette congrégation a pris une place
d'honneur dans l'Église catholique en propageant et conser-
vant la foi catholique parmi les Grecs-Melchites dans les trois
patriarcats d'Antioche, de Jérusalem et d'Alexandrie ; et c'est
ainsi que la Providence divine s'est servie de cette congréga-
tion comme de son instrument ordinaire pour former une
nation ou une communauté catholique unie avec l'Église
Romaine dans l'Église grecque séparée de l'Église mère. Cette
congrégation a fourni à l'Église iMelchite huit patriarches, entre
autres nous citerons Cyrille Thanas (1724-1760), Aghapios
Matar dont il a été question plus haut; Clément Bahouthe
I (1856-1864) qui a introduit le calendrier grégorien dans son
lÉghse et qui, après avoir donné sa démission en 1864, est
venu passer dans le silence de son monastère le reste d'une
vie pleine de mérites et d'édification; enfin Grégoire Joussef
1(1864-1897) qui acheva l'œuvre de restauration religieuse et
I civile commencée par M^'Maximos Mazloum, premier patriar-
che reconnu par le sultan Mahmoud ; car, en dehors du Liban,
qui avait toujours son autonomie politique, notre communauté
grecqiie-catholique n'avait pas droit d'existence dans l'empire
ottoman, parce qu'elle obéit au pape et qu'elle est de la reli-
|gion des Francs.
! Grand fut aussi le nombre d'évêques que cette congréga-
I tion donna à l'Église ; aujourd'hui, sur quinze archevêques et
évêques melkites, il y en a sept qui sont religieux Salvato-
riens.»
Voilà un résumé de l'histoire de cette congrégation pendant
ces deux cents ans qu'elle a passés au service de la sainte
Église cathohque en Orient, et qui comprend en somme l'his-
I toire religieuse de l'Église Melchite en Syrie, en Palestine et en
I Egypte.
Constantin Bâcha.
BIBLIOGRAPHIE
Quœstiones practicee theologise moralis ad usum missionariorum prœsertim
orientatium regionum, Auctore J. Borgomanero, missionario apostolico,
ex-Vicario Gen. Delegationis Apost. Constantinop., 1 vol., vii-233 pp.
Rome, Pustet, 1910. — 5 francs.
L'auteur, pendant plusieurs années en pays de mission, a étudié sur
place les besoins des missionnaires et s'est rendu compte des difficultés
pratiques qui peuvent s'y présenter dans l'exercice du saint ministère. Il
n'a en vue que ces diffîcuités dans ses « questions de théologie morale ».
Il les propose sous la forme de cas de conscience, auxquels il s'efforce de
donner une solution claire et précise.
Le livre de Ms' Borgomanero comprend six divisions : I. De Baptismo et
Pœnitentia. — II. De Matrimonio. — III. De Eucharistia. — De sacrificio
missse. — IV. De Fide. — De cooperatione. — De communicatione in
divinis. — V. De proprio ritu servando. — VI. De Prœceptis et de qui-
busdam usibus Orientis.
L'ouvrage se termine par quelques appendices.
Les missionnaires sauront gré à l'auteur d'avoir recueilli dans son livre
non seulement les solutions des auteurs les plus autorisés, mais un grand
nombre de décisions émanées du Saint-Siège, dont quelques-unes étaient
encore inédites.
Cependant, malgré les recherches de l'auteur, il reste encore à faire
quelques réserves, et tous ceux qui connaissent la complexité des questions
canoniques ne s'en étonneront pas. Voici, par exemple, quelques points
où nous ne serions point de l'avis de M^'' Borgamanero. P. 107 ; « Missam
solemnem pro acatholicis vivis aliquando Ecclesia celebrari permitlit; sed
tantum pro principibus acatholicis et cum intentione implorandi auxi-
lium pro reipublicse prosperitate... Idirco pro privatis acatholicis viven-
tibus nunquam missam solemnem celebrare licet. »
Il est regrettable que l'auteur ne cite aucune preuve à l'appui de cette
assertion. Car d'après une décision du Saint-Office (19 avril 1837), con-
firmée par Grégoire XVI, on peut célébrer des messes basses ou solen-
nelles pour la conversion d'un hérétique ou des non-catholiques en gé-
néral (1).
(1) F. Sânti,P rselectiones juris canonici, 1. V, 4-- éd., p. 103.
BIBLIOGRAPHIE. 215
P. 106-107 : « Quod si stipendium ab acatholico offeratur ut pro ipso
vivente missa celebretur, non licet illud acciperè « nisi constet expresse
eleemosynam ab ipso praeberi ad impetrandam conversionem ad veram
fidem » (S. C. Conc. 19 apr. 1837) (1). Atnon videtur necessarium ut ipse
acatholicus missam praecise postulat pro propria conversione, nam, ut
dicit Marc, juxta sententiam probabilem, licet pro ipsis vivis (maxime pro
eorum conversione) offerre sacrificium missse. Ergo, in praxi, sacerdoti
licet missam privatam pro acatholico vivente, etiam accepto stipendie,
celebrare, quando ipse sacerdos hanc intentionem (nempe conversionis
acatholici) addat. » Mais alors, comment éviter le scandale et l'indilïerence
religieuse (2) ?
Le cardinal Gennari cite en outre deux réponses du Saint-Office, qui
ne s'accorderaient pas, ce semble, avec la conclusion pratique de l'au-
teur. « L'archevêque de A., dit-il, exposait que les prêtres latins, invités
par les Grecs schismatiques à assister aux funérailles de leurs défunts et
à célébrer la messe pour eux, acceptaient, par crainte d'inconvénients,
cette invitation, prenaient part au service et recevaient l'honoraire de la
messe; mais ils l'appliquaient aux âmes des ancêtres catholiques de ces
schismatiques. Il demandait si cette manière de faire était licite. Le Saint-
Office lui répondit, le mercredi 18 avril 1757 : « non licere ».
Le prêtre J. demandait : 1» Est-il permis à un prêtre catholique de re-
cevoir d'un schismatique un honoraire de messe, avec la condition de
prier pour lui et de lui appliquer le saint sacrifice? — Et si cela n'est pas
permis : 2» Peut-il du moins recevoir cet honoraire avec l'intention de le
distribuer aux pauvres, et d'appliquer la messe pour la conversion du
schismatique? — Le Saint-Office répondit, le mercredi 18 novembre 1765 :
« ad 1 et II : négative » (3).
A cette question : * utrum possit aut debeat celebrari missa, ac percipi
eleemosyna pro graeco schismatico, qui enixe oret atque instet ut missa
applicetur pro ipso sive in ecclesia adstante, sive extra ecclesiam ma-
nente? » le Saint-Office répondit encore, le 19 avril 1837 : « juxta exposita
non licere, nisi constet expresse eleemosynam a schismatico prseberi ad
impetrandam conversionem ad veram fidem » (4).
D'ailleurs le prêtre qui reçoit un honoraire de messe ne peut changer
de lui-même l'intention du donateur (5).
P. 163 : « Matrimonia orientalium, sive inter se, sive cum latinis, legi
Tridentinae de clandestinitate subjecta non erant, ante decretum Ne
lemere ». Pourtant certains Orientaux étaient avant le décret « Ne temere »
et restent encore soumis à la loi du décret « Tametsi » : 1° les Maronites
(1) Les Collectanea S. C. de P. K., vol. I, p. 495, n. 858, attribuent ceue décision au
Saint-Office.
(-2) Cf. Snnti,oja. cit., V, p, lOi.
(3) Consultations de morale, CXXXUI (trad. fr. de M. Boudinlion, !« partie : Morale^
t. H, p. 421); Collect. S. C. de P. F., vol. I, p. 2:>7-258, n. 403, S.
(41 Collect. S. C. de P. F., vol. I, pp. 495-496, n. 858.
(5) Cf. les Consultations du cardinal Gennori, l. c, p. 42t, n. 1.
216 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
en vertu de l'approbation apostolique en forme spécifique, donnée aux
décrets du synode du Mont-Liban (1).
2" Les Ruthènes en vertu du synode provincial tenu en 1720 à Zamosc
et approuvé en 1724 par Benoît Xlll (2). et de celui de Lemberg tenu en
1891 et approuvé par un décret émané de la S. C. de la Propagande,
le le' mai 1895 (3).
3° Les Italo-Grecs (4).
P. 165 : « Sacerdotes Syri, Chaldaei, Maronitse, qui Constantinopoli
morantur, nec habent nec habere possunt jurisdictionem parochialem,
nedum in fidèles orientales alterius ritus, sed nec in proprios; quia eorum
PatriarchcB nullam habent ibidem jurisdictionem. Et sane (prout constat
ex Archivis Delegationis Apost. Constantinop.) S. C. de Propag. Fide
pluries admonuit Vicarium Patriarchalem Chaldseorum, Constantinopoli
degentem, * eidem nullam competere jurisdictionem spiritualem super
catholicos Chaldaeos ejusdem civitatis ».
De ce que la Propagande avertit le Vicaire patriarcal chaldéen qu'il n'a
pas à Constantinople de juridiction spirituelle sur les fidèles de son rite,
s'ensuit-il que les Patriarches Syrien et Maronite ne peuvent en avoir
aucune sur les membres de leurs communautés? La conclusion de
l'auteur dépasse trop les textes. Quoi qu'il en soit, le synode du Mont-
Liban (5) étend la juridiction du Patriarche Maronite à tous les fidèles de
son rite, qui habitent l'Orient.
Aux pages 208-209, l'auteur donne une très brève notice sur la hiérar-
chie des Eglises orientales. Mais pour en relever les nombreuses inexac-
titudes, il suffit de collationner ces deux pages avec l'annuaire arabe
de 1911, publié par les Pères Jésuites à Beyrouth (6).
Ces quelques remarques n'enlèvent au travail de M*^' Borgomanero, ni
H) Nullum est matrimonium clandestinum, id est, quod aliter contrahilur, quam pra;-
sente parocho vel sacerdote de ipsius parochi vel ordinarii licentia et duobus vel tribus
lestibus ». Syn. du Mont-Liban, p. II, c. xi, n. 8, XII; Acta et décréta S. Conc. récent.,
Collectio Laceosis, II, col. 166. Le synode du Mont-Liban, assemblé en 1736 sous le Ponti-
ficat de Clément XII, a elc approuvé en forme spécifique, le 1" septembre 1741, par la
constitution de Denoît XIV : • Singularis Romanorum Pontificum ».
(2) Coll. Lac, /. c, col. 2-3 et 42.
(3) Cf. Le Canoniste contemporain, 1897, p. 247, et 1900, pp. 550, 351 et 570; cf. aussi
Coll. Lac. l. c, col. 591-592, n. 1 ; Perione, De Matrimonio., II, p. 260; Mausella, Decausis
matrimonialibus, éd. 1906, p. 133.
(4) Const. • Etsi Pastoralis » de Benoit XIV, § VIII, n. 1, 26 mai 1742; cf. aussi M. Boudin-
hon. Le mariage et les fiançailles, 8'' édit., p. 112. Il ne serait pas inutile de noter ici que
le Synode des Coptes, tenu au Caire (Egypte) en 1898, prescrit que le mariage soit célé-
bré en présence du prêtre et de deux témoins. Voici d'ailleurs les paroles du Synode :
« XVI. Clandestina matrimonia, ea scilicet qu* fiuntabsquepra;sentia parochi et testiam,
sancta ecclesia semper ut abominabilia detestata est, quia in iiujusmodi connubiis et di-
gnilas sacramenti spernitur, et populo christiano multa scandala objiciuntur.Quapropter
sanctitati chrisliani matrimonii siniul et a>dificationi fidelium eflicaciter providere volen-
tes, decernimus antiquissimam consuetudinem in nostra Ecclesia Alexandrina vigentem
esse servandam. quae irrita vult matrimonia, quibus non assislit sacerdos cum duobus
saltem testibus » (sect. 2, c. 3, an. 8, § 5, cilé par Mansella, op. cit., pp. 136-137, n. 2).
(5) P. III, c. VI, n. 4 ; Coll. Lac, H, col. 337.
(6) Taqouim al-Bachir, pp. 54-61.
BIBLIOGRAPHIE. 217
son intérêt, ni son utilité. Les missionnaires s'en serviront comme d'un
répertoire commode de textes et de solutions pratiques.
O'Brien,
licencié en droit canon.
Georg Graf, Die arabischen Schriften der Theodor Abù-Qwra, biscliofs
von Harran (ca.740-820), literarhistorischeUntersuchungen und Ueber-
setzung (Forschungen zur Christlichen Lit. und Dogmengeschichte, t.X,
3-4), 8°, vni-336 pages. Paderborn, F. Schôningh, 1910. — 12 M.
Du même auteur, Die philosophie und Gotteslehre des lahjâ iùn'Adi und
spdlerer Autoren. Skizzen nach meist ungedruckten Quellen (Beitrage zur
Geschichte der Philosophie des Mittelalters, t. VIII, n° 7), 8", 80 pages;
Munster i. W., Aschendorf, 1910. — 2 M. 75.
Nous avons déjà annoncé l'édition du texte arabe des neuf traités et de
la lettre dogmatique de Théodore Abou-Qourra, t. X (1905), p. 442; c'est
la traduction de cette édition que nous annonçons aujourd'hui. Un traité
seulement (le premier) avait été édité à part par le Père C. Hacha avec
une introduction et une traduction française, cf. ibid.
M. G. admet et confirme l'identification de Théodore Abou Qourra avec
Théodoricus Pygla, cf. HOC, t. XI (1906), p. 103-104; il montre aussi que
le texte arabe qu'il traduit est l'œuvre originale de Théodore et n'est pas
une traduction du grec. Il étudie ensuite la théologie de Théodore sur la
foi, sur Dieu et la Trinité, sur la rédemption, l'Église et le culte des ima-
ges; enfin, après quelques pages consacrées aux écrits de Théodore con-
servés en grec et à sa dispute devant Al-Mamoun, il traduit les dix pièces
éditées par C. Hacha et une onzième sur le culte des images, éditée
auparavant par Arendzen.
Le premier traité, adressé aux juifs et à tous' les hérétiques, a pour but
de montrer que la religion catholique est la véritable, il établit la pri-
mauté de Pierre et l'autorité des conciles jusqu'au septième. Le deuxième
continue le même sujet et prouve la divinité de la religion chrétienne
d'après les miracles des apôtres et la pureté de leur morale ; le troisième
est consacré à la Trinité ; le quatrième établit l'existence de Dieu et du
Verbe éternel; le cinquième explique le dogme de la Rédemption; le
sixième réfute les objections que l'on adresse à l'incarnation; le septième
est sur la paternité divine; le huitième explique, contre les nestoriens et
les jacobites, dans quel sens il faut entendre que le Verbe éternel est
mort pour nous ; le neuvième établit le libre arbitre de l'homme. Le dixième
traité, sous forme de lettre, est adressé à un jacobite, nommé David, pour
lui faire adopter la doctrine de saint Léon. L'ouvrage se termine par un
index des citations bibliques.
Grâce à M. Graf, le bagage littéraire de Théodore Abou Qourra est dou-
blé et on peut avoir une idée plus juste de ce disciple de S. Jean Damas-
218 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
cène qui serait aussi, dit le R. P. Bâcha, un représentant de l'orthodoxie
au milieu des hérésies orientales. La traduction allemande met l'ouvrage
à la portée des occidentaux et apporte un important complément à la
Patrologie grecque de Migne.
Beaucoup plus varié est le second ouvrage, car si Abu Zakarija lahjâ
ibn'Adi, né à Tagrit vers 893, mort le 13 août 975, en occupe la plus grande
partie (p. 7-47), M. Graf expose encore la vie et l'enseignement de Abù'l-
Farag ibn at-Tajjib, auteur arabe nestorien, mort en 1048 (48-51) : Elie de
Nisibe, né en 975, mort en 1049 (51-56); deux Ibnal-'Assâl, auteurs égyp-
tiens jacobites du xiii^ siècle (63-70) ; Daniel ibn al-Kattab (70-74) ; Petrus
al-Sadmanti (74-75) ; Petrus ibn ar-Rahib, auteur égyptien du xiii« siècle
comme le précédent (75-78) ; avec l'histoire et le contenu du « Livre de la
démonstration, attribué à tort à saint Athanase.
La plupart des ouvrages philosophiques ou théologiques analysés ici
par M. G. sont encore inédits, il présente lui-même son étude comme un
complément à la Patrologie orientale qui n'a encore édité en arabe que
des chroniques, des ouvrages de Sévère ibn al Moqaffa, et quatre mois du
synaxaire. M. Graf nous a d'ailleurs proposé d'éditer dans la Patrologie
orientale la discussion (non authentique) de Théodore abou Qourra devant
al-Mamoun et les œuvres d'Abou Raïta, contemporain de Théodore; c'est
ainsi que la connaissance des littératures chrétiennes orientales s'étend
et se vulgarise de jour en jour lorsque, il y a vingt ans, on ne pouvait
qu'à grand'peine, dans de rares périodiques et collections, éditer les
textes et les dissertations qui les concernaient. M. l'abbé Martin, profes-
seur à l'Institut catholique, de Paris avait transcrit un grand nombre de
manuscrits intéressants : chronique du Pseudo-Denys, histoire du couvent
deBeit-Abé, Paradis d'Eden, et il a dû céder ses copies à la Bibliothèque na-
tionale de Paris (fonds syriaque, n"^ 284-288) parce qu'il ne trouvait aucun
éditeur. Son catalogue des manuscrits arméniens de Paris n'a pas été
édité ; il a dû recourir à la lithographie pour arriver, en dépit du manque
d'imprimeur, à donner quelques éditions (1).
Aujourd'hui le mouvement créé par Ms"" Graffin avec la Patrologie sy-
riaque et l'invention de la reproduction directe des manuscrits, et continué
par lui avec la Patrologie orientale et la Revue de l'Orient chrétien^ va
en progressant, grâce à l'émulation que montrent les auteurs et les so-
ciétés savantes ; aussi les littératures des peuples vaincus et toujours op-
primés : celles des jacobites, des nestoriens, des coptes, des melkites,
sortent de l'oubli aussi bien que celles des abyssin^ et des grecs byzantins.
Le jacobite lahjà ibn 'Adî est l'un de ces actifs traducteurs qui ont tra-
duit les ouvrages philosophiques grecs du syriaque en arabe (car la
(1) Les grammaires de Bar Hébraeus, la letti-e de Jacques d'Edesse sur les voyelles syria-
ques; nous avons entre les mains le commentaire de Jacques Bar Salibi sur les Évan-
giles qu'il avait commencé à lithographier. Il avait transcrit aussi un évangéliaire liéra-
cléen du Vatican qui est à l'Institut catholique de Paris et composé un vocabulaire sy-
riaque.
BIBLIOGRAPHIE. 219
plupart du temps le syriaque a servi d'intermédiaire) : les Topiques, la
Poétique, la Physique, le De mundo, les Catégories, les Analytiques d'Aris-
tote avec des ouvrages d'Alexandre d'Aphrodisias et de Platon, déjà tra-
duits en syriaque, l'ont été du syriaque en arabe par lahjâ. M. Graf nous fait
connaître les théories de ce traducteur — qui a aussi été auteur — sur l'être
et les attributs divins, l'unité de Dieu, la Trinité et l'incarnation, et son in-
fluence sur les auteurs postérieurs. Semblable étude, bien que plus réduite,
est consacrée aux personnages que nous avons énumérés plus haut. La plu-
part des sources utilisées sont encore manuscrites ; l'ouvrage se termine
par des tables des auteurs, des titres des ouvrages et des termes arabes.
Daniel ibn al-Kattab qui vivait après Bar Hébraeus, qui a écrit « les fon-
dements de la foi, ou la consolation des cœurs des croyants » et qui a
traduit l'éthique de Bar Hébraeus, est peut-être Rabban Daniel de Mardin,
dont nous avons édité l'autobiographie dans ROC, t. X (1905), p. 314.
Ces travaux de M. le D"" Georg Graf, curé à Obergessertshausen, ont
déjà été l'objet d'une récompense flatteuse de la part de la Gœrres-Gesell-
schaft. Ce sera, pour le sympathique auteur, un encouragement à con-
tinuer le défrichement de la littérature arabe chrétienne.
F. Nau.
F. Nau, Nestorius d'après les Sowxes orientales, 1 vol. in-12 (Collection
Science et Religion, n» 606), 0 fr. 60. — Blond et C'^, Paris, 1911.
Dans ce petit livre, M. l'abbé F. Nau publie le résultat des recherches
qu'il a eu l'occasion de faire sur la personne de Nestorius en préparant la
traduction du Livre d'JIéraclide. Cet opuscule : Nestorius d'après les
Sources orientales, est d'abord une biographie du célèbre hérésiarque
composée à l'aide des œuvres de Nestorius lui-même et en particulier de
son Livre d'Héraclide, des Actes du Concile d'Ephèse et de documents de
langue grecque et surtout de langue syriaque dont la liste se trouve dans
l'avant-propos. Il est de plus une courte histoire des événements très im-
portants qui se sont passés en Orient dans le second quart du v^ siècle et
qui se rattachent étroitement à la condamnation de Nes,torius à Éphèse
(431), tels que les Conciles de Constantinople (448) et de Chalcédoine i451).
En neuf chapitres, M. Nau nous présente la jeunesse de Nestorius, son
épiscopiit, le premier Concile d'Ephèse, la campagne contre Théodore de
Mopsueste, la condamnation d'Eutychès, les intrigues d'Eutychès et le
Conciliabule d'Ephèse, le Concile de Chalcédoine, la mort de Nestorius et
les miracles qui lui ont été attribués. Le lecteur reconnaîtra sans peine
qu'il y a grand mérite à ofTrir en soixante pages (et pour soixante centimes)
une matière aussi abondante et aussi documentée, et il saura gré à M. Nau
de lui faire connaître l'histoire de Nestorius (1) au moment où la publica-
tion du Livre d'Héraclide va de nouveau faire parler de ce fameux évéque
du v'= siècle.
M. Brière.
1. Ce petit volume est conçu au point de vue historique, il est complété, au point de
vue théologique, par les articles parus dans cette revue, 1910, p. 365; 1911, p. 1 et 176.
220 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN-
Conrad von Orelli, Allgemeine Beligionsgeschic/tle, 2^" Auflage in 2 Ban-
den. — A. Marcus und E. Weber's Verlag, Bonn, 1911.
Il n'est pas question de donner un compte rendu de V Histoire générale
des Religions de C. von Orelli, puisque la première livraison est seule parue
jusqu'à ce jour. Mais nous voulons uniquement annoncer aux lecteurs de
la Revue l'apparition de la deuxième édition de cet ouvrage, paru en 1899
pour la première fois.
La première livraison comprend une assez longue introduction qui fait
connaître le plan général du livre. Dans un premier volume, l'auteur étu-
diera la religion des Chinois, des Japonais et des autres peuples mongols,
puis la religion des anciens Égyptiens et la religion des Babyloniens et
des Assyriens à laquelle se rattache celle des Araméens, des Chananéens
et du peuple d'Israël, et enfin la religion musulmane. Dans un deuxième
volume il passera en revue les religions de l'Inde, de la Perse, de la Grèce,
de Rome et des autres peuples occidentaux, et ensuite les religions des
indigènes de l'Afrique, de l'Amérique et de l'Australie.
La première livraison contient déjà l'exposé de la religion des Chinois.
L'ouvrage, qui se présente comme un précis de l'Histoire des Religions,
coûtera 20 marks et sera achevé à la fin de 1912.
M. Briére.
G. Diettrich, Die Oden Salomos, unter beriicksichtigung der Hberlieferten
Stichengliederung , 8°, xxiv-136 pages. Berlin, Trowitzsch, 1911. — 5 M.
Dans son introduction, l'auteur cherche d'abord si les Odes sont d'ori-
gine juive ou chrétienne, il dit que l'attention qu'il a apportée à reconsti-
tuer les strophes et le parallélisme, lui a permis de reconnaître et d'écarter
bien des additions qui se dénotent comme d'origine chrétienne, ce qui
reste est donc plutôt d'origine juive, même les traces de gnose que l'on
rencontre dans l'annonce du règne futur de « la connaissance > ou de
« la vérité », et dans les vertus et les puissances de Dieu personnifiées, re-
lèvent plutôt de la gnose juive que de la gnose chrétienne. Il place leur
composition au temps € où les prophètes se sont tus », entre Malachie et
l'ère chrétienne.
M. D. fait précéder chaque ode d'une introduction sur son objet, ses dif-
ficultés, ses interpolations, son contenu primitif; il traduit ensuite l'ode
divisée en versets de deux membres parallèles, et il ajoute une riche anno-
tation qui contient des explications, des renvois aux passages parallèles et
surtout les traductions, explications et corrections des traducteurs précé-
dents lorsqu'ils s'écartent de lui. Il imprime en italiques les passages qu'il
regarde comme des additions, les additions d'origine juive sont en grosse
italique et les autres en petite italique.
C'est donc un ouvrage systématique qui en appellera d'autres inspirés
par un autre système, car c'est en partie parce que l'auteur veut a priori^
avec M. Harnack, trouver dans les Odes un écrit intermédiaire entre Mala-
BIBLIOGRAPHIE. 221
chie et le christianisme, qu'il est obligé d'admettre des interpolations pour
récuser commodément les passages chrétiens ; un autre auteur verra dans
les passages chrétiens l'élément essentiel des Odes et expliquera les pas-
sages juifs par un plagiat plus ou moins heureux de l'Ancien Testament.
M. D. n'en donne pas moins une traduction soignée qui s'écarte souvent
de celle de ses devanciers ; ses introductions et ses notes contiennent aussi
beaucoup d'idées utiles à connaître même si on ne les admet pas toutes.
Voir, sur les Odes, supra, ROC, 1910, p. 448-449. Ajoutons que M. F. C.
Conybeare leur attribue une origine chrétienne et montaniste, The Odes of
Salomon montanist dans Zeitschrift fur die neutestam. Wissenschaft, t. XII
(1911), Giessen, p. 70-75, et que M. C. Clemen n'est pas loin non plus de
leur attribuer, avec Zalm [Neue kirchliche Zeitschrift, Leipzig, t. XXI, 1910),
une origine chrétienne, Die neuenldeckten Oden Salomos, dans Theolog.
Rundschau, t. XIV (1911), Tubinguë, p. I-I9. Pour M. Preuschen, c'est une
partie du psautier de Valentin.
F. Nau.
Joseph Linder, S. J., Die Heilige Schrift fïir das Volk erklàrt (Geschichte
des Allen Rundes). Deux premières livraisons, 354 pages. Klagenfurt,
1910-191 1 . St-Josef-Vereinsbuchdruckerei.
Si l'on se place au point de vue apologétique, la lecture de la Bible paraît,
à première vue, soulever des difficultés. Pour avoir la solution de ces dif-
ficultés, il faut posséder des connaissances étendues, car les problèmes
soulevés sont à la fois nombreux et complexes, et se rapportent à des
sciences essentiellement dilîérentes l'une de l'autre par leur objet et par
leur méthode. II importe donc non seulement de faciliter la lecture de la
Bible, en écartant tout appareil d'érudition, capable de rebuter le lecteur,
mais encore de montrer que la science et la foi ne peuvent pas entrer en
conflit, puisqu'elles se meuvent dans deux plans parallèles, et d'établir qu'au
contraire elles s'éclairent réciproquement, en étant deux rayons distincts,
qui émanent d'un même foyer, Dieu, auteur des vérités naturelles et auteur
des vérités surnaturelles. Le P. J. Linder a fait avec succès cette démons-
tration, en composant son ouvrage : Die Heilige Schrift fiir das Volk
erklàrt.
Exposer les faits avec clarté, précision, dans un langage simple; les situer
dans le milieu ambiant; en déterminer les causes, les circonstances, les
conséquences ; réfuter, en passant, les objections courantes, sans alourdir
le discours par l'opposition continuelle dune défense à une attaque; don-
ner une exégèse sobre des passages difficiles et des expressions propres aux
Orientaux; édifier une apologie solide, en mettant en relief les arguments
qui établissent la transcendance des saints Livres; montrer la lumière
nouvelle que projettent sur la Bible les récentes découvertes, faites en
Assyrie, en Egypte, en Palestine, c'est bien faire œuvre excellente de vul-
garisateur.
222 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Toutes les questions qui intéressent la Bible sont traitées avec brièveté,
netteté et simplicité. Voici quelques exemples. Questions théologiques : les
rapports entre la Bible et la science ainsi que les notions sur l'inspiration
et le péché originel sont précisés; questions exégétiques : l'œuvre des six
jours donne lieu à l'exposition des divers systèmes d'interprétation : con-
cordisme, théories, idéalistes, etc.; questions philologiques : à propos de la
création et du déluge, le récit de la Genèse est comparé au récit babylo-
nien ; questions scientifiques : les origines cosmologiques, biologiques et
anthropologiques prêtent à des considérations apologétiques; questions his-
toriques : les caractères principaux des religions des peuples voisins des
Hébreux sont succinctement esquissés; voir les articles : die religiôse Welt-
lage zur Zeit des Patriarchen Abraham; die Golter der Babylonier und
Assyrier; die Gôtter der Agypter; der Gotzendienst der Kanaanàer; ques-
tions géographiques : une place importante est réservée à la description
des pays bibliques et des particularités géographiques ; voir notamment les
articles : Beschreibung des Landes; dus Jordantal; das Ostjordanland; das
W estjordanland .
Cette courte énumération montre que le P. Linder a atteint heureuse-
ment le but poursuivi, et que son œuvre de vulgarisation doit être comptée
comme l'une des meilleures.
Sylvain Grébaut.
Courtes notices.
I. — I. GuiDi, Vocabolario Amarico-italiano, Roma, 1901, 4°, xvi pages,
918 colonnes. — 45 L.
L'amharique a supplanté, en Ethiopie, la langue gheez, comme le fran-
çais a supplanté chez nous le latin ; si le gheez est la langue des manus-
crits et la langue liturgique, l'amharique, qui mélange au gheez de nom-
breux éléments africains, est maintenant la seule langue usuelle à la cour
d'Ethiopie. Un missionnaire, le Père Juste d'Urbain, en avait rédigé un
dictionnaire, dont les premières lettres se trouvent transcrites dans le
ms. d'Abbadie n. 217. Ce dictionnaire ne semble pas avoir été édité.
M. Antoine d'Abbadie l'a "utilisé, avec les mots qu'il avait recueillis dans
ses lectures et durant son long séjour en Abyssinie, pour rédiger le Die
tionnaire de la langue amarinna, Paris, 1881 (Actes de la Société philolo-
gique, t. X). .
M. Guidi s'est proposé de corriger et de compléter le dictionnaire de
M. A. d'Abbadie. En sus de ses lectures et de son expérience personnelle,
il a utilisé le concours du dabtara Kefla Giorgis, savant abyssin avec qui il
a revu, corrigé et complété toute l'œuvre de son prédécesseur. Les mot
de celle-ci qui étaient inconnus de Kefla Giorgis ont été conservés, mais
mis entre crochets.
BIBLIOGRAPHIE. 223
II. — Peter Thomsen, Die Palàstina-Literatur, t. II : Littérature des
années 1905-1909, 8°, xx-316 pages. Leipzig, Hinricli, 1911.
C'est une indication de tous les ouvrages consacrés à la Palestine avec
un dépouillement méthodique des articles de deux à trois cents périodi-
ques pour ("lasser ensuite tous ceux qui sont relatifs à la terre sainte. Les
principaux chefs de classement sont : I. Généralités ; II. Histoire; III. Géo-
graphie historique et topographie; IV. Archéologie; V. Géographie;
VI. La Palestine contemporaine. Suivent, une table des noms des auteurs,
des personnes, des choses et des lieux et un index des manuscrits et des
bibliothèques cités. Le présent volume contient 3755 numéros, contre
2915 que contenait le précédent. Les titres sont donnés dans leur langue
en hébreu, en grec, en russe, mais ces derniers sont ensuite traduits en
allemand. Les collections sont analysées, bien des ouvrages sont carac-
térisés en quelques lignes et les principales recensions qui en ont été faites
sont indiquées. M. Thomson, qui est aidé d'ailleurs de six collaborateurs,
se propose de donner un troisième volume vers 1915.
III. — M. Chaîne, Un monastère éthiopien à Rome au XV'^ et au XVI^ siècle :
San Stefano dei Mari.
IV. — Noël Giron, A'otes èpigraphiques (Damas, Alep, Orfa). Extraits
des Mélanges de la Faculté orientale de Beyrouth, t. V, pp. 1-36 et 71-78.
Des moines éthiopiens sont venus de Jérusalem, où ils avaient un cou-
vent, pour assister au concile de Florence (sept. 1441); c'est vers 1481
qu'ils eurent un monastère à Rome, le pape y assurait leur subsistance,
leur nombre ne dépassa jamais seize. En 1537, il y vint trois moines de
Debra Libanos dans le Choa et, en 1635, il n'en restait plus aucun, mais
leur couvent a continué à servir de pied à terre aux Abyssins qui venaient
à Rome. Le Père Chaine reproduit et traduit leur règle, quelques inscrip-
tions funéraires et une pièce en l'honneur de Peiresc.
Signalons au P. Chaine le ms. de Londres, Harl. 5512. qui contient une
transcription du missel latin en caractères syriaques et quelques pièces
syriaques. Ce ms. a été écrit l'an 1549, par le célèbre Moïse de Mardin, le
premier éditeur de la Peschitto, pour l'évêque abyssin Sahyùn ibn Levi (Tafsa
Selon?) « dans le couvent des Abyssins dédié à S. Etienne à Rome »; cf.
catalogue Wright, p. 215.
M. Giron reproduit et commente une inscription de Damas relative au
droit d'asile ecclésiastique et deux sceaux hébraïques.
\. — M*"' NiccoLO Marim, Le Macchie apparenti nel grande Luminare
délia chiesa ;/reca S. Giovanni Clirisostomo, 8^, 70 pages. Rome, 1910.
L'auteur relève les taches apparentes que les hérétiques et les hyper-
critiques ont signalées dans les oeuvres de S. Jean Chrysostome. 11 les
classe en cinq groupes : h' sur le dogme du péché originel; 2" sur le
dogme de lincarnation; 3° sur la très sainte Eucharistie; 4^' sur toutes les
224 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
prérogatives ineffables de la bienheureuse Vierge Marie; 5° sur le men-
songe, et montre qu'on a mal interprété quelques passages du saint docteur
dont la doctrine est fort orthodoxe.
VI. — L'Oriens ChristianUs, le frère cadet de la Revue de l'Orient
chrétien (cf. ROC, t. VI [I90I], p. 481-483), vient d'être favorisé d'une
subvention de la Gœrres-Gesellschaft qui lui permet de reprendre une
existence régulière. 11 va retrouver son ancien directeur, le D"" Anton
Baumstark, dont l'activité semble ne pas connaître de bornes. L'Oriens
Christianus paraîtra deux fois par an, Leipzig, Harrassowitz. — 20 M.
VII. — M. Paul Rubens Duval est mort le 10 mai 191 1, dans sa 72^ année.
11 a été, avec M. l'abbé Paulin Martin, le rénovateur des études syriaques
en France. Citons sa grammaire syriaque, son histoire d'Édesse, sa littéra-
ture syriaque, son édition du dictionnaire de Bar Bahlul, son édition de
huit homélies de Sévère dans la Patrologie Orientale (t. IV, fasc. 1), etc.
Le Directeur-Gérant
F. Ch ARM ETANT.
LITTERATURE ETHIOPIENNE
PSEUDO-CLÉMENTINE
III. — TRADUCTION DU QALÈMENTUS
{Suite) (1)
CHAPITRE VIII
Mort d'Adam.
I. Les honneurs rendus à Adam après sa mort. — 2. La mort d'Adam,
symbole de la mort de Jésus-Christ.
1. Les honneurs rendus a Adam après sa mort. — {V. 13 v° b, suiie)
Ensuite, vinrent les enfants (F. 14 r" a) àWdam, ainsi que les enfants des
enfants dMrfrtm, hommes et femmes; ils se réunirent auprès de lui. II
pria sur eux, (les) bénit, intercéda pour eux, et demanda qu'ils obtinssent
le salut (2) et la paix. Adam mourut à 950 ans. Toutes les armées des
anges se réunirent pour son ensevelissement, à cause de la grandeur
û^Adam devant le Seigneur. Son lils Selh l'ensevelit, et le déposa dans
un cercueil, à l'orient du paradis, (là' oîi {Adam) demeura jadis, lorscjuc
le Seigneur l'eut fait sortir du paradis. Lorsque Adam mourut, le soleil et
la lune s'obscurcirent d'une grande obscurité, (F. 14 r" b) pendant sept
jours et sept nuits.
2. La MORT d'Adam, symbole de la mort de Jésus-Christ. — Ensuite,
(Selh) prit le Livre du Commandement, et le déposa dans la Caverne des
Trésors, avec Toffrande (\\x\\dam avait emportée avec lui du paradis,
c'est-à-dire l'or, la myrrhe et l'encens. Voici ce qu'.4rfam exposa à son
fils Seth. II lui dit ; Voici que cette (offrande) retournera aux trois Rois-
Mages; ils l'apporteront (comme) présent au Sauveur du monde, qui naî-
tra dans la ville appelée Bethléem de Jiida. La mort d'Adam, (c'est-à-dire)
l'époque (de son départ) de ce monde, eut lieu le sixième jour, le ven-
dredi, le 14 Miyâzyà, au commencement de la nuit (3). (F. 14 v" a) C'est
(1) Cf. HOC, 1911, p. 72 sqq.; p. 1()7 sqq.
(2) fi'^y.
(3) Te.xte : Au'C* • AA^-
ORIENT CUnÉTiEN. t'>
226 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
on ce même jour que Nolre-Seigneûr Jésus-Christ remit son âme dans la
main de son Père. Le deuil fut porté par les enfants d'/lrfom (1) et les
enfants de ses enfants, pendant quarante jours et quarante nuits.
CHAPITRE IX
Seth.
1. Les gens do Caïu so sépai-ent des gens de Seth. — 2. Origine du Livre du
ConiiiiaïKiement. — 3. Seth et son peuple. — 4. Mort de Seth.
1. Les gens uf. Caïn se sép.arent des gens de Seth. — Les gens de la
famille de Caïn se séparèrent de (ceux de) la famille de Seth, après la
mort lïAdam. Alors, Selh prit ses enfants, les enfants de ses enfants et
leurs femmes, et les fit monter à la montagne sainte, où Adam avait été
inhumé. Mais Caïn. ses enfants et les enfants de ses enfants demeurè-
rent au bas de la montagne, où il avait tué AheJ. Seth gouverna son peu-
ple dans la justice, (F. 14 v" b) dans la pureté et dans la sainteté.
2. Op.iGiNE DU Livre du Cgmmandeme.nt. — Je tiens cet exposé, ô mon
tils Clément, ainsi que l'histoire d'.4rfam et ses commandements, de la
part des Mages, qui sont venus vers Notre-Dame Marie, à l'époque de la
naissance de Xntre-Seigncur et Notre-Sauveur Jésus-Christ. En effet,
nous avons trouvé avec eux le Livre du Commandement. De plus, écris
dans (ce livre) ce que je te révélerai plus tard {2). Voici, (en effet), que je
t'enseignerai tous les mystères que je connais.
3. Seth et son i>eupi.e. — (Le nom) du fils à' Adam, qui a été appelé
Seth, signifie ; Nous l'avons aajuis par le Seigneur, tn effet, Adam et h've
demeurèrent dans la justice, dans (F. 15 r° a) la pureté et dans la sainteté.
Cest pourquoi le Seigneur leur accorda ce nom glorieux , qui est le plus
grand de tous les noms.
Selh et son peui)lc demeurèrent au-dessous du paradis, au haut de la
montagne sainte. (Ils s'occupaient) à glorifier, remercier, bénir le Sei-
gneur et à lui dire : Saint, Saint, Saint. Étant dans le salut et la paix,
ils ne pensaient en rien aux affaires de ce monde (3). Ils n'avaient point
d'autre .euvi-o que la glorification (du Seigneur) et la psalmodie, dans le
paradis.
La nourriture tlout ils se nourrissaient (se composait) des fruits des
arbres qui se trouvaient au haut de la montagne sainte. En effet, les
fruits de ces arbres étaient (F. 1.') r" b) extrêmement délicieux. (Par) leur
odeur et leur parfum, c'étaient les meilleurs (fruits) du paradis. Ils tou-
chiiient à ces arbres, et goûtaient leurs fruits.
Le peuple demeurait dans la justice et dans la vertu. 11 n'y avait pas en
<ni.\ diniinitiè. (ie jalousie, do calomnie, d'orgueil; ils ne pensaient pas au
(1) Mol à mot : Icdcidl ilcmeura sur les enfaïUs d'Adam.
Cl) 'Vnw : \]-h1\r"f •• AV) : mh)^ I ,e>,u. ce que Je le recèlerai, tnais non pas
nuiiiiIctKVil.
LITTÉRATURE ÉTHIOPIENNE PSEUDO-CLÉMENTINE. ^'i?
blasphème (1); ils ne pensaient pas au mensonge; jamais ils ne juraient
(en vain) ; lorsqu'ils voulaient jurer, ils n'avaient pas d'autre serment que
par le sang à'Abel le Juste. La coutume de ce peuple était de monter au
haut de la montagne sainte, petits et grands, hommes et femmes, tous les
joars, afin d'être bénis par le corps de leur père Adam. (F. 15 v» a) Là ils
élevaient leurs yeux au paradis ; ils se prosternaient devant le Seigneur ;
ils le glorifiaient, et lui disaient : Saint, Saint, Saint. Puis ils retournaient
dans leurs demeures.
4. Mort de Seth. — Seth le Juste, fils et enfant d'Adam, vécut 911 ans.
Alors, il tomba malade, (et fut sur le point de) mourir. Hênos, Qàynân,
Malàl'él, ïârêd (2), Hénoch (3), leurs femmes, leurs fils et leurs filles se
réunirent auprès de lui. Selli pria sur eux, les bénit, demanda, et intercéda
pour eux. Il leur dit : Par le sang d'Abel le Juste, qu'aucun d'entre vous (4)
ne descende de (F. 15 v° b) la montagne sainte, et ne s'unisse avec les
enfants de Caïn l'Homicide, car vous connaissez l'inimitié qui existe
entre nous et eux (5), depuis qu'a été tué Abel le Juste. Alors, son fils
Hênos s'approcha de lui. {Seth) le bénit, et lui dit : 0 mon fils, gouverne
ton peuple dans la justice. Lorsque je serai mort, rends un culte (6) au
Seigneur, et (rends un culte) devant le corps de notre père Adam le
Saint. Il lui fit jurer, par le sang d'Abel le Juste, qu'il agirait avec bonté
envers son peuple, qu'il le gouvernerait '7) dans la justice et dans la
pureté, et qu'il ne cesserait pas le culte devant le corps d'Adam. Seth
mourut. (F. 16 r« a; Sa mort eut lieu le 10 Tàhchâch. Son fils Hênos
l'ensevelit dans de la myrrhe et de l'aloès, et le déposa dans la Caverne
des Trésors, avec le corps de notre père Adam. Les lamentations, les
pleurs et le deuil de son peuple durèrent pendant quarante jours.
CHAPITRE X
Hênos, Qâynân et Malârêl.
1. Lamech tue accidenteUement Caïn et son propre fils. — 2. Mort do Hènos.
3. Qàynàn. — 4. Malàrêl.
L Lamech tue accidentellement Caïn et son propre fils. — Après
la mort de Seth, Hênos gouverna son peuple dans la justice et dans la
droiture; il fit envers (son peuple) tout ce que lui avait ordonné son père.
Lorsque Hênos eut atteint l'âge de 820 ans, Lamech (8) l'Aveugle tua
(1) Kfi-^AV. : f:CéLt.
C^) ^AJt.
(3) l'TM.
(4) Texte : îiîP'iiftn»* d'entre eux.
(5) Texte : '^'hWti.Ma^ entre vous.
(6) t+y^.
(7) Texte : jac^f-tf»* le paîtrait.
(8) f{'^\i.
•228 nRVUE DR l'orient chrétien.
Cah). Il le tua dans des arbres, à l'endroit que l'on appelle Nor-Erqnr (l).
En effet, Lomerh, en allant dans la campagne, entendit le bruit (F. 16
r" b) d'une voix, au milieu des arbres; il ne savait pas que c'était Caïn,
mais il lui semblait que c'était le cri d'une bête. Alors, il prit une pierre,
et la lani-a du cùté (d'où venait; le bruit, (vers) ce qui remuait au milieu
des arbres. C'est alors que (la pierre) atteignit accidentellement Caïn
entre les yeux, et le tua. Son tils, qui le conduisait, dit à Lamec/i : Voici
que tu as tué notre père C(un. Lamech battit des mains, à cause de sa
tristesse au sujet de Cain; dans son battement de mains, il atteignit son
tils, et le tua.
2. Mort de Hè.nos. — Lorsque Hênos eut atteint l'âge de 905 ans, il fut
alors sur le point de mourir. Tous les Pères se réunirent auprès de lui.
Avec eux (se trouvaient) Yàrêd, Hénoch, (F. 16 v» a) Mâtousûlà (2),
(Jàymhi, {ils de I/énos (3), MaUirêl, leurs femmes, leurs tils et leurs filles.
H pria sur eux, les bénit, demanda et intercéda pour eux. Il (leur) fit
jurer par le sang A'Abel Je Juste qu'ils ne s'uniraient pas avec les
enfants de Caïn VHomÂcide. Il leur dit : Souvenez-vous de l'inimitié qui
existe entre nous et eux. Qâynân s'approcha de son père Hênos. (Celui-
ci) le bénit, et lui dit : 0 mon fils, gouverne (4) ton peuple et ta race, et
garde-les, comme moi-même je les ai gardés; rends justice sur eux avec
droiture ; ordonne à ton fils (F. 16 v^' b) MalôVêl de gouverner son peuple
dans la justice et dans la droiture, et de ne pas cesser le culte devant le
corps de notre père Adam, tous les jours de sa vie. Hênos mourut le
samedi (5), le 7 du mois de Teqemt, alors que Mâtousâlâ était âgé de
cinquante-trois ans. Son fils Qâynân ensevelit Hênos, et le déposa dans
la Caverne des Trésors. On se lamenta sur Hênos pendant quarante
jours.
3. Qaynan. — Ensuite, Qâynân gouverna son peuple dans la justice et
dans la droiture. Il garda tous les commandements de son père. Il vécut
920 ans. Lorsque l'époque (de sa mort) fut arrivée, il bénit ses fils et ses
filles. Il mourut (F. 17 r'^ a) le mercredi, le..-: (6) du mois de Sanê. Son
fils Malâl'êl l'ensevelit, et le déposa dans la Caverne des Trésors. On se
lamenta sur lui pendant quarante jours.
4. Malal'èl. — Ensuite, MalâVêl gouverna son peuple dans la justice
et dans la droiture. Il garda tous les commandements de son père. 11
vécut (de longues années). Après (7) qu'il eut gouverné son peuple dans
la justice et dans la droiture, pendant 895- ans, et lorsque fut arrivée
l'époque de son départ de ce monde, Malâl'êl ordonna à ses enfants
(1) î"n ! "hc:)i:.
(2) '^■l:fl'\
(3) Toxle : atAR •• '"ll:ft'\ A/" lU' Mdluosnlâ.
(1) Texte : <'."/V"<"»" pdis.
(r» ii+.s"7."i- ! ftTrn^-.
(li) L.i place pour la. date est iaisM'e on hlanr dan^ le mami'jcrit.
(?) Texte : 'hT'.e:'^/.,lh rnmiile.
LITTliUATURE ''^TinOPIEXNK l'SEUDO-CLÉMENTINE. "i'^O
comme avaient ordonné ses pères, qui étaient avant lui. Il mourut le
dimanche, le... (1) de Miyàzyâ. Son fils Yârêd l'ensevelit, et (F. 17 r" b)
le déposa dans la Caverne des Trésors, avec ses Pères.
CHAPITRE XI
Union des enfants de Seth avec les enfants de Caïn.
1. Les enfants de Seth sont séduits par les enfants de Gain. — 2. Débauclie dos
enfants de Caïn et dos enfants de Seth.
1. Les enfants de Seth sont séduits par les enfants de Caïn. —
Lorsque Yârêd fut âgé de 500 ans, des hommes d'entre les enfants de
Selh se révoltèrent, transgressèrent les commandements de leurs pères,
et abandonnèrent derrière eux le serment. Ils se mirent à descendre
chacun de la montagne sainte, et ils s'unirent avec les enfants de
Caïn. Satan avait trouvé moyen de (les pervertir) par les enfants de
Lantech r Aveugle. En effet, à Lamech étaient nés deux enfants : l'un
s'appelait Tiyowofil (2), et l'autre s'appelait Bâliqen (3). Ils fabriquaient
des cordes, des cithares, des lyres, des flûtes, des tambourins et toutes
sortes d'instruments de musique. Lorsque les enfants de Seth, que (F. 17
v° a) Satan avait séduits, entendirent les sons de ces instruments de
musique et leur harmonie délicieuse, ils descendirent de la montagne
sainte, et ils s'unirent avec les enfants pervers de Caïn, qui persévé-
raient dans toutes sortes d'œuvres mauvaises, et s'adonnaient au plaisir,
au manger, au boire et à la luxure. Quant aux femmes, elles cou-
raient (4) après les jeunes gens; les jeunes gens, de leur côté, couraient
après les femmes. (Celles-ci) étaient entièrement nues sur les places
publiques, afin (d'éviter aux jeunes gens) de parcourir les campagnes.
2. DÉBAUCHE des ENFANTS DE CaÏN ET DES ENFANTS DE SeTH. — Satan
séduisit (donc) les enfants de Seth, et les unit avec les enfants de Caïn, par
les sons des instruments de musique, de la lyre (5) et de la cithare, qu'ils
entendaient auprès d'eux. Ils descendirent de (F. 17 v b) la montagne
sainte dans la terre maudite, et partirent des lieux voisins du Seigneur et
de ses anges vers les lieux voisins des démons. Ils choisirent la mort de
préférence à la vie. Ils rejetèrent le nom glorieux, que le Seigneur leur
avait accordé. En effet, le Seigneur Très-Haut — que son nom soit béni!
— les avait appelés (ses) enfants, comme dit le prophète David : Pour
moi, Je dis que vous êtes tou<( des dieux et les enfants du Très-Haut (6). (Il
les avait appelés ainsi), parce qu'ils avaient persévéré jadis dans l'ac-
complissement de ses commandements. Mais, lorsqu'ils eurent péché, il
(1) La place pour la date est laissée en blanc dans le manuscrit.
(2) •fcfJP.tA.
(3) OA.^'V.
(4) Texte : fi'hf elles fuyaient.
(5) «TÏA,*.
(6) Ps. Lxxxi, 6.
230 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
dit à leur sujet : Poxir vous, vous mourrez comme des hommes, et i^ous
tomberez comme Vun des princes (1). En effet, (les fils de Seth) avaient
péché, (eux dont) (F. 18 r° a) le corps s'était souillé avec les filles de
Caïn. Ils moururent dans leur péché. En effet, ils avaient accompli beau-
coup de désirs mauvais; ils avaient continué à coucher homme avec
femme, en présence du prochain, à aller à deux hommes et à trois vers
une même femme, et à coucher avec elle sans honte. Ils souillèrent toute
la terre. Ils s'unirent à toutes les créatures. Personne ne connaissait ses
propres enfants d'avec les enfants d"un autre. Satan les avait extrême-
ment asservis, alors qu'ils se réjouissaient, et s'égayaient dans le plaisir
et dans la malice de leurs actions. Le bruit de leurs rires et du heimis-
sement de (leurs) chevaux s'entendait. De plus, le bruit de leurs cla-
meurs s'entendait (F. 18 r" b) sur la montagne sainte.
CHAPITRE XII
Yârêd et Hénoch.
1. Yâréd et Hénoch réprimandent les enfants de Seth. — 2. Les pierres de feu.
.3. Mort de Yàrèd. — 4. Hénoch est enlevé au ciel.
1. Yared et Hénoch réprimandent les enfants de Seth. — Ensuite,
cent hommes vaillants et forts d'entre les enfants de Seth se réunirent, et
voulurent descendre de la montagne sainte. Lorsque Yârêd eut appris
(leur résolution), il s'attrista extrêmement à leur sujet: il envoya (des
messagers) vers eux. (Les fils de Seth) vinrent, et se tinrent devant lui.
Il leur dit : Ne faites pas aii)si. Il les reprit, et leur fit jurer par le sang
d'Abel le Juste qu'ils ne descendraient pas de la montagne sainte. De
plus, il leur dit : Souvenez-vous du serment que vous ont fait jurer vos
anciens Pères. Hénoch le Juste vint, s'entretint avec eux, et leur dit :
Sachez donc, ô fils de Seth, que celui d'entre. vous qui aura abandonné
(F. 18 V a) les commandements des Pères, aura violé (2) le serment, et
sera descendu de la montagne sainte, ne retournera plus jamais vers elle.
Mais eux ne se convertirent pas à la parole de Yàrèd, n'écoutèrent pas la
parole d'Benoch, et descendirent de la montagne sainte. Lorsqu'ils
virent les filles de Caïn, la beauté (et) la grâce de leur aspect, (lorsqu'ils
virent) comment elles allaient nues sans honte, ils s'unirent avec elles, et
s'avilirent eux-mêmes (3).
'3. Les pierres de feu. — Lorsqu'ils eurent fait ainsi, ils voulurent
retourner à la montagne sainte. Mais les pierres de la montagne étaient
devenues comme du feu, qui brûlait devant eux. Ils ne purent pas (y)
retourner. Ensuite, (F. 18 v^ b) d'autres d'entre les enfants de Seth vou-
lurent descendre de la montagne. Ils ne savaient pas le fait des pierres de
(1) Ps. i.xxxi, 7.
(2) yuj-t.
(3) at"ij?j. t c.'hfia»'.
LITTÉRATURE ÉTHIOPIENNE PSEL DO-CLÉMENTINE. 231
feu (1). Ils descendirent vers (les enfants de Ca'in), et se souillèrent par
l'impureté des filles de Gain.
3. Mort de Yarèd. — Lorsque Wh-érf fut ;ie;é de 072 ans, et que lépoiiue
de son départ de ce monde fut arrivée, Ilénoch, Màlousnià, Lainech et
Noé (2) se réunirent auprès de lui. 11 pria sur eux, les bénit, et leur dit :
Pour vous, ne descendez pas de la montagne sainte. Cependant, vos
enfants et vos femmes en partiront, car le Seigneur Très- Haut ne leui-
permettra pas d'y demeurer, parce qu'ils ont transgressé les commande-
ments des Pères. Alors, il dit à leurs enfants : (F. 19 r" a) Voici que vous
retournerez dans la terre maudite, où poussent les épines et les ronces.
Que (l'un) d'entre vous, qui partira de la montagne sainte, emporte avec
lui le corps de notre père Adam, et, si cela lui est possible, qu'il emporte
aussi le corps de tous les Pères, et fasse (pour eux) de même (que i)our
Adam)\ De plus, qu'il emporte avec lui le Livre du Commandemcut et
l'offrande : l'or, la myrrhe et l'encens, et qu'il la dépose avec le corps do
notre père Adam*. Puis, il dit à Hènoch : Quant à toi, ô mon fils, ne cesse
pas la glorification et la psalmodie devant le corps de notre père Adam.
Rends un culte devant le Seigneur, avec droiture et avec justice, (F. 19
r" b) tous les jours de ta vie. Yàrêd mourut le vendredi, à trois heures.
le 14 du mois de Genbot, alors que Màlousàlâ était âgé de 3G5 ans. Son
fils Hénoch l'ensevelit, et le déposa dans la Caverrîe des Trésors.
4. HÉNOCii EST ENLEVÉ AU CIEL. — Le Seigneur répudia ceux qui res-
taient des enfants de Selh, parce qu'ils avaient aimé le péché. Alors, ils
se séparèrent, et devinrent deux peuples. Ils voulurent descendre de la
montagne sainte. Lorsque Hénoch, Mâtousnlà, Lamech et Not' eurent
appris (cette résolution), ils s'attristèrent extrêmement à leur sujet.
Lorsque Hénoch eut rendu le culte, pendant cinquante ans, devant le Sei-
gneur, et qu'il fut arrivé à la 365""= année de sa naissance, le Seigneur lui
enseigna (F. 19 v° a) toutes choses, (et lui dit) comment il l'enlèverait
auprès de lui. A ce moment-là, Hénoch appela Màtomàlà , Lamech et Noé,
et leur dit : Voici que je sais moi-même que le Seigneur Très-Haut est en
colère contre ce peuple, et va prononcer contre eux une sentence do
condamnation, sans miséricorde. Pour vous, qui êtes restes les Pères des
générations des saints, ne cessez pas le cuite devant le Seigneur: soyez
purs et vertueux; sachez que personne ne naitra plus désormais après
vous sur la montagne sainte, et qu'il n'y aura plus personne d'entre les
Pères, qui gouvernera le peuple. Après avoir achevé ce discours, {Hénochi
fut ravi dans la vie (éternelle). (F. 19 v° b) Le Seigneur le mit autour du
paradis, dans une région où la mort n'existe pas.
232 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
CHAPITRE XIII
Noé et la construction de Tarche.
1. Noé épouse Haykal. — 2. La prédiction du déluge et la construction
de l'arche.
1. Noé épouse Haykal. — Ceux qui restèrent d'entre les enfants de
Seth descendirent de la montagne sainte vers le lieu d'habitation de Caïn
et de ses enfants. Personne d'entre eux ne resta sur la montagne sainte,
sauf cependant trois Pères : Mâlousàld, Lamech et A'ué. Noé le Juste se
garda dans la virginité pendant 500 ans. Puis le Seigneur miséricor-
dieux s'entretint avec lui. C'est alors qu'il épousa une femme, appelée
Haykal (1), fille de Nâmous (2), fils d'Hénoch, frère de Mâtousâla.
2. La prédiction du déluge et la construction de l'arche. — Le Sei-
gneur (lui) révéla comment le déluge viendrait dans le monde, et laverait
toute la terre. (F. 20 r" a) 11 lui exposa que cela arriverait dans cent ans.
11 lui ordonna de faire une arche pour son salut et pour le salut de ses
fils et de leurs femmes. De plus, il lui ordonna (ainsi qu'à ses fils) (3) de
couper les arbres au-dessus de la montagne sainte. {Noé) déposa cesarl'rcs
dans le lieu d'habitation des enfants de Caïn. C'est là (que le Seigneur
leur ordonna) de faire l'arche, d'une longueur de 300 (coudées), d'une
largeur de 50 coudées, et d'une hauteur de 30 coudées; (de faire dans
l'arche une fenêtre, réduite à) une coudée de largeur en haut; de faire
en elle trois demeures, afin qu'il y eût une demeure inférieure pour les
bêtes et pour les animaux, une demeure intermédiaire pour les oiseaux
et pour tout ce qui vole au-dessus de la terre et dans les airs, (F. 20 r" b)
et une demeure supérieure, pour qu'elle fût pour lui, pour sa femme,
pour ses enfants et pour leurs femmes; de faire en elle un réservoir pour
l'eau et des magasins pour les vivres ; de faire une trompette de bois de
Libânos (4), d'une longueur de trois coudées et d'une largeur d'une
(coudée).
Lorsque [Noé) commença à faire l'arche, il sonna de la trompette, tous
les jours, trois fois : (une fois), le matin, afin qu'on se réunît pour le repas
et pour le travail; (une autre fois), le midi, afin qu'on se réunît pour le
repas: (une troisième fois), lorsque le soleil se couchait, afin qu'on retour-
nât à sa maison. Si des gens l'interrogeaient au sujet de son travail, il leur
exposait que le Seigneur enverrait le déluge, et laverait toute la terre.
Pour lui, il fit l'arche, (F. 20 v» a) afin de se sauver en elle, ainsi que ses
enfants. Noé écouta le commandement du Seigneur, et épousa une femme.
(1) /hjKïlA.
(3) Texte : at'^^ -. Mtitrt- de plus, il leur ordonna.
(I) A,nyft.
LITTÉRATURE ÉTHIOPIENNE PSEUDO-CLÉMENTINE. 233
Cent ans après, il engendra trois enfants mâles : le premier s'appela
Sem (1); le second s'appela Cham (2); le troisième s'appela Jnphet (3). Ils
épousèrent les filles de MâtousAIâ. Lorsque Noé eut fini de faire l'arche,
comme le lui avait ordonné le Seigneur, il s'était écoulé 2.000 ans, depuis
que le Seigneur avait créé notre père Adam.
[A suivre.)
Bézancourl, par Gournay-en-Bray, le 28 juin 1911.
Sylvain Grébaut.
(1) i^.V.
(3) fé^R.
L'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE
DE BAR HADBESABBA (1) ARBAIA (2) ET
UNE CONTROVERSE DE THÉODORE DE MOPSUESTE
AVEC LES MACÉDONIENS
Ebedjésus nous apprend que Barhadbesabba, auteur nes-
torien du vi" au vif siècle, a composé une histoire ecclésias-
tique (w>n.f;>mm\n/ ^m) (3). Cette hlstoirc était jusqu'ici regardée
comme perdue. Nous venons de la retrouver dans un manuscrit
récemment acquis par le British Muséum, Or. 6714. Elle est
intitulée M;* ^^^^^o as.u/j ix.»^ nbv^/, in^^^^l Histoires des saints
Pères qui ont été persécutés à cause de ta vérité.
Nous voyons que cette « histoire » ne porte pas le nom
d' « ecclésiastique ». Il n'y a donc plus de motif pour placer
notre auteur à la fin du \\V siècle, puisque la seule raison
donnée par Assémani était que « l'histoire ecclésiastique »,
d'après Amrou, n'avait pas été écrite chez les Nestoriens avant
l'époque de Jésuyahb (f 660). Nous savons d'ailleurs qu'il
était déjà évêque en l'an 605. Son histoire, qui ne lui donne
pas ce titre, et qui se termine par la vie d'Abraham (f 569),
a donc toute chance d'avoir été écrite à la fin du m' siècle.
Cf. ROC, 1906, p. 15 et 6.
Nous avons transcrit aussitôt la seconde partie de cette his-
toire (chap. xix-xxxii) consaci'ée à Théodore de Mopsuestc, Nes-
torius, le premier concile d'Éphèse, Narsa et Abraham son
(1) Ce nom siguilie « (ils du Dimanche >■ et con'cspoiid, dit Assomaui, à
Cyi'iaqiie (chez les Grecs) et à Dominique (chez les Latins).
a, C'est-à-dire • originaire du Beit-'Arbaie ». Voir dan.'i la l'air. Or., t. IV,
son traité sur la cause de la session des écoles.
(3j Assémani, B. ()., l. 111, 1, Ki'J.
l'histoire ecclésiastique. 235
successeur. Nous l'éditons dans la Patrologie Orientale avec
une controverse de Théodore de Mopsueste contre les Macédo-
niens, qui lui fait suite dans le manuscrit. La seconde partie
est en particulier l'une des sources de la légende syriaque de
Nestorius éditée et traduite dans cette revue par M. Brière(l).
Nous éditerons plus tard la première partie qui offre moins
d'intérêt, en voici du moins les titres des chapitres :
Incipit, fol. 101* : P>a-^«>o |«i-vvi> ]i-^ ^^>^O0 oSmI/. \j^^ llova/» iB^^siw. ..aoL
« Ensuite histoires des saints Pères qui ont été persécutés à
cause de la vérité, compilées et composées par l'excellent et
pieux Mar Hadbesabba (2), prêtre et chef interprète de la sainte
école de la ville de Nisibe. »
Fol. 103. Chap. I, dans lequel il nous faut montrer comment
Satan a pu s'élever contre l'église dès son commencement et
quelles sont les ruses qu'il enseigne aux siens.
Fol. 104. Quelles sont les hérésies qui ont déchiré l'église;
quels sont leurs enseignements et quelles sont celles qui ont
corrompu les Livres (saints). 1. Les Sabbaiiens. 2. Les Simo-
niens. 3. Les Marcionites. 4. Les Borboriens. 5. Les Bardesa-
nites. 6. Les Manichéens. 7. Les Pauliniens. 8. Celle des i-.''«^-
9. Les Qouqéens. 10. Les Montanistes. 11. Celle des ^.1^^0:4,.
12. Celle des i^^i^. 13. Celle des ^.^-A:>euï; (ariens). 11. Celle des
Cyrilliens et des Syriens qui disent que le Fils éternel est
devenu chair. — Tout cela semble avoir été repris par Théo-
dore bar Khouni.
(Fol. 106"). Chap. m. Sur Arius; comment il fut amené à cette
erreur, de l'opposition énergique d'Alexandre et des siens.
Pour quelle cause on réunit un concile.
(1) Nous avons traubcni/ aussi, dans un manuscrit récemment acquis par le
BriLisli Muséum (Or. 7160), l'histoire de Nestorius, écrite en vers par le prêtre
Salibà, fils du prêtre David, du village de Mansouriah. D'après un manuscrit
df Berlin, Salibà s'inspire de - Jean •>. Comme nous avons trouvé quelques pas-
sages identiques à ceux que Ms' Scher a tirés de .lean bar Penkayé (Journal
Asiatique], c'est évidemment là le ■• .Jean » visé par le manusciùt de Berlin.
Dans ce cas, Bar Hadbesabba serait l'une des sources de Jean bar Penkayé, qui
est du vii« siècle. La légende syriaque de Nestorius a aussi des passages identi-
ques à certaines phrases de Salîbà.
(2) Dans la finale de l'ouvrage il est anoelé 'Arbaïa, comme nous l'iivnns ccrit
en litre.
236 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
(Fol. 108). Chap. iv. Lettre de l'empereur pour réunir le
concile à Nicée de Bithynie.
(Fol. 108'). Chap. v. Réponse de Siméon le Perse; nombre
des évêques qui se sont réunis (318).
(Fol. 109). Chap. vi. De ce que fit le concile quand il se fut
réuni. Quels sont ceux qui eurent à souffrir de la part des
ariens.
(Fol. 110'). Chap. VII. Sur l'artifice que machina Arius contre
l'Église, après sa première condamnation, et sur la punition
qu'il reçut de Dieu à la prière d'Alexandre de Constantinople.
(P'ol. 111'). Chap. VIII. Histoire des saints Eustathe et Mélèce,
évêques d'Antioche.
(113'). Chap. IX. Histoire dû bienheureux Athanase.
(Fol. 116'). Chap. X. Sur les maux que Georges l'arien fit
subir aux chrétiens d'Alexandrie.
(Fol. 118'). Chap. XI. Sur Eudoxius l'àrien et les maux qu'il
fit endurer aux fidèles d'Antioche.
(Fol. 119'). Chap. XII. Histoire de Grégoire de Néocésarée.
(Fol. 121"). Chap. XIII. Sur l'impie Aétius.
(Fol. 128'). Chap. xiv. Sur l'impie Eunoraius.
(Fol. 130'). Chap. xv. Sur saint Basile, la persécution qu'il
souffrit de la part de Valens et sa mort.
(Fol. 136'). Chap. xvi. Sur Flavien.
(Fol. 139). Chap. xvii. Sur Diodore.
(Fol. 140'). Chap. xviii. Sur Jean (Chrysostome).
Fol. 144' à 178. Chap. xix-xxxii. Théodore de Mopsueste,
Nestorius, Narsès (1) et Abraham « prêtre et interprète des
saints Livres » (2) né, comme Narsès, à Ma'altâ.
Dans le chapitre consacré à Théodore, l'auteur raconte que
les évêques macédoniens n'ayant pas voulu entrer à discussion
avec un simple prêtre, les orthodoxes ont créé Théodore évêque,
la nuit qui a précédé la controverse. C'est cette controverse que
Barhadbesabba lui-même transcrit à la fin de son histoire.
« Dispute que le bienheureux Théodore eut contre les Macé-
doniens dans la ville d'Anazarbe. »
(1) Auteur syrien du v' siècle, le plus célèbre des poètes nestoriens, fondateur
de l'école de Nisibe.
(2) Neveu et successeur de Narsès.
L'HISTOmE ECCLÉSIASTIQUE. 237
C'est nn récit, écrit par Théodore lui-même, plusieurs années
après l'événement. Il adresse ce récit à Patrophile (uso;^), il
ne rapporte pas les paroles échangées « parce qu'elles ont été
trop nombreuses » mais il expose plutôt ses propres théories (1)
(fol. 178-187).
Le ms., in 8°, du ix* au x^ siècle, sur parchemin, est écrit
avec soin, en estranghélo, avec très souvent des points-voyelles
nestoriens (que nous avons remplacés par les voyelles jacobites)
et des signes de lecture. Les premiers et les derniers feuillets
ont disparu. 11 en reste 201 ; les premiers sont consacrés à
Soubhal-moran et Abraham de Nephtar, les derniers à Grégoire
le moine.
Les œuvres de Soubhal-moran (2) comprennent trois traités,
le premier est divisé en 15 chapitres (les deux premiers man-
quent), sur « l'humilité nouvelle que Notre-Seigneur a ensei-
gnée à ses disciples »; l'obéissance, fol. 4'; la patience, fol. (]';
la douceur, fol. 9; le jeûne, fol. 9\ etc.
Le second est intitulé :
« Chapitres de sages avertissements et sur les manières dont
la grâce appelle chacun de nous ». Il y a 22 chapitres, fol. 30-54.
Ensuite, fol. 54 : ^-^aajcoo; j^p ^j, pju/, t»^, ^ o^, p-^; ^:,y ooi
« Autres chapitres du même (Soubhal-moran) : quels doivent
être les rapports des frères lorsqu'ils demeurent avec charité à
l'étranger, soit dans une cellule, soit dans un monastère, soit
n'importe comment; règles et ordonnances pour leur conduite
du dedans et du dehors. » Ces trois traités ne forment d'ailleurs
qu'un tout, car on lit à la fin, au fol. 73' :
y;.ia\ PuoOJi w^po:^ , «,->\; |LâJ^e« (.sCo ^o\jt
« Fin du livre des parcelles (3), composé par Mar Soubhal-
moran.
(1) Ce petit traité n'est pas mentionné par Ebedjésus, dans son catalogue des
ouvrages de Théodore, B. 0., III, I, p. 30.
(2) Ce nom signifie « gloire à Notre-Seigneur ». L'auteur vivait, d'après
Assémani, vers 661; cf. B. 0., III, I, p. 189.
(3) C'était aussi la leçon du manuscrit d'Assémani, loc. cit., note 3, qui a cru,
à tort, devoir la corriger en Uolti^ .. livre des centuries. • Il s'agit bien d'un
ouvrage, composé de « parties » différentes, sans aucun lien entre elles.
238 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Vient ensuite, fol. 73-101 : ^o,;^/ -po. 1-.^:^-. w lq^. itaj-i;^ ^-oi
« Conseils aux frères solitaires de Mar Abraham de Nelfar (1).
Cause de la conduite monacale écrite par lui à un homme qui
la lui demandait. » — M. Simmons prépare une édition de cet
ouvrage, — La fin du manuscrit est occupée par un extrait de
Grégoire le moine, fol. 187, et par un autre extrait, tronqué,
« du septième discours, sur le Saint-Esprit (2) ».
F. Nau.
(1) Auteur antérieur à 630, cf. Assémani, loc. cil., p. 191. Le R. P. Bedjan
en a édité quelques pages à la fin du t. VII des Acta martyrum et, sanctorum.
(2) Les autres mss. syriaques acquis récemment par le British Muséum (une
dizaine) sont ae peu d'importance. Nous en donnerons peut-être prochaine-
ment une notice. Par contre, le British Muséum a acquis beaucoup de mss.
persans, turcs, chinois et même une cinquantaine de mss. coptes dont le
contenu est souvent peu intéressant, car ce sont en général des sermons qui
ont encore moins de valeur chez les Égyptiens — les plus grands menteurs de
la chrétienté, si l'on en juge par leurs romans des martyrs — que dans les
autres littératures; mais il est remarquable que beaucoup de manuscrits sont
complets et datés de la fin du x" siècle; à signaler un ms. d'apocryphes attri-
bués à S. Barthélémy (Or. 6804) et l'apocalypse de S. Jean (Or. 6803). Si l'on
demande ces mss., on répond d'ailleurs que le D^ Budge est occupé à les
transcrire. Il rend ainsi un grand service à tous les savants, en assumant à lui
seul ce fastidieux travail.
CATALOGUE SOMMAIRE
DES MANUSCRITS COPTES
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
{Suite) (l)
IV. — THÉOTOKIES (2)
80
Théotokies {bohaïrique), avec traduction arabe.
1 r. — 54 V. Psalmodie. 55 r. — 232 v. Psallies et théo-
tokies. 233 r. — 277 r. Prières de chaque jour. 277 r.
— 282 V. Profession et symbole de foi.
Ms. de 288 feuillets; 11,5 x 8. Sans date.
Ce manuscrit est coté en chiffres modernes, de 1 à 285 y
compris 72"'% 97"'^ et 170'''* en arabe, au recto des feuillets, de
1 à 292 : il manque les feuillets 5 à 8.
Dans la « psalmodie » la lacune commence avant et finit
après le psaume 50. Le quatrième cantique est précédé de api
npecBeTiij... Les prières de chaque jour ne comportent ni
nemol" iiAnocTOAoc-.. ni îauxachu.-.
Titres arabes, en lettres rouges, cj), i3 et ? n'ont pas de point
dans la boucle. La barre horizontale de t est très large, la
tige forme crochet à gauche.
F. 12. — Séguier. — Coislin. — Saint-Germain, n° 526.
Invent. : Copte 75.
(1) Yoy. ROC, 1910, p. 85, 133, 392; 1911, p. 81, 156.
(2) Sur le livre liturgique de la ihéotokie, voir l'article du P. Mallon. S. J.,
publié dans celte Kevue, tome IX ^1904;, p. 17 à 31.
'240 REVUK DE l'orient CHRÉTIEN.
81
ÏHÉOTOkiEs, Hymnes en l'hoxnelr des Saints [bo/iah'ique ,
avec traduction arabe.
l V. Croix en or et couleurs. 2 r. — 412. Psalmodie.
41 V. — 157 V. Psallies et Tliéotokies pour les sept jours de la
semaine. 157 v. — 17*2. Hymnes pour le Carême (3), le
temps de la Pentecôte, le temps de l'Ascension à la Pentecôte,
et le Jeune des Apôtres. 170 v. — 195 r. Prières du matin,
de minuit, aux Anges, aux Apôtres, aux Martyrs, aux Saints.
Cantique des Anges. Prières du soir. 195 v. — 244 r. Doxo-
logies (^ton BAeoc) en l'honneur de la \'ierge, Michel, Gabriel.
Raphaël, Souriel, les quatre animaux incorporels (2\ les vingt-
quatre vieillards, saint Jean-Baptiste (2), les cent quarante-qua-
tre mille élus, les apôtres, les trois jeunes gens, les saints
Etienne, Georges, Théodore le Siratélate, Mercure, Menas, les
martyrs, Antoine, Paul ermite, Antoine et Paul, Macaire le
Grand, Macaire et ses disciples (^supi). Macaire Tévèque,
Macaire le prêtre, Jean, le prêtre de Scété, Jean le Noir, Pi-
schoï et Paul, Maxime et Domitius, Moyse le Noir, les qua-
rante-neuf martyrs, les solitaires, le prophète Élie, l'évangê-
liste Marc, la Vierge, Sévère d'Antioche, le patriarche. 2-14 r.
— 247 r. Profession de foi. 247 v. — 261 v. Explication
des tliéotokies du samedi et dimanche.
Ms. de 204 feuillets: 2»^ -< 1 1. Daté (261 v. du V Paopi 1234
E. M. [1518 ap. J.-C.].
Ce manuscrit est coté au recto, en lettres rouges, de r [feuil-
let 2] cà Ggr [feuillet 264]; pkh et puA sont comptés deux fois.
Les diverses parties sont précédées d'un ornement en cou-
leurs. Les titres, en lettres rouges, sont tantôt en copte et
tantôt en arabe. Le texte commence par une majuscule ornée,
les alinéas par une majuscule à la marge, rouge ou noire,
rehaussée de rouge. <{>. )) et e portent un point rouge dans la
boucle.
Gaulmin. — Regius, 343.
Incent. : Copte 11.
MANUSCRITS COPTES 241
82
Théotokies, Hymnes et Doxologies, Explication de Théoto-
KiEs ibohairUjue), avec traduction arabe.
2 r. — 40 r. Psalmodie. 41 r. — 135 r. Psaliies et Tliéo-
tjkies pour les sept jours de la semaine. 135 r. — 1G4 v.
Hymnes pour le Carême, le temps de la Pentecôte, etc.. Priè-
res du matin, de minuit, aux Anges, etc. Cantique des Anges
et prière du soir. 1G5 r. — 208 r. Doxologies (ton baoocj,
comme dans le manuscrit 81. 208 r. — 231 r. Profession de
foi et symbole, suivi de l'office du diacre. (La liste des patriar-
ches s'étend jusqu'au 80'' : Gabriel). 231 v. — 212 r. Explica-
tion de la théotokie du samedi.
Ms. de 242 feuillets; 23 x 16. Sans date.
Ce manuscrit est coté en copte, au verso, de ii [feuillet 48] a
cuï. [feuillet 239]. Les feuillets 2 à 40 sont moins anciens que
les autres. Quelques feuillets remplacés; plusieurs autres dont
les bords ont été renforcés avec des fragments d'autres manus-
crits.
Les titres, précédés d'un ornement, sont en lettres rouges.
Chaque pièce commence par une ligne de majuscules suivie
d'une ligne en lettres rouges ou par une seule ligne rouge.
<t>; b et i? portent un point rouge dans la boucle. La barre hori-
zontale de B et de a est très longue, la boucle de <t> est ou-
verte à gauche.
Acquis à Nikiou, par Vansleb, en 1671 (cachet sur cire, note
autographe, p. 212 v.). — Au recto du premier feuillet, sceau
portant les initiales ¥D et une croix à deux croisillons. Au-
dessous : F. 4. — Regius, 333.
lavent. : Copte 22.
83
Théotokies, Doxologies et Hymnes {bohaïrique), avec traduc-
tion arabe.
1 r. Croix en or et couleurs. 2r. — 58 r. Psalmodie avec
intercalation de api npecBïjviii avant le quatrième cantique.
58 V. — 240 r. Psaliies et Théotokies pour les sept jours de la
semaine. 240 v. — 245 v. Prière du matin : Psaume 50.
OIUENT CURÉTIEIf. 16
242 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
2i()i-. — 259 \. (/antique des Anges, avec le Trisagion et le
Pater. 2()()r. — iU.") v. Doxologies, ton baooc ol(Jr. — 327 r.
Hymnes pour le Carême (3) et le temps de la Pentecôte.
;!27 V. — .332 r. Profession de foi et symbole.
Ms. de 332 feuillets; 10,5 x 11,5. Daté (332 v.) du 15
Thùth 1281 E. M. [13 septembre 1505 ap. J.-C.].
Ce ms. est coté au verso, de a h -iwii, avec deux fois ge
(dont un feuillet blanc) et oubli des chiffres ccjK à cqo. Divi-
sion en cahiers. Les feuillets 63 à 05 devraient être placés
après le feuillet 00. Il manque les feuillets ï. et m.
Dans la Théotokie du dimanche est intercalée son interpréta-
tion. Ce codex ne contient pas la seconde doxologie des quatre
animaux, celles des trois jeunes gens, d'Antoine et Paul, de
Jean le prêtre, de .lean le Noir, de Pischoï, de Maxime et Domi-
tius, de Moyse, des quarante-neuf martyrs, de la Vierge et de
Sévère. Avant celle d'Élie, il en comporte une pour les confes-
seurs (nu III HIBOU..)-
Les diverses parties sont précêdt'es d'ornements en couleurs,
en tête du texte et sur la page précédente. Le texte commence
[»ar de grandes majuscules très ornées et une ligne de majus-
cules rehaussées de couleurs diverses. Petites majuscules
rehaussées de rouge. )) et i portent un point rouge dans la
boucle; ({> en a deux.
Saint-Germain des Prés, 526 3.
Invent. : Copte 70.
84
DuxoLOGiEs ET TnKoTOKiEs [holiàiriquc), avec traduction arabe.
164 V. — 160r. Prière arabe. L59 v. — 1 1 1 r. Psalmodie,
depuis le premier cantique de Moyse, avec intercalation avant
les trois derniers psaumes de la prière Api iip(;CB(3viii(: epiii
e^-toii... (sans traduction). 133 v. — 131 r. Hymne acrostiche
Aiucof ii(;n)K j)Hii nyjiii... 13(1 v. — 108 v. Doxologies, ton
liAooc;. 108 r. — 21 v. Théotokies pour les sept jours de la
semaine. 20 v. — 12 r. Hymnes acrostiches aiccotou
tïlllOAJj lITti -f-HKKAHCIA... et AIIIAel- (30Be <t>AICAXI--
P2 r. — 11 r. Sanctus. 10 v. — 1 r. Pièce arabe. Tableau de
concordance des années.
MANUSCRITS COPIES. 243
Ms. de 163 feuillets; 16 x 10. Daté (5r.) du 1" Thôth 1455
E. M. [29 août 1739 ap. J.-C.].
Ce manuscrit commence par la Ln du volume, comme
s'il était écrit en arabe. Il est coté en arabe, de 82 [feuil-
let 164] à 240 [feuillet 4]; en chiffres occidentaux, de 1 à
163, avec omission de 83, de la dernière à la première page.
Dans les Doxologies, il manque la seconde Doxologie des
quatre animaux, celles des trois jeunes gens, de Menas, des
martyrs, de Paul à Maxime le Grand, de Macaire Tévêque à
Marc .
Chaque page est encadrée de rouge; la traduction arabe est
en rouge. Les diverses parties sont précédées d'ornements en
couleurs. Les titres, presque tous en arabe, sont à l'encre
rouge, (f), j) et z portent un point rouge dans la bouclé; c|>
est ouvert à gauche; la queue de z remonte jusqu'à la 'igné
d'écriture.
Invent. : Copte 81.
85
Théotokies et Doxologies {bo/iah^iqiie), avec traduction arabe.
1 r. — 24 V. Psalmodie. 26 r. — 116 r. Psallies et Théoto-
kies pour les sept jours de. la semaine. 117 r. — 123 r. Can-
tique des Anges. 12 Ir. — 149 r. Doxologies (ton BAeoc) en
l'honneur de la Vierge, Michel, Gabriel, Raphaël, Sourie), les
quatre animaux incorporels (ni  wï.toovii...), les vingt-
quatre vieillards, saint Jean-Baptiste (2), les disciples (titre :
(mAAtooTi), les apôtres, les trois jeunes gens, les saints
Etienne, Georges, Théodore le Stratélate, Mercure, les mar-
tyrs (titre : otsujovtc uu), Macaire et ses disciples,
(titre : hioujottc iiiiianoc), les staurophores (titre :
ovGTiJArcorH iiiiiixnoo), Éliele Thesbite, l'évangéliste Marc,
la Vierge et Sévère d'Antioche. 149 r. — 152 v. Deux profes-
sions de foi et symbole. 152 v. — 186 r. Hymnes pour le Ca-
rême (2), le temps de la Pentecôte, etc. 187 r. — 231 v. Doxo-
logies (ton AAAu) en l'honneur de la Vierge (3), Michel (2),
Gabriel (2), Raphaël (2), Souriel, les quatre animaux (2), les
vingt-quatre vieillards (2), saint Jean-Baptiste (2), les Inno-
cents (2)., les apôtres, les trois jeunes gens (2), Etienne (2),
244 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Georges, Théodore (2), Menas, Victor, Philothée, les sept Stra-
télates, les autres martyrs (titre : nceni miiu), Macaire le
Grand, Paul, Antoine, Jean niKo.voBoc, Pischoi, Paul, Maxime
et Domitius, Moyse le Noir, les quarante-neuf martyrs, Elie le
Thesbite, Marc, la Vierge, Sévère d'Antioche. 232 r. — 237 r.
ovcv..Aroc cTvxoc aAAU. 237 r. - 211 v. Synaxe
(cviiAro,.-..), ton aaau. 242 r. - 345 v. Explication
(epueiiia) des Théotokies.
Ms. de 348 feuillets; 25 X 17. Sans date.
Ce manuscrit est coté au verso, en lettres coptes, de r [feuil-
let 1] à T^ [feuillet 3 13] ;_dans la pagination or manque; oa
et ^ ^ et ^, ^1 et ^i sont inscrits sur un même feuil-
let au recto et au verso. Dans la numérotation en chilïres occi-
dentaux, un feuillet a été oublié entre 104 et 105.
Chaque division est précédée d'un ornement en couleurs et ,
au verso du feuillet précédent, d'une rosace. Titres coptes, en
rouge. Le texte commence par une ligne de majuscules, accom-
pagnée d'arabesques à la marge. Grandes majuscules à tête
d'oiseau; petites majuscules en rouge ou en noir rehaussé de
rouge, cl) et 1) ont en général un point rouge dans la boucle.
F. IV. — Saint-Germain, 50.
Invent. : Copte 69.
86
Théotokies, Doxologies et Hymnes {bohairique), avec tra-
duction arabe.
1 V. Croix en couleurs. 2 r. — 21 v. Psalmodie compre-
nant les psaumes 50, 134, 148, 149 et 150, accompagnés de
prières et suivis de la Psallie Aicto-reu eiiicAh... 22 r. —
34 r. Théotokie du samedi. 34 v. — 46 r. Explication de la
Théotokie du samedi. 47 r. — 85 v. Psalmodie, du commen-
cement jusqu'à la Psa^ie des trois jeunes gens inclusivement.
86 r. — 94 v. Psallie api npecBeviii e2pHi extuu ... 94v.
— 98 r. Psallie AiiiAef eeee (1)aica3:i... 98 r. — 218 v. Psal-
lies et Théotokies pour les six premiers jours de la semaine.
Dans la Théotokie du dimanche est intercalée l'explication.
218 V. — 229 v. Psallies diverses : api yAAiii eqn era-
MANUSCRITS COPTES. 245
VA^T .., Aucuiiii iiiAAOG. ., c|)H eTAT3:(|>oq • . • etc. 230 F.
— 254 V. Prière du matin. 2.55 r. — 286 r. Doxologies. 286 r.
— 307 V. Hymnes pour le Carême, le temps de la Pentecôte,
de l'Ascension à la Pentecôte, le Jeûne des apôtres, etc. 308 r.
— 311 r. Profession de foi et symbole. 311 v. — 334 v. Office
du diacre. (La liste des patriarches s'étend jusqu'au 102^ :
Matthieu).
Ms. de 333 feuillets; 21 x 14. Sans date.
Ce manuscrit est coté de r [feuillet IJ à tag [335, feuillet 334] ;
de 1 à 334, avec omission de 172.
Dans les Doxologies, il manque la seconde des quatre ani-
maux, celles de Menas, de Paul, d'Antoine et Paul, de Macaire
le Grand, de Macaire l'évêque aux quarante-neuf martyrs.
Celle des martyrs commence par aha uhiia ntg iii4)aiat;
p. 282 V., ouHi IIIB6II... pour les staurophores.
Les principales divisions sont précédées d'un ornement en
couleurs. Titres en arabe. Le texte commence par une ligne de
majuscules noires rehaussées de rouge et deux lignes en rouge.
4>, i> et 2 portent un point rouge dans la boucle, cj) est ouvert
à droite et à gauche de la tige.
Acquis au Caire, par Vansleb, dont le cachet est empreint
aux feuillets 1 et 334. — Regius, 351.
Inveni. : Copte 35.
87
Théotokies, Doxologies, Canons de la Résurrection {bohaï-
rique), avec traduction arabe.
I r. — 8 V. Divers canons. 9 r. — 22 v. Psalmodie. 23 r.
— 81 r. Psallies et Théotokies pour les sept jours de la semaine.
81 V. — 99 V. Cantique des Anges. Prière du soir. Prière du
matin. 100 r. — 125 r. — Doxologies (ton baooc) en l'hon-
neur de la Vierge; Michel; Gabriel; Raphaël; Souriel; les
quatre animaux incorporels; les vingt-quatre vieillards; saint
Jean-Baptiste (2); les disciples, les apôtres; les saints Etienne,
Georges, Théodore le Stratélate, Mercure, les martyrs (ara
UHIIA iiTe iii<t)AiAT), Antoine, Paul, Antoine et Paul, Ma-
caire (2), Macaire l'évêque, Macaire le prêtre, Jean le Noir,
Pischoï et Paul, Maxime et Domitius, Moyse le Noir, les qua-
246 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
rante-neuf martyrs, la croix, le prophète Élie, révangéliste
Marc, la Vierge, Sévère d'Antiuche. 125 r. — 12G v. Profession
de foi et symbole. 12G v. — 130 v. TemiAv (jtaiiactaoic...,
cvpi yAMiJ..., Teijovee iKUOK..., api iipeciioriii.. .,
cvutuiiii uApeiioiia),''jT fopiAG.., i:38r. — 142r. Psalliedu
dimanche. Fragment delà Théotokie du dimanche (v. iicon.--
et ATuor-f). 142 v. — 144 r. Psallie \eptjiie uapiA f na
picTpioii... 142 r. — 1 19 V. Explication de la Théotokie du
samedi. 150 r. — 153 r. ctureu tu iiAuniipAi-... et coAce.v
iimeKKAHciA... 153 r. — 158 r. Explication de la Théotokie
du dimanche. 158 r. — 170 r. Hymnes pour le Carême (3), le
temps de la Pentecôte, de l'Ascension à la Pentecôte, etc.
170 r. — 202 r. Textes coptes, avec commentaire en arabe;
202 V. — 342 r. Hymnes et Psallies, quelques-unes accompa-
gnées d'une paraphrase en arabe. 393 r. — 346 v. Prières
arabes (apocalypse avec une préface, canons pour les moines,
office du mariage). 393 v. — 401 r. Prières coptes et arabes.
402 V. Note descriptive par Joseph Ascari.
Ms. de 402 feuillets; 20,5 x 14. A la page 352 r., daté de
1326 E. M. [leiOap. J.-C.].
Ce manuscrit est formé de plusieurs parties différentes d'ori-
gine. — Cachet de Peiresc. — n"" 3. — Delamarre, 581. —
Regius, 3423.
Invent. : Copte 34.
88
Théotokies et Doxologies {bohaïriqué).
1. Titre en arabe. Psaume et fragment de saint Matthieu.
2 r. — 5 V. X^kidl : fm du 5", 6" à 9^ 6 r. — 18 r. Alléluia
acéphale, suivi de la traduction arabe. 18 v. — 28 v. Psallie
A noc eporpoT Aqf iiotcai... 1" cantique de Moïse et
Psallie 1)611 ov^toT... 29 r. — 40 v Psallie aaau gti
eqoi... etAutuiiii THpoij uc|)oov...; Théotokie du lundi.
40 v. — 41 V. yvjcH IJIB6IJ GTeccopeu... 42 r. — 58 r.
Psallies aiioii eton ne., et Apee epoi nANovf..; Théoto-
kie du mardi, et AcuByy sur la dernière division. 58 v. — 66 v.
Psallie Ape 2uot; second cantique (ps. 135); Psallie uApe-
MANUSCRITS COPTES. 247
iiovtoiie et .\oB,"> sur celte Psaliie. (u r. — 83 r. Psallits
A iiiovpo lira iii(|)ii()vi... et Ai(-p etJAriic-.. ; Tliéotokie
du mercredi. 83 v. — 98 r. Psaliie a <|)f ca.xi...; Tliéotokie
du jeudi. 98 y. — 109 v. Psaliie AK,"j(;nj)ici... ; troisième
cantique (cantique (les trois jeunes gens); Psallies Api m/a.\ii
(sic) (illl (iTA'iA,"J(| .., TOIICilHOGeiI f3IIOGIA..., TGII()^•6^
iicoK... 110 r. — 117 V. Api npc-cBovii oepui (]:xa)ii..-
118 V. — 127 V. Psaliie aiidk J)a ni:vtuB upA(|Kpiioi>i... ;
Tliéotokie du vendredi et acob^'j sur la dernière division.
128 •. — IIG r. Psaliie aikuiiii riipov ))eii ()vcri,"j,"j(()ov... ;
Tliéotokie du samedi; Psaliie aiiok J)a fiimiob iiaaa\ictoo...
intercalée avant la dernière division de la Tliéotokie. 146 v.
151 V. Psallies Api yAAii (sic) iioc (\^f imakiob... ; psaumes
1 18, 1 19 et 150. 155 r. — 203 v. Psallies aiija2oc 1m-ii
ovA'oii... et AiK(o4" iitMOK...; Théotokie du dimanche avec
intercalation de l'explicalion. -204 r. — 207. Doxologies
pour le mois de Thoiak : npo ncnxc.ex iifnA p... kh i-Ap
Ai,"j(3iioAAi..., MiArreAoo iirABpiHA A(|2i,'y(niiiovqi...
l'ABpillA niAITeAOC
Ms. de -207 feuillets; "21 x 14,5. Sans date.
Ce manuscrit est coté au verso, kt- [feuillet 2|; aa à [\r]
|feuillets 3 à 5]; u à cur [feuillets 6 à 207]; pKB et pui-, pKA
et pKG sont sur un même feuillet; il manque pu et pu a est
compté deux fois. 149 [ce] est à placer après 170; 150[pqfe"']
api'ès 162. La pagination moderne, de 1 à 208, ne comporte
pas le (diiffre 22. Les principales divisions sont précédées
d'un (•rnement en couleurs. Les titres sont tantôt en arabe et
tantôt en copte. Le texte commence par une ligne de majuscules
noires suivies d'une ligne de lettres rouges. (|), j) et z portent
un point rouge dans la boucle, cj) n'est pas fermé à gauche et
sa tige est coupée par une barre horizontale; tv a une longue
queue; celle de ,"j se recourbe à droite.
Don de la Mission du Caire.
Invent. : Copte 128.
248 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
89
DoxoLOGiES ET Hymnes {boliairique).
Ms. de 37 feuillets; 16,5 x 11. Il s'y trouve au moins quatre
écritures différentes.
Invent. : Copte 87.
90
Explication des Théotokies et Hymnes {boliairique).
1 V. — 41 r. Explication (epunuia) des Théotokies des jours
de la semaine, en ton aaau pour les dimanche, lundi et mardi,
en BABOG pour les quatre autres jours. 41 v. — 53 r. Hym-
nes de réunion (orcTWArturH), en ton baooc et ton aAau-
53 V. — 55 r. Psallie aixtoBe uuok naiiovl-... 55 v. —
59 r. Explication de la Théotokiedu dimanche, en ton aaau-
59 r. — 59 V. Psallie incomplète en ton aaau : f uAKCjuf-
TïcajK nxc... 60. — 66. Fragments de Théotokies.
Ms. de 66 feuillets; 25 x 17; 24 lignes de 22 à 26 lettres.
D'après la note finale (66 v.), il fut achevé en 1364 E. M. [1648
ap. J.-C.]. Il est écrit par trois mains différentes; à la fin de la
première partie (41 r.), une note arabe est accompagnée de la
date 1014 E. M. [1298 ap. J.-C] qui se rapporte probablement
au codex sur lequel celui-ci a été copié.
Ce manuscrit est coté, au verso, de coa [271 ^ feuillet I] à
TKB [429 = feuillet 59]; le feuillet 60 est coté tap; 64 et 65
portent la traduction arabe.
Les titres, écrits à l'encre rouge, sont accompagnés de la
traduction arabe. Les alinéas sont indiqués par une majuscule,
à la marge, rehaussée de rouge ou par trois traits verticaux,
deux noirs séparés par un rouge, b et et) portent un point rouge
dans la boucle; les abréviations sont surmontées d'un point
rouge que traverse un trait noir horizontal; les points de divi-
sion sont indiqués par le signe •'j,-, en rouge.
Acquis par Vansleb, dont le cachet sur cire est empreint aux
pages 12 et 66 r. — Regius, 338 ^.
Invent. : Copte 23.
{A suivre.)
L. Delaporte.
HISTOIRE DU COUVENT
DE RABBAN HORMIZD
DE 1808 A 1832
{Suite) (1)
Année 1829.
Au bout de plusieurs jours, Màr Jean, voyant que les biens du couvent
ne lui étaient pas révélés, alla directement au village de Dehok trouver
le gouverneur. Il ne s'arrêta dans aucun endroit et dans aucune maison,
mais il alla directement trouver le gouverneur et dès son arrivée il lui
dit : « Vous n'avez pas encore frappé le prêtre Jean et son compagnon.
Ne vous ai-je pas fait dire : Frappez-les trois fois par jour? Pourquoi
ne les avez-vous pas frappés, puisqu'ils ne m'ont rien montré des biens
du couvent. Maintenant, à cette heure même, je veux que vous les lapi-
diez. » L'officier du gouverneur donna un ordre à ce moment même et
dit à ses serviteurs : « Allez, faites-les sortir dehors et lapidez-les à coups
de pierres. » Les serviteurs sortirent en grand nombre en tenant chacun
une pierre et un bâton à la main et il se rassembla beaucoup de monde
pour voir ce qui allait se passer. Une fois arrivés à la maison où était
enfermé le père Jean, les serviteurs donnèrent alors ordre et dirent
aux gardiens : « Faites-les sortir dehors pour que nous les lapidions. »
Et ils les firent sortir dehors.
Cependant, comme ils les faisaient sortir, éclata la miséricorde de. Dieu
qui ne délaisse pas ses serviteurs et ne les abandonne pas au temps de
la tribulation. En effet, avant que Mâr Jean vînt trouver le gouverneur,
il y avait un certain homme chef du village de Bêrsëbê, village de catho-
liques, et ce catholique nommé Mansourzizâ était l'ami de Mâr Jean. Cet
homme était venu trouver le gouverneur pour ses affaires. Après que
Mâr Jean fut venu trouver le gouverneur et lui eut demandé de frapper
le père Jean, ce catholique supplia Mâr Jean de ne pas faire cette action
insensée : « Par suite de cette grande injustice nous éprouverons, toi et
nous tous les chrétiens, du déshonneur et du mépris et nous serons un
objet de moquerie pour tous païens et juifs. » Mais Mâr Jean ne fît pas
attention à ses paroles. Quand l'affaire fut terminée devant l'officier du
gouverneur et que ce dernier donna ordre de les lapider, (Mansourzizâ)
( voulut se lever; (mais) Mâr Jean prit sa main et il ne le laissa pas se
I lever. Celui-ci retira sa main violemment, sans crainte, parce qu'il était
', (1) Voy. ROC, i910 et 1911.
250 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
libre avec lui et avec l'officier ; il s'enfuit avec beaucoup de force et il
atteignit les (serviteurs) au moment où les gardiens faisaient sortir le père
Jean et son compagnon afin de les lapider; il les retint tous et dit aux
serviteurs : « Je n'accepte pas que l'un de vous les frappe en quoi
que ce soit, avant que je sois allé trouver Sâhin agha. » Il alla le trouver
et le pria de leur défendre de les lapider. Il dit au métropolitain Jean :
« Toi, tu demandes ce qui appartient au couvent; accepte-le de ma part,
je vais aller m'entendre avec les moines; s'ils ne te montrent pas ce qui
appartient au couvent, fais-leur ce que tu voudras. N'as-tu pas peur de
Dieu? Quelques païens m'ont dit : Moi je ne donnerais pas ordre de les
frapper si le métropolitain Jean ne me le disait pas. » Il extorqua la
permission de Sâhln aghâ et étant retourné trouver les serviteurs réunis
pour les frapper, il dit aux serviteurs : « Sahîn âgha a donné ordre de
ne pas les frapper; allez et dispersez-vous. » Un des fils des officiers
frappa le père Jean de colère avec un bâton, ils se dispersèrent et s'en
allèrent tous et ils firent entrer le père Jean à l'intérieur. (Le catholique
Mansourzlzà) s'entretint avec le père et lui dit : « A quoi vous servira
ce qui appartient au couvent lorsqu'ils vous auront lapidés"' Révélez-ie
au métropolitain Jean. » Le père Jean lui répondit : « Il sait lui-même
également dans quelle maison d'Alqô.s et che*!, qui il se trouve, mais
il ne peut pas entrer en relations avec celui-ci. » Cet homme lui dit :
« Écris aux frères de le remettre au métropolitain Jean. » Le père Jean
lui répondit : « Bien. » Il y avait aussi en prison, en même temps que le
père, le prêtre et le diacre du village qui faisaient partie du couvent.
Mar Jean les avait également mis en prison parce qu'ils étaient en union
avec le couvent et qu'ils n'approuvaient ni lui-même ni les moines qui
étaient chez lui. Cependant, grâce à la prière des chefs qui hrent beau-
coup de démarches en sa faveur et donnèrent de l'argent au gouverneur,
ils enlevèrent les chaînes (à ce prêtre) et '" firent sortir de prison ainsi
que le diacre. Le père Jean et le frère Joachim firent leurs recomman-
dations à ces deux frères, à savoir le prêtre et le diacre, et leur dirent :
« Faites bien attention à ne pas leur montrer l'argent, mais seulement
les vivres, les vêtements, les provisions de Tannée et même cela, autant
que vous le pourrez, cachez-le leur. » Ceux-ci rapportèrent ces paroles
aux frères qui connaissaient les biens du couvent.
Mar Jean revint à Alqôs avec ces deux frères. Ce prêtre dit aux frères
qui par crainte étaient cachés dans Alqôs : t Le père Jean m'a dit : Va
dire aux frères de tout remettre. » Et ils n'ajoutèrent pas foi à sa parole.
Quand Mar Jean fut arrivé à Alqôs, les frères qui étaient chez lui lui
donnèrent des renseignements et des indications pour saisir quelques-uns
de ceux qui connaissaient les biens du couvent. Le raïs et les hommes
de Mar Jean allèrent à leur recherche et les trouvèrent cachés dans
les maisons; ils saisirent trois frères, le frère Eusèbe et Sam'ounâ(l), et
leur mirent des liens aux pieds. Mâr Jean ordonna alors au raïs, et à ses
officiers ainsi qu'à ses propres hommes de parcourir le village et de faire
(1) II manque ici un nom propre.
HniOIRE DU COUVENT DE RABBAN IIORMIZD, 251
sortir les biens du couvent. Ces hommes employèrent les menaces et
répandirent la frayeui parmi les frères en proférant de terribles malédic-
tions ; quelques frères qui étaient timides et pusillanimes révélèrent ce qu'ils
connaissaient, et de plus, comme (nommes de Mâr Jean), ils allaient de
maison en maison et d'endroit en endroit; beaucoup furent ébranlés, même
parmi les autres frères. Les frères qui étaient auprès de Mâr Jean, voyant
qu'ils apportaient les biens du couvent et sachant que les frères du cou-
vent ne montraient pas tout, exhortaient davantage Mâr Jean à montrer
plus d'empre.ssement à rechercher ce qui appartenait au couvent. Alors
le raïs du village et les hommes de Mâr Jean se mirent à parcourir le
village et à chercher dans les maisons; ils répandirent la frayeur même
parmi les habitants d'Alqôs et ils firent sortir tout le bien du couvent
qui se trouvait dans Alqôs : toutes les provisions de Tannée comme le
blé, l'orge, le sésame, les légumes secs, le lin, le beurre, le sainfoin,
les vêtements de la communauté, les habits, tous les lits et matelas de
tous les frères, tous les objets de l'église, les livres de prières, tous les cali-
ces et patènes, les encensoirs, la cire, les nappes, les chandeliers, tous les
livres du couvent, tous les ornements des prêtres et des diacres, une mule
(l^jQjj = injjouo?) du couvent, un grand calice dans lequel il y avait des
objets en argent et en or comme des vases, des verrous, des ceintures,
des présents (?) qui étaient des ex-votos offerts à l'occasion de la peste,
et deux coffrets (pleins) d'argent, dont l'un contenait de la monnaie en
or ; tous les objets qui étaient à Alqôs, ils les firent sortir ainsi qu'une quan-
tité de volailles et de vêtements qu'on avait apportés pendant la peste. Toute
la monnaie d'argent et d'or et tous les objets en argent et en or, Mâr Jean
les cacha chez lui; et il ne laissait voir que les autres objets qui n'a-
vaient pas de valeur à ses yeux; mais (ce qui était précieux) il ne voulait
pas le montrer même aux moines de son entourage. Chacun emportait ce
qu'il pouvait et le cachait à son semblable, Mâr Jean pour lui-même, ses
hommes pour eux-mêmes, ses propres moines aussi pour eux-mêmes
et chacun pour soi-même. De même aussi parmi les habitants d'Alqôs
qui avaient chez eux quelque bien du couvent, chacun cachait et ne
montrait pas ce qu'il avait lorsque c'était possible et que personne ne
le savait, car il pensait que, si le métropolitain Jean ou les moines qui
étaient descendus (du couvent) l'emportait, ce serait perdu pour lui,
quoique cela lui appartînt et non pas à eux.
Après avoir tout emporté, Mâr Jean descendit une autre fois à Mossoul
et il accusa de nouveau Mâr Joseph auprès du gouverneur, en lui disant :
« Il y a chez lui un coffret d'or (1). » Le gouverneur fit venir Mâr Joseph
et lui dit : t Livre le coffret d'or qui est chez toi, autrement je t'infligerai
de durs traitements. » Mâr Joseph lui répondit et lui dit : « Il n'y a chez
moi ni coffret d'or ni coffret d'argent; fais-moi ce que tu voudras. >
Le gouverneur donna ordre de le torturer avec de lourds instruments
de fer et on le tortura beaucoup. Mâr Jean fit encore des dons impor-
(1) cf. supra, p. 127, où il s'agit d'un colfrel rempli d'argent, et non d'une chaîne en
argent.
252 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
tants au gouverneur afin que celui-ci fît sortir (Mar Joseph) du village
et qu'il l'envoyât dans des villes étrangères. Mais, bien que le gouver-
neur eût reçu confirmation qu'il n'y avait rien chez Mar Joseph et que
tout ce qu'avait dit Mar Jean n'était que mensonge et fausseté, il montra
extérieurement qu'il tiendrait sa parole et qu'il le ferait sortir de la ville,
afin de recevoir par là l'argent que (Mâr Jean) lui avait promis; c'est
pourquoi il lui déclara qu'il le ferait sortir de la ville aujourd'hui ou
demain. Mâr Jean rechercha encore dans Mossoul les biens du couvent,
parce qu'on lui avait dit : « Il y a des biens du couvent dans la ville. »
Aussi fit-il des recherches et des enquêtes et il ne trouva rien. Quand
le gouverneur lui eut confirmé qu'il le ferait sortir de la ville aujourd'hui
ou demain, (Mâr Jean) monta à Alqôs. Mâr Joseph resta en prison en
endurant des tourments par ordre du gouverneur; mais Dieu lui fit
trouver miséricorde devant le chef de la prison, qui l'aimait et ne le
tourmentait que de manière à ne pas transgresser et à ne pas fouler aux
pieds l'ordre du gouverneur. De même le père Jean trouva grâce devant
le chef de la prison, qui l'aimait beaucoup. (Le chef de la prison) leur
venait en aide toutes les fois qu'ils avaient faim ; il voyait en effet que
certains hommes venaient visiter les autres prisonniers et que personne
ne regardait ces deux moines.
Après avoir pris tout ce qui appartenait au couvent, Mâr Jean ne re-
tourna trouver ni le gouverneur de 'Amâdya ni le gouverneur de Mossoul.
11 leur avait promis en effet beaucoup d'argent et toutes les fois que
ces derniers l'envoyaient chercher, il leur donnait une excuse et ne se
dérangeait pas; et jamais il ne retourna auprès de l'un ou de l'autre.
Lorsqu'il eut pris l'église supérieure de Mâr Mïkâ, ses propres moines s'y
rendirent et y demeurèrent, bien que leur conscience le leur reprochât.
Le gouverneur emmena avec lui le père Jean, en lui laissant ses liens
et ses chaînes au cou, dans tous les lieux et les villages où il allait, et
il le conduisit jusqu'à Zâkho. 11 s'écoula beaucoup de temps et le père
Jean resta enchaîné pendant un espace de quatre mois environ. Le
bruit se répandit à Alqôs que l'un des prisonniers était mort; les prin-
cipaux habitants du village se réunirent et, après être allés trouver Mâr
Jean, ils lui demandèrent d'écrire et d'envoyer une lettre au gouverneur
â Zâkho, afin qu'il leur rendit la liberté. Mâr Jean écrivit une lettre et
l'envoya par un messager qui la porta à Zâkho. Le chef de la prison
apprit qu'un messager était venu de la part du métropolitain Jean et
qu'il avait apporté une lettre au gouverneur, afin qu'il leur rendit la
liberté. Ce chef de la prison, comme nous l'avons dit plus haut, aimait
beaucoup les deux moines, et il vint leur donner des nouvelles. Le mes-
sager alla également trouver le père Jean et lui annonça qu'il avait
apporté une lettre au gouverneur, afin qu'il leur rendît la liberté, et à
cette nouvelle ils se réjouirent. Le chef de la prison dit au père Jean :
« Je vais aller au repas et je serai présent au moment de la lecture
de la lettre afin d'apprendre ce qui s'y trouve. » Après y être allé et
avoir assisté au repas, on lut la lettre au gouverneur et on vit que dans
cette lettre il était écrit en ces termes : « Sachez que jusqu'à présent
HISTOIRE DU COUVENT DE RABBAN HORMIZD. 253
(Màr Joseph) ne m'a rien remis des biens du couvent : aussi jetez-les
dans le fleuve. » Le gouverneur donna sur-le-champ l'ordre suivant :
c Demain remplissez leurs seins de pierres et jetez-les dans le fleuve
pour les noyer. » Quand le repas fut terminé, le chef de la prison se
leva, accablé de tristesse et le visage transformé par suite de la grande
souffrance qu'il éprouvait à leur sujet, et il arriva à la prison le visage
empreint de tristesse. Dès que le père Jean et le frère Joachim virent
que son visage était changé et qu'il n'était plus comme hier où il leur
donnait des marques de joie et d'affection selon sa coutume, le père Jean
et le frère Joachim se mirent alors à lui demander de leur dire : « Qu'as-tu
appris par cette lettre? Pourquoi es-tu dans la peine et n'es-tu plus
comme hier? » Comme ils l'interrogeaient sans qu'il voulût répondre,
ils l'importunèrent beaucoup; et il leur dit : « Le gouverneur a donné
ordre que nous vous jetions demain dans le fleuve pour vous noyer.
Dans la lettre qu'a envoyée le métropolitain Jean, il était en effet écrit
en ces termes : Jetez-les dans le fleuve, parce qu'il ne m'a rien remis
des biens du couvent. » Ils lui dirent : « Que ce soit le nom du Seigneur;
nous n'avons personne en dehors de lui. » Le père Jean dit alors au
frère Joachim*: « Confesse tes péchés, moi j'aurai également une con-
trition parfaite et nous nous remettrons entre les mains de Dieu. Vive
cependant la miséricorde de Dieu qui ne délaisse pas ses serviteurs, au
moment des tribulations et des angoisses. »
A cause du père Jean, le chef de la prison dont nous avons parlé avait
envoyé son serviteur pour aller voir les hommes de sa maison jusqu'au
village de Dêhôk et pour y apprendre les nouvelles et les bruits nouveaux.
Après être arrivé au village de Dêhok, ce serviteur alla trouver un ami
chrétien de son maître et il prit auprès de lui des renseignements sur le
gouverneur de Mossoul et sur le métropolitain Jean. Ce chrétien nommé
Sabô lui dit : « Est-ce que vous n'avez absolument rien appris? » —
« Non », lui répondit ce serviteur. — . Le métropolitain Jean, ajouta Sâbù,
a pris tous les biens du couvent, et il n'est resté aux moines pas même un
fil ; il est descendu à Mossoul auprès du gouverneur et il lui a donné dix
sacs d'argent; puis il est remonté et il demeure dans sa maison. Il ne vous
craint aucunement, il n'ira pas vous trouver et il ne saura pas où vous
êtes. > Le serviteur revint trouver son maître le jour même où le gouverneur
avait donné l'ordre de jeter dans le fleuve le père Jean et le frère Joachim.
Dès que le serviteur fut arrivé, son maître lui demanda les nouvelles
qu'il avait apprises, et celui-ci lui rapporta tout ce qu'il avait appris en
route et ce que lui avait dit Sâbo. A l'instant même le chef de la prison
se leva en entendant cela, il alla au repas et il se mit à le rapporter
rapidement devant le gouverneur et tous les grands réunis en leur
disant : t Mon serviteur vient d'arriver du village de Dêhok et voici ce
qu'il m'a raconté de la bouche de Sabo qui a dit à mon serviteur : Le
métropolitain Jean a pris aux moines tous les biens du couvent et il n'est
resté entre leurs mains pas même une obole; il est descendu auprès
du gouverneur de Mossoul et il lui a donné dix sacs d'argent; puis il
est remonté et il demeure dans sa maison. Il ne vous craint aucunement,
254 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
et il n'ira pas vous trouver. Examinez maintenant si c'est de la justice
de votre part d'avoir décrété contre ces hommes de les jeter à l'eau et
de les noyer, alors qu'ils n'ont pas commis de faute et que le métropo-
litain Jean a pris leurs biens. Voici je les ai aimés dans la prison, parce
que, depuis le jour où vous les avez pris jusqu'aujourd'hui, je n'ai vu
personne qui soit venu les visiter comme les autres prisonniers. » Après
avoir entendu ces paroles, le gouverneur dit aussitôt : < Allez et mettez -
les en liberté. Pour moi, s'il vient à tomber une fois entre mes mains,
je sais bien ce que je ferai au métropolitain Jean. » En entendant cela,
les grands ne donnèrent pas leur approbation, mais ils dirent au gouver-
neur : « Qu'ils restent encore cette fois, jusqu'à ce (jue nous allions
au village de Manguêsë. Mais si le métropolitain Jean vient nous trouver,
nous le saisirons à leur place, et eux nous les mettrons en liberté; et s'il
ne vient pas, nous les 'mettrons également en liberté; car s'il apprend
que nous les avons mis en liberté, il ne viendra pas non plus nous
trouver. » Le gouverneur alors dit : « Qu'ils restent, toutefois ne leur
faites pas de mal, laissez-les et ne leur causez pas d'injustice. »
Pendant tout le temps qu'ils restèrent à Zakhû, il s'y trouvait un chré-
tien de Mossoul qui prenait soin d'eux pour l'entretien et la nourriture.
Les frères du couvent venaient demander des couvertures au métro-
politain Jean et c'est à peine s'il leur en donnait. Quelques frères de-
meurèrent dans la maison des frères du métropolitain Jean pendant
dix jours. Chez ces frères du métropolitain Jean le reproche de la cons-
cience augmenta, il y eut de la division parmi eux, ainsi que nous
l'avons dit plus haut, ils se mirent à murmurer les uns contre les autres
et à dire : « Si nous avions su que cela se fût passé ainsi, nous ne serions
pas descendus du couvent. » L'un d'eux sortit et alla au village avec
la pensée que, quand le père Jean sortirait de prison, il l'accompagne-
rait; mais les autres restèrent dans l'église de Mâr Mika. Quand ils allaient
demander pour eux de la nourriture au métropolitain Jean, celui-ci les
reprenait en disant : « Est-ce que je suis chargé de vous nourrir; allez
et nourrissez-vous vous-mêmes. » Comme ils ressentaient vivement leurs
douleurs, ils commencèrent alors à écrire en secret à Mâr Joseph tandis
(ju'il se trouvait en prison ; ils lui offraient leur pénitence et (cependant)
ils ne pouvaient pas se détourner de Mâr Jean publi(iuement, de peur
qu'il ne leur arrivât malneur.
Le gouverneur partit de Zâkhr» et alla au village de Manguesè. Il y
avait là un chrétien qui était l'ami du gouverneur et il le pria avec ins-
tance de relâcher le père Jean. Le gouverneur demanda qu'on lui pré-
sentât cinquante guërkïye et (il s'engagea) à le relâcher. On emprunta
à un particulier cinquante guèrkiyo et on les remit au gouverneur, et
celui-ci relâcha le père Jean et le frère Joachim au milieu d'un grande
joie. Le frère Joachim alla trouver un prêtre du couvent qui se trouvait
dans le village d'Arden situé au-dessus de Manguêsë, emporta de chez
lui cinquante guërklyë et les rendit à celui qui les leur avait prêtés.
{A suivre.) M. Brière.
APERÇU
SUR
LES MIRACLES DE NOTRE-SEIGNEUR
W Graftin, sur les indications de M. Tabbé Nau, nous a
envoyé de très belles photographies des mss. dWbbadie n"' 168
et 226, désignés sous la rubrique de Miracles de Xoire-Sei-
gneur (1), afin d'en préparer l'édition pour la Patrologie orien-
tale.
L'étendue du sujet, décelant une compilation assez vaste, le
l)on état du texte étliiopien actuel, qui a chance d'être une tra-
duction de l'arabe (2), l'unité relative de l'ouvrage (recueil de
traditions concernant le Christ), la richesse et la variété des
détails donnent de l'importance à ces manuscrits, qui peuvent
être considérés comme un type caractéristique de la littérature
des Apocryphes, et aussi, sous un certain rapport, comme étant
tributaires des Apocalypses (3).
Les mss. 168 et 226, que nous désignons par A et B, sont
identiques. Le scribe éthiopien les a divisés en 12 Miracles,
auxquels s'ajoutent, comme supplément, les récits de la Pen-
tecôte et des premiers événements du christianisme, et la
fameuse légende (ïAbgar, roi cVEdesse (4).
(1) Le titre complet est donné avec Vincipil. Cf. infra, p. 250.
{■2) Ou, du moins, le compilateur éthiopien s'est inspiré de récits, écrits en
arahe.
(.3) Les Mit^tclex de Xotre-Sclr/neur seront un document utile pour une étutlc
d'ensemble, qui n'est pas encore faite, sur la littérature des Apocryphes et des
Apocalypses.
I 1) Voici comment M. d'Abbadie décrit ces deux mss. : .. 168. Taammera Yasus.
x'it sur 'J-'j, reliure vieille et médiocre à dos refaits, carrés de damas rouge,
malidai' en mauvais état, écriture médiocre, espacée et en deux coloimes, 1.31 feuil-
lets, dont l blanc. Cet ouvrage renferme des traditions quelquefois apocryphes
sur Noti-e-Seigneur. est divisé en quai'ante-deux Miracles et contient vers la tin
le Livre du Coq (voy. n" 11) et l'histoiiv de la Passion. — 2Jr,. Taammera Yasus.
•256 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Incipit : flft#w» : ^^fl : fliflïAJt •• oum'id.îx : ^.Ç.f| : bh9°
\\cMi\ • n^hi- ■ T.PO' • evA- ■ (2) rt\^ • ¥*<- • ... (3) a
«/A/w : ^A9" • h'^l ■••• 11^* •■ 5^/*'m.C • i\T/\h*P^ • WilC '•
iijjntro i 4»X'fli' •■ '>^'> ••:: B fol. 2 r° a (A fol. 1 r" a). Au nom
du Père, du Fils et du Saint-Esprit, un seul Dieu. Miracles
<iue fit Xotre-Seigneur et Notre-Sauveur Jésus-Christ. Que la
bénédiction de sa grâce soit avec son cher... pour les siècles
des siècles! Amen. C'est le mystère divin que Notre-Seigneur
et Notre-Sauveur Jésus-Christ a exposé à son disciple et à
son apôtre Jean, fils de Zébédée. {Cet exposé eut lieu) avant
C Ascension de Notre-Seigneur et Notre-Sauveur Jésus-
Christ dans les deux, lui qui 7i'a pas été séparé de son Père
et de VEsprit-Saint, pas même une heure, ni un instant (4).
A (n" 1(38; 131 feuillets : 1 blanc) est plus ancien et plus
complet que B. Il contient deux appendices, qui ne se trouvent
pas dans B : le Livre du Coq (5) (oof^-gli^ : ^Clf •• H^^ifl
151 sur 21, malidai' et difat de nias en bon état, reliure fraîche et moderne, écri-
ture guilii sur deux colonnes. Cet ouvrage raconte en 42 Miracles ou chapi-
tres les événements de la vie de Notre-Seigneur, en y mêlant quelques apo-
cryphes. Il est orné de 21 grandes figures enluminées et se compose de 114 feuil-
lets, dont trois blancs. » Cf. Catalogue raisonné de manuscrils éthiopiens appar-
ieaanl à A. d'Abbadie, Paris, 1859, p. 176 et 219.
(1) A add. athf^'WÙ et notre Dieu. Dans rûici/>i7, A fait la même addition trois
autres fois, après '^'HïOù Notre-Seigneur. — Nous avons préféré citer ici B, car
dans B il y a des espaces blancs pour les noms propres, alors que dans A les
noms propres, mis en surcharge, sont illisibles sur la photographie.
(2) A fOA'.
(3) Espace blanc dans B.
(4) Le Brilish Muséum possède au moins 17 mss. des Miracles de Notre-Sei-
gnour (n°' 62 à 75, 02, 272, 288); les mss. sont du xvnp siècle, hors un, qui est
(le la lin du xvu^ Ils renferment en général 42 Miracles, hors les n-' 71 (40 mi-
racles); 72 et ',)2 (41 mir.); 272 (44 mir.); et 68 (47 mir.). Les mss. 69 et 71 ren-
ferment aussi l'histoire d'Abgar. L'introduction, éditée par Wright d'après le
lus. 67, est en substance la même que dans nos manuscrits. Cf. W. Wright,
(.'alalogue of the cthiopic manuscripts, Londres, 1877, p. 43.
(5) [J'ai signalé le premier cet apocryphe, ROC, 1904, p. 613-614, sans indiquer
LRS MIRACIJOS DE XOTRE-SEICiNEUR. '257
C07, r/id spva lu à r office du jeudi à six heures du soir) (1)
(fol. 1 1 1 V" a :i fol. 1 19 v° a), et VHistoire de la Passion (jr-Jfl
'fl •■ n^/C-ii : m.H. : rrt*}'!- : Lecture du vendredi à trois
heures) (fol. il!) v" a à fol. 129 r b). Il paraît avoir eu deux
possesseurs, comme l'indiquent les surcharges des noms propres
aux bénédictions (2). Le second possesseur, un cerlain Wa/da-
Wùhed (oïA^ -• <PAJ^"), aurait acheté ce manuscrit, pour en
faire don au monastère da Dabra-Giyorgis (^'fl^ .- XP-CT.
Il) (3). Ce personnage, en inscrivant son nom et parfois ceux
de son épouse, de son père et de sa mère, en sus ou à la place
du nom de lancien possesseur, a rendu souvent les caractères
illisibles. -Desinit A.^n ■ -na^--^- : MrU-fJrh.C .• h-fi s
'W ' K^ù-d ■■ YiCM-fti : h^ : l'Tnvfi^ •■ ctii- - rtià • 4»?.
fl^h • A.-/' : A:VTh • l-tïCh : (DAA : ^/hR' : ... (4) A^A
'w •• 'iHr • h*^-} :•: 0 Père des Lumières, Seigneur Père,
je me suis mis sous la protection de ton F ils Unique, Notre-
Seigneur, Notre-Dieu et Notre-Sauveur Jésus-ChrisI, afin
que tu me donnes ma part d'héritage avec tes saints, à moi,
pécheur, ton serviteur Walda-Wàhed ... pour les siècles des
siècles. Amen (fol. 129 v" 1)).
B (n" 220: 111 feuillets : 3 blancs), d'une facture récente,
est illustré de maintes images d'une expression naïve et d'un
art rudimentaire. Nous les signalerons, au fur et à mesure
la source, pour résorvor le sujet à l'un de mes ainis. Peu après, j'ai mis le
ms. d'Abbaclie, n- 11, on mains au Pore Cliaine, de passage alors à la Biblio-
thèque Xationalo. Le Père Chaino semble avoir cdit(' lapocryplie (.Mazliafa
Dorho) d'aj)rès ce seul manuscrit, /ievue sémilir/ne, l'.MC. F. X.\u].
(1) M. à m. : jour, midi, d'où aprrs-midi.
{■■i) Nous appelons béncdiiliim [ÇilM^-] la foi'mule où lo seribe, au commence-
ment ou à la fm do chaque partie du ms., implore la grâce du Seigneur sur le
possesseur du ms., sur un jK-rsonnagc quelconque, sur lui-même par ces mots :
nCn-^ « fipU' » fUA-... que la bcncdiclinn de xa grdce soit...
(H) Cf. le colophun (fol. liiO i-" a).
( 1) Aux points de suspension correspondent des noms i)ropres en surchai'ge,
illisibles sur la photographie. — Nous avons lu les mots suivants : a^f|,^^d.\y. , >
Jifi I (D9"il\\.'i et son scribe pauvre el malheureux; suit le nom du scribe, qui se
lit peut-être : -^^f. , ^y^^. {fionlr de In Trinilc).
ORUCNT CHRtTIlMN. j-
'■2:)f< l'.EVUE DR L ORIF.XT CIIRETIEX.
qu'olles se présenteront dans le curps do l'ouvrage'. Xuxbéné-
tliclioiis la place <les n<'nis propres est laissée en blanc. ~
ù-h ' licft-fA .' iXh^ '■ i-n^' • '>^à • '^Jih.A I />^\y"7f^ '' ' '^«
aner .ses soldais, cl leur {aux martyrs) dit : « Sacri/ie:-vous
aux dieux? » Us lui direid : « Nous sacrifions à Celui qui esl
né de Marie. >^ Alors, ou leur trancJia la tête avec des y la ires.
Leur sauy coula comme de l'eau, au point de parvenir aux
yenoux dujuye (2). Que leur hèuédu-tion soit avec leur cher...
pour les siècles des siècles.' Amen. Ici sont terminés les Mi-
racles de nurn Seiyneur Jcsus-C/trist, de la main de son ser-
viteur Hàyla-Mikâ'êl (fol. 1U9 v" b).
L'édition de ces mss. sera donnée dans la Patrologia
Orieulalis Graffin-Nau. Nous faisons l'analyse de leur contenu
pour les lecteurs de la Bévue de F Orient Chrétien. Puisque
le copiste éthiopien a pris soin de rompre la scriplio continua
du texte, en mettant çà et là quelques jalons (emploi de îrd/*-'h •'
chapitre, de caractères rouges, de titres avec numéros d'or-
dre), nous sommes heureux d'utiliser les divisions de l'ouvrage
lui-même (3).
1 . (A fol. 1 r^ a à fol. "2 r« b; B fol. 2 r" a à fol. 3 r" a). — In-
troduction. No'wVincipit. Primauté de Pierre, chef de l'Église.
Saint Jean compose les Miracles de Notre-Seigneur. ^(î. •*
{\) Espace blanc dans B.
(2) M. à ni. : de l'humme.
Ci) Les ChiltVes arabes en caractères gras et entre crochets sont la trans-
cription des chiffres éthiopiens. Les autres cliiffres, que nous mettons en tél.-
des alinéas, sont de simples iiuniéros d'ordre.
LES MIRACLES DE NOTRE-SEinNEUR. 259
/l • hCft-f-ft h<w : /».JK,>.'i : JT.^ .. ai'>ÎA :•: /^^/>/ dit: « )/oï-
7?i6'm^% yV// écrit ce livre, que m'a montré mon Dieu, qui
contient les mystères (1). .fai mentionné en lui tous les pro-
diges que fai rus, qui ne sont pas écrits dans (mon) Évan-
gile, ni dans les écrits des trois Évangélistes. En effet, ces
derniers ont caché la plupart des miracles qu'ils ont vus, {et)
qu'a faits Notre-Seigneur Jésus-Christ, afin que le récit de
V Évangile ne fût pas allongé » (A fol. 1 v"a; B fol. 2 V a).
Suit le commencement de l'Évangile de Saint Jean. — Le fol.
1 r'' de B contient l'image de VEcce homo, avec ce titre, mis
en exergue : nXxao .. hoCd?* • CM ' A?i*7HîiV :•: Coininent on
a frappé (2) la tête de Notre-Seigneur. Le ver-so du même fol.
est blanc.
2. (A fol. 2 r° b (rài^ï) à fol. 3 r" b; B fol. 3 r" a à fol. 1 v" a).
Les anges; leurs rangs; leur fonction : louer Dieu. Sàtnaél
(<^TÇ^.A) entraîne les mauvais anges dans la révolte et la
déchéance. Gabriel ^on attendrait Michel) exhorte les bons
anges. —Au fol. 3 v"de B se trouve l'image de la Trinité, sous la
forme de trois personnages identiques, avec l'inscription en
exergue : /*'A-ft : 4».^.ft .- Trinité Sainte.
3. (A fol. 3 r" b (^d/*.^-) à fol. 4 r° a; B fol. 1 v"' a (^rôà-^^-)
à fol. 3 r° b). — Dieu crée Adam à son image et à sa ressem-
blance, le place dans le paradis, et lui défend de manger du
fruit de l'arbre.
1. (A fol. 1 r" a (r^àà-fi') à fol. 5 r" b; B fol. 3 r° b à fol. G
r b). — Le péché originel. Adam et Eve, séduits pd.r Satan,
mangent du fruit défendu, et sont expulsés du paradis.
5. (A fol. :> r b (l>"i>/,.'i:) à fol. G r" b; B fol. G r" b (iP^^^q:)
à fol. 7 r" b). — Adam et Eve demeurent sur la Montagne des
Trésors. Ils ont des enfants. Cain tue .l/W, et est maudit par
Dieu. Quelques Pères justes : Xoé, Aln-aham, Isaac, Jacob
sont mentionnés. La venue du Sauveur doit avoir lieu r».."')()()
(l) Un pn'iV'rorait lo scii-s suivant : J'ai t-rrit ce livre, qui roulienl les myxlètvs
que mon Dieu M'a montrés. Mais ce .seiait contraire à la syntaxo l'-tliiopionne.
{i) h-CO sij:nill«> fm/iper li cim/is de pdiiu/.
200 i;evlt. de l'oriext chrétien.
ans (lo cinquième jour et demi : èdA'l* •' aioo'ié,^ : (it\r\')
après l'expulsion àWdam du paradis (1).
6. (A fol. G r" b (jT'd^'h foi. G v" a) à fol. 7 vMj; B f..l. 7 r" bà.
fol. 9 r" a). — Marie est élue par Dieu. Présentée au temple par
son père, elle y demeure jusqu'à l'âge de puberté. Elle habite
ensuite Nazareili, où l'ange Gabriel lui annonce sa maternité
divine, ainsi que la conception (ÏÉlisabeili. Les prêtres, appre-
nant que Marie a conçu, contraignent Joseph à l'amener
devant eux, pour qu'elle subisse l'épreuve de l'eau de malé-
diction (<»7f : HA4.). Mais, à peine Marie a-t-elle bu de cette
eau, que son visage devient brillant comme le soleil, et que ses
yeux lancent des éclairs. A la vue de ce miracle, les .Juifs se
prosternent devant Marie. Beaucoup croient à la conception
virginale du Fils de Dieu, et rendent grâces au Seigneur de
l'accomplissement des prophéties. Tel est le premier miracle
que fit la Sainte Vierge. — Dans B 7 v° se trouve l'image de
V Annonciation, avec cette inscription au haut du fol. : l\\\ao :
h'ÛÙ^' ! 7'flCh>A ! iih.lll'hH'^ •• Comment Gabriel annonça
à Notre-Dame la bonne nouvelle.
7. (A fol. 7 v° b à fol. 9 r° b; B fol. 9 r° a à fol. 10 v° b). —
.Joseph part avec Marie de Nazareth pour Bethléem, à cause
du recensement prescrit par l'empereur romain. La Sainte
Vierge met au monde Notre-Seigneur dans une grotte, et le
dépose dans une crèche. Une sage-femme Salomé veut s'as-
surer si Marie est réellement vierge. Elle va à la grotte, et
lève la main pour toucher le corps de Marie. Sa main jusqu'à
l'épaule se dessèche aussitôt. Effrayée, elle implore le secours
de la Sainte Vierge, et reconnaît l'accomplissement du mystère
de l'Incarnation, prophétisé par Isaie. Marie prend la main
aride de Salomé, et la pose sur VEnfant. La guérison a lieu
sur-le-champ. Salomé confesse la divinité de Jésus. — B 9
v*" contient l'image de la Nativité, avec ces mots en exergue :
nXïOD ! i-œfii^ : h*in,'M •• dtD'tii' : -ÎA •■ Comment Notre-
Seigneur est né dans une crèche.
8. (A fol. 9 r° b [3] (r'th9^C) à fol. 9 v" b; B fol. 10 V b
(1) Les Miracles de Notre-Seigneur sont étroitement apparentés avec le Qalé-
menlos, que nous traduisons actuellement dans ROC.
LKS MIUACLKS DR NOTRE-SEIGNEIR. 2GI
(•^^»9"C) à fol. 11 r° b). — La sage-lemme S'f/omr glorifie
0. (A fol. 0 V" I) [4] (ô'I'krC) il foi. 1:5 r" b; B fol. 1 7 v" b
{'l'h9"C) à fo'.. -20 V" b). — A la naissance de, Jésus, les anges
entourent la grotte; les idoles tombent dans le monde entier.
Les démons se réunissent auprès de Satan, et lui demandent
quel est Celui qui vient de naître et de briser leur puissance.
Satan fait une enquête à travers le monde. Il retourne vers
les démons, sans avoir pu découvrir la naissance de Notre-
Seigneur, et les trouve tombés la face contre terre. Il les encou-
rage, et leur assure que sa royauté ne passera pas. Il se
demande si la Vierge, prédite par Isa'ie, n'a pas enfiinté, car
c'est son Enfant qui doit détruire le royaume diabolique. Mais
qui pourra lui enseigner Thistoire du Fils de la Vierge? Il a
parcouru le monde en vain. Il invite donc ses démons à aller
voir si V Enfant est à Bethléem, et rassemble ses armées, afin
de guerroyer contre les anges qui gardent la grotte. Les
démons aperçoivent de loin les anges, mais ils ne peuvent pas
approcher de Bethléem. Alors, Satan se rend seul auprès des
bergers. C'était le quatorzième jour après la Nativité. Il ren-
contre les anges, qui chantaient le Gloria in e.vcelsis, et annon-
çaient aux bergers la naissance du Sauveur à Bethléem. Satan
revient épouvanté vers les démons, et leur dit qu'il a appris
l'Incarnation du Fils de Dieu. Pour obtenir des renseignements
plus précis, il se hâte de joindre, à Jérusalem, les Docteurs
Juifs, interprètes des Écritures. Ceux-ci lui disent que le Christ
doit naître à Bethléem, lorsque les 70 semaines du prophète
Daniel seront écoulées. Satan insistant sur la date du terme
des semaines, les Juifs consultent Nicodème, Cléophas, (lama-
liel, père éCÉtienne, le futur diacre et martyr. Ces docteurs
affirment que les semaines sont accomplies, et conséquem-
ment que le }iessie est né. Nicodème ajoute même que le prê-
tre Siméon, qui traduisit les Écritures de l'hébreu en grec pour
le roi Ptolémée, au moment où il se scandalisait du passage
(ïlsaie : Virgo concipiet, reçut d'un ange l'assurance qu'il
vivrait jusqu'à ce qu'il eût vu lui-même ce prodige. Ils allèrent
trouver Siméon, qui confirma leur opinion. Satan, fortement
agité par la pai'ule de Siniéon et des Docteurs, retourna vers
262 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
les démons, et leur ordonna de ne pas s'éloigner de Bethléem,
jusqu'à ce que la naissance du Sauveur fût exactement connue.
10. (A fol. 13 r° b [5] (ëVIC) à fol. 1 1 r« a; B fol. 11 r° b [3]
(r) à fol. 12 r° b). — Notre-Seigneur est présenté au temple,
40 jours après la Nativité. Siméon porte VEnfant dans ses
bras, dit le Nunc dimittis, et prophétise sur le Christ. Satan,
qui entend toutes ces choses, retourne vers les démons, avec
la résolution de combattre contre le royaume du Christ. — Dans
B 11 y" il y a l'image de la Présentation de Jésus au temple.
11. (A fol. 14 r° a [6] (VilC) à fol. 16 r" a; B fol. 12 r° b
[4] (o'^^ii^"C) à fol. 14 r" b). — Les trois Rois-Mages de Perse
aperçoivent l'étoile miraculeuse, qui contenait l'image de la
Sainte Vierge, et qui projetait, depuis le ciel jusqu'à terre,
une lumière, eu forme de colonne. Ils trouvent, dans le Livre
du Commandement, la prophétie de l'Incarnation du Fils de
Dieu, et la description de l'étoile. En partant de leur pays,
ils emportent avec eux Tor, la myrrhe et l'encens, qui prove-
naient de la Montagne des Trésors, et ils se font escorter de
3.000 hommes. L'étoile les conduit vers l'Orient. Ils voyagent
pendant deux années, avant d'arriver à Jérusalem. Hérode
leur envoie des présents, et leur demande le motif de leur
voyage. Ils répondent qu'ils viennent adorer VEnfant-Dieu.
Hérode les prie de se rendre auprès de lui, à leur retour, afin
que lui aussi puisse aller adorer VEnfant. Les Mages trouvent,
dans la Grotte, Marie, qui étreignait sur sa poitrine Jésus,
qu'elle avait enveloppé de langes. Ils adorent VEnfant, et lui
offrent comme présents : de l'or pour sa royauté, de l'encens
pour son sacerdoce divin, et de la myrrhe pour sa mort cor-
porelle. Au moment où ils partent, Marie leur donne comme
provision de route la seule chose qu'elle possédait : un pain
d'orge. L'ange du Seigneur les avertit de ne pas retourner vers-
Hérode, mais de prendre une autre route. Ayant appris que
les Mages l'avaient évité, Hérode demande aux Docteurs le
lieu de la naissance du Christ. Ils lui répondent que, d'après
les prophètes, c'est Bethléem. Cependant, lange du Seigneur
charge Joseph de prendre VEnfant et sa Mère, et de pai'tir pour
^"Egypte. Joseph obéit. Hérode ordonne le massacre de tous les
enfants de Bethléem, depuis l'âge de deux ans et au-dessous.
LES MIRACLES DE NOTRE-SEIGNEUR. 263
12. {A fol. 16 r'* a [7] (%'ilC) à fol. 17 v° a; B fol. 14 r" b
[5] (ù^lC) à fol. 15 v" b). — Hérode étant mort, l'ange dit à
Joseph de retourner en Palestine. En route, la sainte famille
rencontra trois brigands fameux : Tetos (Trnft), Dârkes (S\
dtltl) et Gamhour (l^ihC). Tetôs est chargé par ses com-
plices du pillage. Mais à peine a-t-il aperçu Notre-Seigneur
qu'il le vénère, et dépose dans son sein l'argent qu'il a sur lui.
II sert même de guide à la sainte famille. Chemin faisant, il
tombe, et son épée se brise, sur une pierre, en trois morceaux.
L'Enfant, appelant le brigand par son nom, sans le connaître,
lui remet en état son épée. Tetôs, émerveillé, adore Notre-
Seigneur. Comme Jésus lui assure qu'il précédera Adam
dans le paradis, et que les clefs du royaume des cieux lui
seront données, un des compagnons de Tetôs se met à rire.
Alors, Notre-Seigneur, l'appelant par son nom, lui dit :
« 0 Dârkes, tu n'hériteras pas de la vie éternelle avec Tetcts,
puisque tu n'as pas cru à la parole de ton Seigneur et de ton
Dieu. » Dârkes s'étonne de ce (\wq Jésus l'appelle par son nom,
sans le connaître. Gamhour, le chef des brigands, lui dit que
les saints voyageurs sont le Sauveur et sa Mère, la Vierge.
Les voleurs retournent chez eux. Joseph conduit Y Enfant et
sa Mère à Nazareth. — Dans B 94 v** se trouve l'image de la
scène des trois voleurs.
13. (A fol. 17 V» a [8] [x-t-h^^C] à fol. 18 v° a; B fol. 20 V b
(•i^hT*C) à fol. 21 V" b). — Agé de cinq ans, Jésus jouait
auprès d'une piscine. Il prit de la boue, et en fit douze oiseaux.
C'était le jour du sabbat. Beaucoup d'enfants jouaient avec
Jésus. Un Juif le vit faire, et alla l'accuser auprès de Joseph,
qui réprimanda Notre-Seigneur. Alors, Jésus frappa des
mains, et les oiseaux s'envolèrent, en glorifiant le Fils de
Dieu. Un Pharisien fut surpris de ce miracle, et le raconta. Le
fils du scribe Anne, allant avec lui, prit une branche de saule,
et fit s'écouler l'eau que Jésus avait réunie dans la piscine.
Aussitôt, il devint aride. — En courant, un enfant frappa la
poitrine de Jésus. Il mourut sur-le-champ. Ses parents allèrent
trouver Joseph, et lui dirent que Jésus ne pouvait plus de-
meurer parmi eux. Joseph reprit Jésus. — Dans B 29 r" b une
ijuage représente Jésus faisant s'envoler les oiseaux.
26 J REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
M. (A fol. 18 v'^ a ('Tii/'^^) à fol. H) v" b; B fol. 21 v° b ;i
fol. 23 r° a). — Le maître Zachée demande à Joseph de lui
confier l'instruction de Notre-Seigneur. Jésus, alors âgé de
cinq ans, entend la conversation, et, dans une réponse sublime,
révèle sa divinité. Il va à l'école de Zachée, qui lui dit : « Dis
Alpha. » Comme Jésus ne répond pas, Zachée, en colère, lui
donne une gifle sur la tête. Jésus commence depuis Alpha
jusqu'à la fm, et étonne son maître par sa science.
15. (A fol. 19 v° b à fol. 2U r" a; B fol. 23 r^ a {Tùl.^^)
à fol. 23 r° b). — Un jour que Jésus jouait sur le toit avec des
enfants, l'un d'eux tomba du haut du toit, et mourut. A cette
vue, les autres enfants s'enfuirent. Les parents de l'enfant
mort accusèrent Notre-Seigneur de l'avoir fait tomber. Jésus
alla vers le cadavre, et lui dit : « Dis si je t'ai fait tomber. »
L'enfant répondit : « Non, ô mon Seigneur. » Les parents,
stupéfaits, glorifièrent Dieu.
10. (A fol. 20 r° a (^''bôA') à foi. 21 v» a; B fol. 2)} r° b à
fol. 21 v° b). — Jésus, âgé de sept ans, est envoyé par sa Mère
puiser de l'eau. La cruche se brise en route. Il déploie le man-
teau dont il est revêtu, et y met l'eau, qu'il apporte k Marie,
étonnée. — A l'âge de huit ans, Jésus exécute un travail de
charpentier, en présence de Joseph, avec une extrême habileté.
Alors, Joseph décide de le mettre à l'école. Jésus demande
une explication à son maître, qui se fâche, et le frappe. Le
maître meurt aussitôt. — Jésus est confié à un autre maître,
qu'il étonne par sa science. — Joseph envoie son fils Jac-
ques ramasser de la paille. Un serpent le mord à la main.
Jésus souffle sur la morsure; Jacques est guéri, et le serpent
meurt. — Jésus avait douze ans. Joseph et Marie allèrent,
selon leur habitude, à Jérusalem, pour la Pàque. Au retour,
ils croyaient Jésus derrière eux. Mais, à l'arrivée, ils le cher-
chent en vain dans leur famille. Alors, ils retournent à Jé-
rusalem, et le trouvent dans le temple, enseignant les Doc-
teurs. A Marie, sa Mère, qui lui exprime les souffrances qu'elle
a endurées avec Joseph à son sujet, Jésus répond qu'il doit
vaquer aux affaires de son Père. — Jésus est porté par le
rayon de soleil qui entre par la fenêtre. (Une image repré-
sente cette scène dans B 21 v° a). — Jésus sème cinq
LES MIRACLES DE NOTRE-SEIGNEUR. 265
grains d'orge, et récolte 500 sacs, qu'il donne aux pauvres.
17. (A fol. 21 v^' a [9] (Bi-^^C) à fol. 22 r° b; B fol. 15
v" b [6] (%'i'h9"C) à fol. 16 r" b). — Un juste, appelé Tetmenà
(*p/pjpoç)^ et habitant Nazareth, près de la maison de Jésus,
avait beaucoup de bœufs. 11 fut volé, et, dans son malheur, il
se comporta comme Job. Jésus lui dit que ceux qui l'avaient
volé étaient derrière le mont Thaboi\ Tetmenà et Joseph
allèrent avec Jésus. X peine Notre-Seigneur a-t-il adressé
la parole aux voleurs, que ceux-ci implorent le pardon. Jésus
leur pardonne, à condition qu'ils croient en lui. Tetmenà
ramène ses bœufs. Sa foi en Jésus est grande.
18. (A fol. 22 r° b [10] (ï-h^î^c) à fol. 2:J r" a; B fol. 16
v" a [7] (%'t'h9°C) à fol. 17 r° a). — Pendant que Jésus était
à Tibériade, des barques entrèrent au port. Un matelot criait
que ses compagnons lui avaient volé tout le poisson qu'il avait
péché. Ses compagnons et lui prirent Jésus comme arbitre.
Jésus se rendit aux barques, et ordonna aux poissons volés de
revenir dans la barque de celui qui les avait attrapés. Les
poissons sautèrent dans la barque de celui qui avait été volé.
Tous furent étonnés, et proclamèrent Jésus comme étant le
Christ-Sauveur.
19. (A fol. 23 r° a [11] (Ï6'^^9"C) à fol. 23 v'' b; B fol. 17
r° a [8] (x-1rh9°C) à fol. 17 v° b). — Un voleur, qui avait
pris une génisse, fut rejoint par le propriétaire. Tous deux en
vinrent aux mains. Voyant Jésus qui passait, ils le choisirent
comme arbitre. Jésus fit amener la génisse devant lui, et lui
ordonna de dire qui était son maître. Elle répondit qu'elle
appartenait au vieillard Kémémour, fds de Nàzer (%'^tn>-C •
flïAA • ÇIIC)? et qu'elle avait été volée la veille, à trois heures
du soir, par le présent jeune homme, dans une prairie de
Césarée. Jésus réprimanda le voleur, qui demanda pardon.
Notre-Seigneur lui pardonna, et le jeune homme crut en sa
divinité.
(A suivre.) Sylvain Grébaut.
Bézancourt par Gournay-en-Bray, le 8 août 1911.
LA DIDASCALIE ÉTHIOPIEfNNE
Traduite en français par J. Françon.
Chapitre xxv {suite) (1).
(K, V, 2). S'il y a quelqu'un qui dit : « Je suis chrétien » et s'il fait
le mal, s'il fornique, s'il pratique l'impureté, et qu'on prononce contre
lui une condamnation à mort : de cet homme qui est ainsi, éloignez-
vous.
Il ne faut pas que les chrétiens s'écartent (2) de la loi et qu'ils se
réjouissent (3) cà faire le mal, mais au contraire, qu'ils s'éloignent des
païens et des incrédules et qu'ils ne s'associent pas avec eux, (ni avec)
les pervers qui les emprisonnent, les poursuivent (4), les enchaînent et
les livrent pour (les) tuer, k cause du nom du Christ (5). Prenez garde
de sauver vos frères et vous-mêmes (6) de la main des païens. Et s'il
y a un chrétien qui a subi des afflictions à cause d'eux, bienheureux
est-il, et il sera compté avec les martyrs, car il a souffert pour le Christ.
De même nous aussi nous avons éprouvé des supplices (7) et des tri-
bulations auprès de Caïphe et de ceux d'Alexandre et d'Anne qui sont
princes des prêtres. Et après cela, nous sortîmes d'auprès d'eux en
nous réjouissant (8), car nous avons été dignes de supporter les souf-
frances du Christ. De même vous aussi supportez patiemment et ré-
jouissez-vous au sujet des .supplices (9) afin que vous soyez bienheureux
en ce jour.
(K, V, 3). Quant à ceux qu'on poursuivra ù cause de la foi et (qui)
(1) Voy. BOC, 1911, p. lël.
{2} Lilt. : " sortent ».
'S) B (Or. 793) : <■ qu'ils jugent •.
(4j C (Abb. 79j ajoute : ".et les scient ...
(o) Ce qui précède diffère de K.
(6j Litt. : •■ et vos membres .. ; sic K.
(7) C : ■• de nombreux supplices ... — Litt. : •■ à nous aussi des tribulations et
des supplices sont ai-rivés ...
(8) C : « a(]iî de nous réjouir certes ...
(9) C : " di' même vous aussi i-('jouissez-voiis et suitport.-z patiemniput les
supplices ».
LA DIDASCALIE ÉTHIOPIENNE. 267
sortiront de ville en ville (1) à cause de l'ordre de l'Evangile de Notre-
Seigneur (2), donnez-leur l'hospitalité, faites-les reposer et faites-les ha-
biter (3) près de vous comme des martyrs, en vous réjouissant d'avoir
vécu en familiarité avec eux. Comprenez donc qu'ils sont bienheureux (4)
auprès du Seigneur, car Notre-Seigneur a dit : Bienheureux serez-vous
quand ils vous couvriront d'opprobres (5) et vous tourneront en dérision,
et qu'ils diront tout mal (6) contre vous en mentant à mon sujet (7).
Rèjouissez-vous et exultez, car grande est votre récompense qui est (8)
dans les deux, car ils ont ainsi persécuté les prophètes qui ont été avant
vous (9). Et il a dit encore : Puisqu'ils m'ont persécuté (10), vous aussi
ils vous persécuteront (11). Et il a dit de nouveau : Quand ils vous per-
sécuteront dans cette ville (12), fuyez dans une autre (13). Et, vous tous,
vous serez tristes et vous serez affligés en ce monde, car ils vous livre-
ront dans l'assemblée et dans leurs temples (14), ils vous flagelleront (15)
et auprès des chefs, et des juges, et des rois ils vous amèneront à cause
de moi en témoignage. Et celui dont la constance aura persévéré, celui-là
sera sauvé (16). Celui qu'on poursuivra (17) à cause du nom du Christ
et (qui) aura persévéré, est un martyr, celui-là est certes en vérité
un homme du Seigneur.
(K, V, 4). Mais celui qui se réconcilie avec les païens, (qui) renie le
Christ afin que les incrédules ne le haïssent pas, et (qui) se préfère lui-
même à son Seigneur qui (tient) .son esprit dans sa main (18), celui-là
est haï, réprouvé et (voué) au supplice (19) auprès du Seigneur, car il
a préféré l'amour des hommes et il est devenu l'ennemi du Seigneur,
il a pris une part avec les maudits et non pas avec les saints. Au lieu
du royaume préparé aux bénis, il a choisi pour lui le leu de la géhenne,
qui est à jamais, qui est préparé pour Satan et pour ses anges (20). Et
(1) C : ■' sortiront de la ville ».
(2) C : •< à cause de la crainte de l'ordre de Seigneur. » Cf. Mattli., x, 23.
(3) C : » faites-les habiter et faites-les i-eposer ».
(4) B : « invoquants ».
(5) C : « poursuivront ■•.
(6) B, C : « du mal ».
(7) C : « en ne mentant pas à cause de mon nom ».
(8) B, C omettent : ■> qui est ».
(9) Matth., V, 11.
(10) C omet : « me ».
(11) Jean, xv, 20.
(12) B : « de cette ville fuyez dans une autre ».
(13) Matth., X, 23.
(14) B : « et (dans) leurs tribunaux ».
(15) K diffère.
(16) .Jean, xvi, ;j3; Maltli., x, 1/, 22.
(17) C : « amènera ».
(18) Nous avons adopté la leçon de C. A, B, portent : •• qui (est) dans son
•prit ».
(19) Litt. : ■■ supplicié, accablé de douleur ». C : « boue ».
(20) Matth., XXV.
268 IIKVLE DK l/ORlKNT CHRÉTIEN.
c'est pourquoi ,^1) Notre-Seigneur a répondu et a dit : Celui qui m'aura
renié en face des hommes, moi aussi je le renierai en face de mon père
qui est dans les deux (2). Et de nouveau il nous a ordonné (3) en di-
sant : Celui qui aimera (son) père et (sa) mère plus que moi, n'est pas
digne de moi, et celui qui aimera {son) fds et sa fille plus que moi n'est
pas di(jne de moi. Et celui qui na pas pris la croix de sa mort (4) et
ti'est jias venu (5) derrière moi, n'est pas digne de moi. Celui qui a trouvé
son âme, qu'il la perde, et celui qui aura perdu son âme à cause de moi
la trouvera (G). Que servira à l'homme s'il a gagné tout le inonde et a
perdu son âme (7), et que {lui servira-t-il) si l'homme n'a pas donné
la rançon de son âme (8). Et de nouveau il a dit : Ne craignez pas ceux
qui tuent votre corps, mais {qui) ne peuvent tuer votre âme; craignez
donc celui qui peut perdre l'âme et le corps dans la géhenne (9).
(K, V, 5). Car celui qui a appris un métier, il est juste qu'il l'enseigne
à d'autres, et s'il ne l'a pas enseigné à d'autres, il n'est pas parfait
comme son maître. Or, pour nous, Jésus-Christ (est) notre sauveur et
notre maître. Comment n'aimerions-nous pas sa doctrine, car Notre-
Seigneur a haï l'orgueil, l'insolence, la joie, la richesse, l'injustice et la
vengeance. Et encore, il a rejeté sœur, mère et frères à cause de
l'amour de son père et de l'amour de l'homme. Et de nouveau, il a sup-
porté la passion et le fouet, l'opprobre, le blasphème et la dérision, et
bien plus il a reçu les plaies des clous sur la croix, afin de sauver tous
Ceux qui ont cru en lui. Or, s'il a, lui, supporté tout cela, (s')il n'a pas
rougi d'être crucifié sur l'arbre de la croix (10), et (s")il a supporté la
passion de la mort, comment donc ne supporterions-nous pas, nous, les
souffrances de notre Sauveur? Lui, il a souffert (11) volontairement pour
nous, et nous ne (souffrirons pas) pour lui? Mais au contraire, espérons
en sa miséricorde. Quant à lui, il n'y a rien qu'il veuille recevoir de
nous, si ce n'est seulement la confession dans la vraie foi (12).
(K, V, 6). C'est pourquoi nous rejetons nos pères, nos parents, nos
amis, nos femmes, nos enfants et tous les biens de ce monde. Et si
nous avions aimé cela nous n'exécuterions pas cet ordre.
Seulement prenons garde de ne pas entrer en tentation et si nous
avons été appelés en témoignage, soyons fermes à confesser le nom
(I) C omet: « c'est pourquoi ».
Cl) Luc, IX, -26.
(3) B : '• il a ordonné ».
(4) C : " sa croi.\ ».
(o) Litt. : ■< et n'a pas suivi ».
(6) Matth., X, 37-39.
(7) C omet : « son ».
(8) Matth., XVI, 26.
(9) Matth., X, 28.
(10) B : « sur la croix ».
(II) B : -. et s'il a souffert ».
(12) K ajoute une citation.
LA nn).\srALiF, ÉTHi<)PiENNr<:. 209
glorieux de notre Sauveur ( 1 ). Si donc on nous condamne (2), réjouis-
sons-nous, et persévérons quand on nous persécute, afin que nous héri-
tions la vie qui est éternelle. N'aimons donc pas la gloire, ni à être
loués comme le peuple juif ([ui admira les miracles du Cinist; et eux
ne crurent pas (3) en lui, car ils craignaient les princes des prêtres,
mais au contraire ils pré/rrrreni être loués auprès des hommes el non
lias auprès du Seigneur (4). Et nous avons confessé la vraie foi, comme
nous l'enseignons aux nouveaux baptisés, et nous affermissons les cœurs
des petits chrétiens (5). Et si nous avions gardé en nos cœurs la foi,
et (si) nous ne l'avions pas publiée aux hommes par crainte du jugement
et de la tribulation, nous serions sortis de la vie qui est éternelle; et
encore, (nous serions) un scandale aux autres et un piège pour beau-
coup. Et si nous avions fait ainsi nous recevrions un double châtiment.
Prenons donc garde de ne pas descendre dans la tribulation, et prions
afin de ne pas entrer en lentalion, car l'esprit veut, mais la chair est
faible (6). Faisons donc attention de ne pas glisser de cette vraie foi,
à cause de la crainte des pa'ïens et des incrédules, car peu {nombreuses)
sont nos années (7). Et s'il y a quelqu'un qui rejette son espérance en
Jésus-Christ, fils du Seigneur, (en) tout temps (8) il sera tourmenté par
les souffrances auxquelles il n'y a pas de remède, et par la fureur (9)
qui affaiblit les membres et (quij brise les os et, après cela, il perdra
la vie (10) qui est éternelle, et il sera puni dans le feu de la géhenne,
et dans les pleurs, et dans le grincement de dents (11). Celui qui a souffert
pour le Seigneur et a été martyr, se réjouira dans le Seigneur, car il
a choisi pour lui la couronne du royaume, et sa sortie de ce monde
a été parfaite dans la vraie foi. Et si un catéchumène (12) a supporté
la tribulation et est mort pour le nom du Christ, ses souffrances lui
serviront de baptême, et il trouvera une belle promesse et la vie qui
est éternelle. Et les autres aussi, qui auront combattu le bon combat
et seront morts pour le Christ dans la vraie foi, se réjouiront et exul-
teront, car ils ont gardé la discipline (13) de leur maître. Car Lui a dit :
Soyez dignes de votre maître (14). Or, Notre-Seigneur Jésus-Christ a souf-
fert pour nous, il a supporté le blasphème et la dérision, il a reçu les
^I) Litt. : ■• que nous soyons fermes dans la confession par son nom ».
(2) B omet : " Si donc on nous condamne ».
(3) B : « et qui ne crut pas ».
(4) Jean, xu, 43.
(5) K : <• des catéchumènes ».
(6) Matth., XXVI, 41.
(7) Om. K.
(8) B, C : " chaque jour ».
(9) ;h?"H. — K diffère.
(10) B : ■. il périra de la vie ».
(11) Matth., VIII, 1-2.
(12) Litt. : « un petit chrétien ».
(13) C : - l'ordre ».
(11) Cf. Luc, VI, 40.
270 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
crachats des impurs, l'opprobre (1), le blasphème et les coups. Et ensuite
ils le flagellèrent, le clouèrent, le suspendirent sur (2) l'arbre de la croix
et lui firent boire du vinaigre avec du fiel. Et (pour) accomplir tout
ce qui est écrit, il dit au Seigneur (3) : Père, ô Père (4), voici, en ta
main je remets mon âme (5). Celui donc qui veut être disciple, qu'il sup-
porte les souffrances et la tribulation, et qu'il reçoive la flagellation de
bon cœur, et (avec) amour. Et même s'il avait été jeté dans le feu,
il ne le toucherait pas, de même que les trois enfants furent sauvés
de la fournaise de feu. Et quiconque a souffert pour lui, recevra une
récompense, car il a cru en un seul Seigneur Père, et (6) (en) Jésus-
Christ, grand prince des prêtres (7), notre maître, moniteur de nos âmes
et donateur de notre vie. A lui louange pour les siècles des siècles.
Amen.
{A suivre.)
J. Françon.
(1) C omet : « l'opprobre ».
(2) C : « le flagellèrent, le suspendirent, le flagellèrent (bis) et le clouèrent
sur ».
(3) C : " le Seigneur lui dit -.
(4) C omet : « ô Père ».
(5) Luc, xxiu, 46.
(6) C cm. « et ».
(7) C : « grand seigneur, prince des prêtres - -
NOTICES
DES MANUSCRITS SYRIAQUE, ETHIOPIENS ET MANDEENS, ENTRES A
LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE PARIS DEPUIS L'ÉDITION DES CA-
TALOGUES.
1. — Soixante-sept manuscrits syriaques (289 à 355), vingt-
deux manuscrits étliiopiens (171-192) et douze manuscrits
mandéens (20 à 31) sont venus accroître les collections con-
servées à Paris. Les manuscrits syriaques 289 à 334 ont été
décrits par M. l'abbé J.-B. Chabot dans \e Journal Asiatique,
IX*" série, t. VIII (1896), p. 234 à 290; nous nous bornerons
en général à quelques mots sur chacun d'eux, pour les faire
connaître à ceux de nos lecteurs qui ne possèdent pas le Jour-
nal Asiatique, et à ajouter quelques compléments, sans préten-
dre remplacer la description qui en a été donnée. Les autres
manuscrits n'ont pas encore été signalés. Pour les manuscrits
éthiopiens et mandéens nous nous bornons à reproduire la
notice manuscrite qui est, à la Bibliothèque, à la disposition
des lecteurs.
Notre but est de donner une vue d'ensemble de ces nouvelles
acquisitions, dues surtout à M. Omont, pour compléter ainsi
les notices des manuscrits arabes chrétiens et coptes rédigées
pour cette revue par MM. R. Griveau et L. Delaporte. Les ma-
nuscrits les plus intéressants pourront ensuite être l'objet de
monographies particulières.
F. Nau.
272 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN,
MANUSCRITS SYRIAQUES.
289
2. — 33 X 23 cm. Parcherain. Écriture estranghélo. 152 feuil-
lets. Écrit en 1517 (1206)
Lectminaire à l'usage des jacobites.
Le colophon, très important, permet, avec la chronfque ec-
clésiastique de Bar Hébraeus, d'écrire l'iiistoire de Jean, évêque
d'Amid (ou Mennas), l'adversaire du neveu de Michel le Grand.
C'est Jean Mennas qui a fait éciiouer, chez les jacobites, le
népotisme dans lequel devait sombrer l'église nestorienne.
Michel le Grand avait nommé l'un de ses neveux évêque de
Jérusalem (cf. Bar Hébraeus, Chron. eccL, 1, 596-598), et un
autre maphrien d'Orient (seconde dignité de l'église jacobite).
Un troisième, Josué, s'était installé dans son antichambre, et
faisait promettre, à tous les évêques qui venaient trouver son
oncle, de le choisir pour héritier du vieux patriarche. Aussi,
à la mort de Michel (1199), lorsque les jacobites eurent choisi
pour patriarche Athanase Saliba, le maphrien, avec trois évê-
ques, conduisit son fi-ère Josué au gouverneur musulman d'Amid
et lui promit 6.000 dinars, s'il reconnaissait Josué pour anti-
patriarche.
« Mais, continue Bar Hébraeus, Mennas, métropolitain d'Amid
(celui du présent colophon), s'opposa au maphrien, le vainquit
et l'obligea à quitter Amid avec son frère Josué, malgré leur
résistance. Ce Mennas d'Amid était un homme chaste et saint,
habile et versé dans la médecine du corps, aussi les rois l'ho-
noraient et écoutaient sa parole » {loc. cit.. Gin).
Après la mort d'Athanase (1208) c'est encore Jean d'Amid
qui a opposé un pauvre moine, Josué le scribe, devenu le pa-
triarche Jean XIV, au neveu de Michel et qui a su le faire
triompher (loc. cit., 618-631).
Ce patriarche Jean s'est rappelé un jour qu'il avait été Josué
le scribe, et il a écrit de sa main, en bel estranghélo, le second
colophon que nous trouverons plus loin : il y énumère les dons
que lui a faits Jean d'Amid (Mennas) :
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIOPIENS. 273
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K^^; Ito^po ^.i^^ot; OM-So .yK^jDO^li ^^^too« I ..IV) >ooi;j/ V-s .{juuLOO )_.V^» . . ; a^tv » ^;
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. ^-K^alf p^-N^ ov^-fv^o .m .» i|ajt ^po v,'^-:»/; M ^oa3 >-• / . ^ >j-io » ■ ~n - ■ i)^ ,/ ^;.ioo .p^o.i>_go{
L^; |NjL.r^ R»-»^ OlJJJio .1-*-^ l-sto pO)j )C^;3u.Co^ ^3j_ .,JlS.o wO^i [It^av. .. (j^i vq^,
^^^ pjj .po) pjoioiii. )v^o ^*.,5^» VJ ^^ ^o:v^\ \^o^ o^oloNj IojS^ .|^-;o) Jli^O) . )ovS^
^oio'ovsl; INJLâj . '=>\..o v^Co> po> ^^ ^/o .pL^^ | -<^- • )••■>" wO)0.^(«o ^Sjoovs/* )NJlSj
^po; )»p vsQjto psto; 01 ...N Vin « ^» )oO) .^oj'oovs/o pxiLto ooj >^; Pi-^» o»|0 . pixio
•.p,jLio p>Z ■ (ov^ oiik pai^io . Uo,) pL.,^jLD poojjj ^p>. |_3^ P'o-ai. o^i. >->^j (ovS\ p^io *
.m« i|o-./ wpo pL^i-o } «m.. . pUâo ^0)a^P ^/o. , «.^/t o^^oo >jsu>jua^/ w'^^o p-.^i} | . .^^ . .
V^iAL/o .wO)«o/« ^ |>a.gvJ> ,JJ.O •• y» ï « v^ • |LOJOV> tôt .f .JL.Jajl> .rr^nn . i .\[ r.i clâo;.^^.<.^0
^>o . 1 1 ««f>o P;-.» ^^o^ ^jo . ) «.«.tjf) ) 1 r't ^;^o . /Nj^^I \o^^/ wpo» |Cv»^^ )i-f-3
. IN^X^no ^.on'io »o |N.«-3.^ oiX>* l'^V-*! |l-a^Po p» yixao ,^o< ^>o , nw^» ^aïo ) « ■ «r> v.;_3a^o
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OlilENT CURÉTIKN. 18
274 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
3. — Parce qu'un homme bon doit s'occuper selon sa force, sous peine
de tout perdre, comme l'ont déjà dit les théologiens, j'ai choisi de ne
pas cesser, même dans ma vieillesse, de m'appliquer à l'occupation pai-
sible de l'écriture — moi, misérable et pécheur plus que tous, Aboul-
farag, moine et prêtre, fils du défunt Abraham, qui sommes appelés
d'Abousa'id, de cette ville d'Amid de Mésopotamie — et cela pour trois
raisons : La première est que la constance rend, à un sot insensé comme
moi, le service de le faire passer pour sage, parce qu'il ne peut pas être
insensé toujours et de toute manière; la seconde est q\ie la méditation
des paroles divines adoucit les tribulations et les chagrins ; la troisième
enfin est que je laisserai aux générations futures un souvenir qui me
vaudra des prières de la bouche des hommes intelligents.
4. — Voilà pourquoi j'ai encore écrit l'écriture de ce livre, en l'année
1517 (1206), dans la salle commune, dans le monastère sacerdotal même
de Mar Barsauma, aux jours des pasteurs orthodoxes, Mar Athanase,
patriarche d'Antioche (19 déc. 1199-1207), et Mar Jean d'Egypte (Jean
Aboul Magd), sur l'ordre de notre père, Mar Jean, haut métropolitain
d'Amid. Celui-ci, parmi tant d'initiatives qu'il montra et prit, eut celle
de faire écrire ce saint Livre et il le donna à l'église de la Mère de Dieu,
temple illustre ; puisse Dieu le conserver toujours !
Quiconque trouvera et lira ce témoignage priera pour les âmes des
parents et des frères défunts de ce saint évêque et aussi pour le mal-
heureux qui a écrit et pour les âmes de ses parents défunts. Quiconque
priera trouvera aussi miséricorde avec ses parents.
Ce livre a été terminé le jour de fête de Mar Sévère (patriarche d'An-
tioche) le huit du mois de Schebat (8 février 1206).
5. — Que le Seigneur Dieu fasse bonne mémoire a Rabban Barsauma,
prêtre zélé, père défunt du saint évêque Mar Jean, métropolitain d'Amid,
et aussi à ses frères défunts : l'évêque saint Mar Jean, métropolitain de
Callinice, qui fut évêque durant quarante -quatre ans et mourut dans
la sainte montagne d'Édesse, et fut enseveli dans le saint monastère
inférieur de Mar Ephrem (1), et Rabban Schenné, prêtre, et Rabban Jean,
moine et prêtre, et Rabban Joseph, prêtre, et Rabban xMoubarak (2;,
prêtre, et Rabban Simon et Rabban David, diacres, et ses sœurs nonnes
Tabitâ, Samounî, Malktâ, Marganitâ et Marie; il (Jean d'Amid) prit soin
de faire exécuter (ce manuscrit), et pour le pardon et la rémission de
leurs péchés (des péchés de ses frères et sœurs) et comme une demande
continuelle de prières, il fit don de ce livre à l'église susdite. Quiconque
le trouvera priera pour leurs âmes.
6. — Ce saint évêque Mar Jean fut appelé à l'épiscopat — pour le
siège illustre de la métropole Amid, ville de Mésopotamie — du monas-
tère sacerdotal de Mar Barsauma, par les mains du bienheureux en tout,
de notre seigneur Mar Michel, patriarche, qui est parmi les saints (dé-
(1) Voir son histoire dans Bar Ilébraeus, Chron. eccl., I, 50G-570.
(2) Cf. Bar Hébr., loc. cit., 620.
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIOPIENS- 275
fiint), au mois de Conoun second de Tannée 1512 (janvier 1201) (1). Il
était né à Qal'ah Ga'bar et il était appelé Menna, et il fut reçu moine
dans ce monastère des saintes mains mêmes du bienheureux (de Michel),
et il resta moine dans le monastère sacerdotal de Mar Barsauma durant
sept ans; il fut ensuite sacré évéque. Par la grâce divine, il remplit avec
un bon renom sa charge de pasteur et il montra beaucoup de sollicitude
pour son troupeau, qu'il gratifia aussi de ce livre aux leçons séparées
(lectionnaire). Quiconque lira ce souvenir dira une prière avec suppli-
cation; il dira : « Que Dieu le prenne en pitié ainsi que ses parents,
et qu'il le garde. »
7. — Au fol. 131, la note suivante est écrite de la main du
patriarche Jean, ou Josué le scribe (31 août 1208 à 1220) :
Jean l'étranger et le serviteur infime de tous les serviteurs de Jésus-
Christ, par la grâce de Dieu patriarche du siège apostolique et illustre
d'Antioche de Syrie : Lorsque, par les jugements secrets et insondables
de Dieu, par les miséricordes et la providence du Seigneur tout-puissant,
nous avons reçu l'ordination du souverain sacerdoce le dernier jour
du mois d'Ab de l'an 1519 (31 août 1208), l'année suivante, à la pleine
lune du mois de Ayar (Mai), nous sommes venus à la ville d'Amid, et
nous y sommes entrés le jeudi de l'Ascension (7 mai 1209), avec joie
et grand honneur. Quand nous fûmes entrés dans les églises de la ville
d'Amid, nous vîmes qu'elles étaient ornées par les mains de Mar Jean,
métropolitain de cette ville d'Amid, et qu'il leur avait donné des livres
remarquables, de beaux vêtements, des calices élégants et des patènes
d'argent doré, avec beaucoup d'autres choses. Il donna aussi cet évangile
à l'église de la Mère de Dieu.
8. — A nous aussi, il a fait de nombreuses charités. Il nous a donné
une riche chasuble et une étole et une mitre et une monture (paire de
bœufs) et des litières (it-a-va) et des Çwvàp-.a (ceintures?), et un bâton et
deux manteaux de laine blanche et un habit épiscopal extraordinaire.
Quant à ses autres charités envers Nous et à sa grande affection pour
Nous, il n'est pas facile de les exprimer par écrit. Dieu lui sera un bon
rémunérateur dans ce monde et dans le monde qui ne passe pas...
Priez aussi pour le prince Abousa'id, honoré du nom d'Al-Daulah, qui
a aidé l'église de toute sa force auprès des Puissants. Il convient que
toute l'Église prie pour lui, pour ses enfants et pour ses parents. Nous
avons écrit cela de nos faibles mains, dans la ville bénie d'Amid, l'an
1520 (1209).
290-291
9, _ 24 X 19. Bulletins du catalogue des manuscrits sy-
riaques, par M. H. Zotenberg (1874).
(Ij Bar Hébraeus place la mort de Michel en 1199.
276 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
292
iO _ 44 X 31. Parchemin. 117 feuillets, x'f?) siècle. Écri-
ture estranghéio.
Fragments des évangiles selon la version simple.
293
11. _ 62 X 28. Parchemin. 38 feuillets. xi'(?) siècle. Écriture
estranghéio.
Fragments cVun livre d'office pour les jours de la semaine
et pour quelques fêtes.
294
12. — 17 X 12. Papier. 58 feuillets, xviii" siècle.
Fragments d'un lexique syriaque latin,
295
13. — 23 X 16. Papier. 274 feuillets. Copié en 1866 sur un
exemplaire terminé le 28 juin 1705. Écriture nestorienne.
Vies des saints, Etienne, Behnam et Sara, Yonan, Jacques
l'intercis, Ignace d'Antioche, Himyarites, Beit Selouk, Daniel
le médecin, Mar Kardag, Sultan Mahdouk, Mar Saba.
Le présent manuscrit a été copié en 1866, sur un autre daté
de 1705. La copie a été faite pour Ebedjésus qui n'a plus revu
le manuscrit original en 1880 :
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Ni» ■> . ^^^M>.3 wO ; I tu i« v>.. yoa.»^ ^a^,^> |IS>«v"tL, l-sto | - 1^-- \^[ ^j^^s y:i\*
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I n .\oN.a pJS\ ^po . |La^V« |^>o .|Lbv3/> [sil >>>.^q-«j N^CoL{ i)..jm>0| ^$ ^V^o» |;.^oo^
|ji.«.« fi wOiot^{ >o ..N.3 v>« -I» |_>ot ^<^oi I m . f,v^^ \i.-i..o ^> ^âlS.3 p^,^o« '^ •''i ï ^'*
|V°\m\o |'f.ov^o |-.ov.A^ I im.'=iiv> fi\ i -> . | ««niT^» |_.^ | « - « r^ ;^ ^^[..u» )« -« " ;j .o^oooi
.^jl.Jj ^»1S.3 \>.aj» )e^*j-^J IN^o^L ^ IPs^ \iJixj |-i-.;-o; ).iOL»a^ ^ v^ otJ Cooaîo
Fol. 273 r (entre la fin et le colophon précédent) :
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIOPIENS. 277
Fol. 274 V, le même écrivait en 1880 :
•:-p( yajf t^y^ ^3 oooi ^ot-it>.'{ poa | n vi i :>o> |,.^{ Lo^Lo 0)l>>« %-)0 a^oooi | » - '"^ \°->l
|N.«\^«o >^o f»N\> \lt^t |)V( ^^« 1 ■< <^^o '.TQ^iov^o )« « » f> y<x>l ^~^ ' pO|« 0|t<i^n >N^o
PI >0)XD ^O) : \i.v:^o '^râ( l^->-A fiVvyi/; |r->\<i ->; p^^^ Iv>m ^o [Jitsji ^^O) ^^ o^j>{
. . 'iViN ^âLâ{ Couio <•■"•■«/ tuLA ,.^/> l-^.Nnq'y^^^^ |^a.axaâ{ vx«i« ., -% )l. ..v) p{
14. — A la fin du manuscrit sur lequel celui-ci a été copié il était
écrit :
Est fini, par la force du Père caché, le livre des histoires des saints
le jeudi 28 haziran, Fan 201G des Grecs (28 juin 1705).
Ce livre a été écrit dans le village béni et sanctifié d'Alqôs, village du
prophète Nahum, dans le voisinage du monastère de Rabban Hormizd
Il a été écrit dans les jours du Père des Pères et du chef des pasteurs
Mar Élie, catholique, patriarche d'Orient (Élie XI, 1700-1722).
15. — A écrit et souillé ces feuillets le malheureux et le pécheur...
prêtre seulement de nom, Houmou, fils du prêtre Daniel, fils du prêtre
Élie d'Alqôs. Je prie instamment les lecteurs habiles et les scribes exer-
cés, s'ils trouvent des omissions, ou des fautes ou des erreurs, qu'ils ne
me jettent pas les pierres de malédiction, parce que j'ai écrit et compilé
ce livre d'après des manuscrits nombreux et anciens qui n'étaient pas suf-
fisants. Après l'avoir terminé, je l'ai encore relu et j'ai noté en dehors
du corps du récit beaucoup de négligences, d'après d'autres (jui sont
tombés depuis lors entre mes mains...
16. — Au fol. 273% entre la fin et le colophon précédent :
Ce livre d'histoires est la propriété d'Ebedjésus Georges qui est, par
grâce, évèque métropolitain chaldéen de Mossoul. Je vous prie, ô frères
([ui le rencontrerez, de vous souvenir de moi dans vos prières. Il a été
écrit, l'an 1866 de Notre-Seigneur, par le diacre Mansour de Mossoul.
17. — Au fol. 271, Ebedjésus écrivait en 1880 :
Le manuscrit sur lequel celui-ci a été copié se trouvait dans le monas-
tère de Mar Hormizd. 11 appartenait en réalité au monastère de Notre-
Dame Marie de Ilourdafnà, mais, après que les Kurdes eurent saccagé et
pillé ses livres, des hommes les emportèrent et les mirent en la posses-
sion du prêtre Houmou. Lorsque je les ai vus, ils étaient dans la maison
et en la possession du diacre Kounâ. Après la mort de celui-ci, le prêtre
Maharis les a pris et les a porté.s dans le secrétaire de l'église d'Alqôs
et la cellule patriarcale. Mais pour ce livre d'histoire (de l'an 1705), je
ne sais pas sil est demeuré dans le monastère ou s'il est retourné à
278 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
Alqôs, ou s'il a péri, car beaucoup de ces livres et de ceux du monastère
ont péri au temps des troubles qui ont régné l'an 1843 et avant. Tel est
mon témoignage de moi l'humble Ebedjésus, évéque métropolitain d'Amid,
l'an 1866 et l'an 1880 de Notre-Seigneur.
296
18. — 26 X 20. Parchemin. Écriture estranghélo. 66 feuillets.
v% vi^ et x^ siècle.
Fî^agments des Évangiles.
297
19. _ 26 X 18. Parchemin. Écriture estranghélo. 262 feuil-
lets, xiii" siècle.
Nouveau Testament, selon la version simple, avec les la-
cunes ordinaires.
Terminé le 5 nov. 1575 des Grecs (1223), par le prêtre Jean
du monastère de Mar Mikaël, sur les bords du Tigre.
298
20. — 14 X 12. Parchemin. Estranghélo. 115 feuillets, ix'' (?
siècle.
Extraits des œuvres d'Isaac de Ninive. Le R. P. Bedjar.
possède la copie d'un manuscrit d'Ourmiah plus complet que
celui-ci (cf. Mar Isaacus Ninivita, De Perfectione religiosa,
Paris, 1909, p. xv).
299
2i. — 34 X 26. Papier. Écriture jacobite. 241 feuillets. De
l'an 1499.
Lexique de Bar Ali.
|tC:ja<o |C^^i.<Va£D |N..ï.,» | n«r»<^ N^oo/ ^" " - '^ •'^ ; pO| |_3to^N.:oa\ ^o^-a (lOl. 202 V°)
'^\^ • v^; -'^l C^-LA .|N^>^)Vp |touVo.cD ^o . IN-oXna^ IKxLGQ^ ^ p>N^L3 ^^Njl^o; ^o^âft^t^o
N..VJt t-M ^^ . ..yrvao; |^«\f>ao;.^>^ ^jpo.moxiQ-.» wpo |.>.i..o> wuoo/ |v..opo |'>fnQ^Njk°io
«y',! v^3 0|> }.aoa.j lS.«\vi« ja^olS.j> op.30
Fini d'écrire le livre du Lexique, c'est-à-dire explication des vocables
syriaques et grecs que l'on trouve dans les livres depuis les difficiles
jusqu'aux faciles, et du syriaque en arabe, l'an 1810 des Grecs (1499), par
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIOPIENS. 279
les mains de Salomon, fils de Joseph, fils de Daiànos, de la ville de
Mardin, à la demande de notre père le vénérable et le philosophe habile
Denys, métropolitain de Ma'dan... Je l'ai commencé le 9 mai et l'ai
terminé le 25 juillet, le jeudi, à trois heures.
300
22. — 22 X 16. Papier. 138 feuillets. De l'an 1844.
Grammaire de Timothée-Isaac. — Traité des conjugai-
sons par Rizqallàh. — Traité des cent régents (carchouni).
— Sentences de Théodose.
301
23. — 22 X 1(3. Papier. Écriture jacobite, 116 feuillets.
Terminé le 5 mai 1643.
Petite grammaire de Bar Hébraeus éditée par Bertheau,
Gœttingue, 1843, et rééditée (à la suite de la grande grammaire)
par Tabbé Paulin Martin, Paris, 1872.
Homélie attribuée à Saint Ephrem, fol. 105.
...(-oiL.; ^^j' '^-'~' (fol. 105) |^<!aJ> N^i.^ |to;jï^o IC^'^ii^ ...|jvcd N\fi«
oDCL^gOL^/ ^V^ V<a-3/ ...Ijl^VJ» /Lovilsl toi. 115 V" v.oo°à./>o >— ;.. \^\-s |»vi.. ya^^
1 1 « vi« V) v.rV)^ ^> v^sCoL/ \».oju ooi> vjoo .\\ . m -> ^po ...pN^a^ v^/o .^ovarv» oot;
24. — Terminé l'an 1953 des Grecs (1643) dans le village de Beit
Koudidâ, le 5 mai, au temps des saints Pères, notre père Mar Ignace
ou Simon (patriarche revenu à la foi catholique, mort à Alep en 1662)
et notre père Mar Basile ou Jésus... Il fut écrit par le diacre Sabâ, fils
de Paul, et sa mère (se nommait) lazdiah; il est de la race de Beit Seliqâ
qui est dans le village béni de Beit Koudidâ, au pays de Mossoul... Priez
pour mon maitre le diacre 'Abd el-Mésih, fils du vénérable Gam'à, et sa
mère (se nommait) Sara.
302
25. — 20 X 14. Papier. Écriture jacobite. 78 feuillets, xix" siècle.
Le livre du discours de la sagesse, p^om jcm>, de Grégoire
Bar Hébraeus; syriaque et traduction arabe à côté.
280 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
303
26. — 18 X 13. Papier. Carchôuni. 141 feuillets, xvii" siècle.
Homélies, Prières et vies de saints. Manuscrit en très
mauvais état, fol, 6 de Mar Jacques sur la parole de Paul :
Siirsum quaerite, sursum sapite, fol. 110 sur Marie la péni-
tente, etc.
304
27. — "21 X 15. Papier. Carchôuni, syriaque et arabe. 89 feuil-
lets, xviii" siècle.
Astronomie, astrologie, alchimie.
305
28. — 33 X 22. Papier. Carchôuni. 377 feuillets. Terminé
le 10 mai 1796.
Dictionnaire de médecine de Daoud al-Antaki.
306
29. — "28 X 26. Papier. Carchôuni et syriaque. 121 feuillets.
Écrit en 1899.
Extraits {en carchôuni) des chroniques de Bar Hébraeus
et de Michel le Syrien. Extraits relatifs aux Yézidis et aux
Nestoriens.
307
30. — 20 X 14. Papier. Carchôuni. 93 feuillets. Terminé le
20 janvier 1890.
Traité des nativités attribué à Abou Ma'sar.
308
31. — 32 X 23. Papier. Écriture nestorienne. 178 feuillets.
Terminé le 1" octobre 1886.
Commentaire de Théodore de Mopsueste sur l'évangile
Saint Jean. Édi-té (sans traduction) par M. l'abbé J.-B. Chabot.
On lit au fol. 176^ :
aas/ e^-i-» ..)ljJ. ^»a_D; ) ->!->,>.; | >N\.a .oi-s ^ ^yO -.-ytX. ^.^— a . . . ^oX«
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIOPIENS. 281
l'^jj P>ja^ (ji_î ^.ooQi.ci3 )» «« f> |-.^:>j>w^ vO-sfo .jlS^^a l^-s;-» oiio; ■ "^ -•''i ; fc-'=> |.a^oCv.o
>^ Nj^^; I*<3.^ ovjNj ^•^^J-' •P'^^i^ ;>-^ooi ^» l'OV»; ...piu.;-^ )^>r^ ...It^^Va
1 1 « v»«ai9 . . . P;^« » m «N\ ^> . . . | « -> i >oq.>^« ot^•.•V-o ■ «"«'^ |ir» -> ■>. ^.
32. — Terminé le 29 octobre, la nuit du dimanche de la dédicace de
l'église, l'an 1886 de Notre -Seigneur, 2198 des Grecs, au temps Je
Léon XIII, pape, d'Ellie, douzième catholique patriarche de toute la nation
chaldéenne, et de notre père le prêtre Paul, père général des monastères
chaldéens... dans le monastère béni du martyr Rabban Hormizd le Perse,
construit dans la montagne de Beit 'Adrà dans le voisinage d'Alqôs, le
village du prophète Nahum. Rabban Elias moine et diacre (l'a écrit).
309
33. — 24 X 16. Papier. Écriture nestorienne. 314 feuillets.
Terminé le 11 juillet 1869.
Légendes et vies de Saints; le patriarche Joseph; les 30 di-
nars de Judas; les apôtres Matthieu et André; Marc de Tar-
maqà; Jean bar Malké; Daniel; Cyriaque et Julitta; Jacques
rintercis; martyrs hirayarites; martyrs de BeitSeiouk; Mar
Kardag; Soultan Mahdouk; Enfants d'Éphèse; Invention de
la Croix; l'empereur Maurice [Pair, or., t. Y, p. 773); un roi
des temps anciens (pendant qu'il est au bain, un ange prend
sa place, règne, et lui fait ensuite de bonnes recomman-
dations; aucun nom propre); un enfant tué par son maître
(c'est un fils de roi que le maître d'école met à mort pour lui
voler ses habits. L'enfant apparaît au roi, lui révèle où est
son corps et lui demande de le mettre dans tel monastère;
le roi se retire plus tard dans le même monastère; aucun nom
propre). Histoire de Thaïs, convertie par Bessarion; Histoire
d'une religieuse (analogue à Sainte Marine), puis trois courtes
traductions d'apophtegmes.
Pf.^» ov.-3l^ In ->-»■ -» \ «l-<0 |ftT^^^ ^JLO.a.^ . . . )t^..',.^ij3 pO) l-al^o w:>DoL( .... . yO^ ya.JiQ.eo\
^V-**-^^^ ''Vnon . ypo>o I " ■;) >jpf» «'^ |'\=» ^r^> wOiOjiof» «.a ^^N^L/ . ■ . | «(nya >).^i.Jo>oO) ^>
Voo . Q.^ooi I « « « f» V^o . p>.\» I ■■ 1 v> V^ , p<Vx ) IV .i>po V^ y m.NX . . .^> OV.3N.3 . . .)-mJ,.m>
p>I!0^ N.jlS^3 r^ . . . ^AO-O.^ IN^^Ot OVUO . \>^^> ) « . « f> V-=>0 ■ CLJOOO] I » .« f> V.30 . p_M I » «no
.t^oo) y^- ' ' ; "^ ^ 1^^ ' ',-3 pO|
34. — Ce feuillet a été terminé le vendredi 11 Thammouz de l'an
2180 des Grecs (11 juillet 1869). Il a été écrit dans le village d'Alqôs,
282 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
qui est bâti dans le voisinage de l'élu du Seigneur Rabban Hormizd
le Perse, au temps de l'illustre pape Pie le juste et de notre seigneur
Joseph, patriarche d'Orient, par Elias, fils du fidèle Gounâ, fils du
défunt Sâ'iâ, fils du prêtre Houmou, fils du prêtre Hanâ, fils du prêtre
Houmou, fils du prêtre Daniel, du même village d'Alqôs... Quand j'ai
écrit ce livre, j'avais treize ans.
310
35. — 24 X 16. Papier. Écriture nestorienne. 1 40 feuillets.
Terminé le 25 octobre 1744.
Anaphores ou Liturgies à l'usage des Nestoriens. Litur-
gies de Mar Addaï et Mar Mari, de Théodore de Mopsueste, de
Nestorius. A la suite (fol. 130-135) vient le tableau des prières
pour les fêtes de Noël, de l'Epiphanie, du Samedi saint, de
l'Ascension, de la Pentecôte, de la Transfiguration et de la
Croix.
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36. — Ce livre a été terminé au mois béni du premier Techri, le 25,
le jeudi, de l'an 2056 du comput des Grecs bénis (25 oct. 1744). Il a été
écrit dans le village béni Alqôs, village du prophète Nahum, qui est à
côté du saint monastère de Rabban Hormizd le Perse. Que Dieu conserve
ses habitants! Amen.
Il a été écrit aux jours des saints Pères et des pasteurs suprêmes :
Mar Elle, catholique patriarche d'Orient (Elle XII, patriarche nestorien
de 1722 à 1750), et Mar Jésuyahb, métropolitain, qui tient le siège d' Addaï
et de Mari...
A écrit le faible et le pécheur, le prêtre Yaldâ, fils du prêtre Ebed-
jésus, fils du prêtre Hadbesabba, fils du prêtre Israël d'Alqôs.
37. — A fait écrire ce livre à l'aide des subsides des femmes fidèles
suivantes : Amat et Marie sa fille; Hélène; Tékâ et Elfiâ et avec leur
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIOPIENS. 283
concours, le prêtre Ebedjésus, fils du fidèle Kanoun, du village béni de
Tolkèfê, et il le prépara pour le saint monastère de Mar Georges de
Beit 'Evîrê qui est à côté de la ville de Mossoul.
Lorsque ce livre a été écrit, le prêtre Hormiz, fils du prêtre Berikou,
était portier du saint monastère de Mar Georges.
Il semble donc que Ebedjésus, avec l'argent des saintes
femmes susmentionnées, a payé Yaldà pour faire cette copie.
311
38. — 25 X 16. Papier. Écriture jacobite. 61 feuillets, xv"
au xvi" siècle.
LHexaméron de Moïse bar Képha (livres III-V). Une date
en partie grattée, fol. 16% semble être 1745 des Grecs (1 134).
312
39. — 28 X 19. Papier. Écriture jacobite. 301 feuillets. Ter-
miné le 15 avril 1889.
Le « livre des Splendeurs » ou grande Grammaire de
Bar Hébraeus, copié à Mossoul par le diacre 'Abd el-Aziz.
313
40. — 20 X 15. Papier. Écriture jacobite. 108 feuillets.
I. — Le « Livre de la colombe » de Bar Hébraeus, édité
par P. Bedjan, à la fin de Y Éthique, Paris, 1898. Cette partie
du manuscrit a été terminée le 13 juillet 1889.
II. — Fol. 57. Extraits des diverses compositions poétiques,
probablement de Georges Warda. Cette partie a été terminée
le 20 février 1878.
314
41.— 16 X 10. Papier. Écriture nestorienne. 114 feuillets.
Terminé le 6 mars 1834.
Livre d'offices, à l'usage des Nestoriens. Au fol. 72'-73
on rappelle les règles données par Rabban Abraham de Sé-
leucie en l'année 1837 des Grecs (1652) et celles de Gabriel,
neveu de Rabban (susdit), données l'an 1910 (1599) dans le
monastère de Mar Eugène.
284 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
OV3 . »);/ 1.x.Vj> I-;^^ ovi .>jjLoNi>t ^a^^ ... (fol. 111 V"^ po, p>6o ^Nji/o -ît^ji/
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42. — Ce livre a été terminé le mardi, 6 adar (mars), de Tan 2145
des Grecs bénis (1834). 11 a été écrit dans la ville près de laquelle est
bâti le monastère béni de Mar Eugène; aux jours du Père des Pères
Mar Jean Hormez, catholique patriarche sur la nation des Chaldéens de
Babylone... L'a écrit Daniel, prêtre de nom, fils du prêtre Sam'ân
(Simon?), fils du prêtre 'Isa, de Sé'ert, qui habitent aujourd'hui dans
la ville de Mardê, sous la tente du saint martyr Mar Hormizd.
315
43. — 22 X 16. Papier. Écriture nestorienne. Terminé le
3 novembre 1884.
Œuvres diverses de Ebedjésus inétropolitain de Nisibe :
— I. Le livre de la Perle. — 11. Catalogue des livres ecclésias-
tiques. — 111. Exposé de la foi nestorienne.
-V^; Vr'r^ )-^Œ>;^ ^^;..j ya^;B\ \^\i )l!v.-j/ ^io jK^UL^VJio; ^sto ^^Oi y; ^DoL/ (fol. 50 V°)
• ^^^^ INo-pcLs l-a-f^; .^jCiico l.ioa^a»; ^OiOj-./ L^-^o; )t^j/ ^ ^cuA l'y"-» ïol» ovjto
pkJO.A >.^^~co/ Ni t j p_,Vci^«xaj> |L,.X3
44. — Ce livre de la Perle a été écrit d'après un manuscrit du frère
Ephrem, moine perse du monastère de Mar Georges. Lui-même l'avait
transcrit sur le manuscrit de saint Romanus, moine d'Alqôs, dans le
monastère de la Vierge, et celui-ci avait transcrit le sien l'an 2161 des Grecs
(1850) sur l'autographe de l'auteur à Mossoul, qui avait été écrit dans
la ville de Kélat, dans l'église des Nestoriens, l'an 1609 des Grecs (1298).
Au fol. 75, nous trouvons l'histoire des origines aposto-
liques de Mossoul (ou Assur ^ Athour) et de quelques-unes
de ses églises.
45. — Après l'ascension de Jésus-Christ au ciel, les saints apôtres s'en
allèrent par tout le monde, selon l'ordre qu'ils en avaient reçu, pour
prêcher et annoncer l'évangile et pour baptiser ceux des Juifs et aussi
des gentils qui croiraient par leurs mains; Pierre, Thomas, Addaï, Mari,
Barthélémy et Benjamin et Simon.
Pierre, Thomas et Barthélémy faisaient partie des douze; Addaï, Mari,
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIUPIENS. 285
Benjamin et Simon faisaient partie des 70. Ils vinrent ensemble à Assur
(pour le scribe c'est Mossoul) en portant avec eux les lettres des juifs
de Jérusalem qui croyaient au Christ, adressées aux juifs qui demeuraient
à Assur (Mossoul). Ils leur annonçaient dans ces lettres que le Christ
attendu par les juifs était venu, qu'il avait souffert et qu'il était mort
pour le salut des hommes, qu'il était ressuscité, monté au ciel, qu'il
avait envoyé le Saint-Esprit aux apôtres, et que ceux-ci avaient commencé
à opérer des prodiges admirables.
Quand les apôtres arrivèrent avec ces lettres, l'une était adressée à
un marchand juif. Or ce marchand avait un moulin à moudre le sésame.
Les apôtres arrivèrent durant l'été, lorsque la roue du moulin n'avait
pas de travail, et, à la lecture des lettres, nombreux furent ceux qui
reçurent les Apôtres avec joie. Ce marchand leur donna aussi son moulin
pour y réunir les gens et y prêcher le Christ. Tous les Apôtres vinrent
aussi dans ce moulin et les juifs commencèrent à s'y réunir près d'eux,
car beaucoup crurent au Christ par le moyen des apôtres. Ce marchand
juif avait un fils malade, et il fut guéri par la prière des Apôtres.
Lorsque la foi se répandit à Assur (Mossoul), le marchand dont nous
avons parlé, donna son moulin aux fidèles afin de s'y réunir pour la
prière et la prédication... et il devint une église à laquelle on donna
le nom de Simon Pierre, c'est maintenant la célèbre église de Simon
Pierre.
46. — Ensuite trois des apôtres, à savoir Simon Pierre et Thomas et
Barthélémy, laissèrent Mar Addaï et Mari pour évangéliser Assur — et ils
l'évangélisèrent ainsi que les environs - et ils prirent avec eux Mar Ben-
jamin et Mar Simon et ils allèrent du côté de Sen'ar et ils arrivèrent
jusqu'à Babel et ils annoncèrent l'évangile à Babel... Et Mar Simon Pierre
alla de Babel à Damas par le chemin du désert, et les apôtres et les
disciples, c'est-à-dire Thomas, Barthélémy, Simon et Benjamin, allèrent
au Beit Houzoïè et, là aussi, la foi du Christ se répandit par les mains
des apôtres. Mar Thomas et Mar Barthélémy laissèrent ensuite les deux
disciples au Beit Houzoïè pour y prêcher l'évangile dans toutes les direc-
tions et beaucoup d'entre les juifs et les païens reçurent la foi du Christ.
Ensuite Mar Thomas alla dans l'Inde et y reçut la couronne du mar-
tyre et Mar Barthélémy alla de là à Kousch, et lui aussi, après avoir
prêché l'évangile, reçut la couronne du martyre dans ce pays de Kousch.
Lorsque la foi du Christ se répandit dans Assur (Mossoul) et que
beaucoup de juifs crurent au Christ, ils bâtirent une autre église sous
le nom de Mar Thomas et, à cette époque, ils bâtirent encore une troi-
sième église sous le nom de Barthélémy.
47. — Cette église de Mar Barthélémy fut renversée aux jours de .Mar
Théodore, évoque de Mopsueste. A cause de ses belles interprétations
des saintes Écritures, l'église de Mar Barthélémy fut rebâtie par les
fidèles et ils lui donnèrent le nom de Mar Théodore. Le patriarche
d'Orient fut sollicité de donner cette église aux jacobites.
Plus tard la communauté des jacobites qui demeuraient dans cette ville
— beaucoup étaient de Tagrit — eut une querelle avec le patriarche
286 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
jacobite. La foule se fâcha avec le patriarche et passa à la religion
des Ismaélites (Arabes) et ils firent de leur église une Gâmad,' c'est-à-dire
une mosquée, et, jusque maintenant, cette église est appelée Gâmad
Tekritaï (mosquée des habitants de Tagritj, et elle est bâtie dans le |
voisinage de l'une des portes de la ville qui est appelée porte de 'Raq.
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>.ooo n .iojQ |.t ^ I v...^^j ;_3 jloj^jl I^«-o x^> sO-x^an | ■ ^^ ■'^ ^
48. — Ensuite, l'an 1863 du Christ, le diacre Rafaël, de la ville de Diar-
békir, vint à Mossoul. Il était le neveu du célèbre marchand Badôs. Il ve-
nait construire une école pour élever les enfants du pays et les instruire
dans les sciences, pour en faire des lévites et des prêtres pour le peuple
susdit.
L'an 1864, le diacre Rafaël commença à construire une école et avec elle
une imprimerie. Or un côté de l'église de Simon Safâ tomba, et comme on
en creusait les fondements, on vit une muraille qui était bâtie en rond ; il
en résulte que c'est là, sans doute possible, l'endroit de la meule où l'on
broyait le sésame.
Ce saint diacre Rafaël mourut Tan 1866 du Christ, lors d'une fièvre qui
régna par tout le pays et qui fit mourir beaucoup de personnes. Après sa
mort, l'ouvrage ne fut pas terminé, toutes les dépenses furent perdues et
tout son argent fut dispersé, parce que les habitants de Mossoul le mangè-
rent, et ses dépenses furent sans profit; il imprima seulement un psautier
et (les prières) d'avant et d'après, et il mourut, et ce qu'il avait réuni fut
dispersé.
49. — Ce livre fut terminé le premier dimanche de la dédicace de l'é-
glise, le 3 du second Techri (3 novembre) de l'année 18S4 du Christ, dans
le monastère béni de Mar Georges, martyr illustre, qui est dans le voisi-
nage d'Athour (Mossoul).
Il fut écrit sous le Pontificat du Père des Pères, notre Seigneur le pape
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIOPIENS. 287
Léon, pontife de Rome et de tout l'univers, (lorsque) Mar Elle était catho-
lique patriarche de l'Orient, sous le supériorat de notre père élevé, le
Père Samuel, chef général des monastères Chaldéens. Le scribe est le
même Elie, fils du fidèle Simon, du village de Sarnôs, fils du défunt
Cyriaque.
316
50. — 23 X 16. Papier. Écriture jacobite. 224 feuillets. Écrit
en 1889 par les scribes David et Joseph.
I. — Le livre des Ti^èsors de Jacques de Bartela (ou de
Tagrit).
II. — Lettre en vers de Jacques de Tagrit à Mari, sur-
nommé Fakr 'oul-Daoulah, et à Abou Tàhir Sâhid, surnommé
Tadj 'oul-Daoulah.
317
51. — 32 X 22. Papier. Écriture nestorienne. 182 feuillets,
xvni" siècle.
Le « livre du Paradis » de Palladius, a été édité par P. Be-
djan, Acta Martyrum, t. VU, et par M. Budge, The Book of
Paradise, Londres, 1904.
Le manuscrit a appartenu au couvent de iMar Georges, près
de Mossoul, et, en 1840, au couvent de Rabban Hormizd.
318
52. — 40 X 29. Papier. Écriture jacobite. 343 feuillets. Écrit
en 1886 par 'Abd el-Aziz.
Lexique de Bar-Bahloul, édité par Rubens Duval, Paris,
1888.
319
53. — 19 X 14, Papier. Écriture jacobite. 127 feuillets. Copié
en 1893.
L' hexaméron rfe' Moïse bar Képha, livres III-V.
Copié probablement sur le n° 311.
320
54. — 17 X 12. Papier. 104 feuillets, xix^ siècle.
288 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
I. — Explication des choses secrètes ou Encyclopédie, ca-
ractères nestoriens.
II. — Le livre des prunelles, ou résumé de logique de Bar
HÉBRAEUS, fol. 49\
III. — Le livre du discours de la sagesse, ou Résumé de
dialectique, de physique et de théologie, p"»? Bar Hébraeus,
fol. 71\
Les deux dernières parties ont été écrites en caractères jaco-
bites, en 1889, par 'Abd el-Aziz.
321
55. — 22 X 16. Papier. Écriture jacobite. 73 feuillets. Ter-
miné le 26 février 1892.
Poème philosophique de Grégoire Bar Hébraeus, sur la
perfection.
322
56. — 34 X 23. Papier. Écriture jacobite. 121 feuillets. Écrit
par 'Abd el-Aziz (xix° siècle).
Le Livre des directions ou Nomocanon de Bar Hébraeus.
Traduit en latin dans M.di\, Scriptorumvet. nova coll., i.X;
édite par P. Bedjan, Paris, 1898.
323
57- — 23 X 16. Papier. Écriture jacobite. 161 feuiileis. Ter-
miné le 2 janvier 1881, par 'Abd el-Aziz.
Collection des canons de Ebedjésus de Nisibe.
Édité et traduit en latin, Mai, Scriptorum vet. nova coll.,
t. X.
324
58. — 14 X 10. Papier. Écriture jacobite. 111 feuillets. Écrit,
en 1889, par 'Abd el-Aziz.
I. — Histoire des dix vizirs.
II. — Extraits (en syriaque ou en carchouni) relatifs aux
Yézidis, fol. 66; cf. n° 306.
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIOPIENS. 289
325
59. — 23 X 17 Papier. Écriture jacobite. 139 feuillets,
xi-x*" siècle.
I. — Recettes médicales pour les maux de tête, les maux
d'yeux, les maladies des enfants, etc. C'est attribué à Galien.
II. — Extraits du livre de Hiérothée, disposés et corrunen-
tés par Bar Hébhaeus, fol. 7(P (incomplet).
326
60. — 21 X 17. Papier. Écriture nestorienne. 181 feuillets,
xix*" siècle.
Recueil de vies de saints.
Apocalypse d'Esdras relative aux Arabes. — Jean bar-Malké.
— Mar Kardag. — Les inventions de la Croix — Mar Behnam.
— Les huit enfants d'Éphèse. — Gyriaque et Julitta. — Abra-
iiam Qidounaya.
327
61. — 22 X 16. Papier. Carchouni. 220 feuillets. Terminé le
26 juillet 1889.
Traité de théologie de Basile, maphrien du Tour Abdia
(mort en 1134).
Écrit par le moine Georges, fils du prêtre 'Abd el-Ahad, ter-
miné le 26 [n-r^o o-f^) tamouz (juillet) de l'année 1889, au temps
de Mar Ignace patriarche, Pierre III, du siège d'Antioche, ré-
sidant à Deir ez-Zafarân, de Mar Cyrille métropolitain et d'Élie
de Mossoul, supérieur du monastère de Cheikh Matthieu.
328
62. — 31 X 21. Papier. Écriture jacobite. 94 feuillets. Ter-
miné en janvier 1859.
I. — Dictionnaire t/'EuDocHus.
IL — Le livre des prunelles de Bar Hébraeu.s.
Écrit par Georges, fils de Hannà an-Naqâ, au temps d'Ignace,
patriarche d'Antioche, et de Basile, maphrien.
ORIKIMT CHRÉTIEN. 19
290 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
329
63. _ 24 X 19. Papier. Écriture jacobite. 139 feuillets. Ter-
miné le 3 janvier 1883.
Le livre de V Ascension intellectuelle sur la forme du ciel
et de la terre, ou traité d. asti^onomie de Bar Hébraeus.
Nous l'avons édité et traduit, Paris, 1889. Écrit par 'Abd el-
Aziz.
330
64. _ 28 X 19. Papier. Écriture jacobite. 11 feuillets. Ter-
miné le 25 février 1893.
Le « livre du commerce des commerces », ou résumé de
logique, de physique et de théologie par Bar Hébraeus.
Écrit par 'Abd el-Aziz.
331
65. — 21 X 15. Papier. Carchouni. 166 feuillets, xix" siècle.
I. — le livre de V expulsion de la tristesse, ou recueil de
contes, d'anecdotes et de bons mots par Elie de Nisibe, édité
par Constantin Bâcha, cf. ROC, t. XI (1906), p. 143.
Copié en 1883 par 'Abd el-Aziz, fils du prêtre Georges.
II. — Histoire des dix viziî^s, fol. 101 ; cf. n° 324.
332
66. — 25 X 19. Papier. Écriture nestorienne. 236 feuillets.
Terminé le 4 janvier 1895.
Collection de synodes nestornens, éditée et traduite par
M. l'abbé J.-B. Chabot, Paris, 1902.
Synodes d'isaac (en 410), de Yahballaha F'" (en 420), de Dad-
jésus (en 433), d'Acace (en 489), de Bar-Sauma, de Babaï (en
199), de Mar Aba (en 544), de Joseph (en 553), d'Ézéchiel (en
577), de Jésuyahb P"" (en 588), de Sabarjésus (en 596), de Gré-
goire (605), de Georges (en 678), de Henanjésus (en 694), de
Timothée P'' (en 786), de Timothée II (en 1318). Suivent six
lettres de Barsauma au patriarche Acace.
67. — Le colophon renferme le récit de l'élection du pa-
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIOPIENS. 291
triarche ChaldéenEbedjésusen 1804 et la liste des évêquesChal-
déens à cette époque :
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^' - ^^ . w>r^ N.»^« 1'^! poâLk '^^o. |JL30 ya^a>t \^ï) i'^^ yo^'r^ ■-•^'r^ot ^^t-3
I n .\nK n \&ajUt..â^ ■^'yio . . . |Lov^/ > >Viol« -^ l-'-^J ^oa^>>J« OiC'^<;^ >AO fiN\» p.;.^^ao
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68. — Ce livre a été terminé Le 4 janvier de l'an 1895 de Notre-Sei-
,i,meur dans le monastère de Notre-Dame Marie qui protège les semences,
bâti à l'extrémité de la montagne de Beit 'Adraï, du côté est d'Alqôs, vil-
lage du prophète Nahum, au temps (de Léon XIII), de Mar Ebedjésus, catho-
lique patriarche d'Orient, et de notre père le prêtre Pierre, chef général des
monastères. L'a écrit le moine Elias, diacre, du village de Saqlavà, qui est
au pays de Kousnab, fils du fidèle Babakà, fils de l'évêque (?) Joseph, qui
est appelé Abarhinà, à Beit Mam.
69. — J'avertis les lecteurs, nos successeurs, que Mar Elle, 12'^ catholique
patriarche d'Orient, est mort le 3 juin 1894. Au mois d'octobre de la même
année, les pères métropolitains se sont réunis dans notre monastère de
Notre-Dame Marie pour choisir un patriarche, à savoir : Mar Elle Malous
de notre monastère de Mardè ; Mar Ebedjésus Hait, d'Amid; Mar Jacques,
l'un de nos moines, de Gezirtâ; Mar Michel Na'mou de Perat-Maïsan ; Mar
Gabriel Adamou de Selouk; Mar Thomas Audô, d'Ourmiah; Mar Emma-
nuel Tamrà de Sé'ert; Mar Jean Sahar de 'Aqrâ; Mar Joseph Elie Kîât de
'Oumdià; Mar lahbalaha Isaac Koudàbkas de Salamas. Mar Georges
Gougà de Sennâ ne put venir. Ils choisirent Mar Ebedjésus d'Amid comme
patriarche d'Orient. L'élection eut lieu le 28 octobre de cette année 1894
de Notre-Seigneur.
333
70. — 26 X 20. Papier. 58 feuillets, xix" siècle.
Le « livre de la Chasteté » de Jésusdenah, évêque de
Ba-'sorah, ou histoire monastique nestorienne.
Édité et traduit par M. l'abbé J.-B. Chabot, dans les Mélanges
292 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
d'Archéologie et d'histoire de l'École française de Rome, t. XVI;
réédité par le P. Bedjan à la fin du Liber superiorum (His-
toire monastique de Thomas de Marga), Paris, 1901.
334
71. — 36 X 25. Papier. Carchouni. 28 feuillets. Lettres et
pièces originales relatives aux maronites.
Lettres de Georges-Pierre, patriarche maronite d'Antioche,
au roi de France, à la reine, au cardinal Mazarin, au prince
Henri de Guise, au comte de Brienne, au prince de Mailli, du
25 janvier 1658, — au roi de France, du 15 mars 1659.
Lettre de Joseph à Sergius, archevêque de Damas, à Paris,
du 5 avril 1660.
72. — Témoignages et assertions des églises syrienne (pa-
triarche : Ignace André) (2 août 1666) et maronite (9 août 1666),
fol. 16-18. Cette dernière est signée de Faradjallah .^;^o.s^; Ga-
briel wuM-^i^/; Gabriel .^\uois^ (d'Ehden?); Joseph d'Alep; Jean
Lettres du patriarche maronite Georges-Pierre au Cardinal
de Bouillon, grand aumônier de France, du 8 août 1675, —
de Nazif Khazin, prince des maronites du Mont Liban, au roi
de France, du 25 mars 1695, — de Joseph, patriarche maro-
nite d'Antioche, au roi de France, du 15 octobre 1736, — de
Joseph Pierre, patriarche d'Antioche, du 14 juin 1767.
335
73. — 44 X 33. Papier et parchemin. 97 feuillets.
Fragments de manuscrits et de copies, feuillets détachés
réunis et montés sur onglets.
Fol. 1-6, fragments en carchouni; 7-10, fragments d'offices;
12-23, petit lexique syriaque dont l'écriture rappelle celle de
Renaudot; 26-36, explications ou questions et réponses sur di-
vers sujets : par exemple pour expliquer la parenté d'Abraham
et de Sara :
Tharé, père d'Abraham, prit deux femmes, Tune, appelée Malktou',
dont il eut * hrr. ham, et l'autre, nommée Zamrout, dont il eut Sara.
27-30, evtraitsd'épiphane, Evagrius, Basile, Grégoire, Denys,
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, P:THI0PIENS. 293
Cyrille, Jean (.m^o.) Chrysostome; fol. 31, sur l'être, questions
théologiques.
,)»A^ |-.0(>); )Lo(Jxo
De Xystos, évêqiie de Rome : Trois choses émeuvent la terre et il
en est quatre qu'elle ne peut supporter : Un esclave qui règne, un in-
sensé rassasié de pain, une servante qui chasse sa maîtresse, et la haine
qui serait chez un homme.
L'auteur explique que l'esclave c'est la fureur et la colère,
l'insensé c'est le corps, la servante c'est l'esprit impur qui
chasse le Saint-Esprit; la haine, c'est laisser le bien pour
prendre le mal.
*74. — Fol. 36, vient la notice sur Sévère d'Antioche éditée
Patr. or., t. VIII, p. 165.
Noms des martyrs de Sébaste : Domitianus, Alexandre...
Fol. 37-46, fragments d'offices.
Fol. 47-49, Nouveau Testament; fol. 50-38, offices.
Fol. 60, sur la décollation de saint Jean-Baptiste. L'auteur
fait parler le soldat envoyé pour le décapiter; fol. 65 et 67, sur
Joseph et la Vierge : « J'ai passé par Nazareth et j'ai entendu
la voix de Joseph qui réprimandait Marie et qui lui disait tout
en colère : « Dis-moi, Marie, qui t'a recherchée? » Marie se leva
lentement devant Joseph, en pleurant de douleur, et elle lui
dit tout en colère : « Laisse -moi, Joseph, je ne te mens
pas. »...
Au fol. 68 on trouve une pièce du même genre : « Prière de
Mar Jacob (Jacques de Saroug) : Un jour que je passais sur
le mont de Jébus, je regardai et je vis un jeune homme pendu
à l'extrémité d'un bois, je regardai et je vis une jeune fille
(16^^) qui se tenait près de lui. Je m'approchai d'elle pour l'in-
terroger . c( Dis-moi, jeune fille, qu'est-ce que cette croix? »...
Fol. 70-77, fragments d'offices.
75. — Au fol. 78 on trouve le colophon suivant d'un ma-
nuscrit des évangiles :
294 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Marie, tante maternelle du diacre défunt Jésus, a vendu cet évangile
au faible parmi les prêtres, Mas'oud, qui est appelé Bar-Karnis, parce
qu'elle a péché contre la grâce divine, l'an 1609 des Grecs (1298), au
mois d'Adar (Mars). Que le Christ, fils de Dieu, lui donne, ainsi qu'à ce
diacre, le royaume céleste.
Fol. 86. semble une copie de Renaudot. — Fol. 88, fragments
des lettres à Timothée, Tite, Philémon. — Fol. 92, copie de
la lettre de l'évêque de Jérusalem Timothée au pape Paul V.
— Fol. 96, copie du colophon du commentaire de Denys bar-
Salibi sur l'Ancien Testament (ms. 66 de Paris) ; cette copie
a sans doute déterminé l'achat du volume.
336
76. — 37 X 24. Papier. Écriture nestorienne. 181 feuillets.
Terminé le 27 mai 1896.
Lettres de Jésuyahb, patriarche nestorien de 647 à 658.
Éditées et traduites par R. Duval, Paris, 1905.
Le présent manuscrit a été copié, en 1896, sur un manuscrit
d'Alqôs daté de 1696, mais celui-ci, d'après M. R. Duval, n'est
qu'une copie (tronquée au commencement) du ms. Vat. 156,
acheté en Mésopotamie, en 1716, par J. S. Assémani,
Voici les colophons du ms. 336; on lit, fol. 181 :
^>L Nx>> .oiV.; p>^o,-o l-MO^ '^r° "r^l- P^i-=> U't.'>-3 . | a « it aa.,M yao.,^ pO| |.jCo ^a\Cui{
...pX'V-^ ^'<^; l-^n n « rr>N |jl^Lo ,^."g|S\
^o^A . IV^<Xx •-=>J->4^ "*^ . . .| Vi.m» . . . I « > I yao-^t O)^;.^ ...|N.a.,;_3 )K.V^u ^j>NjL/
l->^ ^r^ jl-ova/; IpOO |-3( . «V>o,«3 ^oCoL{ l-'>^si^ «K^OoioO) ^i ^po« ^.-..nn
...po) tj^ao ^.o.:;,^ "^olV ...\x:>1s, I— Jrio; (fol. 181 Y) l^V-V^ )n>\oCv.o
. >m.,^>Q^.^ )l...v) l^oDo 10^^^.^^ yO^ .|jLâu,poo |)afi..;ao jov^ .^o^^p
. pCj-o ) ,.. A"j>» P^^jJj ) ^t-iv-^i»; yaa.*^ >.30i . ■>» » ■ ; )l■^^^/» pO) l-sUo ■)oi>.Nji/ (fol. 179)
t^o ^*i.»Lo )po pioLo ^a.^ Cuji; .©va p . |..,^ia. v^' I— t- Q-OO)» .^-Z pi xaeo |jx>;-3 U;-^
^\i.
^jQ^oj pr~op>« l'^^o^ N»,^^; . ).»^j_) |>ov£0 ^ai*>^»Q_».^ '-•Po; . ^»^><xo ^o^a Iv^oo^ '-^'Hs
p.\cixcD( ^io- pet*j wO,oN-/; . . . )L..-.oo uu/ -y^.\^ ^toL/ (179 v) |N^,^
. . .^p3\L IN^V^f 6\XiO . , A ^t^ N.ik.3>
IS>i_;; vCCL^^^vè"^ I n .\oKa ).«>v».. \».Q.aj j_3ii. ^Vio Il-owsf» P>»o p>/ ^-.iod-^ ^CoL/
p. iQo |N."i°»
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIOPIENS. 295
77. — Sache, ù bienveillant lecteur, qua la fin du livre sur lequel
a été transcrit le présent manuscrit il était écrit ainsi :
Ce livre a été terminé le jeudi du mois béni premier Techri, son
premier jour, de l'an 2008 du comput des Grecs bénis (1" cet. 169f>).
Il fut écrit dans le village béni Alqôs, village du prophète Nahum, qui
est à côté du monastère, saint des saints, de Mar Rabban Hormizd le
Perse... II fut écrit au temps du Père et Seigneur des Pères Mar Elie,
catholique patriarche d'Orient (Elie X ou Jean, patriarche nestorien de
1G60 à 1700). Je demande à tous ceux qui trouveront ce livre de dire :
« Dieu bon et miséricordieux, aie pitié du scribe pécheur, du faible
Georges. »
78. — (Fol. 179). Ce livre (le ms. 336) des lettres de Jésuyahb (Isou'yahlj)
•a été terminé le premier mercredi des saints apôtres, au mois béni
d'Yar, qui est le mois de Marie, le 27 de ce mois, l'an 1896 du Christ.
Il fut écrit dans le village béni de Telkêfé, village de Mar Cyriaque,
le petit enfant, et de sa mère Julitta. à côté du monastère, saint des
saints, de Mar Georges l'illustre martyr, de Beit 'Evîrè, qui dépend de la
ville de Mossoul. Il fut écrit des mains de l'homme faible, nommé l'écolier
Pierre, fils du prêtre Joseph, fils du fidèle Jean, fils du diacre Etienne,
fils du fidèle Abraham, de Beit Gangî, du même village de Telkêfé. Il
fut écrit aux jours du Père et du maître des Pères, Mar Ebedjésus
('Abdîsou') cinquième, catholique patriarche de l'Orient, premier des
points cardinaux.
79. — 14 X 9. Parchemin. 1 lU feuillets, x'^ siècle.
Les hymnes de Sévère d'Antioche, traduites en syriaque
par Jacques d'Édesse. Éditées par E. W. Brooks, dans la Pa-
trologie orientale, t. VI et VII.
Le ms. est tronqué au commencement et à la fin.
338
80. — 19 X 1 1. Papier. 28 1 feuillets. Terminé le 9 février
1 148.
Menaeon melkite du mois de juin.
Les premiers feuillets manquent. Le manuscrit commence
dans le courant de l'office de S. Théodote d'Ancyre (7 juin).
Ce manuscrit (comme le précédent) a eu un coin roussi
par le feu.
Fol. 21v, translation du saint martyr Théodore le gé-
néral, on trouve ensuite les mêmes saints que dans le ms. syr.
139.
296 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Sur le dernier feuillet :
.^tj ^aj)J C^^uio ^UL^au.o l|^o po .v3lS\ Njl N-la ^^^JlXj» ^^ |C<3oVi. >3Q-. .\i\-o
Ce coloplioii est répété en arabe au verso où le scribe ajoute
en plus l'an des Grecs 1759 {1U8). Nous pouvons donc tra-
duire :
Terminé par les mains de l'homme pécheur, prêtre de nom et pas
en œuvres, Abraham, fils de Joseph, fils d'Habib. Dieu donne le repos
à son àme et à l'âme de ses parents! Il l'a écrit dans la sainte église
de Mar Georges dans le village de Qârâ, le Vendredi 9 Scliebat, l'an
6956 de notre père Adam (6956-5508 = 1448).
339
81. — 23 X 18. Papier. Écriture nestorienne. -201) pages.
Terminé le 9 juin 1889.
Le livre de l'abeille de Salomon de Bassora, édité par
W. Budge.
. ^.\aa.oD w^ojot^/ >-»0)0 . ^u-ioa-L ^j oiîLj . |-.>.^>).^ ov.N-| OiN-Vo • 1-*^ ) i v>.ov^ 'r^ ^±^q^
82. — Ce livre a été terminé l'an 1889 de Jésus-Christ le 9 Haziran
(juin), le Samedi, au temps du pasteur vigilant... Mar Simon, catholique
patriarche du siège apostolique de TOrient, Mar Roubil le patriarche.
A écrit ce livre de l'abeille, c'est à-dire des extraits, Jean, fils du fidèle
Talià, son village est Mazre'oio; son pays est à la frontière, et maintenant
il est étudiant, bien qu'éloigné du travail. Il l'a écrit au pays d'Ourmiah,
sous le toit des missionnaires américains, c'esl-à-dire QaFà Birtà. Que
le Seigneur ait pitié de lui dans ses miséricordes. Amen.
340
83. — 14 X 8. Papier. Carchouni, 89 feuillets. xiv'(?) siècle .
Pronostics tirés de la température, des éclipses de soleil et
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIOPIENS. 297
de lune, des orages, des tremblements de terre, des comètes, etc.
L'auteur cite souvent la Palestine et même Diarbékir. Le ca-
lendrier semble donc de provenance orientale et non égyp-
tienne. Le fol. 7.')' seul est écrit en syriaque :
. I « V>« lOOp lokcD |00VJ> yOV^|L> ^^0<V< ^Q.>X^O^ '^^ol .yw^^ w.O)n\"V)0 ^^sx; ^''">{ ''^
. y>\v\ &vvn\ |..ao« |ov^ «^ W VI I «f"'' •> ^^i-> po ■ ■ |oNxd joow ) « v « |oov<> yOpojU j^^oci^o
Dieu sait tout. Gloire à son nom et que ses miséricordes soient sur
nous. Amen. Tout homme est menteur et ses paroles (de Dieu) sont
vraies. 11 dit dans l'Évangile : Le jour où vous direz (jue ce sera l'hiver,
ce sera le soleil, et le jour où vous direz que ce sera le soleil, ce sera
l'hiver; et le Dieu un connaît seul les choses cachées; gloire à son nom
à jamais!
L'auteur paraît donc avoir assez peu confiance dans ses
pronostics.
341
84. — 31 X 23. Parchemin. Écriture estranghélo. 2 IG feuil-
lets, vii^ ou viif siècle.
Ancien et Nouveau Testament dans la version Peschitto.
Le commencement de la Genèse manque et il ne reste qu'un
ou deux feuillets du Nouveau Testament.
Les miniatures ont été décrites et reproduites par M. H.
Omont, Peintures de V Ancien Testament dans un manuscrit
syriaque du VIP ou du VHP siècle, dans Monuments et
mémoires publiés par l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, t. XVII, fasc. \.
342
85. — 25 X 16. Parchemin. Écriture estranghélo. 234 feuil-
lets. Écrit en 894. Les feuillets 1-10, 59-66, 252-254 sont écrits
sur papier et ont été ajoutés pour combler les lacunes du ma-
nuscrit primitif.
Nouveau Testament, version peschitto avec ses lacunes or-
dinaires.
Fol. P. « Nous écrivons le saint Évangile, prédication de
Matthieu. »
298 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Fol. 36. « Fin du saint évangile de Matthieu, qu'il parla en
hébreu en Palestine. Saint Évangile, prédication de Marc. »
Fol. 37'. « Fin de la prédication de Marc qu'il parla en
romain à Rome. Saint Évangile, prédication de Luc. »
Fol. O.'). « Fin du saint Évangile, prédication de Luc qu'il
parla en grec à Alexandrie la grande. Saint Évangile, pn'di-
cation de Jean. »
Fol. 122\ « Fin du saint Évangile, prédication de .Jean,
qu'il parla et prêcha et annonça en grec dans la ville d'Éphèse.
Ensuite Actes des douze hienheureux apôtres. »
Fol. \')9. « Fin des Actes des apôtres, ensuite lettre de
l'apôtre .lacques. » 1()2\ V lettre de Pierre; 166\ 1''' lettre de
.lean; 170, lettre de S. Paul aux Romains; 2 V.)\ fin de la lettre
aux Hébreux.
^.L|.io Nj-â Pi^,.iO . p:j<i*.\ . «.-sn-^o ^Ll.ioo ..aL"S\ . N-l«_3 pO) ^sNj ^-; ^^^^l (lol. 250)
. . . \r^o ^p.^Lo
ov:>I^ |IV.;.o 'po(o |ISwi_,,.^o ,V3 '^->oo\» vâLCDQ^ ^>; ).*-ivû K.Maï.â pO| |.^IS.3 ^« ^otoL|
oy^eoifi; piLo...^* y^l [^} l-a-^V |-'>-^~ v! ^V^Co . |->V^ r-^-s U313l^L{
yOowLoàoo ^r./^ y oo 1 r. jISJCso; ^'^ l-vcci'C ,m . -iCDop ^^i.oN.3.^; pïL<x^o j-sV ,^i . ->Co ^.soL
86. — Ce livre a été terminé l'an 1205 des Grecs et 281 des Arabes
(894)... Ce livre fut écrit d;ins le saint monastère de Rabban .Joseph qui
est en face de Balad..„ Le pécheur Saliba-Zeka Ta écrit pour son profit...
Nous écrivons ensuite les choses utiles écrites par Eusèbe de Césarée
sur la patrie, la famille et la mort des saints apôtres. — Sache donc que
les apôtres étaient au nombre de douze et soixante-dix...
L'apôtre S. Jean a eu trois disciples : Ignace, Polycarpe et
Jean. C'est ce dernier qui a écrit l'Apocalypse, car il a dit que
c'est de la bouche de l'évangéliste qu'il a entendu tout ce qu 'il
a écrit.
^ot>o).o OIV1ITIO . t>iV>^a^ ^su. ovl^'/o . t^.000 |.A.i.àaoV^ o^'roi . |-.6.jO|( )^V^> 0)L;.jk^ r^cL^{>
.... )Co; %v> INj-.,.^
Ijoov.» ^^JUl ^vj )ooi ...O)0N.-( >o.VjiJo/ ^io ^>>..a^ Q-.001; wjL ^..jjL/j 001 .oo-qj.^ ;j jjoov»
V^xcLfo ^:mL Cv^^o ;o>|-3 |.â|.X3 ^ou^H/o . |>oov>; >o>)-30 ^cDona.^(-30 ) « n .fJ^^ j'r^l ^JOi
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v..O)»o)o 0)»IS.3 )oo)0 v..j|J ,.ia\LL[o r.*3/> )..»■>.» ^31^ ^,oa.\ v..O)0^w./ 0),^ia\L ^.^«^/o .|_».soooiv.'^
.wO)iop> >au>xDt.t.(o .cDoiacD .S( ov^^i^o
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIOPIENS. 299
87. — Thomas est de Jérusalem, de la tribu de Juda. Il catéchisa les
Parthes et les Mèdes et les Hindous. Et parce qu'il baptisa la fille du roi
des Hindous, celui-ci le perça d'une lance et il mourut. Habban apporta
son corps et le mit à Édesse, la ville bénie. D'autres disent qu'il a été
enterré dans la ville de Mahlouf, au pays des Hindous.
Jude, fils de Jacques, qui est appelé Thaddaï et qui est Lebbaï, était de
Jérusalem, de la tribu de Juda. Il prêcha à Laodicée et à Antaradus
et à Aroud de Juda. Il fut lapidé à Aroud, il y mourut et fut enseveli...
Addaï était de Panéas, et il prèciia à Édesse et en Mésopotamie au temps
du roi Abgar, et il bâtit une église à Édesse. Lorsque Abgar mourut,
Sévère, son fils, le tua au château d'Agîl, et son corps fut emporté
ensuite chez les Romains.
Aggaï, son disciple, faisait d'abord les vêtements de soie d'Abgar. Il
fut instruit par Addaï et lui succéda à Édesse. Sévère le tua aussi et
il fut mis (enterré) à Édesse (1).
88. — Le fol. 253 porte quelques additions : On dit que chacun des
82 écrivit un évangile et, pour qu'il n'y eût pas de dispute et que les
actes ne se multipliassent pas, les Apôtres choisirent deux des 70 :
Luc et Marc, et deux des 12 : Matthieu et Jean... Trois des apôtres furent
mariés : Pierre, Philippe et Paul — Lebbaï, c'est Thaddaï et c'est Jude-
Jacques... L'enfant présenté par N.-S. quand il a dit : Si vous n'êtes
pas comme ces enfants... c'est Ignace et, quand il fut patriarche d'An-
tioche, il vit que les anges faisaient l'office en deux chœurs (^^î^^) ^t il
prescrivit de faire ainsi dans l'église et plus tard cette manière de faire
se perdit. Et lorsque Diodore fut envoyé en ambassade avec son père
au pays de Perse et qu'il vit qu'ils faisaient l'office en deux chœurs,
il revint à Antioche, son pays, et il renouvela (l'habitude) de faire l'office
en deux chœurs...
Marie de Magdala est la sœur de Lazare. Il y en a qui disent que Marie
la pécheresse est Marie de Magdala, d'autres n'admettent pas cela et disent
qu'elle est différente. Ceux qui disent que c'est Marie de Magdala disent
qu'avec l'argent de la prostitution elle s'était bâti une tour (Magdal) ;
ceux qui disent qu'elle est différente de celle de Magdala disent que
cette Marie de Magdala est ainsi nommée du nom du village de Magdala,
et qu'elle était pure et sainte.
343
89. — 26 X 19. Écriture estranghélo. Non paginé, ix" siècle.
(1) Le ms. 343, dans la partie ajoutée, qui peut être du xiv siècle, porte :
•< Ensuite on emporta (Addaï) à Rome; il y en a qui disent qu'il fut enterré
à Édesse même... Après la mort d'Abgar son fils lui succéda. Il commanda
à Aggai de lui tisser des habits de soie et, comme il ne voulut pas, disant :
« Je ne puis pas abandonner l'easeiguement et la prédication et retourner
au tissage ", il le frappa d'un bâton sur les jambes et les brisa, et il mourut.
Thaddaï lui succéda à Édesse, Hérode (Sévère;, fils d'Abgar, le tua aussi et
il fut enseveli à Édesse. ■■
300 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
Nouveau Testament dans la version peschitto.
Ce manuscrit, comme le précédent, a été complété au com-
mencement et à la fin à date plus récente (xiv" siècle?); on
trouve les mêmes appendices sur les disciples, mais ils figurent
ici dans la partie récente.
La mention de Diodore semble indiquer que les deux ma-
nuscrits sont d'origine nestorienne.
Le présent volume a été relié, Tan 1919 des Grecs (1608), par
Rabban Abdallah de Mardin.
344
90- — 32 X 21. Papier. 9 feuillets, xvi" siècle.
Peintures avec légendes en syriaque et en arménien.
Fol. r. L'ange Gabriel, Marie et le Saint-Esprit à l'Annoncia-
tion.
Fol. 2'. La Vierge; la crèche; deux tètes d'animaux; les rois
mages; deux anges. Le départ pour l'Egypte (?).
Fol. 2'. La présentation au temple. Le vieillard Siméon et
quatre personnages.
Fol. 3'. La résurrection de Lazare. — Fol. 3\ L'entrée à Jé-
rusalem le jour des rameaux.
Fol. 'ibis. Le baptême du Christ dans le Jourdain et la trans-
figuration (Moïse, Élie, Pierre, Jean, Jacques).
Fol. 4. Jésus lave les pieds de Pierre. Les autres disciples
sont présents. — Jésus et les deux larrons en croix.
Fol. 5. Joseph et Nicodème enterrent le Christ. — Jésus va
chercher Adam et les justes dans les limbes et transperce le
dragon.
Fol. 6. Résurrection (Gabriel, saintes femmes, gardes). —
Ascension.
Fol. 7. Descente du Saint-Esprit sur les Apôtres. — Triom-
phe de la Croix, punitions des pécheurs.
Fol. 8. Le Christ sur le char des Chérubins, le Paradis. —
Matthieu et Marc .
Fol. 9. Luc et Jean.
Les poses sont maniérées et forcées. La couleur rouge do-
mine et rappelle les mauvaises peintures éthiopiennes.
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIOPIENS. 'A0\
345
91. — *26 X 18. Papier. Écriture nestorienne. Écrit en 1526.
Recueil dliymnes et d homélies, tronqué au commence-
ment et à la fin. Quelques miniatures. On lit, fol. 22(>et 221 :
.^o>0|( (^20^) .Ifvi:» >N^ xf^l iftao |(^:LiaLi. ^^01^ ^Coo v^|J> '^^|n»y>s p^^^ '^^ o^j
o^oo < ;j I .>^o\.^ V^
.^^•.^1 .ypo 01^ ;anv.V) oJa.3 |to; ivi |N^V^-3 . ;-«jio M^t-3 l*l-M P^ l-sN^ ^CoL{
•^ -, •••—n OlLO^I .|LV..pt |^w•J^>aMO IN...»...-) |L«OV£D >-«jaV>«» OC^^ (>.a.<.L pO) ^CO <..3N3l./
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^'^ )-o'q^ ^- ■"« [■'!.-> «o ^IS\l.o p.^01.0 .Jio v.â^ C>»» 3 |La>.j« ^oiù.» l-sCo . . .^"^^
) n .\nt\. n ^\.Wt wV^O .|l.a^V« ).^90 |l-OV3(; \^l -j^àOQ.J^^ .y^^OfO-iO > ff>CI '\ .\ « ^ ^ .XOO», I tw>\\ ;
l^iSoiLsto ^^t{; (^axuxuvâf y\.,r\ . ^f^ao ^^^.•^u.o )t.<o. \.i^i . «aniS « 30 . (...^po* ^^^V^s^
92. — Priez pour le pécheur Emmanuel qui a pris la peine d'écrire
ces Répons et qui les a rangés dans leur ordre; il est prêtre de nom,
fils du prêtre David, fils du prêtre Aaron, fils du séculier Barsoumou...
Ce livre fut écrit dans le pays béni de Basir, dans le village béni de
Bourab, que Notre-Seigneur conserve ses habitants. Amen. Ce livre fut
écrit sous le, toit de la martyre Samouni... Que sa prière et celle de
ses enfants soit pour notre peuple un mur élevé contre le mal. Terminé
l'an 1877 des Grecs bénis, d'Alexandre, fils de Philippe le macédonien
(1526); au temps du Père des Pères et du chef des pasteurs Mar Simon,
catholique patriarche de l'Orient (Simon VI, 1504 (?) à 1538), et du pasteur
vigilant et zélé Mar Jean, évêque d'Atîl et des Bôktoiê.
346
93. — 18 X 13. Papier. Écriture jacobite. 177 feuillets. Écrit
en 1309.
Traduction du tétîYfbiblon de Ptolémée. Œuvres de Sévère
Sébokt et de Georges des Arabes. Analjsé plus haut, ROC,
t. XV, 1910, p. 228 sqq.
Écrit par le prêtre Jésus, fils de David, nommé Akîlâ, relieur de livres
de Hah, castrum béni du Tour 'Abdîn, pour son fils Aboulmenâ uiommé
aussi Jésus bar Kila, bar Akilâ?) et ses frères. Ecrit l'an 1620 des Grecs
(1309) dans le monastère de Mar Hananîâ, qui est près de la ville de
Mardin. Cf. ROC, 1910, p. 229 et 248.
302 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
347
94. — Très petit manuscrit. Papier. Écriture nestorienne.
Écrit en 1734.
Talismans, prières et conjurations (^aov-). Fol. o'', commen-
cement de l'évangile saint Jean. Fol. 6, conjuration des Pères
pour une femme dont les enfants ne vivent pas... Conjurations
de Mar Georges, de Paul, d'Ebedjésus, de Daniel. Fol. 11, 13,
60, 61, talismans. Écrit au village de ^c^,;/ (Artôn), l'an 2045 des
Orecs (1734).
348
95. — 10x6. Papier. Écriture jacobite, 163 feuillets.
Les psaumes en entier, mais en mauvais état; il y a des
feuillets rétablis.
Écrit par Gabriel du pays de Gezirà (i^^v^) qui est à côté de
la montagne de Qardou (o,o!^i>) (Djezireh ibn Omar?).
319
96. — 11x8. Papier. Écriture nestorienne. Écrit en 1829.
Bréviaire nestorien.
Fol. 1, Prières pour tous les mercredis de l'année, hors ceux
du jeûne. Fol. 143, icwojll (louanges). Fol. 149% règles deRabban
Abraham et de Gabriel; cf. n° 314, fol. 156. Règles d'Ebed-
jésus. Fol. 158, isoLiûs.. Fol. 3r : « Écrit par le prêtre Georges, en
2140 des Grecs (1829) ».
350
97. — 15 X 11. Papier. Écriture nestorienne. 134 feuillets.
Écrit en 1616.
Mélanges de Théologie.
On trouve d'abord, fol. T, un résumé de l'histoire romaine
qui semble avoir pour but d'amener une prédiction de la nais-
sance du Christ :
Avec l'aide de Dieu nous écrivons l'histoire du premier roi qui a
régné à Rome et il y a un beau témoignage sur Notre-Seigneur.
En ces jours il y avait en Occident un homme nommé Rhoumoio.
C'était un homme fort et il y avait à son époque une jeune vierge
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIOPIENS. 303
de belle figure, dans File de Sicile, qui était prêtresse de la déesse Herês
et la servait. Quand Hhoumoiu la vit, il la désira, la fréquenta et elle
devint enceinte. Quand elle s'aperçut (lu'elle était enceinte, (elle fut
saisie) de crainte et elle se cacha des prêtres d'Herês pour qu'ils ne
la tuassent pas. Quand elle eut enfanté, elle donna les deux enfants à
leur père et il les donna à une femme qui les éleva. Quand les enfants
grandirent, ils devinrent des hommes robustes et leur père nomma
l'un Romulus et l'autre Rémus... Romulus bâtit le Capitole, tue Rémus,
s'enfuit à Athènes après avoir régné durant 79 ans. Les Romains sont
ensuite gouvernés par des consuls jusqu'à Jules César. Naissance de
César, explication de son nom. Auguste règne durant 26 ans; il va
au temple de Dios demander (jui lui succédera. La mère de Dios lui
répond que ce sera un enfant hébreu, appelé Fils de Dieu, né d'une
vierge nommée Marie. Auguste lui fait élever une statue au Capitole
et saint Pierre a vu plus tard cette statue lorsqu'il est venu à Rome.
L'ange Gabriel a été envoyé à Elisabeth l'an 307 d'Alexandre. Le Christ
est né le 9« mois, premier Conoun (décembre), le 25, à la septième heure
du jour, le Vendredi. Le vieillard Siméon avait 535 ans. Le Christ a
été baptisé à l'âge de 30 ans, le 6 janvier: il est mort 3 ans et demi
plus tard.
98. _ Une tradition voulait en effet que le vieillard Siméon
eût été l'un des Septante (traducteurs de la Bible). 11 n'avait pas
voulu croire aux prophéties concernant le Christ et, pour le
convaincre, Dieu lui avait accordé S.")!) ans de vie afin qu'il pût
voir le Christ (cf. Migne, P. G., t. CXI, col. 974. Cf. supra,
p. 261-2). Notre auteur ne se préoccupe pas d'ailleurs de conci-
lier les données chronologiques qu'il rapporte et il écrit encore,
fol. 1 :
^io »:iû>. . Ns>j>(o \\^ Ni.L Cojj ^po f^W .p:jQ-.; ISMo \\ia CAL NjJ.i ^W» V^tssol
Nj..x»o ^tALo |)JK>1!0>.L N.JJ-3 w.Qi.^0D/o ^o^o toooo Ju.. . >J^»(o ^l!Oi.Lo |)jo CAL Njj_3 ^q..
L'annonciation fut faite à Marie, Tan 303 des Grecs; Notre-Seigneur
naquit l'an 304; il fut baptisé par Jean l'an 334; il souffrit, mourut, res-
suscita et monta aux cieux l'an 337 des Grecs.
99. __ Viennent ensuite des questions et réponses tiiéologi-
ques ou historiques; en voici une (fol. 36) relative à un événe-
ment fameux raconté par Nestorius dans Le Livre d'Héra-
clide, Paris, 1910, p. 318-319 :
. );.io)Coo [N^v^pi va\o«-> p.:io.'i.o \-t^f^f paxo ..coSi^oo U-io . (J)Qa
304 REVUE DE l'orient CHRETIEN,
.jjCS^io .vs./«.|i; ^io-o ^voi^ ^JL«JO .1-OQ-; v-J^* .|jL»oLo ^-o-sî|o llvw^» Njju; . cutol
y» I^^D l^lliio 0.^00*0 . t^^^)<T^-> |00) ^3» J-'^O) . .JOQXQS/ ^>JlJ> | Ajf^^ |tOO-Aj LoOi; JCU^O
.|^J-.^so ^io Qjs,^o |.iif.i3 «ii— ; po .|lS-Uj^ ,^ ^«C>.\ )N^ol-*j ooo) ^oo^o . |»qa to-jJ»
^jLiajj Ij|Lso O|»oi)o . |jpio )oijX M-j^ ^V-io/o . ^uo- l'J^-> v-'-^-'' * ^ «^ .^œQi^o;3 opoA;
oxûo . ^io|o y^oo^-l.io^^ |J>TÛO • IW^ ov^ M>o^ JjuULXï .jj^o . >!OajL; (Ixa CulS ^opopo )Lpi. |.anvN
\jiXLOt OitCiO. |j0,O .Ht ^lO ^JO0^s^/0 . >1— » OO) 1^.0) ..-.XlO )IS-JL.j-iO Nj^0^/o .^-13) t^L o,»Nj
100. — Question. Que signifie le canon du Saint (la prière : Deus
sanctus, Deus immortalis) et pourquoi est-elle dite à la fin de l'office?
RÉPONSE. D'après la tradition consignée par des hommes inspirés de
l'Esprit — et les livres (d'histoire) ecclésiastique écrivent dans le même
sens : — En l'an 748 du comput des Grecs (437) et la vingt-cin([uième année
de l'empereur Théodose (433) ; après que le concile d'Éphèse eut été réuni
par l'impie Cyrille et que saint Nestorius eut été jeté en exil depuis
quatre ans; l'année où ressuscitèrent les (sept) enfants d'Éphèse, il y
avait un grand tremblement de terre à Byzance, les anges arrachèrent
une pierre du milieu du mur et ils volaient avec colère au-dessus de la
ville. Au moment où les hommes étaient saisis de crainte et fuyaient
la ville, parce qu'ils pensaient devoir être exterminés comme Sodome,
les anges apparurent au prêtre de l'église de Byzance nommée Proclos,
en proférant des louanges en langue grecque et en disant : « Dieu saint »
et le reste; et un ange lui ordonna de rassembler le peuple à l'église
et de dire les paroles qu'il avait entendues. Le prêtre réunit tout le
peuple à l'église et cria en sa présence (Dieu saint, Dieu immortel),
et ils crièrent trois fois après lui, et la ville fut en paix et le terrible
tremblement de terre s'apaisa, et on le sut en tout lieu. Telle est la
cause de ce canon, et le catholique Jésuyahb a ordonné de le dire dans
l'office.
101. — Au fol. 98, on trouve, tronqué, l'apocryphe récent du
manuscrit de Cambridge ackJ. ms. 2034 : vision sur les Arabes.
Vingt-quatre races sortirent de Gog et de Magog. Alexandre a
voulu voir ceux qui mangent les reptiles de la terre, toute im-
pureté et la chair des hommes (les Mongols?). Il y aura entre
les montagnes une porte de vingt coudées... Un roi grec ira à
Jérusalem où a été crucifié le Sauveur, il portera la croix, il
sera de la race de Kousch, de ceux qui sont appelés Noub.
Cf. ms. syr. 13, fol. 177.
102. — Au fol. 115' on trouve l'explication de divers mots
grecs. Notons :
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIOPIENS. 305
ÛTCOŒTaaiç cest substance.
Cette définition posée, les nestoriens sont catholiques ro-
mains lorsqu'ils affirment deux liypostases dans Notre-Sei-
gneur, et les jacobites, qui admettent la même définition, sont
hérétiques lorsqu'ils affirment une hypostase. On trouve en-
suite l'histoire de Daniel et du dragon telle (sauf les fautes)
qu'elle est éditée dans la Peschitto. On lit enfin, fol. IIP :
|joto ^0)0W./0 .)-.po ^ijLioJLiO [i^.oy^ -y^ >f>..m. (juulû ^ySl ^ );c>) JN^q^aL N v^\ «
IV^«"'» l»a+^a; .).-/ wJ-ioj .^0,0-/ ^^o^ -,po» o>iy^io N**,l. NJCoL/o : ^l jC^^ ^io
« Fin de cette (hymne de) louange, des mains du prêtre Isaac,
fils du diacre fidèle Maria. Le scribe est du village de Tel, et
(ceci) a été écrit sous le toit de Mar Jean, frère de Mar Ahâ qui
est dans la montagne de 'Oumrê (des monastères?), et cela en
1957(1646). .)
351
103. — format in-12. Papier. Écriture nestorienne. 121 feuil-
lets. Moderne.
Explication des psaumes (de Denha?), incomplet du com-
mencement et de la fin.
352
104. — Papier. Écriture nestorienne. Écrit en 1706.
I. — Histoire du roi Arsène et vision de l'enfer Éditées
Hebr^aica, t. V, p. 81.
II. — Apocalypse de Paul, tronquée au commencement,
fol. 7-47. Traduite dans Journal of American or Society,
t. VIII, p. 182. Puis II [. — Douze cents vers de Jean Zo'bi {■^:.o))
sous le titre : discours sur rexplication des 7ny stères.
353
105. — 22 X 16. Papier. Écriture nestorienne. 127 feuillets.
Terminé le 15 juin 1825.
Le livre du Paradis d'Éden, composé par saint Mar Ebed-
jÉsus, métropolitain de Nisibe et d'Arménie. 11 le composa
l'an 1627 d'Alexandre le macédonien (I3I6).
ORIENT CHRÉTIEN. 20
306 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
Plus de la «moitié de cet ouvrage a été édité (cf. Rubens Du-
val, La litiérature syriaque, Paris, 1907, p. 21-22). On lit,
fol. 126-127 :
^ooQ- ov- .)^„^\-M l^o, 6^i^\t I.3,.. -i«>o.. ^Q-^ k^'fS; poi psto ^r^\a ^iKy\
\ ..'s^ X5.<ix. ^V:». o,Auio ^ .j.^au, ^;mi.o IJ.ao IpLiolo ^a:iv Njjj -yW)- 1^;^ 1-;-^
Itei.;^ INj-r^i N-sCo )jn-;V3; p>Co pO) . l!oo)jii; psto Iv^ûtoo; pO) p>l!o ^; «jtoL;
wjj/ ^j ov=to >— J-" '(.^^ioîooi ^;^ pL^jjj |;ovcD» 0|ISCi.^oo D^ .1. rfl'r^ JCoVa^o
IIS^V^o ^ o«>)0 pi.5)Qu3; )!!.( ^ .axiû^JQj) )t»*o V^ psi-^^. |,t.«o^oJj U^» )'■«— -"^
.),^op,j It^^Qj ItouoA l^ioCoo P-^jf.» v^ai-ioji w.po :oi^; iLjJ.» ^iaA . po^^; |»W ^ |l.y-
.,^/
. ~N . ^î» . ^ ^po; ILj^j I -•>■" >m.mi»3 puuLO . m.vi->> p>6o ^ N-iOû^j poi )_sl!oi.. .^Sj
'^■|.i.,v> ^poj ILotoviaQo •po.»'! -.aceaj puULO ^ .Uofo ^t^'N-s \^r^\ i^^\ y^yiti ^ ^axi^^^;
. |N.^.-r«>^ ^/ C^-JJi •Wip'o ^^pu^ pLaojio )1^,^; P>» ^0).-a P-iOAo asv^io
106. — Ce livre du Paradis a été terminé le jeudi (mercredi?) qui est
le jeûne des apôtres, le 15 du mois béni de juin, l'an 1825 de la naissance
de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ce livre, qui est appelé livre de Maqâmat,
le livre du Paradis, a été écrit dans la ville bénie de Mardin, sous le toit
du saint martyr Mar Hormizd l'illustre... La écrit 1 homme faible et pé-
cheur, le prêtre Isa, fils du prêtre Cyriaque, du pays des Bouhtoïê. Lui-
même est du village de Hadtâ (nouveau'?), du pays de Qaymar. Le nom de
l'église de ce village est Mar Simon bar Saba'ê; un sépulcre (lui) est
bâti dans le village mentionné. Amen.
A acheté ce livre de Maqâmat, avec le livre de Kamis, le prêtre Fransis,
portier de l'église de Mar Georges de Gadinas, avec les biens de l'église,
pour trente piastres; (il l'a acheté) au prêtre Joseph de Redounê, avec
le témoignage de Mar Micliel, métropolitain, et du diacre Brahim, chef du
village, et du diacre Michel, etc., l'an 1834 du Christ.
3.-34
107. — 26 X 17. Papier. Écriture jacobite. 147 feuillets. Écrit
en 1224.
I. _ Livre de Sergius sur le but de tous les écrits d'Aris-
tote.
C'est l'ouvrage qui existe, tronqué, dans le manuscrit de
Londres add. 1 16.58, fol. 1-61 :
108. — Nous commençons à écrire l'écrit fait par Mar Sergius, maître
médecin, sur le but de tous les écrits d'Aristote.
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIOPIENS. 307
D'après une parole des anciens, ô notre frère Théodore... il me semble
de même que personne ne peut comprendre les pensées des anciens et
pénétrer le mystère de la science de leurs écrits s'il ne se sépare pas du
monde et de ses affaires et ne s'éloigne pas même du corps — non d'un
éloignement local, mais par la pensée — et ne rejette toutes ses passions
derrière lui; c'est alors que l'intelligence peut se porter vers son essence
et regarder sa substance et vo^r clairement ce qui est écrit à leur sujet et
juger avec certitude de ce qui a été bien dit... Lorsque nous avons eu tra-
duit diverses choses de GaJien le médecin, de la langue des Grecs en celle
des Syriens... tu m'as écrit en me corrigeant les paroles syriaques comme
la demande la logique de cette langue (fol. 2) et lorsque tu as vu les belles
divisions qui sont dans les écrits de cet homme, les définitions et les
démonstrations que l'on y trouve fréquemment et à un haut point, tu
m'as demandé où cet homme avait puisé le prfncipe et le commencement
de la science; s'il l'avait trouvé lui-même ou s'il l'avait puisé chez un pré-
décesseur; je t'ai répondu qu'Aristote était le principe, le commencement
et la cause de toute science, non seulement pour Galien, mais pour tous
les philosophes qui ont écrit après lui. Jusqu'à l'époque en effet où cet
homme e.st venu au monde, toutes les parties de la philosophie et toute
la science étaient dispersées et confondues De même que les sculpteurs
commencent par sculpter à part chacune des parties de la statue, puis,
après les avoir terminées une à une, comme l'art le demande, en font une
statue, de même lui aussi plaça et termina chacune des parties de la phi-
losophie, comme le demande sa nature, et, avec elles, il fit dans tous ses
écrits une image parfaite et admirable de toutes les sciences intellec-
tuelles.
109. — Quand je t'eus appris cela, ô notre frère Théodore, tu désiras
aussitôt savoir quel était le but de l'enseignement de cet homme et quel
était l'ordre de ses écrits et la suite de ses pensées, et, comme je com-
mençais à parler peu à peu devant toi de ce que je t'avais fait entrevoir,
tu m'as demandé d'écrire ce que je te disais; j'ai refusé à cause de l'éten-
due du sujet et je t'ai dit que j'avais fait un travail divisé en cliapitres sur
le but de la philosophie d'Aristote, et qu'il suffirait à ses lecteurs pour
leur faire connaître la pensée de cet homme.
Mais tu ne m'as pas cru et tu m'as pressé encore plus à faire, non pas
une étude générale sur toute la doctrine de ce sage, comme je l'avais fait
auparavant, mais une étude particulière sur chacun de ses écrits pour
dire en peu de mots ce que nous en pensions...
Sergius donne ensuite d'excellents conseils aux gens pres-
sés :
;a,..\ -i ^1 )^! \j^'ra ^ q\j . |;») ILoJusNAaeo «;;a^h^; ^^/ yOOi:i^3i.o ,;A p/ ■m.'Wi );o,
)^-Nj pLSO) ^/O ^yJl • ll-Q-Sj >».3l.L |JL30)> OOW / .^SO»!© . .OOl CCi.LO . ^L}1.0 ^J \^ (lOl. 3)
.v>,rZ. P; \.io oo) ov^ |n ..^no |Lpo ^.■■>> v>; uu{ Lo^ ^j|.^c^> ^ yl-^cu v*"*^ P^^l^ . ^^oyiN» ^o^^o
308 REVUE DE l"0RIENT CHRÉTIEN.
110, — Je te demande, ainsi qu'à tous ceux qui rencontreront cet écrit,
qu'il ne suffise pas d'avoir lu une fois ce qui est dit ici pour qu'un homme
en arrive, dans sa malveillance, aux blâmes et aux reproches inconve-
nants, mais qu'il persiste à lire et à scruter une fois et deux, et même
trois et quatre, si le sujet le demande. Si, même après cela, quelque
chose paraît obscur, qu'il ne craigne pas alors d'aller trouver un homme
qui puisse l'instruire et lui montrer ce qu'il ne sait pas.
Le livre VII figure au fol. 99 et se termine au fol. 117'; on
lit ensuite :
yû\cDQ.^l (.«,«« n^,^a.«.Voco [juuli^ ;j> ^jooa^o yo-x^t r->j~3 \'^-'-'\ \^^ \')\"n\ "^,^..0 ^Jl^v^
I ..ï VI
. t<.\\,^ ^cDo>N^i-3>o \.^0)i 1 1 > ,vi « v> ^«fn..\n->/» (.sCo
A sali et perdu (écrit) ces feuilles, Zenon le minime, diacre de nom, fils
du prêtre Soliman, (fils) du prêtre Abou Salem, défunts.
Livre d'Aboulhasên, diacre vigilant et chef médecin illustre.
111. — Vient une lacune, puis (fol. 118) la fin de la seconde
vie d'Aristote éditée par M. Sachau dans le catalogue des mss.
syriaques de Berlin, p. 336; puis la première vie, ibid., 335 à
336; puis (fol. 118") les catégories, comme add. ms. 14658,
fol. 73% Sachau 226, fol. 14. La fin manque.
La fin peut d'ailleurs provenir d'un autre manuscrit ou du
moins d'un autre scribe, car on retrouve un cahier 2 (fol. 127)
et un cahier 3 (fol. 137). Fol. 138, questions sur les héritages;
par exemple, fol. 138'' :
■ yO IV1 );mva»/ yOOv^ v°^? . ,^fi'iV) |jlïoL |-3)Io . yOi Vi >soi/
.|IS\"oL ^iL ^9 \^ii .)N\ol. ^^ l-^P -U'r^ 'i-^fo Ml .n-ito r^^^ l«-^ ■ V*''. ^''^^
yOJLM ;m\lNji ^OG?i> . y<S I VI v>o>( ^.soL )lvt\o
Première question. — Un homme meurt et laisse père, mère et femme.
RÉPONSE. — La femme (héritera) de deux parties, la mère de quatre
parties et le père de huit parties, ce qui fait en tout quatorze parties.
Deuxième question. — Un homme meurt et laisse père et mère.
RÉPONSE. — La mère hérite d'un tiers et le père de deux tiers.
Troisième question. — Une femme meurt et laisse père, mère et
mari.
Réponse. — Le père (héritera) de huit parties, la mère de quatre et le
mari de quatre, ce qui fait en tout seize parties.
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉITHIOPIENS. :^09
Nous avons relevé des préceptes analogues, mais non iden-
tiques, dans le iiomocanon d'Ebedjésus. Nous pouvons avoir
ici l'une de ses sources.
112. — On trouve au fol. 145 le nonn du scribe de la seconde
partie :
>oOit^/ t.ji.N.v^ Ipo^e^^o |>N.i>.M yOA.to \.j^f |jLxà&>.te; otN:i^^ IS./i.?o| otN^pi ^.{ ^to
|Eo^»< IN-'t-o ^ . . . >...œ ..sl^do^ fj> : 'OjJ.io |...>j«^e pju» v^ |N*ia^>j»/ (l-è^œ; .«.->\
|jLjuV.3 |!S..>^Vo l|Q-3 C>~«-3
Nuls . [xn - -^^ IV'* ^ t.:; tvi > j-lQ-s/ V^ ^3>oL V^ ,.^0; ^a [x'i > n 1 IV'j-s ■ """i ^ « i ^-; owsC^
. . . pJa^; ovViJ
Nous avons écrit à la demande, c'est-à-dire à la requête, du diacre pur,
du diacre excellent, et du jîapa[iovdtptoç illustre Abraham, revêtu de l'habit
d'Etienne... iils du chef illustre Mansour, fils du défunt Joseph... du
village connu de Beit-Bouzê... L'a écrit Titus, le moindre parmi les prê-
tres, Iils de David, fils de Tourkan, fils d'Abounaser défunt, du monastère
de Qaïoumà, l'an 1535 des Grecs (1224).
Le fol. 146 devrait suivre le foi. 141. Au fol. 147, on trouve :
— yS. ^x. . ~N . ^ .\(^a>^; ^ . Nx ^3fifi«>»q| >apo>o;)l — . . ffi «'>;-.;-fe<3 | n .\ol|-o [^x..<x. ^poj
Boi^t 1^ ■ t -^""^i fc^ n V |.so.QxaS{ ..xDoïojlL .^\>.âf/« ■ *" ' fc- -'>■"'=*•, ^ -^^ |.3f» nm «g/ ^t .,o «
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113. — Noms du concile.
[Jean bar 'Isa] catholique patriarche. — Théodore, évêque métropolitain
d'Élam. — Jean, évêque métropolitain d'Arbelles. — Théodore, évêque
métropolitain de Beit Garmaï. — Emmanuel, évêque de Halah. — Joseph,
évêque métropolitain des Dailamites et des Gèles.
114. — De la grande héparchie : Abraham des Zàbê. — Jésuzekà flsou'-
zekà) des Goubéens. — Hénanjésus de Délasar. — Michel de Beit Dairoïê.
— Abraham de Misan. — Cyriaque de Meskenê (des tentes?). — Jean des
juifs.
115. — De rhéparchie d'Élam : Macaire de Sous. — Simon de Beit
Houzoïé. — Salomon de Soustrin.
310 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
De l'héparchie d'Arbelles : Berikjésus de Beit Nouhadrâ. — Salomon de
Beit Bagas. — Jean de Taîmnâ (du sud?).
116. — De l'héparchie de Beit G armai : Marc de Lasoum. — Abraham
de Saharqert. — [Mar] 'Abda de Tahal. — Isaac de Saharzour. — Fin des
noms.
117. — Le nom du patriarche, au coin de la page, est en partie
effacé,, mais la plupart de ces évêques sont mentionnés par
Amri et Sliba, trad. Gismondi, Rome, 1897, p. 48, sous Jean (V),
patriarche nestorien de 897 (ou 899, cf. Bar Hébraeus, Cliron.
eccL, II, p. 282) à 906. Il ne peut s'agir de son successeur
Abraham, parce que Théodore, évèque de Beit Garmaï, avait
alors été déposé (Bar Hébraeus, loc. cit., p. 228).
Ce sont très probablement ces évêques qui ont promulgué
les canons précédents sur les héritages. Cette conclusion n'est
pas certaine à cause de l'inlerversion des feuillets, mais elle est
très probable, parce que l'écriture est la même et annonce donc
des pièces qui se suivent. Nous connaissons par là une nou-
velle étape (vers l'an 900) de la hiérarchie de l'église nesto-
rienne.
355
118. — In-4°. Parchemin. Estranghélo. 286 feuillets, xi* au
xii^ siècle.
Lectionnaire des évangiles, tronqué. — Miniatures.
356
119. — Parchemin. Estranghélo. 7 feuillets, xi^-xii^ siècle.
Fragments d'un lectionnaire des évangiles. Miniatures.
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIOPIENS. 311
II
Notice des manuscrits éthiopiens acquis depuis 1877.
171
120. — Les psaumes avec les cantiques de l'Ancien et du
Nouveau Testament et les hymnes de la Sainte Vierge.
17-2 et 173
121. — Bulletins du catalogue des mss. éthiopiens de M. Zo-
tenberg.
171
122. — L'évangile de Saint Jean. Ce manuscrit provient de
la collection d'Asselin de Cherville.
175
123. — Lliexaméron dÉpiphane. Tronqué au commence-
ment et à la fin.
176
124. — Vie de Gabra M an f as Qedoâs.
177
125. — Petit y^ecueil de prières en gheez et en amhariciue.
D'après une note qu'on lit en tête, ce manuscrit aurait appar-
tenu au roi Théodoros.
178
126. — Rouleau de prières e?i eY/izojOze?i ; quelques phrases
sont glosées en latin. 11 y a au verso quelques versets en hébreu
et en arabe moderne. Parchemin. 64 x 826 mm.
312 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
179
127. — Psautier éthiopien suivi de quelques prières liturgi-
ques. Parchemin, reliure en bois. 180 feuillets, plus les feuil-
lets A, B préliminaires.
180
128. — Discours des douze disciples. Parchemin. 48 feuil-
lets.
181
129. — Sinodos. Recueil de Constitutions Apostoliques,
d'actes de conciles et de traités religieux. Parchemin. 168
feuillets, plus les feuillets 60 bis et 95 bis.
182
13Q. — Rouleau de parchemin, composé de trois bandes
cousues Tune à l'autre. Largeur 105 millimètres, longueur to-
tale 1 mètre 75.
Quatre prières et formules magiques contre les maléfices
des hommes et des démons, pour éloigner les fièvres, les maux
d yeux et les maux de tête, prière de Susenvos (cf. René Basset,
Les Apocryphes éthiopiens, IV, Paris, 1894, p. 38 sqq.).
183
131. — Rouleau de parchemin, composé de deux bandes
cousues ensemble. Largeur 87 millimètres, longueur 99 centi-
mètres. Prières contre le démon, les coliques, les piqûres, les
fièvres... Légende sur Salomon et le roi des forgerons (cf. René
Basset, Les Apocryphes éthiopiens, Vil, p. 27).
184
132. — Dossier sur VAbyssinie, le négus Théodoros II et le
consul de France Guillaume Lejean, 1854-1870. Une notice de
dix pages, due à M. Perruchon, a été mise en tête de ce dossier
et en fait connaître exactement la composition.
xix'' siècle. Papier. 10 pages et 128 feuillets.
NOTICES DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIOPIENS. 313
185
133. — Évangile selon saint Jean.
Parchemin. 66 feuillets. Reliure à plats de bois.
186
134. — Petit catéchisme pour la mission des Sidamas
(Gallas).
187
135. — Catéchisme en langue Taff'a (galla).
188-192
136. — Manuscrits qui ne sont encore ni catalogués ni pagi-
nés : Deux psautiers avec prièi^es et cantiques; VExçde en am-
harique (rExode manquait précisément à Paris, cf. ms. 25-26);
un manuscrit renfermant la collection de Salams formée par
ordre du roi Zar'a la'qob (voir le n° 130), et un manuscrit de
recettes magiques et de conseils aux voyageurs, dans lequel on
trouve aussi un calendrier analogue à celui que nous avons
fait connaître, ROC, t. XII (1907), p. 16-20.
314 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
III
Notice des manuscrits mandéens acquis depuis 1874.
137. — Les manuscrits mandéens qui étaient au nombre de
19 sont maintenant au nombre de 31.
*20, 21, 23 sont des livres de lois et de décisions religieuses.
22, 26 sont des livres de pyHères.
24 et 27 sont des livres de magie.
25 semble un livre historique.
28, Chants liturgiques des Mandéens.
13g. — 29, amulette mandéenne avec une prière qui met à
l'abri de tous les malheurs; cf. 16.
30, le sidra di Yahya, exemplaire incomplet; cf. 8 à 11.
31, historiettes en mandaïte vulgaire.
TABLE ALPHABÉTIQUE(')
Aaron, prêtre nestorien du xv siècle,
AiîA (Mar), son synode (en 544), 66.
Abarhînâ, 68.
'Abda, évêque de Tahal, vers 900, 116.
Abdallah de Mardin, relieur en 1608.
89.
'Abd el-Ahad, prêtre, en 1889, 61.
'Abd el-Aziz, copiste, fin du xix" siècle,
39, 52, 54, 56, 57, 58, 63, 64, 65.
'Abd el-Mésih (le serviteur du Christ),
maître du scribe Sabà avant 1643,
24.
Abgar, roi d'Édesse, 87.
Aboulfarag, m. et pr., scribe du ms.
189 (en 1206), 3.
Aboulhasên, diacre et chef médecin,
110.'
Aboulmenâ, 93.
Abou Ma'sar, astrologie, 30.
Abounaser, \iv siècle, 112.
Abousa'id. Nom de famille du scribe
Aboulfarag (en 1206), 3.
— Prince, nommé Al-Daulah, en 1209,
8.
Abousalem, prêtre, 110.
Abou Tàhir Sàhid ou Tadj 'oul-Daou-
lah, 50.
Abraham (vers 1200), 3.
Abraham, fils de Joseph, scribe, en 1448,
80.
Abraham, diacre, fils du chef Mansour,
en 1224, 112.
Abraham, évêque de Misan, vers 900,
114.
Abraham, évêque de Saharqert, vers
900, 116.
Abraham de Séleucie, ses règles (en
1526), 41, 96.
Abraham, évêque des Zabê, vers 900,
114.
Abyssinie (Dossier sur 1'), 132.
AcACE, son synode (en 489), 66.
Addaï, sa liturgie, 35.
— Évangélise Mossoul, 45-46.
— Mis à mort par Sévère, 87.
Cf. 36.
Aggaï, mis à mort par Sévère Abgar,
87.
Aha, frère de Mar Jean, 102.
Alchimie, 27.
Alqôs, 14, 15, 17, 32, 34, 36, 44, 68, 76,
77.
Amat, femme d'AIqôs, en 1744, 37.
Amid, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 17, 69'.
Amulette mandéenne, 138.
Anaphores à l'usage des nestoriens,
35.
Anonymes.
— V. Prières, offices.
— Explication des choses secrètes ,
54.
Apocalypse d'Esdras relative aux
Arabes, 60. Autre apocalypse, 101.
Ap. de Paul, 104.
Apocalypse, écrite par un disciple de
Jean, 86.
'Aqrà, v. 69.
Arbelles, 113.
Aristote, V. Sergius, sa vie, 111.
Aroud de Juda. Jude-Thaddaï y fut
lapidé, 87.
(1) Nous renvoyons aux chiffres gras (1 à 138) que nous avons introduits dans le texte.
Nous mettons en capitales les noms des auteurs et en italiques les titres de certains
ouvrages.
316
REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
Artôn, V. 94. ■
Assur (ou Athour), mis pour Mossoul,
son évangélisation, 44 à 49.
Astrologie, astronomie, 27, 30, 63,
83.
Athanase, patriarche d'Antioclie(1199-
1207), 2, 4.
Atil, 92.
Babaï, son synode (en 499), 66.
Babakà, 68
Babel, son évangélisation, 46.
Badôs, marchand, 48.
Balad, 86.
Bar Ali, son lexique, 21.
Bar Bahloul, Lexique, 52.
Bar Hébraeus, grammaire, 23, 39.
— Le livre du Discours de la sagesse,
25, 54.
— Chroniques (extraits), 306.
— Le livre de la Colombe, 40.
— Le livre des Prunelles, 54, 62.
— Poème sur la perfection, 55.
— Nomocanon, 56.
— Livre d'Hiérothée, 59.
— Le livre de l'Ascension de l'esprit,
63.
— Le livre du Commerce des commer-
ces, 64.
Bar Kardis, ou Mas'oud, en 1298, 75.
Barsauma, monastère, en 1206, 4, 6.
— pr., père de Jean Mennas, évôqu"
d'Amid, 5.
Bar SaijMA, Lettres, 66.
Barsoumou, 92.
Barthélémy, apôtre, évangélise Mos-
soul (Assur), puis le Beit-Houzoïé et
le pays de Kousch, 45-46.
— Son église à Mossoul prend le nom
de Théodore, devient mosquée, 46-
47.
Basile ou Jésus, en 1643, 24.
Basile, maphrien, en 1859, 62.
Basile, maphrien du Tour 'Abdin (mort
en 1134), Traité de théologie, car-
chouni, 61.
Basîr, pays, 92.
Beit 'Adrà près d'Alqôs, .32.
Beit 'Adraï, 68.
Beit Bagas, 115.
Beit Bouzê, v. 112.
Beit Daîroïè, 114.
Beit "Évirè près de Mossoal, voir Geor-
ges, 37, 78.
Beit Gaagi, 78.
Beit Garmaï, 113.
Beit Houzoïè, son évangélisation, 46,
115.
Beit Koudida, village, en 1643, au pays
de Mossoul, 24.
Beit Mam. 68.
Beit Nouhadra, 115.
Beit Seliqà, 24.
Benjamin, disciple du Christ, 45, 46.
Berikjésus, évêque de Beit Nouhadra,
vers 900, 115.
Bible.
— Lectionnaire des évangiles, 2, 118,
119.
— Ancien Testament, 84.
— Psaumes, 95.
— Nouveau Testament, Version Pe-
schitlo, 10, 18, 19, 85, 89.
— Fragments, 75.
— Daniel et le dragon, 102.
— Commentaire de Théodore de Mop-
sueste sur l'Évangile saint Jean, 31.
— Explication des psaumes par Denha,
103.
— Psaumes (éth.), 120, 127, 136.
— Évangile saint Jean (éth.), 122, 133.
— Exode (amharique), 136.
Boktoïê, 92.
Bouhtoïé, 106.
Bourab, 92. Il y avait là un monas-
tère de Samouni.
Brahim, diacre, chef du village de Ga-
dinos, en 1834, 106.
Bréviaire nestorien, 96.
Calendrier (éth.), 136.
Cantiques de l'Ancien et du Nouveau
Testament (éth.), 120, 136.
Catéchisme (éth.), 134, 135.
César et Auguste César, 97.
Chaldéens, v. Elle, Ebedjésus, Hor-
mez Jean, Samuel, Paul, Pierre.
Chants liturgiques des Mandéens, 137.
Christ, chronologie de sa vie, 97, 98.
Commentaire de Théodore de Mop-
sueste sur l'Évangile saint Jean, 31.
— de Sergius sur Aristote. 107.
I
TABLE ALPHABÉTIQUE.
317
Commentaire de Bar Hébraeus sur le
livre d'iliérothée, 59.
Conjurations, 94.
Cyriaque, évoque de Meskenê, vers 900,
114.
Cyriaque, pr., en 182.^), 10(1.
Cyriaque de Sarnôs, 19.
Cyriaque et Julitta de Telkêfè, 78.
Cyrille, métropolitain jacobite en 1889,
61.
Dadjésus, son synode (en 433), (36.
Daiànos de Mardin, xv siècle, 21.
Dailamites, 113.
Damas, 40.
Daniel (conjuration de), 94.
Daniel, prêtre, xviii' siècle, à Alqôs,
15, 34.
— V. Houuiou.
Daniel, fils du prêtre Sam 'an de Sé-
'ert, copiste chaldéen en 1831, 42.
Daoud el-Antaki (David d'Antioche),
Dictionnaire de médecine, 28.
David, se. en 1889, 50.
David, d., frère de Jean Mennas
(xn" siècle), 5.
David, prêtre nestorien, en 1526, 92.
David, fils de Tourkan, vers 1200, 112.
Deir ez-Zafaràn, 61
Délasar, 1 14.
Denha, Explication des psaumes, 103.
Denys bar Salibi. Copie du colophon
de son commentaire sur l'Ancien
Testament, 75.
Denys, métropolitain de Ma'dan, en
1499,21.
Diarbékir, 48, 83.
Dictionnaire d'EudocIms, 62. V. Lexi-
ques.
Diodore, a fait de nouveau chanter en
deux . hœurs, à Antioche, 88, 89.
Disciples (Discours des douze), éth
180.
Droit canon, cf. Bar Hébraeus (nomo-
canon), Ebedjésus, 56, 57.
— Héritages, canons nestorions du
concile du patriarche Jean, vers 900,
111 à 117.
E
Ebedjésus, pr., fils de Hadbe-sabba et
père du copiste Yaldà, à Aiqàs, en
1744, 36.
Ebedjésus, pr., fils de Kanoun, de Tel-
kêfè, en 1744, 37.
Ebedjésus, évèquo chaldéen de Mos-
soul en 1866, 16, et d'Amid en 1880,
17.
— Nommé patriarche le 28 octobre
1891, 68, 69, 78.
Ebedjésus de Nisibe.
— Le livre de la Perle, catalogue des
livres ecclésiastiques. Exposé de la
foi nestorienne, 43.
— Le livre du Paradis d'Éden, 105.
— Nomocanon, 57, 111.
Cf. 94, 96.
Édesse, 5
— Habban y apporte le corps de saint
Tliomas, 87.
Église de la mère de Dieu à Aniid (en
1206), 4, 7.
— De Simon Pierre à Mossoul, 45.
— De Thomas et de Barthélémy à Mos-
soul. Cette dernière prend le nom
de Théodore et devient mosquée, 16.
— De Georges à Qàrà, 80.
Élam, 113.
Elfià, femme d'Alqôs, en 1744, 37.
Elias, diacre, fils de Babakâ, copiste
en 1895, 68.
Elias, fils de Gounà, né en 1856, co-
piste à Rabban Hormizd, en 1869,
34.
Elias, moine et diacre, scribe au mon.
de Rabban Hormizd, en 1886, 32.
Cf. Elias, fils de Gounà.
Elle X, patriarche nestorien, en 1696,
77.
Elle, patr., en 1705, 14.
Elle Xll, patr. nestorien, en 1744, 36.
Elle, douzième patriarche chaldéen
(1886), 32; (1884), 49; mort le 3 juin
1894, 69.
Elle Kîàt, évêque chaldéen de 'Oum-
diâ, en 1894, 69.
Elle Malous, évêque chaldéen du mo-
nastère de Mardê. en 1894, 69.
Elle de Mossoul, supérieur du monas-
tère de Mar Matthieu, en 1889, 61.
Eluî de Nisibe, Le livre de l'expulsion
de la tristesse, 65.
Elle, prêtre, xvii' siècle, à Alqôs, 15.
318
REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
Elle, fils de Simon de Sarnôs, scribe,
en 1884, 49.
Emmanuel, copiste, en 1526, 92.
Emmanuel, évêque métropolitain de
Halah, vers 900, 113.
Emmanuel Tamrâ, évêque chaldéen de
Sé'ert, en 1894, 69.
Ephrem (saint), Homélie, 23.
Ephrem, monastère inférieur, àÉdesse,
5.
Ephrem, moine du monastère de Mar
Georges, en 1884, 44.
Épiphane, Hexaméron (éth.), 123.
Esdras (Apocalypse d'), 60.
Éthiopien, 120 à 136.
Etienne, diacre, xix" siècle, 78.
EuDOCHUS, Dictionnaire, 62.
Eugène (monastère de Mar), au xvi' siè-
cle, 41 ; en 1834, 42.
EusÈBE DE Césarée, sur la patrie et la
mort des apôtres, 86.
Évangiles, v. Bible. Finales des évan-
giles, 85.
— Chacun des 82 (disciples et apôtres)
a écrit son évangile, 88.
Explication des choses secrètes ou en-
cyclopédie, 54.
ÉzLCHiEL, son synode (en 577), 66.
Fable. Histoire des dix vizirs, 58, 65.
Fakr 'oul-Daoulah, 50.
Faradjallah al-'Abdînî, évêque maro-
nite, en 1666, 72.
Fêtes, dédicace de l'église, 49.
Fransib, pr., en 1834, portier de l'é-
glise de Mar Georges à Gadinas, 106.
Gabriel, neveu d'Abraham de Séleucie,
ses règles (en 1599), 41, 90.
Gabriel Adamou, évêque chaldéen de
Selouk, en 1894, 69.
Gabriel d'Ehden, évêque maronite, en
1666, 72.
Gabriel al-Gab'ànî, évêque maronite,
en 1666, 72.
Gadinas, 106.
Galien, 59.
— Sergius l'a traduit en syriaque, 108.
Gam'à de Beit Koudidà. 24.
Gamad Tekritaï. Histoire de cette mos-
quée de Mossoul, 47.
Gèles, 113.
Georges, église dans le village de Qàrâ,
80.
Georges, son synode (en 678), 66.
Georges, moine, fils du prêtre 'Abd el-
Ahad, cepiste, en 1889, 61.
Georges des Arabes, 93.
Georges de Beit 'Évîrê, monastère près
de Mossoul, en 1744, 37, 44; en 1844,
49,51.
— Près de Telkèfê et de Mossoul, 78.
— Église de Mar Georges à Gadinas,
106.
Cf. 94.
Georges Gouga, évêque chaldéen de
Sennà, en 1894, 69.
Georges, fils de Hannà al-Naqà, copiste,
en 1859, 62.
Georges, scribe nestorien, en 1829, 96.
Georges Pierre, patriarche maronite
d'Antioche, ses lettres, 71, 72.
Gezirtà, 69.
Goubéens, .114.
Gouna, père d'Elias, 34.
— V. Houmou.
Grammaire, 22, 23, 39.
Grégoire, son synode (en 605), 66.
H
Habban apporte à Édesse le corps de
saint Thomas, 87.
Habib, 80.
Hadbesabba, pr. d'Alqôs, xvir siècle,
36.
Hadtà, 106.
Hah, 93.
Halah, 113.
Hanà, 34. V. Houmou.
Hananîà, monastère près, de Mardin,
' en 1309, 93.
Hélène d'Alqôs, en 1744, 37.
Henanjésus, son synode (en 094), 66.
Henanjésus, évêque de Délasar, vers
' 900, 114.
Héritages, questions sur les héritages,
111.
— Proviennent sans doute du synode
de Jean V, vers l'an 900, 1 17.
Hexaméron d'Épiphane (éth.), 123.
Hexaméron de Moïse bar Képha, 38.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
319
Hiérothée, extraits commentés par Bai-
Hébraeus, 59.
Ilistoii'e.
— V. Palladius, Jésusdenah, Salomon
de Bassora.
— Introduction du Deus sanctus dans
la liturgie, 100.
— Histoire de Rome, 97-98.
Histoires.
— Abraham Qidounaïa, (JO.
— Anonymes, 3^.
- Du roi Arsène, 104.
— Behnam et Sara, 13, GO.
— Martyrs de Beit Selouk, 13, 33
— Inventions de la Croix, 33, (iO.
— Cyriaque et Juiitta, 33, 00.
— Daniel le médecin, 13, 33.
— Les enfants d'Éphèse, 33, 60.
-- Etienne, 13.
— Jean bar Malké, 33, 60.
— .loseph le patriarche, 33.
— Les trente deniers de Judas, 33.
-- Mar Kardag, 13, 33, 60.
— Himyarites, 13, 33.
— Ignace d'Antioche, 13.
— Jacques l'intercis, 13.
— Gabra Manfas Qedous (éth.), l-.^6.
— Marc de Tarmaqà, 33.
— Matthieu et André, 33.
— Maurice, empereur, 33.
— Mar Saba, 13.
- Sultan Mahdouli, 13, 33.
— Thaïs, 33.
— Dix vizirs, .58.
— Yonan, 13.
Historiettes en mandaïte vulgaire,
138.
Homélies d'Ephrem, 23.
— De Jacques (de Saroug), 26.
— Nestoriennes, 91.
Hormez Jean, patriarche chaldéen, en
1834, 42.
Hormizd (Rabban), monastère (en 1705),
14, 17; (en 1886), 32; (en 1869), 34;
(en 1744), 36, 51 ; (en 1696), 77.
Hormizd (Mar), martyr, tente (monas-
tère?) à Mardè, 42, 106.
Iloumou, pr. et se, en 1705, fils du pr.
Daniel, fils du prêtre Elie d'Alqô.s,
15, 17.
— Voir sa généalogie, 31. Elias est né
en 1856; on trouve la suite : Gounà,
Sà'ià, Iloumou, Hana, Houmou, Da-
niel (de 1705^ 1856 nous avons donc
six générations).
Hourdafna (monastère de Notre-Dame
de), 17.
Hymnes de Sévère d'Antioche, 79.
Hypostase, c'est la substance, 102.
lahbalaha Isaac Koudàbkas, évêque
chaldéen de Salamas, en 1894, 69.
lazdiah, mère du scribe Sabà (1643),
24.
Ignace d'Antioche, est l'enfant présent*^
aux apôtres par Notre-Seigneur, a
fait chanter en deux chœurs, 88.
Ignace, patriarche (jacobite) d'An-
tioche, en 1859, 62.
Ignace Pierre III, patriarche jacobite
d'Antioche, en 1889, 61.
Ignace Simon, patriarche jacobite, en
1643, 24.
Inde, évangélisée par Thomas, 46.
'Isa, lils du prêtre Cyriaque, scribe, en
1825, 106.
'Isa, pr. de Sé'ert au commencement
du xix" siècle, 42.
IsAAC, son synode (en 410), 66.
Isaac, fils de Maria, du village de Tel,
scribe, en 1646, 102.
IS.\AC DE NiNIVE, 20.
Isaac, évêque de Saharzour, vers 900,
116.
Israël, prêtre d'Alqôs, xvn- siècle, 36.
Jacobites de Mossoul se font musul-
mans, 17.
Jacques de Bartela, Le livre des tré-
sors, Lettre en vers, 50.
Jacques d'Édesse, sa traduction des
hymnes de Sévère d'Antioche, 79.
Jacques, évêqye chaldéen de Gezirtâ,
en 1894, 69.
Jacques (de Saroug), 26, 74.
Jean (Aboul Magd), patriarche d'A-
lexandrie, 4.
Jean (Mar), frère de Mar Aha, son mo-
nastère dans la montagne de 'Oumrê,
en 1646, 102.
320
REVUE. DE L ORIENT CHRETIEN.
Jean, évêque métropolitain d'Arbelles,
vers 900, 113.
Jean, évêque nestorien d'Atil et des
Boktoïe, en 1526, 92.
Jean-Baptiste, sur la décollation, 74.
Jean, métropolitain de Callinice, frère
de Jean Mennas d'Amid (xn" siècle),
5.
Jean al-Hasrounî, évêque maronite,
en 1666, 72.
Jean bar 'Isa, patriarche nestorien
(t 906). Les signataires de son syno-
de, 113-116.
— A sans doute promulgué les canons
sur les héritages, 117.
Jean, m. et pr., frère de Jean Mennas,
5.
Jean, pr., copiste, en 1223, 19.
Je.\n (ou Josué le scribe), (patriarche
jacobite de 1208 à 1220), 2, 4. Écrit
le colophon du manuscrit 289, 7.
Jean, évêque des juifs, vers 900, 114.
Jean Mennas, évêque d'Amid, vers
1200, 2 à 8.
Jean Sahar, évêque chaldéen de 'Aqrà,
en 1894, 69.
Jean, évêque de Taimnà, vers 900, 115.
Jean, fils de Talià, scribe, en 1889, 82.
Jean Zô'bî, Poésies, 104.
Jésus, diacre, 75.
Jésus, fils de David ou Akilà, scribe,
en 1309, 93.
JÉsusDENAH, évèque de Bassorah, Le li-
vre de la chasteté, 70.
Jésuyahb, patriarche nestorien de 647 à
658, ses lettres, 76.
Jé.suyahb, métropolitain nestorien, en
1744, 36.
JÉSUYAHB 1", son synode (en 588), 66.
Jésuzeka, évèque des Goubéens, vers
900, 114.
Joseph et la Vierge, 74.
Joseph d'Alep, évêque maronite, en
1666, 72.
Joseph, patriarche maronite d'Antioche,
en 1736, 72.
Joseph, en 1418, 80.
Joseph, en 1G60, 71.
Joseph, son synode (en 553), 66.
Joseph, pr., frère de Jean Mennas,
évêque d'Amid, 5.
Joseph de Beit Bouzè, xu" siècle, 112.
Joseph, évêque métropolitain des Dai-
lamites et des Gèles, vers. 900, 113.
Joseph, évêque (?), 68.
Joseph de Mardin, en 1499, 21.
Joseph (monastère de Rabban) en face
de Balad, en 894, 86.
Joseph, patriarche chaldéen, en 1869,
31.
Joseph, prêtre, en 1896, à Telkêfê, 78.
Joseph, scribe, en 1889, 50.
Joseph Pierre, patriarche maronite
d'Antioche, en 1767, 72.
Jude, fils de Jacques, ou Thaddaï ou
Lebbaï, son histoire, 87.
Juifs, 114.
Kamis, 106.
Kélat. Ebedjésus écrit dans cette ville
le livre de la perle, en 1298, 44.
Kounà, diacre d'Alqôs, 17.
Kousch, évangélisé par-Barthélemy, 46.
Kousnab, pays, 68.
Kurdes, 17.
Lasoum, 116.
Lejean Guillaume, consul de France
en Ethiopie, 132.
Léon XllI, pape, 32, 49, 68.
Lexique syriaque-latin, 12.
— De Bar Ali, 21.
— De Bar Bahloul, 52.
Cf. 73.
— V. Dictionnaire.
Liturgie. Histoire de l'introduction du
Deus sanctus... dans la Hturgie, 100.
Liturgies de Mar Addaï et Mar Mari,
de Théodore de Mopsueste et de Nes-
torius, 35.
Lois et décisions religieuses (mand.),
137.
M
Macaire, évêque de Sou.s, vers 900, 115.
Ma'dan, 21.
Magie (éth.), 130.
Maharis, prêtre d'Alqôs, 17.
Mahlouf dans l'Inde, où est enterré
saint Thomas, 87.
Malktà, sœur de Jean Mennas (xir siè
cle), 5.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
32!
Mandéen, 137-138.
Mansour, chef illustre, fils de Joseph,
vers 122J, 112.
Mansour, diacre de Mossoul, se. en 1866,
16.
Maqàmat ou le Paradis d'Éden, 106.
Marc, évêque de Laêoum, vers 900, 116.
Mardê, 42, 69.
Mardin, 21, 93, 9-1.
Marganità, sœur de Jean Mennas
{xw siècle), 5.
Maki, sa liturgie, 35.
— Évangélise Mossoul, 45-46.
Cf. 36.
Mari ou Fakr 'oul-Daoulah, correspon-
dant de Jacques de Bartela, 50.
Maria, diacre, vers 1646, du village de
Tel, 102.
Marie d'Alqôs, en 1744, 37.
Marie, sœur de Jean Mennas (xn» siè-
cle), 5.
Marie de Magdala, 88.
Marie, poss., 75.
Maronites, 71-72.
Mas'oud, prêtre, nommé Bar-Kardis,
en 1298, 75.
Matthieu (Cheikh ou Mar), monastère
jacobite, 61.
Mazre'oio, 82.
Médecine, 28. Recettes, 59.
Menaeon melkite du mois de juin, 80.
Menna ou Mennas, nom de Jean d'A-
mid, G.
Mère de Dieu. Église à Amid, en 1206,
4, 7.
Meskenê, 114.
Michel de Beit Dairoïê, vers 900, 114.
Michel, diacre du village de Gadinas,
en 1834, 106.
Michel, métropolitain (de Gadinas),
en 183-1, 106.
Michel le Grand, ordonne Jean Men-
nas en janvier 1201, 6 (d'après Bar
Ilébr., Michel serait moi't en 1 199).
— Extraits de sa chronique, 300.
Michel Na'mou, évêque clialdéen de
Perat-Maisan, en 1894, 69.
Mikaël (Mar), monastère sur les bords
du Tigre, en 1223, 19.
Miniatures, 81, 90 (Vie de Notre-Sei-
gneur en images), 91, 118, 119.
Misan, 114.
ORISNT CHMÉnSN.
Moïse bar Képha, Hexaméron, 38, 53.
Monastères — de Bar.sauma(en 1206), 1.
— V. Horuiizd, Georges, Eugène, Notre-
Dame, Vierge, Zafaràn, Matthieu,
Samouni. Hananià, Jean fMar).
Qaïouma, Mikaël.
Mossoul. V. Ebedjésus, 24, 37, 39, 44, 78.
— Origine apostolique des églises de
Mossoul, 41 à 49.
— Cf. (Jaiuad Tekritaï et 'Raq.
Moubarak, pr., frère de Jean Mennas
(.\n' siècle), 5.
Moulin de Mossoul où les apôtres prê-
chèrent le Christ, 45 à 49.
Mystique. Le livre de la Colombe de
Bar Hébraeus, 40.
N
Nahuni, prophète, 11, 32, 36, 08, 77.
Nazir-Khazin, prince des maronites, en
1695, 72.
Nestoriens, 29, 35, 41. Noms des évê-
ques du synode de Jean bar 'Isa,
vers 900, 113-116.
Nestorius, 35.
Notre-Dame de Hourdafnâ (monastère),
17.
Notre-Dame des Semences (monastère
chaldéen), sa position, 68.
Offices, 11,35, 11, ]?,, 71.
— V. Menaeon.
'Oumdîà, 69.
'Oumrê, montagne, 102.
Ourmiah, 69, 82.
Palestine, 83.
Palladiis, Le livre du Paradis, 51.
Paul, en 1643, 24.
Paul (conjuration de), 94. Cf. 104.
Paul, supérieur général des monastères
chaldéens, en 1886, 32.
Perat-Maisan, 69.
Pie IX, pape, 34.
Pierre, apùtre, va évangéliser Mossoul,
45, et Babel, 46.
— Son église à Mossoul, 40 à 49.
— Va à Damas, 16.
Pierre, fils du prêtre Joseph, scribe,
en 1896, ù Telkêfê, 78.
21
322
REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Pierre, supérieur général des monas-
tères chaldéens, en 1895, 68.
Poésie, V. Ephrem, Jacques de Saroug,
Hymnes, Jean Zô'bi.
Prières, 26, 35, 94, 96; en ghéez et
amharique, 125, 126, 127, 130, 131,
136;,mand., 137.
Pronostics, 83.
Ptolémée. Le Tétrabiblon traduit en
syriaque, 93.
Qaïoumâ, monastère, en 1224, 112.
Qal'à Bîrtâ, où sont les missionnaires
américains, 82.
Qal'ah Ga'bar, 6.
Qàrà, 80.
Qaymar, pays, 106.
Rafaël, diacre de Diarbékir, veut éta-
blir un collège et une imprimerie à
Mossoul, meurt en 1866, 48.
'Raq, porte de Mossoul, 47.
Recettes médicales, 59.
Renaudot, 73, 75.
RiZQALLAH, 22.
Romanus, moine d'Alqôs, 44.
Rome, aperçu de l'histoire romaine, 97.
Romulus, son histoire, 97.
Rouleau de parchemin (éth.), 126, 130,
131.
S
Saba, diacre, scribe en 1643, 24.
Sabarjésus, son synode (en 596), 66.
Saharqert, 116.
Saharzour, 116.
Sa'iâ, 34. V. Houmou.
Salamas, 69.
Salams, collection de Zar'a Ya'qob,
136.
Saliba-Zeka, scribe, en 894, 86.
Salomon ùe Bassora, Le livre de l'abeille,
81.
Salomon, évêque de Beit Bagas, vers
900, 115.
Salomon, se. de Mardin, en 1499, 21.
Salomon, évêque de Soustrin, vers 900,
115.
Sam 'an, pr. de Sé'ert, vers 1830, 42.
Samouni, uiartyre, monastère à Bou-
rab, 92.
Samounî, sœur de Jean Mennas (xn" siè-
cle), 5.
Samuel, supérieur général des monas-
tères chaldéens, en 1884, 49.
Saqiavâ, 68.
Sara, 24.
Schenné, pr., frère de Jean Mennas,
évêque d'Amid, 5.
Sé'ert, 12, 69.
Selouk, 69.
Sen'ar, 16.
Sennà, 09.
Sentences de Théodose, 22.
Sergius de Réchainà, sur les écrits d'A-
ristole, 107.
— Sa préface, 108-110.
— Il a traduit Galien du grec en syria-
que, 108.
— Ses conseils pour la lecture d'un
ouvrage de philosophie, 110.
Sergius, archevêque de Damas, en 1610,
71.
Sévère, patr. d'Antioche, fêté le 8 fé-
vrier, 4; notice, 74; ses hymnes, 79.
SÉVÈRE SÉBOKT, SCS œuvres, 93.
Sidra di Yahya (mand.), 138.
Siméon (le vieillard) avait 535 ans, 97-
98.
Simon bar Saba'è, nom de l'église de
Hadtâ, 106.
Simon, évêque de Beit Houzoïê, vers
900, 115.
Simon, disciple, différent de Pierre
apôtre, 45-46.
Simon, d., frère de Jean Mennas, 5.
— V. Sam 'an.
Simon, patriarche nestorien, en 1526,
92.
Simon (Mar Roubil), patriarche nes-
torien, en 1889, 82.
Simon Safa, 48.
— Semble identifié à Simon Pierre, 45
à 48.
Simon de Sarnôs, vers 1889, 49.
Sinodos (éth.), 130.
Soliman, prêtre, 110.
Sous, 115.
Soustrin, 115.
Susenyos (Prière ae), éth., 130.
TABLE ALPHABETIQUE.
323
Synodes nestoriens, 66.
— V. Droit canon.
Tabitâ, sœur de Jean Mennas, 5.
Tadj 'oul-Daoulah, 50.
Tagrit. Les jacobites de cette ville qui
habitaient Mossoul se font musul-
mans, 47.
Tahal, 116.
Taimnâ (sud), 115.
Talismans, 94.
Téka, femme d'Alqôs, en 1744, 37.
Tel, 102.
Telkèfê, village de Cyriaque et Julitta,
78.
Tharé, père d'Abraham, noms de ses
deux femmes, 73.
Théodore, évèque métropolitain de Beit
Garmaï, vers 900, 113.
Théodore,évèque métropolitain d'Élam,
vers 900, 113.
Théodore de Merv. Sergius lui dédie
son ouvrage sur Aristote, 108.
Théodore de Mopsueste, Commentaire
sur l'Évangile saint Jean, 31.
— Liturgie, 35.
— L'église de Barthélémy à Mossoul
est mise sous son vocable, 47.
Théodoros (le roi), 125, 132.
Théodose, ses sentences, 22.
Théologie, v. Bar Hébraeus, Ebed-
jésus de Nisibe, Jacques de Bartela,
Moïse bar Képha, Basile.
— Témoignage des églises syrienne et
maronite, 72.
■ Mélanges, 97.
Thomas, apôtre, va évangéliser Mos-
soul (Assur), 45, et leBeit Houzoïé et
l'Inde, 46; son histoire, 87.
Thomas Audô, évèque chaldéen ^'O-jr-
miah, en 1894, 49.
Tigre, fleuve, 19.
TiMOTHÉE 1", son synode (en 786j, 66.
TiMOTHÉE II, son synode (en 1318), 66.
TiMOTHÉE IsAAC, sa grammaire, 22.
TiMOTHÉE, évèque de Jérusalem, sa let-
tre au pape Paul V, 75.
Titus, pr., fils de David, scribe, en 1224,
U2.
Tour 'Abdin, 93.
Tourkan, fils d'Abounaser, au xir siè-
cle, 112.
Traité des cent régents, 22.
Vierge, monastère de la Vierge à Alqôs,
44.
Vies des saints, 13, 33, 60.
W
Warda Georges, Compositions poéti-
ques, 40.
Xyste, pape, extrait, 73.
Yabali.aha I", son synode (en 420), 06.
Yaldà, filsd'Ebedjésus, copiste, en 1744,
36.
Yézidis, 29, 58.
Zàbê, province, 114.
Zafaràn, monastère où réside le pa-
triarche jacobite, 61.
Zenon, fils du prêtre Soliman, scribe,
110.
ZOTENBERG, 9, 121.
BIBLIOGRAPHIE
Le R. p. Paul Peeters, Histoire de Joseph le Charpentier, rédactions
copte et arabe traduites et annotées; Paris, Picard, 1911 (Évangiles
apocryphes, l, pp. xx\iii-xl et 191-255).
Le Christ lui-même, sur le mont des Oliviers, raconte cette histoire
aux apôtres : Joseph, marié à l'âge de quarante ans, a eu quatre fils et
deux filles durant ses quarante-neuf ans de mariage ; après la mort de
sa femme, Marie, âgée de douze ans, lui a été -confiée. Deux ans plus
tard a lieu l'Annonciation, puis la naissance du Christ dans une grotte,
à Bethléem, près du tombeau de Rachel. Le Christ raconte ensuite les
dernières paroles de Joseph, sa mort le 26 abib, son enterrement ; il re-
commande enfin de le fêter et termine par une annonce des derniers
temps.
C'est une bonne fortune pour une collection d'avoir comme collabora-
teur le polygraphe et le polyglotte qu'est le R. P. Paul Peeters. En sus de&
travaux professionnels des Bollandistes, il publie de nombreuses études
dans les Analecta. il vient d'éditer la longue liste de toutes les publica-
tions hagiographiques orientales antérieures, et surtout il analyse, ap-
précie et critique les publications récentes dans les langues les plus
diverses : arabe, arménien, copte, éthiopien, géorgien, russe, syriaque
et même langue du Kurdistan. C'est avec une vive curiosité que nous
l'avons vu quitter les in-folio des Acta, les esquisses des Analecta et la
critique — mondiale — pour nous soumettre ce petit volume, d'autant
que nous avons chance de l'y trouver lui-même, car le sujet, plus apo-
cryphe que hagiographique, le rend indépendant des fiches amassées
par ses laborieux prédécesseurs.
Les manuscrits de la version arabe sont nombreux : la Bibliothèque
Nationale de Paris en compte quatre. Cependant l'édition, trois fois réé-
ditée (1), a été donnée d'après un seul manuscrit; aussi, nous dit le R. P.
P. P., € elle contient un trop grand nombre de non-sens qui tiennent en
partie au mauvais état du texte ou de l'édition ». Quelques collations
(1) Parïhilo, par Giles (Londres, 1852, Codex apocr. Novi Test., p. 1-11, m-xiv, inconnu
du P. P.) et par de Lagarde.
BIBLIOGRAPHIE. 325
semblent donc utiles et môme indispensables; le R. P. Paul Peeters nous
confie même, dans une note, qu'il aurait voulu en faire (1), mais il en est
resté à la velléité, et il remplace les manuscrits par des « conjectures »
pour lesquelles il prie « le lecteur non initié » de lui « faire crédit ». Il
lui suffisait cependant d'écrire une lettre, pour obtenir l'envoi à Bruxelles
des manuscrits de Paris qu'il aurait pu collationner à l'aise (2). Nous
avons d'ailleurs déjà trouvé chez lui cette désinvolture vis-à-vis des ma-
nuscrits, lorsqu'il a réédité le martyrologe de Rabban Sliba d'après le
seul manuscrit utilisé par Assémani, sans cherclier s'il n'en existait pas
un autre (3).
Nous ne croyons pas cependant qu'il ait un parti pris de les remplacer
par des conjectures, mais ses nombreux travaux ne s'accommodent pas
de patientes collations, sa plume est obligée de « courir trop vite », et
« sans doute quelque nouveau travail la réclamait déjà, lorsque l'encre
de celui-ci n'était pas encore sèche » (4).
Pour juger des détails de la traduction du R. P. P. Peeters, nous aime-
rions savoir quelle édition du texte arabe il a suivie, mais il ne le dit pas
clairement. Il laisse entendre qu'il a utilisé l'édition princeps du Suédois
Wallin avec les corrections postérieures, mais il y a chance qu'il ait
peu vu le travail de Wallin. Il écrit en effet que ce Suédois a utilisé le
« manuscrit de la Bibliothèque royale de Suède, arabe CCCCXXXIl »; c'est
peut-être là une des conjectures pour lesquelles le P. P. P. demandait
crédit au « lecteur non initié », il est en effet très élégant de supposer
qu'un Suédois a utilisé un manuscrit de Suède. Mais écoutons Wallin :
Ubi illa nobis contigit félicitas ut bibliolhecam bibliothecarum maximum,
vere illustrem, vere magniflcam, vere regiam, hoc est Régis Chrislianissimi
et Galliarum monarchœ, Ludovici XV, frequentaremus , perlustrantibus
inter alia codicum MSS arabicorum apparaiiim, Historia Josephi sese oh-
tulit... Quand on a lu ce passage — sans parler du titre qui porte : ex
codice manuscripto Bibliothecœ Parisiensis nunc primum editus — on ne
peut plus oublier que le manuscrit de Suède est un manuscrit de Paris.
11 est d'ailleurs analysé par Wallin, et on a reconnu depuis longtemps
qu'il porte maintenant le numéro 177 (ancien fonds 104) (5).
Au lieu de se borner à répéter l'affirmation de Tischendorf que c le
(1) p. xxxviii, n. -2: • Nous aurions voulu pouvoir la collationner, par ex., sur les mss.
Bibl. Nat., arabes 69, m, 275. » Le R. P. n'a pas note qu'il y a deux ans, M. Griveau a si-
gnalé un quatrième manuscrit de l'Histoire de Joseph, Ar. 4'7o, cf. ROC, t. XIV (1909),
p. 182. Voir aussi le ms. arabe n° 4 de l'Inslilut catliolique de Paris.
(-2) Signaler un manuscrit lointain (de Venise, par exemple) à un malheureux auteur
qui ne peut ni en obtenir le prêt ni faire le voyage pour le consulter, est une plaisan-
terie, que se permet quelquefois le P. P. P. Pour lui — assure d'ailleurs de trouver dans
toutes les capitales hospiUum et sodalitas — il lui suffisait d'une lettre pour obtenir le
prêt, à Bruxelles, des mss. de Paris.
^3) Cf. supra, t. XV (1910), p. 3-27.
(4) Cf. Anal. BoU., t. XXIX (1910), p. 456, 1. 18-20, et t. XXX (1911), p. 360, 1. 28-29.
(3) Il porte, sur la première page, les cotes successives : Ar. 432, puis 381, puis cod.
arab. 104 et enOn 177.
326 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
manuscrit de Wallin est certainement de provenance égyptienne », il
aurait été facile au P. P. P., qui base sur ce témoignage sa démonstration
de l'origine copte de la légende, d'ouvrir le catalogue de Paris et de re-
marquer que les quatre manuscrits de Paris proviennent tous de l'E-
gypte (1), parce que trois sont datés de l'ère des martyrs et que le qua-
trième (4775) ne renferme que des pièces égyptiennes. D'ailleurs, à
défaut de Wallin,. Tischendorf lui aurait fourni quelques détails intéres-
sants s'il l'avait lu. 11 l'a eu sous les yeux puisqu'il le cite, mais sa hâte
de passer à un autre travail est telle qu'il « l'a mal lu ». Nous avons été
victime de ce procédé : le R. P. P. Peeters a écrit en effet : » Une tra-
duction française (du livre d'Héraclide) avait été commencée par feu
l'abbé Ermoni. Inten'ompue par la mort de ce regretté savant, elle fut
achevée ou plutôt refaite... » Voici maintenant ce que porte le passage
visé : « Dès 1903... M. l'abbé Rrmoni commençait à traduire l'ouvrage en
latin; il s'arrêtait d'ailleurs vers le tiers de l'ouvrage et renonçait à con-
tinuer (2). » M. Ermoni a commencé à traduire en latin et non en fran-
çais., et il a renoncé à continuer, plusieurs années avant sa mort. Voilà
donc une page que le P. P. P. a « mal lue » et il va sans dire qu'il n'a
pas lu du tout la suivante, ce qui l'a empêché — toujours à nos dépens
— de comprendre la traduction (3). D'ailleurs « les distractions dans
lesquelles il est tombé ici nous autorisent à supposer qu'il lui en est arrivé
d'autres (4) » :
C'est un comble, par exemple, lorsque, p. .xxxv, note 3, il nous envoie
lire dans Tischendorf, un récit qui figure dans son propre ouvrage un peu
avant V Histoire de Joseph. Car le chap. XLii de cette histoire n'est qu'une
réminiscence du pseudo-Thomas, ch. v, ix, xvi, lequel (sous une autre
forme) peut remonter au second siècle (5). Nous ne savons pas non plus
pourquoi le P. P. P. dit que le ms. memphit. 66 est daté de 1068, car il est
daté de l'an 783 de Dioclétien (29 août 1066 au 29 août 1067), et tous les
auteurs que nous avons vus donnent 1067.
La bibliographie est insuffisante. 11 est loisible au P. P. P. de donner
une nouvelle traduction, « mais à condition d'indiquer les traductions
(1) Celui de Wallin (177) a été acheté au Caire, pour deux piastres, par Vansleb, et se
trouve daté de l'an 1005 des martyrs (1289). Il porte d'ailleurs des mots copies en marge,
f. 162, 165.
(2) Le Livre d'Héraclide, traduction, p. xxïv.
3) Nous écrivions : « Nous avons laissé subsister l'obscurité de la version syriaque
dans les quelques endroits où la suite des idées n'indiquait pas clairement la correction
à faire, a/?« de ne pas remplacer la traduction par une interprétation. • Ibid., p. xxv.
(4) Cf. A7ial. Boll, t. XXIX (1910), p. 4oo, I. 17.
(5) Ceci est d'ailleurs très important pour le P. P. P., car il renvoie à Tischendorf pour
prouver que le récit est récent : . A parler franc, cette date (iv siècle) nous parait un
peu haute. Notre apocryphe contient au chap. xvii une allusion claire à une anecdote de
l'Evangile de l'enfance (voir Tischendorf, op. cit., p. 203) lequel ne semble pas, à beau-
coup près, aussi ancien ». .Maintennnt que nous avons montré au P. P. la source du cha-
pitre XVII djns l'évangile du pseudo-Thomas, connu d'Irénée et d'Origène et dont une
rédaction est éditée dans son propre volume, il est clair, qu' «à parler franc », il ne
reste plus ici d'objection à la date du iv= siècle.
BIBLIOGRAPHIE.
327
françaises qu'il veut remplacer. Car l'Histoire de Joseph n'est pas aussi
peu connue des lecteurs français qu'on le supposerait à lire le petit avant-
propos du P. P. P. (1) ». Gustave Brunet l'a traduite en français et annotée
dans Les évangiles apocryphes, \n-\2, Paris, 1849, p. 1-51. Plus tard, Migne
a édité à nouveau la traduction française dans le Dictionnaire des Apocry-
phes, Paris, 1856, I, 1027-1044. On trouve au même endroit la traduction
française, due à Dulaurier, des fragments coptes. Nous aurions eu plaisir
aussi rapprendre que BoUandus, Bollaudus lui-même, a connu notre
apocryphe, et l'a résumé et apprécié d'après un Père dominicain du
xvie siècle. Celui-ci en possédait dès cette époque une version latine,
faite sur une langue qui était, selon lui, de l'hébreu. Ceci a été développé
par Wallin, repris par Thilo et cité, d'après Thilo, par Tischendorf. Le R.
P. P. Peeters l'aurait trouvé Acta SS., Mars, III, p. 7. Il aurait pu, à cette
occasion, nous entr'ouvrir un peu les cartons des BoUandistes et nous
dire s'il croit, comme l'aurait écrit BoUandus, que « les Carmes ont
apporté d'Orient la fête de saint Joseph en l'Église d'Occident et que, les
Cordeliers l'ayant reçue en 1399, elle s'est ensuite répandue dans toutes
les églises latines .. Mais les quelques pages « d'introduction que le P. P.
a mises en tête de son texte laissent dans l'ombre cette question et plu-
sieurs autres (2) ».
Nos exigences, dans le cas présent, n'ont rien d'exagéré : Nous sommes
plein d'indulgence en effet pour les curés, les vicaires, les professeurs de
science, les missionnaires, qui sacrifient leur repos et leurs vacances à la
philologie, objet de leurs études antérieures. Le peu qu'ils font bien est
pur gain pour l'orientalisme, dont ils n'occupent aucune des chaires ou
fonctions rétribuées. Ils ont même grand mérite à ne pas employer repos
et vacances à des occupations plus lucratives ou plus agréables, au lieu de
les consacrer à un travail souvent ingrat, et dont personne ici-bas ne leur
tiendra sans doute compte — heureux encore si on ne leur en fait pas un
grief! — Mais nous ne mesurons pas le R. P. Paul Peeters à la même me-
sure, parce qu'il est bollandiste; il doit à ses prédécesseurs, à ses col-
lègues et à la situation qu'il occupe de nous servir d'exemple, par son
travail, son sérieux et ses bonnes méthodes. C'est Là sa seule raison
d'être.
Le P. P. P. nous apprend du moins ce que doit être, selon lui, une
traduction. Comme il n'est pas besoin ici de collations ni de recherches,
mais seulement d'une plume alerte et intrépide, il consacre à cette ques-
tion plus du huitième de son avant-propos. Ce manifeste était d'ailleurs
depuis longtemps médité , car nous avions déjà noté dans les .47ta/eda,
sous la plume du P. P., la phrase suivante : « La traduction du P. C. a
une allure fort dégagée... Touchant cette question de principe, nous
avons le plaisir d'être entièrement d'accord avec l'auteur pour des
(1) Cf. Anal. BolL, t. XXIX (1910), p. 207, 1. 7-10.
(2) Cf. Anal. BolL, t. XXIX (1910), p. 4.-,3, 1. 28-29. Le latin du Père dominicain Isidorus
de Isolanis (1522) vient d'élre traduit en espagnol : Suma de los dones de Snji Josn', par
José Pallez, Barcelone, 1887. Le P. P. P. trouvera un long résumé de Ihisloire de Joseph
le Charpentier aux pages 254 à 259.
328 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
raisons sur lesquelles nous comptons bien nous expliquer à fond un jour
ou l'autre. » An. BolL, t. XXIX (1910), p. 198. Victor Hugo, formulant,
dans la préface à.'Hernani, le programme du romantisme, n'était pas plus
solennel. Voici d'ailleurs la théorie du P. P. P. :
Nous nous sommes laissé entraîner par l'exemple de Robinson à serrer la
phrase originale de plus près que nous ne l'aurions fait par conviction. Nous
ne l'avons cependant pas suivi jusqu'au bout dans cette méthode moins pru-
dente qu'il ne paraît. Sauf meilleur avis, il nous semble qu'une traduction est
surtout faite pour ceux qui en ont besoin et non pour les spécialistes qui sont
en mesure de l'interpréter elle-même à l'aide du parler dentelle imite les allures.
En voulant être rigoureusement littérale, elle risque toujours de tromper, par
des équivalents approximatifs, le lecteur qui ne connaît pas les idiotismes qu'elle
vise à reproduire. Quoi qu'elle tente d'ailleurs, elle sera toujours criblée d'in-
conséquences, qui peuvent la rendre décevante si elle affiche la prétention de
ne rien changer à son modèle. A force de chercher l'exactitude du menu détail,
elle devient fausse dans l'ensemble. Par le tour insolite qu'un traducteur servile
donne à sa propre langue, il se rend illisible, sinon incompréhensible, sans autre
résultat que de prêter à l'original lui-même un air barbare qu'il n'a pas ou qui
affecte un sens tout différent.
Nous laissons au P. P. le soin de concilier ce manifeste avec la phrase
qu'il ajoute aussitôt :
D'autre part, notre apocryphe étant ce qu'il est, nous n'avons pas cru permis
de le rendre plus présentable en atténuant les trivialités, les non-sens, les redites,
les incohérences et autres défauts qui complètent trop bien sa physionomie sus-
pecte.
Si maintenant nous tournons la page, pour voir le P. P. P. à l'œuvre,
nous lisons :
Histoire de la mort de notre père, le saint vieillard Joseph le charpentier. Que
sa bénédiction et ses prières nous protègent tous, ô mes frères. Ainsi soit-il.
Le total des jours de sa vie fut de cent onze ans. Sa sortie de ce monde eut
heu le 26 du mois d'Abib, qui correspond au mois d'Ab. Que sa prière nous
garde. Ainsi soit-il.
C'est Notre-Seigneur Jésus-Christ qui a raconté ceci à ses vertueux disciples,
sur le mont des Oliviers, ainsi que toute la carrière (de Joseph) et la manière
dont il termina ses jours. Les apôtres ont conservé ces saints discours.
C'est donc pour traduire une cinquième fois ce sermon — œuvre d'édifica-
tion à l'usage des dévotes générations de l'église copte (1) — que le P. P.
P. a rédigé ces phrases si pompeuses, — Nous sommes dans ce cas par-
ticulier complètement de son avis; nous allons même plus loin que lui
et nous croyons qu'il pouvait, sans inconvénient aucun, « atténuer les
non-sens et les incohérences » de l'original. Mais nous ne pouvons sous-
crire à la thèse générale : Lorsqu'une traduction est mise à côté d'un
texte, nous aimons en général qu'elle le suivre d'assez près pour nous
(i) On lil déjà dans Bollandus que celle histoire (synaxaire?) se lisail aux Ddèles
chaque année le jour de la fêle de S. Joseph {loc. cit.).
BIBLIOGRAPHIE. 329
en faciliter la lecture, nous apprécions assez peu le procédé de P. Bene-
dictus qui a mis, à côté de S. Ephrem, du latin cicéronien, mais où l'on
ne peut reconnaître le syriaque. De plus, il existe de nombreux ouvrages
peu intelligibles , qui demandent des commentateurs (encore ceux-ci ne
s'entendent-ils pas toujours). Il est logique qu'il en soit de même des tra-
ductions de ces ouvrages. C'est pis encore lorsqu'un de ces écrits, incom-
pris déjà des contemporains de l'auteur, a été mal traduit, puis maltraité
par les copistes; il peut arriver, par comble, qu'il n'en reste qu'un ma-
nuscrit mutilé ; on est alors en droit de supposer, comme l'écrit ailleurs le
P. P. P. mieux inspiré, que « le sens qu'on n'y voit pas n'y est pas (1) ».
Enfin, une première traduction mérite plus d'égards qu'une cinquième,
car le premier traducteur, en face de certains textes théologiques, traduit
souvent dans le dégoût et l'amertume de son âme (2); lorsqu'il a passé
deux heures sur un paragraphe, sans que le contexte, les conjectures obvies
et ses études antérieures lui aient permis de donner un sens bien clair au
mot à mot, il n'a plus que le choix de l'abandonner, ou de lui donner ce
que le P. P. appelle « un coup de lime », mais que le français usuel appelle
plus justement « un coup de pouce », ou de livrer le mot à mot tel quel
aux commentateurs bénévoles en ajoutant tout au plus, comme l'a fait le
R. P. P. P. lui-même, à l'occasion de la liste des éditions hagiographiques :
« Bien des (imperfections) ont dû nous échapper, nous espérons que la
bienveillance des lecteurs pour qui nous avons travaillé nous aidera à les
réparer, » An. BolL, t. XXIX (1910) p. 441. La bienveillance du P. P., lors-
qu'on a mis trois mille heures autour d'un travail (3), se borne parfois à dire
(1) cr. Anal. BolL, t. XXIX (l'JlO), p. 314, 1. 21--26.
(2) Tous ces caractères se trouvent réunis dans le livre d'Héraciide, les textes grecs
étaient déjà incompris — Nestorius et ses amis l'ont toujours dit — et il n'en reste qu'un
mauvais ms. d'une difficile traduction. Tous les orientalistes qui l'ont vu, MM. Goussen,
Baumstark, Ermoni, Nau et Peelers, sont tombés sur cet ouvrage à peu près comme uu
lévrier sur un hérisson, M. Goussen en a tiré une note, M. Baumstark une analyse, M. Er-
moni un commencement de version latine, pour moi il m'a fallu toute mon énergie pour
aller jusqu'au bout. Encore est-il resté quelques morceaut, dont je n'ai pu enlever toutes
les épines, de crainte de me blesser moi-même. Arrive le P. P., toujours trop pressé;
il n'a donc pas lu mon avertissement au sujet des épines, et... il semble avoir cruelle-
ment souffert, cf. Anal. BolL, t. XXX (1911), p. 359-60. — Cependant j'avais prévu son cas,
celui des gens pressés qui n'ont pas le temps de commenter les paroles oi)Scures, et j'a-
vais écrit un volume de vulgarisation ne renfermant que des textes clairs. I.e manque d'é-
diteur m'a obligé à le donner partie chez Bloud (sM/:/ra, p. 219) et partie tavec complé-
ments) dans la présente revue {supra, t. XV, 365, t. Wi, i et 176^ C'est à ces éditions
simples et claires, je crois, que je renvoie les gens pressés et le P. P. P. — Relire plus
haut les conseils de Sergius, p. .307-308.
(3) En voici le décompte pour le livre d'Héraciide ; d'avril à juin 1909, relu les manuels,
parcouru les sources, traduit (pour me faire la main) des fragments de Bar Salibi, supra,
t. XIV, 208, les lettres de Nestorius et Cyrille éditées plus haut, p. 176 sqq., total : plusieurs
centaines d'heures. De juillet au 2 novembre 1909, traduit, lu, annote le livre d'Héra
clide, soit un millier d'heures. De novembre à février 1910, parcouru tous les manuscrits
renfermant des inedita de Jean Chrysostome, complété mes notes, rédigé les appendices
et l'introduction; sont venues ensuite les épreuves, sur lesquelles j'ai dû revoir les cor-
rections proposées par M. Briére ; j'ai rédigé l'ouvrage de vulgarisation que j'ai du, faute
d'éditeur, dédoubler (au mois de juin) en deux parties (l'une parue chez Bloud, supra,
p. 219, l'autre dans cette revue, 1910, p. 365 et 1911. p. l), les corrections et tables ont con-
330 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
qu'il aurait fallu y mettre quelques centaines d'heures de plus — peut-être
pour faire plus mal (1).
Théorie à part, que vaut maintenant la traduction du P. P.? Elle est cer-
tainement facile à lire et, k la rigueur, suffisante ; mais, ici comme par-
tout chez le P. P., nous trouvons trace de la hâte, qui lui fait négliger le
texte aussi facilement que les manuscrits, et qui lui voile les détails; « ce-
pendant là où l'exactitude littérale est possible, il vaudrait mieux ne pas
s'en départir sans motif (2) », par exemple, dans le seul petit texte que
nous avons cité, le P. P. traduit « sa bénédiction » lorsque manuscrit et
éditions portent le pluriel i>^^y. ; Wallin et Tischendorf ont d'ailleurs tra-
duit par benedictiones et Brunet et Migne par « ses bénédictions ». De
même, lorsque le P. P. traduit t les apôtres ont conservé ces saints dis-
cours », le texte porte: ^^Sj] \Xs> ]jhÂs^. ^w^JJJi J^j)]^, « et les saints
apôtres ont conservé ce discours », comme l'ont d'ailleurs traduit Tischen-
dorf, Brunet et Migne.
Nous savons bien que, dans le paragraphe consacré à ses prédécesseurs,
le R. P. P. P. a raillé « le respect un peu superstitieux de ces distingués
orientalistes pour la syntaxe de l'arabe classique (3) ». Mais encore ne
faut-il pas sans motif remplacer les pluriels par des singuliers et trans-
porter le qualificatif d'un nom au nom suivant, sous peine de laisser croire
que cette traduction cinquième a été faite au courant de la plume et qu'elle
représente une somme de travail assez minime.
Quant au style, nos citations ont déjà mis en relief le ton de l'avant-pro-
pos. Nous avouerons au P. P. que la suffisance du style, trop naïvement
exprimée, ne peut qu'attirer des conflits, toujours regrettables et inutiles,
chaque fois qu'on rencontre une suffisance égale — à tort ou à raison —
à la sienne. Certaine préciosité (4) et l'affectation de remplacer le « sou-
vent» des anciennes traductions parla locution vieillotte « souventesfois »,
se rapproche trop du genre de M. Amélineau. La locution « à parler franc »,
par contre, semble bien propre au P. P., mais c'est au moins pour la
quatrième fois de cette année que nous la trouvons, à la page xxxv, dans
un de ses écrits; elle devient un vrai cliché (5).
duit à la lin d'octobre 1910, soit plus d'un millier d'heures; d'ailleurs le R. P. Bedjan a
travaillé plus de cent heures et M. Briere plus de cinq cents sur ce même ouvrage.
(1) Car le R. P. P. P. n'aurait pas manqué de me reprocher de remplacer le texte par
mon interprétation, à laquelle il aurait opposé la sienne. — Sa méthode de recension ne
donne aucune garantie au patient : il distribue un certain nombre de compliments et —
«•omnie il l'avoue ingénument — « si l'auteur a adressé une politesse aux BoUandistes.
il glisse sur le reste », Aiial. BolL, t. XXIX (1910), p. 177, 1. 2, 3; dans le cas contraire, il
épluche quelques mots, parfois quelques lignes, pour leur donner une blancheur native
ou factice, et enfin, à cette occasion, il conseille, il plaisante, il égratigne ou il mord,
suivant le sujet. Ce n'est pas quelques centaines d'heures, ajoutées à quelques milliers,
qui l'empêcheront d'appliquer sa méthode.
(2) Anal. BolL, t. XXIX (1910), p. 198, au bas.
(3) P. xxxvni, I. 13-lS.
(4) cl. p. xxxvn : 1. 17 à xxxvui, I. 3.
(5) P. xxxv. « A parler franc, celte date nous parait un peu haute ». — Analecta BolL,
t. XXX (19U), p. 19 : « à parler franc, nous ne le comprenons guère •. — P. 360 : • à parler
BIBLIOGRAPHIE. 331
Le présent article montrera, une fois de plus, quel fossé sépare la théorie
de la pratique. Car toutes les idées précédentes sont certainement com-
munes au P. P. et à moi : respect des manuscrits, nécessité des collations,
obligation de ne pas remplaceras collations par des conjectures, faire des
citations exactes, lire, sinon ce qu'on approuve, du moins ce qu'on critique,
ne pas dire qu'une traduction latine est une traduction française ni qu'un
manuscrit de Paris est un manuscrit de Suède, ne pas trop sacrifier la bi-
bliographie, citer au moins les traductions françaises que Ton prétend rem-
placer; citer même — surtout si l'on est bollandiste — Bollandus, lorsqu'il
a traité de même sujet, ne pas ignorer les conditions matérielles de temps
et d'argent (1), ne pas mesurer tous les textes, toutes les traductions, tous
les traducteurs avec la même mesure ; dans le cas d'un texte facile et de
vulgarisation, qui comporte une traduction alerte, tâcher cependant, sur-
tout si l'on est un représentant officiel de la science, de conserver les
nombres et de ne pas changer les compléments de sujet; voir dans la sim-
plicité — sans pompe ni jeu d'esprit ni ton acerbe — le principal mérite
du style et le meilleur moyen de persuader sans blesser, se relire pour
supprimer les clichés utilisés trop souvent, etc.
En pratique, par contre, on vient de le constater, nous faisons tous
comme nous pouvons, et le critique avisé qu'est le P. P. n'a échappé à au-
cune des fautes qu'il reprochait à des auteurs bénévoles, moins bien placés
que lui pour les éviter. Mais —j'en appelle aux anciens bollandistes — mes
conseils ne seront pas inutiles et, dans un avenir peut-être prochain, lors-
que ma santé ne me permettra plus de sacrifier mon repos et mes vacances
à l'orientalisme, lorsque je serai au bout de l'impasse dans laquelle je me
suis engagé (2), et que je me bornerai alors à mes occupations profession-
franc, ils sont moins rares ». — P. 376 : « à parler franc, ceUe explication nous était ve-
nue à l'esprit ».
^1) n ne faut pas voir le monde comme un alumnat, où la nourriture est toujours
prête en son temps, et où le chef de file fait le nécessaire pour tout le reste. En général
les auteurs ont à se préoccuper de vivre, les éditeurs (auxquels le P. P. n'a pas encore
songé à notre connaissance) ont les mêmes préoccupations, enfin bien des auteurs ne
trouvent pas d'éditeur; par exemple, après avoir critiqué le travail du P. Bayan et avoir
écrit tout ce qu'il faut pour susciter à son éditeur une concurrence commercialement
désastreuse, A7ial. BolL, t. XXX (1911), p. 26, le jour où il reconnaît s'être trompé, il écrit :
« La parole est maintenant au R. P. Bat/an, qui, nous aimons à le croire, ne se laissera
pas décourager par les difficultés nouvelles qu'on lui a fait remarquer dans son utile
entreprise » {ibid., p. 376). C'est très bien dit, mais, quand on sait que le P. Bayan a
surtout souci d'équilibrer tous les mois sa note d'hôtel, c'est grotesque. — D'ailleurs, après
un long travail et des privations, il lui faudrait encore trouver un éditeur qui veuille ris-
quer tiente mille francs sur le synaxaire arménien, expose qu'on est toujours à se voir
ensuite exécuté en dix lignes par le R. P. P. P.
(2) C'est l'astronomie qui m'a engagé dans celte impasse. Lorsque je cherchais ma
thèse dans l'astronomie mathématique, W Graffin et M. Paulin Martin m'ont donné le
conseil amical d'éditer l'astronomie syriaque de Bar Hébraeus pour me mettre, à cette
occasion, au courant de l'histoire de cette science. J'ai commencé ce travail, j'ai donné
une première note dans le Bulletin astronomique, t. X (1893), p. 259-264; j'ai suivi, en
1895, sur la recommandation de M. Tisserand, directeur de l'Observatoire de Paris, les
cours pratiques qui étaient alors faits à Montsouris pour les officiers de marine et les
explorateurs, mais la mort àubite de M. Tisserand (20 octobre 1896) m'a obligé à chercher
332 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
nelles qui sont d'enseigner les éléments de la géométrie analytique et du
calcul différentiel et intégral, j'apprendrai que durant ce temps le R. P.
P. P. aura continué, avec distinction, la carrière philologique pour moi
interrompue, et j'aurai le plaisir de l'applaudir, un peu mûri, comme l'un
des successeurs du R. P. de Smedt à l'Académie royale de Bruxelles et à
l'Académie des Inscriptions de Paris (1).
F. Nau.
H. Delehaye, Bollandiste, Les légendes grecques des saints militaires,
Paris, Picard, 1909, x-272 pages, 8".
Le R. P. Delehaye étudie, dans la première partie de ce volume (1-126),
la formation des légendes des principaux saints militaires : Georges, Mer-
cure, Théodore, Procope, Démétrius. Dans le Métaphraste, leurs légendes
présentent la même trame qui leur donne l'apparence d'un récit artificiel
appliqué successivement à plusieurs personnes. 11 était intéressant de
chercher si cette forme était la primitive et, dans le cas contraire, par
quelles étapes aurait passé le récit primitif avant d'être fondu par le Mé-
taphraste dans un plan conventionnel.
La question ne pouvait être élucidée que par l'étude des éditions et des
manuscrits, et le P. Delehaye, qui est coutumier des recherches érudites
et patientes, a trouvé un bon nombre de textes inédits (il n'en publie pas
moins de onze en appendice, p. 127-271} qui lui ont permis de reconsti-
tuer un certain nombre d'étapes par lesquelles ces légendes ont passé.
Théodore apparaît pour la première fois dans une prédication de Gré-
goire de Nysse et Georges dans un palimpseste de Vienne; Procope est
connu par Eusèbe ; Mercure était soldat sous Dèce, et Démétrius est reven-
diqué par Thessalonique et par Sirmium.
ma thèse dans une voie diiïérenle, et le pont s'est trouvé coupé depuis lors entre mes
deux genres d'études. La philologie ne peut me procurer, selon toute vraisemblance,
aucun avantage matériel ou honorifique, elle n'est qu'un noble emploi de mes loisirs et
vacances aussi longtemps que ma santé me permettra de les employer ainsi.
(i) Les sujets de travaux sont loin de manquer. Nous nous permettons de signaler au
R. P. P. VAeCoynmenlaire de Théodore de Mopsuesle sur VEvanyUe de saint Jean, édité
sans traduction par M. Chabot, si mon exemple peut avoir sur lui (luelque influence,
je rengage beaucoup à consai^rer ses premières vacances à le traduire en fran(,ais (car.
par tout pays, les langues modernes prennent la place du latin), pour nous rendre ainsi
l'un des fleurons du maître de Nestorius. Cette traduction est attendue avec impatience,
et elle fera le plus grand honneur au R. P. P. P., qui daignera, en sus de ses travaux
professionnels de bollandiste, consacrer ses premières vacances à traduire un commen-
taire : ■' Le travail à faire est double, Il faut d'abord trouver un sens au galimatias du
traducteur syrien, puis, à travers ce sens apparent, démêler la pensée de Théodore •
(An. BolL, t. XXX, 1911, p. 359i; mais de quelque manière que le P. P. exécute ici sou
programme, nous pouvons l'assurer d'avance, s'il fait ce travail, que nous aurons cons-
cience de son grand mérite, bien qu'il n'ait pas à sortir pour cela du cercle de ses
études. Il comprendra un jour aussi quelle autorité une traduction princeps d'un ouvrage
diflicile donnerait à ses paroles. Il est seul aujourd'hui ù ne pas voir ce qu'a de faux le
rôle d'un magniloquent critique, qui ne ligure encore dans les bibliothèques que par
quelques extraits de la revue de ses confrères et qui, cependant, depuis six ans déjà,
distribue l'éloge et le blâme, assigne des rôles et gourmande de prétendus paresseux.
BIBLIOGRAPHIE. 333
Signalons ici la mort du R. P. Charles de Smedt, S. J., président de la
Société des Bollandistes, né à Gand le 6 avril 1833, mort à Bruxelles le
4 mars dernier. Il était l'un des maîtres de la science historique : sans
parler de ses travaux personnels (voir Bévue d'hisl. eccL, 1911, p. 347-350,
357), c'est lui qui a provoqué l'édition des nombreux catalogues de manus-
crits hagiographiques édités par ses confrères ; l'histoire en effet ne peut
être basée que sur les sources, éditées ou manuscrites, étudiées avec com-
plète probité scientiflque. Combien d'éditions sont à refaire pour n'avoir
utilisé qu'une partie des sources. Le premier travail était donc celui des
catalogues. En même temps, il a fondé les Analecta Bollandiana, qui per-
mettent de tenir le public au courant des publications hagiographiques ;
son activité bienfaisante et féconde le fera longtemps regretter, mais, du
moins, dans la petite famille dont il était le père, non déficit aller, hureus.
F. Nau.
Sylvain Grébaut, Les trois derniers traités du Livre des Mystères du ciel
et de la terre; texte éthiopien édité et traduit dans Pal roi. Or., t. VI,
fasc. 3. Paris, 1911, Firmin-Didot.
Dans une note historique bien conduite, M. Nau publie la partie de la
correspondance de Peiresc, relative à l'acquisition du manuscrit 117, qui
seul (le manuscrit 118 n'étant qu'une copie du manuscrit 117) contient
notre t Livre des Mystères du ciel et de la terre ». Informé, en 1633, par le
capucin Gilles de Loches, qu'il y avait en Egypte un livre éthiopien d'Hé-
noch, Peiresc cherche à se le procurer par divers intermédiaires : Magy,
Georges l'Arménien, sans doute aussi Vermeil. Puis, lorsqu'il a enfin en
sa possession (4 nov. 1636) le « Livre des Mystères, etc.. » — qu'il croit,
à tort, être le livre tant désiré d'Hénoch — il s'emploie avec beaucoup
de patience, même en s'adressant au cardinal Barberin, et à Bourdaloue
(20 janvier 1637), à faire venir à Aix le P. Gilles, qui lui a promis de tra-
duire le précieux manuscrit. Il meurt (24 juin 1637), sans avoir pu réa-
liser son rêve, lequel était de * faire imprimer » et « traduire » le livre
qui lui avait coûté tant de lettres et procuré tant de soucis.
M. Sylvain Grébaut vient de combler le vœu de Peiresc, en publiant et
en traduisant la fin de ce livre (2*, 3^ et 4« traités), dont le 1«' traité avait
été publié par MM. Perruchon et Guidi en 1903 (Patr. Orient., l, 1). Peut-
être ce livre est-il un des rares ouvrages originaux de la littérature éthio-
pienne?
Le 2'" traité est une explication de l'Apocalypse, faite par S. Jean lui-même
à Abba Zosime. L'exégèse employée est très symboliste; les digressions,
nombreuses.
Le 3^ traité est une dissertation sur Dieu, la Trinité, l'Hexaméron, l'es-
chatologie, dont les origines du monde n'ont été qu'un symbole.
Le 4« traité renferme des computs — véritables énigmes — et symboles
relatifs à Adam, Hénoch, Noé, Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, etc.
334 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
L'ouvrage se donne comme un livre rt'servé à des initiés ; il est forte-
ment influencé par les idées et les meth' /.os de la cabbale, particulière-
ment laméthode symboliste, qui, pratiquée tvr.s retenue, permet à l'auteur
de retrouver dans le texte sacré tout ce qu'il /eut y mettre, et lui permet
par exemple d'appliquer au Fils de Dieu, grâce à deux étymologies fan-
taisistes, un passage de l'Apocalypse (ix, 11), qui manifestement se rap-
porte à Satan.
Sous ce symbolisme effréné, hérité de la cabbale, il y a des renseigne-
ments intéressants à glaner. Le dogme de la Trinité est nettement professé
(il, 16, 20; III, 1, 2). Notre-Seigneur, dont la divinité est affirmée (m, 5), re-
çoit dans le cours de l'ouvrage différents noms : le Fils, l'Unique, le Fils
Unique, le Seigneur, le Christ, l'Aimé, l'ange de la Vie, l'Auteur du
bien, le Verbe du Père, le Verbe de l'E.sprit-Saint, le Christ-Roi. Marie
a été vierge d'une « virginité unique » (iv, 16). Pierre est le c prince des
apôtres » (ii, 19). Il a eu son siège à Smyrne, d'après l'explication sui-
vante, donnée ii, 3 : « Celui qui a été jeté en prison (Apocalypse, ii, 8), qui
est-ce, dis-je? Il (S. Jean) me dit : c'est Pierre, mon frère. » Cette explica-
tion fantaisiste de Apoc. ii, 8, est due sans doute au fait de l'emprisonne-
ment de Pierre (Actes, xii, 3-17). D'ailleurs, si Smyrne a été le siège de
Pierre, c'est Rome qui est « le grand siège de Pierre » (ii, 16). L'apôtre
Jean est resté vierge (ii, 3) ; il est le « Théologien de la divinité > (m, 6);
l'apôtre Jacques (le mineur) a été tué par Esêwos (ii, 21); quant à Paul,
dont les écrits sont plusieurs fois cités, il est, selon notre auteur, symbolisé
par la tourterelle, dont il est parlé dans Gen. xv, 9. Recueillons aussi celte
notice sur les évangélistes : c Jean a écrit dans la langue de Rome (le grec)
aux gens d'Éphèse. En effet, Éphèse, c'est Rome. Luc aussi a écrit dans
la langue de Rome. Marc a écrit en copte. Matthieu, en hébreu. »
Le baptême qu'Abraham a reçu (iv, 9), d'après ie livre du Kidân, et
dont la € clé » a été donnée à Jean Baptiste, le dernier des prophètes
(II, 7), est symbolisé par l'huile, dont il est parlé dans Apoc. vi, 6, parla
porte, qui est ouverte et que personne ne peut fermer (ii, 3). 11 est néces-
saire pour le salut (m, 3); l'Eucharistie apparaît, m, 4, 7; et la Péni-
tence, IV, 19.
L'auteur connaît 7 livres de l'Église (ii, 5) : l'Évangile en entier, les
épîtres, qu'ont envoyées les apôtres (épîtres catholiques) ; les Actes des
apôtres ; les épîtres de Paul en entier, le Sinodos en entier, l'Apocalyse ;
le Kidân, qui est le livre des Mystères (ii, 11) et les Didascalia. A côté de
ces livres l'auteurparle des « écritures qui sont cachées > (ii, 9); il les énu-
mère : « de la Loi, il y en a 3; (l'auteur cite ailleurs (ii, 16; iv, 21) les
5 livres de la Loi) ; de David, 5 ; d'Isaïe, 7 ; de Zacharie, 1 ; de Jérémie,
3; de Sirach, 2 » ; et pour la Loi nouvelle : « 4 de l'Évangile; 12, dit-on,
de Pieri-e; 4 de Paul; 7 de Jean; 1 de Jacques ».
Le démon occupe une assez large place dans le second traité (commen-
taire de l'Apocalypse). Notre auteur lui applique le passage d'Isaïe (xiv, 2)
qui vise directement le roi de Babylone (ii, 7). Satan est aussi l'étoile qui
tombe du ciel (Apoc. viii, 10); il est l'absinthe, dont il est parlé dans
Apoc. VHi, 11, parce que sa doctrine est amère. Il est enfin la « Bête »
BIBLIOGRAPHIE. 335
dont le nombre, dans notre livre des Mystères, n'est pas 666 (Apoc. xiii, 18),
mais 767 (ii, 19). Comme le fait remarquer M. Grébaut (Introduction,
p. 368), ce changement de 666 en 767 peut s'expliquer par la confusion
des deux lettres éthiopiennes qui servent à rendre les chiffres 6 {%) et 7
%), puisque l'auteur décompose le nombre 767 en 200 -f 300 + 200 +
30 + 37, chacun de ces nombres désignant un des chefs des armées de
Satan (ii, 19).
Ce trop rapide aperçu fait au moins entrevoir tout l'intérêt de la belle
publication de M. Sylvain Grébaut.
Jean Pressoir.
Michel Tamarati, L'Eglise Géorgienne des origines jusqu'à nos jours,
Rome, 1910, xvi-710 pp.
Le problème historique que pose le savant livre de M. Tamarati me sem-
ble être un de ceux que, pour plus de clarté, il convient d'étudier suivant
la méthode scientifique en passant du connu à l'inconnu. J'ai connu person-
nellement un prêtre instruit et zélé, de nom Athanase Naskidis, Géorgien
de race, de nationalité Russe, qui avait célébré successivement la liturgie
en arménien, en grec, en slave et qui finit ses jours célébrant la messe
latine : il avait étudié le latin et la théologie chez les Pérès jésuites de
Montauban. — A Rome, à Constantinople, les prêtres géorgiens adoptent
indifféremment le rite grec, ou le rite latin. Au Caucase ils n'ont le choix
qu'entre le rite arménien ou le rite latin avec certaines prières liturgi-
ques en langue géorgienne; là l'arménien joue, semble-t-il, le rôle de la
langue grecque imposée aux Slaves de la Macédoine et jadis à ceux de la
Bulgarie, situation qui a eu son dénouement par la création de l'exarchat
Bulgare à Constantinople. L'exarchat russe schismatique de Caucasie
pourrait sans doute être contrebalancé par l'institution d'un exarchat
géorgien catholique; mais son siège devrait être aussi Constantinople,
car le gouvernement de la Russie ne l'accepterait point. Tel est l'état de
choses actuel.
En remontant le cours des siècles, nous traversons une période de
400 ans environ (milieu du xvi'' à la fin du xix*") sur laquelle le livre de
M. Tamarati apporte les renseignements les plus intéressants puisés aux
archives de la Propagande, et des théatins, et des capucins de Rome, à
la bibliothèque Nationale de Paris (fonds des Ms. géorgiens), etc., dont un
grand nombre sont inédits. Aux documents propremem, dits viennent
s'ajouter des reproductions de dessins anciens et de portraits, qui aug-
mentent notablement la valeur de l'ouvrage déjà si méritoire
Nous le répétons, comme le Phanar était encouragé d'abord par la Porte
dans ses entreprises contre les Slaves des Balkans, ainsi les Arméniens
ont été soutenus par les Tzars de Pétersbourg dans leurs empiétements
religieux sur les Géorgiens, les Mingréliens et autres populations indi-
gènes du Caucase, seulement ces empiétements sont de date relativement
336 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
récente. Mais lorsqu'on veut arriver aux origines historiques de TÉglise géor-
gienne, on trouve qu'à la fin du v« siècle, c'est du patriarcat d'Antioche
qu'elle reçut une hiérarchie, pour mieux dire un catholicos avec privilège
d'exemption; plus tard l'empereur Justinien confirma l'institution en con-
cédant que le catholicos ne serait plus de nationalité grecque, mais géor-
gienne. Il suffit dementionnerqu'une tradition attribue à saint André, ou
plutôt à saint-Simon apôtre, compagnon de saint André, la conversion de la
Géorgie, ou Ibérie comme l'appelaient les anciens : quoi qu'il ensoît, les re-
lations primitives de ces pays avec l'Église byzantine sont incontestables.
Et puis, même en accordant que leur clergé ne se soit point laissé en-
traîner par le clergé arménien dans sa répudiation du concile de Chal-
cédoine, il ne s'ensuivrait pas qu'il eut existé dès lors une organisation
géorgienne de l'Eglise avec sa liturgie propre (la traduction des évangiles
et du psautier en géorgien appartient, d'après les mss. conservés, à la
période du viii*^ au x« siècle). Et c'est au fond ce que se borne à affirmer
le docte professeur d'arménien à Pétersbourg, M.Marr, que notre auteur,
dans des termes trop vifs et trop généraux (note 2, p. 231), prend à partie
et accuse de vouloir arméniser toute la Géorgie. En proie aux invasions
successives des Arabes, des Mongols, des Turcs Seldjoucides et des Persans,
et de nos jours aux intrigues russo-arméniennes, la nationalité géorgienne
aurait dû succomber (1). Ce qui l'a aidée certainement à survivre, c'est
qu'elle s'est souvenue de Rome, et ses fréquentes relations avec le centre
de la catholicité depuis le moyen âge jusqu'à nos jours, dont le livre de
M. Tamarati témoigne abondamment, sont à la fois la meilleure preuve et
la plus solide garantie de sa vitalité.
H. D.
(1) Sur la montagne sainte de l'Athos, les r.éorgiens ont été dépouillés de leur antique
et célèbre monastère d'Ibérie par les moines Grecs; à Jérusalem, de leur lavra de la
Sainte-Croix.
P.-S. — Ces lignes étaient imprimées lorsque la correspondance romaine du journal la
Croix (n" du 19 sept. 1911) nous apportait la nouvelle de la fin tragique de Don Michel
Tamarati, aumônier du collège des Frères à Piazza di Spagna, mort en se dévouant pour
sauver un Frère qui se noyait sur la plage de S" Marinella^près Civita-Vecchia. — Son
livre conservera la mémoire du prêtre courageux et du Géorgien patriote.
Le Directeur-Gérant :
F. Charmf.tant.
LES
DOCUMENTS ARAMÉENS D'ÉLÉPHAINTINE
(v" SIÈCLE AVANT NOTRE ÈRE)
Grâce à M. Ed. Sachau, qui vient de reproduire, transcrire,
traduire et commenter les papyrus découverts par la mission
allemande à Éléphantine (1), nous avons maintenant une idée
assez nette de la vie d'un ghetto juif du vi^ au V siècle avant
notre ère.
I. Histoire de la colonie juive. Il est certain que les Juifs
étaient établis à Éléphantine — l'île qui est en face d'Assouan
ou Syène — avant l'expédition de Cambyse en Egypte (525),
mais on ne sait à quelle époque ni à quel titre ils s'y sont éta-
blis. Étaient-ils à l'origine des commerçants ou des réfugiés,
comme Jérémie (586), ou bien ont-ils toujours été des sol-
dats mercenaires? M. Sachau tient pour la dernière opinion
(p. xiv-xv) et leur installation au temps de Psammétique II
(594-589)? époque à laquelle, d'après la lettre d'Aristée, des
mercenaires palestiniens avaient été engagés pour combattre
le roi d'Ethiopie.
Au v" siècle, en tout cas, ce n'était plus qu'une colonie mi-
litaire; les hommes, qui avaient avec eux leur famille, étaient
groupés au moins sous les six enseignes de Warêzât, d'Arta-
bânos, d'Aturparan, de Hômadât, d'Iddinnabou, de Naboukou-
dourri. Ces noms sont sans doute ceux des Perses (les 4 pre-
miers) et des Assyriens, qui commandaient les six sections (2).
(1) Aramûische Papyrus und Ostraka aus Eléphantine, fol., xxx-290 pages et
75 planches photographiques, Leipzig, Hinrich, 1911, 90 M. (relié 96 M.).
(2) Les soldats pouvaient être de nationalité différente. Parmi ceux qui par-
laient la langue araméenne, répandue alors delà Palestine jusqu'à rEl3'niaïde,
les Juifs pouvaient n'être qu'une minorité. On trouvera énumérés plus loin ceux
ORIIÎNT CHRÉTIEN, 22
338 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Il nous reste des papiers de famille, des dénombrements et des
lettres officielles qui portent sur tout le v" siècle.
Les Juifs avaient construit, avant 525, un temple avec toi-
ture de cèdre où. ils adoraient Yahô; en 411, les Égyptiens,
adorateurs du bélier, en renversèrent les colonnes et les cinq
portails, le pillèrent et y mirent le feu. Les Juifs adressèrent
leurs plaintes au préfet de Judée, au grand prêtre et aux
Perses. Ceux-ci réprimèrent la révolte mais ne permirent pas
la reconstruction du temple. Ce n'est qu'en Tan 408, après de
nouvelles instances, qu'ils obtinrent la permission de réédifier
le temple et d'y offrir oblation et encens. Ils disparurent sans
doute en même temps que la domination perse, lorsque l'Egypte
secoua le joug étranger (405).
II. Les monuments araméens. Ils sont contenus jusqu'ici
dans l'édition de MM. A. B. Sayce et A. E. Cowley, Aramaic
papyri discovered at Assuan, 4°, 79 pages, 27 planches, Lon-
dres, 1906, et dans la publication de M. Sachau mentionnée
plus haut (1). Voici un court résumé de leur contenu :
Les papyrus Cowley sont notés ABCDEFGHJKL. A est daté
de la 15' année de Xercès, le 18 Éloul, qui est le 28 de Pachons
(12 sept. 471, d'après M. Pognon, Comptes rendus de V Acadé-
mie des Inscriptions, 1911, p. 504) (2). Qoniah, fils de Sadoc,
araméen de Syène, de la troupe de Warizath, reconnaît à Mah-
syah la propriété d'une cour située entre leurs maisons et d'un
)^>%,; et r.^/ (toit, mur, marché, temple), où Qoniah a obtenu la
permission de bâtir (3).
Best daté de l'an 465 (ou 2 janv. 464, Pognon, loc. cit.).
Dargman, le Khorazmien, renonce à contester à Mahsyah la
qui payaient le denier du culte à Yahô, il n'y avait pas plus de VZo noms, parmi
lesquels on distingue encort 35 femmes et une cinquantaine d'hommes. Les Juifs,
adorateurs de Yahô, ne pouvaient donc être qu'une minorité, car l'armée qui
veillait sur la Nubie devait comprendre quelques milliers d'hommes. Les préoc-
cupations de ces Juifs semblent toutes d'achat, de constructions et d'affaires,
aussi nous ne croyons même pas pouvoir les comparer à nos bataillons de
Sénégalais, mais peut-être à une sorte de garde nationale.
(1) La mission française a trouvé aussi des osiraka dont M. Clermont-Gan-
neau prépare l'édition; elle n'a pas trouvé de papyrus araméens.
(2) M. Pognon, loc. cil., comme JI. D. Sidersky, Journal As., nov. déc. 1910,
p. 587, tient que le calendrier sémitique utilisé ici est le calendrier babylonien.
(3) On trouve ailleurs Hû»,^^ — àyopâ. C'est ce sens de place (place publique?
marché?), plutôt que celui de mur, que nous donnerions aussi à 1^/-
LES DOCUMENTS ARAMÉENS d'ÉLÉPHANTINE. 339
possession d'un terr?ir . Celui-ci a juré par le Dieu Yahô que
ce terrain était bien à lii.
C et D, de Tan 459, sont relatifs au mariage de Mibtahyah,
fille de Mahsyah. Le père donne un terrain à bâtir, celui du
papyrus B, et permet à son gendre d'y construire une maison;
si sa fille demande le divorce, toute la maison restera à ses
enfants; si le gendre demande le divorce, la fille aura la moitié
de la maison, et la maison entière, après la mort du père, re-
viendra à ses enfants.
E, de l'an 446, est l'acte de donation d'une maison, donnée
par Mahsyah à sa fille Mibtahyah, en retour de sommes d'ar-
gent qu'elle lui a prêtées. On trouve les noms des quatre voi-
sins : à son septentrion, l'autel de Yahô, dieu; à son couchant,
le terrain de Narduk, fils de Palto, prêtre de Khnoum et de
Sati, divinités.
F et G sont de 440. Le premier enregistre un règlement de
comptes entre Mibtahyah et l'architecte égyptien Pi', fils de
Pakhi, de Syène; le second est le contrat de mariage de la
même personne avec Ashor. Elle est sans doute divorcée, car
son premier mari (voir D) semble figurer parmi les témoins.
Ashor paie cinq sicles à son beau-père; on énumère aussi le
trousseau de l'épouse qui le gardera en cas de divorce.
Dans les pièces H, J et K, datées de 421, 4 IG et 410, les deux
fils de Mibtahyah et Ashor (appelé aussi Nathan) reçoivent
quittance d'un dépôt qu'ils ont rendu et désistement sur une
maison qu'ils ont achetée (peut-être la maison du premier mari
de leur mère); enfin, ils commencent à se partager l'héritage
de leur mère. Il y figure une esclave, nomméeTebô, et ses trois
fils, Petosiris, Belo et Lilou; la mère et le dernier fils sont lais-
sés indivis.
L date sans doute des environs de 450. 11 est relatif à un prêt
d'argent. L'intérêt, que M. Clermont-Ganneau estimait être du
12 2 %, semble être en réalité du 60 ^; il était payable mois
par mois.
Tous ces documents sont donc les titres d'une même famille,
de la famille de Mahsyah, qui habitait dans l'île d'Éléphan-
tine(l).
(1) La transcription des pap3'rus Cowley avec des sommaires et des notes par
340 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Les monuments édités par M. Sacliau sont répartis en six
groupes: 1° Missives et lettres d'un caractère officiel et privé;
2° Listes de noms de personnes; 3° documents d'affaires;
4° littérature; 5° Petits fragments; 6" Ostraca, estampilles de
jarres, étiquettes. Certains sont datés de 494 (table 30); 483
(t. 25) ; 461 (t. 26) ; 456 (t. 29) ; 428 (t. 5) ; 419 (t. 6) ; 412 (t. 9) ;
407 (t. 1).
Les deux premières pièces, datées de 407, sont les brouillons
des lettres adressées à Bagolii, gouverneur de Judée pour le roi
de Perse, et à Delàyâ et Selemyâ, fils de Sanaballat, préfet de
Samarie. Dans ces lettres ledoniah et ses collègues, les prêtres
de la place forte d'Éléphantine, racontent la révolte des Égyp-
tiens et sa répression, et demandent la permission de rebâtir le
temple de Yahô que Cambyse avait respecté, tandis qu'il dé-
truisait les temples des Égyptiens, et qui vient d'être renversé
en 411 par les prêtres de Hnoub, avec l'aide de Nepajan, fils
du gouverneur Waidereng; ils ont déjà écrit à ce sujet au
grand prêtre de Jérusalem lehohanan et à Ostanès, frère
d'Ananie, et aux nobles d'entre les Juifs.
On trouve ensuite, p. 26-27, le papyrus de Strasbourg qui est
relatif à la même révolte et, p. 28-29, le résumé de la réponse
orale de Bagohi(Bagoas) et Delàyâ : « tu diras en Egypte devant
Arsam, au sujet du temple du Dieu du ciel qui existait dans la
ville forte de Jeb (Éléphantine) dès avant Cambyse, et qui a
été détruit par le défunt Waidereng, l'an 14 du roi Darius,
qu'on le bâtisse de nouveau à son ancienne place, comme il
était auparavant, pour qu'ils offrent sur cet autel oblation de
nourriture et d'encens, comme on avait coutume de le faire
auparavant. »
Sanaballat est connu par Néhémie, ch. ii, iv, vi, xiii. Il était
W. Staerk, 8°, 39 pages, est en vente pour un mark à la librairie Jlarcus et
Weber à Bonn (Die judisch-Aramaeischen papyri von Assuan). La même librai-
rie a donné la transcription des trois premiers papyrus Sachau, Aramaeische
Urkunden, S" 16 pages, OM. 60, mais il vaut mieux se procurer ici l'ancienne
publication de M. Sachau, Drei aramiiische Papyrusurkunden ans Eléphantine,
4% 46 pages et 2 tables photographiques qui montrent l'écriture, déjà très
proche, à cette époque, de l'hébreu carré, 2» éd., Berlin, Reimer, 1908 (Extrait
des Abhandl. der k. pr. Ak., 1907). — A. Ungnad vient de donner une édition
manuelle dos papyrus Sachau, Aram. Pap. avs Eleph. (viii-119 pages), Leipzig,
Hinrich, 1912, M. 3.
LES DOCUMENTS ARAMÉENS d'ÉLÉPHANTINE. 341
sans doute mort (ou du moins retraité) en 407, puisqu'on s'a-
dresse à ses fils et que c'est un de ses fils qui répond avec
Bagoni. Le grand prêtre lehohanan ou lohanan figure dans
Néhémie, xii, 22. Bagohi, ou Bagoas, est connu par Josèphe (1).
Ces pièces^ nous donnent une idée des difficultés bien plus
grandes que Zorobabel a dû surmonter pour reconstruire le
temple de Jérusalem. Le temple d'Éléphantine, bâti avant 525,
l'a donc été au moment où celui de Jérusalem, détruit en 587,
n'existait plus, puisque la construction de Zorobabel n'a été
terminée qu'en 516 et qu'Esdras n'y est venu qu'en 459. Du
moins, après la reconstruction du temple de Jérusalem, la
prescription sur l'unité du culte s'opposait à ce qu'on en cons-
truisît un à Éléphantine et cela nous explique pourquoi le grand
prêtre n'a pas répondu à la requête qu'on lui adressait. On
notera aussi que le nouveau temple n'était sans doute qu'une
synagogue avec pains de proposition (?) et encens, puisque Ba-
gohi ne semble pas permettre de sacrifices sanglants. Les
chefs de la communauté paraissent avoir réclamé contre cette
restriction (pap. 5; table 4); on leur faisait d'ailleurs savoir à
quelle date et comment ils devaient célébrer la Pâque (pap. 6;
table 6).
Vient un appel contre un jugement porté par le fils de Wai-
dereng, et une lettre d'Arsam, gouverneur de l'Egypte, relative
à la construction de navires. C'est durant une absence de cet
Arsam que les Égyptiens s'étaient révoltés. Le papyrus 10 nous
apprend d'ailleurs qu'il a donné encore d'autres causes de mé-
contentement aux Juifs qui l'ont accusé à Memphis devant un
tribunal supérieur parce qu'il avait prévariqué.
La papyrus 11 (table 12) raconte une erreur judiciaire de Wai-
dereng et recommande deux de ses victimes à la communauté
juive d'Éléphantine. Après quatre lettres privées, on trouve une
liste de Juifs tués, dépouillés ou emprisonnés à Éléphantine.
« L'ordre n'est pas encore rétabli. Donc tiens-toi en paix dans
ta maison, et tes fils, jusqu'à ce que Dieu ait pitié de nous. »
Yédoniah, le chef des Juifs dans les documents précédents, a été
tué; il s'agit donc sans doute d'une nouvelle révolte qui a
(1) Voir aussi le commentaire du R. P. Lagrange sur ces trois papyrus, dans
Revue biblique, N. S., t. V (1908), p. 325.
342 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
abouti à chasser les Perses de l'Egypte; les mercenaires juifs
ont été massacrés et quelques papyrus ensevelis sous les ruines
de leurs maisons sont venus nous retracer ces événements.
Ce sont encore des noms propres (presque tous sémitiques)
qui couvrent les tables 17 à 24. Signalons tout particulièrement
les tables 17-20, qui portent les chiffres du « denier du culte »
juif prélevé à Éléphantine en 419-418. Voici le litre : « Le 3 de
PaiT' .inatsp, l'an 5 (419-418?), voici les noms de l'armée juive,
qui a donné de l'argent pour le Dieu Yahô, chaque homme
deux sicles d'argent. » Il ne faut prendre ni « armée (ii— ) » ni
« homme (r^s^,) » au sens strict, car s'il y a une cinquantaine
d'hommes, il y a au moins trente-cinq femmes. Enfm le scribe
totalise : cet argent s'est trouvé ce jour dans lamain de Yédoniah,
fils de Gemariah, argent : 31 kerech 8 sicles. — Là dedans
pour Yahô, 12 kerech six sicles; pour ^^h^^l^cul; (Ismbeitel) 7 ke-
rech; pour \>.i^-ii^j^ ('Anatbeitel) 12 kerech. M. Sachau s'est donc
demandé si le denier du culte juif subventionnait aussi deux
idoles. Mais la liste des souscripteurs ne renferme pas plus de
123 noms, soit 246 sicles. En supposant qu'il s'agit du sicle
ordinaire, dont 20 valent un kerech, cela fait que le total
de la liste est de 12 kerech six sicles, précisément la part de
Yahô(l). Nous supposons que Yédoniah totalise ici trois listes
qui formaient trois papyrus dont il ne reste que celui de Yahô,
les deux autres portaient le denier du culte des divinités cana-
néennes Ismbeitel et 'Anatbeitel. Car avec ces Juifs devaient
se trouver d'autres araméens, cananéens, samaritains, syriens
qui étaient rapprochés par la communauté du langage et fai-
saient partie des mêmes enseignes; ce ne sont certes pas
les 50 à 80 Juifs mentionnés ici avec presque autant de femmes
qui formaient toute Ja garnison de la place forte. On trouve, en
effet, sur la table 21 un fragment de liste où chacun paie un
sicle. Sur la table 22 on trouve la liste de « tout ce qui a été
(1) A l'époque achéménide, le sicle fort (darique forte argent) était de cinq
grammes deux tiers; vingt de ces sicles valaient un kerech (ou darique d'or).
Le « denier du culte » payé par les Juifs pour « Yahô, le Dieu du Ciel »,
12 kerech six sicles ou 246 sicles, valait donc 1.394 grammes argent, soit près
de 1.400 francs de notre monnaie. Cf.J.-A. Decourdemanche, Traité pratique des
poids et mesures des peuples anciens, Paris, 1909, p. 17. Les samaritains polythéis-
tes (qui se donnent le nom d'araméens) payaient 19 kerech, ou 380 sicles argent
(2.153 francs), pour les dieux de Béthel.
LES DOCUMENTS ARAMÉENS d'ÉLÉPHANTINE. 343
fourni à l'armée de Syène ». Chacun des membres de cette
« armée » jurait d'ailleurs par son dieu, l'un par Yahô, un autre
par Harambeitel (26), un autre par 'Anatiahô, et une femme
par la déesse Sati (1).
Les tables 25-39 sont consacrées aux fragments de carac-
tère commercial. L'un (25), daté de 483, est peut-être le plus
ancien papyrus araméen conservé; deux autres (28-30) sont
conservés en entier, avec les noms du scribe et des témoins.
Dans tous les contrats où elle figure (mariage et commerce), la
femme est traitée comme l'égale de l'homme.
Les tables 40-50 contiennent les restes de l'histoire et de la
sagesse d'Ahiqar (cf. ROC, 1909, p. 106). On trouve raconté
comment il a présenté Nadan, le fils de sa sœur, pour servir
Asarhaddon, fils de Sennachérib, à sa place, et comment il a été
condamné à mort et a été épargné par le bourreau. Ces récits
sont plus longs que dans les versions orientales, d'ailleurs tous
les détails diffèrent; de même, sur 100 à 120 sentences dont il
reste des fragments, M. Sachau n'en trouve qu'une identique à
une sentence de la version arménienne et trois ou quatre ana-
logues à d'autres. La rédaction des papyrus et celle du proto-
type des versions orientales sont donc indépendantes et ne
dérivent pas d'une source commune. La rédaction des papyrus
a pu être écrite, dit M. Sachau, de 555 à 450, en Assyrie; elle
serait l'œuvre d'un païen, parce que Dieu n'y figure que sous la
forme v«n-vx qui semble le pluriel v«n^ apocope. Cependant un
juif pouvait, semble-t-il, employer cette forme comme les
auteurs bibliques employaient dmSn, c'est-à-dire comme un
singulier à forme plurielle. Il est d'ordinaire employé isolé, en
un endroit il est construit avec le pluriel et en un endroit avec
le singulier. D'ailleurs, peu importe que l'auteur soit païen ou
(1) Noter l'importance de Béthel. Cette ville, sanctifiée par Abraham et Jacob,
était devenue, depuis Jéroboam II, le centre idolàtrique des tribus du nord.
Le Seigneur dit dans Amos, in, 14 : •■ Je visiterai les autels de Béthel. >- Les pré-
sents textes nous donnent les noms de ces autels. On adorait à Béthel Ism (le
dieu babylonien Ismoun), Haram (le temple personnifié?) et la déesse 'Anat,
d'où, en indiquant, comme de nos jours, le lieu où <• ils posaient ■•, on avait les
locutions Ism (de) Béthel, Haram (de) Béthel et 'Anat (de) Béthel. Plus curieux
est le nom 'Anat (de) Yahô, un samaritain quelconque a voulu la donner pour
compagne au Dieu de Juda. — Sati (papyrus Cowley F) était la déesse égyp-
tienne d'Éléphantine.
344 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
juif— s'il est païen on comprend même mieux qu'il ne nomme
pas Tobie — en tout cas cet écrit, qui peut remonter au yf siècle,
qui ne nous présente dans les papyrus aucun anachronisme,
aucune invraisemlolance, et qui présuppose encore une tradi-
tion orale antérieure, ne peut plus être traité comme un simple
conte, il est antérieur aux contes des autres littératures et leur
a plutôt servi de source, il développe un fait divers de la cour
d'Assur. Ahiqar, homme puissant et sage, a pu exister (1); on
peut retrouver son histoire dans Tobie, ses maximes dans Démo-
crite, ses fables dans Ésope et sa légende dans les papyrus
et dans toutes les littératures orientales.
Les tables 52-57 portent les restes d'une version araméenne
de l'inscription de Darius I" gravée en trois langues sur les ro-
chers de Béhistoun. L'araméen est une traduction de l'assyrien,
car il porte, comme celui-ci, les dates omises par le perse et
l'élamite. Il est très intéressant de voir Ahiqar voisiner avec
cette traduction qui a sans doute été faite vers Béhistoun, c'est-
à-dire dans le pays de Tobie. Ahiqar ne débute pas, comme nos
contes, par « il y avait une fois un sage vizir d'un grand roi »,
mais par (table 40) « Ahiqar est son jiom, scribe sage et habile
qui instruisit son fils..., le sceau de Sennachérib, roi d'Assur,
était (en sa main)..., Sennachérib (mourut) et Asarhaddon, son
fils, fut roi à Assur en sa place... » Il est certain que les Ara-
méens qui lisaient ces lignes, de cent à deux cents ans seulement
après les événements, y croyaient aussi fermement qu'aux cam-
pagnes de Darius racontées dans l'autre écrit.
Parmi les fragments si nombreux portés par les tables 58-
75, plusieurs ostraka bien conservés (62-65) sont intéressants,
parce qu'ils nous présentent des modèles des lettres familières
à cette époque si reculée (2).
M. Sachau a ajouté un essai de grammaire araméenne et des
tables des noms propres et des mots employés qui forment un
petit lexique (3). Cet inventaire sommaire donnera déjà une
(1) La Chronique babylonienne fait allusion à un grand vizir amené à Ninive
sous Asarhaddon pour subir le dernier supplice. Revue biblique, 1911, p. 201.
C'est exactement « l'histoire » d' Ahiqar.
(i) Signalons encore les inscriptions des jarres qui donnent le nom du pays
et du propriétaire de l'huile ou du vin qu'elles contiennent. Ces « certificats
d'origine » ont aussi été retrouvés dans les fouilles de Saraarie.
(3) Bien des lettres ont déjà la forme qu'elles garderont dans l'hébreu carré.
LES DOCUMENTS ARAMÉENS d'ÉLÉPHANTINE. 345
idée de l'intérêt de cette publication, mais il y a quantité de
pièces qui mériteraient chacune une étude, et nombre de
questions religieuses, littéraires, historiques, effleurées en
divers points de nos papyrus, gagneraient chacune à être déve-
loppées en une dissertation.
F. Nau.
comme alef, hé, vav, heth, noun, 'aïn, qof, risch, schin, tav ; d'autres se rap-
prochent encore des caractères pliénicieiis; tous les mots sont séparés. On voit
même dans Ahiqar quelques phrases coupées et quelques signes de ponctuation.
La scripllo continua grecque est donc une marche en arrière dans l'histoire de
l'écriture.
HTSTOIRE DU COUVENT
DE RABBAN HORMIZD
DE 1808 A 1832
{Fin) (1)
Le père Jean, après être sorti de prison, demeura à Manguësé trois
jours jusqu'à ce qu'il se fût reposé. Le chef de la prison que nous avons
mentionné, envoya annoncer à son ami SâbO de Dchok qu'on avait re-
lâché le prêtre Jean. Aussitôt Sabo se rendit à Manguese et emmena
le prêtre Jean dans son pays et celui-ci y demeura pendant un certain
temps. Le frère dont nous avons parlé, lequel avait quitté les frères
descendus du couvent, alla se jeter aux pieds du père Jean et lui offrit
sa pénitence. Le père Jean le reçut avec joie et lui imposa une règle
avec miséricorde. Le frère accepta cette règle avec joie et devant la
foule réunie dans l'église il confessa sa faute à haute voix et en implora
le pardon. Dès lors il accompagna le père Jean en tout lieu et il ne se
sépara pas de lui jusqu'à ce que le couvent fût habité pour la troisième
fois. Le père Jean demeura dans le village de Dëhôk.
Peu de jours après, le gouverneur de Mossoul fut tué par les grands
de la ville. Mar Joseph sortit également de prison et il s'en alla. Les
habitants d'Alqôs le firent monter à Alqôs avec grande pompe et avec
allégresse et (Mâr Joseph) demeura dans la maison de son père. Les
frères qui avaient suivi le métropolitain Jean se séparèrent de lui et,
étant venus trouver Mar Joseph, ils lui offrirent leur pénitence. Après
avoir été reçus par Mâr Joseph, ils déclarèrent par écrit avoir agi d'abord
avec fourberie. Ils écrivirent au métropolitain Pierre Coupperie et à
la Sacrée Congrégation et à tous les métropolitains : « Ce que nous
vous avions écrit n'était que mensonge et fraude. Nous avons péché
devant Dieu et devant vous et maintenant nous vous demandons pardon. »
Ils adressèrent des lettres de repentir au père Jean et à tous les autres
pères du couvent, et ils devinrent désormais les ennemis du métro-
politain Jean. Le prêtre Georges qui fuyait la persécution de Mâr Jean,
retourna également à Alqôs.
Quand Mâr Jean eut appris que le père Jean était sorti de prison,
il dit : « C'est moi qui l'ai fait sortir. » Il envoya une lettre à Dehôk au
(1) Voy. ROC, 1910, 1911.
HISTOIRE DU COUVENT DE RABBAN HORMIZD. 347
père Jean et il dit : « Lève-toi et viens me trouver; si tu ne viens pas,
tu seras interdit de ton ordre. » Après avoir lu la lettre, le père Jean
dit aux chefs du village : « Je ne serai pas interdit de mon ordre et
pourtant je n'irai pas le trouver. Voici, si vous pouvez me protéger contre
lui, je resterai auprès de vous; et si vous ne le pouvez pas, je m'en irai
ailleurs. » Ils dirent : « Nous irons le trouver et nous le prierons de te
laisser auprès de nous. » c»:^ ....oieùooîo ^^oIol ^io.^ ^ ^lo. Ils allèrent le trouver
et lui demandèrent de le laisser auprès d'eux. Il se détourna d'eux
et les ût descendre de devant lui. Ils retournèrent à leur village et dirent
au père Jean : « Demeure chez nous, et tout ce qu'il peut faire il le fera
contre nous. » Et le père Jean demeura auprès d'eux jusqu'à la fête de
la Résurrection.
Lorsque Mâr Joseph et le père Jean furent sortis de prison, Mar Joseph,
le père Jean ainsi que tous les métropolitains et les chefs de la nation
et même quelques-uns des autres nations écrivirent des lettres d'accu-
sations contre le métropolitain Jean et le métropolitain Coupperie à
notre Seigneur le Pape, à la Sacrée Congrégation et à notre père Gabriel
au sujet de la dévastation du couvent, du pillage de ses biens, de la
dispersion des moines et de la persécution exercée par le métropolitain
Jean contre les chrétiens d'Alqôs. Deux prêtres du couvent qui étaient
à Babylone, à savoir le prêtre Jérémie de Telseqipa et le prêtre Abd -el-
karim de Mossoul, ayant appris que le couvent avait été dévasté par le
métropolitain Jean, allèrent trouver Coupperie et lui dirent : « Aide à
soigner cette blessure; si tu n"es pas de notre côté, Dieu te demandera
compte de cette action. » Mais celui-ci se détourna d'eux et il les fit
chasser de devant lui. Ils allèrent aussi à Rome pour accuser le métro-
politain Jean et le métropolitain Coupperie.
Lorsque le père Jean ne put plus rester dans Dëhok par crainte que
le métropolitain Jean ne lui fit encore une autre injure, il monta avec
des Barwaye, accompagné de deux frères, dans la partie élevée de la
montagne, au village de 'Ebrou et il resta pendant tout Tété auprès d'eux
depuis la fin du printemps.
Une fois Tété arrivé, Mousâ pacha qui avait dévasté le couvent à cause
du métropolitain Jean descendit à Babylone, puis remonta pour régner
sur la contrée de 'Amàdya. A cette nouvelle, le métropolitain Jean eut
peur de lui, parce qu'il ne lui avait pas donné ce qu'il lui avait promis
et qu'il n'était pas non plus allé le retrouver. Pour cette raison il alla
le trouver, lui conduisit une mule du couvent et (lui porta) quelques-
uns des objets d'argent qu'il avait pris au couvent. Et le gouverneur fut
de nouveau réconcilié avec lui et n'eut plus de discussion. Le prêtre
Pierre, neveu du métropolitain Jean, alla trouver les frères qui étaient
dans Mâr Mîkâ et leur dit : « Vous ne parlerez à personne des biens
du couvent, de peur que le gouverneur ne vienne à le savoir et ne les
prenne, n'en parlez donc pas. Nous n'avons à craindre personne en
dehors de lui. » — « Nous n'en parlerons à personne, » lui répondirent-ils.
Merâd pacha, frère de Mousâ pacha, descendit encore à Babylone et prit
la région de 'Amàdya à son frère. Puis il monta en triomphe et alla trou-
348 RsvuE DE l'orient chrétien.
ver le métropolitain Jean qui le reçut chez lui. 11 retourna dans sa maison
et menaça les principaux habitants d'Alqôs de les traiter avec mé-
chanceté. Aussi les habitants d'Alqôs en eurent peur et, s'étant réu-
nis, ils allèrent trouver Mâr Joseph et le prêtre Georges et leur dirent :
« Levez-vous et allez vous réconcilier avec Mâr Jean de peur qu'il ne vous
cause quelque injure auprès de Merad pacha, car nous en avons peur. »
C'est pourquoi Mâr Joseph et le prêtre Georges allèrent trouver Mâr Jean
et se réconcilièrent avec lui, et ils n'avaient qu'une seule réunion et une
seule prière. Auboutd'unmois entiei, comme ils allaient à son repas tous les
dimanches et les fêtes et buvaient du vin suivant la coutume des supé-
rieurs, l'un de ces dimanches ils y allèrent encore et on leur donna du vin
à boire. Au moment de la prière des Vêpres, alors que le prêtre Georges
prêchait, il s'affaissa comme mort pendant une heure environ et il revint
à lui; on le prit et on l'emmena dans sa maison ; à ce moment-là il tomba
de nouveau à terre et fut comme mort. Un autre prêtre, son compagnon,
nommé Yaunân, avait également bu du vin le même jour. Le prêtre Geor-
ges mourut au bout de plusieurs jours, et il se manifesta en lui des
symptômes qu'on lui avait donné à boire un poison. Pourtant le prêtre
Yaunân, son compagnon, se rétablit, mais pendant la chaleur de l'été il fit
une rechute. Dès lors Mâr Joseph craignit de demeurer à Alqôs ; aussi
il descendit et demeura à Têsqôpa par crainte de Mâr Jean.
Quand l'époque fut arrivée où les Barwàye descendirent de la localité de
Zôzn dans la plaine, le père Jean descendit avec eux et il vint au village
de Manguese, où il apprit que le prêtre Georges était mort et que Mâr
Joseph s'était réfugié à ïesqopâ parce qu'il craignait de descendre à
Alqôs. Après qu'il fut resté quelques jours à Manguese, les habitants du
village de Bêrsêbê de la région de Zâkho renvoyèrent chercher et il
partit avec eux, accompagné des deux frères dont nous avons parlé.
Arrivés à moitié chemin, ils apprirent qu'il y avait des brigands devant
eux et ils craignirent d'avancer. C'est pourquoi le père Jean envoya le
messager qui était venu les chercher dire aux habitants du village de venir
à leur rencontre. Ils restèrent eux-mêmes dans un village situé sur la
route jusqu'à ce qu'on vint les chercher ; ils se présentèrent chez un chré-
tien et le prièrent avec insistance de leur procurer une chambre à coucher,
mais il n'y consentit pas ; et après qu'ils l'eurent beaucoup importuné, on
les conduisit dans l'étable d'un autre homme et c'est là qu'ils demeurè-
rent. Cependant les gens de cette maison étaient chrétiens, et quand ils
eurent fait leur connaissance, ils les tirent entrer dans la maison et leur ser-
virent leur propre repas parce qu'ils étaient pauvres. Au milieu de la nuit
les habitants du village dont il a été question arrivèrent et les emmenè-
rent; ils se réjouirent grandement à cause d'eux et à cause du père Jean et
ils l'aimèrent beaucoup ainsi que les frères qui étaient avec lui. Le
père Jean leur fit beaucoup de bien au point de vue religieux ; par sa pré-
dication, son enseignement et son zèle il supprima et fit disparaître du
milieu d'eux des mauvaises habitudes telles que les serments par le dieu
des païens, l'usure, e vol. l'injustice et les paroles de mépris, et il fit dis-
paraître du milieu d eux beaucoup de choses du même genre ; il leur ensei-
IIISTOIRK DU COUVENT DE RABBAN HORMIZD. 349
gna les choses indispensables et nécessaires des chrétiens et des serviteurs
bons et excellents, et beaucoup d'hommes et de femmes entrèrent dans la
communauté du vêtement de la Vierge. Il convertit également beaucoup
de Nestoriens à la toi de l'Eglise catholique. Sa réputation se répandit dans
toute cette contrée, et des campagnes voisines il venait beaucoup de gens
pour le voir et l'entendre prêcher. Les Ismaélites l'aimèrent également
en voyant comment il avait changé les habitants du village de Bersebè. '
Année 1830.
Il vint de la Sacrée Congrégation des lettres (adressées) à tous les
métropolitains. La Sacrée Congrégation les loua de leur charité les uns
pour les autres et de leur zèle, et elle leur annonça que notre père Gabriel
était approuvé et que les demandes qu'il avait faites à la Sacrée Congré-
gation étaient accordées. La Sacrée Congrégation approuva notre père
Gabriel et lui accorda ses demandes : puis elle lui donna des lettres pour
le métropolitain Coupperie au sujet de la prospérité de la nation, Thabita-
tion du couvent et la restitution de ses biens, la confirmation des rè-les
de Màr Antoine le Grand d'après lesquelles devaient marcher les moines
de Mar Hôrmfzd. Après avoir été approuvé par la Sacrée Congrégation et
avoir gagné ses faveurs à l'exemple des pères fondateurs de la vie monas-
tique, notre père Gabriel quitta Rome, triomphant et tout joyeux d'âme et
de corps, avec le prêtre Jérémie et le prêtre Antoine. Il y laissa auprès de
la Sacrée Congrégation le prêtre Paul Gàmalâ son prêtre administrateur
tandis que le préfet de la Sacrée Congrégation accepta le soin d^ètre le
protecteur. Il partit de Rome avec les prêtres susnommés, il arriva dans la
région voisine de la ville de Beyrout où il laissa le père Antoine et descen-
dit avec le prêtre Jérémie à Babylone en bonne santé. A Damas il trouva
un prêtre nommé Lowîs de Tèlkêpc et il l'emmena aussi avec lui.
Après s'être reposé, il alla trouver le métropolitain et lui remit les lettres
de la Sacrée Congrégation et de Notre-Seigneur le Pape (I).
Le métropolitain Pierre, les ayant lues, écrivit alors une lettre suivant la
volonté de la Sacrée Congrégation et de notre Seigneur le Pape et il l'en-
voya à iMâr Jean Hùrmïzd par le prêtre André qu'il avait constitué son ad-
ministrateur et aussi celui de notre père Gabriel. De Babylone le prêtre
Am'.é monta à Alqôs et il vint trouver Mûr Jean; il lui donna les lettres de
la Sacrée Congrégation et de notre Seigneur le Pape ainsi que celle de Mar
Pierre, et de vive voix il s'entretint aussi avec lui de la volonté de la Sacrée
Congrégation et de notre Seigneur le Pape ainsi que de Mar Pierre. Le texte
de la lettre qu'avait composée Mar Pierre Coupperie et qu'il avait envoyée à
Màr Jean Hùrmïzd par le prêtre André de Babylone son administrateur'était
ainsi conçu : « A Mar Jean le vénérable et digne patriarche de la nation chal-
déenne. Dabord nous avons l'honneur de vous saluer. Ensuite nous vous
faisons savoir, le Seigneur vous fera savoir avec toute sa grâce, que nous
vous avons envoyé porteur de cette lettre notre fils le prêtre André, pour
(1) Ici se trouve dans le iiiamiscrit une phni-sc illisibio : .. (7 envuuu saint
l'ai VIII .. ^ ■
350 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
qu'il vous instruise et s'entretienne avec vous de ce que nous a écrit. la
Sacrée Congrégation. Il nous est arrivé en effet une lettre du vénérable car-
dinal Capalari, préfet de la Sacrée Congrégation, écrite en l'année 1830 le
15 iyar. Dans cette lettre le cardinal en question nous a écrit en ces termes :
« La Sacrée Congrégation a terminé toutes vos affaires, à savoir l'affaire
de la nation chaldéenne, et Sa Sainteté notre Seigneur le Pape Pie VIII
a ratifié avec une entière volonté tout ce qu'a fait la Sacrée Congréga-
tion. Tout ce qu'elle nous a écrit et tout ce qu'elle a fait, voici nous
l'exposons à votre Seigneurie. Premièrement : C'est toi le patriarche de la
nation chaldéenne. Deuxièmement : Le saint pallium est en route et il est
sur le point d'arriver, et quand il sera heureusement arrivé, nous vous le
donnerons. Troisièmement : Le métropolitain Basile Asmar est nommé
métropolitain d'Amid. Le cardinal susdit ajoute : Nous espérons que votre
Seigneurie acceptera ce choix. Mais tu dois bien savoir que Basile n'a pas
été nommé patriarche, mais métropolitain d'Amid, car il n'y a qu'un
patriarche, c'est-à-dire votre Seigneurie. Quatrièmement : Le métropoli-
tain Joseph est nommé évêque de 'Amâdya. Cinquièmement : La Sacrée
Congrégation désire et veut que le couvent de Mâr Hôrmizd soit de nou-
veau habité. La Sacrée Congrégation veut que tu rendes ce que tu as pris
ou ce qui t'a été donné des biens du couvent susdit; il est nécessaire que
vous le donniez à notre administrateur le prêtre André et lui il en fera ce
qu'il voudra. Septièmement : Le vénérable cardinal pense que tout cela
sera accompli et exécuté avec charité et paix, soit de votre part, soit de la
part des autres. Cependant s'il survenait une discussion au sujet d'une
question quelconque, le cardinal nommé a dit que ce serait à. nous de pro-
noncer la sentence contre l'adversaire, afin que tout soit mené à bonne
fin, et que rien ne soit laissé inachevé de ce qu'a écrit le vénérable cardi-
nal dans la lettre qui vient d'être citée. Nous avons l'espérance que tous
se soumettront à l'ordre du siège apostolique. De la sorte, si nous pouvons
voir la paix et l'union régner dans votre nation, Sa Sainteté notre Seigneur
le Pape en concevra une grande joie. De la sorte nous aussi nous conce-
vrons une grande joie, après avoir vu la division et le trouble qui existent
parmi vous depuis plusieurs années, quand nous verrons que vous vous
êtes réconciliés. C'est pourquoi nous supplions Dieu et nous demandons à
sa miséricorde de vous donner la lumière de sa grâce, afin que vous mar-
chiez (tous) ensemble dans la voie de la foi catholique et véritable. De
cette façon, si les évêques et leurs diocèses vivent dans la paix, l'union et
la charité, ce sera un sujet de gloire pour la nation chaldéenne, et la
charité qui naîtra parmi les chrétiens sera cause que d'autres se conver-
tiront aussi au christianisme, et ainsi votre nation deviendra tous les jours
plus grande et plus puissante. C'est là ce qu'il était nécessaire que nous
fassions connaître. Salut dans le Seigneur et fin. Fait le 5 de tesri II« de
l'année 1830. — Pierre Askandar (Alexandre) évêque latin de Babylone
en Orient (I). *
(1) Le manuscrit a bouleversé l'ordre des mots : : w : ^*» it^^^^l v^o;^^
HISTOIRE DU COUVENT DE RABBAN HORMIZD. 351
Après avoir lu les lettres et en avoir bien compris les indications, Mâr
Jean ne fut pas apaisé et n'en fut pas satisfait. Il convoqua ses compatrio-
tes et ils tinrent tous conseil pour décider ce qu'ils feraient. Il avait, en effet,
en sa possession les deux diocèses de 'Amàdya et de Mossoul et il ne voulait
ni donner l'un ou l'autre à Mrir Joseph, ni rendre l'argent du couvent.
C'est pourquo: U garda le silence sur cette affaire pendant huit jours
environ, sans que (les habitants d'Alqôs) eussent connaissance de ce que
(les hommes de Mâr Jean) faisaient ou disaient avec le prêtre André, à
savoir qu'il leur était impossible de donner à Mâr Joseph soit la région de
'Amàdya soit celle de Mossoul. Cependant le prêtre André leur disait :
« Il est absolument impossible que vous ne donniez pas le diocèse de
'Amâdya à Mâr Joseph, attendu que c'est l'ordre de notre Seigneur le Pape
et de la Sacrée Congrégation, et si vous vous opposez à leur ordre, votre
affaire sera complètement perdue auprès de la Sacrée Congrégation et
aussi auprès de Mâr Pierre. Mais ce qui est bien, c'est que vous fassiez
l'entente avec Mâr Joseph, que vous lui donniez le diocèse, que vous
rendiez les biens du couvent et que vous laissiez habiter le couvent. >.
Quand (Mâr Jean) fut resté dans cette idée pendant huit jours environ,
les habitants d'Alqôs apprirent le but de la venue du prêtre André et ils
lui posèrent cette question : « Pourquoi ne nous fais-tu pas connaître le
but de ta venue? Qu'y a-t-il dans les lettres que tu as apportées? » 11 leur
répondit : « D'ici peu vous saurez tout. » Quand il fut resté dans cette
idée pendant huit jours environ, ainsi que nous l'avons dit, Mâr Jean fut
enfin satisfait de cette affaire soit par goût soit par ruse. Cependant il nous
semble que c'est par ruse qu'il fut apaisé, comme cela n'échappera pas au
lecteur avisé, à cause des difficultés et des ennuis qu'il a suscités après son
apaisement.
Quand le métropolitain Jean eut été apaisé, le prêtre André descendit à
Tesqopâ trouver Mar Joseph et il le fit monter àAlqôs.Les habitants d'Al-
qôs allèrent à sa rencontre et le firent monter en procession au milieu
des louanges et des armes de guerre jusqu'à ce qu'ils l'eussent fait entrer
dans la maison de Mar Jean. Les prêtres, les principaux habitants, les
vieillards, les hommes et les femmes se réunirent tous sous le portique de
Mar Jean pour voir ce qui allait se passer. Màr Jean commença suivant son
habitude par porter des accusations contre les prêtres qui s'étaient plaints
de lui. Quand Mâr Joseph vit que le temps s'écoulait sans qu'il en résultât
quelque utilité, il se leva pour prendre la parole et il dit à Mâr Jean : « Le
langage que tu tiens ne profite nullement au but de la Sacrée Congréga-
tion; au contraire il en sortira la division et la dispute. La Sacrée Congré-
gation en effet n'a adhéré ni à mon idée, ni à la tienne; mais elle nous a
commandé à tous deux l'entente entre nous; car moi dans mon idée je ne
t'accorde pas non seulement l'ordre du patriarcat, mais encore l'ordre du
diaconat du village de KabbenayC, et toi tu ne m'accordes pas non plus
que je sois métropolitain de 'Amâdya. Quant au blâme que tu as adressé
aux prêtres qui se sont plaints de toi, ils se sont plaints de moi plus encore
que de toi ; par conséquent si tu tires vengeance des prêtres qui se sont
plaints de toi et si je tire vengeance des prêtres qui se sont plaints de
352 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
moi, comment triomphera le but assigné par la Sacrée Congrégation?
C'est pourquoi, comme je l'ai dit, puisque la Sacrée Congrégation a mis
de côté mou avis et le tien et qu'elle a donné un conseil et des ordres qui
vont à rencontre de notre avis à tous les deux, il convient que moi je
renonce au mien et que toi tu renonces au tien, et que nous laissions de
côté et que nous abandonnions les vieilles idées et que nous fassions notre
siège dans les idées nouvelles, de telle sorte que nous atteignions le but
que la Sacrée Congrégation a assigné et qu'elle nous a demandé, à savoir
de faire l'entente entre nous. »
Ce discours plut à la foule réunie en ce lieu. On apporta les lettres de
la Sacrée Congrégation et la lettre de Mâr Pierre et on les lut publique-
ment en présence de la foule ; (Mâr Joseph et Mâr Jean) furent approuvés
par les deux partis et ils se réconcilièrent l'un aVec l'autre. L'allégresse et la
joie éclatèrent dans tout le peuple et on fit mention dans la prédication et
la messe du nom de Mâr Jean en tant que patriarche, Mâr Joseph écrivit
une lettre que signa Mâr Jean et ils notifièrent à toute la région de 'Amà-
dya que Mâr Joseph était métropolitain de 'Amàdya et de toute la région.
Mâr Jean remit les biens du couvent au prêtre André. Voici ce qu'il remit :
des calices et deux patènes, une ^va> en argent et une autre grande en bois,
d'autres objets d'église, des matelas, des ustensiles de cuisine, des objets,
des volailles, d'autres objets du couvent, des ornements d'église, )i!Oi."yj,
des dessus de siège. Quand les moines lui demandèrent la monnaie d'ar-
gent et d"or, il refusa et il ne donna pas même une obole et jusqu'à ce
jour elle est aux mains de ses hommes. Mâr Joseph toutefois recommanda
aux frères de ne pas exiger l'argent de Mâr Jean pour laisser régner la
charité entre eux; les frères l'abandonnèrent et n'exigèrent plus de lui la
monnaie d'or ou d'argent, tout en sachant qu'elle était entre ses mains; ce
n'était pas pourtant de leur propre volonté, mais c'était pour ne faire sur-
gir aucune cause de division. Lorsque le prêtre André eut reçu de Mâr
Jean ce qu'il lui avait donné, il le remit aux frères avec une liste, et il prit
une autre qu'il emporta avec lui à Babylone à notre père Gabriel et à Mâr
Pierre. Il descendit d'Alqôs et se rendit à Mossoul pour aller (de là) à
Babylone, afin de rendre compte de son administration à notre père Gabriel
et à Mâr Pierre.
Année 1831.
Le prêtre André était encore à Mossoul, lorsque Mâr Jean revint sur sa
promesse. Il envoya une lettre au prêtre nestorien Thomas de 'Amàdya en
lui disant : « Si tu abandonnes ta première voie, je ferai rougir ton père. »
Il envoya une lettre à Mâr Pierre en lui disant : « Il est impossible que je
donne à Mâr Joseph soit le diocèse de 'Amàdya, soit celui de Mossoul. » Le
métropolitain lui répondit par cette lettre : « Ne fais pas cela ; mais si le
métropolitain Joseph lèvent, donne-lui le diocèse de Mossoul et, toi, prends
pour toi le diocèse de 'Amàdya. » (Mâr Joseph) refusa. Il envoya encore
une lettre au métropolitain nestorien Simon de Qogânôs en lui disant :
« Le pape m'a donné Tordre de ne créer aucun métropolitain de ma maison
HISTOIRE DU COUVENT DE RABBAN HORMIZD. 353
et à cause de cela je ne peux moi-même créer aucun métropolitain de ma
maison. C'est pourquoi je te demande d'envoyer un de tes hommes afin
qu'il vienne et fasse monter deux fils pris parmi mes hommes ; puis con-
sacre-les métropolitains. . Et après plusieurs jours Mâr Simon envoya un
homme de son entourage auprès de Mâr Jean. Celui-c; envoya avec lui
Mansour Bar Sapârou et deux autres de ses hommes, Ézéchiel et Sêm'an,
l'accompagnèrent. La nuit ils sortirent d'Alqôs et montèrent trouver Mâr
Simon et ils devinrent tous les trois nestoriens. Mâr Simon consacra évé-
que Mansour et lui donna le nom de Mâr Élie, après l'avoir converti à la
foi nestorienne. Màr Joseph, en apprenant cela, entra en colère et en
fureur et dit : « Vous êtes tous des Nestoriens. »
Quand le prêtre André fut monté à Babylone, notre père Gabriel lui
demanda compte de son administration et celui-ci ne lui rendit pas compte
suivant la vérité. Mâr Pierre se fâcha contre le prêtre Jérémie et il le fit sortir
de Babylone et celui-ci se rendit à Tësqôpà. Peu de jours après survint la
peste à Babylone et il mourut tant d'hommes qu'on ne pouvait les compter.
Le métropolitain Pierre mourut également de cette peste. Le prêtre André
fut aussi atteint par la peste; il craignit la vengeance de Dieu et il rendit
compte de son administration à notre père Gabriel devant des témoins et
il lui dit tout ce qu'avait fait Mar Jean, (entre autres) qu'il n'avait point
donné l'argent, il fit un écrit et le signa sous le témoignage de différents
notables de Babylone. Cette année-là Ali pacha vint d'en haut, descendit
à Babylone, en fit sortir Dâwoud pacha et se mit à sa place. Après la fin
de la peste, le prêtre Nicolas de Bosra vint trouver notre père Gabriel. Le
prêtre Joseph et le prêtre Antoine moururent à Bosra. Notre père Gabriel
envoya chercher le prêtre Jérémie et il descendit à Babylone.
Année 1832.
Le prêtre Laurent Terlôs était à Bosra, quand il apprit la mort du
métropolitain Pierre; (à cette nouvelle) il monta à Babylone et il fut avec
Mâr Jean Hôrmizd. Le fils de Bar Sapârou descendit de Qogânôs pour aller
trouver le gouverneur de 'Amàdya; il fut accueilli par celui-ci et il (en)
obtint le diocèse de 'Amàdya. Après avoir pris un des serviteurs du gou-
verneur, il descendit et parcourut le diocèse en recevant les prémices, consa-
crant des prêtres et forçant les chrétiens des campagnes à prier avec lui et
à se convertir à la foi de Nestorius. Après les menaces exercées contre
eux, les uns par crainte prièrent avec lui et entrèrent dans sa commu-
nion; les autres ne prièrent pas avec lui et, sans crainte, ils le chassèrent
de leurs campagnes. Il se mit alors à opprimer les chrétiens contre les-
quels il pouvait agir (1).
Notre père Gabriel monta de Babylone avec les deux frères Joachim et
Louis de Têlkèpe et il vint à Têsqopâ. Il monta ensuite à Alqôs et les
prêtres et les frères qui étaient dispersés dans les campagnes allèrent le
voir.
(1) Le m s, ajoute : « Année 1832 ».
ORIENT CHRETIEN.
23
354 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Peu de jours après, le gouverneur de Rewandos vint, il poursuivit ses
ennemis, traversa la région de Mossoul, passa au fil de l'épée les habi-
tants d'un village des Dasnâyê nommé Hetàrâ et revint demeurer à Anourâ.
(Puis) il descendit trouver Malâlâ Hahâ parce qu'il était en discussion avec
le gouverneur de 'Amâdya. Il lui fit connaître la région et ses gouver-
neurs, il lui ouvrit les routes en particulier contre la nation indigène
des Dasnâyë. Il les poursuivit et ils s'enfuirent devant lui. Quand il fut
près d'Alqôs, les principaux habitants de la région portèrent auprès de
lui des accusations contre les habitants d'Alqôs qu'ils haïssaient. Les
habitants d'Alqôs s'enfuirent également devant lui, montèrent sur la
montagne et dressèrent au sommet un camp immense d'hommes, de fem-
mes, d'enfants et de bêtes, afin de voir ce qu'il allait faire. Il y avait avec
eux notre père Gabriel, quelques frères et Mâr Joseph.
Le lendemain, après l'aube, — c'était un mercredi, — les troupes sor-
tirent et arrivèrent à Alqôs; elles allèrent immédiatement occuper la
route de la plaine, tandis que d'autres troupes descendaient de la mon-
tagne du couvent; il y avait ainsi une très grande armée. Quand les habi-
tants d'Alqôs virent ces forces nombreuses, ils furent pris de peur et de
frayeur et ils s'enfuirent tous devant lui, hommes, femmes et enfants.
Lorsque les païens virent que les habitants d'Alqôs s'étaient enfuis devant
eux, ils poussèrent contre eux des cris terribles, effrayants et capables de
faire fuir, et ils les poursuivirent. Il se produisit parmi les habitants d'Al-
qôs une grande clameur, des hurlements et des lamentations sans exemple,
chacun s'empressait de se sauver, le père abandonna son fils, la mère ses
enfants, le mari son épouse, et le frère son frère. Ces païens arrivèrent
sur eux et se mirent à les massacrer depuis les plus petits jusqu'aux plus
grands et depuis les plus honorables jusqu'aux plus méprisables, et ils
mettaient à mort tous ceux sur lesquels ils arrivaient. Ils tuèrent notre
père Gabriel, le père Augustin, le frère Isô' et le frère Jean de Bêrsebê et
ils firent beaucoup de femmes prisonnières. Un chef de l'armée atteignit
Mâr Joseph et poussa contre lui et contre ceux qui étaient avec lui des cris
terribles et effrayants. Mâr Joseph éleva la voix et, s'adressant à lui avant
qu'il fût arrivé, il lui cria dans sa langue : « Nous sommes des Syriens et
nous payons l'impôt au gouvernement. » Il se prosterna devant lui,
embrassa ses pieds et lui fit une pressante prière. L'officier eut alors pitié
d'eux et ne les mit pas à mort, mais il les fit mettre tout nus comme s'ils
fussent sortis du sein de leur mère et il leur dit : « Allez et sauvez-vous
de peur que d'autres soldats ne vous rencontrent et ne vous tuent. » —
€ Où irons-nous? demandèrent-ils; toute la plaine n'est que fantassins et
cavaliers. » II leur montra un cavalier et leur dit : « Allez trouver ce
cavalier, il peut vous sauver, il s'appelle Abd Allah Moupâta et il est le
chef de toute l'armée. » Ils se dirigèrent alors directement sur lui et, avant
de l'avoir atteint, Mâr Joseph cria et lui dit d'une voix forte : « Nous
sommes aussi des Syriens. » Il s'approcha, se prosterna devant lui en le
suppliant de ne pas les mettre à mort et lui montra une lettre d'Ail pacha
(iu'il avait sur lui. Là-dessus ce païen le lui promit, s'entretint avec lui et lui
dit : i Qui es-tu? » — « Je suis, répondit-il, le métropolitain Mâr Joseph. »
HISTOIRE DU COUVENT DE RABBAN IIORMIZD. 355
— « Et ceux qui sont avec toi, ajouta-t-il, qui sont-ils? » — « Ce sont des
Syriens, i- répondit le métropolitain. Il demanda encore : t Ceux que nous
avons tués, qui étaient-ils? » Mar Joseph lui répondit : . C'étaient tous des
Syriens. « — « Pourquoi, lui dit le soldat, ne nous l'avez- vous pas fait
savoir? » — « Votre armée nous a rencontrés, lui répliqua Màr Joseph, et
nous nous sommes enfuis, sans savoir ce qui se passerait. » Alors ce païen
éleva la voix et d'une voix forte il cria à l'armée : « Faites disparaître toute
épée et ne tuez personne. » Et là-dessus l'armée se rassembla et repartit.
Abd Allah Sâuwês recueillit parmi l'armée beaucoup de vêtements et il fit
habiller les hommes et les femmes parce qu'ils étaient nus, et il dit à Màr
Joseph : « Viens, je vais te conduire au gouverneur. » Les soldats firent
beaucoup de femmes prisonnières. Màr Joseph alla trouver le gouverneur,
s'entretint avec lui et obtint sa faveur. Ce dernier lui donna la permission
de parcourir tout son diocèse et de délivrer tous les enfants et toutes les
femmes qu'ils avaient faits, eux-mêmes prisonniers; c'est ce qu'il fit et le
gouverneur leur promit de ne plus leur faire de malj au bout de plusieurs
jours il partit d'Alqôs et alla dans un autre village.
Il y eut parmi les habitants d'Alqôs environ deux cents hommes tués;
ceux qui avaient échappé revinrent à Alqôs, les uns restèrent dans le
village, et les autres se dispersèrent par crainte. Les frères moines qui
étaient à Alqôs échappèrent au massacre et revinrent à Alqôs. Ils allè-
rent chercher dans la montagne les cadavres des frères mis à mort et ne
les trouvèrent pas ; seulement ils virent le corps de notre père Gabriel
couvert de profondes blessures; comme il n'était pas en putréfaction, ils le
prirent, l'amenèrent à Alqôs et l'enterrèrent dans l'église de Màr Mîkâ
dans la partie supérieure de l'oratoire ; c'est là que le cadavre de notre père
demeura enterré jusqu'au 21 tammouz de l'année 1843. Cette année-là les
frères moines le firent sortir de l'église de Mâr Mika, le mirent dans un
magnifique cercueil et l'enterrèrent, avec deux autres cercueils où se trou-
vaient les os de pères vénérables, du père Jean Guèrâ et du père Moïse,
dans la paroi supérieure du temple de l'église du couvent de Rabban Hôr-
mîzd. Une inscription mise à la tête de chaque cercueil fait connaître spé-
cialement chaque personnage.
Fin de l'histoire de notre père Gabriel.
A Dieu soit la gloire éternelle !
La copie de l'histoire de notre père Gabriel Dambô, le saint abbé, a été
terminée dans le mois béni de têsrî II", le 26 du mois, en l'année 1895 du
Christ Notre-Seigneur, dans le couvent de la Vierge qui garde les semen-
ces, par les soins du moine Paul, fils du prêtre Hôrmlz ^.Nio. de la famille
Gë'dan, du village de Têlkèpë, alors que le père Pierre était supérieur
général des couvents chaldéens. Elle fut écrite pour le père Lewis Sô'aya
d'origine chaldéenne de la ville de Mardln.
M. Brière,
APERÇU
V
SUR
LES MIRACLES DE NOTRE-SEIGNEUR
(Suite) (1)
20. (A fol. 23 v° b [12] (Jë'thr'C) à fol. 24 v" a; B fol. 30
r° b (•i'h9°C) à fol. 31 r° a). — Jésus montait à Jérusalem
avec Joseph. En traversant la Galilée, Joseph, qui précédait
Jésus, aperçoit un lion en embuscade sur la route. Effrayé,
Joseph rétrograde vers Jésus, qui le rassure, en lui déclarant
que lui-même est le Créateur de tous les lions, ainsi que de
tous les animaux. Arrivé auprès du lion, Notre-Seigneur lui
dit : « 0 lion, approche de Joseph, et dis-lui qui je suis. » Le
lion confessa la divinité de Jésus. Joseph, émerveillé, adora
Notre-Seigneur, et l'implora. Jésus lui dit qu'il verra de plus
grands miracles, car il est le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de
Jacob.
21. (A fol. 24 v" a [13] {xr'th9"C) à fol. 25 v° a; B fol. 31
r° a [10] (i't-h9"C) à fol. 31 v" b). — Jésus allait sur la route
de Nazareth avec Joseph. Beaucoup dé gens de Nazareth
étaient réunis auprès de lui. Arriva un homme de Naplouse
(Ç-flA-ft), en pleurant et en disant : « 0 mon Seigneur, aie pitié
de moi. » 11 raconta à Notre-Seigneur que le champ qu'il
avait ensemencé pour payer l'impôt, était inondé. Jésus alla
avec lui. Il dit à l'eau qui était sur le champ : « Retourne
dans l'endroit où tu étais auparavant. » Alors, un nuage,
brillant comme le soleil, flotta sur l'eau. Tous les gens virent
l'eau monter sur le nuage, comme une vapeur. Le champ
devint sec aussitôt; les semences apparurent verdoyantes, et
(1) Voy. TîOC, 1911, p. 255.
LES MIRACLES DE NOTRE-SEIGNEUR. 357
se changèrent immédiatement en épis mûrs. Jésus dit au
propriétaire qu'il pouvait moissonner son champ. Celui-ci
glorifia le Seigneur, et devint un disciple de Jésus. Beaucoup
de Samaritains crurent en No ire- Seigneur.
22. (A fol. 25 V" a [14] (imi-h^^C) à fol. 28 r" a; B fol.
24 v° b ('ï->»îP*C) à fol. 27 r« b). — Jésus entre dans le temple,
où beaucoup de Juifs s'entretiennent de la majesté de l'édifice.
Il leur dit que, si le temple venait à être détruit, il le rel)àtirait
en trois jours. Les Juifs le traitent de fou. Alors Jésus, aper-
ce^'ant dans le temple l'image de la vision d'Ézéchiel : un
char porté par quatre animaux, ordonne aux animaux de
l'image de descendre à terre, d'aller aux tombeaux d'Abraham,
d'Isaac, de Jacob et des Anciens Pères, et de les faire venir
tous dans le temple. Surviennent une obscurité profonde, un
tremblement de terre, des éclairs, un vent violent, une tem-
pête. L'effroi est général. Les animaux se rendent en hâte aux
lieux indiqués. Abraham et Moise déclarent que Je'sws est le
Sauveur et le Fils de Dieu. Alors, le visage de Jésus devient
brillant comme le soleil. Les Juifs, épouvantés, tombent à
terre. Jésus leur demande s'ils vont nier maintenant qu'il est
le Dieu d'Israël. Beaucoup croient en lui. Abraham, Isaac,
Jacob, Moise et les Anciens Pères, venus pour confesser la
divinité de Notre-Seigneur, demeurent trois jours à Jérusa-
lem, et prêchent Jésus-Christ. Les Juifs les lapident, et les
considèrent comme des sorciers, inférieurs à ceux d'Egypte,
du temps de Moise : à 'lyànés (h^^^ti) et à 'lyànbérés (\,^
'idtàtlt). Jésus leur annonce qu'ils seront châtiés au jour du
jugement. Ils veulent le lapider, mais un nuage l'emporte au
Jowdain.
23. (A fol. 28 r° b [15] {((Dh'thr^C) à fol. 28 v° b; B fol.
31 v° b [11] (î6'^^iP*C) à fol. 32 v° a). — Épisode de la femme
adultère. Le récit est analogue à celui de Saint .Jean VIII, 3-11.
24. (A fol. 28 v° b [16] (ya}%i-h9"C) à fol. 30 r° b; B fol.
32 V" a [12] {JJè'th9°C) à fol. 33 v° b). — Épisode de la Sama-
ritaine, qui s'appelle Berfsinyâ ('{\C^{09)- Le récit est ana-
logue à celui de Saint Jean IV, 4-43.
2.'). (A fol. 30 r" b [17] {i%-\rh9^C) à fol. 31 r" b; B fol. 33
v° b [43] (ïri'^iir'C) à fol. 3.") r" a). — En passant à Magdala
358 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
(<w»«7^rt"^), Jésus aperçoit Simon et André, fils de Jonas
(P"Ç), en train de pécher sur le bord du lac de Tibériade. Il
les appelle, pour en faire des pêcheurs d'hommes. Jésus an-
nonce à Simon qu'il sera le Prince des Apôtres. Celui-ci con-
fesse la divinité de Notre-Seigneur. Sur quoi, Jésus le déclare
bienheureux de connaître le Mystère de l'Incarnation par la
révélation du Père. Puis, Simon voit les portes du ciel ou-
vertes, et entend une voix qui disait : « Écoutez-le {Jésus-
Christ); obéissez à sa parole, et n'adorez que lui seul. » Simon
tombe la face contre terre. Jésus le prend par la main ainsi
que son frère André, et les conduit au Jourdain, où Jean les
baptise. Les anges descendent des cieux, à l'occasion de ce
baptême. Au sortir de l'eau, Simon sent que ses pieds adhèrent
au rocher, comme à une chaussure. Alors, Notre-Seigneur
change son nom en celui de Pierre^ et lui donne le pouvoir
des clefs. C'est l'amplification de la scène évangélique de la
Confession de Pierre [Samt Matthieu XVI, 16-19). De nou-
veaux détails sont donnés sur la puissance de Pierre.
26. (A fol. 31 v° a [18] (ïS'hMr'C) à fol. 32 r° a; B fol. 35
r° a [14] (Joi'h9"C) ;"> fol. 3-"» v" a). — Un aveugle-sourd-muet,
apprenant que Jésus passait à Jérusalem, implora sa guérison
à grands cris. Après avoir parlé à Pierre, Notre-Seigneur dit
à l'infirme : « Je vais délier le lien de ta langue; parle et
expose à. Simon et à André, son frère, qui je suis. » Aussitôt,
cet homme parla, et confessa la divinité du Sauveur. Ensuite,
Jésus lui rendit la vue et l'ouïe. Il prêcha Notre-Seigneur, et
beaucoup crurent par son intermédiaire, et se firent baptiser
par Jea7i, au Jourdain.
27. (A fol. 32 r° a [19] (i(Dd-thr*C) à fol. 32 v° b; B fol.
35 V a [15] ('iùi'h9°C) <i fol. 36 r° b). — Résurrection du fils
unique de la veuve de Naini ('i^'i). Le récit est analogue à
celui de l'Évangile (Saint Luc VII, 11-17), et ajoute seulement
quelques détails. La veuve s'appelle Bar'e'à, fille de Vewâ'él
(flCh'J •• (D/ii' : j&<Ph.A). Yewaèl était un fils de prophète.
Le nom du mort est Y'onàs, fils de Sàlêm, fils de Melkyâl,
frère de Rehoum, fils de Salâtijâl, frère du père du prophète
Jonas (p-çft : (DA^ •■ ^A.9" • ©A*^ • Î^Ah^A • h^lh • AC
LES MIRACLES DE NOTRE-SEIGNEUR. 359
28. (A fol. 3-2 V b [20] {^-thr^C) à fol. 31 r° b; B fol. 36
r° b [16] ('i%'th9"C) à foi. 38 v° a). — Venu à Jérusalem
pour la fête des Tabernacles, Jésus vit un Israélite qui pleu-
rait sur son frère, mort le jour même. Il lui demanda s^il croyait
au Messie. L'Israélite attendait précisément l'avènement du
Messie. Alors, Notre-Seigneur lui dit qu'il était le Christ, et
ajouta : « Si je ressuscite ton frère, croiras-tu que je suis le
Christ-Sauveur? » Sur la réponse affirmative de l'homme,
Jésus partit avec lui. Lorsqu'ils arrivèrent à la maison où
l'Israélite demeurait, beaucoup de brebis s'en allaient au pâtu-
rage. Dès qu'elles aperçurent Jésus, elles se mirent à parler
dans la langue des hommes, et à dire : « Bravo à ta venue, ô
Fils du Seigneur et Fils de David, selon la chair! » Un bœuf
même, que son maître voulait tuer, alla à la rencontre de Notre-
Seigneur, et s'écria : « Aie pitié de moi, ô Fils de David..,»
Jésus lui déclara qu'il ne serait jamais égorgé, mais qu'il ser-
virait de témoin à cette génération perverse. Le bœuf s'en alla
au champ, et son maître ne le vit plus. Notre-Seigneur donna
aussi la liberté aux brebis, afin qu'elles devinssent les témoins
de sa gloire. Puis, il entra dans la maison de l'Israélite, qui
s'appelait Baglesmân (A n**/Aft*^7; B n*7Aft'^ri^ Bagles-
rnâsen). Il dit au mort : « Israélite, ressuscite de ta mort. »
Celui-ci se leva aussitôt et avec agilité, comme quelqu'un qui
s'éveille du sommeil, se dressa sur ses pieds, adora Jésus, et
lui dit : « Tu es le Fils du Seigneur vivant (et) éternel. » II sui-
vit Notre-Seigneur. Les Juifs et les Samaritains, voyant ces
trois miracles opérés le même jour, s'étonnèrent fort. Plusieurs
furent convaincus que Jésus était le Christ. D'autres, après
l'échange de diverses réflexions, restèrent incrédules. Certains
racontèrent ce qui s'était passé aux scribes, aux prêtres et aux
pharisiens. Ces derniers ne crurent pas, et ordonnèrent que, si
l'on trouvait Jésus à Jérusalem, on le leur fît savoir. Alors,
Notre- Seigneur' entra au temple avec ses. disciples. Ils se réu-
nirent auprès de lui, et lui dirent : « 0 Maître bon, voici que
nous savons que tu es envoyé par le Seigneur, et que personne
ne peut faire les miracles que tu fais. Qui est ton père, qui est
ta mère, et de quelle tribu es-tu? Si tu es de la souche des pro-
phètes, il t'appartient de faire des miracles. » Jésus leur répon-
dit : « Les miracles que vous me voyez faire, je les fais par la
360 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
puissance de mon Père, qui est dans les cieux. » Entendant cette
parole, les Juifs prirent des pierres pour le lapider. Il leur de-
manda pour quel miracle ils voulaient le lapider, et leur an-
nonça qu'il allait envoyer ses apôtres travailler à la conversion
des Gentils, car ces derniers étaient destinés à remplacer le
peuple des Juifs.
29. (A fol. 34 r" b [21] {^b-thf^C) à fol. 35 r° b; B fol. 38
r° a [17] (ï^'^^î^»c) à fol. 39 r" a). — Jésus passait à Jérusa-
lem avec Simon, André, Jacques et Jean. Il vit un vieillard
qui pleurait. « Donne-moi, ô Seigneur, dit ce dernier à Jésus,
de quoi payer ma dette. — Que t'est-il arrivé, repartit Notre-
Seigneur, et quelle est ta dette? — Que me servira-t-il de te la
raconter? — Ne me cache pas, Zachée (HVfcJPft), ton affaire, car
c'est moi qui enrichis, et qui amoindris et appauvris à jamais. »
^'entendant appeler par son nom, que Jésus n'avait point ap-
pris, Zachée fut dans un grand étonnemeni. Il adora Noire-Sei-
gneur, et lui demanda secours. Tous les oliviers de son verger
— au nombre de MO — étaient arides cette année-là, et Zachée
avait compté sur leur rendement pour payer une dette qu'il
avait contractée. Jésus lui demanda un rameau de l'un de ses
oliviers. Lorsqu'il lui fut remis, il recommanda à Zachée de
le planter au mi Heu de son champ, lui assurant que ce rameau
le rendrait riche, et deviendrait un olivier à trois branches, qui
ne se dessécherait jamais, mais serait une cause de bénédiction
pour tous les peuples. Zachée le planta, comme Jésus avait dit.
Aussitôt, le rameau poussa, avec un épanouissement de fron-
daison. Émerveillé, Zachée alla trouver Notre-Seigneur,
l'adora, et le reconnut pour le Christ et le Fils de Dieu. Il ra-
conta ce miracle aux gens de sa maison. Tous crurent ainsi
que quelques Juifs. 11 retourna à l'olivier. Il avait des fruits
cette fois, et Zachée en fit apporter 10 charges d'homme (^>l^ :
-AïtA.), le même jour. De plus, en 27 jours, il remplit d'olives
13 Contenances de pressoir (laiv9^^^^). Après la récolte des
olives et de l'huile, il alla rendre grâces à Jésus, et il lui de-
manda que l'olivier rapportât la même quantité de fruits chaque
année. Notre-Seigneur le lui promit.
30. (A fol. 35 r° b [22] ['R^^hrt) à fol. 36 V a; B fol. 39
r" a (i'^îP'C) à fol. 40 r° b). — Jésus allait à Bethléem visiter le
LES MIRACLES DE NOTRE-SEIGNEUR. 361
tombeau des Saints Innocents. Il rencontre en route plusieurs
princes des prêtres et scribes. Comme ils se rendaient à Beth-
léem, Notre-Seigneur les accompagne au tombeau de Rac/iel,
et leur demande s'ils croiraient en lui, au cas où il ressuscite-
rait Racliel. Les Juifs le traitent de fou, mais lui avouent néan-
moins que, s'il opère ce miracle, ils le reconnaîtront pour ren-
voyé de Dieu et le Messie, Sauveur (ÏIsrai'l. Après leur avoir
adressé de sévères réprimandes, Jésus leur affirme son intention
de ressusciter 6'r/rrt, Rébecra et Rachel (/i^,C'n**',^y.A). Lais-
sant les Juifs dans un vif étonnement, il se retire à l'écart, et
ordonne aux trois saintes femmes de sortir du tombeau. Aussi-
tôt, un violent tremblement de terre se produit; un grand bruit
se fait entendre; le rocher se fend; Sara, Rébecra et Racket
apparaissent, et vont se prosterner deyâni Jésus. Leur visage
brillait comme le soleil. Notre-Seigneur dit aux Juifs de lever
les yeux et de regarder les saintes femmes. Ils ne peuvent pas le
faire, tant ils sont éblouis par l'éclat de la lumière qui se dé-
gage de la face des ressuscitées. Sara reproclie aux Juifs leur
incrédulité envers Jésus, et leur rappelle les bienfaits que le Fils
de Dieu n'a cessé de leur accorder au cours des siècles. Notre-
Seigneur leur demande si maintenant ils vont croire en lui, et
leur annonce que les Gentils deviendront à leur place le peuple
élu de Dieu. Puis, il ordonne à Sara, k Rébecca et à Rachel
de retourner à leur tombeau, ce qu'elles font immédiatement.
M. (A fol. 36 \° h [23] ('Kr-i'h^^C) à fol. 37 r" b; B fol. 10
r" b [19] (yv'i'h9^C) à fol. 11 r" a). — Jésus, en passant avec
ses disciples à Césarée de Palestine (<fe<^CJP •• }\^Al\'VYh9^) -,
aperçoit un homme en pleurs, près d'un champ de melons. Il
lui demande le motif d'un tel chagrin. Cet homme répond que
les melons, qu'il a semés avec beaucoup de peine, puisqu'il
est pauvre et maladif, sont tous perdus. Noti-e-Srigneu)- s'in-
forme de cette perte. Les vers avaient rongé complètement les me-
lons, et il ne restait plus dans le champ que trois racines. Avec
quoi l'homme infortuné paierait-il ses dettes ?Jé''s //s- lui ordonne
d'arracher les trois racines et de les lui apporter. ,Vprès les avoir
bénies, il les rend à l'homme, en lui recommandant de les plan-
ter dans un autre endroit, et de ne pas les approcher les unes
des autres. Celui-ci fait comme Notre-Seigneur lui ordonne.
Aussitôt, les trois racines produisent des tiges et des fleurs. Le
362 REVUE DE l'orieXT CHRPÎTIEN.
rendement des fruits est tel que cet homme, à lui seul, récolte
plus de melons que tous les gens de la Palestine. En les ven-
dant, non seulement il peut payer ses dettes et restaurer sa
maison, mais il tire encore un bénéfice de 1.000 drachmes d'or.
Il tient à apporter cette somme à Jésus, pour lui demander ce
qu'il doit en faire. Notre-Seigneur répond qu'elle doit être dis-
tribuée aux pauvres en aumône. L'homme obéit, puis vient
trouver à nouveau Jésus, et l'informe qu'il a bien distribué les
1.000 drachmes aux pauvres, sans en garder une seule par
devers lui. Notre- Seigneur le félicite, et lui ordonne de le sui-
vre. Cet homme devient l'un des 72 disciples. Plus tard, beau-
coup d'Israélites et de Gentils — notamment les gens d'Ascalon
(l\l\^'\l) — se convertirent à sa prédication, et reçurent le
baptême.
32. (A fui. 37 V" a [24] (xo-f-^rc) à fol. 38 r" b; B fol. 41
r° a [20] (W'MiiP'C) à fol. 42 r" a). — Guérison de l'hémorroïsse.
Le récit est analogue à celui de Saint Marc V, 25-3 1 (cf. Matth.
IX, 20-22; Luc VIII, 12-48). Quelques détails complémentaires
sont donnés. L'hémorroïsse s'appelle Vegosqénd (j&p-ft«&V; B
Yeijosténâ JK-p-ft-feÇ). Une autre scène de l'Évangile est ajoutée
ici, comme suite à ce récit : c'est celle où les Juifs, choqués de
la doctrine de Jésus, murmurent contre lui, et mettent en avant
sa famille, pour ne le considérer que comme un homme ordi-
naire (cf. Matth. XIII, 55; Marc VI, 3; Luc IV, 22; Jean VI,
42). Voici ce qui est propre aux Miracles de Notre- Seigneur.
Jésus déclare aux Juifs que Marie est bien sa mère, mais, par
contre, que Joseph est seulement son ami, et non point son père.
Apercevant alors une chèvre qui paissait sur une colline voi-
sine, Notre-Seigneur l'appelle. « Je t'ordonne, ô chèvre, lui dit-
il, de venir ici, et de dire à ces gens qui je suis, d'où je suis venu
dans le monde, et où je vais. » La chèvre vint, se prosterna aux
pieds de Jésus, et confessa, dans la langue des hommes, qu'il
était le Dieu d'Israël, le Créateur des cieux et de la terre. Les
gens qui entendirent ces choses — ils étaient au nombre de
7.400 hommes, sans compter les femmes et les enfants — furent
étonnés grandement, crurent en Jésus, et le proclamèrent, d'une
seule voix, le Christ et le Fils de Dieu. Notre-Seigneur dit à la
chèvre de retourner à son pâturage, et il l'exempta désormais
LES MIRACLES DE NOTRE-SEIGNEUR. 363
de toute servitude. — Dans B fol. 11 r° b se trouve une image,
qui représente l'hémorroïsse en train de touciier la frange du
vêtement de Jésus.
33. (A fol. 38 r° b [25] (^hi'h9"C) à fol. 39 v° b ; B fol. 27 r^» b
('t'h9°C) à fol. 2S v" b). — A son passage dans la terre de '£*/-
Hedâr (KA'î-^C; B îtAU-^C), Jésus aperçut un homme lé-
preux et muet, qui faisait des gestes de désespéré. Il s'appro-
cha de lui, et mit la main sur sa langue. L'homme parla aussi-
tôt, se prosterna aux pieds de Notre-Seigneur, et confessa sa
divinité. Il dit ensuite à Jésus qu'il avait été chassé par les Juifs
de la communauté, à cause de sa lèpre, et que personne ne lui
donnait à manger. Notre-Seigneur lui ordonna d'aller à la pis-
cine de Siloé (ftA'P'j), et de s'y laver trois fois, en disant à
chaque ablution : « Au nom du Père, Amen; au nom du Fils,
Amen; au nom du Saint-Esprit, vie éternelle, Amen. » Le lé-
preux s'y rendit sur-le-champ, fit tout ce qui lui avait été prescrit,
et fut guéri. Lorsqu'il retourna au milieu des Juifs, ceux-ci,
intrigués de le voir revenu à la santé, lui demandèrent par qui
et quand il avait été guéri. Apprenant que c'était Jésus qui
avait opéré ce miracle, et cela un jour de sabbat, les Juifs réso-
lurent entre eux de le tuer, comme étant un violateur de la Loi
et firent part de leur dessein aux prêtres et aux docteurs. Ce.
derniers firent venir le miraculé, qui manifesta ouvertement sa
reconnaissance envers Notre-Seigneur. Sur ces entrefaites,
Jésus arriva. Il adressa de cinglants reproches aux scribes et
aux pharisiens, sous forme d'anathèmes. (On rencontre des
malédictions analogues dans Saint Luc VI, 39-32. De plus, ce
récit ressemble, sur plusieurs points, à celui de la guérison de
l'aveugle-né'en Saint Jean IV, 1-38). Vient ensuite la scène
de l'Évangile, où Jésus riposte aux Juifs, à propos du Christ,
Fils de David, par la citation du fameux texte des Psaumes :
Dixit Dominus Domino meo : Sede a dextris nieis (cf. Mat th.
XXII, 11-16; Marc XII, 35-37; Luc XX, 41-44).
31. (A fol. 39 V b [26] (^%'i^h9"C) à fol. 41 v° a ; B fol. 28 v° b
('^^i9"C) à fol. 30 r° b). — Pendant quatre ans et demi, les
sauterelles dévorèrent les récoltes de la Galilée et de la Judée.
Une grande famine sévit, et beaucoup de gens moururent. Les
Israélites se réunirent, et songèrent à Jésus, pour écarter le
364 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
fléau. Mais, ne sachant pas où il se trouvait à ce moment-là, ils
chargèrent Nicodème (3^«P-Ç,T'ft), son ami, de le joindre et de
lui demander secours. Ce dernier se rendit auprès de Jésus.
Notre-Seigneur lui exposa qu'une telle calamité était la puni-
tion du péch('' des Israélites, qui avaient souvent résisté à ses
sollicitations pressantes, lorsqu'il avait voulu les réunir sous
son autorité, comme la poule rassemble sous ses ailes ses pous-
sins. Néanmoins, il les sauvera, du désastre. Mais ce sera un
jour de sabbat. Nicodrinc paraît choqué. Alors, Notre-Sei-
g)ieur le laisse juge de la question, et attire son attention sur
les points suivants. Il est toujours permis de faire le bien,
même le sabbat; le Fils de l'homme est maître du sabbat; enfin,
le sabbat a été fait pour les hommes, et non pas les hommes
pour le sabbat. Lui-même, Jésus, le Verbe éternel, n'a-t-il pas
autrefois ordonné à Élie de marcher pendant quarante jours et
quarante nuits, sans s'occuper du sabbat? A cette époque, Notre-
Spirpieur avait trente ans. Nicodème fut émerveillé de la sa-
gesse de ses paroles. Pendant l'entretien, il vit soudain le visage
de /^'.s^/s devenir sept fois plus brillant que le soleil. Une nuée
lumineuse apparut. Un ange descendit de la nuée, et vint se
prosterner devant Xotre-Seigneur et lui demander ses ordres.
Jésus lui prescrivit de faire cesser le fléau, le jour du sabbat. A
la vue d'un tel spectale, Nicodème fut effra3é. Notre-Seigneur
lui déclara que le spectacle serait bien plus grandiose, lorsqu'il
viendrait, dans sa gloire, juger les vivants et les morts. Nico-
dème se mit à pleurer, confessa la divinité de Jésus, et se répan-
dit en ardentes supplications. Notre-Seigneur lui dit que per-
sonne ne pouvait entrer dans le royaume des cieux, sans renaître
de l'eau et de l'Esprit, et que, par conséquent, les Juifs devaient
faire pénitence. Nicodème raconta aux Israélites tout ce qui
s'était passé. Beaucoup d'entre eux crurent par lui en Jésus. Le
fléau fut écarté, le jour du sabbat.
33. (A fol. 41 v'' a [27] {'K%tm'}YlC) à fol. 1-2 r° a ; B fol. 12 r'' a
[21] {^6'th9^C) à fol. 12 v" b). — Beaucoup de lions avaient
envahi la contrée d\iscalon (^^ft.*A'^)• Personne ne pouvait
sortir de la ville, après le coucher du soleil. Les gens d\[scalon
allèrent trouver Je'.sv^^-, et lui demandèrent de les débarrasser des
lions. Notre-Seigneur leur promit de les exaucer. Comme ils
LES MIRACLES DE NuTHE-SKlfiXEUR. 365
retournaient chez eux, il leur adjoignit Nathanaël, originaire de
Caiia de Galilée (ç^V/i,A •• h9^^^ ' WIHA)- Ce dernier avait
mission de se rendre auprès des lions, et de leur signifier les
ordres ÙQJésua. A peine était-il arrivé aux abords à'Ascalon que
les lions, en très grand nombre, se groupèrent autour de lui. 11
étendit la main sur eux, et leur communiqua l'ordre de Notre-
Seigiieur. Les lions inclinèrent la tête, se prosternèrent devant
lui, puisqu'il était un des disciples de Jésus, et disparurent aus-
sitôt de la région. Les gens d'Ascalon crurent en Notre-Sei-
gnear, et glorifièrent Dieu.
3<j. (A fol. 42 r° a [28] (xy^-h^^C) à fol. 1 1 r° b; B loi. 12 v" a
('i'ï\9^C) à fol. 45 r" a). — Se trouvant à Jéricho (h^^6\\), Jésus
réunit ses douze apôtres, et les entretient de leur destinée; le
royaume des cieux leur est réservé ; ils sont tous purs, sauf un
seul; assis sur douze trônes, ils devront, à la résurrection des
morts, juger les douze tribus (X Israël. Il s'adresse ensuite à
Pierre : « 0 Simon, fils de Jonas (p'Ç), que dis-tu do moi? »
Pierre confesse la divinité de Jésus. Notre-Seigneur lui répond
longuement, e1 le déclare bienheureux de connaître les mys-
tères par la révélation du Père, et de voir et d'entendre ce que
les prophètes ont tant désiré connaître. Puis, Jésus parle sur
divers sujets; les débauchés, les voleurs, les publicains et les
pécheurs précéderont les Israélites dans le royaume des cieux;
lui-même confessera devant son Père ceux qui l'auront confessé
devant les hommes, mais reniera ceux qui l'auront renié; les
apôtres seront persécutés, et ceux qui les immoleront croiront
oifrir un sacrifice agréable à Dieu; les Gentils détruiront le
temple, et emmèneront en captivité les Juifs. Vient ensuite un
exposé eschatologique. Lorsque Nôtre-Seigneur eut fini de par-
ler, Pierre lui fit remarquer que le soir était arrivé, et qu'il n'y
avait pas au désert de lieu où passer la nuit. Jésus, après avoir
déclaré qu'il était le maître du jour et de la nuit, ordonna à
I^ierre de se rendre à Jérusalem. A l'entrée de la ville, il trou-
verait un vieillard, ayant une brebis; il lui dirait que l'intention
du Maître était de passer la nuit chez lui. Sur-le-champ, Pierre
arriva avec les disciples à Jérusalem. Ceux-ci furent stupéfaits
d'être arrivés en un clin d'œil, et glorifièrent le Seigneur. A
l'entrée de la ville, ils trouvèrent l'homme avec la brebis. C'était
36G REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Gamaliel (l'^A^A), frère de Nicodème. Pierre lui rapporta
ce qu'avait dit Notre- Seigneur. Gamaliel les introduisit dans
sa maison, et lui-même alla à la rencontre de Jésus. Il le trouva
assis sur le Mont des Oliviers, et le pria de venir chez lui. Lors-
que Jésus entra, les colonnes de la maison se couvrirent de ver-
dure. Gamaliel et Nicodème furent émerveillés. Notre-Sei-
gneur^iXk Gamaliel de ne pâs s'étonner d'un tel miracle, car il
en faisait de plus grands pour les Israélites, qui cependant res-
taient incrédules; il lui ajouta qu'il deviendrait un jour son té-
moin, et que son nom était inscrit dans le royaume des cieux.
Ensuite, Jésus déclara à ses disciples qu'il les avait choisis de
toute éternité. Il passa cette nuit-là, avec ses apôtres, dans la
maison de Gamaliel.
37. (A fol. 44 r° b [29] ('Kd'ilC) à fol. 46 r" a; B fol. 45 r" a
(vie) à fol. 47 r" b). — Le lendemain, Jésus se rendit au Mont des
Oliviers. 11 parla à nouveau de la destruction du temple, des per-
sécutions, qui allaient venir, et de la fin des temps. II déclara
bienheureux les apôtres, et principalement Pierre, leur chef, sur
la primauté de qui il s'étendit longuement. Un sentiment de ja-
lousie naquit dans l'àme des disciples contre Pierre. De plus, ils
se demandèrent lequel d'entre eux était le plus grand après
Pierre. Notre-Seigneur, connaissant leurs pensées, les répri-
manda, et leur affirma que celui qui voudrait être maître devien-
drait serviteur. Puis, il leur recommanda de ne pas s'adonner à
la tristesse. En effet, ne sont-ils pas appelés à juger avec lui
les douze tribus d'Israël, au jour de la résurrection? Les apôtres
veulent savoir par qui seront jugés les fidèles. Jésus leur dit
qu'il se réserve de les juger lui-même, et qu'il ne déléguera ce
pouvoir à personne, car les fidèles ont mangé sa chair et bu
son sang. Les disciples désirent connaître aussi le jour du ju-
gement. Notre-Seigneur leur répond que personne n'en sait
l'heure, hormis le Père céleste. — Dans B fol. 46 r° une image
représente Jésus enseignant les apôtres.
38. (A fol. 46 r" b [30] (^•l'h9^C) à fol. 49 i"^ b ; B fol. 47 r" b
("fhT^C) à fol. 50 v" b). — Jean- Baptiste baptisait dans le
Jourdain tous les Israélites qui venaient à lui. Il confia à ses
disciples une révélation, que Dieu lui avait faite dans le sein
de sa mère. Lorsque les eaux du Jourdain se mettraient à reçu-
LES MIRACLES DE NOTRE-SEIfiNEUR. 367
1er et à bouillir, c'était pour Jean le signe que l'Agneau de Dieu
viendrait se faire baptiser. Or, ce signe s'était accompli. Pen-
dant ce temps, Jésus parlait à ses apôtres du jugement. Lors-
qu'il eut fini son exposé, il leur manifesta son intention d'aller
au Jourdain recevoir le baptême. Noire-Seigneur et les disci-
ples se rendirent d'abord à Dêllianie (fl,;l'7^), et passèrent la
nuit chez Ijuzare (KA^»HC). Le lendemain matin, ils allèrent au
Jourdain. En apercevant Jésus, Jean-Baptiste confessa publi-
quement sa divinité, et s'écria à haute voix : « \'oici l'Agneau de
Dieu ; voici Celui qui efface les péchés du monde, «./t^s^s deman-
dait le baptême ; mais Jean n'osait pas baptiser son Dieu. Notre-
Seigneur insista, et descendit dans le Jourdain. Aussitôt, le
fleuve recula de quarante coudées, et ses eaux devinrent comme
des charbons de feu. Saisi de frayeur à ce spectacle, Jean se jeta
aux pieds de Jésus, et lui répéta qu'il ne lui appartenait pas
de le baptiser. Notre- Seigneur réitéra ses ordres au Baptiste.
Beaucoup de personnes étaient témoins de cette scène. Jean, en
tremblant, mit la main sur la tête de Jésus. Immédiatement,
le ciel s'ouvrit; l'Esprit-Saint descendit sous la forme d'une
colombe, et demeura sur la tète de Notre-Seigneur ; la voix du
Père se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui
je me plais... » Ce spectacle affermit la foi des apôtres. De leur
côté, les disciples de Jean et toutes les personnes présentes
crurent en Jésus . Lorsque Notre-Seigneur sortit du Jourdain,
beaucoup d'anges descendirent du ciel, le portèrent sur leurs
ailes, et l'adorèrent. Jésus s'en retourna, avec les apôtres, à
Jérusalem. Il les envoya de là prêcher la foi aux pays cVAnimon
et de Moab {vid. •' hH^'i •" (DH^h-il)- l'our lui, il alla au désert,
et se retira sur une montagne. Satan vint le trouver. Suivent
les récits du Jeûne quadragésimal et de la Tentation de Notre-
Seigneur, analogues à ceux de l'Évangile (Baptême : cf. Matth.
III, 13-17; Marc I, 9-II; Luc III, 21--22; Jeûne et Tentation :
cf. Matth. IV, I-II ; Marc I, 12-13; Luc IV, I-I3). Ensuite,
Jésus se rendit en Galilée. — B fol. 18 v° contient l'image du
Baptême de Noire-Seigneur.
{A suivre.)
Bt'zaucourt, par Gournay-en-Bray, le f) Septembre 1911.
Sylvain Gréhaut.
CATALOGUE SOMMAIRE
DES MANUSCRITS COPTES
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
(Suite) (l)
V. — HYMNAIRES
91
Hymnes {bohairiqiie) pour les fêtes des saints.
Ce recueil, divisé en deux parties, comprend pour chaque
lete deux hymnes acrostiches formées de strophes de quatre
vers, l'une dans le ton BAtïoc, l'autre dans le ton aaau.
Dans la première section, fêtes du nouvel an, ^'' Thôout;
de saint Jean-Baptiste, 2 Thôout; de la Croix, 17 Thôout; des
saints Serge et Bacchus, 10 Paopi ; de saint Théophane, 21 Paopi ;
de saint Georges, 7 Athôr; de saint Menas, 15 Athôr; de saint
Théodore l'Oriental, 12 Tôbi ; des saints Côme et Damien et de
leurs frères, 22 Athôr; de sainte Marine, 23 Athôr; des vingt-
quatre vieillards de l'Apocalypse, 21 Athôr; de saint Mercure,
25 Athôr; de saint Jacques l'Intercis, 27 Athôr; de l'archiman-
drite Schenouti, 1" Choiak; de la Présentation de la Vierge, 3
Choiak; du martyr saint Salib, 8 Choiak; de sainte Barbe, 8
Choiak; de l'archange Gabriel, 22 Choiak; du patriarche Mat-
thieu, 5 Tôbi; de la Purification de la Vierge, 8 Tôbi; de la
mort de la Vierge, 21 Tôbi; de saint Antoine, premier ermite,
22 Tôbi; de l'archange Souriel, 27 Tôbi; de saint..., 28 Tobi;
des saints Cyr et Jean, G Mechir.
Dans la seconde section, les fêtes de l'Annonciation, 29 Fa-
(1) Voy. HOC, lyiU, p. 85, 13;!, :]y2; 1911, p. «1. lOG, i3y.
MANUSCRITS COPTES. 309
menôth; de saint Victor, fils de Romanes, 29 Farmoutlii; de
saint Marc Tévangéliste, 30 Farmouthi; de la Fuite en Egypte,
25 Pachôn; de saint Jean d'Héraclée, 4 Paôni; de saint Claude
d'Antioche, 11 Paôni; de la Vierge à Philippes, 21 Paùni; de
l'archange Gabriel, 26 Paôni; du martyr Michel, 4 Epîp; des
saints Pierre et Paul, 5 Epîp; d'Apollon fils de Juste, V'
Mesôrî; de la Transfiguration, 13 Mesôrî; de l'Assomption,
16 Mesôrî; des patriarches Abraham, Isaac et Jacob, 28 Me-
sôrî ; de l'archange Raphaël, 3' jour du petit mois ; de saint
Barsôma, 5® jour du petit mois.
Ms. de 298 feuillets; 20 x 14. Sans date.
Ce manuscrit est coté de 1 à 298 au recto des feuillets, de b
à cqH au verso, le nombre pnH étant écrit deux fois. Division
en cahiers de dix feuillets, cotés par première et dernière page,
avec ornement noir et rouge.
Au verso du premier feuillet, croix noire et rouge, accompa-
gnée de mots arabes et coptes. Un ornement noir et rouge pré-
cède chaque partie [2 r. et 184 r.]. Le titre, en arabe, est formé de
lignes écrites les unes en noir et les autres en rouge. Chaque
hymne est précédée d'un titre arabe, en rouge. La première
lettre est une majuscule haute de quatre lignes, écrite à la marge
et rehaussée de rouge; chaque strophe commence par une ma-
juscule plus petite, écrite à la marge et rehaussée de rouge.
Les lettres l), (^ eiz portent un point rouge à l'intérieur de la
boucle. Les points de division sont représentés par .>. en
rouge; les abréviations sont surmontées d'un trait noir qui
traverse un gros point rouge.
Acquis par Vansleb, dont le cachet est empreint sur le pre-
mier et le dernier feuillets. — Régi us, 312.
Invent. : Copte 8.
92
Hymnes {bohairiqiie) pour les fêtes des saints.
Ce recueil comprend pour chaque fête deux hymnes acrosti-
ches formées de strophes de quatre vers, l'une dans le ton liAoot:,
l'autre dans le ton aaau.
Fêtes du nouvel an, 1"'' Thôout; de saint Jean- Baptiste,
2 Thôout; saint Etienne, 15 Thôout (une seule hymne); le
OIllENT CimÉTIEN. 24
370 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.
marlyr Pisora (mcopA), 9 Thôout; la Croix, 17 Thôout;
la Vierge, 21 Thôout (une seule hymne); les saints Serge et
Bacchus, P' Paopi; de saint Théophane, 21 Paopi; saint
Marc, 30 Paopi (une seule hymne); la Vierge, 21 Athôr;
saint Georges, 7 Athôr et 23 Farmouthi; les quatre animaux,
8 Athôr; saint Michel, 12 Athôr; saint Menas, 15 Athôr; les
vingt-quatre vieillards, 21 Athor; saint Mercure, 25 Athôr;
saint Victor, 27 Athôr; Tarchimandrite Schenouti, 1" Choiak
et 7 Epip; la Présentation de la Vierge, 3 Choiak; le solitaire
Samuel Apaisi (AiiAïKii), Thècle, Barbe et Julienne (ioaiaiig)
(de la psallie aaam seules les trois premières strophes sont
copiées; elles sont suivies d'un feuillet blanc), 8 Choiak; l'ar-
change Gabriel, 23 Choiak et 26 Paoni ; les Innocents et la Pré-
sentation de Jésus au Temple, G Tôbi et 8 Mechir; saint Jean-
Baptiste, 10 Tôbi et 2 Paoni; l'Epiphanie, 11 Tôbi; Théodore
l'Oriental, 12 Tôbi et 12 Paôni (onze strophes de la première
hymne).
Ms. de 90 feuillets; 41,5 x31,2. Fin du xix* siècle.
Don de la Mission permanente du Caire.
Inveiit. : Copte 122.
93
Hymnes {bohairique) en l'honneur des saints.
Pour chaque fête, deux hymnes acrostiches formées de
strophes de quatre vers, l'une dans le ton baboc, l'autre dans
le ton AAALi. Fêtes de saint Théodore l'Oriental, 12 Tôbi; du
commun des martyrs, du commun de plusieurs martyrs; du
commun des confesseurs; de la Toussaint (mention d'un grand
nombre de saints); de ITncarnation; des saints Georges, Marc
(liABoc;), Victor, Claude, Schenouti (bahoc), Marc (aaau),
Schenouti (aaam), Tiiéodore le Stratélate; de l'Epiphanie; des
patriarches Abraham, Isaac et Jacob; de Barsoma; de sainte
Marine; du commun des martyrs; des saints Apaisi (naici),
Thècle et Barbe. 1 13 v. — 111 r. Noteen grec, à l'encre rouge.
Ms. de 111 feuillets; 15,5 x 10. Daté de 1591 ap. J.-C.
(Ulr.).
Ce manuscrit n'est pas coté on copte.
Titres arabes, en rouge. Majuscules rehaussées de rouge.
MANUSCRITS COPTES. 371
(\), I3 et 2 n'ont pas de point dans la boucle; abréviations sur-
montées d'un trait noir et d'un point rouge.
Acquis en 1671 à Nikiou (feuillet de garde) par Vansleb
dont le cachet sur cire est empreint aux feuillets 1 et 114. —
Regius, 340.
Invent. : Copte 33.
94
Hymnes {bohalrique) acrostiches.
Ms. de 275 feuillets; 14 x 9,5; texte : 10 x 6,5. Sans date.
Ce manuscrit est coté au verso en lettres coptes; il manque
le commencement, la fin et 99 feuillets dans le texte conservé
qui s'étend de a [4, feuillet 2] àT^[370, feuillet 267]. ]>Xr est
au début du volume; puA, puB puA, aux feuillets 210 à 242;
cgA, au feuillet 275. Écrits d'une autre main et non cotés en
copte, les feuillets 208 à 274 portent une hymne acrostiche en
riionneur des saints Serge et Bacchus, depuis les derniers mots
de la strophe a à la fin de la strophe y.
Chaque page comporte treize lignes de texte. Titres arabes
en lettres rouges. La première lettre de chaque verset, à la
marge, est à peine plus haute que les autres; elle est rehaussée
d'un point ou d'un trait rouge. c|), |) et z portent un point rouge
dans la boucle. Points de division figurés par .<i>- ; abréviations
surmontées d'un trait noir et d'un gros point rouge.
Invenl. : Copte 153.
95
Hymnes [bohalrique).
Hymnes en l'honneur de saint Michel, ton aaau ; de saint
Jean-Baptiste, ton baooc et aaau ; de la Croix, ton aaau ;
les apôtres, tons baboc et aaau ; de saint Georges, tons baooc
et AAAU ; de la Vierge, ton baooc ; de saint Mercure, ton
baooc; de saint Théodore le Stratélate, tons baooc et aaau ;
des 40 martyrs de Scété, ton baooc; de saint Menas, tons
baooc et AAAU ; de Barsoma le Nu, tons baooc et aaau ; des
saints Côme et Damien, ton baooc
Ms. de 89 feuillets; 16 x 11. Sans date.
372 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Ce manuscrit, a été coté tardivement au verso, de la fin au
commencement. Au recto, il est numéroté en chiffres modernes.
Le feuillet 1, ajouté postérieurement, contient une note des-
criptive; les feuillets 2 à 4 sont plus modernes que les suivants.
Titres en arabe, écrits à l'encre rouge. Presque toutes ces
hymnes sont acrostiches, f forme un crochet à gauche; la
barre de t couvre deux lettres de chaque côté, a descend au-
dessous de la ligne.
A porté le n° 500"'-' avant d'entrer à la Bibliothèque.
Invent. : Copte 74.
96
Hymnes et offices [bohairiqae), suivis (sauf les extraits de
l'Ancien Testament) de la traduction arabe.
1 r. — 3 V. Deux hymnes pour la Dédicace de la première
église en riionueur de la Vierge, 21 Paoni. 8r. — 4 r. Tra-
duction arabe des hymnes précédentes. 8v. — 12 r. Pièces
arabes, écrites probablement par un européen. 12 v. Croix en
couleurs. 13 r. — 33 r. Office pour le cinquième dimanche du
mois, s'il y en a un. 33 v. — 41 r. Office des morts. 11 v. —
58 V. Office de la fête de l'Ascension. .58 v. 74 v. Office de la
fête de la Transfiguration. 75 r. — 89 r. Office de la Circon-
cision, des fêtes d'Élie et de saint Basile. 90 r. — 155 v.
Hymnes; pour chaque fête, sauf la première, il y a deux hym-
nes formées de strophes de quatre vers, l'une dans le ton aa<\u,
l'autre dans le ton liAuoc. Fêtes de saint Jean -Baptiste,
2Thùout; de saint Georges, 7 Athùr; de saint Menas, 15 Athôr;
des vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse, 24 Athùr ; de la Pré-
sentation de la \4erge, 3 Clioiak: de saint Behnam (ueeiitvu)
et de sa sœur Sara (capi>a) ; de la Circoncision, du prophète
Élie et de saint Basile, G Tùbi; de la Présentation au Temple et
de la mort de Siméon, 8 Mechir; de l'Annonciation, 29 Fame-
nôth; de saint Victor, fils de Romanes, 29 Farmouthi; de saint
Isaac (le Tefri (T(;qpii), G Pachùn; de la Dédicace de la pre-
mière église en l'honneur de la Vierge, 21 Paoni (hymnes dif-
férentes de celles qui sont au début du volume); des saints
Pierre et Paul, 5 Epîp; de la Transfiguration, 13 Mesôrî; de
l'Assumption, IG Mesùrî. 1.jG-157. Deux feuillets ajoutés. Le
MA.\L"SCRITS COPTE?ï. 373
premier porte une pièce arabe; le second, une pièce grecque.
Ms. de 157 feuillets; •20,5 x M; formé par la réunion de
trois volumes écrits à la même époque. Le second, daté (89 r.)
de 1231 E. M. |151S ap. J.-C.|, a appartenu à Téglisf; de saint
Behnam, à El-Afqasieh, en Cliypi'e.
Ce manuscrit est paginé, en chiffres coptes, de 1 à S I feuil-
lets 1 à 8]; en lettres coptes, de a | I, feuillet 13] à oh |70, feuil-
let 88J et de a | 1, feuillet 0()| à "^o [(il), feuillet 155|. Division
en cahiers de 10 feuillets, cotés par première et dernière page,
avec ornement en couleurs.
La seconde et la troisième partie sont précédées d'un orne-
ment en couleurs. Les titres des offices sont en arabe; les livres
d'où sont extraites les leçons et le ton des hymnes sont marqués
à l'encre rouge. ()), j) et i portent un point rouge dans la
boucle; les points de division sont marqués .;,-. en rouge; les
abréviations sont surmontées d'un trait noir avec un gros point
rouge au milieu. Quelques notes en grec moderne (page de
garde; feuillets 1, 15 1 et 155). Il manque trois feuillets au début
de la troisième partie et, à la fin, au moins un dont il reste le
bord inférieur.
Acquis par Vansleb, à Nikiou, en juin 1071 (note manuscrite,
12 r. ; cachet sur cire. 12 r. et 155 v.). — Regius, :358.
Inveiit. : Copte 9.
97
Hymnes [Iwhairique).
1 — 17 V. Tarh pour les dimanches de Carême. 18 r. —
1(36 v. Groupes de deux hymnes, l'un dans le ton bahoc, l'au-
tre dans le ton aaaii pour les fêtes de la Nativité, la Circonci-
sion, le Baptême du Christ, Tliéodore l'Oriental, Philothée,
Antoine, Souriel, Paul ermite, les quarante-neuf martyrs, Ma-
caire le Grand, Gabriel, Raphaël, Barsoma, Jean-Baptiste, Vic-
tor, Marc l'évangéliste, les trois jeunes gens, Pachôme, la Vierge
à Philippe, Sclienouti, les apôtres, l'Annonciation, les patriar-
ches Abraham, Isaac et Jacob, etc.
Ms. de 166 feuillets; 20 x 15. Texte : 15 x 11 ; 13 lignes de
19 à 18 lettres. Sans date.
Ce manuscrit n'est pas coté en copte. II y a des lacunes
374 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
après les feuillets 17, 18, -20, 71, 107, 130, 132, 150, 164 et
165; 166 n'est pas le dernier du texte primitif.
Titres arabes en lettres rouges. Chaque hymne est suivie
d'une pièce arabe. Majuscules à la marge, noires et rouges.
4>, b et z portent un point rouge dans la boucle.
Invent. : Copte 146.
98
Hymnes et prières {boliairique).
1 V. — 19 V. PsalJie, canons, doxologies et paraclèses en
l'honneur des patriarches Abraham, Isaac et Jacob. 20 r. —
71 r. Hymnes pour le mois de Choiak et références, suivies de
la traduction arabe. 73 v. —224 v. Psallies acrostiches, Hym-
nes, etc. mélangées à de nombreuses pièces arabes.
Ms. de -225 feuillets; 28 x 15. Daté (19 r.) de l'an 1216 E. M.
[1500ap. J.-C.].
Ce manuscrit est coté de 1 à 224, y compris 139'''^
Texte mal écrit, par un mauvais copiste.
Acquis à Nikiou, en 1671, par Vansleb, dont le cachet sur
cire est empreint au premier et au dernier feuillet. — A A. 24.
— Regius, 339.
Livent. : Copte 32.
99
Chants {bohaïrique) pour diverses fêtes.
Chants pour la Nativité, la Pentecôte, la Présentation de la
Vierge au Temple, le Baptême du Christ, la Résurrection et les
dimanches suivants, les Épousailles de la Vierge, etc.
Ms. de 101 feuillets; 21 x 14,5.
Ce manuscrit est coté en copte, au verso. 11 manque les
feuillets kh, uH et qï.
Titres arabes en lettres rouges. Très grandes majuscules
noires et rouges; petites majuscules, à la marge, rehaussées de
rouge, (f), h et e ont un point rouge dans la boucle. En maint
endroit les mots ont été séparés et la traduction latine interca-
lée entre les lignes.
Envoyé du Caire par un capucin natif d'Orléans, ce manus-
crit resta quelques mois à la Propagande et parvint en Sor-
bonne le 22 décembre 1687; de là il passa au collège Mazarin
.MANUSCRITS COPTES. 375
le 29 juillet 1694, devint la propriété de L. Picques qui le légua
aux Dominicains de la rue Saint-Honoré.
Invent. : Copte 89.
100
DoxoLOGiES {bohairùfiie) et Apocalypse de saint Jean [arabe).
1 r. — 2 r. Doxologie en l'honneur de saint Jean-Baptiste.
2 V. Croix en couleurs. 3 r. — 84 v. Apocalypse de saint
Jean, en arabe. 85 v. Croix en couleurs. 86 r. — 1 10 v.
Pièce arabe incomplète. 141 v. Croix en couleurs. 142 r. —
212 y. Doxologies, ton basoc, en l'honneur des saints Menas,
Victor, Claude, Philothée, les 7 martyrs d'Antioche, Jules,
Antoine, Paul, Antoine et Paul, Macaire de Scété (2), Macaire
l'évêque, Macaire d'Alexandrie, Jean, Jean le Noir, Pischoï et
Paul Maxime et Domitius, Moyse, les 49 martyrs de Scété,
Samuel, Schenoudi, Barsoma, Théophane, le prophète Moyse,
le roi David, le prophète Élie (2), Marc l'évangéliste-, le patriar-
che Sévère d'Antioche. 213 r. — 265 v. Doxologies, ton aaau,
en l'honneur de la Vierge et des saints Michel (2), Gabriel,
Raphaël, Souriel, Jean-Baptiste, les Apôtres, les jeunes gens,
Etienne, Georges, Théodore, Mercure, Sarapamon, le commun
des saints, les saints Antoine, Paul, Macaire, Jean, Pischoï,
Macaire, Maxime et Domitius, le commun des saints. 266 r.
— 284. Doxologies baooc en l'honneur de Sarapamon, Cyi-
(AiiAKvp) et Jean, les Martyrs, la Résurrection.
Ms. de 284 feuillets; 11 x S. La première partie |1-1 10| est
datée de 1233 E. M. [1517 ap. J.-C.|; la seconde [Ml-284|, de
1235 E. M. [1519 ap. J.-C.J. Le volume entier est l'œuvre d'un"
certain Michel, et a été écrit au monastère de saint Georges
(notes arabes, p. 81 v. et 284).
La partie arabe seule porte une ancienne numérotation.
Titres en arabe, à l'encre rouge. La première lettre de chaque
strophe, à la marge, est rehaussée de rouge. (|), ,b et z portent
un point rouge dans la boucle, f forme un crochet à gauche;
la barre de t est à gauche beaucoup plus longue qu'à droite.
Acquis à Nikiou, en 1671, par Vaiisleb dont le cachet sur
cire est empreint aux pages 32 et 283 v. — Regius, 356 2.
Invent. : Copte 12.
376 REVUE DE l'orient chrétiex.
101
DoxoLOGiES {bohairique, arabe) et Interrogations de saint
Basile et de saint Grp:goire [arabe).
La première partie, en copte, avec titres arabes, est formée
de 43 feuillets, cotés au verso de a à uy.
La seconde partie commence à la fin du volume et comprend
des doxologies arabes (2 v. — 7 r.) suivies de Touvrage arabe
intitulé : Interrogations de saint Basile et de saint Grégoire sur
la religion (7 v. — 46 r.).
Invent. : Copte 42'.
102
Canons {boliairique) pour diverses fêtes, avec traduction
arabe.
I r. — 16 V. Fêtes de Tlncarnation, la Nativité, la Croix
(3), saint Jean-Baptiste, et la Vierge. 17 r. — 20. Fin du
psaume 139 et début du psaume 140.
Ms. de 20 feuillets; 18 x 13. Sans date.
Ce manuscrit est formé de deux parties. Les feuillets I à 16,
cotés au verso piiB à poo (il manque po et pocv; poe est
le feuillet 10), portent quinze lignes de texte, 9 à II lettres
à la ligne. Titres arabes, en lettres rouges. Majuscules, hautes
de deux à quatre lignes d'écriture, rehaussées de rouge; petites
majuscules à la marge. c|) et \y portent un point rouge dans la
boucle; cj) est ouvert un peu à droite et beaucoup à gauche; jj
est fermé; les extrémités inférieures de x et de e remontent
jusqu'à la ligne; la queue de ^ s'incurve et descend à la ligne
suivante; la barre de t et de f forme un crochet à gauche.
Les feuillets 17 à 20, cotés a à -^ au verso, portent dix-sept
lignes de texte, II à II lettres à la ligne. Écriture de la même
époque que celle des feuillets précédents.
Ms. 220 de Notre-Dame. — Fonds éthiopien, 129.
Invent. : Copte 88.
103
Canons et hymnes (bohaïrique) pour les six premiers mois
de Tannée.
MANUSCRITS COPTES. 377
Ms. de 300 feuillets; 22 x 17. Daté de 1601 E. M. [1885
ap. J.-C.].
Ce manuscrit est coté, au verso, de a à r ; le chiffre ()ka
est compté deux fois; ci^ a été oublié.
Titres en arabe. Le nom du mois en titre courant.
Don de la Mission permanente du Caire.
Invent. : Copte 123.
104
Prières de la semaine de Pâques {bohaïriqué).
1 r. — "136 r. Prières de la semaine de Pâques (Semaine
Sainte). 177 v. — 137 v. Pièces arabes (Traité des devoirs du
prêtre. Concordance des Évangiles).
Ms. de 176 feuillets; 15 x 13,5. Sans date.
Ce manuscrit est coté en chiffres, dans la partie copte, de
1 à 137. En chiffres modernes, il est paginé de 1 à 177, avec
omission de 161 et 165 et addition de 44'''^
Titres et rubriques en arabe; quelques pièces sont traduites
ou commentées en arabe. (|), i, et e portent un point rouge
dans la boucle; <)) est ouvert à gauche; \y presque fermé; z
remonte jusqu'à la ligne d'écriture; la barre de t est parfois
au-dessus de la ligne et, dans ce cas, couvre deux lettres à
gauche.
Gaulmin, 24. — Regius, 357.
Invent. : Copte 36.
VI. — VARIA
105
Prières et chants {boha'irique).
1 r. — 7 V. Prière avant de dormir et Prière du milieu
de la nuit. 8 r. — 12 v. Chant pour la nuit de la Nativité.
14 V. — 20 V. Alléluia et leçons pour l'Epiphanie. 23 v. —
27 V. Alléluia et leçons pour le Carême.
Ms. de 27 feuillets; 35 x 18. S;ins date (xix« s.).
Ce manuscrit est coté, au verso des feuillets, de r [3, feuillet IJ
à 1^ [29, feuillet 27J. Les feuillets 13, 14 [recto seul], 21, 22,
378 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
23 [recto seul] sont en blanc et étaient réservés à la traduction
arabe, amorcée au feuillet 13.
Chaque partie est précédée d'un ornement en couleurs. Les
titres coptes sont en lettres rouges. Les alinéas débutent par
une majuscule rehaussée de rouge, et), U et z portent un point
rouge dans la boucle, a descend au-dessous de la ligne; q est
fermé à la partie supérieure par un trait horizontal; la boucle
de (\) est ouverte à gauche.
Don de la Mission permanente du Caire.
Invent: : Copte 126.
106
RÉFÉRENCES LITURGIQUES {bohaïriquë) , pour les six premiers
mois de l'année.
Ms. de 20 feuillets; 22 x 15. Sans date.
Ce manuscrit est coté, en chiffres modernes, de 1 à 19 y com-
pris 4"'^
Les titres sont en grec : le premier en lettres noires, les au-
tres en lettres rouges. Titre courant en grec.
Acquis par Vansleb. — Regius, 362.
Invent. : Copte 37.
107
Recueil factice {bohaïriquë).
\. 1-7. 7 feuillets d'un Kataméros; les six premiers cotés en
chiffres de 3 à 8. 21 x 15; texte 16 x 10; 13 lignes de 13
lettres. <!>, ji, e et y portent un point rouge. <\i et y ont la
tige coupée par un trait horizontal ; b est fermé et t forme un
très grand crochet à gauche. Titres en rouge. Première majus-
cule, rouge, dans le texte.
II. 8. 1 feuillet de Kataméros (5 lignes, puis Matthieu, m,
13-16). 20 -j-... X 14,5; texte 16 x 9,5; 13 lignes de 14 ou 15
lettres. Même époque que le fragment I.
III. 9-14. 6 feuillets d'un Kataméros, cotés en chiffres de 3
à 8. 23 X 16; texte 16,5 x 10. 13 lignes de 14 lettres. Même
époque que les fragments I et II.
IV. 15-28. 14 feuillets d'un Hymnaire (Hymnes en l'honneur
des quatre animaux, de saint Michel et de saint Menas). 20,5
1
iMANLSCKITS COPTES. 379
X 15; texte i:),5 x 12. 13 lignes de 16 à 18 lettres. Les 12
premiers feuillets sont cotés ÂÂ à Znî'. Titres arabes en rouge.
Initiale de chaque verset, majuscule à la marge rehaussée de
rouge. (J), I) et e portent un petit point rouge dans la boucle.
La barre de t couvre les lettres voisines.
V. -29-39. Il feuillets de Théotokies {Madih et divers
Tarh dont un se rapporte à la Théotokie du mercredi). 20,5
X 15; texte 15,5 x 12. 13 lignes de 16 lettres. 1 et 3 feuillets
non cotés mais se suivant; 1 feuillets détachés, le dernier cote
iiA. De la même main que le fragment IV.
VI. 10-65. 26 feuillets d'un manuscrit liturgique presque
entièrement en arabe. 24,5 x 16,5; texte 18 x 10; II lignes.
Coté en chiffres au recto, de 21 à 38, de 40 à 47.
VII. 66-79. 7 feuillets et 7 morceaux de feuillets.d'un recueil
•d'hymnes copte-arabe^ 20 x 13; texte 16 x 10; 18 lignes de
13 à 15 lettres. Coté ab à am. Titres arabes en lettres rouges.
(|), jjet ^ portent un point rouge dans la boucle. Graphie irré-
gulière, surtout pour les lettres j) et z-
VIII. 80-88. 9 feuillets d'un manuscrit liturgique, presque
entièrement en arabe; au début : Luc, ii, 29-35, en copte.
17 X 12; texte 11,5 x 8,5. 12 lignes de 12 à 15 lettres.
Titres arabes en lettres rouges. La boucle de i\> est ouverte à
gauche; sa tige, coupée par un trait horizontal. La boucle de
h est fermée.
IX. 89-96. 8 feuillets mutilés d'un manuscrit liturgique
composé surtout de pièces arabes. 18,5 x 12, sans marges dans
l'état actuel; 12 à 16 lignes. Écriture fine.
X. 97. I feuillet en arabe. 16 x II, sans marges; 12 lignes.
XI. 98-99. 2 feuillets (Matthieu, xxvi, 36-40; fragment
d'un sermon sur la Passion). 20,5 x 14,5; texte 16 x 7;
15 lignes de 12 à 15 lettres. Cotés en chiffres, 46 et 71. (f), j-»
et z portent un point l'ouge dans la boucle; <)), ouvert à gau-
che, a la tige coupée d'un trait horizontal; a dépasse à peine
la ligne d'écriture et seulement au-dessous; les queues
des lettres \, z et ,"j sont très longues.
XII. 100. Fragment d'hymne acrostiche (du verset u au ver-
set c)- 15 X K); texte 11,5 X 7; 11 lignes de II à 13 lettres,
coté pgK.
380 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
XIII. 101. Dernier feuillet d'un manuscrit liturgique.
3 lignes de copte et note arabe. 30 x 21.
XIV. 102. Dernier feuillet d'un manuscrit liturgique. 31x21.
Invent. : Copte 1 17.
108
Prières diverses, fragments de Liturgies et de la Théo-
TOKiE [bohairiqué).
Fragments de divers manuscrits. 90 feuillets.
Invent. : Copte 152.
VII. — SACRAMENTAIRES
109
Prières et cérémonies du baptême et du mariage {bohai-
riqué), avec traduction arabe.
1 r. — 74 V. Cérémonies du baptême. 75 r. — 79 v. Cérémo-
nies des relevailles. 80 r. — 102 v. Cérémonies du mariage.
104 r. — 109 r. Cérémonies du second mariage. 118v. — 112r.
Prières (arabe) à réciter sur le fiancé « après la couronne ».
Ms. de 118 feuillets ; 20 x 15. Sans date.
Ce manuscrit est coté en chiffres rouges ou noirs au verso.
Il présente une lacune au début de la cérémonie du Mariage.
Rubriques en lettres rouges. Majuscules rouges ou noires
rehaussées de rouge, a s'abaisse au-dessous de la ligne; r
couvre deux lettres à gauche et une à droite; li, a et x por-
tent une très large barre horizontale ; la boucle de q est très
fréquemment au-dessus de la lettre précédente.
F. 5 (cachet sur cire portant les initiales F D et une croix à
double croisillon). — Chancelier Séguier. — Coislin. — Saint-
Germain.
Invent. : Copte 72.
Bibl. — V. Ernioni, Rituel copte du Baptême et du Mariage.
Dans la Revue de VOrient Chrétien, tomes V et suivants.
110
CÉRÉMONIAL du bai'téme {bohaifique), avec traduction arabe.
MANUSCRITS COPTES. 3^1
Ms. de 4 feuillets; 31,3 x 22. De la même époque que les
manuscrits 23 et 55.
Acquis en 1871.
Invent. : Copte 107.
111
Ordinal {bohairique), avec traduction arabe.
2 r. — 5 r. Ordination d'un lecteur. 5 v. — 10 r. Ordina-
tion d'un sous-diacre. 10 v. — 15 v. Ordination du diacre.
16 r. — 18 r. Ordination de l'archidiacre. 18 r. — 20 v.
Ordination du psalmode. 21 r. — 26 v. Ordination du
prêtre. 27 r. — 32 r. Ordination de l'higoumène. 32 v. -
40 r. Consécration d'un moine. 40 v. — 17 v. Vêture d'un
moine. 18 r. — 56 v. Consécration des moniales. 58 r. —
57 r. Règle que l'on doit lire sur un moine (en arabe). 59 r.
75 V. Sacre d'un évêque. 76 r. — 79 r. Sacre d'un métropoli-
tain. 79 V. — 112 V. Sacre du patriarche. 113 r. — 120 r.
Bénédiction des fonts baptismau.x. 120 r. — 121 notes arabes.
Ms. de 120 feuillets: 25 x 20. Sans date.
La plupart des feuillets sont cotés en lettres coptes, au verso.
Division en cahiers de dix feuillets, avec ornement à la pre-
mière et à la dernière page.
La plupart des offices sont précédés d'un ornement. Les
rubriques sont écrites à Tencre rouge. Les textes commencent
par une grande majuscule et parfois une ligne entière de majus-
cules. I) est écrit de trois manière .lifïérentes; la boucle de (|>
n'est pas fermée à gauche ; les tiges des lettres se terminent en
général par une boucle; .\ ne dépasse la ligne ni au-dessus
ni Pu-dessous: t et f forment un crochet à gauche. c|) etj)
portent un point rouge dans la boucle; les points de division
son! représentés par.>. en i-ouge. Ornements en forme de ser-
pents, à la marge de plusieurs pages.
Entré à la Bibliothèque pendant le second Empire.
In veut. : Copte 98.
112
Ci-RK.MdNiK 1U-: \i';tlm!i: dks |{i:i.ii,ii;i\ i:t dr çu.\si';cuATin.\ mis
KVK(H Ks [bolia'iriiiiic), axcc Iraductinn arabe.
382 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
1. Titre en arabe. 3v. Croix en couleurs. 4 r. — 45 v.
Consécration d'un moine. 46 r. — 65 v. Office de la vêture.
66 r. — 78 V. Consécration d'une moniale. 79 r. — 95 v. Office
de la vêture d'une moniale. 96 r. — 103 r. Bénédiction de
l'abbesse récemment élue. 103 v. — 129 v. Élection des évê-
ques. 130 r. — 141 v. Consécration d'un métropolitain. 143 v.
Table des matières (arabe).
Ms. de 144 feuillets; 28 x 17. Sans date.
Ce manuscrit est coté en lettres coptes, au verso des feuillets.
Division en cahiers de dix feuillets, cotés par première et der-
nière page avec ornement en couleurs.
Chaque office est précédé d'un ornement en couleurs. Titres
en rouge; les rubriques sont en langue arabe. Majuscules rouges,
parfois rehaussées de jaune, ou noires et rehaussées de rouge.
(i), h et 2 sont accompagnés d'un point rouge; la barre de +•-
forme un crochet à gauche; .\ descend au-dessous de la ligne;
la boucle de <^ n'est pas fermée à gauche, mais se termine par
un gros point.
F. 3 (sceau sur cire portant les initiales F D et une croix à
double croisillon). — Chancelier Séguier. — Coislin. — Saint-
Germain-des-Prés .
Invent. : Copte 71.
113
Liturgies grecques, avec traduction arabe. Consécration du
PATRIARCHE [bo/iaïrique) , avec traduction arabe.
1 r. — 16 v. Liturgie de saint Grégoire. 19 r. — 34 r. Litur-
gie de saint Basile. 39 r. — 58 r. Consécration du patriarche.
Ms. de 58 feuillets; 27,5 x 19. xv'' siècle.
Numérotation moderne, 6 feuillets blancs : 17, 18, 35 à. 38.
Fonds Renaudot.
Inveîit. : Copte 86.
BiBL. — Les liturgies, copiées dans le manuscrit grec Regius
3023 et le Rituel de la Consécration du patriarche, d'après
un manuscrit du chancelier Séguier, ont été utilisés par
Renaudot, Liturgiarum oriental iuni collectio, tome 1(1715),
p. 57 à 126, 467 à 490.
MANUSCRITS COPTES. 383
114
Offices pour les défunts {bohairique), avec traduction arabe
2 r. - 13 V. Pour les prêtres. 14 r. - 25 r. Pour les dia-
cres. 25 r. — 39 r. Pour les moines. 39 v. - 46 v. Pour les
moniales. 47 r. — 61 r. Pour les hommes. 61 v — 71 v
Pour les jeunes gens. 72 r. - 79 v. Pour les femmes 80 r'
- 89 V. Pour les jeunes filles. 90 r. - 100 r. Pour les femmes
en couches. 100 r. - 101. Prière sur le tombeau. 101 v -
111 V. Service du troisième jour. 112. — 122 v. Service hui-
tain. 123 r. — 131 r. Prières à dire à la maison du défunt.
131 r. — 140 V. Service pour le quatrième jour, le cent quatre-
vingtième jour et l'anniversaire. 141 r. — 147 v. Psallie pour
les morts, suivie du rituel (arabe) des funérailles
Ms. de 148 feuillets; 32 x 15. Sans date.
Ce manuscrit est coté en copte, de b [feuillet 2J à ^ [133
feuillet 141] ; en chiffres modernes A, B, 1 à 147 avec omission
de 17. Les feuillets 4 et 5, 27 et 28, 49 et 50, 82 et 83, plus
petits que les autres, portent la traduction arabe de pièces dont
le texte primitif est en copte seulement.
Titres arabes en lettres rouges; les titres secondaires sont en
copte et grandes majuscules rouges ou noires et rouges; petites
majuscules rehaussées de rouge en arabe, d), b et e portent
un point rouge dans la boucle. ^ est ouvert à gauche, h est
fermé et z remonte jusqu'à la ligne d'écriture.
Acquis par Vansleb, en 1671. — Regius, 353.
Invent. : Copte 38.
VIll. — HAGIOGRAPHIE
115
Martyre, panégyrique et miracles de saint Georges (bohaï-
rique) .
Ms. de 47 feuillets; 26 x 15. Copie faite en 1837, par Dulau-
ner, sur un manuscrit d'Oxford [Mareschal, n° 23; Uri, Biblio-
thecœ Bodleianœ... Catalogus, p. 1, 1787, n" liv, p. 327].
Le martyre de saint Georges a été publié et traduit par
E. Amélineau : Contes et Romans de r Egypte chrétienne, t. II.
384 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Tout le manuscrit d'Oxford a été utilisé en même temps qu'un
manuscrit de Lord Crawford par W. Budge.
Invent. : Copte 79.
IX. — LEXICOGRAPHIE (1)
116
Préface et Scala de Samannoûdi, Livres des Degrés, avec
traduction arabe.
1 r. — 135 V. Préface et Scala ecclésiastique de Jean de
Samannoûd [bohairique). 139 v. — 216 r. Livre des degrés
(autre que dans le ms. 1 17 ; grec, sahidique et arabe). 218 r.
— 248 r. Autre Livre des degrés [grec, sahidique et arabe).
Ms. de 251 feuillets; 17 x 12. La première partie est datée
(135 v.) de Tan 979 E. M. [1263 ap. J.-C.]. Les deux autres
sont à peu près de la même époque.
Ce manuscrit n'est pas coté en copte.
Au recto du premier feuillet, cachet sur cire portant les
initiales F D et une croix à double croisillon. — N° 5. — 177.
Gaulmin — Reg'ius, 363.
Lnvent. : Copte 46.
BiBL. — Dans son Catalogue des Scalœ, A. Mallon donne la
note de la page 135 v., le titre et le début des deux Livres des
Degrés. — Les pages 170 r. — 171 r. ont été publiées par
Champollion, L'Egypte sous les Pharaons, t. Il, p. 366 à 368,
et par Amélineau, Ln géographie de VÉgypte à l'époque
copte, p. 557.
117
Livre des Degrés, Préfaces, Scal.«, etc., avec traduction
arabe. Analyse sommaire par Woïde.
1 r. — 6 v. Livre des Degrés (Introduction et premier cha-
pitre; acéphale et incomplet). 7 r. — 19 v. fragments du
(1) Le Catalogue des Scalif delà Bibliothèque nationale {codices 116 à 133, 137)
a été publié par A. Mallon dans le tome IV des Mélanges de la Faculté Orien-
tale de l'Université de Beyrouth (1910), p. 57 à 90. La plupart des manuscrits
ont été cités et des extraits en ont été publiés dans son étude sur Une école de
Savants Égyptiens au moyen âge. Mélanges df la Faculté Orientale, t. I (190G),
p. 109 à 131 et t. Il (1907), p. 213 à 204.
MANUSCRITS COPTES, 3g5
même ouvrage. 20 v. - 132 v. Même ouvrage, mutilr.
132 r. — 17o r. Scala ecclésiastique de Jean de Samanuoûd
{sahidique; acéphale). . 175 v. - 178 r. Nombre et numération
{grec, sa/udique, bohairique ai arabe). 178 r. — 190 r. Pi^-
face de Jean de Samannoùd {boliairique, sahidique et arabe).
190 r. — 195 r. Préface du même {sahidique; acéphale). 195 r.
— 226 V. Scala ecclésiastique {bohairique) . 22G v. — 229 r.
Explication des noms des anges. 229 r. — 230 v. Commence-
ment de làPréface de Samannoûdi {sahidique). 231 r. — •^3-> v
Table des matières. 233 r. - 249 v. Vocabulaire {grec, bohai-
rique et arabe). 250 r. - 252 r. Mots français écrits en lettres
coptes et traduction arabe.
Ms. de 258 feuillets; 25,5 x 18. Daté (19 v.) de l'an 1012
E. M. [1296 ap. J.-C] et (170 v.) de 1026 E. M. [1310 ap. J.-C.l.
La pagmation copte a été effacée.
Les principaux titres sont en arabe; quelques litres secon-
daires en copte. Il y a au moins trois écritures différentes et il
manque des feuillets. Au commencement sont ajoutés cinq
leuillets contenant des tables.
Invent. : Copte 43.
BiBL. — Les pages 51 r. — 52 r. (liste de villes d'Egypte)
ont été citées par Champollion, LÉcjypte sous les Pharaons,
t. II, p. 369 à 372, et publiées par Amélineau, La géographie
de VEgijpte à l'époque copte, p. 555 et 556. — Les pages
252 r. — 258 v. ont été publiées par Maspero, Le vocabulaire
français d'un copte du XIIP siècle, dans Roniania, t. \\\\
p. 482-512.
118
Préface et Scala de Saman.xoûdi, Vocabulaire:s.
1 r. — 113 r. Préface (acéphale) et Scala ecclésiastique did
Samannoûdi {bohairique). 113 v. — 128 v. Mots difficiles de
prières liturgiques. 128 v. — 138 r. Mots homonymes
etsemblables. 138 r.— 180 r. Vocabulaire (6o/i«/>7Vy^/e,^/m6e).
180 r. — 186 v. Mots hébreux et grecs de la Bible. 186 v. —
189 r. Noms des villes d'Egypte. 189 r. — 223 r. \ocabulaire
[grec, bohairique et arabe).
Ms. de 223 feuillets; 19 x 13. Daté (223 r.) de l'an 1031 E M
[1318 ap. J.-C.].
ORIENT CIIIIÉTIEN. „-
'oS6 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Ce manuscrit est coté, au verso, de ï [7, feuillet 1] à g\
[230, feuillet •222]. Il manque les six premiers feuillets etl'avant-
dernier [cKej. Division en cahiers de 10 feuillets, cotés par
première et dernière page, avec entrelacs verts et rouges bordés
de noir.
Les diverses parties sont précédées d'ornements en couleurs
(p. 69 verso, une belle composition). Titres en rouge; ma-
juscules en rouge ou en noir rehaussé de rouge. De 180 r. à
186 et de 189 à 223, les mots hébreux et grecs sont en lettres
rouges. Belle écriture.
Saint-Germain-des-Prés. — Supplément nM7.
Invent. : Copte 54.
BiBL. — A. Mallon, Catalogue des Scalœ : débuts des mots
homonymes et des deux « vocabulaires » ; colophon.
119
Vocabulaires.
1 r. _69 V. Vocabulaire {bohaïrique, arabe), le même que
dans le manuscrit précédent, feuillets 138-180. 69 v. — 73 r.
Mots hébreux et grecs de la Bible. 73 v. — 125 v. Vocabulaire
{grec, bohaïrique et arabe), le même que dans le manuscrit
précédent.
Ms. de 125 feuillets; 17 x 12. Sans date.
Ce manuscrit est coté au verso, de k€: [26, feuillet Ij à en
[280, feuillet 125], selon les nombres pairs seulement. Division
en cahiers de 10 feuillets, cotés par première page, avec orne-
ment noir et rouge.
Outre les 12 premiers feuillets, il manque ceux qui étaient
cotés lT ub^, uk à II (remplacés par 3 autres feuillets), c^b,
et ceux qui terminaient le manuscrit.
Titres en rouge. (^, b et z portent un point rouge dans la
boucle, cj) est ouvert à gauche et sa tige coupée par un trait
horizontal ; le a s'incurve à droite ; iv et ^ sont terminés par
un crochet.
Cachet sur cire avec les initiales F D et une croix à double
croisillon. F. 9. — Renaudot. — Saint-Germain-des-Prés, en
1720.
Invent. : Copte 55.
MANUSCRITS COPTES. 387
120
Préfaces et Scal.e, Livre des Degrés, etc., avec traduction
arabe.
1. Préface du copiste [arabe). 1 v. Croix en couleur. 2 r.
— 30 V. Scala ecclésiastique et Préface de Jean de Sainan-
noùd [sahidique). 30 v. — 123 v. Livre des Degrés. 121 r.
— 138 V. Préface d'Athanase de Qoùs [sahidique). 139 r. —
156 r. Même ouvrage (bohairique). 156 r. — 190 v. Préface
et Scala ecclésiastique de Jean de Samannoûd. 190 v. Doxo-
logies de saint ^'ictor et de Piphamon (nict)Auoii).
Ms. de 190 feuillets; 28 x 19. Écrit sur 2 colonnes et daté
(30 r.) de 1105 E. M. [1389 ap. J.-C.].
La pagination ^opte s'étend de b [feuillet IJ à pK^ [feuillet
123], avecjxfe'et Kt. sur un même feuillet; ensuite, elle recom-
mence à A.
Chaque principale division est précédée d'un ornement en
couleurs. Le titre en copte et en arabe, ou en arabe seulement,
est à l'encre rouge.
Gaulmin. — Regius, 341.
Invent. : Copte 44.
BiBL. — A. Mallon, U7ie école de Savants Égyptiens, dans les
Mélanges de la Faculté orientale de l'Université de Beyrouth,
t. l (1906), p. 114. —A. Mallon, Catalogue desScalœ : préface
du copiste, colophon de la page 30 r. ; texte et traduction des
pages 30 v. — 32 r. ; titres des chapitres du Livre des Degrés
début des quatre premiers et du dernier, et texte complet du
chapitre 7 (57 r. — 59 r.). — Amélineau, La géographie de
l'Egypte à V époque copte, p. 556-557 : le chapitre 11 (79 —
80 v.).
121
Préface et Scal.«, avec traduction arabe.
1 — 132 V. Préface et Scala ecclésiastique de Jean de Sa-
mannoûd {bohairique). 132 v. — 135 v. Scala magna, livre
9, chapitre 20.
Ms. de 135 feuillets; 17 x 12. Sans date.
388 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Ce manuscrit n'est pas coté en copte. Quelques feuillets sont
plus modernes que les autres.
Acquis par Vansleb, en 1671. — Regius, 359.
Invent. : Copte 17.
BiBL. — Le feuillet 1 a été publié et traduit par A. Mallon,
U7ie école de Savants Égyptiens, I, p. 120-121.
122
1 — 3 V. Calendrier arabe. 3 r. — 16 v. Psallies acrosti-
ches Aucomi THpov iiinicToc... suivies de la traduction
arabe et Autoiin iiiaaoc.. en l'honneur de saint Antoine.
18 r. — 1 15 r. Préface et Scala ecclésiastique de Jean de
Samannoùd {bohairique , arabe). 145 r. - 149. Hymnes,
sans traduction arabe.
Ms. de 149 feuillets; 15 x 10. Sans date.
Ce manuscrit n'est pas coté en copte.
Les 16 premiers feuillets ne sont pas de la même main que
les suivants.
Cachet sur cire portant les initiales F Det une croix à double
croisillon. — Gaulmin, 23. — Regius, 366.
Invent. : Copte 48.
123
Préface et Scala de Samannoûdi, Vocabulaire.
1 _ 165 V. Préface et Scala ecclésiastique de Jean de Sa-
mannoùd {bohairique, arabe). 165 v. - 173. Vocabulaire.
Ms. de 173 feuillets; 17,5 x 13. Sans date.
Ce manuscrit est coté, en copte, de a à poA [feuillet 173]. Il
manque le feuillet ^. Division en cahiers cotés par première
et dernière page, avec ornement rouge et noir.
Les sections sont précédées d'un ornement en couleurs;
titres coptes et arabes en lettres rouges, j) et 2 portent un point
rouge dans la boucle; c|), ouvert à droite et à gauche de la tige,
en a deux.
Acquis au Caire, par Vansleb, en 1671. — Regius, 361.
Invent. : Copte 49.
MANUSCRITS COPTES. 389
124
Préface et Scala de Samannoûdi, Vocabulaire, avec traduc-
tion arabe.
1 r. — 156 r. Préface (acéphale) et Scaia ecclésiastique de
Samannoûdi {bohdirique) . 156 r. — 164 r. Mots hébreux et
grecs de la Bible. 164 r. — 165 v. Fragment d'une homélie
ou d'une vie de saint.
Ms. de 165 feuillets; 16 x 11,5.
Ce manuscrit n'est pas coté en copte.
lavent. : Copte 52.
125
Préface et Scala de Samannoûdi {bohairique), avec traduc-
tion arabe.
Ms. de 94 feuillets; 18 x 12. Sans date.
L'ordre des feuillets est le suivant : 36-43 cotés kb-ko; 44,
51, 45 à 50, 52 à 94, 1 à35cotésTîr [(41 )J à ^[(140)]; il man-
que les feuillets IIA, or à OH, piA, pK, pKA, pA, pAA ; HA
et RB, ne et nt^sont inscrits sur un même feuillet.
Les principales divisions sont précédées d'un ornement en
couleurs. Titres coptes et arabes, en lettres rouges, cf), b et z
portent un point rouge dans la boucle.
Note descriptive par J. Ascari, sur un demi-feuillet ajouté.
Jnvent. : Copte 51 a.
126
Préface et Scal.e, \'ocabulaire, avec traduction arabe.
1 r. — 111 V. Scala ecclésiastique et Préface de Jean de
Samannoûd {sahidique). 112 r. — 113 v. Mots grecs traduits
en sahidique, numérotation (cojL>^e, arabe). 113 v. — 194 v.
Vocabulaire [grec, arabe). 194 v. — 195 v. Noms de mesure,
expliqués d'après saint Épiphane de Chypre. 195 v. — 226 v.
Mots hébreux contenus dans la Bible, d'après saint Épiphane
de Chypre {hébreu, gi-er, arabe). 227 r. — 232. Scala magna
d'Aboû'l-Barakat (partie des chapitres 3 et 4, d'une autre écri-
ture).
Ms. (le 232 léuillets; 18 x 13. Sans date.
)90 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Ce manuscrit est coté de b [feuillet IJ à c|r [feuillet 92] ; de
pijcv [feuillet 93] à pï.e [feuillet lUJ; de b [feuillet 113] à^
feuillet 226] (il manque les feuillets pi à p7b et pir); enfin de
^ [feuillet 232] à ^ [feuillet 227].
Les principaux titres, en arabe, sont précédés d'un ornement
en couleurs; certains sous-titres sont en copte et en arabe.
Regius, 365.
Invent. : Copte 45.
BiBL. — A. Mallon, Catalogue des Scalœ : début du voca-
bulaire (113 V.).
127
Préfaces et Scal.-e.
1 r. — 5 V. Préface de Samannoùdi (acéphale). 6 r. — 1 1 v.
Préface d'Ibn Kàtib Qaisar. 12 r. — 18 r. Préface d'Aboù'l-
Farag Ibn al-'Assâl. 18 v. — 24 r. Préface d'Al-Qalioùbî.
41 V. Préface d'Ibn ad-Dohairi. 42 r. — 86 v. Sca/a magna
d'Aboù'l-Barakât. 87 r. — 127. Scala rimée d'Aboù Ishâq
Ibn al-'Assâl.
Ms. de 127 feuillets; 30 x 21. Sans date.
Ce manuscrit est coté, en lettres coptes, de h [8, feuillet 1] à
ptiH [158, feuillet 126[. Il manque les feuillets kT, Tg\ kb^ iTôT
AB, An, AH, AH, II, MB à pR, pH, pO, piB, piA à pK et pil.
Titres en rouge. <|), z et ji portent un point rouge dans la
boucle. La barre de t couvre les lettres voisines; b repose sur
une large base; le a est beaucoup plus long à droite qu'à gau-
che.
Don de la Mission du Caire.
Invent. : Copte 110.
128
Préface et Scala ecclésl\stique de Samannoùdi [bohairique).
1 — 116 V. Préface et Scala ecclésiastique de Samannoùdi.
1 16 V. — 208. Mots coptes d'un vocabulaire, par ordre logique.
Ms. de 208 feuillets; 26 x 18. Sans date.
Ce manuscrit est coté en copte et en chiffi-es modernes.
Le feuillet v.v est par erreur placé après et.
MANUSCRITS COPTES. 391
Une colonne est réservée pour la traduction arabe qui ne
figure sur aucun feuillet.
Volume de la bibliothèque de Saumaise, acquis en 1752 par
l'abbé Sallier pour la Bibliothèque du roi.
Invent. : Copte 77.
129
Préface et Scal.e, avec traduction arabe.
1 r. — 2 r. Début de la Préface de Samannoùdî {boha'irique).
•2 r. — 18 V. Srala magna d'Aboù'l-Barakât, à partir du livre
.5, chapitre 2. 10 r. — 1 41. Scala ecclésiastique {boha'irique).
Ms. de 1 11 feuillets; 16 x 13. Sans date.
Ce manuscrit est coté en copte de r (50, feuillet 1) à pur
(feuillet 141). Les feuillets 49 à 138 sont plus anciens que les
autres. Division en cahiers de dix feuillets cotés par première
et dernière page, avec ornement en couleurs.
La partie ancienne est écrite en noir sauf les sous-titres
coptes et quelques majuscules. Mou 15 lignes par page.
Entré à la Bibliothèque pendant le règne de Charles X.
Invent. : Copte 51''.
130
Préfaces et Scal.e.
1 r. — 1 1 r. Préface de Samannoùdi. 1 1 v. — 20 r. Préface
d'ibn Kàtib Qaisar. 20 v. — 28 r. Préface d'Aboù'l-Farag
Ibn al-'Assâl. 28 v. — 38 v. Préface d'Al-Wagîh al-Qalioûbi.
39 r. — 63 r. Préface d'Ibn ad-Dohairî. 64 r. — 127 v. Scala
magna d'Aboù'l-Barakàt. 128 r. — 191 v. Scala riniée d'Aboù
Ishâq Ibn al-'Assàl. 192 r. — 193 r. Notes et fragment de
Scala.
Ms. de 193 feuillets; 22 x 15; 2 colonnes. Daté (192 r.) de
l'an 1352 E. M. [1636 ap. J.-C.]. _
Ce manuscrit est coté en copte, de a à pqB [192, feuillet 191] ;
en chiffres modernes, de 1 à 192, y compris 104'''^ Division en
cahiers cotés par première et dernière page, avec ornement en
couleurs.
Sur la feuille do garde, ornement en couleurs. Les 70 pre-
miers feuillets sont encadrés de noir ou de rouge. Titres arabes.
392 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
en lettres rouges; titres secondaires, arabes ou coptes, en let-
tres rouges, cf) est ouvert à gauche et sa tige coupée par un
petit trait.
Gaulmin, 66. — Regius, 367.
Invent. : Copte 50.
131
Préface et Scal.e.
1 V. Croix en couleurs. 2 r. Page ornée. 3 r. — 13 r.
Préface de Samannoùdî. 13 r. — 20 v. Préface d'Ibn Kàtib
Qaisar. 21 r. — 27 v. Préface d'Aboû'l-Farag Ibn al-'Assâl.
28 r. — 37 V. Préface d'AI-Qalioùbi. 37 v. — 60 v. Préface
d'Ibn ad-Dohairî. 60 v. — 120 v. Scala magna d'Aboû'l-
Barakàt. 120 v. — 177 v. Scala rimée d'Aboù Ishâq Ibn al-
'Assâl.
Ms. de 178 feuillets; 30 x 20. Daté (178 r.) de l'an 1420
E. M. [1704 ap. J.-C.].
Ce manuscrit est coté au verso, en lettres coptes, de H^ [feuil-
let 3] à pu [feuillet 178]. Division en cahiers de dix feuillets,
cotés par première et dernière page, avec ornements en cou-
leurs.
Titres en rouge. ()>, j) et z portent un point rouge dans la
boucle.
Invent. : Copte 103.
132
Préface, Scal.e, Vocabulaires.
1 !■• — 1 v. Alphabet, valeur numérique des lettres, explica-
tion. 4 V. — 8 r. Préface d'Aboû'l-Farag Ibn al-'Assàl. 8 r.
— 12 V. Préface A'ihn Kàlib Qaisar. 12 v. — 17 r. Préface
(leQalioùbî. 1 7 v. — 28 v. Préface de Samannoùdî {Ijohai-
l'ique). 2 1 r. — 'Aij v. Préface d'Ibn ad-Dohairî. 37 v. — .■')3 v.
Préface d'Abou Saker Ibn ar-Hâheb. .13 v. —50 v. Deux Préfa-
ces anonymes. 10 r. — 94 r. Scala magna d'Aboù '1-Barakàt.
94 r. — 129 V. Sca/a rimée d'Aboù Ishâq Ibn al- 'Assàl. 129 v.
— 171 r. Scala ecclésiastique {hoha'irifjue). 171 v. — 172 v.
Liste des évêchés d'Egypte. 172 v. — 173 r. Noms des \(i)pA.
1*73 r. — 178 V. Liste des églises et monastères. 179 r. Note
arabe.
MANUSCRITS CUFTES. 393
Ms. de 179 feuillets; 32 x 22; 2 colonnes. Daté (53 v.) de
1522 E. M. [1806 ap. J.-C.J et (179 r.) de 1523 E. M. [1807
ap. J.-C.].
Titres en rouge. <}> est ouvert à gauche; h est presque fermé,
2 remonte presque jusqu'à la ligne d'écriture; a descendjusquà
la ligne suivante; t| domine souvent la lettre voisine; t couvre
trois lettres, deux à gauche et une à droite; enfin b repose sur
une large base horizontale.
Fonds Asselin. Entré à la Bibliothèque en 1833.
In veut. : Copte 53.
BiBL. — Le folio 37 v. en fac-similé et la Préface d'Abou
Saker ont été publiés par A. Mallon, Une école de Savants
Égyptiens, II, p. 237-258. L'introduction à la préface de Qalioûbî
(12 V., 2'' colonne) et un passage de l'Introduction à la préface
de Ibn ad-Dohairî avaient été publiés et traduits par le même,
ibid., I, p. 127-128.
133
Préfaces et Scala.
2 r. — 27 r. Préface d'Ibn ad-Dohairî {bohairique), acé-
phale. 38 V. — 28 r. Préface {arabe) à la, Scala rimée. 39 r.
— 162 r. Scala rimée d'Aboù Ishâq Ibn al-'Assâl.
lAis. de 162 feuillets; 20 x 11. Daté (28 r. et 162 r.) de l'an
1336 E. M. [1620 ap. .T.-C.|.
Il manque un feuillet au début; les suivants sont cotés en
chiffres de 2 à 27. La pièce arabe n'est paginée qu'en chiffres
modernes. Du feuillet 39 à la fin, autre écriture et nouvelle nu-
mérotation en chiffres coptes à partir de 1 ; division en cahiers
de 10 feuillets, cotés par première et dernière page.
Titres arabes, on rouge ou en noir rehaussé de rouge; titres
secondaires, en noir. La première lettre de chaque division est
rehaussée de rouge et d'argent. Points de division -v rouges.
La seconde partie, de 28 à 162, a été acquise par Vansleb, —
Kegius, 361 (volume entier).
Invent. : Copte 51.
BiBL. — Les feuillets 38 v. — 28 r. ont été publiés et traduits
par A. Mallon, Une école de savants égyptiens, II, p. 216-229.
394 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
134
Fragment de Scala.
Ms. de 8 feuillets, 22 x 16.
Marcel.
Invent. : Copte 151.
135
Original du « Lexicon .I^gyptiaco-latinum ex vetei'is illius
linguœ monumentis siunmo studio collectum et elahoratum
a Mathurino Veyssière La Croze. Berolini, anno ChristiD. N.
MDCCXXI y>.
Ms. de 257 feuillets; 34,5 x 20. xviii" s.
En tête du volume on lit : « Ce qui est effacé en quelques
endroits ne laisse pas d'être bon. Cela est venu de ce que j'effa-
çais après avoir copié au net, de peur de copier deux fois par
mégarde. »
Invent. : Copte 80.
136
Vocabulaire copte avec traduction arabe, grecque et latine
suivant les cas.
1 V. — 20 V, « Spicilegium cojjticum seu aiictarium ad
lexica linguœ copticœ quœ hactenus in lucem prodierunt
congessit Eduardus Dulaurier » : fiches 1 à 1397. 30 r. —
3 V. Glossaire (concordance) de la «Fidèle Sagesse » destiné à
accompagner sa traduction : fiches 1398 à 2019.
Volume de 43 feuillets; 48,5 x 32,5. xix' s.
Les fiches, de i;Tandeurs inégales, sont collées sur les feuil-
lets.
Invent. : Copte 101.
137
Fiches portant chacune un mot copte avec la traduction en
latin et en arabe.
Invenl. : Copte 90.
MANUSCRITS COPTES. 395
138
MÉLANGES DE GiLLEs DE LocHEs suF diverses langues : syria-
que, hébreu, samaritain, arménien, arabe et principalement
copte.
Recueil factice de 187 feuillets cotés 1 à 186 y compris 133'^'\
Invent. : Copte 1 18.
139
MÉLANGES DE GiLLES DE LOCIIES.
I. Varia Coptica. Scala rimée avec traduction française. II.
« Dictionnaire copte-latin avec interprétation arabe et notes
en latin » : copie d'une Préface.
12 + 41 feuillets.
Invent. : Copte 149.
140
MÉLANGES DE GiLLES DE LoCIIES.
A la fin, « Alphabetum yEgipticum, Augustœ Turomun,
1634 », 5 feuillets, suivis de la letti-e d'envoi à Peiresc (6 mai
1634) et d'une autre lettre au même (14 mai 1634). Vient en-
suite un alphabet copte écrit en 1702.
23 -h 23 + 15 feuillets.
Invent. : Copte 150.
L. Delaporte.
LES PAPYRUS GRECS
ET LA CRITIQUE TEXTUELLE DU NOUVEAU TESTAMENT (1)
Pendant longtemps, la critique n'eut à son service, pour la
reconstitution du texte grec du Nouveau Testament, que les
manuscrits sur parchemin et sur papier, les versions et les
citations des Pères. La découverte, sous les sables de l'Egypte,
de documents écrits sur papyrus (2) lui a fourni récemment
un nouvel instrument de travail, instrument des plus pré-
cieux, car quelques-uns des fragments ainsi trouvés nous livrent
sans correction, sans retouche aucune, un texte plus proche des
temps apostoliques que celui de nos plus anciens onciaux. Le
P. Prat, dans le Dictionnaire de la Bible de M. Vigouroux,
art. Papi/rus bibliques, t. IV, col. 2087-2088, et M. Gregory'
dans Textkritik des Nei/en Testamentes, Leipzig, 1900, t. III,
p. 1084-1002, en ont dressé le catalogue : le premier en compte
dix, le second quatorze. M. Cari Wessely, dont la haute compé-
tence en ces matières est connue de tous ceux qui s'occupent
de papyrologie, en a publié et étudié quelques-uns dans la Pa-
frologia OrientaUs de M^'' (Iraffm, Paris, 1007, t. IV, fasc.
2, p. 1 12-150. D'autres ont été savamment reconstitués et édités
par deux érudits anglais, Grenfell et Hunt, dans Oœyrinjncluis
Papijri, 4 vol., Londres, 1898-1908. Il seml)le donc qu'après
(1) Cette étude est un m(>moire présenté au concours d'Écriture sainte que
M. Jlansenot a proposé en lOII h ses élèves de l'Institut catholique de Paris.
Par lit sûreté do la méthode et la précision des n'sultats, elle a mérité à son
auteur un premier pri.x avec mention .spéciale. (Note de la rédaction.)
(2) Pour ce (pii est de la i'abricalion du papyrus, de son emploi et des décou-
vertes récentes, on trouvera des détails intéressants et précis, soit dans la
Pnlrolo'jln Orienlalis de M^'" Grailin, t. IV, p. 90-111 (étude de 31. Cari \Ve.ssely),
soit dans le Diclionnaire dr la Bihie de M. Vigouroux (articles de M. Levesque
et du P. Prat), t. IV, col. 2079 sq., soit dans le Dlctiimar;/ uf Ihc Bible de
Ilastings, extra vol., Édinil.ourg, 1901, p. .'Jô-l.
LES PAPYRUS GRRCS.
?>91
ces divers travaux, le moment soit venu de ji^i'oupor en un seul
faisceau tous ces documents, d'en signaler l'importance et d'en
étudier les principales vaiiantes : c'est le but de ce travail (1).
Dans une première partie, nous dresserons le catalogue des
principaux papyrus intéressant le Nouveau Testament, nous
en indiquerons le gisement, la date et le contenu; dans une
seconde partie, nous étudierons le texte qu'ils reproduisent,
nous en relèverons les leçons propres, les autres nous les com-
parerons avec celles des manuscrits onciaux : cet examen nous
permettra de faire rentrer les papyrus dans la classification
des anciens textes du Nouveau Testament proposée par M. Her-
mann von Soden.
I. _ NOMENCLATURE DES PAPYRUS ORECS DU NOUVEAU TESTAMEXT.
pi, auparavant T% désigné par von Soden sous le sigle s 01,
a été découvert en 1897 à Belmesa, l'antique Oxyrliynchus, sur
les limites de la Libye, par Grenfell et Hunt. Reconstitué et
publié par eux dans O.njrhynchus Papijri, I, p. 4-7, il a été
publié à nouveau et étudié par Cari Wessely dans la Patro-
logia Orientalis de INF'Graffm, t. IV, p. 1 12-141 (2).
L'original se trouve maintenant à Philadelphie, Musée de
l'Université de Pennsylvanie, Oxijrhijnchus papyri, 2.
Suivant l'opinion de Grenfell et Hunt, il date du commen-
cement du IV'' siècle et plus probablement même du milieu du
111% ce serait donc le plus ancien vestige du Nouveau Testa-
ment grec.
Ce fragment ne faisait point partie d'un rouleau, mais d'un
codex formé de feuilles pliées en deux : dans son entier il
contenait quatre pages; de la première, il ne reste presque
rien, trois mots inachevés placés au début de trois lignes; il
est impossible de les rattacher d'une façon sûre et précise à
(1) Nous adopterons, comnie plus siaiplo, la notalion établie par M. Gre^ory
dans TevlknlU.- ■ I", P-, V', etc. Nous rappellerons à l'oc.-asion celle qu il donne
dans ses Prolegamena, Leip/.ig, 1881 : T», Tn T', etc., et aussi celle qu'a inventée
M. von Soden : e 01, s 34 etc. M. F. G. Kenyon a lui aussi un système spécial de
sigies mais il est moins connu, c'est pourquoi nous n'en dirons rien. CL Ihuui-
book \o the (extual rriUcism of t/ic Xcw Testamenl, Londres, 1901, P- 30-oH
(2) On trouve.-a .'.gaiement dans la Palro(o!/la Urienlalis un fac-simile du docu-
ment tiui nous occupe, t. IV, fasc. -', l'I. 1.
398 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
telle ou telle partie du texte sacré. De la deuxième page, il ne
reste absolument rien. La troisième page, numérotée a, est la
première de l'Évangile selon saint Matthieu et correspond à
I, 1, ^ithoq... £Ycvv/;a£v, 9 -f- 12 : elle compte vingt-neuf lignes
de vingt-six à trente lettres chacune ; les vingt-trois premières
et la vingt-cinquième sont bien conservées, des autres il ne
reste presque rien et il est impossible de les reconstituer avec
quelque certitude. La quatrième page, numérotée 3, est la
deuxième du texte de saint Matthieu et correspond à i, 14, tov
cacwx... sffTiv aYt...21 ; elle compte vingt-cinq lignes, dontquinze
sont bien conservées, les dix dernières sont très mutilées.
L'écriture de ce fragment est une onciale assez petite, avec
des tendances vers la cursive. A part quelques exceptions, on
n'y rencontre ni signes de ponctuation, ni accents, ni es-
prits. En revanche, on y remarque des apostrophes après quel-
ques noms propres, la diérèse sur le yod initial et des contrac-
tions assez fréquentes. Ceci, du reste, se retrouvera dans tous
les papyrus que nous allons étudier.
P", coté par von Soden ; 020, a été publié par E. Pistelli,
Papiri evangelici, dans Studi religiosi, Florence, 1906, t. VI,
p. 129-140; il se trouve actuellement à Florence, au Musée
archéologique (1); il date du v'' ou du vi* siècle : il comprend
sur le verso un fragment grec de saint Jean, xii, 12-15, et sur
le recto un fragment sahidique de saint Luc, vu, 18 sq.
P3, auparavant / 348 (c'est-à-dire lectionnaire 348), a été
apporté du Fayoum à Vienne par Théodore Graf et publié par
Wessely : Evangelica Fragment auf Papyrus dans Wiener
Studien, Vienne, 1882, t. iV, p. 198-223, et 188.J, t. VII, p. 69-
70. Il a été décrit par le même savant : Papyrus Erzherzog
Rainer. Fu/irer durch die Austellung, Vienne, 1894, p. 129,
n. 539. C'est une feuille unique d'un lectionnaire, en écriture
cursive datant du vi'' siècle. Il se trouve maintenant à la Biblio-
tlièque impériale de Vienne, dans la collection de l'archiduc
Rainer, sous le n. 8021. Il contient : Luc, vu, 36-43 et x, 38-42.
P^, auparavant / 943, dans la notation de \on Soden i 34, a
été découvert au cours d'une mission du P. Schcil en Egypte,
(I) Malgré de longue-s refhorclios, nous n'avons pu nous procuivr le texte de
ce papyrus; par suite, il n'en sera point parlé dans la seconde partie de ce
travail.
LES PAPYRUS GRECS. 309
près de Coptos, en 1891 : il a été déchiffré et édité par le même
savant, d'abord dans la Revue biblique, 1892, t. I, p. 113-115,
puis dans \q^ Mémoires de la mission archéologique française
au Caire, Paris, 1893, t. IX.
11 se trouve maintenant à la Bibliothèque nationale (Supplé-
nent grec, 1120). On le date du iv^ siècle.
Ce papyrus, qui devait à l'origine faire partie d'un évangé-
liaire plus complet, comprend un feuillet et deux fragments :
le feuillet porte au verso cette suscription : suav-eXiov y.aTa
ixa66aiov. Son texte, assez bien conservé, sauf une lacune, v, 34,
35, correspond à Luc, v, 30, ^sivexe... zpiOsaswç, vi, 4. Les
deux fragments sont plus endommagés : du premier qui con-
tient : Luc, v, 3, -^pwrriasv... aTrejxou, V, 8^ il ne reste que les der-
niers mots, parfois les dernières lettres de chaque ligne. Dans
le second fragment, au contraire, Luc, i, 75, XaTpsueiv... ep-q[t.oiç,
I, 80, c'est le commencement des lignes qui est épargné. Le
document est écrit en capitales grecques avec les abréviations
communes. Signalons-y deux particularités graphiques : la
ponctuation varie suivant la triple position du point, la plus
longue pause étant marquée par le point en haut, la moindre
par le point en bas. Les alinéas sont reconnaissables au trait
horizontal qui en souligne le premier mot, ce mot déborde
alors sur la marge.
P^, auparavant T\ et pour von Soden z 02, a été trouvé au-
près d'Oxyrhynchus en 1899. Grenfell et Hunt l'ont reconstitué
et publié dans Oxyrhynchus Papyri, II, 1899, p. 1-8. Wessely
l'a réédité dans la Patrologia Orientalis, t. IV, p. 142-
144 (1). Il est à présent à Londres au British Muséum, Papyrus
782, Oxyrhynchus 208. 11 date du m" siècle, suivant Grenfell,
Wessely, Ulrich Wilcken et Kenyon; du nf ou du iv% sui-
A ant Gregory.
Ce papyrus est une feuille de codex pliée en deux et formant
par suite quatre pages. La première page (verso) n'a guère que
le commencement de chaque ligne; elle contient : Jean, i, 23,
cyto ©covY]... -/iAOov £70), 31. La page 2, écrite sur le recto, n'a
que la fin de chaque ligne; elle contient : Jean, i, 33, y.avw oj/....
(1) Cf. description de ce document {tar M^'' Bludaii, Papy rusjray mente des
neuleslamenUichen Textes, dans BilUsche Zeitschrlft, 1900, p. 3U.
400 REVUR DE l/ORIENT CHRÉTIEN.
axoAcuO-/](TavTO)v, 40. La page 3, correspontlant à Jean, \x, 11,
!j.v/;(j.£tw... TTpcç Tov Tcpa, 17, n'a que quelques letlres au début
de chaque ligne. La page 4, écrite sur le verso, n'a que la fin
des lignes; elle renferme : Jean, \x, 19, i^ç y.yn z7--q... -z-i
TUTcov, 25. L'écriture de ce papyrus est une onciale arrondie,
de moyenne grandeur. On y remarque les contractions ordi-
naires et de nombreux exemples de diérèse. La pause n'y est
marquée que par un espace blanc de la largeur de deux à trois
lettres.
On a reconnu sur ce document les chapitres i et xx de saint
Jean : il est très probable que, dans l'intérieur de ces quatre
pages, étaient intercalés d'autres feuillets (25) contenant les
18 chapitres manquants; si cette conjecture était fondée, on au-
rait là le plus ancien fragment de livre sur papyrus.
P6, auparavant T% coté s 027 par von Soden, a été publié
parGregory, Textkritik des Xeuen Testaments, t. III, p. 1085.
Il se trouve à Strasbourg, Bibliothèque de l'Université, Papyrus
Coptes, n° 351 r et 335 v. Il ne comprend qu'un verset de
saint Jean, xi, 45, écrit sur trois lignes, sans ponctuation, ni
accent.
P^ siglé £ 11 par von Soden, se trouve à Kiev, Académie
ecclésiastique, Musée archéologique, n" 152 (1). Il ne contient,
à la fin d'une homélie ou d'un commentaire, qu'un fragment
insignifiant de Luc, iv, 1, 2.
P^ auparavant i% noté a 8 par von Soden, a été découvert
en 1903, et publié en 1909 par Gregory, Textkritik, t. III,
p. 1087-1090. Il se trouve maintenant à Berlin, Musée royal,
section égyptienne, n" 8683. Il date du iV^ siècle. Il se compose
d'une feuille pliée en deux et contient un fragment assez im-
portant des Actes. La page 1 comprend : Act., iv, 31", s^Xy;-
aÔYjaav ..^. sOyjxcv, 37. La page 2 contient : Act., v, 2", svevy.a; ....
7uv£u[;,a, 7.U, 9. La page 3 comprend : Act., vi, 1", ;j.aO-/;Twv
zpoa£u;a[;,Evoi, C. La page 4 renferme : Act., vi, 8, ouvat^.soj;
.... y.xQe^o.asvîi, 15. Les deux premières pages sont bien conser-
vées, sauf la fin qui manque presque totalement; les deux der-
nières sont plus endommagées.
(l) Sous le même numéro se trouve un papyrus, dont le texte n"a p.is été dé-
chiffré encore, mais qui paraît reproduire quelque chose du sermon sur la mon-
tagne.
LES PAPVRriS flRRCS. 401
L'écriture de P« est l'onciale ordinaire, plutôt petite : on y
fait usage des abréviations communes et de la diérèse : les
fautes d'orthographe n'y sont pas rares.
La page 2, nous l'avons vu, finit au verset 10 du c. v
et la page 3 commence avec le c. vi : il y a donc, entre les
pages 2 et 3, 32 versets omis (v, 10-42) et par suite il devait y
avoir originairement, intercalé entre les pages 2 et 3, un feuil-
let plié en deux, semblable à celui qui nous reste et qui con-
tient juste 32 versets.
P9, trouvé à Oxyrhynchus par VEgijpt exploration fund,
et noté a 1009 par von Soden, a été lu, reconstitué et publié
par Grenfell et Hunt dans Oxijrliijnchus papyri, 111, p. 2-3.
L'original est conservé à Cambridge (Massachusetts), Uni-
versité de Harvard, Oxyrhynchus papyri, n° 402. 11 date
du iv^ ou du V- sjècle. Sur le recto, il renferme six lignes :
1 Jean, iv, 11, o 6ç xa-piasv.... otuTC'j T£TcX£tw|j,£v/;, 12. Le verso
contient 11 lignes : I Jean, iv, 11, azsaxaXxcv .... tstsXei»-
Tat, 17.
L'original de P^' est écrit en semi-onciale pure : le texte osl
exlraordinairement corrompu, et porte la marque d'une ex-
trême négligence de la part du copiste; on trouve, par exemple,
TaTîpiaev pour r,-[i--qc;-v , xcvsiv pour tov 6éov, -/O; pour^ Ôç.
Pio, auparavant T" p""', désigné par von'Soden sous le sigle
a 1020, a été découvert à Oxyrynchus par VEgypt explora-
Hon fund; Grenfell et Hunt l'ont reconstitué et publié dans
Oxyrhynchus Papyri, I, p. 8-9. Wessely l'a réédité dans la
Palrologia Orientalis, t. IV, p. 148-150. L'original se trouve à
Cambridge (Massachusetts), Université de Harvard (Oxyrhyn-
chus papyri, n° 209).
On le date ordinairement du commencement du iv^ siècle :
au bas du document se trouvent, en effet, deux lignes de cur-
sive qui remontent à cette époque et, en outre, ce papyrus a
été découvert avec un contrat daté de 31G.
Dans la marge supérieure (1) on lit la lettre x (comme
(1) Cf. pour la description Ms"- Bludau dans Biblischc Zeilschrifl, 1906, p. 33,
et von Soden, Die SckrifLen des Neuen Testaments. — On trouvera des fac-similés
de ce papyrus dans A. Deismann, Licht vom Osten das Nnœ Testament, Tubin-
gue, 1()09, p. 171, et dans la Palrologia Orientalis, t. IV, fasc. 2, p. m.
OlilENT CHRÉTIEN. 26
402 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
dans Pi); puis viennent onze lignes très longues, contenant
le commencennent de l'Épître aux Romains, i, 1-7. Le texte
est bien conser\^é : l'écriture est une onciale grande, mais
assez grossière : c'est très probablement un exercice d'éco-
lier, la maladresse de l'écriture, les deux lignes de cursive
ajoutées sans aucune liaison avec ce qui précède, enfin les
nombreuses fautes d'orthographe tendraient à le prouver.
Dans le même papyrus, au verso, on trouve, écrits par la
première main, deux mots n'ayant pas de relation avec ce qui
précède, ni même de sens bien précis : Tr(...)c7-o azccToXo;.
pu, auparavant Q"="", noté 0' par Trégelles et a 1020 par
von Soden, est encore appelé parfois : Porfirianus Chiovensis,
parce qu'il fut trouvé en Orient parl'évêque de Kiev, Porphyre
Uspensky. Collationné à Saint-Pétersbourg en 18G2 par Ti-
schendorf, il fut édité par lui dans un discours intitulé : Grie-
chische Palàographie, prononcé à Halle au mois d'octobre
1867, et publié dans Verhandlungen der 2o Versammlung
der deutschen Philologen mid Schubnanner in Halle, Leip-
zig, 1868, p. 44-45. Il se trouve actuellement ù Saint-Péters-
bourg à la Bibliothèque impériale, CCLVIII. Tischendorf et
après lui Gregory le datent du v'' siècle.
Il comprend (1) cinq fragments de la I" aux Corinthiens :
I, 17, Acvwv ïva \}:(] cruv^'^rriT, 20; VI, 13, -i (14) o -^
V'ù^-rr/y £, 15; vi, 16, 7.caXw[;.£voç.... ve? 18. Ceci est sur le recto;
au verso quelques lettres paraissent rester des versets qui sui-
vent : VII, 3, 4; vu, 10-11. Ces fragments sont ordinairement
écrits en onciale assez grande; au verso, il y a quelques mots
écrits négligemment en minuscule : le texte, du reste, est très
endommagé : aucune ligne n'est sauve, souvent il n'y reste que
quelques lambeaux de mots; aussi la reconstitution est-elle
difficile, incertaine et par suite de peu d'utilité pour la critique
textuelle.
P'-, auparavant i\ siglé x 1033 par von Soden, a été trouvé
au Fayoum en 1897. Il a été lu, reconstitué et publié par
Grenfell et Hunt dans riie Amherst Papijri, Londres, 1900,
t. I, p. 28-30. Il se trouve actuellement dans la collection de
1. Cf. pour la description : Groeory, Tejctkrilik, t. I, \). 119.
LES PAPYRUS GRECS. 403
lord Amherst à Didlington Hall (Norfolk). Il est écrit des deux
côtés : le verso contient un passage de la Genèse, i, 1-5, de la
version des Septante : l'écriture onciale date du commence-
ment du IV" siècle. Sur le recto, on lit une lettre envoyée de
Rome et qui a dû être rédigée au uf siècle. Enfin au-dessous
de cette lettre, il y a trois lignes d'écriture onciale remontant
au m" ou au iv' siècle et correspondant au T' verset de TÉpî-
tre aux Hébreux : le texte est assez bien conservé. Nous avons
donc ici un exemple de papyrus ayant servi une première fois
(sans doute pour la lettre de Rome), employé ensuite par
économie pour recevoir d'autres copies toutes différentes.
Pi3, auparavant T^ p«"\ coté a 1034 par ^ on Soden, a été trouvé
a Oxyrhynchus en 1904 : il a été lu, reconstitué et édité par
Grenfell et Hunl dans Oxyrhynchus papy ri, Londres, 1908,
t. IV, p. 36-48. Il est maintenant conservé à Londres, Britisli
Muséum, Papyrus 1532. Oxyrhynchus papyri 657. Il date de la
première moitié du iv'' siècle, peut-être du premier quart.
C'est le plus long fragment du Nouveau Testament que nous
possédions sur papyrus : il donne le tiers de l'Épître aux Hé-
breux en onze colonnes numérotées. Les quatre premières
colonnes (;j,C, \j:q, ij,6, v) correspondent à Hebr., ii, 14, xaTapY'';^-')...
0 XaX-r]c7aç, v, 5. Sauf la dernière colonne qui est très endomma-
gée, les autres sont assez bien conservées. Mais après cela nous
perdons 11 colonnes de suite, de la colonne v nous passons
à ^^ et en môme temps le texte saute du c. v, 5 au c, x, 8,
-poaçepoviau Les quatre colonnes qui viennent après, se sui-
vent encore et vont jusqu'à i-i -r^ç ^n^, xi, 14. Les colonnes 5 et
7 sont bien conservées; des col tnnes 6 et 8 il ne reste que les
premiers mots de chaque ligne. Après la colonne 8, il manque
une colonne entière et du verset 14 on passe au verset 28. Les
trois dernières colonnes se font suite et vont de xi, 28,
•^pwTo-cy.a... à sjXoviav, XII, 17. La dixième colonne est très bien
conservée, la neuvième l'est moins bien et de la onzième il ne
reste presque rien. Il est évident, par le numérotage des colon-
nes, que nous possédons des fragments d'un codex assez impor-
tant qui contenait l'épître entière et davantage encore, peut-
être tout le Nouveau Testament.
L'écriture est l'onciale du type ovale avec quelque chose d'ir-
régulier. Les quelques corrections que l'on y remarque sont de
404 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN'.
la main du copiste primitif. En fait de ponctuation, il n'y a
que les deux points qui semblent correspondre à une ancienne
division en ^-â'/^u L'orthographe fait la confusion alors commune
entre i et s-., s et at, u et oi (itacisme).
P'S auparavant ^^''• p'"', que von Soden a coté a 1036, a été
trouvé dans la reliure d'un volume par Rendel Harris et publié
par lui dans BiblicMl fragments from. Moinii Sina'i, Londres,
1890, n" 11, p. 51-50. Il est actuellement conservé au Sinaï,
couvent de Sainte-Catherine; il date du V siècle. Il contient
quelques passages de la première Épître aux Corinthiens, i, 25-
27; II, 6-8; m, 8-10, 20.
II. — NATURE ET VALEUR DU TEXTE QUE CES PAPYRUS
REPRODUISENT.
Après avoir ainsi étudié extérieurement les papyrus du Nou-
veau Testament, il nous reste à examiner le texte qu'ils repro-
duisent. Ce texte, il est facile de le remarquer, présente une
quantité de variantes sans importance, fautes d'orthographe,
itacismes et autres menues divergences qui n'iraient qu'à
surcharger et obscurcir ce travail : nous les négligerons
complètement; nous ne relèverons que les leçons ayant quel-
que importance, ou bien parce qu'elles seront nouvelles, ou
bien parce qu'elles serviront à rapprocher le texte en question
de tel ou tel manuscrit déjà connu, ou bien parce qu'elles
seront caractéristiques de l'une des recensions si doctement
établies par M. von Soden dans Die Schnften des Neiœn Testa-
ments, 3 vol., Berlin, 1902, 1907, 1910.
pi n'a que deux variantes nouvelles : il omet tou devant
cupiou, Matth., i, 0, et aulevant Ysvsat, 17. Par ailleurs, il s'ac-
corde avec A seul pour supprimer tcv devant loî-r^s, 16.
Pour le reste, P^ se rapproche incontestablement de n et
surtout de b (!)• H s'accorde avec ce dernier pour l'orthographe
de presque tous les noms propres : '.jaxv.. 2, rapz, :'>, '^zi:.. •), uo5-^c,
5, ac73:5, 8, :r3'.a;, 9, etc. En OUtre, il omet, 6, z ^x7<1vj:,
après L-Jiz 2s, comme x et b contre CEKLMSU. H omet encore
yap après ;j.vr,7T£jO£'.7r,ç, 18, comme xBCZ contre nC*EKLMSUV.
(1) Cf. Pulrolu;/ia Orienlalh, Paris, U)08, t. IV, p. 111. l'. G. Kenyon, Ilund-
book lo Ihe Ic-iiual crilicism nf Ihe Nrtc TeslameiU, Londres, I!KJi, p. 37.
LES PAPYRUS GRECS. 405
Enfin, il écrit osr/ij.aTsiTa'., 10, comme nBZ, au lieu de r,y.^yZti'(]ja-
Twar, que donnent n'CEKLM. En somme, P' ne diffère de b que
pour l'orthographe de quelques mots et cette divergence peut
très bien s'expliquer par la faute des copistes. Il est donc
permis de le regarder comme un bon représentant de s.
Ce fait acquis nous donne déjà une indication précieuse pour
le classer dans les recensions de von Soden. Car le Vaticanus
B est, suivant l'illustre critique, un des meilleurs textes de la
recension h, ^ite par Hézycliius à Alexandrie vers le milieu
du m'' siècle. Toutefois, étant donné sa date d'origine, P' pour-
rait être un témoin de |HK, le texte antérieur aux recensions,
mais nous n'y avons remarqué aucune des leçons données par
von Soden comme caractéristiques de ce texte. Il faut donc
écarter cette hypothèse et ranger définitivement P" dans la
recension h (l). De fait, il a de cette recension la tendance très
marquée à supprimer le plus possible les mots inutiles : omis-
sion de l'article, 6, 16, 17, de vap, 18, de c lia^iAsu;, 6; il en a
de plus quelques leçons : il écrit io)6y;B, .j, avec H et I contre
0)5-00 de k; t^vsju, 18, contre y-wy;!',; de k; h-^;, 5, contre gssi;
de K et i3::; de | ; csiYiJ.atEija'., 19, contre ::apa3£iYiJ.x'ctaai de K.
P3 a une variante spéciale : Luc, vu, 40, il porte y.ai aTri/.p'.Osiç
v-vi z T: zp:ç ajTov, tandis que l'on trouve ordinairement :
Les autres variantes de P^ correspondent exactement au
texte de n et b (-)• vu, 37, -.-uvr, rr.i; -^v est mis avant vt ir, -o\z<.
comme dans nBLZ, tandis que APXFA le rejettent après;
•/.aTa/.E'.Ta-,, comme dans naBDLX, au lieu de avay.îujci, dans
EGHKMPS; 38, czi-w après crTaaa, comme dans kBDLXA, tandis
que AEPGHK le mettent après zapa -o-jq-oZxç auisj; -ziç cay.puaiv
avant r,pzx-z, comme dans nBDL; ^Uv-A'^'f, comme dans
N*ADLX, au lieu de iU[j.x:!7v> que l'on trouve dans x'BPr; 1(»,
c'.sa-y.aAE zi-i y^criv, comme dans nbiL, à rencontre de PXTAA
qui placent çr^ziv après z zi ; 43, 7i;j.ojv sans article, comme dans
d' Cf. II. von Soden. Die .sr/tri/len, p. Wo. ]j'>^ iiivniior.s odileurs et, à leiii'
suite, Gregory, tiennent ce texte comme anté.vyrien et non occidental; cf. Tt^xl-
li)-itik, t. I, p. l'I.
(2) Cf. M""' Hhidau, Paijyvusfrarjmenle des neu/es(ametiUichen Texlh, dans Bi-
lilische Zci'silirifl, I90G, p. 30. Gregoiy avait reconnu dans ce frngmenl ■• un
bon texti' ... Te.rlkri/if;. 1. 1. p. 117.
406 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
KBLfl, à rencontre de ADPXAAX; x, 38, ew ty]v otxiav, comme
dans nCLI, tandis que ADPTA portent e^ xov oixov; 39, Tcapaxa-
Geaôeiaa comme dans KABC'L, au lieu de Ti:apa%a6x7ac7a que
donnent CDPTA; xooaçxou/.u, comme dans xB*C*DL, au lieu de
-su vj que donnent AB^C-PPAA. I^e même, au v. 41, il y a substi-
tution de iq à /.ç dans les mêmes manuscrits. Ce verset porte
encore 8cpu5a;-/] comme dans nbCDL, au lieu de TupSa^v) que
donnent APFAA; oX'.vwv os eau ypsia -^ svc; comme dans C'"'L 1,
33, 38; B porte -/peu stti et k* omet -/psia -^ cvi:;; 42, az auz-qq
comme dans iVACPF, tandis que n*BDL omettent a-.
Outre cette parenté avec x et b, parenté qui le rapproche déjà
de la recension h^ P"^ fournit encore quelques leçons spéciales à
H : VII, 38, il écrit s^sy.arev au lieu de s^si^.aaasv ; 40, Tpoç auTOV
eiTîSv au lieu de sittsv ■^po? auTCV ; X, 40, [xoi ajvavTiXaSïjTai au
lieu de \j.o'j avuXacexs.
P^ présente trois variantes nouvelles : Luc, v, 3, cXiyov ce
•/.a6iaaç au lieu de cXr.'ov xaGiaaç ce que donnent NBLQj ou y,at
xaôiaaç que donnent ACDRAA; sotcaay.ev s/, tcj -Xcicu, au lieu de
£7. TCJ -jtXcii'j £0i5aa-/.£V de B5 ^^ "fw -Aolo) de aOj ^"ï^o TO'J TcXotou
de aCLQRXA; Luc, i, 76, au oe, au lieu de xai au Se que Ton
trouve dans nBCDLR» ou y.at au dans aO-
Ce papyrus représente (1 ) b d'une façon très sensible (omission
de 5 avant te, Luc, v, 31, comme dans B, à rencontre delà plu-
partdes manuscrits; 33, omission de oiattcommedans NBLàl'en-
contrede x* ; 35, omission de -/.ai avant -ote, comme dans BADEHK»
à rencontre de nFMA; 37, 0 g-.v;; c vssç, comme dans BCDLMR.
à rencontre de o veoç civo? dans aEFHKS (^< omet 0 vccç); 30,
omission de xai, comme dans b; omission de £u6eo)ç, comme
dans nbCL contre AC^RXrivi, 1, omission de 0£UT£pî7:p0TO) comme
dans nBL> contre ACDEHKMRSUV; rejet de tou; ata^uaç après
£aetsv, comme dans BC*LR> au lieu de £t',aXov ce [j.aO... tcu;
aTa)ju:<ç •/.xuaôr.cv que l'on litdans naC'^L ;*2, omission deauiciçaprès
£n:cv, comme dans nbC*LX à rencontre de aC^RTA; omission de
■::c',£iv après £;£aTiv comme dans BCDR, à rencontre de naLXTA;
omission de £v comme dans BLRU à l'encontre de aCXTA;
3, ~pzq auTcu^ ci-£v i; se trouve seulement dans b; -"î? comme
dans BCDLX, au lieu de 07rc-£ dans AEHKMRS; omission de
(i) U-' Bludau, Biblische Zeilschrift, 1906, p. 20.
LES PAPYRUS GRECS. 407
cvTsç comme dans nbDLX h rencontre de aCRFAA; U omission
de w? comme dans bd ^i rencontre de n*aCEHKM; v, 8, toi?
yovaatv au lieu de auTou toi; TTcaiv de D; t'J comme dans nBEHKS
au lieu de tcu w que l'on trouve dans ACPLM ; U 75, -jzaaai; r^i^e-
pai; -^[-(-wv comme dans BL au lieu de r.x^jx'.q xai; rdJ.spai; rr;: Cwi?
•r;[j,o)v que l'on trouve dans naCD-
P^ est donc à rapprocher de B- Par suite, selon toute vrai-
semblance, il se rattachera à la recension H- De fait, la plupart
des variantes que nous venons de relever sont surtout des
omissions de mots; or, nous l'avons dit déjà, c'est là une
des caractéristiques de H- De plus, P* présente un certain nom-
bre de leçons propres à cette recension (1) : i, 75, il amet r^;
'Çiù-qq -riij.wv que l'ou trouve dans k; v, 3, il a ex tou ttacisu au lieu
de a-o Tcj -hoic'j de k; 35, il écrit v^aTsuo-jcriv au lieu de vr;(TT£uao'j(jiv
de k; VI, 1, il omet cz-j-zpzzpz-ii). Les seules divergences que
l'on puisse relever viennent soit de l'induence des passages paral-
lèles, soit de l'orthographe : i, 76, addition de tcj -/.j; v, 3,
c5i5affy.£v est mis avant zv. tcu tcaoioj ; 1, on lit ya'Aajat au lieu de
yaXaaaTs ; 31 , ajTivau lieu de Tj-o'jç ; 33, lojavo'j au lieu de Io)avvou ;
37, prf.'vucri au lieu de p-o;s'..
P^ n'a qu'une leçon nouvelle : Jean, i, 37, ot cuo [xaôr^-ai au
lieu de a ojo [^.aO-OTai a'JTi'j de aSC, -'• 5ji «utou [j.aOrjTai de C*LTX
et auTcu :-, cuo ;j.a6-^Ta', de AC^PPAA-
Le texte de ce papyrus s'accorde en général avec }< et lors-
qu'il est en désaccord avec k il s'accorde avec B {-)? ^^^^ il ii'est
pas toujours facile de faire la comparaison d'une façon sûre
et précise à cause du très mauvais état du document (3). Notons
cependant quelques détails : i, -2-1, la suppression de l'article
devant «-^ttxaij.svci concorde avec xABC contre n*a*C*X; 25,
omission de -/.a-, zizt/ x'j-m, variante corrélative de celle que l'on
trouve dans n : /.ai -^poi-r^dav auTov; c'est probablement le résul-
tat d'une collation de textes dilTôrenls; 26, uo^wy;? contre
u.)av/;ç de b; omission de oz après [j.iao; comme dans^<BCLT;
27, s'accorde avec nBCL pour supprimer auto; sa-riv après o-.Baxs
(1) Cf. II. von Soden, Die Schriften, p. 998.
(2) Patrologia Orienlalis, t. IV, p. 148. — F. G. Kenyon, Handbook lo the lexlual
rrilicism..., p. 37. — Grenfoll et Hunt y reconnaissont un bon texte, Qxyrhynrhvs
Papyri, II. 18119, p. G.
(3) Gregoi-y, Texikrilik, t. 111, p. 1080.
408 REVUE DE lVjRIENT CHRÉTIEN.
et zq £iJ.7:poae3v [xcj y^Y^^ev que donnent aC^XT; omission de
eyo) après zi\jx comme dans nCL contre btx; 28, (3r<6avia
comme naBCEF contre |3-^6a6apa de C'KTU; 30, u-sp comme
dans K*BC au lieu de zepi dans AC-LP; 33, ev uoan sans article
comme dans x; 34, s v/Xv/.xzq comme dans n, 77, 288, au lieu
de 0 utsç de n' , c, f, 1, q. Ce mot t/Xiy.xoq est effacé, mais le mot
utcç (uç) serait trop court pour combler l'espace vide et l'expres-
sion £X£y.T2ç u; serait trop longue; 38, £piJLriv£jo[jL£vov comme
dans NPTAA contre [j,£9£p|j,Y)v£jc|j.£vcv de n'^ABCLX; xx, 14, lauTa
sans copule comme dans xABDSA contre y.at -auxadans egKM;
20, sÎEi^Ev... 'âX£jpav ajTci; comme dans nABDI contre £5£i^£v
auTci;... -A£upav auTCu de EGKLMSUXî 21, cx£ ouv yjXOev tç £A£yov
auToj ot [j.aôr^-ai absolument comme dans x qui place cuv après
0T£ et supprime oùXzi avant p.aÔYjiau On remarque cependant çà
et là quelques divergences avec n, mais alors il y a ordinaire-
ment accord avec B ; i, 38, on lit £i-av avec bC contre kALPX;
39, ;(|/£j8£ comme dans BCLT au lieu de t2£T£ dans xAPXTAA-
Du reste, n et B font l'un comme l'autre partie de la
recension H. Le papyrus P'^ se rattachera donc à cette" recen-
sion (1), à laquelle il ressemble par la fréquence des omissions
(on en pourrait relever de très nombreux exemples dans la
collation abrégée que nous venons de faire) et dont il repro-
duit au moins deux leçons caractéristiques : i, 25, z'jzi avant
0 -po5£-Yiç, et 1, 30, u-sp au lieu de -ipi.
P^ contredit tout à la fois n : il a, Jean, xi, 45, ouv au lieu de
c£ après -oAAii; b • il porte a, l'article pluriel neutre, au lieu de
0 l'article singulier (2), et d : il porte ci £aGsvx£ç au lieu de xwv
£A6ovTa)v et e£aaajj,£vct au lieu de £opay.s-:£;. Par contre, il cadre
complètement avec le texte reçu, on peut donc le regarder
comme un représentant de la recension k ou /.civy; (3).
P", très court, comme P", a encore moins de leçons carac-
téristiques que ce dernier : on le rattache ordinairement au
manuscrit b et à la recension h (4).
P^ est plus long, par suite plus intéressant et plus important.
(1) Cf. von Soden, Die Schriffen, p. 995.
(2) Cf. Gregory, Texlkrilik, t. III, p. 1085.
(3) Cf. von Soden, Die Schriften, p. 2144, 2L61.
(1) Cf. von Soden, Die Schriflen. p. 997, 2164.
LES PAPYRUS GRECS. 409
Il présente quatre leçons particulières : Act., iv, 33, to ij.ap-
Tjpiov Cl aKCTTCAcr, -qq 3cvac7T3;cr£0); to'j xu ^j" 36, tj.s6r(pvc'jc;j,£vcv au
lieu de £p;xr,v£'j3;j,£vcv de B et iJ.£0£piJ.-/;v£uo[x£vov des autres ma-
nuscrits; V, 3, ay.;jcvT3c; au lleu de tou; a7.cucvTa; de NABD et
t:j; ay.cucvTaç -ajTa de EP; VI, 13, ,SXxJ9r,;xa au lieu de p-/;p.aia
de NABCD et p-/;ij.aTa fiAaT^oiJ.a de EHP.
Pour ce qui est des manuscrits anciens (1), il est assez dif-
ficile de voir duquel il dépend : les leçons qu'il donne sont
très mélangées. Relevons les principales : iv, 32, xxpoix et
'bjyr, sans article comme dans naBD, tandis que l'on trouve
l'article dans les manuscrits d'où est sorti le texte reçu; -36,
a-s TO)v comme naBEP, au lieu de u-o dans d; v, 3, c —-pc:,
comme dans xABE contre DP qui omettent l'article; 5, c avavia;
comme dans nAEBP, tandis que d omet l'article; 7, «xs-
y.p'.Or, comme dans nabD au lieu de £t7:£ dans e; vi, 2, r,[>.(xç
comme dans nabEHP contre yi^av de CD ; 3, ao£Aooi comme dans
NBCEHP, tandis que a, 13 omettent ce mot; ^ comme dans
nBCD au lieu de ^^ xyicj que l'on lit dans AC*EHP; 4, r.pos-
7.apTcp-oa:;j.£v COmme NABCP, contre r,iJ.tiq o- £ao[j.£ea -poTxapTepcu-
-t: de d; 8, y_y.pi^cç comme dans a^SD, au lieu de ttkjtcwç de
HP, ou yapiTCç -/.x'. t^io-zzm; de E; !7-/;;j.£ia au lieu de TY;paTa que
l'on trouve dans e; 13, azXcov placé devant ^Aacr^yjtjLa comme
dans N'BC, tandis qu<' ADEHP le mettent avant -/.axa tou Tcrou.
De cette première série de variantes se dégage cette conclusion
que PS suit les manuscrits nABCDE quand ils concordent;
quand ils diffèrent, P^ suit plutôt n et b, et quand a et s dif-
fèrent eux-mêmes, il semble plutôt se rattacher à B- Toutefois
notre document, en deux passages, soutient les autres manus-
crits contre n et B (cf. vi, 3, :jv au lieu de c£, et 15, aravreç au
lieu de 7:avT£;) ; en des passages plus nombreux il soutient n
contre B (cf. iv, 32, £X£Y£v au lieu de eÀeycv ; 36, a£uity;ç au
lieu de A^jcur^ç; ^'I, 2, £itccv au lieu desixav; 3, £7:iax£t];aa6£ au
lieu de ^z'.T/.tà(ù[i.^bx.
Signalons encore trois leçons propres à d : iv, 32, «jt^j au
lieu de auTw ; yX/ry. au lieu de y/X ; v, S, c r.i-poç au lieu de
-£Tpcç; deux leçons propres cà P : \\, 36, uoty;-: au lieu de twj-/i5
(1) Cf. (iregory, Texlkrilik, t. 111, p. 1086-1^0: von Soden, Die Schriflen,
p. 2\6--ni.
410 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
que donnent xABDE; v, 8, auiY) au lieu de -pc; auTY)v dans
i<ABD ; et enfin une leçon propre à a "• v, 9, addition de enre
après 0 o£ Trexpoc;, ce qu'on ne trouve pas dans nbD-
Le texte de P^ est donc très mêlé : il semble être le résultat
d'une collation de plusieurs manuscrits; il se rattache plutôt à
B, il a surtout les leçons communes à s et à s, il emprunte
quelques leçons particulières à d, à p et à a; enfin il a lui-
même quelques leçons spéciales.
La même dilficulté se présente pour le ranger dans les re-
censions de von Soden : il semble cependant se rapprocher d'une
façon assez sensible du texte de h dont il ne diffère (1) que
par six leçons : iv, 31, zo^^-iz au lieu de a-avxs;; 32, auiou au
lieu de auiw ; r.x^nx au lieu de a-av:a ; 33, u-r^pysv au lieu de r^v ;
35, omission de Se après SteBiâsTc ; v, 5, omission de t:u; avant
axouovxaç; 8, addition de l'article avant r.t-poç ; vi, 13, addition
de TOUTOU après tc-oj.
P^ ne présente aucune variante nouvelle. Du reste, le texte
assez court, copié en outre avec beaucoup de négligence et
assez mal conservé, se laisse difficilement ranger dans telle ou
telle famille de manuscrits; il semble cependant plutôt se rat-
tacher à B qu'il ne contredit pas .du tout : I Jean, iv, 15, cç eav
comme b contre o; av de naKL (D ajoute ypiaToç); 16, r^emuxeu-
xa[j-£v comme dans nbkL contre ■irtcjTcuop.sv de a; y-»'' o {a omet
l'article) ôsoç sv auTw \xe^ei comme dans sBKL, tandis que a
omet iJ.£V£i.
Von Soden (2) cote ce papyrus : a 1009, mais il n'indique
nulle part à quelle recension il le rattache; de fait, on ne
trouve point dans P^ d'indications suffisantes pour se pronon- "
cer d'une façon précise à ce sujet : sa parenté avec B tendrait
seule à le rapprocher de H-
P^o étant, comme nous l'avons supposé plus haut, l'exercice
d'un scribe peu expérimenté, présente surtout des variantes
orthographiques. Elles sont pour la plupart des fautes d'inat-
tention et ne méritent pas d'être relevées.
De variantes (3) ayant quelque importance il n'y en a que
deux et encore la première est-elle probablement une faute
(1) Cf. von Soden, Die Schriften, p. 2172.
(2) Cf. Die Schriften, p. 2148.
(3) Cf. Patrologia Oricîitalis, t. IV, p. 119.
LES PAPYRUS GRECS. 411
d'inattention, une ligne passée par distraction : Rom., i, 6,
omission après cvotj.aioç de autou ev ciç ea-cs xai ui/eiç xXY)TCt;
7, -/pu tv;u, tandis que tous les manuscrits portent tY]acu xpiaxou,
mais au f. 1 notre document porte encore ~yjû t^ comme b à
rencontre de kaegKLP qui donnent ^ -^ (1).
Le petit nombre de ces variantes et par ailleurs la quantité
de fautes dues à l'inattention du copiste empêchent de se
prononcer sur les manuscrits ou la recension auxquels on
pourrait rattacher ce document.
P'i ne présente plus que des fragments de mots à peine
lisibles : la reconstitution en est si difficile et si problématique
qu'on n'en peut rien tirer de certain pour la critique tex-
tuelle (2).
p<2 ne comprend qu'un verset de l'Épître aux Hébreux, i, 1.
Il présente seulement deux variantes : il écrit -aXe au lieu de
TraAai, et il ajoute Y][j,a)v après zaxpaatv. Ces deux variantes, dont
la première n'est qu'un itacisme, ne donnent aucune indica-
tion pour le rapprochement avec les manuscrits ou les recen-
sions.
Pi3 constitue le plus long fragment de papyrus du Nouveau
Testament, par conséquent celui sur lequel la critique textuelle
peut s'exercer le plus utilement et le plus fructueusement.
Les leçons nouvelles qu'il présente sont assez nombreuses :
Hebr., m, 10, sv -r^ xapoia auiwv ot au lieu de vt] xapow auTot Se;
13, TrapaxaXsdaTc au lieu de -apaxaXs'.Tc ; V, 4, omission de
y.aQ(DC7zsp -/.a'. Aapwv, que l'on lit dans nAB» ou de y.aOazsp y.ai
Aapwv, que l'on trouve dans CD; x, 11, aiJ.apT-.a; au lieu de
a!xap-',av; XI, 1, Trpayixatwv x-zi-xz\ç, aU lieu de u-CTTajtç r.ç>y.-(\j.(x-
Twv; 1, auTto au lieu de aj-cj; xii, 4, aYwvuo;j.îvci au lieu de
av-:aYwviÇci.»,£VOi ; 5, xai [j-t^ îyXjoj au lieu de \):^^lz txLJOi).
Pour ce qui est des manuscrits, P'^ semble se rapprocher de
B (3) : m, 1, Iv, comme dans sABCD, au lieu de Xpiaxov Ir^aouv
dans ekL; -, omission de oâw comme dans b à l'encontre de
(l)Cf. Gregory, Textkrilik, t. III, p. 1091.
(2) Cf. Gregory, Textkritik, t. I. p. 119; M^' Bludau, Biblische Zeilschrifl,
1906, p. 31. D'après von Soden, on ne peut pas dire si P" représente I ou H. Cf.
Die Schriften, p. 1921, 2174.
(3j Cf. M'^' Bludau, Biblische Zeilschrift, 1906, p. 36-37; Gregorv, Textkrilik,
t. III, p. 1091.
412 BEVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
nACDEKLMP; 4, xavxa sans article comme dans kBC*D*E*, au
lieu de xa r.x^nx dans C^D'ELP; 6, £A:noo; xaTaaxwi^EV comme
dans B, au lieu de ekraooç, \J.ty^Ç)i te).ou; (isSa'-av y.aTaaxwiJ-sv que
l'on trouve dans xACDEKLMP : cette locution a pu venir du
verset 14, où elle se trouve également; 9, ev ccy.'.y-aais: comme
dans NABCDEMP, au lieu de eîcxitj.aaav es que l'on trouve dans
N'D'KL ; 10, TauT-/) comme dans nABD*M :^ rencontre de
CDEKLP qui donnent tv.ivrr,] iv, 3, -.-ap comme dans BDEKLF,
au lieu de cuv que Ton trouve dans naCM ; omission de r^v
avant -/.aTazauatv comme dans bD à rencontre des autres ma-
nuscrits; 7, -Kposipr^Ta'. comme dans nABCDE contre etpr^Ta-. de
DT*KP; V, 1, omission de te après owpa comme dans BD" à
rencontre de sACD; 3, ci auTY;v comme dans nABC*D*P, au
lieu de oia -ajT-/;v que l'on lit dans C'D'EKL; r.t^^ a[;,ap-uov
comme dans naBCDP, au lieu de y-ep dans C'D'ELK; 4, a/./.a
xxAcu.a£vc; comme dans sABC*DEK, tandis que CLP portent
akV 0 xaAO'J[^.£vcç.
A partir de cet endroit, nous ne pouvons plus faire la com-
paraison avec Bj ce manuscrit ne donnant pas la fin de l'Epî-
tre aux Hébreux, ix-xiii. Mais des variantes que nous venons
de citer, surtout des omissions signalées, ii, 2,6 et iv, 3, omis-
sions qui se trouvent seulement dans b, il est permis de con-
clure que Pi^ est très voisin de b- Cette conclusion est impor-
tante, car elle permet de reconstituer avec F^'^ une partie de ce
qui manque dans b: elle permet en particulier d'y supposer les
mêmes omissions fréquentes (cf. x, 13, 17, 37; xi,4; xii, 3),
surtout quand ces omissions se retrouvent dans d et n.
Après B, en effet, les manuscrits les plus proches de P*^ pa-
raissent être n et D : nous les avons déjà vus très souvent as-
sociés à B- Examinons le rôle qu'ils jouent dans la suite du
texte : X, 10, scrîj.£v oix comme dans xACDE* au lieu de £7;j.£v oi
iix de D'E**KL; H, upsu; comme dans sDEK au lieu de
apyupsjç que l'on trouve dans ACP: 13, ev othx comme dans
s<CDEKL contre ,-/. oeHuov de a; Hi, addition de ce après
aurq à rencontre de la plupart des manuscrits; e--. vr^v
ciavsuv comme dans naCDP contre t~i twv Buvcuov de deKL;
38, liv.y.ioq comme dans DEKLP au lieu de c'.y.aicr \j.cj que
donnent nAH : ^u 4, Kaetv, leçon de D; H, Tcapa v.ocipo^ vay.taç
comme dans xaD sans l'addition de i-v/.iy que l'on trouve
hV.^ PAPVniS GRECS. 413
dans EKLP; 29, çr,pxq vy;; comme dans xade, au lieu de
;-/;pa^- simplement que l'on trouve dans D'KLP; 32, S^iJ^w,
orthographe donnée par d; 'M, £::pta6ri7av s-scpasO-^aav comme
dans ADEK au lieu de zr.tipxadr^axv sTcpiaOïi^av que donne n ; xii,
3, s-/.X£Xu;j.£vot, leçon de d, au lieu de r/.Xusy.£vcr. n-e portent
la plupart des autres onciaux.
Parfois cependant P'^' est en désaccord avec x : ii, 18, il
conserve ::£ipa-0£i; omis par n; m, S, il porte v, to) -apa-iy.paJy.o)
au lieu de sv tw r.f.y,px7iJM de x ; iv, 11, il conserve -i,- omis par
n; X, 34, il porte osjy.-.or.ç au lieu de 5£cr;/ciç ;j.ou que l'on trouve
dans X .
Ailleurs et plus souvent, P'3 contredit d : iv, 1, il omet
xaTaXi-cy.evoç écrit par d: x, 20, il conserve -/.a-, omis par d; il
omet cia écrit par d avant -r,^ crapy.cç; :]2, il a Ta; TrpcTspiv
r,y,£pa,- au lieu de tai,- ^pz-zpoLiq r,'^.zpn- de d; 3:^ il omet cvciîirc-
y-svci que D place après (itu-p'Xz[j.vKi.
Quand il y a désaccord entre n et d, P'^ suit le plus souvent
N : X, 34, 3ajt:j; comme dans xAH, au lieu de trjxciq que l'on
lit dans dekL; xi. 11, ^î^appa comme dans naEKL sans l'addi-
tion deŒ-£r.pa que l'on trouv(; dans d; 3-2, Bapax, ^ap.-^), hçOa
comme dans xA au lieu de ho^pocv. te v.xi Sa-^w -/.ai h^Oas que
l'on relève dans DEKLPlxii, 7, ti; yap comme dans xaP au lieu
de Tiç-'xp scTTtv suivant DEKL-
Parfois aussi le document dont il s'agit contredit tout à la
fois les leçons de x et de d : m, 3, 5o;y;; ojts; comme KLM, au
lieu de ojto; oc;y;; de naBCDE; xi, 3, ■■jpiTAi-.z comme dans klP,
au lieu de -ojpKjy.cT: que donnent naDE; 32, \'xp[).z avec EKLP,
au lieu de jjlî -;xp suivant nabD^
De cette longue série de rapprochements, on peut conclure
que P"'^ est très voisin de b, qu'il a beaucoup de x et quelques
variantes assez caractéristiques de D-
Pour ce qui est des recensions de von Soden, P'^ semble
se rattacher à h : sa parenté avec b et x est une première in-
dication en ce sens, que conlirment les nombreuses omissions
que nous avons relevées plus haut. Enfin, en examinant les dé-
tails du texte, on remarque certaines leçons données par von So-
den comme caractéristiques de H- Signalons-en quelques-unes :
III, 3, P'^^ écrit Mwuro; comme H à rencontre de K qui écrit ^j-wr/;;;
10, T£--£pa/.:vTa comme H à rencontre de | et de k qui ont -z^zx-
414 REVUE DE l'orient CHRETIEN.
paxovia; 13, a^/pi; xii, 4, [xe^pt comme dans H à rencontre de k
qui écrit ay^gi^, [J-eypiç; x, 34, xpiaswva semble appartenir à H de
même que xi, 32, Aaj3io au lieu de oaSiS, qui appartient à K.
Dans P^^ nous ne relevons que deux variantes (1). La pre-
mière est une omission assez considérable, due probablement
à la négligence du copiste, car on ne la retrouve nulle part
ailleurs : 1 Cor., II, 7, *^v Tupocopt^ev o Osoç zps twv aio)vwv £>,; co;av
•rjp-ojv. La deuxième est un simple itacisme : i, 20, ^\tr,txt au
lieu de (^Xezeiau Ces leçons divergentes sont évidemment trop
peu nombreuses pour qu'on puisse se prononcer sur la famille
de manuscrits ou la recension dont se rapproche P'* (2).
De l'étude que nous venons de faire se dégagent assez clai-
rement trois conclusions qui ont leur importance : la première,
c'est que tous les documents que nous avons examinés et dont
nous avons pu discuter l'origine se rattachent à la recension H-
Or ces documents proviennent tous des sables de l'Egypte où
ils ont été enfouis pendant des siècles : par suite, la recension
H devait être en ce pays connue, estimée, suivie, et ceci con-
firme, au moins sur un point, la théorie de von Soden qui fixe à
Alexandrie la naissance de la recension H- En second lieu, le
texte des papyrus, surtout des plus anciens, est apparenté à
B et à N, parfois aussi, mais bien moins souvent, à D- Ainsi,
F* (m'' siècle) est à rapprocher de b; P"" (ni^ ou iv' siècle) et P^
(iv« siècle) de n et de b ; P^ et P^^ (iv^ siècle) de b; P^ et P'^
(iV' s.) de X, de B et de D ; P'^ (iV ou v*" s.) de b, et ceci confirme
l'opinion, aujourd'hui commune, qui prétend que x et b ont
une origine très voisine et que tous deux ont une grande au-
torité pour la reconstitution des textes. Enfin, une troisième
considération qu'il importe de faire, c'est que le texte de ces
papyrus donne assez peu de variantes nouvelles : P' ena deux,
P3 et P^ en ont une, P^ en a trois, P^ en a quatre et P^^ en a
huit : elles ne sont d'ailleurs importantes ni les unes ni les
autres; par conséquent, les papyrus, découverts jusqu'ici, ser-
vent surtout à confirmer et à appuyer les leçons anciennes : le
service qu'ils rendent ainsi est déjà appréciable; il le devien-
(1) Cf. Ms'- Bludau, Biblische Zeilschrifl, 1906, p. 35.
(2) Von Soden le donne cependant comme un représentant de II. Cl'. Die
Schriften. p. 1921. 2174.
LES PAPYRUS GRECS. 415
dra davantage à mesure que l'on trouvera des documents plus
nombreux et plus proches des temps apostoliques : c'est à ces
documents qu'il appartiendra sans doute de confirmer ou de
ruiner les systèmes de critique textuelle du Nouveau Testament,
actuellement élaborés, mais encore insuffisamment établis (1) '
Paris, 17 novembre 1911.
A. Savary,
(1) Nous avons transcrit les textes grecs sans accents, tels que les documents
utilisés nous les ont conservés.
KAISOUN=CAESARIUM, PELUSE, PHITHOM
MOUSIN = MUSEUM OU OASIS
La première préface à l'histoire des patriarches coptes,
mentionnant le lieu du martyre de saint Marc, porte la
phrase suivante (1) : 1). ,-^;-C^! ^^^ (2) j_^-^ 'i^,^-' J, i^^ JU5^
jy\ 'Lij>^' i^'^^1 'i^^> ^<v-jj « Il fut martyrisé dans la ville
de Kaisoun (ou Klisoun), et celle-ci (est) Alexandrie, qui se
nomme en langue hébraïque : ville d'Aramon (3) ».
Le nom Kaisoiai que l'on rencontre dans cette phrase est un
de ces mots difficiles qui embarrassent les étudiants des ma-
nuscrits arabes. Le contexte n'est pas assez explicite, et la né-
gligence des copistes, qui omettent ou déplacent trop souvent,
non seulement les points diacritiques mais quelquefois aussi
des consonnes, surtout dans les noms propres, laisse la forme
de tels mots indéterminée. Ces noms altérés et défigurés font
le désespoir du lecteur. Ainsi, faute de mieux, a-t-on cru pou-
voir lire ici Kaisarôun au lieu de Kaisoin), en y ajoutant un r.
Kaiscu'oun ou mieux encore Kaisan'oun pourrait être la trans-
cription arabe du nom grec de ce temple de César, le Kaisa-
rion, en latin le Caesarium, grandement célèbre dans l'anti-
quité. Après la destruction des temples païens d'Alexandrie,
à la fin du iv*" siècle, le nom du Caesarium a été conservé par
la fameuse église du même nom, où fut assassinée la malheu-
reuse Hypatie, en 4-23. Cette église existait toujours au
viii" siècle sous la même désignation, et le calife Hichàm la
fit rendre, dit-on, aux catholiques à cette époque par les Coptes.
Les Arabes ont imité la forme de la cour ou atrium de cette
église (ou bien de l'ancien temple qui a pu survivre encore en
(1) Palrologia orienlalis, t. I, p. 105-106.
(2) Sic les mss. AB. Le ms. F porte : , ^.^-Jii. J'ai conjecturé .^^^^s.
(3) Cf. Jér., XLVi, 25; Nahum, m, 8; Ez., xxx, 11, 15, l«(Vulg.).
KAJSOUN ET MOUSIX. ^J-j-
partie au temps de la conquête musulmane), et ils l'ont utilisée
pour leurs marchés ou bazars. A ces édifices quadrangulaires à
colonnades on a donné le nom arabe de Kaisàrhjah,ce qui est
le même mot que Kaimrioiw, avec une terminaison moins cor-
recte mais plus familière. De telles kaisànyaUs, dont beaucoup
sont nommée.s et décrites par les topographes arabes du moyen
âge, Il est resté des exemples jusqu'à nos temps, comme dans
la ville de Maroc et à Alep. C'est donc là un nom qui était
connu des Coptes et des Arabes.
Je dois avouer, cependant, que je me suis peut-être trompé
en traduisant l'endroit dont il s'agit, comme si saint Marc avait
souflert le marlyre « dans un quartier d'Alexandrie qui se nom-
mait le Caesarium ». Il est vrai que Quatremère {Mém uéoqr
I, 206) et Lumbroso [VEgitto al tempo dei Greci e dei Romani
p. I-2G) ont cru que, vers le vi-^^ siècle de notre ère, ce nom com-
prenait une partie de la grande ville, située autour du temple
même. Mais les autorités citées, c'est-à-dire la Vie de saint Jean
TAumônieret un éloge copte d'un évêque Macaire, parlent d'un
endroit nommé le Caesarium, qui pourrait n'être que le site de
l'ancien édifice, en partie détruit et remplacé par des habita-
tions neuves.
D'autre part, Lumbroso signale plusieurs noms de quartiers
designés d'après les temples principaux ou les églises qu'ils
contenaient, tels que Bendideion, Poseidion, Mercurium (?). Il
mdique aussi Angelion comme un cas analogue. Du moins
j'aurais pu ne pas modifier le nom propre pour introduire un
sens que je croyais plausible et me borner à donner le mot à
mot qui est : « dans la ville de Kaisoun, ce qui est Alexandrie »
D'autant que, selon la légende, saint Marc a été traîné par les
rues depuis Bucolia, hors de l'extrémité orientale de la ville, jus-
qu'au Sérapéum dans le quartier de Rhacotis, où il a été tué.
Aussi a-t-il pu, dans cette via dolorosa, passer à côté du Cae-
sarium, qui était près de la porte orientale, au rivage de la
mer; mais l'on ne peut pas dire que c'est précisément là qu'il a
été martyrisé (1).
Somme toute, si le mot « Caesarium » doit rester, il vaudrait
peut-être mieux traduire tout simplement : « dans la ville du
(1) Signalons enco.v ., le cauip de César ... appelé aussi Xicopolis. à deux
nulles de la porte orientale d'Alexandrie, non loin de Bucolia.
Or.nCNT CHRETIEN.
41S RKVUK DE l'uRIRNT CHRÉTIEN.
Caesarium, c'est-à-dire ù Alexandrie ». En caractérisant ainsi
la capitale de TÉgypte, Fauteur a pu faire allusion au culte
funeste du César, qui résumait tout ce qu'il y a de pis dans le
paganisme. Alexandrie, comme sans doute les autres grandes
villes de l'empire au temps de saint Marc, était vraiment adon-
née à l'adoration de la bête de l'Apocalypse, qui régnait par la
puissance du diable, et que l'on identifiait déjà au iV^ siècle
avec l'empereur Néron. Les ennemis principaux du christia-
nisme étaient ceux qui imilaient les vices dont l'empereur leur
avait donné l'exemple. Si Ton objecte que cette explication sup-
pose une interprétation allégorique, il faut rappeler que les
Égyptiens ont toujours eu un penchant pour le symbolisme, et
font moins de cas de la lettre de l'histoire que des leçons mo-
rales à en tirer.
Mais, comme il arrive souvent avec les noms propres altérés
par les copistes et dont la forme n'est pas expliquée par le
contexte, l'on peut imaginer plusieurs explications de ce
mot. Le manuscrit 4783 de Paris y ajoute un 1 après la lettre
initiale. Le copiste a-t-il trouvé cette forme dans son exem-
plaire? Cette nouvelle leçon indique-t-elle Péluse, plutôt que
Caesarium, comme la vraie traduction, puisqu'il est tellement
facile de changer f, l'équivalent du p en arabe, en q, en y met-
tant deux points au lieu d'un seul? Mais comment un écrivain
copte pourrait-il identifier Alexandrie avec Péluse, au coin
opposé du Delta, à une distance de 250 kilomètres^? De plus,
bien que Péluse ait existé jusqu'au moyen âge, ce nom grec
devait probablement être inconnu d'un Égyptien de cette épo-
que, puisque la ville s'appelait en copte Peremoun et en arabe
El-Farama ou et-Tînah ?
Mais cet écrivain pouvait du moins avoir entendu dire que,
dans la bible latine, le prophète Ézéchiel parle d'Alexandrie et
de Péluse dans deux versets (xxx, 15, 16). De cette manière,
celui qui ignorait le nom grec de cette dernière ville pouvait
croire que le prophète, selon le parallélisme dit par synonymie,
se sert ici de deux noms de la même cité? En même temps il
pouvait savoir que pélos {pilos) en grec veut dire boue, et que
cette désignation « ville de la boue » pouvait bien s'appliquer
moralement à la capitale sous les Césars. La traduction des
KAISOUX RT MOUSIN. 419
Septante, qui fait autorité dans les églises orientales, reproduit
d'une manière différente les noms cités ici par Ézéchiel; et un
Copte, qui en connaissait le texte, pouvait penser qu'il ne s'y
agissait pas d'El-Farama.
On ne peut pas dire qu'il est impossible qu'un Copte au
xiV ou au xv" siècle ait connu un endroit de la bible latine. Il
se peut que des chrétiens orientaux aient quelquefois fait con-
naissance avec des pèlerins latins ou avec le personnel des éta-
blissements latins de la Terre Sainte. Les Coptes ont eu, depuis
une époque reculée, le goût des pèlerinages. Au commence-
ment du \\' siècle, c'est-à-dire à l'époque de Charlemagne, un
propriétaire riche, Macaire de Nébrouah, a bâti une église de
Sainte Marie Madeleine à Jérusalem. Cette église a longtemps
existé, elle était « le refuge des Égyptiens qui visitaient la cité
sainte pour la prière ». Au xi" siècle, à la veille de la première
croisade, Mansùr a rebâti cette église; et en 1092 le patriarche
Cyrille II a envoyé un évèque pour la consacrer. Ce Mansùr
aimait à secourir les pèlerins, « même ceux qui étaient venus
des pays lointains ». Un peu avant cette date nous rencontrons
dans l'histoire des patriarches un Copte qui avait voyagé en
Espagne et était demeuré quelque temps à Alméria. Vers le
même temps un écrivain copte nous donne une liste d'une cin-
quantaine de tombeaux et d'autres lieux saints en Egypte et en
Syrie, qu'il a visités en pèlerin, y compris bien entendu le saint
Sépulcre de Jérusalem et le mont Calvaire.
En Egypte même, sans nommer d'autres essais, il y a eu ces
tentatives de réunion des églises au milieu du xv" siècle, qui
ont abouti à la mission d'André au concile de Florence. A
cette époque aussi, les grandes villes de l'Itahe et de l'Espagne
envoyaient beaucoup de négociants en Egypte, et des ambas-
sades sont venues de l'Egypte aux cours princières du midi de
l'Europe. La préface dont il s'agit ici est d'une date incertaine;
mais peut-être a-t-elle été écrite longtemps après l'achèvement
de riiistoire entière des patriarches, par un auteur qui a re-
cueilli les biographies éparses dans un seul volume. Peut-être
même cette préface n'est-elle pas plus ancienne que le milieu du
xv*' siècle, époque vers laquelle on place la rédaction des manu-
scrits 301 et 302 de Paris, de sorte que l'auteur aurait pu faire
connaissance avec des missionnaires catholiques en Egypte.
120 URVUF, DE l'orient flinÉTIKN.
Mais, sans supposer de relations directes avec des Européens,
Tauteur aurait pu, à toute époque apprendre de quelque Juif
instruit, qui avait vojagé en Occident, que la bible latine don-
nait le nom d'Alexandrie à la ville d'Amnion, et mettait Péluse
dans le membre parallèle du verset. En traduisant le nom hé-
breu No par Alexandrie, on a voulu, peut-être, que le lecteur
ressentît une vive impression en se rappelant que la capitale
de l'Egypte sous les Romains ressemblait à l'ancienne capitale
des Pharaons, puisqu'elles étaient des centres de toutes les ido-
lâtries et de tous les ^dces. Saint Jérôme n'ignorait pas, ni ses
maîtres hébreux non plus, ce qu'avait été l'histoire de la ville
de Rhacotis, à laquelle le conquérant macédonien avait donné
son nom en l'agrandissant.
En troisième lieu, on pourrait conjecturer que la vraie leçon
est Fîsoun ou même Fîthoun, et que c'est l'équivalent de Phi-
thom. Les Septante ont ici la forme Peithô (Exode, i, 11). En ce
cas l'auteur aurait mis en avant une simple hypothèse d'iden-
tification géographique sans aucune valeur. Phithom cependant
était un monument de la tyrannie des rois égyptiens sur les
Hébreux, et pouvait symboliser l'oppression des chrétiens par
les païens.
Après tout, ce ne sont que des conjectures, et il est à désirer
que quelqu'un donni la vraie explication de ce nom.
Un autre petit problème de la même espèce se présente dans
Mousln, le nom du lieu où le patriarche Démétrius I (A. D.
189-231) est mort, selon son biographe copte. Or cette forme
serait la transcription régulière en arabe du mot grec Mou-
seion. Aussi ai-je traduit « le quartier du Musée », bien que le
texte arabe porte « la ville de Mousln {1} ». Et ce quartier du
Bruchium ou Proucheion, où était situé le Musée, était vrai-
ment une cité par lui-même, avec ses propres murs fortifiés. Mais
comment peut-on dire qu'un patriarche fut « banni » dans un
(1) rr^y JLjJ^ >>_i/*rî ^^-^J* J' i^y%^J^ oXlU! ïUij « Et
l'onipereur Sévère le bannit en un endroit nommé la ville de Moiisin ■'. Potr.
Or., t. I. p. 10-?.
KAISOUN ET MOUSl.V. 421
quartier de sa ville épiscopale? A cette objection l'on pourrait
répondre qu'être emprisonné entre les murs d'une région où il
aurait vécu séparé de ses ouailles et entouré des païens impurs,
aurait été un vrai exil pour saint Démétrius. En ce cas il aurait
pu, avec bonne raison, citer un verset de psaume — comme
aiment tant à le faire les hagiographes coptes — et dire :
« Hélas, que mon séjour est prolongé! J'ai habité chez les habi-
tants de Cédar! »
Mais M. l'abbé Nau a proposé une leçon plus raisonnable et
plus conforme au terme >< banni ». C'est qu'en omettant la
petite lettre initiale m, on pourrait lire Oirasin, ce qui ne serait
autre chose que la transcription arabe du mot grec Oasin,
l'accusatif d'Oasis. Or la ville de l'Oasis d'Ammon était préci-
sément, sous les empereurs romains, un lieu d'exil, où ils
avaient l'habitude d'envoyer les prisonniers tels que Démétrius.
Cependant, on peut, à cela, faire deux objections : D'abord,
pourquoi l'écrivain copte n'a-t-il pas employé le mot arabe
oua/i, dérivé de la langue copte, et probablem<Mit l'origine du
mot o«6-/6? Deuxièmement, les autres histoires qui parlent de
Démétrius, comme Eusèbe et les synaxaires arabe et éthiopien,
ne disent pas que cet évêque est mort ailleurs qu'en sa ville
épiscopale. Voir les Acicf Sanrtorum, au 9 octobre. Mais un
traducteur copte, qui aurait trodvé le mot oashi dans un do-
cument grec, aurait peut-être pu ne pas comprendre sa vraie
signification, et l'aurait transcrit en toutes lettres. Il se peut
bien aussi que les autres historiens aient omis de signaler le
lieu où est mort Démétrius, quand bien même le biographe
copte serait mieux renseigné, ce que nous ne saurions affirmer
positivement. Enfin la leçon de M. l'abbé Nau semble la meil-
leure solution de ce petit problème.
Oxford.
B. EVETTS.
422 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
SUR KAISOUN ET MOUSIN
Dans la note précédente, M. Evetts a discuté le sens de deux
de ces noms propres qui sont les cruces des premiers traduc-
teurs des textes arabes. Si Ton n'admet pas l'adjonction de la
lettre r au mot Kaisoun pour y retrouver le nom d'un quartier
connu d'Alexandrie, le Caesarium (1), la seconde hypothèse
(Kaisoun = Péluse) nous paraît très vraisemblable. L'auteur a
pu vouloir accumuler les noms suggérés par Ézéch., xxx, 15.
« Je répandrai ma fureur sur Sin, la forteresse de l'Egypte;
et j'exterminerai la multitude de Nù » (Le scribe arabe a
peut-être lu Anunon-Nô {2), comme dans Nahum, m, 8).
La Vulgate porte :
« Eteffundam indignation(,'m meam super PelusiuiH. robur
/Egypti;
et interficiam multitudinem Alexandriae. »
11 est vraisemblable, comme le manuscrit F l'insinue et
comme M. Evetts a eu le mérite de le deviner, que le scribe a
pris ici l'idée de sa phrase : « La ville de Péluse {Pelijsoun) et
celle-ci est Alexandrie, en langue hébraïque ville d'Ammon
(Ammon-Nô?) (:)). »
Nous ajouterons une autre hypothèse à laquelle nous avions
songé jadis : Kaisoun = Kasioun = ville de (Jupiter) Cassius.
Celte hypothèse n'a plus qu'un intérêt de pure curiosité, puis-
que Kaisoun = Péluse nous paraît beaucoup plus vraisemblable.
Du moins, on passe de Kaisoun à Kasioun en changeant seu-
lement deux points de place et le scribe qui faisait d'Alexan-
drie la ville de (Jupiter) Amnimt, ce qui est inexact, puisque
ce nom est réservé à Thèbes, aurait pu se permettre une seconde
inexactitude et en faire aussi la ville de (Jupiter) Cassius. Le
(1) M. Ilartwig Derenbourg, consulté pu- moi delà part de M. Evetts, m'avait
iV'pondu que Kaisoun (Hait certainement Kaisaroun et a\ait diM'idcM. Evetts à
préférer cette liypotiièse.
(2) Nô-Ammon (avec élifau lieu de lié) ■• la ville d'Ammon ■. désigne la ville de
Tlièbes, mais est rapporté à Alexandrie par la Vulgate.
(o; P'ilr. (h-., I, lo.j: cT. aupru.
KAISOUN ET MOUSIN. 423
mont Cassios, où se trouvait le célèbre temple de Jupiter Cas-
sius, était à quinze kilomètres de Péluse (1), mais le scribe de
la préface ignorait peut-être l'emplacement exact de la ville et
du mont Cassius, puisque Peiresc déjà les plaçait « si proche
d'Alexandrie (2) »; un scribe, porté à identifier (Jupiter) Am-
monet (Jupiter) Cassius, a peut-être pu les placer à Alexandrie.
Quant au nom Mousîn (3), nous ne voyons toujours pas
mieux que Oasis. Nous nous demandons si une préposition copte
m n'aurait pas été regardée, par un traducteur, comme partie
intégrante du mot.
Signalons, comme curiosité, qu'il existe une « ville de Mou-
sîn », Mcuaivizc/a?, ville épiscopale de la province du Rhodope (4).
Les traducteurs, qui rendent Panopolis par « la ville de Pan (5) »,
devaient rendre aussi Mousinopolis par « la ville de Mousîn »,
mais nous ne savons pas si le Rhodope (la Thrace) a été un lieu
d'exil au temps de l'empereur Sévère.
Nous accueillerons avec reconnaissance, et nous vulgarise-
rons très volontiers dans la présente Revue, les communications
qui tendraient à éclaircir ces petits problèmes et, en général,
tous ceux que soulèvent les éditions données dans la Patrologie
orientale.
F. Nau.
(1) M. Jean Clédat a cru le retrouver à Maliemdiah à côté de Péluse. Cf.
Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles- Le tires, oct. 1909, p. 764-
774. — Il est à remarquer que cette hypothèse nous ramène encore à Péluse.
(2) On lit dans Les lettres de Peiresc : « Je voudrais bien avoir vu quelque
effet de ce que dit Pline du Mont Casius qui est si proche d'Alexandrie. ■• Paris,
in-4», t. VII, p. 857.
(3) Cf. supra, p. 42.
(4) Cf. Georges de Cliypre, Descriplio orbis romani, Leipzig, 1890, p. 70.
(5) Cf. Plérophories, dans Patr. Or., t. VIII, p. 84.
MÉLANGES
.1
TRADUCTION DE LA VERSION ÉTHIOPIENNE D'UNE
HOMÉLIE E'EUSÉBE, ÉVÉQUE D'HÉRACLÉE (1).
(Dillmann, Chrestomathia Aelhiopica, pp. 102-103.)
(homélie) d'eUSÈBE, ÉVÉQUE d'hÉRACLÉE DU PONT
A CETTE ÉPOQUE (2).
Je suis résolu, moi aussi, depuis que je possède les défini-
tions (3), que j'ai apprises des spirituels, lorsque je me suis
rencontré avec ces docteurs, à parler un peu au cher peuple du
Seigneur, puisque m'(y) pousse l'ordre des Pères, que Noire-
Seigneur Jésus-Christ a réunis (comme) lumières pour le
monde entier, et qu'il a même (appelés) de YKgypte, d'où lui-
même avait été appelé, car (le Seigneur) dit : De r Egypte fai
appelé mon Fils (4).
Et où les a-t-il réunis? Auprès de celui qui a été aimé par lui,
(auprès) du disciple Jean (5), pour montrer qu'eux aussi il les
aime autant que ce dernier. Certes, il les a réunis, non pas pour
qu'en ce jour ils apprissent à prêcher la foi, car dès leur jeunesse
ils ont étudié toutes les Saintes Écritures (6), mais pour qu'ils
anéantissent l'orgueil du diable, qui avait poussé, comme le char-
don, sur la vérité et la foi des Saints Pères, (et) qui avait été
produit par le venin du serpent (7); pour qu'ils détruisissent, en
(Ij Cf. ROC, 1910, pp. 210, 324, 440. — (2) hOHft.-flfft \Atvse/jyos; h.i^ifA.V
'Érâqlyd ; AT'mfi PokIus. — (3j ^f{^ a ici le sens de funnides, d'expressions
dogmatiques. — (4) Os. xi, 1 (Matth. ii, 15). — (5) A Éphése, en 431. — (6) Autre
traduction : ils ont étudié tous les Saintes Écritures. — (7) fl7""(,P1: s Aïl/irt,.
Or. 1"/*'0 signifie éructer, vomir.
MÉLANflES. lir»
(la) brisant avec force, la tète de Tinfàme serpent; et pour qu'ils
montrassent que le loup, qui se revêt du bel habit de la brebis,
est une fausse brebis ; que le berger est un faux berger ; que le
gardien est un voleur; que le médecin est un assassin ; que (le
démon) n'est pas celui qui guérit; mais celui qui agrandit les
blessures de Tàme ; qu'il n'est pas celui qui accroît les talents,
mais (celui qui) vole ; qu'à la place de pain il donne une pierre
à celui qui demande ; et qu'à la place d'un poisson (il donne)
un serpent, c'est-à-dire à la place de la foi l'incrédulité.
Mais maintenant (1), véritablement le temps de la joie est
arrivé. Ce n'est pas une joie comme celle dont s'est réjoui Israël,
lorsque sont tombés V Amorrhéen Séhon et Og, roi de Basan (2),
mais, dépassant une telle mesure, combien (la joie) d'aujour-
d'hui est plus grande que (celle) d'alors ! En effet, celui qui a
été déposé (3), c'est l'ennemi des âmes. Et comment ne serait-il
pas l'ennemi des âmes, lui qui a proféré l'iniquité contre le
Très-Haut, et a osé se moquer de l'Unique, parce qu'il s'était
incarné, s'était fait homme, et avait souffert? Pourquoi sommes-
nous devenus des dieux (4)? N'est-ce pas parce que notre Dieu
s'est fait homme pour les siècles des siècles?
Bézancourt, par Gournay-en-Bray, le 20 octobre 1911.
Sylvain Grébaut.
II
NOTES DE CRITIQUE BIBLIQUE
I. _ LA PÉRICOPE DE LA FEMME ADULTÈRE ET LA DIDASCALIE.
La péricope de la femme adultère, Jean, viii, I-ll, manque
(1) Depuis le concile cVÉphèse. — (2) hl^àV, ' rt.}P'V V Amorrhéen CAniuràivi)
Sêivon ; ViD'Xt : "tl-tv s Ol"* Ifeivefi, roi dr lîàsnn. — (3) Htflô^. Allusion à la
déposition de Neslorhi^. — fl) VantWïi. Hilhnann dit [dirent. Aeth., p. 174) à
propos de l-ooAïl ' '". ' : dominus lonstitvtus est (an : divinus factus est?). Nous
croyons qu'il y a une sorte de jeu de mots entre t€ioAt1> nous sommes devenus
des dieux et hîF"AYl> noire Dieu, et une allusion aux paroles de l'Écriture :
Eritis sicut dii (Gen. m, 5); DU eslis (Ps. lxxxi, 6; Jean x, 31); Efficiamini
divinae ronsorles naturac (II Pieriv i, 1). l.c sens serait donc ici devenir dieu.
426 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
dans la plupart des anciens manuscrits grecs qui nous sont
conservés et dans la plupart des anciennes versions. Cette cons-
tatation faite, il y aurait lieu, du moins, d'ajouter qu'au m'' siè-
cle elle était regardée comme authentique, puisqu'elle figure
très explicitement dans la Didascalie, écrite vers cette époque,
et que la conduite du Sauveur en cette occasion y est proposée
en exemple. L'auteur dit, en effet, à révêque(l) :
Si tu ne reçois pas celui qui fait pénitence, parce que tu es sans miséri-
corde, tu pèches contre le Seigneur Dieu, parce que tu n'obéis pas à notre
Seigneur et à notre Dieu pour faire comme il a fait avec la pécheresse que
les prêtres amenèrent devant lui; puis ils remirent le jugement entre ses
mains et s'en allèrent; mais lui, qui scrute les cœurs, lui demanda et lui
dit : « Est-ce que les prêtres t'ont condamnée, ma fille? » — Elle lui dit :
« Non, Seigneur. » — Et il lui répondit : « Va, je ne te condamnerai pas
non plus. » Prenez donc exemple sur lui, ô évoques...
Ce témoignage, si explicite, d'un auteur grec du iii*^ siècle,
rapproché du témoignage de saint Jérôme qui trouvait encore
cette section, au siècle suivant, in multis graer-is ac latinis
codicibus (2) et qui la jugeait authentique, puisqu'il l'insérait
dans sa version latine, autorise à croire que la péricope de la
femme adultère figurait à l'origine dans l'Évangile mais que
les rigoristes l'ont bientôt supprimée dans leurs exemplaires.
MM. Flemming et Achelis, dans leur édition de la Didascalie,
supposent que l'auteur a trouvé l'épisode de la femme adultère
dans l'Évangile aux Hébreux. Ils s'appuient sur le texte suivant
d'Eusèbe relatif à Papias :
« Le même (Papias) se sert de témoignages de la première
lettre de Jean et de celle de Pierre semblablement; mais il
rapporte aussi une autre histoire au sujet d'une femme amenée
au Seigneur à cause de ses nombreux péchés, que l'Évangile
selon les Hébreux contient : 'Ey.TéOcixai Se xal aXXr^v iaxopiav Trepi
V'jvaty.bç i%\ -oWoù; x[j.y.pi:ixiq ouokr,BiiTr,q ïrd tcj -/.yptou, -qv xo KaO'
'ESpxiouq t\jxyyéXio^ 'Ktpiiy^ti. ->■> Hist. eccL, HI, xxxix.
(1) Éd. Lagarde, p. 30-31; éd. Gibson, p. 62-63; dans notre traduction, La
Didascalie..., Paris, Lethielleux, 1902, p. 46, et p. 72 de la seconde édition qui
est sous presse.
(2) Conira Pel.,U, 17; Pair, lai., t. XXIII, col. 533 (cité par A. Brassac, Ma-
nuel Biblique, Paris, 190(3, p. 158; on lit au même endroit, p. 157, que cette pé-
ricope figure dans la traduction latine du Diatessaron de Tatien laite, vers 545,
par Victor de Capoue, P. L., t. LXVIII, col. 316j.
MÉLANGES. ■127
Mais l'Évangile selon les Hébreux était alors très connu ;
saint Jérôme dit l'avoir traduit (cf. E. Preuschen, Anlilego-
mena, Giessen, 1901, p. 1), et cela ne l'a pas empêché de laisser
à saint Jean, dans la \'ulgate et dans ses écrits, l'épisode de la
femme adultère. De plus Eusèbe ne pouvait pas ignorer que cet
épisode figurait en saint Jean, puisque saint Jérôme le voyait
encore in inullis graecis ac latinis codicibus ; W nous semble
donc qu'il ne le vise pas. Le mut aXAY;v est, en effet, capital :
Eusèbe dit que Papias cite une autre histoire de femme péche-
resse {autre que celle de la femme adultère) et que celle-là est
dans l'Évangile selon les Hébreux (tandis que celle de la femme
adultère est dans l'Évangile saint Jean).
Si nous osions tirer de ce fait particulier une conclusion plus
générale, nous dirions volontiers que la critique textuelle con-
duit rarement à des résultats certains, parce qu'elle ignore la
valeur exacte des instruments qu'elle emploie, et que la liberté
humaine peut déjouer toutes les prévisions et tous les raison-
nements. Par exemple dire que tel mot ou tel passage manque
dans la dizaine d'anciens manuscrits grecs conservés peut si-
gnifier seulement que ces manuscrits étaient les plus mauvais
parmi les centaines de manuscrits que connaissaient les con-
temporains de saint Jérôme, et dire que telle pensée et tels ver-
sets ne sont pas à leur plac(î ou renferment quelques tours inso-
lites peut signifier seulement que l'auteur a manqué de logique
en cet endroit — qui n'en manque pas quelquefois? — et que
certaines réminiscences ont modifié son style ordinaire. Ce
n'est pas à dire que les élucubrations critiques ne doivent pas
nous intéresser, car elles peuvent quelquefois renfermer une
part de vrai ; elles supposent souvent grande science et sagacité
chez leur auteur et — dans le cas le plus défavorable — ce sont
au moins des jeux d'esprit qu'il peut y avoir plaisir, sinon pro-
fit, à étudier comme tels.
II. — SUR PS. vu, 10-1 1.
Le latin porte : 10. ... so-utaiis corda et renés Deus. 11. Ju-
stuni adjutoriuni a Domino, et les anciens manuscrits grecs
conservés coupent ces deux versets de la même manière.
iMais l'hébreu rattache justuni (ou mieux ju.stiis) au verset
i-«^ RKVUK DK l'oiHENT CHHÉTIEX.
précédent, et la Polyglotte de Complute porte aussi : 10. ...
Il est remarquable qu'un passage de la Didascalie semble
couper les versets comme l'hébreu, avec une forme identique à
celle de la Polyglotte de Complute :
rnr Dieit scrutr les cœurs avec justice.
et, avec discernement, il reçoit les prières il).
Ici encore la Didascalie semble accréditer la leçon des ma-
nuscrits grecs récents. Il y a donc quelques chances pour que
les manuscrits récents (certains portent o(y.auç, comme l'hé-
breu) ne soient pas des corrections postérieures, mais aient
conservé le texte grec original mieux que les manuscrits plus
anciens (mais aussi plus mauvais en cet endroit) arrivés jus-
qu'à nous.
HI. — f'ER.\IUT.4TI0NS DES LETTRES M, N, B,
DANS LE CODEX VATICAN US.
Les anciens manuscrits grecs conservés (Alexandrinus,
Sinaïticus, Vaticanus) sont écrits en une superbe onciale qui
nous incite trop à les regarder comme d'essence supérieure aux
papyrus et manuscrits écrits en simple minuscule. Il ne faut
pas oublier cependant qu'ils sont la progéniture d'une suite de
manuscrits ou papyrus écrits en minuscule et il n'est pas im-
possible que tel orgueilleux coder en onciales soit le fils d'un
modeste — et même d'un mauvais — manuscrit en minuscules.
Dans cet ordre d'idées, nous avions relevé jadis, en corri-
geant les épreuves de la Polyglotte de M. Vigoureux, certaines
permutât ions des lettres M, N, B, dans le codox Vaticanus (2),
qui ne peuvent pas s'expliquer dans la trnnscription des ma-
nuscrits onciaux, parce que ces lettres y sont trop différentes,
mais seulement dans la transcription des manuscrits minus-
cules uù (^es trois lettres se ressemblent beaucoup.
(1) Éd. Lagarde, p. ^o; éd. Gibson, p. 1-1-2, siiitout d'après le ms. C; dans
notre traduction, loc. cil., p. 99.
|-2) rr. 11. l!. Suele. The obi TcsiamenI in Crceh, f'and>rid,i.'c, iS'.tCi.
.Mi';i,ANr,i;s. \-><.)
I. — Permutations de M et A.
II Parai., xvi, 7, 'A^xiJ.û (pour 'Avjtvsc).
IbicL, XVII, 8, MxvOavta; et 'I(opiv (pour NaOaviaç et 'Iwpi;/).
fbi(L, \.\.\i, 12 et i:{, Xo)[;,cv:x-: et MirO (pour Xwv:v{x; et
NâsO).
II. — Permutation de B et N.
II Parai., xvii, 8, T(o6ao(.)6£a (pour TwSaiiwvïu).
III. — Permutations de B (^t M.
Il Parai., xxi, 1, Ac;j.và (pour A:5và).
Ibid., xxxvi, 2, 'Aov.-xl (pour 'Aij.ti-x/j.
Ces exemples peuvent sans doute être multipliés, puisque
nous les avons relevés dans quelques chapitres seulement du
second livre des Paralipomènes. Ce sont, pour ainsi dire, des
traces de la plébéienne origine du codex ]^a(i('fnu(s; il n'est
pas certain qu'il a été transcrit directemeid. sur un coder en
minuscules, mais ce n'est pas impossible.
1\'. — UN MOT HÉBREU DAXS TOBIK (II, 1).
Le codex Vaticanus écv'ii :
£v Trj 7:zv~r,'AZ!7~^ ^^?~fi- '0 ^ît'.v 7.'y.y. z7:-'y. i6sc;j.âo(.)v
et le codex ^ina'ilicas :
iv -f^ -tv:-ç/.07~fi xf;^ kzp-f,: "oy.ôjv, r, èjTiv xyiy. £Ôoc;aâo(ov,
c'est-à-dire « à la fête de la Pentecôte, qui est sainte (des) sept
semaines » et « à la Pentecôte de notre fête, qui est sainte des
semaines ».
Nous ne voyons pas bien ce que vient faire ici le mot sainte.
La version araméenne publiée par M. Neubauer (Oxford, 1878)
porte :
et la version hébi'aïque porte :
La Peschitto est conforme au Vaticanus :
« En la fête de la Pentecôte, qui est sainte des sept se-
maines. »
Le ms. de Paris suppl. 009 (du groupe Ferrare). dont j'ai
430 RFVrR DR l/ORlKNT ("IIRKTIFX.
été le premier à signaler le caractère et l'importance ( 1 ), nous
fournit peut-être la solution.
Il porte :
iv ci T^ -vnr^/.za-f^ top-f,, r,zi; iîtiv àyôà k~-y. àSscy.âswv (2).
« En la fête de la Pentecôte, qui est ivci (2 an = la fête des)
sept semaines. »
Le motàYcà, qui remplace à-; (a, et dans lequel nous recon-
naissons facilement le mot hébreu ;n « fête », nous montre
que l'auteur araméen du Urre de Tobie a voulu expliquer le
mot« Pentecôte » en le faisant suivre de son équivalent hébreu.
Nous pouvons donc reconstituer ainsi l'original :
(ou : niyiiun an) niyiiu; 72^72
« En la fête de la Pentec<">te, qui est (en hébreu) Hag hasebdi
sebou'iHh (ou : Hag basbou'ùi).
Le traducteur a transcrit Hag ba ~ àvSi ou àvôi, comme
dans le ms. suppl. grec 609, et a traduit seba' sebou'ôth par
« sept semaines »; les copistes ont remplacé la transcription
àvSi, qui n'a pas de sens en grec, par le mot àvîa « sainte » et
les mss. onciaux Sinaïticus et Vaticanus nous ont conservé
la leçon altérée.
Nous pouvons donc conclure une fois de plus qu'un manus
crit en minuscules et relativement récent (609 est du xiv*^ siè-
cle) peut être meilleur, en bien des points, que d'anciens ma-
nuscrits en onciales, parce que ceux-ci peuvent être une ancienne
copie d'un mauvais manuscrit minuscule, tandis que le premier
peut être le terme final d une série de copies fidèles de bons
manuscrits (3).
v. — LA Locution u adonaï kuhios » est-llle propre a luciex?
Les critiques qui cherchent à reconstituer l'œuvre de saint
(1) La minlc Hihlr iiobjjlollc, par F. Vigouroux, Paris, VMy>, t. 111, p. vi.
(•2) Voir les trois textes grecs dans La sainlc Bible polyijlolle, lor. cit., p. 47U.
La leçon du GOy est d'ailleurs celle de tout le groupe do ces manuscrits, car le
n° Il (Zittau) poi-te aussi àyiSà et le lOO (Ferrare) porte ày[ià (m pour b); cf.
Holmes Pearson.
(3) Par exemple le codex Coislin 3, du xn<- siècle, est une copie, immédiate ou
non. d'un vieil exemplaire en onciales : E. Tisserant, Codex Ziiqninemi;: (cf.
in/ ni, p. V30), p. xlii.
MKLANGES. 431
Lucien d'Antioche, né à Samosate vers le milieu du m'' siècle
et mort à Nicomédie en 311 ou 312, ont besoin d'un certain
nombre de points d'appui analogues à celui que cherchait
Archimèdepour soulever le monde. Lorsqu'on a trouvé un solide
point d'appui, il suffit d'un bon levier dont on met un très long
bras de son côté pour produire des tours de force étonnants.
Pour reconstituer Lucien, l'un des points d'appui est la locu-
tion 'Aowva:: Kùpio;. On admet qu'elle est caractéristique de la
rédaction lucianique, d'après la note suivante du ms. add.
12159 (Homélies de Sévère traduites par Jacques d'Édesse),
fui. 302; cf. Field, Origenis Hexaploriim qua' supersimt,
Oxford, 1875, t. I, p. lxxxviii.
p . ;.a^ ^ |oot v\«fir>; |-<r^> o&) | v\ «\o : Q^n^ ^ |oot y\ «tv>» v.>JO«/« OO) |yn\ |)^ ^3
.|_.po ^jUo;{ po/ pL30i . ) l| V >^ff) |tO:30r^ wa^Do; dvo
Lorsque (Lucien) vit ce nom d'Adonaï qui était pLicé en dedans (du texte
hébreu. Field traduit : eow •/.£t;j.£vov) et ce nom de Seigneur qui était placé
en dehors (dans les traductions. Field traduit : ï^m •/.ôi'[xevov) ; après les avoir
réunis tous deux et placés ensemble, il les transmit amsi dans le testa-
ment (Iv -rr) 8ia675/.ri) qu'il laissa après lui, de sorte qu'on y trouve écrit en
de nombreux endroits : Ainsi parle Adonat le seigneur (Kûpto;).
Souvent en effet le texte hébreu porte « Jéhovah Adonaï »
et la version grecque, dans le Vaticanus et la majorité des mss.,
porte seulement Kùpio? « le Seigneur » ou parfois, en redou-
blant : Kûpioç, y.jpis^ « le Seigneur, le Seigneur ». Lucien,
d'après le scribe syriaque, aurait rapproché la version de l'hé-
breu en écrivant 'Aowva!: Kjpnç. Ce scribe écrivait en l'an 868,
sa note lui est sans doute personnelle; en tout cas elle ne
pourrait pas remonter plus haut que Jacques d'Édesse (fin du
VII' siècle), car elle ne figure pas dans l'autre version des homé-
lies de Sévère et ne peut donc pas remonter à cet auteur. Elle
est donc l'œuvre du traducteur Jacques d'Édesse ou, peut-être,
l'œ'.vre d'un scribe intermédiaire ou même du scribe de
l'an 868. C'est donc du vu" au ix'^ siècle que ce critérium appa-
raît au jour sans que nous puissions savoir où son auteur, si
tardif, a puisé le renseignement qu'il nous donne.
Or la Didascalie, qui a toute chance d'être antérieure à Lu-
cien, porte très souvent les mots 'Aocavac Kûptoç, non seulement le
syriaque, mais aussi le latin, ce qui nous garantit contre toute
^32 REVUE DE l'uKIEXT CHRÉTIEN.
rectificalion tardive de texte, et même ces mots ont été gardés
dans les Constitutions Apostoliques : par exemplevHauIer,/>?c/(/-
scaliae fragmenta, Leipzig, lOOlJ, p. -21), 21,23, 24 : Vivo ego,
dicit Adonai dtnninus... vita vivil, dicil Adonai dominus...
Viam ipsiusjudlcabo, domus Israël, dicit Adonai dominus...
7iolo mortem morientis, dicit Adonai dominus. Cf. Const.
Ap., II, 11, P. G., I, 621-621. Item, Didascalie, cli. xx, on
trouve Ez., xxxvu, 1-14, qui renferme Adonai Kjpi:; une fois de
plus que les rédactions dites lucianiques, car Tisserant, Codex
Zuqninensis, p. 209, porte Jziv Kûpis b Os:; (verset 3) lorsque
la Didascalie porte ^o./ u-r^ ... t^o/o.
Comme la Didascalie est antérieure au iv'' siècle, il est dif-
ficile de l'attribuer à Lucien et dy voir Tune de ses œuvres de
jeunesse ; le mieux semble donc être de renoncer au fameux
critérium et de convenir qu'avant Lucien, il existait au moins
une rédaction des Septante, usitée en Syrie, qui portait, plus
souvent même que les manuscrits dits lucianiques, les mots
'ASwva: K'jpto;.
VI. — LE MARCHALIANUS; V^ OU VHl"' SIÈCLE?
Le Codex Marchalianus, Vat, gr. 2125 (Q), que Montfaucon
attribuait au vu' siècle à cause des accents qu'il porte et de la
forme de certaines lettres, ne serait pas postérieur au vi% disait
Ceriani, parce que les accents étaient de seconde main et que
les formes oblongues se trouvaient dans d'autres écrits, par
exemple la Pistis Sopliia que l'on attribuait (par pure conjec-
ture) au VI' siècle. — En général les onciaux ne sont pas datés,
on les date par conjecture et on crée une gamme purement arti-
ficielle dans laquelle on tâche de caser les types nouveaux. Rien
d'ailleurs n'est moins spontané que l'écriture onciale et elle
semble relever plutôt des écoles que des époques. C'est ce que
démontrera peut-être la mésaventure qui arrive au Marchalia-
nus. M. Schubart vient d'éditer un papyrus écrit en onciale,
qui se date de 719 (Lettre paschale ; cf. itifra, p. 44 1), et il écrit :
Tanta simili tudo inlercediti\derpapyrum nostram et codicem
Marrhalianuni, ut denuo sit quaerenduin, quonant sit con-
fectus saeeulo codex ille prophelarwn. Le&spechnens, Franchi-
Lietzmami, table I et Schubart, Papt/ri graerac, table 30,
MÉLANGES. 433
ne nous permettent pas de contrôler cette affirmation, parce
que le papyrus a dû être trop réduit par la photographie,
mais nous pouvons en croire M. Schubart sur parole, puisqu'il
a édité le papyrus en entier dans un autre ouvrage.
Si « la critique » s'est trompée ici de deux siècles, il est pos-
sible qu'elle se soit trompée de même ailleurs et voilà encore
des points d'appui qui ne nous inspirent pas confiance.
Nous ne croyons pas qu'il soit possible de sitôt de reconsti-
tuer l'œuvre de Lucien ou d'Hésychius, mais nous croyons utile
de classer les manuscrits, d'établir leur filiation, d'éditer ou
de reproduire les principaux avec les variantes de leur groupe
et d'en faire autant pour les versions.
F. Nau.
III
NOUVEAUX FRAGMENTS D'HIPPOLYTE
Dans un manuscrit du monastère des Météores, j'ai trouvé
le texte grec de l'ouvrage, jusqu'ici inédit, d'Hippolyte « sur
les bénédictions de Jacob ». Je l'ai transcrit et j'en prépare
l'édition en commun avec K. Constantin Diobouniotis, pro-
fesseur de théologie à Athènes. Dans le même manuscrit, j'ai
trouvé de nombreux fragments du couimentaire d'Hippolyte sur
les prophéties de Daniel. Plusieurs manquent dans l'édition
donnée récemment, Leipzig, 1897, aux frais de l'Académie de
Berlin-: Die griechischen christlichen Schriftsteller der ersten
drei Jahrhunderte. Hippolytus, Bd. I. Les nouveaux textes que
nous avons découverts peuvent former en somme cinq ou six
pages, mais nous avons relevé en plus de nombreuses variantes
intéressantes pour les textes édités. Notre manuscrit est du
x° siècle. Nous espérons éditer bientôt ces nouveaux textes et
ces variantes (1).
Munich.
NIK02 A. BEH2.
(1) Cf. Hippolyfs Schrift «.iiberdie Segnungen Jakobs », Hippolyts Daniel-Kom-
menlar in \° 573 der Handschriften des Meleoronklosters (VI, 60 pages), Leip-
zig, Hinrich, 1911, M. 2,50.
ORIENT CHRÉTIEN. 2S
BIBLIOGRAPHIE
M. D. GiBSON, The Commen taries of Isho'dad of Merv, bishop of Iladatha.
Cambridge, 1911, 4°, t. I, traduction anglaise, xxxvin-290 pages, 6 s.
net; t. Il, Matthieu et Marc (texte syriaque), 238 pages, 10 s., 6 net;
t. III, Luc et Jean (texte syriaque), 230 pages, 10s., 6 net; avec une in-
troduction de M. J. Rendel Harris {Horœ Semiiicœ, n°^ v, vi, vu).
Dans ces beaux volumes. M™'' D. Gibson édite et traduit en anglais le
commentaire d'Isho'dad sur le Nouveau Testament. M. Rendel Harris a
ajouté une introduction bien documentée sur l'auteur et sur les princi-
pales particularités de son ouvrage.
Isho'dad (Isou'dad, Jésudad), né à Merv (Russie transcaspienne), était
évêque nestorien de Hadatha (Assyrie) avant l'an 854. On sait en effet qu'en
cette année (1165 des Grecs), plusieurs évêques l'avaient choisi comme
patriarche, à cause de sa science, de son esprit et de sa bonne tenue; ses
électeurs s'en remirent, pour le choix d'un patriarche, aux soins du méde-
cin nestorien, Bochtjésus, et celui-ci, sous l'influence du calife Mouta-
wakkil, préféra Théodore (854-857j à Jésudad (cf. H. Gismondi, De pa-
triarchis nestorianorum Cononenlaria, pars altéra, Amri et Slibëe versio
latina, Rome, 1897, p. 42). L'une des raisons qui avaient décidé plusieurs
évêques à choisir Jésudad était sans doute sa science d'exégète, car il nous
reste de lui des commentaires sur l'Ancien et le Nouveau Testament.
Le commentaire sur l'Ancien Testament, dont il existe au moins un
manuscrit dans la bibliothèque du patriarcat grec de Jérusalem, n'est pas
encore édité; M. A. Baumstark vient de le faire connaître dans VOriens
Christianus, nouvelle série, t. 1, Leipzig, 1911, p. 1-19. Griechische U7id
hebrdische Bibelzitate in der Pentateucherklàrung Iso'dads von Merv. Le
commentaire sur les Evangiles, conservé dans plusieurs manuscrits, avait
déjà été signalé, mais était resté inédit.
M™<^ Gibson a donné son édition d'après un manuscrit de Cambridge
(no 1973) de l'an 1687, un second de M. D. Margoliouth (le meilleur) et
un troisième, copié en Orient pour M. Rendel Harris. Elle a donné en
facsimilé une page des deux premiers manuscrits. Elle a ajouté en
marge les renvois à l'Ecriture et aux principales sources utilisées par
BIBLIOGRAPHIE. 435
l'auteur; elle a relevé en particulier les coïncidences avec les anciens
évangéliaires syriens (Cureton et Sinaï) et avec le commentaire de Théo-
dore de Mopsueste sur l'Évangile S. Jean, p. xxxiii-xxxviii. Dans le texte,
les titres, les finales et les noms des auteurs cités sont en caractères rou-
ges. Le syriaque offrait bien des difficultés, parce que les versets com-
mentés ne sont pas en relief dans les manuscrits et sont enchevêtrés
parmi d'autres citations : M'"« Gibson les a dégagés et mis en italiques
dans sa traduction; de plus, l'auteur emploie un bon nombre de mots
grecs qu'il fallait reconnaître et identifier. Dès la première page on trouve
<^o.m.\o) (les Champs Elysées); yo-i^ot^aro/ ; .m.moi;ov3is.coo;^; vm.m-voA et
yOL-^opo qui est le mot [i.eyaXEî'ov, employé très souvent dans la Didascalie
de Jacob, au vn<' siècle (cf. supra, 1910, p. 326); M^^ D. Gibson a donc
traduit et édité un texte difficile et d'ailleurs très intéressant, comme nous
allons le dire, elle a coUationné patiemment trois manuscrits et elle a
donné, par ce travail désintéressé de six années, un bel exemple à tous
les syriacisants.
L'importance des commentaires de Jésudad tient aux sources utilisées
par lui et perdues en grande partie aujourd'hui, et à l'usage que les cri-
tiques postérieurs ont fait de ses œuvres. 11 a été pillé surtout par Denys
Bar Salibi. Ce dernier a composé de très savants commentaires sur toute
la Bible, mais la publication de M"^'^ Gibson lui sera en somme nuisible,
car elle montrera combien peu il est original. M. Rendel Harrisa cru pou-
voir écrire que Denys Bar Salibi = Isho'dad + Bar Képha (p. xxxi).
Parmi les sources citées par Jésudad (cf. p. xvi-xvii), mentionnons sur-
tout Ephrem, le Diatessaron, Théodore de Mopsueste et l'historien Josèphe.
Nous retrouvons ici, 1, 135, le texte relatif à Bardesane que nous avons
cité, Journal As., sept.-oct. 1910, p. 219. Nous retrouvons encore I, 126, xxi
et 116 les détails trouvés plus haut ROC, 1911, p. 299, sur les quatre-vingt-
deux évangiles écrits par les 70 disciples et les douze apôtres, et sur Marie
de Magdala. Au lieu de 82 évangiles, les manuscrits de M'"^ Gibson por-
tent Apocalypses, po^^--^, mais cette leçon est sans doute moins bonne,
puisque son texte porte comme le nôtre que les apôtres n'en ont retenu
que quatre qui sont les évangiles canoniques. C'est encore à Jésudad que
sont empruntées les réponses à un certain nombre de questions scriptu-
raires du manuscrit de Paris, n« 350, supra, p. 302-304. On trouve aussi,
I, xix, XX et 60, avec certaines différences, les récits grecs qui racontent
la punition de la fille d'Hérodiade. Cf. Patrol. Orientale, t. IV, p. 523-524.
Jésudad ne commente pas tous les versets, mais seulement les versets
ou passages qui lui paraissent intéressants ; on trouve de longs dévelop-
pements sur l'accord des généalogies, 1, 11, et des dates de la Pâque et
de la Passion, 1, 143, 195, 256, 278, avec de nombreux éclaircissements
géographiques et historiques, sur Bethphagé, I, 80; sur Béthanie, I, 224,
241 ; sur la ville nommée Ephrem, 1, 255 : « qui est encore une grande
ville, et qui est à cinq étapes à l'est dé Béthel ». L'étoile des mages donne
occasion à deux pages d'astronomie et d'astrologie. Nous trouvons là, 1,
17, au compte des astrologues, un texte porté par Agapius de Menbidj au
43G REVUE DE l'orient CHRÉTIEN'.
compte de Bardesane, Palrol. Or., t. VII, p. 520. Ce texte attribue aux sept
planètes la création des parties du corps.
Jésudad, p. 15, place en 307 des Grecs la naissance de Notre-Seigneur.
Les historiens d'Édesse donnent 309, on choisit en général 312; on a
trouvé plus haut, p. 303, les années 304 et 308; ces divergences peuvent
peut-être rendre compte de quelques difficultés dans les synchronismes.
Siméon « qui reçut Notre-Seigneur était le fils d'Onia bar-Onia le grand
prêtre et le père de Jésus fils de Sira .j>. Jésudad rattache « Sira » à la
racine esar « lié » et dit que ce Jésus (auteur de l'Ecclésiastique) avait été
appelé fils de Sira (fils du lié), parce que son père Siméon avait été lié
en esprit (ou condamné) à vivre jusqu'à cette époque, c'est-à-dire pendant
deux cent soixante ans. C'est une variante de la tradition trouvée plus
haut, p. 303, qui fait de Siméon l'un des Septante (traducteurs de la Bible)
et lui accorde 535 ans de vie.
On trouve, au commencement de l'évangile de saint Jean, un long exposé
christologique et, ailleurs, des citations de la Caverne des Trésors (cf dans
cette Revue la traduction du Qalémentos), p. 20, des Récognitions, de Denys
l'Aréopagite, p. 289, de Nestorius, p. 284 et surtout du Diatessaron et de
« l'Interprète » (Théodore de Mopsueste).
Nous espérons que ces quelques lignes feront connaître un peu l'impor-
tance de l'ouvrage et suggéreront à plusieurs l'idée de l'étudier de plus
près.
F. .Nau.
Eugène Tisserant, Codex Zuqninensis rescriphts Velei'is Testamenli, texte
grec des manuscrits Vatican syriaque 162, et Mus.. Brit. Additionnel
15G65, édité avec introduction et notes, 8°, l\xxviii-278 pages, 6 planches
(Studi e testi, n° 23). Rome, typogr. Vaticane, 1911.
Le manuscrit syriaque 162 du \'atican est le célèbre manuscrit attribué
par Assémani et ses successeurs au patriarche Denys de Tellmahré jus-
qu'au jour où nous y avons reconnu —en même temps que M. Noeldeke —
l'œuvre d'un moine du couvent de Zouqnin, près d'Amid, sans doute
l'œuvre du stylite Josué, cf. HOC, t. II (1897), p. 41-68 et 455-493. Le texte
syriaque a été récrit, du ix^ au x« siècle, sur des feuillets de six manus-
crits grecs de l'Ancien Testament que l'on avait préalablement lavés.
M. Tisserant a reconnu quij six feuillets de ce manuscrit, qui en étaient
détachées lorsque Assémani l'a acheté à Scété, en 1715, avaient été por-
tés à Londres par Tattam, en 1842 (add. ms. 14665); il a déchiffré le texte
grec palimpseste et l'a édité, il a fixé son caractère propre (recension
lucianique), il a précisé l'histoire et la date du manuscrit. Le texte por-
tera désormais la lettre Z parmi les manuscrits onciaux de l'Ancien Tes-
tament. Tiscliendorf la lui avait déjà attribuée lorsqu'il en éditait deux
feuilles d'après le manuscrit I466o de Londres et elle lui convient tout
particulièrement puisqu'il provient de Zouqnin et que le titre Codex Zuq-
ninensis, choisi par M. Tisserant, lui est désormais acquis.
BIBLIOGRAPHIE. 137
Le texte grec palimpseste, du vii®-viii« siècle, contient : Juges, xvi,
29 - XIX, 12; XIX, 18-29; x\, 4-18; xx, 30- xxi, 5.
III Rois, II, 19-25; 35-39; 46-iii, 2; m, 27 - iv, 9; iv, 28-vi, 16; vu,
27- VIII, 33; xxi, 26-39.
Ps. viii, 1 - IX, 19; i\, 36- xii, 3; xiii, 1 - xvi, 1 ; xvii, 3-29; xvii, 39-48;
XIX, 9 - XXI, 25; xxi, 32 - xxiii, 2 ; xxiv, 9-19 ; xxv, 8 - xxvi, 4; xxviii, 3- xxix,
4; XXX, 2-11; xxxii, 21 - xxxiii, 22; xxxv, 7 - xxxvii, 11.
Ez., I, 9-25; m, 1-18; iv, 16 - v, 11 ; vi, 11 - 1\, 4; xxii, 7 - x.xiii, 38; xxiv,
5-14; xxv, 2-9; xxvi, 7-11 ; xxviii, 10-16; xxxv, 5 - xxxviii, 4; xxxix, 10-13;
15 24; XL, 1923; xli, 25 - xlii, 12; xuii, 11-xLiv, 4; .\liv, 16-xlv, 13;
XLv, 20 ■ XLVi, 2; xlvi, 16-22; xlvii, 5-14; xlvii, 17- \l/iii, 3; xxxvi,
20-28; xxxvii, 8-14; xli, 25 - xlii, 7; xliii, 11-lS; xlvii, 19- xLviii, 4.
Dan., m, 2-15.
Ces versets couvrent 129 feuillets (123 à Rome et 6 à Londres) dont deux
seulement (de Londres) avaient été édités par Tischendorf et huit (de
Rome) par Costa Luzzi; il en reste donc 118 qui ont été déchiffrés pour
la première fois et édités par M. Tisserant. L'éditeur est d'ailleurs doublé
d'un critique qui a revendiqué tous ces textes pour la recension lucianique,
et a précisé leur importance et leur place dans la tradition manuscrite.
Lucien, prêtre d'Antioche et martyr, a entrepris, au commencement du
iv'' siècle, de corriger sur l'hébreu le texte grec de l'Écriture. On tcâche
de reconstituer son œuvre à l'aide des citations de saint Jean Chrysostome
et de Théodoret, d'un manuscrit oncial (Venetus) et de cinq manuscrits
minuscules (22, 36, 48, 51, 231 de Holmes). M. Tisserant a montré que les
cinq manuscrits minuscules ne doivent compter que pour un, car ils dé-
rivent tous d'un même archétype qui n'est pas l'exemplaire de Lucien,
mais un manuscrit qui avait déjà son contingent d'erreurs et d'omissions.
Z participe à la fois de cet archétype et du Venetus et se trouve donc
être un précieux instrument pour faire la critique de ces deux traditions.
Pour terminer, ajoutons que le manuscrit syriaque porte une note due
h Elisée, du monasière de Zouqnin, qui est tiès intéressante, puisqu'elle
nous a conservé le nom (Josué le stylite) de l'auteur de la chronique, cf.
HOC, t. 11 (1897), p. 48-49. M. Martin plaçait sa rédaction vers le xiv« siè-
cle, mais M. Tisserant opine pour le ix^. Nous pouvons apporter à son
opinion une confirmation assez inattendue : Dans le manuscrit du British
Muséum, Or. 5021, fol. 16 (1), nous avons trouvé un colophon écrit en 903
par un certain Elisée de Zouqnin. Celui-ci a donc bien des chances d'être
le scribe qui ajoutait une note sur le Codex Zuqninensis, et cette note se-
rait donc, comme le conjecturait M. Tisserant, (de la fin) du ix*^ siècle.
Voici le colophon :
y..[ ^^i^if .ovV^- ^A '-s.t^î» |-«.i.oo) ■«.A*.i\ PlV..o l-o» ^>. yVio ''^v^Oo lljj |;j>; \o
1 Cf. 0. MargoliouU), Descrijttive Itsl of si/riac and Karshuni msa..., Londres ISiti),
|). 4S-49. ce manuscrit contient un fragment de la Vie de saint Antoine, la Vie de Paul
de la Thcbaïde et la lettre d'Antoine (le catalogue porte, à tort, Anthime).
438 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
|..>i).fr>j/» U....^ ^^^a^aa» ^av^v^ps >jea..tt>ai..; ^; . xand^j . U-j^o Uy-^-- Poi3 W»
1^*30/ ^«^'r^; M^OA ^; .(«.o.iao ^-^f vO^.Nj wpo ■|...«ao n>.qju yViaaj 0)i^; | ^^
Tout lecteur priera, au nom de Notre-Seigneur, pour le pauvre et faible Elisée
de Zouqnin, qui a écrit selon sa force, pour qu'il soit pris en pitié comme le
voleur (crucifié) à droite (du Sauveur)... Ce livre a écrit l'an 1214 des Grecs
{— 903), dans le désert intérieur d'abba Paul, solitaire et saint; aux jours de
Denys, patriarche du siège apostolique de la ville d'Antioche (1), et aux jours de
Michel, archevêque d'ALxandrie. Elisée de Zouqnin l'a écrit pour son cher frère
en Notre-Seigneur Jésus-Christ, Mar Salomon, moine et prêtre de la province
de Mar'as, c'est-à-dire la ville de Germanicie, qui lui a fait habiter le désert in-
térieur d'abba Paul, où il a fixé un autel au nom de Notre-Seigneur .Jésus-
Christ.
D'après ce colophon, Elisée de Zouqnin, qui avait un frère en Notre-
Seigneur (peut-être un ancien condisciple) à Mar'as, habitait l'Egypte
en 903. C'est avant son départ qu'il aurait écrit la note du Codex Zuq-
ninensis. Nous souhaitons que la comparaison des écritures permette d'i-
dentifier les deux Elisée et confirme ainsi la conjecture de M. Tisserant.
Ce serait d'excellent augure pour les autres conclusions du sympathique
éditeur.
F. Nau.
Conrad von Orelli, Allgemeine Religionsgeschichle, 2'c Auflage. — A. Mar-
cus und E. Weber's Verlag, Bonn, 1911.
La librairie Marcus et Weber continue activement la publication de la
seconde édition de V Histoire générale des Religions de C. von Orelli. L'au-
teur, qui a basé sur l'ethnographie la classification des diverses religions
de la terre, poursuit dans la deuxième livraison l'étude des religions du
groupe touranien qu'il avait commencée dans la première livraison ; il
passe ainsi en revue les religions des Mongols, des Finnois et surtout des
Japonais. Mais la majeure partie de la deuxième livraison est consacrée à
la religion des Égyptiens qui représentent à eux seuls la famille chamiti-
que. Etant donnée l'importance de cette religion, C. von Orelli fait précé-
der son étude d'une introduction sur le pays d'Egypte, ses habitants, son
histoire, sa vie nationale et sa civilisation, et il s'étend ensuite assez longue-
ment sur la représentation de la divinité dans la nature visible, sur les
principaux dieux du panthéon égyptien et sur la vie future et le culte des
morts.
La troisième livraison intéressera particulièrement ceux qui étudient les
(11 Patriarche de 898-909; cf. Bar Hébraeus, Chron. eccL, L 391-395.
BIBLIOGRAPHIE. 439
langues sémitiques. Les quatre chapitres qu'elle renferme sont consacrés
à la religion des Babyloniens et des Assyriens, à la religion des Phéniciens,
des Chananéens et des Carthaginois, à la religion des Araméens, des Am-
monites, des Moabites, etc., et à la religion d'Israël. Comme il est facile de
le concevoir, l'auteur s'est appesanti sur l'étude de la religion assyro-baby-
lonienne, en adoptant du reste le plan qu'il avait déjà suivi pour la reli-
gion égyptienne. Mais le lecteur sera particulièrement reconnaissant à
C. von Orelli d'avoir traité avec quelques détails la question de la religion
des autres peuples sémitiques; car les Phéniciens, les Chananéens, les
Moabites, etc., ont eu les rapports les plus étroits avec le peuple d'Israël.
Ce dernier sujet, la religion d'israol, n'est encore qu'ébauché dans la troi^
sième livraison.
Puisqu'il s'agit ici de l'histoire des Religions, nous signalerons aux lec-
teurs de la Revue l'apparition d'un ouvrage français sur le même sujet :
Où en est l'histoire des Religions? par J. Bricout, avec le concours de nom-
breux collaborateurs (Librairie Letouzey et Ané).
M. Brière.
Michel d'Herbigny, Un Nexoman Russe : Vladimir Soloviev {î853-i900),
1 vol. in- 16, .\vi-336pp. Paris, G. Beauchesne et C'«, 1911. — 3 fr.50.
Si le nom de Vladimir Soloviev n'est pas complètement ignoré en Occi-
dent, son œuvre du moins y est encore totalement inconnue : aussi le
livre que M. d'Herbigny consacre à ce grand penseur en utilisant l'édition
russe de ses écrits, fera connaître l'influence de V. Soloviev sur ses com-
patriotes et le mouvement de l'idée religieuse en Russie. Ce livre n'est pas
une sèche nomenclature des événements qui ont composé la vie de V. So-
loviev, mais c'est une étude psychologique des divers états par lesquels a
passé l'àme de ce philosophe et de ce théologien, pour aller des confins de
l'incrédulité jusqu'à la foi complète en l'Église Romaine. La plus grande
partie de l'ouvrage de M. d'Herbigny considère en V. Soloviev le philosophe,
le théologien et l'ascète et marque les différents aspects du penseur russe
en analysant les principaux livres qu'il a publiés sur ces terrains variés.
La lecture de cette étude d'une àme qui recherche la vérité montre
l'amour que V. Soloviev a porté à son pays et à son Église et elle laisse
deviner la joie avec laquelle il aurait vu le rétablissement de l'union entre
l'Orient et l'Occident.
M. Brière.
S. Ferarès, U7ie erreur de traduction dans la Bible (Extrait de la Revue
de Linguistique 1911).
Il s'agit du précepte promulgué dans Exod. xxiii, 19; wxiv, 26;
Deut. XIV, 21 : « Tu ne feras pas cuire le chevreau dans le lait de sa mère ».
Après avoir relevé quelques-uns des principaux commentaires dont ce
texte a été l'objet, depuis le Targum des Samaritains jusqu'à B. Stade en
440 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
passant par Maimonide et Michaelis, M. Ferarès propose la traduction sui-
vante : « Tune feras pas cuire le chevreau à la mamelle de sa mère ». Le mot
hâlâb signifierait ici, selon lui, sein ou mamelle et non lait. Ce sens nou-
veau demanderait à être solidement établi : M. Ferarès ne nous semble
pas avoir fourni cette démonstration. Le mot hàlâb « n'est employé, dit-il,
que très rarement dans le Pentateuque, ailleurs que dans le texte cité plus
haut, et dans la Bible on ne le rencontre pas souvent ; presque tous les
grammairiens ne citent que Is. lx, 16 et Proverbes, xxvii, 27 ». Gesenius-
Buhl{Hebrâisches und Aramâisches Handwôrterbuch, 14« édit.) donne pour
hâlâb plus de vingt références à la Bible, et « les grammairiens qui ne
citent que Is. lx, 16 et Prov. xxvii, 27 », pourraient citer encore : Gen. xviii,
8; XLix, 12;Deut. xxxii, 14; Juges, v, 25; iv, 19; I Samuel, xvii, 18; vu, 9;
Isaïe, VII, 22, xxviii, 9; lv, 1; lx, 9; Ezéch. xxv,4; Joël, iv, 18; Lament.
IV, 7; Job, X, 10; Prov. xxx, 33; Cantiq. iv, 11; v, 1; v, 12. Une discussion
un peu approfondie de tous ces passages bibliques eût été nécessaire; elle
n'eût pas tourné en faveur du changement de sens proposé par M. Fe-
rarès. Le texte des Septante âv •^iloiy.Ti [j.r)Tpbç aùiou, signifie simplement,
comme on l'a toujours compris, t dans le lait de sa mère ».
Jean Pressoir.
JoHANNEs Behm, Lic. theol., Die Handauflegung im Urchrislentum nach
Verwendung, Herkunft und Bedeutung in religionsgeschichtlichen
Zusammenhang untersucht, 8°, vin-208 pages. Leipzig, A. Deichert'sche
Verlagsbuchh. Inh. Werner Scholl, 1911. — M. 4,50.
M. Joh. Behm vient de publier une étude intéressante sur l'imposition
des mains dans l'ancien christianisme. Les matériaux nécessaires à l'éla-
boration de ce travail, ont été choisis et utilisés avec un soin méticuleux.
L'ordre, la clarté et la simplicité sont les qualités maîtresses de l'ouvrage.
L'unité du sujet et la division logique des parties ressortent du plan qui
a été adopté. En effet, la pratique, l'origine et la signification de l'imposi-
tion des mains constituent les' trois sections du livre : I. Die Verwendung
der Handauflegung im Urchrislentum {première ^iartie àe cette section) und
in der alten Kirche (seconde partie). II. Die Herkunft der urchristlichen
handauflegung. III. Die Bedeutung der urchristlichen Handauflegung.
Le livre de M. Behm instruit et plait à la fois. Le texte, dégagé de tout
appareil d'érudition, est d'une lecture facile. C'est dans les nombreuses
notes, rédigées avec le souci con.stant de renseigner aussi succinctement et
aussi complètement que possible, que se trouvent les citations, toujours
accompagnées des références aux sources, les discussions philologiques,
exégétiques et critiques, les remarques diverses, et les indications biblio-
graphiques. 11 faut donc savoir gré à l'auteur d'avoir condensé avec une
grande précision les résultats d'une information sérieuse, abondante et
avertie. Cf., par exemple, la note sur l'expression imposition de la main
(au singulier), pp. 98-99 : xiôévac (ktTi9£vat) ttiv -/srpa fut d'abord en usage;
BIBLIOGRAPHIE. 441
puis, dans la seconde moitié du second siècle apparut le terme technique
^eipoôeala (yjtpoÔETEî'v) ; les anciennes expressions (/) tôjv) ■/jipw\; Ij^lÔeai; et
èrriTiÔÉvat (rrjv) x.eî'pa sont rares ; )(^£tpE7iiOEa(a se rencontre une seule fois ; quant
au mot x^tpoTovîa (yeipoTovsîv). il conserve sa signification originelle d'élec-
tion (Erwâhlung) et de nomination (Ernennung), et il diffère nettement
de ysipoÔEafa et de IrA^EOii Twv yetpôiv.
Ainsi, l'ouvrage, tout en offrant à chaque page une documentation solide,
n'est pas alourdi dans l'exposition générale du sujet. La richesse des détails
s'allie bien avec l'aisance de la forme. N'est-ce pas là un des» principaux
mérites du travail consciencieux de M. Behm?
Sylvain Grébaut.
WiLHELM ScHUBART, Pttpyri fjraecae Berolinenses, xxxiv pages et 50 re
productions photographiques, gr. 8°, Bonn, A. Marcus et E. Weber, 1911,
reliure toile. — 6 M.
Nous avons déjà annoncé les spécimens de manuscrits grecs du Vatican,
HOC, 1910, p. 447; cette fois la librairie Marcus et Weber a voulu mettre
à la disposition des étudiants quatre-vingts papyrus grecs, reproduits
presque tous en entier. Ils présentent les écritures les plus diverses et
s'étagent, par ordre chronologique, depuis l'an 31 1 avant notre ère jusqu'au
commencement du viii« siècle de notre ère. L'éditeur ajoute l'indication du
lieu d'origine de chaque papyrus, du contenu et des principales particu-
larités. Il donne encore la transcription des lignes ou des textes les plus
difficiles à lire. Le choix des textes a été fait aussi de manière à donner
une idée des divers écrits confiés au papyrus et de ce que les collections
de Berlin renferment de plus important : lettres officielles et privées, actes
de donation ou de vente, transcriptions d'Euripide, Homère, Sophocle,
Hésiode, ostraca, papyrus magiques, et même fragment d'une lettre pas-
cale d'un patriarche d'Alexandrie.
Ce dernier est peut-être le plus intéressant des papyrus conservés à
Berlin. Il est coté par l'auteur : Pap. Berol. P. 10677, mais c'est sans doute
le grand papyrus grec que nous avons vu exposé sous le n° 78, nous avons noté
que c'est un rouleau de douze pages dont les dernières sont très bien con-
servées. Il a 45 centimètres de haut et plus de 5 mètres de long et contient
une lettre pascale d'Alexandre II, patriarche d'Alexandrie de 704 à 729.
Elle a été écrite en 713, 719 ou 724. Chaque année, le patriarche d'Alexan-
drie adressait une lettre à ses ouailles pour fixer en particulier la date de
la fête de Pâques (d'où son nom) ; cet usage est bien connu et de nom-
breuses lettres pascales sont conservées (en particulier celles d'Athanase,
dans une version syriaque), mais c'est la première fois qu'on a retrouvé
l'original lui-même. Le présent ouvrage en contient une page, mais il a été
reproduit en entier dans Altchristlicke Texte, bearbeitet von C. Schmidt
442 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
und W. Schubart, in-4«', Berlin, Weidmann, 1910 (dans Berliner Klassi-
kerlexle, VI, p. 55-109) (1).
Signalons encore un libellus très curieux conservé à Hambourg en très
bon état (n" 37 a) qui correspond textuellement à celui qu'a édité M. Wes-
sely {Patrol. Or., t. IV, p. 113, voir la planche 1, n° 4). Tous deux ont été
donnés à des femmes du village de Théadelphie, l'une (Wessely) se nom-
mait Aurélie Kamis, l'autre (Hambourg) se nommait Aurélie Charitos. Ils
sont d'ailleurs datés l'un du 21 payni et l'autre du 22 payni de la première
année de Dèce (250). Le présent papyrus, reproduit et transcrit par
M. Schubart, confirme d'ailleurs les restitutions imposées à M. Wessely par
son papyrus qui était en plus mauvais état.
Le soin avec lequel les reproductions sont faites et les papyrus décrits
ou transcrits, le bon marché de l'ouvrage et l'intérêt qu'il y a pour chaque
étudiant philologue d'avoir un tel instrument d'étude sous la main, nous
sont sûrs garants de la prompte diffusion des papyrus grecs.
F. Nau.
Chr. Herm. Vosen et D'" Fr. Kaulen, Rudimenla linguae hebraïcae, nona
editio, quam recognovit et auxit prof. Jacobus Schumacher, 8°, xii-
172 pages, Fribourg en Brisgau, Herder, 1911, 2 fr. 50 (relié 3 fr. 15).
Cette édition est le terme de nombreux perfectionnements, œuvres de
trois professeurs successifs. En 1860 le D' Vosen se décidait à mettre en
latin une courte grammaire hébraïque écrite par lui en allemand et qui
avait déjà eu six éditions.. Le latin n'a pas eu moins de succès : après la
mort du D"" Vosen, le D"" Kaulen en a donné une huitième édition et, après
la mort du D"" Kaulen, le prof. Schumacher en donne aujourd'hui une neu-
vième.
C'est que l'auteur a réussi à donner en 78 pages tout l'attirail gramma-
tical indispensable pour traduire la Bible, sans le surcharger de trop d'ex-
ceptions, de raretés ou d'étrangetés. Encore a-t-il mis en petits caractères
un certain nombre de paragraphes pour dispenser les étudiants de les
apprendre par cœur. Les paradigmes occupent les pages 79 à 101. Viennent
ensuite, p. 102-131, des exercices gradués, depuis des exercices de lecture
jusqu'à ceux qui renferment les principales difficultés des verbes défectifs.
L'auteur a eu l'idée, sous chaque exercice, d'ajouter quelques lignes de
mots latins à mettre en hébreu pour amener les élèves à vaincre, dans le
thème, les difficultés trouvées dans la version. On trouve ensuite des textes
choisis dans la Bible, 132-142, et un vocabulaire, 153-171. Signalons une
heureuse innovation, p. 143-152. C'est la liste des mots les plus usuels,
(1) CeUe publication contient encore : un fragment de l'épitre de saint Ignace aux
Smyrniotes, trois fragments d'Hermas, des fragments de saint Basile, de saint Grégoire, deux
amulettes, dix fragments liturgiques dans l'un desquels on trouve une invocation em-
pruntée au Poiniandres. Le second fragment liturgique (sur Noël) a été reproduit (n<>486)
dans les Papyri graecae.
BIBLIOGRAPHIE. 443
que l'étudiant devra étudier par (^œur. Au temps, en effet, où nous prépa-
rions — pour occuper nos loisirs théologiques — l'explication des livres de
la Bible, nous arrivions à les expliquer à la satisfaction de M. Vigouroux,
grâce à ce que nous en avions extrait d'abord, puis étudié par cœur,
tous les mots nouveaux pour nous ; car le vocabulaire biblique, surtout
celui de la prose, est peu riche, et l'étudiant qui arrive à posséder par
cœur le sens de 200 à '250 mots principaux et à connaître une très courte
grammaire et un paradigme y trouve peu de difficultés. Les dix pages 143-152
renferment d'ailleurs plus de six cents mots.
Les éditeurs rappellent que Léon XIII et Pie X souhaitent que la con-
naissance de la langue hébraïque soit à la base des études théologiques.
Ils ont voulu correspondre à ce vœu eu offrant une grammaire avec chres-
tomathie, courte, complète, pratique et bon marché. Nous espérons que
le succès continuera à couronner leur effort.
F. Nau.
Adolf RiiCKER, Die Lucas-Homilien des /il. Cyrill von Alexandrien, 8",
102 pages ; Breslau, Goerlich et Coch, 1911. —3 M. 20.
Saint Cyrille avait composé 156 homélies sur l'évangile de saint Luc.
Trois seulement sont conservées en grec. Par contre deux manuscrits de
Londres en ont conservé une traduction syriaque, mais les manuscrits
sont en assez mauvais état, les homélies 1-28, 30-31, 97, 113-116, 154-156
sont perdues et une dizaine d'autres sont incomplètes. De nombreux
fragments des homélies sont d'ailleurs cités dans les chaînes, tant grecques
que syriaques.
M. A. R. édite et traduit, p. 87-101, la fin de l'homélie 27 et l'homélie 28
qu'il a trouvées dans le ms. Sachau 220 de Berlin, et, à cette occasion, il.
nous donne une étude sur les traditions manuscrites des homélies, la
recherche du texte primitif et des particularités du texte biblique utilisé
par Cyrille, et le contenu exégétique des homélies.
Cyrille a plutôt été étudié au point de vue de l'histoire des dogmes, les
monophysites et les orthodoxes s'en réclament également et le tirent
chacun de leur côté ; c'est pour cela que ses commentaires ont peu retenu
l'attention et se sont perdus, hors les quelques phrases dont on voulait se
prévaloir et que l'on introduisait ainsi dans les chaînes dogmatiques.
D'ailleurs ce ne sont pas, à vrai dire, des commentaires, mais plutôt des
exhortations pratiques; les points les plus difficiles et les plus intéres''".nts
sur lesquels nous aimerions connaître l'opinion de Cyrille sont passés sous
silence et M. A. R. a pu condenser en une douzaine de pages (73 à 86) ce
qu'il a trouvé d'intéressant au point de vue exégétique dans le flux de pa-
roles déversées par Cyrille dans 156 homélies. Ce n'est pas pour infirmer
l'épithète de « bavard » que lui décochait Nestorius. Signalons du moins
que, d'après Cyrille, « le chameau » qui ne peut pas passer par le trou
d'une aiguille (Luc, xviii, 25) n'est pas l'animal de ce nom, « mais plutôt
441 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
un gros câble, car ceux qui ont fréquenté les matelots savent bien que
ceux-ci donnent le nom de chameau à un gros câble ». Cette explication
se trouve aussi dans le Lexique syriaque de Bar Bahlul sous le nom de
Cyrille (éd. Rubens Duval, col. 500). L'étude sur la transmission du texte
et la manière dont les chaînes l'ont utilisé est fort intéressante (p. 14-32).
Le présent travail a valu à l'auteur le titre de docteur devant la faculté
catholique de théologie de Breslau.
F. Nau.
COURTES NOTICES.
I. Le XVI^ Congrès international des orientalistes.
Cette session se tiendra à Athènes, du 7 au 14 avril 1912. La cotisation
est fixée à 25 francs. Le caissier du comité est M. Z. C. Matsas, directeurde
la Banque d'Athènes. Le secrétaire général est M. Spyridion P. Lambros,
professeur d'histoire à l'Université nationale de Grèce, rue Maurocor-
dato, 10.
II. Publications de TAcadémie royale des sciences d^Upsal (Skrifter
utgifna af Kungl. Humanistil^a Vetenskaps-Samfundet i Uppsala), t. XI,
Leipzig, Harrassowitz, 8".
Ce volume contient 1° une étude lexicographique sur le mot Elementum,
par Otto Lagercrantz, 109 pages (en allemand). L'auteur estime qu'il faut
d'abord étudier ce mot chez les Grecs, car les Latins se sont mis à leur
école ; il consacre donc tout le présent travail à l'étude du mot grec
oTOf/erov et de ses dérivés avec leur emploi chez les philosophes et chez les
écrivains grecs depuis le Nouveau Testament jusqu'aux écrivains byzantins
et néo-grecs; 2° une « étude sur les pronoms abrégés en ancien espagnol »
par Erik Staaff (en français), 152 pages; 3" l'édition (précédée de deux in-
troductions bibliographique et littéraire en espagnol) d'un volume espa-
gnol incunable conservé à la bibliothèque d'Upsal : Evangelios etepistolos
con sus expositiones en romance segun la version castellana del siglo XV
hecha por Gonçalo Garcia de santa Maria del texte de Guillielmus Pari-
siensis : Postilla super epistolas et evangelin, par Isak CoUijn et Erik
Staaff, LxxxvHi et 510 pages. La traduction espagnole de l'ouvrage de
Guillaume de Paris (1437) avait été imprimée à Salamanque en 1493;
4" une histoire des études sur la langue nubienne (en suédois, avec un ré-
sumé en allemand) par K. V. Zetterstéen, 24 pages.
III. Publications nubiennes.
La Nubie, chrétienne depuis le vr siècle jusqu'au xiii^ où les Mamiuks
ont soumis à l'Egypte toute la vallée du Nil, préoccupait déjà Peire.sc. 11
écrivait le 29 sept. 1635, au Père Cassien de Nantes : « J'entends qu'il y a
dans les montagnes d'Egypte un langage vulgaire... lequel tient, dit-on,
niBLiofiRAPiFir:. .j 15
quelque peu du nubien et de l'éthiopien et qu'il se trouve des psaumes
et autres livres écrits en ce langage et d'un caractère tout différent de
celui desCophtes et plus approchant de l'éthiopien. Je vous supplie de vous
en enquérir soigneusement... et de nous en faire voir quelques livrets, s'il
s'en trouve. Mais je n'en verrais pas moins volontiers en langage nubien,
s'il s'en pouvait avoir et, faute de livres, quand on n'aurait que la moindre
petite lettre missive, ou contrat ou autre écriture, avec sa version arabique
ou en une autre langue connue, ou en franc, vous nous feriez faveur de la
nous procurer... . Le Père.\gathangede Vendôme lui répondait, le 20 dé-
cembre 1635 : « Pour ce qui est du nubien que vous demandez, je vous
dirai qu'il ncst pas très aisé d'en recouvrer ici. La langue arabe a telle-
ment prévalu en tous ces pays, laquelle a étouffé la nubienne, sinon
quant au parler, au moins quant à l'écrire... .. Ci. Correspondance de
Peiresr avec plusieurs missionnaires et relifjieux... publiée par le P. Apol-
linaire de Valence, Paris, Picard, 1892, p. 190 et 210.
Ici, comme pour l'édition du Livre des mystères (cf. supra, p. 333), le
vœu de Peiresc ne devait être réalisé qu'au xx^ siècle : M. Schmidt a dé-
couvert à Berlin un fragment de péricopes évangéliques et d'un hymne
sur la croix écrits dans l'ancienne langue nubienne. Die ersten lirikh-
stiicke christlicher Litteratur in allnubischer Sprache, dans Sitzungsb. d.
Preuss. Akad. d. Wiss. (Berlin), 1906, 773, 774-785 et 1907, 602-613. Cf.
H. Junker, Die neuenldeckten christlichen Handschriften in miltelnubi-
sc/ier sprache, dans Oriens Christianus, Rome, t. VI, 437-442. En automne
1907, le British Muséum a acquis un petit manuscrit en dialecte nubien
qui a été édité par M. Budge avec fac-similé : Texts relating ta Saint Mena
^f ^gypf and Canons of Nicaea in a Nubian dialect, Londres, 1909. Une
première traduction approximative a été donnée par M. Griffith, Some old
nubian Christian texts, dans The journal oftkeological studies, t. X (juillet
1909), p. 545-551. Ces dernières publications sont postérieures au travail
de M. Zetterstéen, aussi bien que la suivante : Die sprachtiche Stellung des
Xuba, par L. Reinisch, dans Schriften d. Sprachenkomm. d. k. Ak. d. Wis-
sensch. zu Wien, t. III, 8°, vi-177 pages. Le nubien serait un anneau entre
les langues proto-chamitiques et les langues chamito-sémitiques (Ethio-
pie). Nous sommes heureux de signaler ces débuts dune nouvelle littéra-
tui'e chrétienne orientale (I).
IV. E. Pereira, Homélies éthiopiennes attribuées à saint Jean Chrysostome.
M. Pereira a édité à. l'.Xcadémie des sciences de Lisbonne, Doletim de
segunda classe, vol. IV, trois homélies éthiopiennes attribuées à saint Jean
Chrysostome, Tune sur les noces de Cana et deux sur le baptême de Notre-
(1) Parmi les travaux anlérieurs, rappelons que le Iranciscain Arcangelo Carradori.de
Pistoie, avait écrit, en i660, un Dilionario delta lingua italiann c SuOnina. CI. Zetter-
stéen, loc. cit., p. 10. Nous ne savons pas si ce sont les lettres de Peiresc aux Pères fran-
ciscains Cassien et Agathange (|ui ont oriente le l'ère Carradori dans cette direction.
I-cpsius a écrit une \ubiscfie fl/amma/jA, Berlin, 1880, et de Kocliemonleix, Quelques
contex uf biens, dans les Mémoires 'le l'Inslitul cgy^jHen, Le Caire. Il, iXi- .•>»■».
446 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
Seigneur. Elles sont contenues en particulier dans le manuscrit du British
Muséum, Or. 774, fol. 22-25, 24-28 et 28-32. Ce sont de courtes composi-
tions de six à huit petites pages chacune. M. Pereira n'a pas trouvé dn
texte correspondant en grec ni en une autre langue.
Signalons encore une traduction portugaise de la version araméenne du
Livre de Tobie qui a été éditée par M. Neubauer, The book o[ Tobit,
Oxford, 1878. M. Pereira a donné une introduction sur les versions du
livre de Tobie et a annoté sa traduction de l'araméen. L'exemplaire que
j'ai en main porte : Lilleraturae beUos-artes,\o\. 58, n" 1, Janeiro de 1911
(Lisbonne?).
V. V. ScHEiL, A)inales de Tukulli Ninip II, roi d'Assyrie, KS9-88i, 8°,
62 pages, 7 planches, 1 carte, Paris, Champion, 1909 (Bibliothèque de
l'École des Htes-Études, sciences philologiques, 178^ fascicule), 7 fr. 50.
Le baron Degrand, vice-consul à Mossoul, avait acheté une grande ta-
blette (0,265 sur 0,10) couverte d'une fine écriture cunéiforme qui semblait
usée et illisible. Le Père Scheil reconnut, en 1909, que le mauvais état de ,
la tablette tenait seulement à ce qu'on y avait comme coulé un lait de
chaux. 11 eut la patience de la débarrasser, caractère par caractère, de cet
enduit, et — comme récompense — il a trouvé, après un court résumé des
cinq premières campagnes de Tukulti Ninip, le récit très détaillé, avec
nombreux noms propres, de la sixième campagne. Le Père Scheil trans-
crit, traduit, commente le texte et le reproduit en héliogravure. La
cinquième campagne, brièvement racontée (30-40), est une expédition
guerrière aux pays de Urrupnu et Isrun, dans les grandes montagnes où
aucun roi d'Assyrie ne s'était encore hasardé : « je conquis 30 de leurs villes
situées entre les montagnes ». La sixième campagne longuement racontée
(41-82 et 1-44) est en somme un voyage circulaire autour de l'Assyrie, le
long duTartar, du Tigre, de l'Euphrate, du Habour, pour percevoir .les
tributs que les habitants de ces régions n'auraient peut-être pas pris la
peine de porter spontanément à Assur. On lit par exemple : » Comme je
restai à Sirqi, le tribut de Harani le Laqéen, 3 mines d'or, 10 mines d'ar-
gent... 700 moutons... je reçus ». Lorsque le vas.sal refusait le tribut. Tu- ,
kulti Ninip — j'allais dire le percepteur — se fâchait : « leurs villes j'incen- ;
diai, leurs moissons je coupai et un tribut, lourd plus qu'auparavant, je j
leur imposai ». Cette tablette est donc des plus intéressantes pour l'his-
toire, la géographie, la langue et les coutumes de cette époque si reculée.
VI. N. BûNWETSCii, Doclrina Jacobi nuper ba/jtizali, 4'', xviii-96 pages,
Berlin, 1910 (Abhandl. der K.ges. der Wiss. zu Gotlingen, Phil. hist. kl.,
neue Folge, t. Xll, n. 3).
C'est le texte grec original du Sargis d'Aberga, qui sera édité à nou-
veau dans \a.Palrolocjie orientale (cf. ROC, 1910, p. 325-7). M. Bonwetscha
utilisé plusieurs manuscrits grecs (deux seulement sont importants, Cois-
lin 299 et Florence, Laurent. Plut. 9, cod. 14) et une ancienne traduction
BIBLIOGRAPHIE. 447
slave. L'ouvrage a été connu aussi des Syriens (cf. W. Liidtke, Archiv fur
slavische Philologie, t. XXXI, Berlin, 1911, p. 317). Nous utiliserons de plus
un fragment d'une traduction syriaque, contenue dans le ms. du British
Mus. add. 17194, fol. 51, et la version arabe que nous venons de retrouver.
VII. Le proconsul d'Achaïe, Gallion, dans Bulletin d'ancienne littérature et
d'archéologie chrétienne, Paris, 1911, p. 214-215.
Il y a déjà six ans que M. Bourguet a publié certaine inscription grec-
que mutilée, trouvée dans les fouilles de Delphes, De rébus delphicis
imperatoriae aetalis, Montpellier, 1905, p. 63. Nous en reproduisons la
traduction, donnée par le Bulletin d'ancienne littérature, à cause de son im-
portance : Tibère Claude César Auguste Germanique, la 12« année de sa
puissance tribunicienne, imperator pour la 1^^ fois, père de la patrie... à
nouveau adresse à la ville de Delphes son salut le plus cordial... J'obser-
verai le culte... est dit maintenant... L. lunius Gallion, mon ami et pro-
consul d'Achaïe.
Le nom de Gallion et sa qualité de proconsul d'Achaïe apparaissent dans
une inscription datée. C'est certainement devant lui qu'a comparu saint
Paul, Actes, xviii, 12-17, et la date de cette comparution se trouve fixée
entre le printemps 52 et le printemps 53. C'est un précieux point de repère
dans la chronologie des Actes des Apôtres.
VIII. Lesprésents de saint Cyrille à la cour de Constantinople .
Signalons dans le même Bulletin, p. 247-264, un intéressant article de
M. Batiffolqui donne, d'après le ms., une nouvelle édition de la petite pièce
que nous avions rééditée dans Le Livre d'Héraclide, d'après le catalogue
du Mont Cassin. Il s'efforce de déterminer là signification des mots techni-
ques employés. Il calcule que saint Cyrille avait versé, en monnaie
moderne, 1.081.542 francs, soit : à Chrysorète 200.000; à Helleniana, Sco-
lasticus, Artabas, maître des offices, questeur, chacun lOU.OOO; à Paul, à
Marcelle, à Drosérie, à Salomon, à Florentins, à Domninus, à Théodore,
chacun 50.000; à Romain 30.000; enfin, au domestique de Paul, 1.542 francs;
tout cela sans préjudice des présents en nature.
M. B. rappelle, après M. Ehrard, que l'homélie XI de S. Cyrille {P. G.,
LXXVIl, 1029-1040) n'est pas authentique. Elle a été composée, du vii« au
i\« siècle, par un auteur qui s'est inspiré de l'homélie IV. D'ailleurs elle
est en dehors de la tradition manuscrite de saint Cyrille et du concile
d'Éphèse.
IX. J. Lebon, La version philoxénienne de la Bible, dans Bévue d'histoire
ecclésiastique, t. XII, Louvain, 1911, p. 413-436.
La version, au moins du N. T., faite par le chorévéque Polycarpe à la
demande de Philoxène de Mabboug, a été effacée par l'Héracléenne cons-
tituée un siècle plus tard à Alexandrie. D'après M. Lebon, c'est en vain
qu'on a cherché à reconstituer le travail de Philoxène; la version de l'A-
448 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.
pocalypse et des quatre petites épitres catholiques qui lui est attribuée par
M. Gwynn n'est sans doute pas de provenance philoxénienne ; nos con-
naissances sur ce point sont donc ramenées à zéro.
X. E. Mangenot, Patrie etda'e de la première version latine du Nouveau Tes-
tament. Dans Edition des questions ecclésiastiques, n. 101, Lille, juillet
1911.
La première version latine n'est pas d'origine romaine, car cette église
au commencement utilisait couramment le grec; elle est d'origine afri-
caine. TertuUien n'a pas utilisé de version latine de tout le Nouveau Tes-
tament, il est probable qu'à son époque certaines parties étaient seules tra-
duites; pour lui il traduisait directement sur le grec les passages qu'il
voulait citer. Saint Cyprien au contraire, dès 249, a trouvé une traduction
complète du N. T. en latin et ne cite qu'elle. La plus ancienne traduction
latine de la Bible a donc été faite en Afrique, sans doute de 210 à 220.
XI. Les fouilles d'Ophel. Nos journaux ont annoncé qu'une mission
anglaise, celle de M. le capitaine Montagu Parker, avait trouvé sous la
mosquée d'Omar, la couronne de David, les tables de la loi, le trésor de
Salomon et un ouvrage au moins qui devait bouleverser nos connaissances
historico-religieuses antérieures. Ce bruit, qui avait pris origine à Jérusa-
lem, avait soulevé les Musulmans auxquels on avait fait croire à une pro-
fanation de la mosquée ; on avait craint un instant un massacre des chré-
tiens. M. Dalman a écrit que ces fouilles coûteuses avaient été entreprises
avec la protection du gouvernement turc, sur la foi d'un écrit fabriqué
par un individu qui prétendait indiquer la position du trésor de Salomon.
C'est un signe des temps, dit-il, qu'il se soit trouvé des capitalistes pour
consacrer un demi-million à des fouilles basées sur un écrit apocryphe. On
n'aurait trouvé qu'une copie falsifiée de l'inscription de Siloa, et on aurait
fait croire aux Musulmans que les Occidentaux ne faisaient des recherches
que pour trouver des trésors; cf. Milteilungen des deutschen Palaestina
vereins, 1911, n. 4, p. 54. La vérité se trouve, semble-t-il, entre les deux
versions. M. Parker n'a rien trouvé de sensationnel, mais il a exploré et
décrit la canalisation souterraine qui existait sous le mont Ophel. Voir
Hevue Biblique, 1911, p. 566, qui résume l'ouvrage Jérusalem sous teire;
les récentes fouilles d'Ophel, Londres, Cox, 1911, folio, 45 pages, 18 plan-
ches, 10 fr. L'ouvrage est l'œuvre du Père H. Vincent : t à peine quelques
lettres de méchante écriture, pas un objet de haute valeur artistique, de
très rares pièces dignes d'être à l'honneur dans une vitrine de musée,
voilà bien peu, estimera le lecteur inattentif, pour rémunérer dix ou
douze mois de fouilles pénibles, dangereuses même... » Il n'est pas im-
possible que les bruits absurdes répandus à Jérusalem pour ameuter les
musulmans n'aient été l'œuvre d'autres archéologues. Le secret observé
sur les résultats des fouilles irritait leur imagination et leur jalousie.
Mentionnons ici les fouilles allemandes de Jéricho, qui ont reconstitué
en particulier la double enceinte fortifiée de la ville, cf. Revue Biblique,
RIBLIOGRAPIIIE. 449
1910, p. 404; les fouilles américaines de Samarie qui reconstituent l'his-
toire de cette ville sous les Israélites (900-721); les Assyriens (720-331); les
Grecs (330-60) ; les Romains; les Byzantins et les Ar&hès, ibid., 1911, p. 127;
et les familles des Pères Blancs au mont des Oliviers, pour retrouver tous
les restes de l'église de VElerma, bâtie par Hélène et Constantin i/nti
p. 219-265.
XII. Archélidês. C'est l'un de ces saints de l'église monophysite égyp-
tienne qui n'ont même pas eu besoin d'exister pour devenir très célèbres.
Celui-ci figure dans les calendriers jacobites de Syrie, d'Egypte et d'E-
thiopie; sa légende nous est conservée dans de multiples rédactions sy-
riaques, arabes, coptes, éthiopiennes.
Au temps de Gratien et de Valentinien il y avait à Constantinople (va-
riante : à Rome) un homme puissant nommé Galien (var. : Jean, Simon),
époux de Augusta (var. Synklétique et Théopista). Ils ont un fils nommé
Arkîlîdôs qui va étudier à Alexandrie (var. : à Athènes ou à Beyrout). 11
voit mourir un riche marchand, comprend la vanité des choses humaines
et se retire au couvent de Mar Mennas ; il obtient ensuite la permission
de demeurer seul dans une cellule et promet de n'en sortir jamais. 11
opère des prodiges: sa mère le recherche et le retrouve, mais il ne veut
pas la voir en ce monde ; elle insiste et Dieu lui fait la grâce de mourir
avant de voir sa mère, elle meurt aussi et tous deux sont enterrés au
couvent de Mar Mennas.
C'est une histoire composée pour détourner les moines du désir de
revoir leurs parents. Elle a été rattachée au monastère de la Mareotide
dont Mk'- Kaufmann vient de mettre au jour les restes de la basilique, de
la crypte, des hôtelleries, des cimetières. C'était le plus célèbre des pèle-
rinages égyptiens. Cf. Der Menastempel und die neiligUnnor von Karm
Abu Mina in der aegypt. Mariulwilste, Francfort-sur-Mein, 1909. Cost sans
doute à tort qu'une version arabe a introduit le monastère de Romanos
sur la route de Damas. Ceci nous ferait songer au monastère de Romanus
près Eleuthéropolis, cf. Palrol. Or., t. VIII, fasc. 1; Plérophories; ou
même au monastère des Romains, Deirel-Baramous, de la vallée de Scété.
C'est une pure confusion de l'auteur arabe. Les textes arabe, étiiiopieu
et syriaque de l'histoire d'Archélidès ont été édités par M. A.-J. Wensinck,
Leyde, Brill, l«.»ll ; une rédaction syi-iiiquo a été traduite en anglais, ibid.
F. Naij.
/.(' Direrleur-lirranl :
F. Cil AliMlIAM.
Ol;lENT CriHÉIlEN. 29
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS CE VOLUME
Page»
I. — Me^ GRAFFIN ET LA KEVUE DE L'ORIENT CHRÉTIEN [F. X.). ... m
IL — SAINT CYRILLE ET NESTORIUS. — Contribution à l'histoire de lori-
gine des schismes inonophysite et nestorien {fin), par F. Nau 1
III. — HISTOIRE DU PÈRE ÉLIE DE KHARPOUT {fin), (texte arménien), par
K. J. Basmadjian ô5
IV. - NOTICES DES MANUSCRITS ARABES-CHRÉTIENS ENTRÉS A LA
BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DEPUIS LA PUBLICATION DU GATALO-
GUE {fin, table des auteurs et des ouvrages anonymes), par R. Griveau. 68
V. — LITTERATURE ÉTHIOPIENNE PSEUDO-CLÉMENTINE. III. Traduc-
tion du « Qalèmentos ■■, par S. Grébaut 72, 167, 225
VI. — CATALOGUE SOMMAIRE DES MANUSCRITS COPTES DE LA BI-
BLIOTHÈQUE NATIONALE, par L. Delàporte 85, 155, 239, 308
VIL — HISTOIRE DU COUVENT DE RABBAN HORMIZD, de 1808 à 1832
(traduite du syriaque) {fin), par M. Brière 115, 249, 3'16
VIII. — UN APOCRYPHE CARCHOUNl SUR LA CAPTIVITÉ DE BABY-
LONE (texte arabe et traduction française) {fin), par P. Dib 128
IX. - TRADUCTION FRANÇAISE DE LA VERSION ÉTHIOPIENNE DE LA
DIDASCALIE, par J. Françon 161, 266
X. — TRADUCTION FRANÇAISE DES LETTRES DE NESTOP'US A SAINT
CYRILLE ET A SAINT CÉLESTIN ET DES DOUZE ANATncMATlSMES
DE CYRILLE, par F. Nau 176
XL — NOTE SUR L'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE DE BAR-HADBESABBA
ET SUR UNE CONTROVERSE DE THÉODORE DE MOPSUESTE AVEC LES
MACÉDONIENS, par F. Nau 231
XII. - APERÇU SUR UNE COMPILATION ÉTHIOPIENNE DES MIRACLES
DE NOTRE-SEIGNEUR, par S. Grébaut 255, 356
XHI. — NOTICE DES MANUSCRITS SYRIAQUES, ÉTHIOPIENS ET MAN-
DÉENS, ENTRÉS A LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE PARIS DEPUIS
L'ÉDITION DES CATALOGUES, par F. Nau 271
TABLE DES MATIERES. 451
XIV. - LES DOCUMENTS ARAMÉEiNS D'ÉLÉPHANTLNE, par F. Nau. . . ""S?
XV. - LES PAPYHIS <;itE(S ET LA (^{ITIQUE TEMLEFTT: DI NOL-
VEAU TESTA.MENT, |,ar A. Savary -^.jq
XVL - SUR LES NOMS PROPRES ARABES KAISOUN ET MOUSIX par
B. Evetts ,lg
XVII. - SUR (JUPlTERj CASSIUS ET MOUSL\(OI'OLlS), pai' F. Nau . k^e
JMELAN(iES
I. - UN MANUSCRIT DE M«' GRAFFIN : L'ANCIEN MANUSCRIT DU KA-
LILA ET DIMNA SYRIAQUE, par F. Nau
IL - LE DEUXIÈME CENTENAIRE DE LA FONDATION DU MONASTÈRE
DES RELI(;iEUX lîASILIENS DE SAINT-SAUVEUR, par !<■ R. P. C. Bâ-
cha
200
204
III. — TRADUCTION DE LA VERSION ÉTHIOPIENNE D'UNE HOMÈI IF
D'EUSÉBE, ÈVÉQl E D'HÈRACLÉE, par S. Grébaut 124
IV. - NOTES DE CRITIQUE BIBLIQUE. 1. La i'Ékicoi-e de i.a Femme auui,-
TÈRE ET LA DlUASCALIE. - 2. SUK Ps. VII, lO-U. - S. PEK.MLTATIONS DE^
LETTKES M, N, B DANS I.E « CODE.X VaTICAXUS ■•. — 4. UiN MOT HÉBKEU DANS
ToBiE, II, I. —5. La locution Adonaï Kurios est-elle i'kophe a Lucien? —
H. Le Marchaiianus (vi" ou viii= siècle), par F. Nau 425
V. - NOUVEAUX FRA<;MENTS D HIPPOLYTE, par Nikos A. Beès . . . l:j;^
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Sylvain (irébaut, Les (roii derniers Irailés du Livre des mystères du ciel cl
de Itt terre (.)o;in F'rossoir, •!•!•'
.Micliol Tauiai-ali, L'église i/éorffienne,des oriç/ines Jusqu'à iiosjuiirs (II. i).). :'.:!."»
iAI. 1). (libson, The Commentaries of hho'dnd (F. \a»i) i:îl
F. Tissera lit. C.nde.i Zuqninensis reseriptus (F. Nau) 13G
C. von Oi'olli. Allgemeine Relli/ionxf/eschichte (M. Hi'irrc) 138
M. (l'IIcrbigny, (In Newmnn russe: Vladimir Soloviev (.M. l'.rioi'c) 4:-!!»
S. Foi-aros, Une erreur de traduction dans la Bible {.\. Pressoir) V.i'A
.1. Beiim, Ifie Ilandriuflegunu (S. Grébaut) Il"
W. Sciuibait. Papyri ;/raec"e Beroiinenses (F. Nau) 'Hl
II. Vosen et F. Kauien. Rudinienla li)i;/iiae hebraïcae 'V. N;iu) 41.'
A. Kiicker. Die Lucas Homilien des hl. Ci/)-ill (F. N.iu) 11:!
LIVHDS NOUVEAUX, llciié Basset. Lu Bi'nvii so'âd. - Miguel Asiu y Pala-
cios, La polemien anlicristiana de Mohamed el Voïssi. — Malaciiia Oniia-
uian, L'Éylise nrmcnienne. — Prilruloyia orientalis,\l et'VII. — Modili-
cation du prograinuic de la Liieriitirr:ieituny {V. Ka.u) llii
COURTES NOTICES. - 1. 1. Guidi, Vuetibulmio Amnrico-Ittiliano. — -J. Pe-
ter Tliomsen, Die L'alflstina-Literatur, l. II. — o. .M. Chaine, Un monastère
éthiopien à Borne. — \. Noël Giron, Xoles épiyraphiques. — 5. M»' Nic-
colo Marini, Le Macchie apparenli nel S. (liovanni Chrisoslumn. — G \.'0-
riens Christinnus. — 7. .MorI de M. Kub(Mis Duval (F. Nau) ill
l. \VI° Congrès des Orientalistes. — 2. Publications d'I'psal. — 3. Publica-
tions pubiennes. — 4. E. Pereira. Homélies éthiopiennes. — 5. V. Srlieil,
.Annales de Takulti Ninip IL — 6. N. Bonwetsch. Doetrina .tacobi. —
7. Le proconsul (htUion. — 8. Les présents de saint Cyrille. - '.)..!. LcImui,
La /ihiloiéniennc. — 10. F. .Mangenot. Palvir cl date de la premirre ver-
sion latine du .\. r. — 11. Les fouilles d'()j>hrl. — \L Arehélidés (F. Nau). 1 11
]yi'iii-,l!AI'Hli: l'IKMlN I>II>"1' tl'
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